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16 novembre 2023 4 16 /11 /novembre /2023 10:21
Venus de Laussel un des premiers archétype de l'humanité

 

 

De tous temps, en tous lieux et dans toutes civilisations, l’homme a cherché à s’élever spirituellement par la pratique de rites initiatiques. En effet, contingenté dans le monde des formes, soumis aux nécessités de sa propre subsistance, à ses passions, aux dures lois de la nature, aux normes éthiques et sociétales de son lieu et de son temps, angoissé par sa propre finitude, chaque homme a aspiré à accéder à un « plus haut ».

Tous ces rites initiatiques, pourtant en apparence si différents les uns des autres dans leurs pratiques et rituels, font pourtant très souvent appel aux mêmes ressorts et mécanismes.

Mais quels sont les schémas communs à toute initiation ?  En quoi cette dernière amène-t-elle à l’éveil ? Quels sont les aspects propres à l’initiation maçonnique ?

Bien évidemment, il faut définir ce qui est initiatique et ce qui ne l’est pas. Je me garderai donc de ne pas confondre rites initiatiques et rites de passage, car si les premiers relèvent de la spiritualité et ont pour but de provoquer des changements profonds d’états d’être, les seconds n’ont pour but que de marquer le passage d’une condition humaine ou sociale vers une autre.

 

Toute initiation cherche à reconnecter l’impétrant à l’archétype de la pensée universelle et traditionnelle, celle qui permet l’accès à ce que certains dénomment la VERITE, l’UNITE principielle, le TOUT, le GADLU, la CONSCIENCE éclairée ou encore DIEU ….. Je vous laisse positionner le curseur où vous le souhaitez.

 

Carl Gustav JUNG[i] définit l’archétype comme étant la tendance humaine à utiliser une même « forme de représentation donnée a priori » renfermant un thème universel structurant la psyché, commun à toutes les cultures mais figuré sous des formes symboliques diverses.  Ces archétypes, ces modèles, structurent de façon fractale chaque civilisation, chaque société, dans ce qu’il qualifie être un inconscient collectif auquel chaque individu est soumis et se trouve déterminé.

Les composants élémentaires d’un archétype se transmettent à travers le temps et les générations au travers de mythes et légendes, des arts, des croyances ou religions à travers des représentations bien souvent anthropomorphiques du divin (l’homme ne semble bien souvent capable de concevoir le plus haut qu’à partir de lui-même).

Si la vision Jungienne positionne l’archétype sur le plan de la psyché, relevant donc des états inférieurs de l’être, elle occulte celui relatif aux états supérieurs de ce dernier.

Bien avant la notion d’archétype de Jung, Platon[ii] avait déjà décliné la notion d’archétype sur un plan bien supérieur, « le monde des idées ». : pour lui, le monde sensible (le monde des hommes et de leurs perceptions) n'est que le reflet d'un monde idéal, formé de pures idées.

René Guénon définit comme étant traditionnels les rites initiatiques procédant d’une tradition primordiale remontant aux origines de l’humanité et ayant évolué sous formes distinctes, façonnée par les lieux et époques dans lesquels elle s’est écoulée. La notion de Tradition primordiale relève ici encore évidemment de l’archétype ; la transmission initiatique lui sert de véhicule depuis la nuit des temps jusqu’à ce jour. Dans la même veine, Eric Romand dans "La vision de l'initié ou l'extension du domaine du réel" définit l’archétype comme relevant également de ce plan supérieur : « Ces archétypes sont les restes, les vestiges de la pensée universelle de nos anciens suivant la science traditionnelle. »

C’est parce qu’il existe un inconscient collectif, vu ici sous son acception métaphysique et donc relié à une VERITE première voilée, que la démarche initiatique trouve sa raison d’être et sa puissance révélatrice : elle vise justement à rendre l’impétrant pleinement Conscient du phénomène et de sa source.  L’inconscient procède des ténèbres et du profane, la conscience procède de la lumière et du sacré,

L’initiation, plutôt que de créer un homme nouveau, réordonne l’impétrant en lui révélant ce qu’il avait déjà en lui, cette frêle lumière voilée ses propres ténèbres, cette pierre si précieuse enfouie sous le tas de ses métaux, afin d’en faire un être éclairé et pleinement conscient.

Pour réordonner l’impétrant, la démarche initiatique a besoin de moyens de réalisation et d’action, que sont l’impétrant lui-même, les rites et leurs rituels ainsi que celui qui les maîtrise pour les transmettre (la chamane, le druide, le vénérable où qui vous voulez…). Les rites recèlent en eux le compendium initiatique traditionnel sous des aspérités propres à une époque et à un lieu donné. Les rituels représentent leur praxis.

 

Mais pour initier un profane, encore faut-il que ce dernier le demande ou soit choisi par un autre initié. Le chemin vers l’initiation procède donc préalablement d’un désir de s’élever ou de faire s’élever, si l’on est initié, celui en qui on décèle une potentialité, une appétence au sacré : cet état de tension préalable est indispensable à toute cérémonie initiatique.

Le mécanisme de la praxis est toujours à peu près le même :

  • Un lieu approprié (caverne, grotte, temple, forêt etc…)
  • Une légende, un mythe cosmogonique fondateur véhiculant l’archétype traditionnel
  • Un récit incorporant le récipiendaire et créant un trauma chez ce dernier
  • Un isolement avec une déconstruction / une mort symbolique
  • Des épreuves symboliques
  • Une reconstitution / une renaissance symbolique
  • Un secret / un serment

 

Ce process initiatique a pour but de faire procéder à un changement d’état ou plutôt un réordonnancement chez le récipiendaire afin de lui donner un nouveau point de vue, de dépasser sa propre perception du réel, donc de lui-même. Relève du réel tout ce que nous sommes capables de percevoir. Or le réel n’est pas la réalité : il en est une perception déformée par le prisme de notre égo, de nos cinq sens plus ou moins affûtés et de notre filtre mental formaté par notre vécu, notre éducation, les normes civilisationnelles auxquelles nous sommes inféodés. La réalité, le monde des idées, est tout autre, elle est ce qu’elle est, elle est pleine et totale, sans fragmentations ni hypostases[iii].

Le profane erre dans ses propres ténèbres, l’initié reconnecté au courant initiatique traditionnel, lui, s’éveille à la totalité en pleine conscience.

 

Et la Franc-Maçonnerie dans tout ça ?

Et bien au risque d’en décevoir certains ou d’en réjouir d’autres, elle est une voie initiatique aussi valable que les autres,

Elle est le creuset d’un dépôt initiatique traditionnel multiple et elle a évolué, comme les autres voies traditionnelles, avec ses propres spécificités selon les époques et lieux où elle s’est développée, mais tout en restant reliée à sa source primordiale.

Si l’archétype originel qu’elle véhicule et auquel elle se rattache est le même que les autres voies initiatiques mais exprimé par un langage symbolique traditionnel qui lui est propre, les rites, rituels et symboles qu’elle utilise sont appropriés au monde occidental. L’homme occidental diffère de ses semblables orientaux dans sa capacité à envisager l’indicible et le sacré.

Aussi, nos apprentis œuvrent-ils ce soir sur un chantier de l’esprit en étant baignés de symboles, instruments et outils relatifs au travail ….de la matière (l’équerre est actuellement positionnée sur le compas).

Là est la spécificité de la Franc-Maçonnerie, voie spirituelle par excellence du monde occidental, partir de ce qui nous est connu pour accéder à l’inconnu, travailler d’abord sur les contours du monde des formes afin d’envisager plus tard et de façon progressive les voies de l’esprit.

Œuvrer sur les formes, remonter jusqu’à leur source pour finalement construire un temple non plus de matière mais d’esprit, tel est le chemin menant à l’éveil pendant les trois premiers degrés.

Voilà sûrement, me diriez-vous, de quoi interpeller à priori un initié oriental. Mais rassurez-vous, ce dernier fera preuve de bienveillance et de sagesse à votre égard ! Si les symboles traditionnels que nous utilisons diffèrent des siens du moins en apparence, il se reconnaitra très certainement dans le travail de lecture que nous faisons en loge ce midi : les symboles semblent relever d’une polysémie de sens, il n’en demeure pas moins qu’ils n’ont qu’une essence, cette idée pure, qui tends vers ces archétypes traditionnels et universels.

 

Dav .°. DUB.°. R.°.L.°.  "Les Ecossais de Saint Jean" O.°. de Hyères.

Photo : Statue préhistorique, la Vénus de Laussel, sculptée il y a 18 à 20 000 ans est une forme extérieure d'archétype portant sur la complexion de la Mère nature.. Photo de l'original conservé au musée d'aquitaine de Bordeaux, France (fond noir) CCBY3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/3.0>, via Wikimedia Commons. 

Bibliographie succincte sur les archétypes pour faciliter vos recherches : 

 L'homme et ses symboles, C. G. Jung, Gallimard, coll. « Folio », 1988, 181 p. (ISBN 2-07-032476-1). Livre en 5 parties, première publication en 1964. Inclus « Essai d'exploration de l'inconscient ». Écrit en collaboration avec Marie-Louise von Franz, il comprend : 1- Essai d'exploration de l'inconscient (C. G. Jung) ,2- Les mythes primitifs et l'homme moderne (Joseph L. Henderson), 3- Le processus d'individuation (Marie-Louise von Franz), 4- Le symbolisme dans les arts plastiques (Aniéla Jaffé), 5- Les symboles à l'intérieur d'une analyse individuelle (Jolande Jacobi). (wp)

Eric Romand :  https://www.ecossaisdesaintjean.org/2016/03/la-vision-de-l-initie-et-l-extension-du-domaine-du-reel.html   - sur ce blog!

Article concernant l’archétype en psychologie analytique Jungienne : "http://fr.wikipedia.org/wiki/Arch%C3%A9type_(psychologie_analytique)"

 

[i] Carl Gustav Jung https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Carl_Gustav_Jung&oldid=209480812

[ii] Les origines de l'hypothèse archétypale remontent à Platon . Les eidos , ou idées , de Platon étaient de pures formes mentales imprimées dans l'âme avant sa naissance dans le monde. Cette approche est liée à sa théories des formes et des solides. Jung reprendra l’idée platonicienne : les archétypes seraient des schémas innés,  collectifs, des prototypes universels d'images d'impressions idéologiques et sensorielles…

 

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19 février 2023 7 19 /02 /février /2023 01:15

Qu'entend on lorsque l'on parle des dimensions de la Loge ? Pourquoi faut-il passer de la Géométrie sans limites à la philosophie temporelle pour revenir enfin dans le champ du sacré intemporel? Comment allier universalité, unité et diversité dans une seule pensée ?

La méthode maçonnique est en effet riche de ces polysémies nées en son sein, de ces correspondances qui toutes tendent vers l’universalité. L’universalité à son tour en vient à se confondre avec l’idée d’Unité. Voici un travail d’ouverture pour la conscience des francs-maçons qui permettra de superposer soi à une loge qui par ses décors illustre et met en scène dans un seul modèle archétypal la totalité cosmogonique et l’unité originelle.

 On retrouvera au centre de ce travail l’idée d’une croix tridimensionnelle, schème directeur de tout bâti sacré destiné à recueillir la Lumière, déjà largement illustré dans les précédents articles de ce blog.

Que veulent dire les dimensions de la Loge ?

Ne peut-on y voir qu'au-delà de l'aspect géométrique, la Franc-Maçonnerie affirme son universalité, à travers le temps et l’espace.

À travers un sujet qui paraît simplement géométrique au premier abord, je me suis aperçu finalement que "les dimensions de la Loge" recouvraient bien d'autres perspectives. En effet, l’instruction au premier degré au REP, nous apprend que la Franc-maçonnerie est universelle. Voyons comment s’exprime cette universalité à travers le temps et l’espace.

Cette instruction du premier degré nous apporte des réponses aux questions suivantes :

Quelle forme de votre loge avait-elle ? Un carré long

De quelle longueur était-elle ? De l'orient à l'occident.

De quelle largeur ? Du midi au septentrion.

Quelle était sa hauteur ? Du zénith au nadir. Des pieds et des coudées sans nombre.

6 directions et 3 axes[i] :

 


[i] Voir « la Geste du Maitre » et « Les Tableaux de Loge des Maîtres » Edition du Maçon 2020 - 2021

croix tridimensionnelle en loge au REP

croix tridimensionnelle en loge au REP

Ainsi que le font voir ces questions et ces réponses, la forme de la Loge est déterminée (un carré long), tandis que ses dimensions, se confondant avec l'univers, ne le sont pas. Cette description, dans ce qu'elle a de formel, concorde effectivement avec la forme matricielle de toutes les Loges, petites ou grandes. La loge est un contenant qui produit un contenu axial illimité. Ainsi par extension symbolique, l'univers serait issu d'une Grande Loge travaillant sous le maillet du Grand Architecte de l’Univers.

Pour les francs-maçons, héritiers des tailleurs de pierre et bâtisseurs de cathédrales, le « lieu de travail » a la forme d’un carré long, en rapport avec le nombre d’or et la qualification de l’espace, carré aux dimensions incommensurables dans six directions qui sont : l’orient, l’occident, le nord, le sud, le nadir et le zénith. Ces directions sont en conformité avec la réalité de la construction du monde cosmique, monde qui est le lieu géométrique contenant ce que décrit comme étant les sphères célestes en perpétuel mouvement: la « musique des sphères » suggérant l’harmonie de l’univers. C’est d’ailleurs la raison de la présence de la voûte céleste étoilée , avec ses constellations et son pivot: l’étoile Polaire. Véritable point fixe dans l'éternelle circumambulation, elle est justement et symboliquement placée au zénith de la pensée maçonnique.

Les rituels rappellent que la Franc-maçonnerie est universelle. Elle est universelle parce que l'Humanité est une, mais chaque être humain est unique par sa singularité et sa destinée. N’y a-t-il pas ici un paradoxe que seuls les francs-maçons peuvent résoudre?

Dans ce cas posons nous la question : « Quelle signification peut avoir le mot Universel ? » Universel, vient du mot latin « universalis », dont les racines, Unus : Un et Versus : dans la direction de, évoquent au premier degré l'idée de « orienté vers l’unité », signifie donc relatif « au tout ».

                L'Universalité de la Franc-maçonnerie n'est pas une simple question de forme, mais bien une question de fond. En laissant de côté les lois physiques, on peut, sans risque de se tromper, considérer que le terme Universel définit donc l’Humanité dans son ensemble.

Le respect constant des traditions, malgré la diversité des Grandes Loges de tous les pays, malgré la variété des Loges qui les composent, malgré la variété des Frères de toutes origines, de toutes nationalités, de toutes croyances et de toutes opinions qui les animent, assure à l'ordre maçonnique son caractère universel et permet à tous les francs-maçons de se reconnaître entre eux comme Frères.

Ces règles traditionnelles de bons sens sont notre ciment et notre lien. Sans être dogmatiques, elles sont à la fois d'ordre moral et d'ordre pratique. Elles fixent dans ses grandes lignes la vie des Loges, et assignent à tous nos Frères des impératifs moraux intangibles. Elles permettent à la Franc-maçonnerie de constituer ce vrai centre d'union où se rencontrent fraternellement des hommes qui, sans elle seraient demeurés perpétuellement étrangers les uns aux autres.

La Franc-maçonnerie est vaste, complexe et riche de ses différences. L’hétérogénéité des obédiences n’enlève rien à l’universalité qu’elle prône. La Franc-maçonnerie est universelle par son état d’esprit. Les rituels pratiqués sont différents, mais les symboles eux, sont identiques.

Le Franc-maçon a la possibilité de se grandir en construisant un monde meilleur ; il éveille sa conscience et acquiert la liberté intérieure. Le Franc-maçon est épris de sagesse, de générosité, d’humanité, de rectitude. Il doit s’affranchir de ses préjugés et de toute entrave à sa liberté de pensée. Il essaie de vivre en harmonie avec les autres en évitant autant qu’il peut les querelles.

La Franc-maçonnerie est aussi une école de vie, un chemin spirituel de prédilection, une démarche de libération. Si la Franc-Maçonnerie se qualifie comme universelle c’est donc qu’elle possède cette faculté, de par ses Constitutions, ses Rituels et sa méthode d’être acceptable par tous les Hommes et d’être, par conséquent, en adéquation avec la Nature Humaine.

Affirmer une universalité basée sur l’indifférence vis-à-vis des races et des origines ainsi que sur la neutralité à l’encontre des croyances semble donc consister à privilégier l’innée de la nature humaine. C’est la seule façon, assurément, par le recours à la raison, de favoriser la prise de conscience de l’appartenance au tout cosmique en même temps qu’à la communauté humaine. Cette prise de conscience combine un oubli certain de soi à la reconnaissance de l’autre. Il s’agit d’un dépassement qui ouvre donc sur l’universel de la nature humaine et qui, de ce fait, autorise l’avènement de l’altérité, précurseur de la Fraternité. Corollaire de ce sentiment apparait l’amour de la Justice et de la Beauté ; signes de l’harmonie entre les hommes. C’est là que réside le cœur de l’universalité de la Franc-maçonnerie.

A notre époque où le temps manque, où le temps n’a plus le temps d’être, dans l’élan frénétique vers nulle part, vers ailleurs, ou vers un Au-delà, l’entendement de l’espace-temps sacré exige la faculté de synthèse, autrement dit une intelligence et une raison de cœur. La maçonnerie apporte une vision d’un espace-temps qualitativement différent qui constitue le fondement, l’objet et le sujet de l’initiation à une autre vie, à une vie harmonieuse rythmée par le temps cosmique, à une vie dans la réalité.

Notre Temple est devenu une image du Cosmos et en même temps une image de l’Homme lui-même. Un espace et un temps sacré. Une relation entre le ciel et la terre, Dieu et ses créatures.

L'action simultanée et collective des Initiés rend chaque Franc-maçon solidaire de tous ses Frères proches ou lointains dans le temps et dans l'espace. Car la Franc-maçonnerie est effectivement universelle dans le temps et dans l'espace ; elle noue entre ses adeptes un lien puissant et incomparable, parce qu'elle les unit non par le respect d'une discipline extérieure, matérielle ou morale, mais par les fibres mêmes de leur vie intérieure, par le sentiment et la réflexion librement désirée et consentie.

La méthode maçonnique est aussi une symbolique qui ne contraint la pensée de personne, le symbole n'impose rien, il suggère, il éveille ; chacun y voit ce qui correspond à sa nature profonde et tous y puisent leur inspiration.

La vocation de la Franc-maçonnerie est de rassembler et d'unir tous les Hommes de bonne volonté, libres et de bonnes mœurs, dans un idéal de recherche et de perfectionnement moral et intellectuel.
Dans ce but, elle pratique une méthode de pensée faite de complète et entière liberté, qui s'offre à tous sans distinction d'origine, de classe ou de confession.

C'est l'ensemble de ses conceptions, de ses moyens, de ses démarches, qui confèrent à la Franc-maçonnerie le caractère indiscutable d'universalité.

L'Universalité est peut-être la raison qui permet à l'homme d'aller au-delà de lui-même, s'affranchissant des dogmes qui limitent notre liberté de percevoir la profondeur et la richesse du réel. L'Universalité maçonnique s’appuierait sur une conscience libre et fertile, qui assimile et fusionne avec l'ordre de l'univers. C'est ainsi que la conscience de l’universel et de l'incommensurable en nous, permet de rassembler les diversités humaines pour enfin y découvrir l'Unité qui s'y cache...

Th:. M:.   - R\L\ « Les Cherchants Ecossais » O\ de Hyères -

 le 16/02/2023

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 00:02

Dans cette première partie, je vous ferai part de mes recherches et lectures sur Pythagore au-delà de son théorème dont nous avons tous entendu parler et de ses autres avancées en mathématiques (résumées en annexe 1).

Dans une seconde partie (prochaine publication) nous envisagerons les conséquences que nous pouvons tirer du principe d’harmonie liée au Nombre et aux proportions tant dans les arts graphiques que dans l’organisation symbolique de la loge maçonnique.

1er Partie : Pythagore, l’homme, la légende et l’enseignement initiatique.

Qui était-il, de quelle manière nous le transposons en loge et pourquoi lui doit-on cette affirmation que « tout est arrangé d’après le nombre » établissant une croyance en l’harmonisation par le calcul et les rapports numériques.

Pythagore et sa lyre. Portail royal de ND de Chartres

Pythagore et sa lyre. Portail royal de ND de Chartres

 Mais qui était Pythagore ?                

Les récits abondent à son propos et les dates de naissance (590 ? 606,) comme son lieu d’origine, donnent lieu à controverses. Le personnage est énigmatique et reste une figure légendaire. Les historiens se gardent bien de parler de l’homme lui-même, mais plutôt du mouvement pythagoricien.

Pythagore serait fils d’un Joaillier lapidaire né à Samos entre 590 et 570. Jeune il reçut un enseignement initiatique, en Grèce comme en Crète. En Phénicie, en Chaldée. Il passa aussi vingt-deux-ans en Égypte dans le secret des Temples à s’adonner à l’Astronomie, à la Géométrie et à se faire initier à tous les mystères des Dieux :

Comme à Héliopolis cité de Râ le Dieu Solaire ; à Memphis ville de Ptah Dieu des artisans et des architectes ; et à Thèbes, domaine d’Amon divinité égyptienne dont le nom signifie « caché».

Puis au terme de ces pérégrinations, il rentre en Grèce pour fonder un ordre initiatique, une confrérie savante et mystique visant à transmettre et faire entendre la voix de l’Égypte ancienne.

Pythagore livrait ses enseignements en public. Cependant, il n'en réservait les éléments les plus approfondis (ésotériques) qu'à un public plus restreint constitué des pythagoriciens. Ceux qui étaient autorisés à l'écouter à l'extérieur étaient nommés - par certains - les Pythagoristes.

Organisation de l’enseignement

L’organisation de l’ordre pythagoricien était ainsi faite et nous allons voir qu’elle n’est pas sans rapprochement avec ce que nous vivons en Loge :

L’admission était précédée d’un examen des plus rigoureux. Pythagore examinait d’abord l’apparence physique puis il questionnait. Ce tête-à-tête achevé, le dialogue ne reprenait pas avant 3 ans durant lesquels le postulant devait faire montre de son bon vouloir et sa conduite était par tous observée.

Suit un noviciat de 5 ans où le postulant est élevé au titre « d’acousmatitien », appelés encore « les écouteurs ». Soumis à l’épreuve du silence…L’instruction se faisait sans jamais voir le Maître situé derrière un rideau.  Il apprenait la maîtrise et la connaissance de soi : le fameux rideau faisant fonction de miroir développant ainsi un rapport de « l’autre en soi ». Ce rituel ouvrait un espace de conscience intime, appelé le « gnôthi seauton » (connais-toi toi-même), établissant aussi la distinction entre deux niveaux d’enseignement, l’apparent et le "caché". Cette expression figurait au fronton du temple de Delphes ou la Pythie délivrait ses oracles. Le gnôthi seauton, pas plus que l’expression « rien de trop », ou « nul n’entre ici s’il n’est géomètre » appartiennent au fond culturel Grec sans qu’un auteur ne puisse sen attribuer la paternité, néanmoins cela révèle le cadre général des sentences sociétales en cours dans la Grèce antique.

Le grade supérieur impliquait un passage au-delà du voile. C’était celui de « scientifiques » ou « mathématiciens » durant lequel il pratiquait la science secrète du nombre et de la Géométrie sacrée et était invité à s’instruire dans les autres disciplines d’honneur : musicologie, gnomonique (art de concevoir, calculer et tracer des cadrans solaires), astronomie, géographie, anatomie et médecine.

L’apprentissage des « arts libéraux » pour les anciens comme pour les francs-maçons, conduit sur le chemin lumineux de l’abstraction. Ces disciplines intellectuelles fondamentales remontent à l’Antiquité hellénistique et romaine et étaient regroupées en deux cycles : le Trivium comprenant la grammaire, la rhétorique et la dialectique, et le quadrivium réunissant les quatre branches des mathématiques (arithmétique, géométrie, astronomie et musique). Ils sont encore en cours dans certains rites maçonniques. Le Pythagorisme a contribué a former ces arts libres.

Sans la connaissance, l’être vit en exil dans un univers dont il fait partie, mais qu’il ne peut comprendre…

Initiation ultime : le triangle décadique, les nombres gouvernent le Monde

On prêtait serment par ce qu’il y avait de plus sacré, à savoir la tétractys conçue comme un symbole ésotérique qui contient la puissance du Nombre La tetractys est une notion mathématique qui associe la croissance du nombre entier naturel, à la croissance d’une figure géométrique triangulaire, avec une double lecture : apparente et utile de nature exotérique ayant pour contrepartie une face cachée ou ésotérique.

 Cette figure symbolise le modèle de la création et selon le mathématicien et néo-pythagoricien Nicomaque de Gérase (en 150 apr. J.-C., auteur célèbre d’un célèbre manuel d’Harmonique) « Tout ce que la nature a arrangé systématiquement dans l’univers parait dans ces parties comme dans l’ensemble, avoir été déterminé et mis en accord avec le nombre par la prévoyance et la pensée de celui qui y créa toute chose ».

Tetraktys Pythagoricienne.

Tetraktys Pythagoricienne.

C’est sans doute par goût du mimétisme initiatique que nous retrouvons cette figure en Loge, dans la kabbale, dans le christianisme, car la fascination par les nombres et leurs pouvoirs ordonnateurs n’est pas un phénomène récent. L’initiation consiste donc pour partie à la connaissance de soi et pour le reste à la connaissance des structures cachées à l’œuvre chez l’homme comme dans l’univers. Ici le point d’appui est la puissance du Nombre en regard de la puissance enveloppante de l’Unité synonyme de Principe ou de Divin. En effet, si nous nous referons à la Bible (selon le livre de la Sagesse) « Dieu à tout réglé avec mesures, nombres et poids… »

Et enfin, rappelons la célèbre citation attribuée à Pythagore : « Tout l’univers repose sur l’ensemble des entiers naturels »

Les vers dorés

Aucun écrit ne subsiste de Pythagore et les 71 lignes que composent les « vers d’or » sont une compilation de discours recélant la doctrine et la pensée attribuée au Maître. (Nous les reproduisons en annexe 2).

Cheminer sur la voie de la connaissance implique de rechercher jusqu’au dernier souffle. C’est pourquoi les six premiers vers désignent le nom de la porte du Temple pythagoricien : Connaissance.

Au Vers 45 il est écrit : « Refuse à tes yeux le doux sommeil avant d’avoir examiné chacun des actes de ta journée » :

Pythagore aborde, ici, la pesée de chacun de nos actes avant la nuit. Cette pesée de l’âme était nommée psychostasie, préfigurant la pesée dernière, celle du cœur face à la Règle, lors de la mort : l’examen de conscience.

 Cet examen est un éveil qui exige de chaque initié « qu’il soit vigilant » qui en grec a pour sens également « monter la garde », lié à la mise en acte du serment prononcé sur la sainte Tetractys et qui était : « j’en jure par celui (le un) qui a transmis dans nos âmes le quaternaire (le quatre), source et racine de la nature éternelle » qui faisait des pythagoriciens les gardiens du secret divin.

Au Vers 70 il est fait mention de l’état de « Cherchant ». Il est écrit : « Donc si tu cherches, tu accéderas à la maîtrise de ce que je t’enseigne ». Chercher est un cheminement permanent qui implique la notion de persévérance.

La vigilance est associée la persévérance figurent en bonne place dans notre cabinet de réflexion, pour suggérer qu'« on ne naît pas sage, on le devient ! »

L’emploi des énigmes se révèle comme l’un des éléments dont se servent les pythagoriciens pour pressentir, pour défier des vérités toujours fuyantes : « Qu’y a-t-il de plus sage : Le nombre ».

 « Qu’y a-t-il de plus beau : L’Harmonie.

La foi dans l’harmonie fondée sur le calcul était présente dans la mystique pythagoricienne.

Le dogme pythagoricien - analogie universelle et principe harmonique -

Le dogme pythagoricien n’est pas que « tout nait du nombre », mais que tout est formé, arrangé, selon le Nombre, puisque dans le nombre et les proportions réside l’Ordre Essentiel, l’Harmonie. C’est une « analogie universelle » au sens ou le rapport harmonique des nombres s’insinue dans le réel et dans tous les plans : « la nature est en tout semblable à elle-même »

Au nom de cette Harmonie, Pythagore relia le nombre à la musique avec l’idée que deux sons joués ensemble, simultanément ou successivement, pouvaient s’expliquer mathématiquement. Ainsi, la musique et les nombres étaient intimement liés par les lois de l’harmonie. (Les rapports harmoniques sont nés du constat que les consonances de base correspondent aux longueurs de cordes vibrantes -longueurs d’onde- déterminées par les 4 premiers nombres de la tétractys).

La musique peut résulter d’une eurythmie, c’est-à-dire d’une combinaison parfaite ou d’accords musicaux qui transcende les dissonances.

La parfaite correspondance des proportions mathématiques et des accords musicaux révèle l’existence d’une harmonie cosmique à laquelle nous pouvons accéder par la contemplation des nombres : c’est là la théorie de Pythagore sur l’harmonie des sphères, promise à un grand avenir tant au plan de la cosmogonie, de l’astrologie, que de la philosophie.

Arithmologie pythagoricienne

Il convient donc d’établir l’importance d’une notion particulière, celle du nombre né de l’unité principielle et j’aborde ici l’arithmologie (Discipline qui étudie les nombres de façon symbolique, ésotérique) pythagoricienne :

Le Un -la Monade- constitue le nombre parfait et originel. Pour Pythagore l’Un est achevé.

La Dyade -issue du dédoublement de l’Unité par elle-même, élément de division et d’opposition- et donc imparfaite (notion de dualité, les pythagoriciens l’appelaient aussi nombre nuptial)

Progression géométrique de la tétractys du point a la ligne puis de la ligne au plan pour aboutir au volume.

Progression géométrique de la tétractys du point a la ligne puis de la ligne au plan pour aboutir au volume.

Le point parait comme analogue à la monade, la ligne à la dyade (puisqu’elle exige deux points), la surface à la triade qui donne la notion de plan (comme le triangle que déterminent 3 points) et le solide à la tétrade qui donne la notion de forme (ayant à l’origine 4 points non situés sur un même plan)

Chez Pythagore la Tétrade (groupe de 4 éléments) est la clef de toute structure physique et mentale (L’anthropos idéal -homme en croix- a une mensuration carrée, dont le cinquième point est le centre, situé au niveau du thorax, arche du cœur. On retrouve cet anthropos dans le tracé des églises, c’est aussi l’homme uni à son Principe)

 Cette Tétractys se forme par l’addition des quatre premiers chiffres (1,2,3,4) aboutissant à la Décade (10), c’est-à-dire à la perfection. Ainsi l’homme serait le produit de la perfection, car né de la monade.

 Tous les nombres se réduisent aux neuf premiers (Ennéade). Le nombre 10 marque le couronnement dans le système de la numération décimale. Se forme alors une nouvelle entité par le 10 qui permet le retour à l’unité originelle (1+0=1). Ce retour est figuré en ajoutant un cercle autour du point central, indiquant ainsi le passage à un autre niveau. Platon cent ans plus tard réexploite l’inscription d’une figure dans un cercle en lui donnant un aspect formel en trois dimensions soit un volume parfait inscrit dans une sphère ce qui donnera les 5 solides de Platon censés associer un polyèdre régulier (longueur des côtés et angles identiques) à une qualité: le Feu, l’Air, l’Eau, la Terre et l’Univers, s’identifient alors au tétraèdre, à l'octaèdre, à l’icosaèdre, au cube et au dodécaèdre.

L’approche pythagoricienne implique que seule la science des nombres et de leur proportion peut donner naissance à des édifices harmonieux, c’est pourquoi les bâtisseurs de la cathédrale de Chartres ont sculpté Pythagore au portail royal. « Au passage nous noterons que lors de la cérémonie d’initiation d’un bâtisseur, le genou gauche était découvert pour rappeler que l’homme porte dans son propre corps, l’angle d’équité de Pythagore * (voir prestation de serment en Loge)

Postérité chez les bâtisseurs en pierre et en esprit.

Une des postérités remarquables de l’harmonie pythagoricienne ne pouvait prendre d’autre forme qu’étoilée. Il s’agit du Pentagramme. Nous savons que son tracé était le signe de ralliement des pythagoriciens. On le retrouve dans l’Étoile à cinq branches des marques lapidaires gravées par les constructeurs médiévaux et dans les motifs des rosaces gothiques révélant le sens des tracés directeurs.

Du tracé de l’Étoile sur le plan terrestre nait le Temple, considéré comme la maison du divin, mais nait aussi le Temple de l’homme. Ce rapport d’identité harmonique lié à la correspondance entre le Ciel et la Terre fera de l’Homme un médiateur, à l’image même du Divin selon la Bible.

Les francs-maçons iront plus loin encore. Ils réexploitent la Tetractys en combinatoire symbolique permettant la diffusion de la « Lumière » en loge et en l’homme. Pour cela ils s’appuient sur le rapport harmonique universel issu de la Lumière venant graduellement de l’Orient.

L’ensemble Homme et Temple se fondent sur le même rapport harmonique appelée « section dorée ». Mais ceci est une autre histoire que nous développerons dans une prochaine planche... (cf : Homme de Vitruve)

Bien que contesté pour son approche sectaire, l’homme reste un mystère, une légende à qui l’on attribue bien des découvertes. Retenons simplement que la science qu’on lui prête était celle des anciennes civilisations dont il sut faire une école de mathématique et de philosophie qui porte encore de beaux fruits au bout de 2500 ans.

À l’initié les secrets sont révélés…

F.°.R.°.    -  R.°.L.°. « Les Écossais de Saint-Jean »  -

Bibliographie :

GOBERT M-H, Les nombres sacrés et l’origine des religions, Paris, Stock plus 1982. 198 p.

JACQUEMARD Simonne, Pythagore et l’harmonie des sphères, Paris, Le Seuil, 2004. 245 p.

MONFORT Anna, Pythagore et l’initiation maçonnique, Paris, Maison de Vie Éditions, 2018 . 115 p.

ROUGIER Louis, La religion astrale des pythagoriciens, Paris Éditions de Rocher, Monaco, 1984. 112 p.

DETIENNE Marcel, SAINTILLAN Daniel, « PYTHAGORE (580 av. J.-C.?-? 500 av. J.-C.)  ET PYTHAGORISME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le  9 septembre 2020. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/pythagore-et-pythagorisme/

Par le T:.de R:. Acacia di San Giovanni di Scozia (REP) O:. de Cerrina, 5 Fevrier 2013, Le Théorème de Pythagore en Loge, 

http://www.ecossaisdesaintjean.org/article-le-theoreme-de-pythagore-en-loge-115197532.html

M.°. L.°.    R.°.L.°. Les Écossais de Saint-Jean, O.°. de Hyères, 17 Mai  6012, La Tetractys Pythagoricienne,

 http://www.ecossaisdesaintjean.org/article-la-tetraktys-pythagoricienne-109448692.html

Sur les apports mathématiques de Pythagore un petit résumé à votre disposition sur :

http://www.maths-rometus.org/mathematiques/histoire-des-maths/mathematicien/default.asp#pythagore_de_samos

Nicomade de Gérase son ouvrage Manuel d’harmonique, est lisible sur :

http://remacle.org/bloodwolf/erudits/nicomaque/harmonique.htm

 

Annexe 1

Les apports mathématiques et géométriques de Pythagore  :

Le théorème de Pythagore utilisable dans un triangle rectangle : "Le carré de l'hypoténuse est égal, si je ne m'abuse, à la somme des carrés des deux autres côtés..."Les Babyloniens en avaient déjà fait une approche et c’est Euclide qui réussira la démonstration. Son apport sur les triangles et notamment que la somme des angles d'un triangle est égale à 180°.

Toujours dans le domaine des triangles il élabore la construction du pentagramme à partir de l’assemblage de 5 triangles équilatéraux qui devaient constituer une pyramide à 5 faces sur une base pentagonale. Le pentagramme sera le signe de reconnaissance des membres de la secte.

Enfin, ses recherches sur les polygones réguliers (triangle équilatéral, carré, hexagone) permettant la construction d'un dallage homogène et offre une ouverture à l’art optique et cinétique du XX -ème Siècle. Des polygones aux polyèdres il n’y a qu’un pas : il s’intéresse au 5 polyèdres inscrits dans une sphère, Platon en fera une base mystique de la représentation du monde et de sa perfection.

Sur la musique et les principes harmoniques, il élabore par percussions, la notion de longueur d’onde qui est une relation mathématique entre la longueur d'une corde « vibrante » et la hauteur de la note émise : 2/1 pour l’octave, 3/2 pour la quinte, 5/3 pour la sixte. Pythagore est représenté au portail royal de ND de Chartes réglant la longueur des cordes d’une lyre. Il se situe sur le premier rouleau à droite et en bas en premier motif au-dessus du piédroit. (Illustration en tête d’article).

10 est un nombre sacré, il est la clé de toute chose : il en fait la démonstration en s’appuyant sur ennéade de la tetractys qui faut-il le rappeler est un triangle équilatéral fractal contenant 9 triangles et 9 points, le tout contenu dans un cercle. Chaque point et donc chaque nombre de la figure entre dans une triangulation montante et descendante.

Ses recherches portent sur la divisibilité des nombres entiers et des nombres premiers, sur les nombres parfaits qui sont égaux à la somme de leurs diviseurs, aux nombres amicaux qui partagent les mêmes diviseurs stricts dont ils sont la somme, etc.

Annexe 2

Les vers dorés de Pythagore, expliqués, sont une traduction de 1813 de l’ésotériste Fabre d’Olivier ( 1767-1825). Philologue et occultiste connu aussi pour sa recherche sur l’origine du langage au travers de La langue hébraïque restituée, Paris, 1816, et précurseur du mouvement félibrige.

Fabre d'Olivet , Vers dorés, Pythagore, Paris 1813, Gallica.fr.

Fabre d'Olivet , Vers dorés, Pythagore, Paris 1813, Gallica.fr.

(Fac-similé du l’ouvrage de Fabre d’Olivet disponible sur Gallica.fr)

Les Vers Dorés de Pythagore - Préparation.

Rends aux Dieux immortels le culte consacré ;

Garde ensuite ta foi (2) : Révère la mémoire

Des Héros bienfaiteurs, des Esprits demi-Dieux. (3).

Les Vers Dorés de Pythagore - Purification

Sois bon fils, frère juste, époux tendre et bon père (4).

Choisis pour ton ami, l’ami de la vertu ;

Cède à ses doux conseils, instruis-toi par sa vie,

Et pour un tort léger, ne le quitte jamais (5) ;

Si tu le peux du moins : car une loi sévère

Attache la Puissance à la Nécessité (6).

Il t’est donné pourtant de combattre et de vaincre

Tes folles passions : apprends à les dompter (7).

Sois sobre, actif et chaste ; évite la colère.

En public, en secret ne te permets jamais

Rien de mal ; et surtout respecte-toi toi-même (8).

Ne parle et n’agis point sans avoir réfléchi.

Sois juste (9). Souviens-toi qu’un pouvoir invincible

ordonne de mourir (10) ; que les biens, les honneurs

facilement acquis, sont faciles à perdre (11).

Et quant aux maux qu’entraîne avec soi le Destin,

Juge-les ce qu’ils sont : supporte-les ; et tâche,

Autant que tu pourras, d’en adoucir les traits :

Les Dieux, aux plus cruels, n’ont pas livré les sages (12).

Comme la Vérité, l’Erreur a ses amants :

Le philosophe approuve, ou blâme avec prudence ;

Et si l’Erreur triomphe, il s’éloigne ; il attend (13).

Écoute, et grave bien en ton cœur mes paroles :

Ferme l’oeil et l’oreille à la prévention ;

Crains l’exemple d’autrui ; pense d’après toi-même (14) :

Consulte, délibère, et choisis librement (15).

Laisse les fous agir et sans but et sans cause.

Tu dois dans le présent, contempler l’avenir (16).

Ce que tu ne sais pas, ne prétends point le faire.

Instruis-toi : tout s’accorde à la constance, au temps (17).

Veille sur ta santé (18) : dispense avec mesure,

Au corps les aliments, à l’esprit le repos (19).

Trop ou trop peu de soins sont à fuir ; car l’envie,

À l’un et l’autre excès, s’attache également (20).

Le luxe et l’avarice ont des suites semblables.

Il faut choisir en tout, un milieu juste et bon (21).

Les Vers Dorés de Pythagore - Perfection.

Que jamais le sommeil ne ferme ta paupière,

Sans t’être demandé : Qu’ai-je omis ? qu’ai-je fait ?(22).

Si c’est mal, abstiens-toi : si c’est bien, persévère (23).

Médite mes conseils ; aime-les ; suis-les tous :

Aux divines vertus ils sauront te conduire (24).

J’en jure par celui qui grava dans nos cœurs,

La Tétrade sacrée, immense et pur symbole,

Source de la Nature, et modèle des Dieux (25).

Mais qu’avant tout, ton âme, à son devoir fidèle,

Invoque avec ferveur ces Dieux, dont les secours

Peuvent seuls achever tes œuvres commencées (26).

Instruit par eux, alors rien ne t’abusera :

Des êtres différents tu sonderas l’essence ;

Tu connaîtras de Tout le principe et la fin (27).

Tu sauras, si le Ciel le veut, que la Nature,

Semblable en toute chose, est la même en tout lieu (28) :

En sorte qu’éclairé sur tes droits véritables,

Ton coeur de vains désirs ne se repaîtra plus (29).

Tu verras que les maux qui dévorent les hommes,

Sont le fruit de leur choix (30) ; et que ces malheureux

Cherchent loin d’eux-les biens dont ils portent la source (31).

Peu savent être heureux ; jouets des passions,

Tour à tour ballotés par des vagues contraires,

Sur une mer sans rive, ils roulent, aveuglés,

Sans pouvoir résister ni céder à l’orage (32).

Dieu ! vous les sauveriez en dessillant leurs yeux...(33).

Mais non : c’est aux humains, dont la race est divine,

À discerner l’Erreur, à voir la Vérité (34).

La Nature les sert (35). Toi qui l’as pénétrée,

Homme sage, homme heureux, respire dans le port.

Mais observe mes lois, en t’abstenant des choses

Que ton âme doit craindre, en les distinguant bien ;

En laissant sur le corps régner l’intelligence (36):

Afin que, t’élevant dans l’Ether radieux,

Au sein des Immortels, tu sois un Dieu toi-même! (37)

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28 mai 2019 2 28 /05 /mai /2019 22:07

Une  vision du TERNAIRE en architecture à travers la CITE RADIEUSE de l’architecte Le Corbusier

Nous présentons ce travail d'apprenti pour démontrer que la polysémie du symbole résulte d'une expérience vécue du réel en fonction du contexte. Ce qui compte est moins l'interprétation d'une simple l'apparence que celle qui conduit à l'essence d'une réalité d'un ordre supérieur.

Ma démarche est simple, elle est constituée de trois pas qui me font avancer vers cette cité que son Maître d’œuvre voulait d’elle qu’elle soit juste. Une poléogonie idéale, dans laquelle des hommes -modules interchangeables- doivent vivre comme des phalanstériens de Fourier (1).

 De ce cogito paradoxal (je suis là où je me vois), je vais appréhender d’une tout autre façon cette visite. Je vais voir autrement cette architecture qui se présente à moi. Car comme le disait Marcel Proust : « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».

Me voici donc au pied de la structure:

vision en coupe de la citée radieuse

vision en coupe de la citée radieuse

Pour Le Corbusier l’architecture des années 50 doit retrouver son rôle symbolique, intégrant la notion d’espace et d’urbanisme à trois dimensions. On le comprend un peu plus en voyant cette structure en suspension entre ciel et terre. Formée à sa base de forts pilotis, sur lesquels s’appuie l’unité d’habitation -partie centrale composée de cellules- et tout en haut vers le ciel, son toit-terrasse. Je mesure de manière conceptuelle la distance entre le conçu et l’exécuté comme il nous est possible de concevoir de façon spirituelle la distance entre le plan, le maillet/ciseau et la matière.

Le parc de la Cité Radieuse dans lequel je suis a été vu comme un cheminement par Le Corbusier. Je fais un parallèle avec mon chemin initiatique : de mes pas d’apprentis alourdis par mon ego, je prends le temps de réfléchir sur mon année d’apprentissage, de cette initiation où mes 5 sens ont été réactivés, de mon pèlerinage vers une vision globale. Mais en cet instant, tournée vers l’intérieur de moi-même, je suis à l’instar des moines qui le pratiquent, dans « la conversion du regard ».

Je rentre dans l’unité d’habitation comme le nomme Le Corbusier. Au passage je découvre, sous la forme d’un vitrail, l’unité de mesure de l’architecte « Le Modulor » :  projection d’un homme, Le bras levé et découpé en trois intervalles : des pieds au nombril, du nombril au plexus solaire, du plexus solaire à la tête.

(Photo de l'auteure)

Ternaire et architecture

Alors il me vient en pensée que l’urbanisme en trois dimensions se retrouve dans la charpente tridimensionnelle de l’homme : le corps,  l’âme et l’esprit, dans la religion : le Père, le Fils et le St Esprit, ou, en géométrie par les 3 figures mères : le cercle, le triangle et le carré,

dans le monde : entrailles de la terre- le terrestre- le céleste.

Le chiffre trois semble s’expliquer par la cohérence structurale des formes et des êtres…

 

Au pied des ascenseurs, je transpose la verticalité de leurs mouvements ascendants/descendants à notre fil à plomb. Celui-là même figurant symboliquement, durant mon apprentissage, la descente en mon moi intérieur : mon introspection, ma construction. Ce fil à plomb qui indique également deux directions : le centre de la Terre et le ciel. Cette perpendiculaire si elle est parfaite pourrait répondre à la question : ces ouvrages, que son « mon moi intérieur » et cette cité radieuse sont-ils bien d’aplomb ?

Au 3ème étage, poursuivant mon chemin, je me retrouve dans l’artère principale de l’unité d’habitation, avec ses commerces, ses bureaux, son hôtel et son restaurant dont le nom est « Le Ventre de l’architecte ». C’est à ce moment précis que, lors de ma visite, j’ai été interpellée. Je suis au niveau du Hara (2), ce rayonnement de la force vitale, je suis au centre de la structure :

        en mon « temple intérieur » (spirituel)  dans mon «temple intérieur» (corporel)

 

Le cheminement se poursuit dans les couloirs volontairement sombres ; ils desservent les portes successives des cellules d’habitation. Volontairement, car LC avait composé ces cellules avec de vastes baies vitrées donnant une sensation d’éblouissement à leurs entrées. N’est ce pas sans nous rappeler à tous, ce que nous sommes venus chercher en loge ?

 En juillet 1965, peu avant sa disparition, L.C. donnera une ultime clef de lecture de son œuvre. Je cite :  « Une préoccupation m’a agité impérativement : introduire dans le foyer le sens du sacré, faire du foyer le temple de la famille ».

Cette architecture n’est pas sans nous rappeler l’allégorie de la grotte de Platon ou celle de la Lumière de Prométhée. Elles témoignent de la propension de l’homme à s’élever vers la lumière.

 L’unité de Marseille commence au feu, au foyer de chaque famille c’est-à-dire dans chaque cellule. Ce contenant / ces contenus forment l’unité d’habitation dont l’homme est le troisième terme.

Cette unité, comme toute autre, n’est qu’un fragment d’un projet plus vaste dont il reste difficile de situer le début de la fin : une architecture totalisante.

Mon parcours ascensionnel a débuté dans le parc au niveau de la terre d’où vient la force tellurique, il s’achève sur le toit-terrasse au niveau du ciel d’où vient la sagesse. Quant à l’harmonie- figurée par l’homme empreint du divin- il est l’intermédiaire entre la terre et le ciel.

Alain POZARNIK dans son livre « A la lumière de l’Acacia » dit je cite : « L’initiation, c’est ce voyage en soi qui permet de rejoindre le point ultime ».   

Ternaire et architecture

Sur ce toit-terrasse, justement le point ultime de ma visite, où je suis à nouveau ébloui par la lumière, je vois la projection de l’ensemble sur la terre selon la course du soleil. 

L’harmonie se sera glissée dans cette construction contemporaine en ajoutant à l’utilisation du Modulor, l’axonométrie : une technique de représentation graphique des objets à l’aide de projections effectuées sur des plans perpendiculaires aux trois directions principales dont l’une est verticale.

Cette visite ponctuée de passage entre ombre et lumière n’est pas sans me rappeler notre pavé mosaïque qui se construit sur ses lignes virtuelles pour qui sait le regarder et qui est positionné dans le Temple au centre de trois axes comme notre axonométrie.

Si l’architecture permet de rendre visible l’invisible pour Le Corbusier. elle retrouverait un rôle directement symbolique, tout en cherchant également à l’amélioration constante de l’organisation de la vie communautaire.  Le Corbusier se sera inspiré de ses nombreuses visites dont celle de l’abbaye du Thoronet aux innombrables évocations du ternaire dont il dira lors de sa visite en 1953: « à l’heure du béton brut, bénie soit, au cours de la route, une telle admirable rencontre ».

F.: R.:      RL Les Écossais de Saint-Jean .

croix tridimensionnelle

croix tridimensionnelle

(1)  POLEOGONIE : (naissance d’une forme d’organisation collective, une citée juste)

 (2) LE PHALANSTÈRE : (def Universalis) Conçu dans l’œuvre de Charles Fourier (philosophe du 18e 19e siècle) comme le dispositif expérimental central destiné à démontrer par la pratique la validité de sa théorie du monde social d’une certaine organisation communautaire.

 (3) HARA : Centre du corps humain dans les traditions chinoises et japonaises « siège des émotions et partie profonde de l’être sensible »

 

Cette planche a été inspirée par :

Mes visites de « La cité Radieuse » et de l’abbaye du Thoronet avec une recherche spécifique sur le ternaire en architecture.

Par les lectures suivantes :

  • Le Corbusier l’unité d’habitation de Marseille de Jacques SBRIGLIO aux éditions Parenthèses
  • À la lumière de l’Acacia Du profane à la maîtrise d’Alain POZARNIK aux éditions Dervy
  • Le Livre de l’Apprenti d’Eric Romand aux Éditions du Maçon
  • Le code secret de Priya Hemenway aux éditions Evergreen
  • L’émission radiophonique de France Culture : l’allégorie de la caverne
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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 08:49

La légende du St GRAAL est écrite au 12ème siècle, mais bien antérieure par ses origines puisqu’elle est en réalité une adaptation chrétienne de très anciennes traditions celtiques

Le mot GRAAL viendrait du latin médiéval cratella qui veut dire vase.

Il est désigné comme un plat large et assez profond. Les peuples ont représenté le GRAAL sous divers aspects : Lance, épée, pierre précieuse, calice et vase. Il désigne aussi le Saint Calice dans la littérature médiévale au début de la chrétienté en occident.

Dans cette littérature, le Graal est un objet symbolique : il représente le mystère du christianisme, où le fait de partir à sa recherche aboutit à une révélation personnelle de la lumière du Christ en remplacement du chaos initial. Depuis, le Graal a fait l’objet de nombreuses interprétations symboliques ou ésotériques.je ne vous les citerait pas tous, car il y a de multiples interprétations.

 

Étymologie :

À l’origine le mot « Graal » désigne un plat large et assez profond, un récipient creux. Une origine supposée est que le mot « Graal » viendrait du latin médiéval cratella, « vase » qui désigne, en ancien français, une coupe ou un plat creux. Pour d’autres, le mot « Graal » ou « grasal » désigne un plat creux destiné à servir les viandes riches en jus. Le Languedoc a conservé grasal ou grésal, qui par transposition est devenu de gradal au mot gardale dans le Sud-Ouest. Tous ces mots désignent un récipient creux aux usages divers. Le mot gradal était utilisé avec ce sens en 1150.Le mot Graal est aussi trouvé avec ce sens en 1204.

 

Pour d’autres le GRAAL aurait une origine celtique. La racine ‘’gar’’ signifiant pierre. Le gar-al ou gar-el pourrait être par assimilation, le vase qui contient la pierre. ’’El’’ signifiant Dieu. Cela nous donne : la pierre de dieu’’Gar-el’’.

Une autre interprétation voudrait que le saint GRAAL soit une déformation de lecture de San Greal ou sang Réal qui veut dire ‘’le sang royal’’ ; j’y reviendrai plus loin.

Selon une légende la coupe du GRAAL aurait été taillée par des anges dans une émeraude tombée du front de Lucifer lors de sa rébellion contre Dieu. Cette émeraude rappelle d’une façon très frappante l’urnâ, la perle frontale qui, dans le symbolisme hindou, tient souvent la place du 3ème œil de Shiva, représentant le ‘’sens de l’éternité’’.

Le GRAAL aurait été confié à Adam qui la perdit après avoir péché. Il aurait plus tard été retrouvé par Seth (troisième fils d’Adam et Ève).

La tradition raconte que cette précieuse coupe recueillie par Seth aurait servi lors du dernier repas du Christ. Cette fameuse coupe, le GRAAL aurait été recueilli par Jésus par miracle.

Cette histoire continue avec Joseph D’Arimathie, un marchand riche, qui serait l’oncle de Jésus. Le corps de Jésus fut confié à Joseph pour qu’il lui donna une sépulture. Le Saint GRAAL est la coupe qui servit à la Cène et Joseph D’Arimathie recueillit ensuite le sang et l’eau qui s’échappaient de la blessure au flanc de Jésus provoquée par la lance du centurion Longin.

 

Ensuite cette coupe aurait été amenée en Grande Bretagne par Joseph D’Arimathie et Nicodème, l’un des premiers disciples de Jésus. Lien entre la tradition celtique et le christianisme. La coupe joue un rôle important dans la plupart des traditions antiques et chez les Celtes…

Selon les légendes du Saint Sang, dont on trouve une supposée relique à l’Abbaye de la Trinité de Fécamp, en Normandie, le sang du Christ fut recueilli par Nicodème dans un gant qu’il confia à un proche.

 

Dans d’autres légendes encore, le sang du Christ fut recueilli à l’aide de la Sainte Éponge. Éponge qui servit à désaltérer Jésus lors de sa crucifixion.

Joseph d’Arimathie est ensuite capturé et mis au cachot (le soir même (Vendredi Saint), vers la dixième heure, l’évangile selon Nicodème révèle en effet cet épisode, cela dit certaines versions de la légende situent son arrestation trois jours après, lorsqu’on s’apercevra que le Christ a disparu du tombeau.

Il est raconté que Jésus est apparu à Joseph d’Arimathie (le Vendredi soir à minuit précise l’évangile selon Nicodème ainsi que certaines légendes).

Dans certaines légendes, Jésus lui remet le Saint Calice (soit il le lui rend à nouveau, soit il le lui donne pour la première fois).

Tandis que, dans l’évangile selon Nicodème, Jésus « téléporte » Joseph d’Arimathie chez lui en lui demandant de ne pas bouger de là pendant quarante jours. Dans la légende il reste enfermé dans son cachot, pendant trente à quarante ans (dans certaines légendes, une colombe vient déposer tous les jours une galette dans la coupe).

La légende vient généralement se rattacher à une autre légende, celle de la maladie de l’empereur romain Vespasien :

‘’Un pèlerin (dans certaines légendes, il s’agit de l’ange Gabriel déguisé ainsi), raconte à Vespasien qu’il a vu en Judée un prophète ayant accompli de nombreux miracles. Bien que ce prophète, Jésus, soit mort, Vespasien peut être guéri s’il touche quelque chose lui ayant appartenu de son vivant. Il envoie ses hommes à la recherche d’un tel objet à Jérusalem. Sainte Véronique l’apprend (ou est prévenue par Gabriel) et se rend chez Vespasien pour lui apporter son voile.’’

 

 

Une version du livre de Dan BROWN le Da Vinci Code fait allusion au GRAAL. Le GRAAL serait une métaphore pour désigner Marie-Madeleine, qui aurait été la femme de Jésus et mère de sa descendance. Elle aurait eu un fils et une fille. Jésus et Marie-Madelaine auraient fondé une lignée de rois dont les descendants seraient encore vivants de nos jours. Ces descendants auraient la protection des templiers anciens chevaliers du prieuré de Sion.

La légende du GRAAL s’est toutefois élaborée sur plusieurs décennies et n’a pas toujours été assimilée au Christ…

 

 

Le Graal est, dans la tradition médiévale chrétienne, une mystérieuse coupe aux pouvoirs magiques, et l’objet d’une quête menée par les Chevaliers de la Table Ronde.

Comment furent créés les chevaliers de la Table ronde ?

Quelques mots sur Merlin, dit "Merlin l’enchanteur", inspiré du Gallois Myrddin, barde, du héros Gwendollen devenu fou.

Au 6ème siècle le roi fut tué dans une bataille et Merlin partit se réfugier dans la foret et aurait découvert des dons pour la divination.

Merlin est né d’un viol par un démon d’une vierge destinée au couvent. À sa naissance Merlin parle déjà et il est doué de la connaissance du passé. C’est grâce au baptême qu’il échappe au diable. Il réussit à se sauver et à sauver sa mère qui risquait, comme fille mère, le bûcher ; sentence à l’époque.

Un jour, dans les bois, il fit la rencontre du roi Uther Pendragon, roi de Bretagne, qui lui sauve la vie. Merlin, par enchantement ,permit au Roi d’avoir un 1er fils illégitime, le futur roi Arthur.

Pourquoi par enchantement ?

Gorlois de Tintagel, duc de Cornouailles, est l'époux d'Ygerne, la mère du roi Arthur. Uther Pendragon prend l'apparence du duc sous l'effet d'un enchantement de Merlin pour s'unir à elle et concevoir le futur possesseur d'Excalibur. Gorlois aurait été tué au cours d'une sortie du château de Dimiloc où il s'était réfugié, assiégé par les troupes d'Uther.

 

 À l’âge adulte, Arthur créera, avec l’aide de Merlin, les chevaliers de la Table ronde.

Source WP
Apparition du graal. Enluminure du Lancelot en prose, Évrard d'Espinques, BNF FR.116, f.610v. (vers 1475)

Mais, pourquoi une table ronde ?

 

 

Au Moyen Âge, les tables plates étaient de formes rectangulaires ou carrées, mais dans la tradition germanique, elles pouvaient être rondes.

Le roi s’asseyait au milieu de la table, en hauteur, et les places d’honneur étaient situées à sa droite et à sa gauche. La forme ronde, symbolisant la fraternité, évite toute préséance entre ceux qui s’asseyent, leur rappelant que les chevaliers n‘héritent de leur place que grâce à leur courage. Ainsi les chevaliers d’Arthur forment un ordre chevaleresque, « Les chevaliers de la Table ronde », et représentent alors un idéal de la chevalerie. Elle symbolise l'égalité et la fraternité entre les chevaliers. Cette table était destinée à recevoir le Graal, quand il aurait été retrouvé.

Photo Christophe.Finot — Table de bois suspendue dans le Grand Hall depuis 1348. Datant du XIIIe ou bien du début du XIVe siècle, elle n'a été peinte qu'en 1522 sous les ordres du roi Henri VIII d'Angleterre. Les places à la table sont divisées avec une alternance de vert et de blanc, le nom de chacun des 24 chevaliers étant inscrit en lettres d'or. Le visage du roi n'est pas celui d'Arthur mais celui d'Henry VIII et la rose des Tudors est également présente.

Le symbole de la tablée se retrouve de nos jours et certaines communes pratiquent encore ce rite. Une reproduction de la Table ronde d'Arthur se trouve  suspendue   dans   le   Grand   Hall   du château   de   Winchester (Angleterre).

 
   

La Table ronde se trouve à Camelot, à la cour du Roi Arthur. Elle fut dressée après que Merlin l'Enchanteur eut révélé à Arthur la nécessité de créer une assemblée faite des chevaliers les plus preux afin de retrouver le Graal.

Tous les chevaliers appelés à s'asseoir à cette table ont été identifiés, sauf un. Quiconque s'asseyait dans le siège vacant sans avoir été élu était englouti par la terre ; c'est pourquoi cette place s'appelait le siège périlleux. Il semble que cet ajout où seul le plus pur d'entre eux peut s'asseoir est un ajout chrétien tardif ; en effet dans la légende celtique ce serait Lancelot du Lac qui découvre le Graal. D'un point de vue chrétien, sa relation adultère avec Guenièvre, l'épouse du roi Arthur, le rend impur. C'est donc Galaad, qui trouvera le Graal (Galaad en Hébreu signifie : ‘’Le découvreur de l’infini inconnu’’) ; il est un descendant direct de Joseph D’Arimathie. Galaad rapportera le GRAAL à la Table ronde et s'assiéra dans le siège périlleux. Galaad pourra grâce à sa pureté exceptionnelle regarder à l’intérieur de la coupe et observer son mystère, mais il n’y survivra pas et sera emporté par les anges dans un monde d’extase.

Le retour du Graal à la Table ronde marque la fin des Temps aventureux, la fin de la quête. Les chevaliers de la grande table légendaire devaient fidélité à leur roi et au Graal.

La quête du GRAAL n’était pas pour les chevaliers le moyen de réaliser une nouvelle prouesse personnelle. Ceux qui le croyaient seront rapidement disqualifiés. Au départ c’était une quête collective puis individuelle, car spirituelle. Retrouver le GRAAL permettrait aux chevaliers du roi Arthur de s’élever au-dessus du plan humain, de s’ouvrir à des valeurs spirituelles et morales, d’accéder à une dimension héroïque et sacrée...

 

 

Une histoire moins passionnante et douloureuse que je vais brièvement vous conter, car elle s'associe au nazisme.  Histoire  liée au  château de Montségur.

Le château a de tout temps cristallisé les passions. Tantôt détenteur du trésor de l'église cathare, ou bien cachant des souterrains secrets, le château a été l'objet de toutes les spéculations. Les nazis, quant à eux, pensaient que Montségur était le château du Graal.

Explications :

Dans les années 30, Otto Rhan, un ancien étudiant allemand qui se prétend historien et archéologue, est convoqué par le SS Heinrich Himmler ,2ème homme le plus puissant après Hitler. Il confie à Otto Rhan une mission capitale : retrouver le GRAAL. Himmler lui donnera une grosse somme d’argent pour cette recherche.

Otto Rhan identifie Montségur comme étant le château du Saint Graal. Et ce, sur la base de raccourcis étymologiques discutables : «Otto Rhan se base sur deux arguments :

Premièrement, l'Opéra de Wagner, Parsifal, dans lequel le château du Graal se nomme ‘’ Montsalvat ‘’.Pour lui Montsavalt qui veut dire ‘’ le mont sauvé ‘’ est le château de Montségur qui veut dire ‘’ le mont sûr’’.

 

 

Deuxième erreur de sa part, il fait un rapprochement, encore erroné, entre Perceval, qui est donc le chevalier gardien du Graal dans l'opéra de Wagner, et Raymond-Roger de Trencavel, vicomte de Carcassonne à l'époque de la croisade des Albigeois.

Cela sur le simple fait que Perce-val veut dire ‘’qui perce la vallée’’ et Tranca-val ‘’qui tranche la vallée’’. Comme quoi, quand on veut trouver du sens, on en trouve

Otto Rahn rédige son premier ouvrage : «Croisade contre le Graal», en 1933. Un ouvrage qui connaît un succès moyen, mais qui parvient tout même à tomber dans les mains d'Himmler.

Otto Rahn était persuadé qu'il se trouvait dans ce qu'il pensait être la chapelle, mais qui, en réalité, n'était qu'une cave. Il pensait que les Cathares veillaient sur le Saint Graal comme les chevaliers de la Table ronde. En plein délire il est allé jusqu'à dessiner lui-même des signes sur les parois de certaines grottes locales pour étayer ses thèses.

Alors qu'il écrit un deuxième ouvrage et qu'il voit peu à peu son rêve de Saint Graal s'éloigner, il est dénoncé aux nazis, car sa mère était juive et lui, homosexuel. On lui donne le choix entre se faire abattre ou se suicider. Il sera retrouvé mort, congelé, en 1939 sur un glacier en Autriche. Avec lui disparaîtra toute théorie sur la présence du Saint Graal à Montségur, obligeant les nazis à chercher ailleurs leur légitimité mystique…

 

 

 

Pour moi F.·.M.·., la quête du GRAAL représente un voyage intérieur, un voyage en soi pour tout chercheur parvenu à une certaine étape dans son cheminement intérieur à la découverte de soi-même. Le but est de découvrir le GRAAL et d’être enveloppé de sa lumière et de sa beauté, tout autant que d’en saisir certains mystères.

 

 

La Quête du GRAAL représente ce voyage symbolique à la découverte de l’être réel. Chacun peut y prétendre, mais pour cela il faudra progresser avec courage et persévérance.

Ce serait une transformation de soi ; la véritable alchimie, ce qui pour nous F.·.M.·. nous ramènent à V.I.T.R.I.O.L. : ‘’visite l’intérieur de la terre, en rectifiant tu découvriras la pierre cachée’’.

 

Tour à tour, plateau, vase, écuelle, coupe contenant le sang du Christ, pierre tombée du ciel, cet objet magique et divin demeure le mystère des mystères, la lumière inaccessible vers laquelle tendent toutes les énergies humaines.

 

 

Le GRAAL est-il un trésor enfoui dans la citadelle cathare de Montségur ? Dans la forêt de Brocéliande ou dans l’abbaye de Glastonbury en Grande Bretagne ? Est-il la grâce divine ?est-il la pierre philosophale ? Ou bien tout simplement un épisode de la légende des chevaliers de la Table ronde ?

 

 

À Rennes le château 5 statues de 5 saints constituent par leurs initiales et dans l’ordre le mot ‘’GRAAL ‘’

 

 

J’ai le sentiment que le GRAAL est un objet merveilleux dans lequel chacun de nous peut enfermer le but de sa propre quête spirituelle.

Mon travail de ce soir se veut sans parti pris. Toutes ces légendes donnent des histoires incroyables, mais comme toujours de l’ombre naît la lumière.

Quel symbole devrais-je choisir ? Je n’en sais rien.

 

 

Alors, le GRAAL……...Mythe ou réalité ?

 

Pas.·. BOU.·.

Suit un article sur le rapprochement qui peut être fait entre la quête du Graal et la recherche de la Parole perdue.

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31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 22:57
Lumière intérieure, conscience éclairée.

Lumière intérieure, conscience éclairée.

Mon ressenti en Loge:

<<Ce n’est pas en contemplant la lumière que l’on devient lumineux, c’est en portant un regard sur sa propre obscurité. >>

JUNG

Je fus conduite ici, parmi vous mes chers frères et sœur par la recherche de la lumière, de la connaissance. Cela m’a permis d’avoir une ouverture d’esprit encore plus large ; et aussi de comprendre ce qu’est le symbolisme.

Le symbolisme de la sortie des ténèbres et de l’émergence dans la lumière se retrouve dans de nombreuses civilisations pour concrétiser les étapes complémentaires, cycliques, évolutives et néanmoins précaires, des ères sombres et des époques lumineuses.

Dans la Grèce antique et l’Égypte d’Akhenaton, le soleil, source de lumière, est considéré comme l’émanation et l’expression du divin. Les gnostiques comme les néo-platoniciens font du soleil l’incarnation de la lumière divine, de l’illumination spirituelle et de la chaleur des êtres et des choses créés.
Le Livre des morts des Anciens Égyptiens a pour véritable titre, à l'époque de l'Égypte antique, Livre pour Sortir au Jour. Le « jour » en question est celui des vivants, mais aussi de tous principes lumineux s'opposant aux ténèbres, à l'oubli, à l'anéantissement et à la mort. Dans cette perspective, le défunt égyptien cherche à voyager dans la barque du dieu soleil Rê ou Ra et à traverser le royaume d'Osiris (version nocturne du Soleil diurne en cours de régénération).

Pour les pythagoriciens, la lumière participe à l’harmonie de la connaissance. Aussi bien dans les civilisations extrême-orientales, où « l’illumination » est synonyme de la Connaissance, que dans l’Islam, où la lumière est identifiée à l’Esprit, que dans Saint-Jean, pour qui la lumière primordiale s’identifie au Verbe, ou encore chez Saint Paul, qui voit dans (le 5) la manifestation cosmique de la lumière succédant aux ténèbres « l’illumination intérieure de l’esprit et du corps », la lumière, sous ses diverses formes, est le point de départ d’expériences mystiques symbolisant la présence du Divin.

Dans son œuvre majeure, « La Divine Comédie » Dante évoque le mythe du labyrinthe, « la sombre caverne » lieu symbolique de l’initiation totale et représentation du cheminement de l’initié entre le Bien et le Mal, entre l’ombre et la lumière, métaphore de la destinée humaine, qui doit nous conduire, à travers les méandres et les impasses, de la Jérusalem terrestre à la Jérusalem céleste, de l’ombre à la lumière. Prisonnier des ténèbres nous errons dans ce labyrinthe à la recherche de la lumière. Nous sommes des "Thésée" qui doivent affronter le Minotaure de nos faiblesses cachées dans le labyrinthe de notre personnalité pour découvrir, au-delà des illusions, au-delà des apparences, après un long cheminement dans l’obscurité, l’homme nouveau émergeant en pleine clarté.

Ce thème de la lumière est omniprésent dans la mystique juive. En hébreu le mot lumière se dit « or » et la réception de la lumière « Qabbalat ha-or » ou, plus simplement, « qabbala » autrement dit « Kabbale ». Toute la structure de la Kabbale est construite selon un schéma simple qui illustre la tension permanente qui existe entre la « lumière d’en haut » ou « lumière de l’infini » et la réception de cette lumière dans « le monde d’en bas ».
Comme toutes les grandes œuvres mystiques juives, la Kabbale est une métaphysique de la lumière qui embrasse une immense vision, détaillée et cohérente de la relation de l’homme avec son univers ; elle est une aide pour dépasser un état d’esprit banal et découvrir au plus profond de soi une autre lumière. C’est par le rayonnement de la lumière à partir d’un point primordial de l’infini (En sof), d’une étincelle première, d’une « lumière supérieure infinie » qui s’est rétractée au centre de l’infini, qu’a été engendrée l’ordonnance du chaos à partir duquel la création a été rendue possible.

L’homme qui est une réduction du Cosmos est comme ce dernier infini ; c’est dans le cercle de l’éternel recommencement de la vie infinie que nous devons donc chercher la Lumière reflet de la Vérité.

Les deux principes opposés, ombre et lumière (un peu comme le pavé mosaïque), sont inséparables et donc complémentaires. Tout se joue sur la dualité permanente entre lumière et ombre ; cette opposition constitue un symbole universel matérialisé par trois aspects de la lumière opposés à trois formes de ténèbres :

1/Lumière/séparation face aux abîmes ténébreux symbolisant la création de l’Univers ; 2/Lumière/orientation contre l’obscurité structurant la symbolique de la connaissance universelle ; et 3/Lumière/transformation s’opposant à l’opacité symbole de la purification, de la catharsis libératrice. Toute notre culture repose sur ce conflit latent entre « l’effrayante obscurité de l’âme » et la lueur d’espoir, la lumière salvatrice symbolisée par l’étoile-guide. « Ordo Ab chao ». De cette opposition entre deux principes apparemment inconciliables va émerger l’ordre et engendrer l’unité du cosmos dans sa totalité.

L’une des étapes importantes sur le sentier menant à la réalisation (en taillant notre pierre brute) est la prise de conscience de l’Amour Universel. En faire l’expérience revient à naître une seconde fois, comme lors de notre initiation. Différentes cultures et religions en ont conservé la trace.

Un fort potentiel existe en chacun de nous, plus ou moins latent. L’éveiller est possible. L’idée que chacun se fait de l’amour universel peut varier en fonction de nos convictions propres. Suivant le cas, on pourra y voir une manifestation divine, une émanation de l’esprit universel ou encore celle de l’intelligence cosmique suprême.

Peu importent les termes utilisés afin de le désigner, l’essentiel est d’établir le contact avec cette part souvent insoupçonnée.

Lorsque la connexion a été établie, dans mon cas j’ai eu une sensation inhabituelle de certitude. Une conviction absolue que la connaissance, l’amour, la beauté et la sagesse contribueraient désormais à ma réussite pleine, entière, et donc à la perfection de ma pierre brute.

J’espère bien que ce sentiment sera ressenti par nos jeunes apprentis. Vous n’aurez plus envie de revenir à vos ténèbres antérieures.

Certaines lois semblent régirent le fonctionnement de l’univers et l’une d’entre elles a pour nom << Loi de trois >> parfois également désignée comme étant << Loi du triangle>> ou encore <<Loi trinitaire>>.

Le nombre << 3 >> qui est le chiffre de l’apprenti à donc une importance capitale pour nous, représentant ainsi :

  • Les 3 états de l’homme : Corps, Âme et Esprit :
  • Les 3 règnes : Minéral, Végétal, Animal ;
  • Les 3 degrés : Apprenti, Compagnon et Maître :
  • Les 3 niveaux d’existence : Etre, Accomplir, Avoir
  • Autres:    Être, Désir, Réflexion // AvoirAcceptation, Manifestation//  Accomplir,  Confiance, Visualisation

Lorsque, nous prenons conscience du nombre 3 dans notre vie, nous comprenons donc que l’infiniment petit est inclus dans l’ensemble infiniment grand et l’impact que peut avoir une toute petite pensée sur celles-ci (notre vie et le monde).

Gustav Meyrink dans son livre ‘’ Le Golem’’, fait dire à son personnage Hillel, l’archiviste : << Le monde n’existe que pour être détruit par la pensée ... Alors seulement commence la vraie vie. >>

En quelques mots Meyrink nous livre la clé qui ouvre la porte du monde réel et permettant ainsi l’accès à la réalité suprasensible. Toutes les traditions possèdent des secrets des origines de notre univers, et ceux-ci sont soigneusement dissimulés aux profanes.

Il suffit à chacun d’entre nous d’avoir un esprit critique et d’être ouvert pour essayer d’approfondir ses recherches, nous permettant d’accéder à la perfection. Chacun des maîtres ici présents ont participé à cette envie de savoir plus au fur et à mesure que le temps passait.

Pas facile de décoder et de comprendre certaines choses si nous restons que cartésiens, car nos anciens parlaient de deux voies, l’une sèche ou brève et l’autre humide et longue.

Certains anciens dans leurs ouvrages, nous parlent de la <<PRIMA MATERIA>> et de la <<MATERIA PRIMA >> ; Platon comme tous les initiés égyptiens du <<NOUS>> ou << PNEUMA>> ; les Hébreux de <<OB, AOUR (racine de lumière) >> ou << RUACH>>, indiquant par ses vocables sa qualité d’énergie lumineuse.

Quand Hugo, expose dans Notre-Dame de Paris l’Émeraude des sages, la pierre philosophale au travers d’Esméralda (laquelle est Égyptienne de peau mâte comme ISIS) et lorsque Marcel Proust n’ignora pas ses traditions et que dans son œuvre l’épisode de la célèbre et ô combien étrange Madeleine en référence à Marie- Madeleine de l’évangile qui avoue avoir reçu du maître le secret de <<NOUS>> ou << PNEUMA>> ... le secret de l’énergie, qu’elle propose de transmettre aux apôtres ; je me dis que j’ai encore du chemin à parcourir et de nombreuses choses à apprendre auprès de vous maîtres. Devenant ainsi une sorte d’homme universel, faisant l’union du haut vers le bas.

 

Je suis  un maillon de la chaîne, et lorsque je me tiens entre  les deux colonnes je fais la liaison de notre corde à nœuds me rappelant ainsi que j’ai des frères et  comme le courant électrique sans cette liaison au niveau du générateur l’énergie ne circule pas. Il nous faut donc bien intégrer ces principes et apprendre à lâcher prise afin que cette énergie ait un effet entier sur nous et notre entourage, a l'exemple donné par le PSAUME 133:

"Oh ! Quel plaisir, quel bonheur

De se retrouver entre frères ! ......

......là le seigneur a décidé de bénir :

C’est là la vie pour toujours."

"Ce psaume est utilisé chez les Coptes pour réconcilier des frères en discorde et leur rappeler ainsi leur lien de fraternité."   “La magie des 151 psaumes de David’" de Gérald Le Gwen

Le vide ne se trouve nulle part, le hasard n’existe pas. Notre existence ressemble fortement à la trame d’un canevas, laquelle montre un enchevêtrement de fils en tissant un dessin.

Nous ne pouvons en comprendre la profonde signification qu’en découvrant le résultat final,  l’œuvre finale.


J.°.K.°.     R.°.L.°. "Les Cherchants Ecossais"

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3 décembre 2016 6 03 /12 /décembre /2016 19:42

 

le centre et sa manifestation par le rayonL’Agarttha ou le centre du monde

Du Centre et des centres :

Si les mythes sont éternels, c’est qu’ils fondent une réalité « cachée ». Cette réalité cachée que nous cherchons dans le monde n’est nulle part ailleurs que dans les tréfonds de notre conscience, soit notre centre individuel. Il se fait que les centres subissent entre eux un phénomène d’attraction reliante, du plus récent au plus originaire. C’est pour cette raison que, par notre conscience « éclairée » de l’absolu individuel, nous sommes irrémédiablement fascinés et attirés par l’archétype du centre absolu et universel. Ce centre absolu est par définition invisible et ineffable surnaturel, il ne peut être perçu, ressenti ou évoqué que comme un centre spirituel qui s’interpose entre le visible et concret et l’invisible. Le centre spirituel va alors s’habiller de chair pour animer sa part réelle ou légendaire et entrer ainsi dans l’histoire et la mémoire des hommes. Le Centre est lié l’histoire de l’évolution de la conscience éclairée de l’homme, à sa période nomade et à sa fixation sédentaire.

Le réel pour l’homme est reflété par les miroirs des niveaux inférieurs et supérieurs de notre conscience qui pour des raisons liées à l’harmonie, à l’équilibre et à la paix doivent s’aligner dans un même axe. L’homme lui-même cherche à être relié et aligné avec un centre qui lui semble directeur, comme une autorité supérieure et surplombante, source des trois pouvoirs et de la manifestation du réel et de la vie. Ce désir de reliance sera une vérité précieuse qui devra être protégée de toute profanation : le sacré va naître avec l’idée d’un centre qui révèle, ou qui illumine la conscience. Le sacré fera que le centre tout en étant matérialisé sera inatteignable et protégé et c’est donc par la procession, la prière et les incantations, le sacrifice les offrandes puis l’encens que l’on tentera de se relier. Le temple deviendra le lieu de l’hébergement matériel du « Centre », de son animation psychique et spirituelle. L’image du temple sera donc le lieu de l’initiation au secret de la construction du Sacré en l’homme. Schématiquement le centre concret de spiritualité dans lequel ou vers lequel on se dirige ne serait qu’un centre secondaire relié a un centre principal (par exemple : la loge maçonnique est reliée au Temple de Salomon,  l’église est reliée au Saint-Siège et à Jérusalem,  la mosquée est reliée à la Mecque). Cette reliance se caractérise par l’Orientation du temple ou de l’église. L’Orientation indique la direction du centre principal auquel on se réfère qui lui-même est peut être relié a un autre centre principal plus primordial qui représente alors le principe de l’UNITÉ. Plus qu’une direction sur un plan donné, « l’orient » d’un lieu maçonnique ou le « zénith » indique le gisement géodésique du lieu sous la voûte étoilée et en regard du lever du soleil-lumière. L’Orient absolu ou primordial serait alors cette Agarttha point de rencontre initial entre un axe venu d’un plan supérieur « spirituel » et un plan « humain » et concret. C’est techniquement le lieu de communication entre la terre et le ciel, plus précisément entre le céleste le terrestre et le subterrestre. Cette mise en trois dimensions du centre par l’axe nous renvoie à la montagne sacrée, à l’arbre de la connaissance au centre du paradis, au lieu originel par excellence. Les montagnes sacrées sont tout autant réelles que mythiques, car nous sommes plutôt dans la représentation mentale d’un point de contact qui se matérialise en une réalité historique « réinventée » en tous lieux : nous pouvons citer le mont Scion, le mont Moriah, le mont Hérédon, le mont Meru, et le Golgotha, etc. C’est aussi le lieu d’événement majeur au plan de la reliance religieuse ou d’établissement de temples de nouveaux cultes qui eux-mêmes sont rebâtis sur d’anciens temples. Ces points de contact matérialisent une haute spiritualité qui ne peut prendre forme et signifiance que dans notre imaginaire. Ici c’est le travail du grand géomètre qui nous dit que ce désir de trouver le centre matériel est issu de la représentation mentale d’un plan spirituel situé à un niveau « supérieur » à partir d’un point original indéterminable innommable et non représentable concrètement. Autrement dit ce désir de centre concret n’est que la matérialisation de la transcendance et la détermination concrète d’une voie d’accès. En géométrie sacrée le point qui donne naissance au cercle est celui d’où la lumière surgit du milieu des ténèbres. Pour l’Ancienne Loi ce centre sera le Lieu du Temple qui une fois détruit se transportera dans le Livre, pour la Nouvelle loi ce sera l’homme comme ultime terre sainte réceptacle de la lumière. La cause sera entendue par les maçons lors que le temple spirituel sera démantelé et détruit plusieurs fois.

Ce plan dit supérieur du schéma général est donc surplombant et reste relié au plan humain par un axe. Le pied de cet axe est le centre du plan humain. C’est le sens de l’Agarttha.

 Ces plans sont donc multiples, superposés, mais tous alignés en regard d’un même axe. La représentation mentale étant le propre de l’homme, c’est pour cela que ces plans sont plus intérieurs que concrets. Le réel de l’homme comprend le concret et toute la représentation mentale conçue par l’homme depuis la nuit des temps. Le réel de l’homme est donc bien plus que le concret. C’est donc un ordonnancement intérieur qui se met en place par représentation symbolique autour d’un axe qui aligne parfaitement les mondes superposés. Trouver volontairement le centre de soi c’est trouver l’unité l’harmonie dans un rapport au tout, l’immobilité, le silence, l’alignement. Dans l’ordre humain, on regroupe ces qualités et états sous un seul vocable : la Sagesse elle-même issue d’une « Présence » en soi. C’est ici que la nouvelle Loi par l’incarnation de l’esprit va inaugurer la sacralité de toute personne humaine.

La représentation mentale en soi d’un centre absolu, c’est aussi l’origine de l’Ordre intérieur commune à toutes les voies initiatiques. Il  faut en rechercher l’explication dans le désir de reliance de l’homme en regard d’une autorité ou d’une causalité surplombante et primordiale. On trouve la clef de ce schéma archétypal dans la description biblique du jardin d’éden avec un arbre central qui est la « clef » qui permet d’avoir accès à tous les plans. Le jardin étant originel, il est donc circulaire autour de cet axe est manifesté la « présence » du divin qui relie Adam à Dieu. L’appropriation du secret de l’arbre-axe (ingestion du fruit) a fait chuter Adam dans la matière représentée par un carré inscrit dans le cercle premier. Le point de rencontre avec l’axe sur ce plan « carré » doit être recherché, car c’est par lui que l’homme espère remonter dans l’axe d’une réintégration au milieu du Paradis perdu.

Trouver ce point « central » dans le monde visible ou dans le monde intérieur, permet de se retrouver dans l’origine, le lieu de la sagesse ultime. Ce point serait le vrai centre, car il est dans l’axe de la chute originelle et oriente et commande la totalité du plan « humain ». C’est le point « O », l’Unité, le commencement. L’arbre de la connaissance est le point central du Paradis originel, il en est l’Orient absolu duquel partent les quatre fleuves du Paradis. Nous retrouverons les quatre fleuves irriguent et orienteront les quatre cotés du carré de la chute. L’homme reproduira l’arbre de la reliance et de la connaissance dans les arbres sacrés, mais aussi dans les « tracés de lumière », ces arbres de vie qui nous élèvent nous faisant passer de la matière à l’esprit.

La voie initiatique par une méthode graduelle permet d’entrevoir dans une vision intérieure la totalité des plans et architectures sacrées basées sur les lois de correspondance et la superposition des mondes.

Il ne faut pas voir dans l’Agarttha rêvée autre chose que l’essence d’une pensée archétypale qui réinvente le schéma des origines et de la création sur la base du désir secret de reliance. L’homme naît relié par un cordon ombilical, il veut vivre relié au sens de la vie, et mourir relié à l’essence de toutes créations. L’Agarttha est « La vision initiatique », le refuge de l’essence et du sens, l’origine de la Tradition et de la Sagesse.

L’apparent signifie toujours plus que le visible, or le centre a pour propriété d’être ressenti comme l’origine universelle de toutes choses. C’est ainsi que la plus haute montagne associe en son sein une caverne et une source dans un même axe, que la couronne de l’arbre sacré enserre dans ses racines la source de la vie. Le plus haut génère le plus bas, l’apparent le caché, l’exotérique l’ésotérique, etc. À partir d’un centre originaire se génère d’autres centres secondaires qui eux-mêmes se manifestent dans le même niveau de réalité ou sur des plans différents. La reliance est alors horizontale et verticale. Le centre-sommet ou la caverne-abîme s’associent naturellement au feu-conscience de l’homme, à l’eau - source de vie, à la terre - matricielle et à l’air qui porte le souffle des niveaux supérieurs. Le centre ordonne le monde comme la lumière chasse les ténèbres. C’est une lumière qui se répand partout dans l’humanité comme le feu prométhéen se répandit en chaque homme. Le centre illuminé de la conscience de l’homme est relié au centre du foyer tribal qui, lui-même, est relié à l’Olympe,  à la Terre Sainte à la Cité Sainte en général.

 On retrouve et réinvente ce grand schéma directeur du point de contact axial, dans la tradition des Rois Mages redéfinie par Bède la Vénérable. Trois Rois couronnés représentant les trois œuvres alchimiques et portant les trois signifiants de la relation de l’esprit et de la matière vont suivre une étoile indiquant un point de contact entre terre et ciel. Ils vont en ce nouveau centre apporter : l’or signifiant la relation royale matière-lumière,  l’encens sacerdotal signifiant l’animation de la médiation entre la terre et le ciel par l’homme-prêtre, la myrrhe sacerdotale signifiant l’onction qui réveille l’esprit en l’homme-prophète. Tous les trois vont contribuer à l’animation d’un centre spirituel fait « Homme ».

Venus de l’Orient ils convergent en suivant l’étoile vers le lieu souterrain d’où vient la lumière de l’esprit incarné. Ici un nouveau centre, un nouvel Orient se crée, duplication humaine d’un centre plus primordial. Ce centre primordial se dédouble sur le plan supérieur spirituel et sur le plan humain. Le Centre des centres se situe toujours dans un plan Supérieur inatteignable, quant au centre plus antérieur sur le plan humain et sa chronologie, ce sera en l’espèce celle du mont Ararat où échoua l’arche de Noé. La légende fit des trois Rois Mages les descendants des fils de Noé : Sam, Sem et Japhet. Il y a donc reliance des centres spirituels qui se dupliquent dans l’échelle du temps. Les Rois sont ici des médiateurs-archétypes entre la Terre et le Ciel, entre l’Orient d’où vient la lumière et l’Occident où réside la matière. Leurs présents attestent que la matière porte l’esprit en elle, comme le Fils du Père incarne l’Esprit. Les trois Rois en convergeant vers le centre de l’incarnation vont signifier les trois états constitutifs de l’Être. Il semble acquis que les centres spirituels inscrivent dans la conscience humaine l’alliance entre la terre et le ciel. Seul l’homme peut penser et rendre compte de cette médiation. Cette médiation mémorielle deviendra Tradition.

La mémoire de la reliance est une « tradition ». Le Centre des centres survit aux destructions et aux cycles. Il est donc la source de la Tradition, de la transmission, du rayonnement du fiat lux. Le schème du centre absolu représente la mémoire de ce qui fut, de ce qui est et sera, ce qui explique que tout mouvement initiatique entretient par le jeu des symboles et des mythes, un devoir de mémoire et les techniques ancestrales de représentation mentale. L’étude de l’Aggartha mythique ou réel sera un bon prétexte pour le démontrer.

Il n’est donc pas étonnant qu’au début du XXème siècle, l’espace blanc d’une carte pouvait être l’objet d’expéditions, d’explorations et de spéculations spirituelles : l’appel de l’Orient et de sa Tradition en fera une quête. On réveilla une contrée merveilleuse qui existait déjà en l’homme comme un souvenir, un refuge absolu pour les initiés, la source du Tout, le Centre des centres. Il ne faut pas voir dans l’affirmation d’auteurs remarquables une réalité substantielle, mais la verbalisation d’un ordonnancement du réel, une approche du réel qui repose sur l’expression sous-jacente, la représentation symbolique d’une structure absolue qui nous constitue et nous relie.

Trouver le Centre des centres tout comme reconstruire le Temple de Salomon détruit est plus cheminement en soi, une construction intérieure qu’une expédition dans la chaîne himalayenne ou une tentative de reconquête historique des lieux saints. Ce centre symbole de Sagesse et de Paix peut être partout et surtout en l’homme, car c’est l’homme qui le pense, le transporte et le vit dans un récit immémorial. Vivre cette « présence » en soi c’est être face au Principe.

Er.°. Rom.°.

L’étude de notre F.°. Christophe M.°. dessine le contexte et les contours de l’Agarttha.

« Aucun sujet n’est à écarter, et un mythe, tel que celui de l’Agarttha, doit retenir notre attention. Il faut se mettre à la place des explorateurs du début du 20e siècle, de ces éclaireurs occidentaux de la recherche spirituelle et ésotérique qui se trouvaient face à un désert inexploré, pour comprendre leurs maladresses. À nous, voyageurs éclairés par un siècle d’évolution de la pensée spirituelle, de faire la part des choses, tout en rendant hommage à nos prédécesseurs.

Le premier de ces « explorateurs » qui m’a éveillé à ce sujet est Jean-Pierre Bayard qui, dans son ouvrage « l’occultisme », reprend cette légende hindoue évoquant un centre du monde, nommé Agarttha [P. 37 — J.P Bayard — l’occultisme — éd. Du Borrego]. La notion de centre du monde avait été développée par René Guénon dans l’ouvrage « le roi du monde » [le roi du monde — René Guénon — éd. Gallimard] (un ouvrage critiqué pour le choix des ouvrages auxquels Guénon se réfère, mais il faut y voir là certainement une manière d’ouvrir le lecteur à la notion de centre du monde qu’il a développé tout au long de son œuvre). Ce mythe oublié est réapparu au 20e siècle sous la plume de Saint-Yves D’Alveydre dans « mission de l’Inde en Europe » [mission de l’Inde en Europe, éd. Hachette BNF], écrit en 1886, mais publié après sa mort en 1910. Il aurait eu connaissance de ce centre spirituel par un maître Hindou. L’histoire, d’un lieu central, où est née et s’est développée la spiritualité mondiale, peut paraître, au premier abord, romanesque, mais d’autres personnes, avec des sources différentes, évoquent elles aussi cette légende, créant ainsi le trouble. C’est le cas de Ferdinand Ossendowski, qui a cherché de manière concrète l’Agarttha en 1920 et 1921 et a édité ses aventures en 1924 dans « bêtes, hommes, Dieux » [bêtes, hommes, Dieux – éd. Loupe]. René Guénon se sert de ses deux ouvrages comme point de départ de son essai — non pas pour démontrer leur véracité —, mais pour exposer des considérations supérieures qui dépassent les individualités, voire l’humanité. Les deux livres comportent des similitudes troublantes, mais l’origine différente des sources — Mongole pour Ossendowski, hindou pour D’Alveydre — laisse à penser qu’il n’y a pas eu plagiat. La différence la plus marquante est le nom donné à ce centre spirituel, Agharti pour l’origine mongole, Agarttha pour l’origine hindoue. De même, seul Ossendowski nomme le chef de la hiérarchie initiatique « roi du monde », alors que la version hindoue fait référence à une hiérarchie dirigée par le Brahâtmâ, qui représente un souverain pontife (qui relie par un pont le monde terrestre et spirituel). Ce « roi » est donc un souverain, exerçant le double pouvoir : royal et sacerdotal. Ce « double pouvoir » n’a pas été privilégié en occident, pourtant sa représentation existe avec les « Rois mages ». Ce gouvernement spirituel ne représente pas un personnage historique, mais un principe qui s’impose aux humains. Ce principe, se retrouve dans la tradition hindoue sous le nom de « Manu » (celui qui fait tourner la roue, représenté par la croix swastika), dans la tradition égyptienne sous « Mina » ou « Menes », dans la tradition grecque sous « Minos », etc. Ce principe de gouverneur spirituel du monde s’étalonne par rapport à notre monde et à ses cycles de vie et représente « l’archétype de l’homme, considéré en tant qu’être pensant (Mânava) ». [le roi du monde — René Guénon]. Enfin, il se manifeste dans ce centre spirituel terrestre, mais nous y reviendrons plus loin.

Pour nous faire une idée, voici la présentation de l’Agarttha qu’en fait Saint-Yves D’Alveydre dans son livre [mission de l’Inde en Europe], avec quelques commentaires :

« Où est l’Agarttha ? Dans quel lieu précis et où réside-t-elle ? Par quelle route, à travers quels peuples faut-il marcher pour y pénétrer ? À cette question que ne manqueront pas de se poser les diplomates et les gens de guerre, il ne me convient pas de répondre plus que je vais le faire, tant que l’entente synarchique n’est pas faite ou tout au moins signée. Mais, comme je sais que, dans leur compétition mutuelle à travers toute l’Asie, certaines puissances frôlent, sans s’en douter, ce territoire sacré, comme je sais qu’au moment d’un conflit possible leur armée devrait forcément soit y passer, soit le côtoyer, c’est par humanité pour les peuples européens, comme pour l’Agarttha elle-même, que je ne crains pas de poursuivre la divulgation que j’ai commencée. »

L’Agarttha est décrit comme un lieu réel, qui se trouve quelque part en Asie. Il est évoqué ici la convoitise qu’un tel lieu sacré pourrait susciter. Cela s’est vérifié lors de la Seconde Guerre mondiale ; le IIIe Reich a effectué des recherches dans le désert de Gobi, sans succès, d’après ce récit. Pourquoi un tel intérêt ? Comme il en est le sujet dans « le Roi du monde », ce centre spirituel terrestre est associé à un pouvoir absolu, un gouvernement dont le modèle d’autorité a fondé nos sociétés occidentales, appelé synarchie. La conquête de centre spirituel pourrait donner un pouvoir supérieur. Nous sommes dans le même concept que la recherche de l’arche d’alliance, ou du Graal.

« Qu’il suffise à mes lecteurs de savoir que, dans certaines régions de l’Himalaya, parmi 22 temples représentant les 22 les arcanes d’Hermès et les 22 lettres de 22 lettres de certains alphabets sacrés, l’Agarttha forme le zéro mystique, l’introuvable. ».

Nous retrouvons là la description de l’alphabet hébraïque, que j’ai développé précédemment, et qui est à associer au tarot ou encore à la Kabbale. Il s’agit ni plus ni moins d’une description de l’organisation qui s’est imposée à la pensée humaine universelle et qui nous préserve du chaos. Il remonte en parlant du zéro mystique, à l’unité primordiale. Zéro donnant l’idée d’un lieu caché, invisible aux yeux des non-initiés.

 « Le zéro, c’est-à-dire tout ou rien, tout par l’unité harmonique, rien sans elle, tout par la synarchie, rien par l’anarchie. »

Agarttha signifie : insaisissable à la violence, inaccessible à l’anarchie.

« Le territoire sacré de l’Agarttha et indépendant, synarchiquement organisé et composé d’une population s’élevant à un chiffre de près de vingt millions d’âmes. La construction de la famille, avec égalité des sexes au foyer, l’organisation de la commune, du canton et des circonscriptions allant de la province au gouvernement central, conserve encore dans toute leur pureté l’empreinte du génie celtique de Ram greffées sur la divine sagesse des institutions de Manou. »

Ces dernières explications font penser à la vision de « La république » de Platon.

Brahâtmâ

Selon Saint-Yves D’Alveydre, le gouvernement spirituel de l’Agarttha est, en fait, composé de trois principes. Ce chiffre de trois est représenté par le Brahâtmâ (souverain pontife, support des âmes dans l’esprit de Dieu), « associé à ses assesseurs : le Maâtma (représentant l’Âme universelle) et le Mahânga (symbole de toute l’organisation matérielle du Cosmos » [le roi du monde — René Guénon — éd. Gallimard] Organisation que l’on retrouve dans la tradition occidentale avec âme, corps, esprit ou encore, père, fils, Saint-Esprit, force, sagesse et beauté, etc.

Selon Ossendowski, le premier, « le Brahâtmâ règne sur ces trois mondes et a pour mission de parler face à face à Dieu » ; le Maâtma « connaît les évènements de l’avenir » ; le Mahânga « dirige les causes de ces évènements » [bêtes, hommes, Dieux — éd. Loupe].

Nous pouvons parler donc de « trois rois du monde » dont l’action des deux premiers donne accès à Dieu au troisième. Cet aspect des choses peut-être représenté par le triangle initiatique. L’analogie avec ces trois rois et les trois rois mages est frappante. Rappelons-nous des cadeaux offerts au nouveau-né : l’or — symbole du pouvoir du roi dont la représentation alchimique est un point central entouré d’un cercle ; l’encens — lui conférant le pouvoir sacerdotal ; la myrrhe — symbole de la mort et de la fonction de Prophète.

 

                                                               Le symbole de l’or. 

 

Ce centre du monde existe-t-il toujours ?

Ce que l’on peut dire avec certitude, c’est qu’il n’est pas connu du commun des mortels et, s’il existe, son emplacement est préservé par quelques initiés — un gouvernement spirituel. Il faut sortir de l’idée de la matérialisation de ce lieu, et comprendre ce qu’évoque la notion de centre du monde.

Certains centres spirituels nous sont connus. Le premier d’entre eux est Jérusalem. La ville est mentionnée par les Égyptiens au 20e siècle av. J.-C., soit depuis 4000 ans. Son premier nom « Urushalimu » provient de « uru » — ville, fondation — et du nom culte de Shalem qui y était alors pratiqué par le peuple cananéen. Shalem a donné le mot Shalom en Hébreux et Salaam en arabe, qui veut dire paix, mais aussi par extension, le « salut » fraternel. Son nom signifie donc « ville de paix », et il est à souligner que nous retombons exactement sur la définition de l’Agarttha. (Petit aparté : vous remarquerez l’antinomie de ce nom avec l’histoire de cette ville convoitée et disputée par les hommes depuis des siècles.) Cela met en reflet les mots de Saint-Yves D’Alveydre qui met en garde l’humanité de la découverte du centre du monde sans, au préalable, avoir obtenu une synarchie, une paix mondiale harmonieuse. Jérusalem, centre spirituel, mais plus précisément lieu du temple de Salomon érigé pour recueillir la présence réelle de la divinité, et don la manifestation est toujours associée à une « lumière ». Les autres centres spirituels sont Rome et Antioche pour les catholiques ; Lhassa (Tibet), Lumbini (Népal) pour les bouddhistes ; Memphis, Thèbes, Le Caire, pour les Égyptiens antiques ; Constantinople (Istanbul), Alexandrie, Aksoum en Éthiopie (lieu qui abriterait l’arche d’alliance) pour les Orthodoxes ; le mont Athos (en Grèce), Athènes et Olympie pour les Grecs antiques ; la Mecque, Médine et Jérusalem pour les musulmans ; Jérusalem, et Bethléem (ville d’origine du roi David) pour les Juifs, etc. Parmi tous ces centres, lequel pourrait être l’Agarttha ? Bien difficile d’y répondre... René Guénon cite Lhassa, Rome et Jérusalem, non pas pour leurs localisations, mais pour leurs organisations primitives qui ressemblent à la description de l’Agarttha. Il n’est pas inconcevable que ce centre du monde se soit déplacé et suive un cheminement terrestre selon les forces spirituelles du moment, et par cette observation, Memphis et Thèbes à l’époque égyptienne antique ont pu accueillir ce centre spirituel. Il est plus probable que ces centres connus ne soient que des superpositions de l’Agarttha, point zéro de ces centres du monde. Il faut ajouter, pour être complet, l’aspect souterrain de ce centre spirituel initial qui rejoint en cela le mythe de la caverne. Ce qui est intéressant d’observer dans ce détail est sa portée symbolique. Un centre spirituel souterrain est à relier avec l’idée d’une spiritualité intérieure, le symbole du cœur, du centre perdu que l’on doit aller chercher au fond de soi…

Conclusion

Il apparaît que dans toutes les traditions spirituelles, la notion de centre du monde est constante, de même que la tripartition du monde, ou encore d’une lumière divine originelle. Ces traditions/religions ne sont que des adaptations à la tradition primordiale dont la source hindoue est certainement très proche. Ce que développera René Guénon tout au long de son œuvre.

Et nous, que faisons-nous dans ce temple, tournant autour du tapis de loge et de son pavé mosaïque ? Que représente le fil à plomb au centre de la voûte étoilée ? Les trois degrés initiatiques ont-ils un rapport avec les trois gouverneurs spirituels du monde ? Je ne vous dévoile rien, tout juste, peut-être, je vous ouvre les yeux. Je reviens au fil à plomb qui n’est qu’une représentation de plus de l’Agarttha, de l’Axis Mundi (axe du monde), du centre spirituel, du point zéro, de l’unité primordiale. Nous ne savons plus où il se trouve, car nous avons perdu son origine. Nous sommes d’éternels exilés, à sa recherche, et je dirais « bien heureusement », car, sans recherche, point de questionnement, sans questionnement, point de dépassement de soi même, sans quête, point de Graal.

Oui, je vous l’assure, chercher est une chance. »

Chris.°. MAR.°. — RL « Les Cherchants écossais » — à l’O.°. d’Hyères

 

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14 octobre 2016 5 14 /10 /octobre /2016 22:56

 

L'apport principal de René Guénon à la démarche maçonnique réside dans la description qu'il fait du symbolisme de la Croix. Chacun peut reconnaitre l'utilité de cette fameuse croix dans le schéma général de la représentation mentale des symboles. La contribution  Wikipedienne à la compréhension du symbolisme de la croix nous semble claire et complète et nous la reprenons ici:

"Le Symbolisme de la Croix est, avec L'Homme et son devenir selon le Vêdânta et Les États multiples de l'être, l'un des trois livres les plus importants de René Guénon

L'ouvrage reprend les notions doctrinales de L'Homme et son devenir selon le Vêdânta uni au langage symbolique, centré ici sur le symbolisme de la croix.

Après avoir longuement expliqué la différence entre synthèse et syncrétismeJ, Guénon explique que la métaphysique se réfère à l’inexprimable et s'exprime avant tout en mode symbolique. Alors que le langage ordinaire est essentiellement analytique, discursif et fait appel à la raison, le symbolisme est essentiellement synthétique et permet d'aborder ce qui est « supra-rationnel » et fait appel à l'intuition intellectuelle . Cette dernière n'est pas une « intuition inférieure » mais ouvre, au contraire, sur des modes de connaissance véritablement illimités.

Pour Guénon, le symbolisme a son fondement dans la nature des choses et une origine non humaine. La « science sacrée » des symboles se retrouve, d'après Guénon, dans toutes les traditions spirituelles, certains symboles, de par leur nature même, ont des significations similaires dans des traditions très différentes. C'est le cas du signe de la croix qui symbolise la réalisation de l'être délivré dont il était question à la fin de L'homme et son devenir selon le Vêdânta (jîvan-mukta). Cet être est désigné sous le nom de « l'Homme universel » dans le soufisme. Plus précisément, la croix symbolise la réalisation de cet être délivré en communion avec la totalité des états de l’être harmonieusement hiérarchisés dans le sens de « l'ampleur »(axe horizontal de la croix) et dans le sens de « l'exaltation » (axe vertical de la croix)J. C'est en raison de cette signification symbolique que le Christ est mort sur la croix sans que cela ne diminue en rien sa signification historique. Pour Guénon, tous les évènements de la vie du Christ ont une signification historique et sont, en même temps, des symboles renvoyant à une signification métaphysique.

Guénon fait alors appel à des traditions spirituelles très diverses (islam, hindouisme, taoïsme, Kabbale, christianisme, etc.) pour développer de nombreux aspects du symbolisme de la croix. Par exemple, le centre de la croix (et plus généralement la croix elle-même) symbolise l'état où se résolvent toutes les oppositions et les contradictions. La croix renvoie aux dimensions de l’espace et aux possibilités de développement de l’individu humain. Les six directions de l’espace se synthétisent dans la septième direction invisible contenue dans le centre qui est le principe du temps et de l’espace d’où est proférée la parole Divine.

Du point de vue humain (microcosmique), la ligne horizontale de la croix symbolise l'état humain (où l'état d'un être si on considère un autre être que l'homme), le centre, son cœur où il peut rentrer en contact avec le Transcendant, la partie supérieure de l'axe verticale, les états supérieurs à l'être humain, la partie inférieure, les états inférieurs à l'être humain (états infernaux par exemple). Le centre représente ce qui est désigné par l'« état édénique » dans l'Ancien Testament ou la « station divine » où l'on obtient la « grande paix  » dans l'islam. Le chemin spirituel correspond, dans un premier temps, au voyage sur l'axe horizontal vers le centre et par intégration de l'ensemble de l'état humain. Cette intégration correspond à l'« ampleur » dans le développement de l'Homme universel et est liée à l'extension intégrale de l'individualité. Cette étape est symbolisée par le « voyage nocturne » (Isra) du prophète Mahomet de La Mecque à Jérusalem dans l'islam. La seconde étape correspond à l’ascension sur l’axe vertical de La croix et à l'« exaltation » dans le développement de l'homme universel qui est liée à l'acquisition des états supérieurs de l'être. Cette seconde étape est symbolisée par l'ascension vers le ciel du prophète depuis Jérusalem (Miraj).

 

Du point de vue cosmologique (macrocosmique), l'axe horizontal représente le principe passif, substantiel, féminin: prakriti dans le Sāṃkhya, symbolisé par « les eaux primordiales » en particulier au début de la Genèse. L'axe vertical représente, au contraire, le principe actif, masculin, « l'activité non-agissante » de la « volonté du ciel », Purusha dans le Sāṃkhya: c'est « l'esprit divin porté sur la surface des eaux  » au début de la Genèse. L'axe vertical est l'« axe du monde » reliant le ciel et la terre, assurant la continuité, l'unité et la possibilité de passage entre tous les mondes et états d'êtres. L'axe vertical est lié au rayon céleste provenant du soleil divin qui relie tous les êtres et tous les mondes entre eux, c'est le principe désigné par Buddhi dans l'hindouisme et qui guide l'homme à travers son évolution spirituelle. La croix, dans son ensemble, symbolise l'ensemble de tous les contraires et en particulier l'union de ces principes cosmiques féminins et masculins symbolisée par le yin et le yang dans le taoïsme et par l'androgyne primordial dans toutes les traditions, d'après Guénon, représentés sous une forme sphérique car c'est la forme la moins différenciée de toute..

La croix est aussi symbolisée par l'arbre du Monde : la ligne verticale de la croix constitue le tronc et la ligne horizontale en forme les branches. L'arbre représente aussi l'axe du monde, c'est « l'arbre de la Vie » au milieu du paradis terrestre. Il symbolise le sens de l'unité et de l'éternité, au contraire de « l'arbre de la science du bien et du mal » source de la chute car symbole de la connaissance dualiste, fractionnée. L'arbre séphirotique combine les deux arbres car la dualité n'existe pas ultimement, indépendante de l'unité. La chute, liée au fait de manger la pomme de l'arbre de la science du bien et du mal, symbolise la perte de la connaissance supra-rationnelle qui permet de voir l'unité par delà la dualité et la perte du sens de l'éternité qui fait chuter l'homme dans la temporalité. C'est la perte de l'état édénique et l'éloignement du centre sur l'axe horizontal de la croix, symbolisée par le départ d'Adam du paradis. Cette connaissance supra-rationnelle est aussi symbolisée par le troisième œil de Shiva, qui est aussi l'émeraude sur le front de Lucifer, qu'il a justement perdue lors de sa chute et qui a servi à fabriquer le Graal qui a contenu le sang du Christ (ce sang comme le cœur du Christ symbolise par excellence la connaissance du Divin dans le Christianisme) et qu'il faut regagner pour retrouver la connaissance transcendante.

Guénon explique la signification de nombreux symboles associés à la croix: les directions de l'espace, la guerre et la paix, le swastika, le buisson ardent, le centre et la circonférence, etc. Il développe aussi toute une représentation géométrique de la continuité entre tous le états de l'être et de tous les mondes"

Article Wikipedia, 'Le Symbolisme de la Croix', Wikipédia, l'encyclopédie libre, 5 mars 2018, 15:43 UTC, <https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Le_Symbolisme_de_la_Croix&oldid=146115521>

 

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7 octobre 2016 5 07 /10 /octobre /2016 21:24

La Voûte Étoilée

(...)

Ainsi, l’une de nos premières tâches au sein de notre Temple, fut de construire la Voûte et, avec le recul, le début de beaucoup d’interrogations fussent-elles conscientes ou inconscientes.

Plusieurs possibilités s’offraient à nous, nous avions la possibilité de tout faire en peinture ou de faire quelque chose de plus travaillé par le biais de lumières et de peinture.

Le premier dilemme se posait à nous et nous devions trancher entre une voie facile et une autre qui l’était moins.

La première solution apparaissait comme celle étant la plus simple en mise en œuvre, mais bien moins travaillée. Le but n’était évidemment pas de faire du tape-à-l’œil, mais bien une voûte sous laquelle nous serions tous fiers de travailler.

Le choix fut vite fait, nous mêlerions donc peinture et leds.

Nous avons donc parcouru Internet à la recherche d’un tutoriel et, une fois trouvé, nous nous sommes engouffrés dedans.

La partie électrique n’allait pas être aisée, mais nous étions confiants dans les écrits, nous avions un support, la personne qui avait rédigé le mode d'emploi avait déjà fait la chose, alors pourquoi pas nous ?

La remise en cause du résultat et de la démarche ne nous a alors pas effleuré l’esprit, nous n’avions qu’à reproduire ce qui avait déjà été fait…

Le support de la voûte ne fut pas trop sujet à questionnement : il serait en bois.

En effet, le bois est un matériau qui se prête assez bien au travail manuel ; il se coupe bien, se perce et peut se peindre.

La question aurait plutôt dû être de savoir si le substrat était prêt à recevoir…

Il en est de même avec nous et les Hommes au sens large. Pour recevoir la Lumière, il faut être prêt, si nous ne le sommes pas, elle ne percera pas le voile qui nous aveugle.

Ainsi, le bois choisi était une planche de mélaminé et, une chose est sûre, le mélaminé n’offre pas ou peu d’accroche sans une certaine préparation.

C’est un peu comme si, du fond de la caverne de Platon, nous prenions un prisonnier pour le sortir à la lumière sans qu’il s'y soit préparé ou qu’il se soit questionné ; elle lui ferait un tel mal, qu’il la refuserait.

Ainsi, la peinture ne tenait pas sur notre planche, elle glissait, au fur et à mesure que nous passions le rouleau ; la peinture se décollait, il a fallu insister, être patient et ne pas chercher la perfection sous peine d’avoir un résultat bien pire que celui que nous avons actuellement.

Le support était donc là, il fallait maintenant arriver à reproduire les étoiles et notamment les constellations sur celui-ci.

Là encore, nous avons cherché dans la documentation et trouvé un dessin qui nous semblait correspondre à notre besoin.

Le dessin reprenait les 12 constellations, voire même quelques-unes en plus, mais cela ne nous perturba pas plus que cela (ou du moins le pensait-on !).

Avec le recul, c’est un peu comme lire un ouvrage alchimique sans en connaître les clés de lecture. On trouve l’ouvrage intéressant, mais la finalité et la raison d’être nous échappent.

La reproduction nous inquiéta un peu, il fallait retranscrire le plus fidèlement possible et dans les proportions. Cette tâche nous semblait hasardeuse, mais la lumière nous vint en aide et ce n’est pas qu’une vue de l’esprit.

A l’aide d’un calque et d’un projecteur, nous avions la possibilité de projeter la voûte sur notre support.

En fait, là, tout est dit : la lumière sert à projeter les corps célestes sur notre support !

Ainsi, ce qui est en haut, dans la lumière, est comme ce qui est en bas, sur notre support.

L’image et le symbole sont bien là, éclairés par la lumière, notre tâche est plus facile à accomplir.

Une fois tracée, il fallait percer pour faire rayonner la lumière au travers la planche.

Le perçage fut une formalité.

Pour le rayonnement, il en était tout autre. Nous avions les 200 leds, autant de résistances pour faire varier l’intensité et le câble électrique.

Nous nous sommes réunis et nous avons pris peur face à l’ampleur de la tâche. Il nous fallait jouer avec le feu (pour les soudures), mais nos connaissances et savoirs étaient bien limités en la matière (électrique et électronique).

Face au doute, nous avons préféré reculer et réfléchir à autre chose tout en conservant l’idée de départ. Il a fallu penser par nous-même, nous écarter du tutoriel de départ, de la littérature existante que nous prenions pour argent comptant, prendre un angle de vision différent et penser à une autre voie…

Et là, ce fut un peu comme une évidence, la guirlande de leds, celle-là même que nous allions mettre sur nos sapins servirait à faire rayonner notre voûte en nous affranchissant de certaines difficultés qui nous semblaient quasi insurmontables.

Tout devint plus simple et le fardeau du départ, cette tâche qui nous avait fait douter, apparaissait subitement comme un jeu d’enfant.

Voilà, nous y étions, la voûte était quasiment terminée.

Il ne vous aura pas échappé que certaines étoiles sont phosphorescentes et en cela, elles se révèlent uniquement lorsque nous sommes dans le juste temps et que la lumière est idéale…

Ainsi se termine la première partie de ma Planche qui se veut être le fruit de ma réflexion sur le travail effectué.

La seconde partie sera plus orientée sur le symbolisme de la voûte étoilée.

De tout temps, le ciel et plus particulièrement les astres ont guidé les Hommes, que ce soit par le biais des mythes dans lesquelles le ciel est le domaine des Dieux, mais également pour s’orienter.

Quand nous parlons d’orientations, c’est au sens large que nous les évoquons.

Il y a l’orientation temporelle où la succession des événements a permis de quantifier des cycles et de permettre la vie. L’alternance nuit / jour est vitale dans le cycle de vie des Hommes et de toutes vies.

Notre calendrier n’est rien d’autre que la transposition des rythmes célestes.

L’étude des cycles a permis de planifier les différents temps, celui de planter, celui de couper, celui de récolter.

Il y a l’orientation géographique ou de nombreux navigateurs sont arrivés à bon port en se basant sur la position des étoiles.

Tous les astres sont en mouvement, mais forment un tout cohérent qui a permis de modéliser des concepts et des sciences.

Très tôt les astronomes se sont aperçus qu’en reliant les étoiles entres elles, elles matérialisaient des formes diverses, qui furent appelées constellations. Les plus connues sont celles des 12 maisons du zodiaque que nous parcourons parfois dans nos lectures quotidiennes.

L’année a donc été répartie sur ces 12 signes et c’est ainsi qu’a débuté le découpage en 12 mois.

Un élément fut attribué à chaque signe afin de l’orienter, ainsi nous avons :

  • Le Feu pour les Bélier, Lion et Sagittaire ;
  • La Terre pour les Taureaux, Vierge et Capricorne ;
  • L’Air pour les Gémeaux, Balance et Verseau ;
  • L’Eau pour les Scorpion, Cancer et Poissons.

Parallèlement à cela, nous avons vu dans l’antiquité, la naissance du calendrier lunaire qui permit de planter, traiter, récolter durant les périodes les plus propices.

Le Feu est donc rattaché au fruit, à la semence ; le feu et la chaleur sont le symbole de la régénérescence, le principe actif masculin.

La terre est rattachée aux racines, à l’écorce ; c’est le symbole de la féminité, de la fécondité.

L’air est rattaché aux fleurs ; c’est le symbole de l’élévation, de l’envol, le souffle de la vie.

L’eau est rattachée aux tiges, aux feuilles ; c’est le symbole de l’origine, de la source de la vie.

En se basant sur ce calendrier, nous sommes en capacité d’agir au mieux dans les champs.

Sur le plan plus humain, les constellations ont orientées les Hommes dans leurs actes. Ne dit-on pas qu’untel est né sous une bonne étoile, qu’un autre est dans la Lune, que notre journée sera plus ou moins bonne en fonction de notre horoscope ?

Tout ceci pour dire que les astres ont une place prépondérante dans notre quotidien.

Vous aurez certainement remarqué que la voûte sous laquelle je me trouve comporte plus que les 12 constellations que nous connaissons tous.

Cela est dû à une divergence d’opinions sur les zodiaques.

Un premier, dit sidéral, est composé des 13 constellations qui jalonnent l’écliptique (qui est la trajectoire du Soleil autour de la Terre).

Alors que le second, dit tropical, reprend l’écliptique, mais le divise en 12 secteurs égaux de 30 degrés chacun et ayant pour origine le point vernal qui se trouve à l’intersection de l’écliptique et de l’équateur céleste. C’est ce zodiaque dit tropical qui est le plus répandu.

Du fait que la Lune, le Soleil et la Terre n’ont pas la même orbite, et qu’entre autres la Lune n’étant pas sur l’écliptique, il en résulte une légère perturbation dans la précession.

À cause de la précession des équinoxes, la durée du cycle des saisons (année tropique) est d’environ 20 minutes plus courtes que le temps que met la Terre pour occuper la même position par rapport aux étoiles dans une année sidérale.

Ce mouvement relatif de toupie, en forme d’entonnoir, produit un décalage qui croît régulièrement, à raison d'une minute d’arc de cercle par an ou d’un degré tous les 72 ans, ou encore d’un tour complet en 25 800 ans, ou d’un signe zodiacal tous les 2 150 ans.

La précession des équinoxes induit donc un agrandissement du zodiaque tropical et laisse ainsi une place à la constellation du Serpentaire qui s’insère entre celle du Scorpion et celle du Sagittaire.

Ainsi nos actes seraient orientés et fonctions de notre signe zodiacal !

Cela aurait pour conséquence de nous lier indéfectiblement avec les astres, nous dépendrions tous d’un ordre divin et, de ce fait, nous aurions tous une place juste à occuper pour compléter le tableau stellaire.

Pour ce faire, il nous faudrait rassembler ce qui est épars, procéder au remembrement pour reconstruire l’Homme Zodiacal, qui sera en symbiose avec les astres.

A titre individuel, il nous faut nous dépasser, sortir de notre carcan zodiacal pour nous élever, pour aspirer à tendre vers les cieux pour nous rapprocher des étoiles et de la Lumière.

Suite à une remarque de notre V\ M\, je me suis interrogé sur notre place d’Apprenti en Loge, sous la Voûte. Cela ne fut pas aisé et je ne suis pas certain d’avoir tout saisis, mais dans ce que j’en ai retenu, l’apprenti siège au septentrion, sous les Septen Triones que sont les sept Bœufs qui composent la constellation de la Charrue ou plus connue sous le nom de la Grande Ourse.

Cette charrue, symbole du labeur et du travail de la terre, est accompagnée de la constellation du Bouvier et de celle des deux chiens.

Dans la mythologie grecque, le bouvier est le conducteur de la charrue qui, accompagné de ces deux chiens, guide les sept bœufs.

J’aime à croire qu’ainsi, les astres nous aident (les apprentis) dans notre quête, que nous avons un Gardien qui, tout comme notre F\ Sec\ Sur\ nous guide dans notre travail.

Son perpétuel mouvement, mais aussi son immuabilité nous ramène à notre rituel que nous répétons inlassablement et qui nous permet de nous mettre au travail.

Alors, nous sommes dans le temps Juste et dans l’Éternité.

L’échelle du temps est respectée, car nous travaillons en adéquation avec les astres, nous ouvrons nos travaux à midi, là où la lumière est la plus forte, jusqu’à minuit où Nout, déesse égyptienne du ciel et mère de tous les astres, avale le Soleil pour le faire renaître le lendemain. Nous inscrivons nos Travaux au mieux dans le parcours de la Lumière.

En langage des oiseaux, la voûte étoilée serait la voûte des étoiles, mais également un toit voûté.

Ainsi, depuis l’entrée du Temple, la voûte représente bien notre toit qui repose sur des murs représentés par nos colonnes.

Mais n'oublions pas que nous ne sommes qu'une partie du Tout et qu'à ce titre notre voûte étoilée n'est pas forcément l'unique.

Gardons à l'esprit que, tout comme nous avons su créer une voûte avec un projecteur et un calque, peut-être ne sommes-nous qu'une manifestation du même ordre dans un Plan qui nous échappe.

C’est notre porte des étoiles, celle qui nous permet de plonger le Temple dans l’immuabilité, mais également dans le mouvement perpétuel. Elle nous sépare des Puissances célestes, mais nous n’avons qu’à l’ouvrir pour recevoir les Puissances créatrices de l’Univers.

De cette voûte commune à tous, nous sommes reliés par le fil à plomb, cet axis mundi qui descend à la verticale, symbole de l’introspection, de la perpendicularité, de l’expression tangible de l’axe immuable autour duquel la création se cristallise. Il descend de la voûte pour venir se centrer sur le tableau de la Loge.

Comme pour Thésée, ce fil pourrait être celui qui nous montre le chemin à suivre pour sortir de nos individualités, de nos contraintes matérielles pour accéder à l’Unité.

Cette verticalité représente bien la finalité de notre Travail, il nous faut réfléchir, travailler notre matière afin de nous donner les moyens de faire remonter notre conscience le long de cette verticalité pour que nous puissions la sublimer au contact des Puissances célestes.

Le plomb qui s'y trouve à son extrémité nous rappelle que nous avons abandonné nos métaux, que notre tâche est de transformer ce plomb en or. Il nous rappelle que nous devons passer par le vitriol pour accéder à notre pierre cubique.

Cette voûte, souvent représentée en cercle (symbole de la spiritualité, de l’infini, de la puissance céleste) en opposition à notre pavé mosaïque (symbole entre autres du tellurique, de la matière, du physique ou encore du labyrinthe que nous sommes amenés à parcourir), n’est pas sans nous rappeler la complexité de la Quadrature du cercle, problème insoluble, mais qui tend à nous rapprocher vers l’harmonie, vers la perfection.

En comprenant cela et en nous inscrivant dans cette projection, alors tout ce qui est en Haut sera comme tout ce qui est en Bas et nous serons dans le Grand Œuvre.

(...)

Olivier CAI\

R.°.L.° "Roses et Croix d’Écosse"

O.°. de Saint Etienne

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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 21:14

Le décorum du Cabinet de Réflexion

Seule et immobile, l’ambiance est alors propice à l’introspection.

Ce cabinet, qui se trouve sous terre et dans une semi-obscurité, représente un caveau dans lequel va mourir le vieil homme et, de par la présence de la bougie qui scintille, va pouvoir renaître. Tous les symboles que nous allons rencontrer ont une double vision qu’il convient d’étudier. Ainsi donc, tout commence dans les rites les plus anciens par un isolement et une sorte de privation. En tout temps, les hommes en devenir devaient prouver leur capacité à devenir homme en s’écartant de la communauté, sans ressource matérielle avec pour seul outil leur esprit. Le retour en terre est donc synonyme de mort, mais également de vie ; sans support la vie ne peut germer.

L’obscurité qui peut faire peur peut être perçue comme un élément de tranquillité, la nuit où tout est calme, reposant. Certains disent que le sommeil a les vertus de la mort sans son léger inconvénient. La nuit est propice au sommeil, à la récupération, c’est là où nous nous ressourçons, ainsi que très tôt le matin lorsque la nature s’éveille. C’est un moment où nous pouvons laisser tous nos sens s’ouvrir.

Là, dans le Cabinet de Réflexion, nous nous trouvons dans le noir face à nous-mêmes, libre de partir ou de rester afin de réfléchir sur notre démarche. Pour éclairer ou tout du moins attiser notre réflexion, nos Sœurs et Frères passés nous ont laissé de quoi méditer.

LE BLÉ

Élément primordial, il est une des clefs des deux Saint-Jean. Il s’agit d’un produit de base servant à l’élaboration du pain qui fut l’un des premiers aliments cuits. Il est un composant central de l’alimentation humaine – tout du moins en Occident et au Moyen-Orient – et il a été mentionné dans de nombreuses écritures. Il symbolise aussi le cycle de la germination.

LE MIROIR

C’est celui qui reflète, qui réfléchit. Il nous invite à réfléchir sur les raisons qui nous ont menées ici, pourquoi nous sommes là ? Il nous apprend à nous regarder non pas d’une façon narcissique, mais à nous regarder pour mieux nous connaître. Le miroir reflète notre image, ce qui doit donc nous aider à réfléchir qu’il n’y a pas de vérité, car l’image renvoyée par le miroir n’est pas vraiment la nôtre puisqu’elle est inversée. Nous pouvons donc imaginer que notre introspection ne finira jamais.

C’est la confrontation à nous-mêmes, si bien que dans certain rituel (Français notamment) lors de l’initiation, il est demandé au profane d’être vigilant aux différents écueils qu’il pourra rencontrer et qu’à ce moment-là, il est retourné face à un miroir qui lui renvoie son image. L’homme doit faire face à son ego.

Tout cela est fort bien repris dans Blanche Neige où la reine a le besoin impérieux de s’en remettre à son miroir qui ne lui répond uniquement sur un élément superficiel et égotique qu’est l’apparence. Le Cabinet de réflexion est un miroir qui permet de voir en soi au-delà des apparences.

L’EAU

Élément purificateur que l’on reçoit lors du baptême. C’est la base de la vie. Ne sommes-nous pas baignés pendant neuf mois dans le liquide amniotique ? L’eau peut évoquer la transparence et varie inlassablement entre précipitation et condensation, entre le ciel et la terre. Sans elle, aucune vie n’aurait pu se développer. Mais l’eau peut aussi engloutir…

LE SEL

Saveur (vous êtes le sel de la terre évangile selon Saint-Mathieu), le sel à une vertu purificatrice et protectrice. C’est un agent de conservation. Il fut aussi une monnaie. Mais le sel peut aussi ronger, attaquer. Partager le sel est un lien de Fraternité. Il possède aussi des qualités alchimiques.

LE CRÂNE

Il nous rappelle à quel point notre existence n’est que temporelle. C’est ce qui reste de l’homme après sa mort. C’est l’homme dépouillé de tous ses artifices ; c’est un appel à nous dévoiler, à nous mettre à nu. Le crâne est le siège de la pensée, expression de l’esprit, de l’intelligence. Dans certaines légendes, le crâne humain est considéré comme homologue de la voûte céleste.

LA DAGUE

Elle sert à fixer et clouer la matière (c’est en quelque sorte le clou qui servi à crucifier le Christ sur la croix). Elle peut être l’arme pour se défendre, pour tuer, mais aussi l’ustensile de survie, et peut être aussi là pour trancher. Trancher dans le sens prendre une décision. Quoi de plus utile, car l’indécision est un malheur pour l’homme. La dague représente la part animale de l’homme. En alchimie, le couteau servira à ouvrir la matière et, particulièrement, lorsqu’elle est à travailler ou à purifier. Encore une fois nous n’avons eu de cesse de l’entendre lorsque nous étions enfant et que nous écoutions des histoires comme celle du Petit Chaperon Rouge où le chasseur éventre le loup pour en sortir le petit chaperon et le remplacer par… une pierre lourde.

V.I.T.R.I.O.L. / VISITA INTERIORA TERRAE RECTIFICANDOQUE INVENIES OCCULTUM LAPIDEM

… ou encore visite l’intérieur de la terre et en (te) rectifiant tu trouveras la pierre cachée, symbole de notre véritable identité qu’il faudra chercher à éclairer. Il convient donc de mener une profonde introspection. Le mot rectifiant prend à mon avis deux sens : celui de rectifier l’existant (notre pierre brute) ou alors de changer de comportement. Dans les deux cas, ce processus intervient après une première opération. Rectifier doit être étudié comme une première chance. Ce sera le prix de la pierre cachée qui se trouve déjà en nous. Il est donc inutile d’attendre que quelqu’un nous la donne. Charge à chacun de nous de la trouver en soi, ce qui revient à dire :

« Descends au plus profond de toi-même et trouve le noyau insécable, sur lequel tu pourras bâtir une autre personnalité, un homme nouveau ». Le vitriol, quant à lui, est un sulfate ferreux ou acide sulfurique qui attaque les métaux. C’est le début d’un processus d’oxydation, autrement dit la mort de la Materia Prima. C’est la synthèse exprimée des opérations alchimiques aux divers niveaux de transformation considérés, que ce soit celui des métaux ou celui de l’être humain. Dans ce dernier cas, le symbole va plus profond : il s’agit de se reconstruire soi-même, à partir de divers degrés d’inconscience, d’ignorance et de préjugés, par quoi l’homme peut découvrir la présence immanente et transformante du Grand Architecte de l’Univers.

VIGILANCE ET PERSÉVÉRANCE

La vigilance appelle à être attentif, à nous et à ce que nous allons vivre. La persévérance peut être abordée de deux façons : la première est de demeurer toujours dans la même façon d’être, de penser, de rester figer, entêter, obstiner ; la seconde serait de percer pour voir ce qu’il y a derrière le voile, sortir de sa caverne. Par vigilance, on peut aussi entendre l’ouverture de tous nos sens, ce qui a pour but d’avoir une autre vue, un autre ressenti sur ce que nous vivons. Mais, elle désigne pour moi la patience, la détermination : tout mettre en œuvre malgré des difficultés pour demeurer constant dans la fidélité de ce que l’on a entrepris et de ce que l’on croit juste, et la vigilance peut nous aider à élargir notre champ de conscience, pour justement changer de cap ou le garder. Dans les évangiles selon Saint-Mathieu il est dit « le secours d’en haut n’est jamais refusé à celui qui cherche avec confiance et persévérance ».

LE SOUFRE

Le soufre, placé à gauche, associé avec le sel placé à droite, symbolise le principe de l’alchimie spirituelle. Le soufre était connoté négativement dans les temps anciens. Il représentait les scories, les déchets. Il est souvent associé aux enfers et nous renvoie à Lucifer, qui n’est autre que le porteur de Lumière (lux = Lumière, feris = porteur). Il nous faut donc fouiller nos déchets pour y trouver notre pierre. Il me semble important de noter, comme je l’ai cité plus haut, que la gauche représente la direction de l’enfer ou le passé ; et la droite celle du paradis et de l’avenir. Le soufre est associé à l’air, à l’âme et à l’intellect.

LE MERCURE

Il est plus noble puisqu’il permet de purifier l’or et l’argent en les débarrassant de leurs impuretés. Avec le soufre, ce sont donc deux éléments que tout oppose. Nous pouvons dire qu’ils forment une noce alchimique souvent représentée par deux personnes qui se disputent. Il s’agit de l’opération alchimique de séparation du subtil et de l’épais. Ce qui permettra de réunir le mercure et soufre (les contraires) sera le sel qui fera émerger la quintessence. Le mercure est associé à l’air, à l’eau, à l’esprit et à la pensée.

LE SABLIER

Il représente le temps qui passe, ce qui est cyclique. Hermétiquement, il représente la maxime « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ». Une fois un cycle terminé, il faut nécessairement l’intervention de l’homme, une volonté agissante pour démarrer un autre cycle. Le vide et le plein doivent se succéder. Il y a donc passage du supérieur vers l’inférieur, c'est-à-dire du céleste dans le terrestre et ensuite par le renversement du terrestre vers le céleste. Telle est l’image du choix mystique et alchimique. Symbole du temps qui s’écoule de l’éphémère. Lamartine a écrit « le sablier symbolise la chute éternelle du temps. » Le crâne et la faux qui y sont associés sont la mort qui fauche les vies.

LA BOUGIE

Plongée dans cet environnement obscur, la flamme vacillante de la bougie peut nous suggérer que même dans les lieux ou les périodes les plus sombres, nous pouvons toujours nous orienter vers la lumière. Lumière toujours présente, elle représente également le feu agissant, la chaleur. La lumière a donc sa place au milieu de ce tableau. Il convient juste à l’impétrant de daigner d’ouvrir les yeux pour l’accueillir. Lumière qui nous aide à voir plus clair en nous. Tout cela signifie que pendant son ensevelissement dans la terre le profane se morfond, autrement dit, se fond dans la mort.

Mais dans le Cabinet de Réflexion, nous subissons notre première étape de transformation, notre œuvre noire. C’est l’endroit où nous laissons l’homme profane mourir, afin que ce dernier puisse démarrer un nouveau parcours.

Marie

R.°.L.°. « Roses et Croix d’Écosse »

O.°. Saint Étienne

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 20:46

Approche symbolique des outils de l’Apprenti

« J’aime penser que le chemin parcouru compte plus que les buts à atteindre ».

C’est la raison pour laquelle j’ai décidé, pour commencer ce travail, de me replonger quelque peu en arrière dans le cheminement vécu jusqu’à présent au cours de mon parcours d’Apprenti.

Le processus qui conduit un profane à « frapper à la porte du Temple », débute toujours par la rédaction d’une lettre adressée au Vénérable de la Loge. Pour ma part, c’était il y a deux ans, presque jour pour jour, nous étions le 1er mai 2014. Je présentais alors mes motivations à rejoindre cette institution qu’est la franc-maçonnerie. Une décision qui faisait écho à une transformation personnelle entamée intérieurement et qui depuis un certain temps déjà avait fait germer dans mon esprit un grand nombre d’interrogations.

Cette démarche initiée, il s’en suivi une première rencontre « physique » avec ce nouvel environnement. Ce fût lors de la soirée du « passage sous le bandeau ». Une étape de « passage », comme son nom l’indique, qui permet à l’impétrant et aux maçons de la Loge de se découvrir.

Tout futur maçon vit donc ce moment en étant privé de la vue, comme pour activer tous ses autres sens et ainsi le placer dans une situation d’éveil maximum. Grâce à l’intériorisation provoquée par cette cécité temporaire, à l’odeur de l’encens qui sacralise l’évènement et au rythme des nombreuses questions qui nous sont adressées, nous découvrons, au travers de nos sens, l’atmosphère de ce lieu particulier.

Le processus était donc enclenché ...

Cependant, il sera nécessaire de patienter encore quelques mois avant de quitter définitivement l’environnement de la vie profane pour commencer le parcours de l’Apprenti proposé par la « méthode » maçonnique. Cette patience, s’avère être un élément indispensable à la réalisation du processus en cours. Elle va permettre la maturation nécessaire à l’obtention de résultats de qualité. Par opposition, l’impatience ou la précipitation n’amène généralement que des résultats illusoires, irréfléchis et inconsidérés.

L’intégration en maçonnerie passe ensuite par l’épreuve du cabinet de « réflexion » qui marque véritablement le début du parcours initiatique. Dès lors, tout ce que nous rencontrons devient des « clés » de compréhension : des « outils » pour nous aider à progresser dans cette quête que nous offre notre vie maçonnique. En effet, et comme il est courant de le dire, « ici, tout est symbole… ». Et ce sera par l’étude et l’analyse des symboles et sujets qui lui seront proposés que le l’Apprenti franchira les différentes étapes nécessaires à sa progression morale et spirituelle.

Présente dans le cabinet de réflexion, l’une des toutes premières « clés » qui est suggérée à l’Apprenti se trouve dans le lettrage alchimique V.I.T.R.I.O.L. Ce dernier, nous communique une direction, un sens « caché », comme il est coutume de le faire dans ce milieu, permettant de lui transmettre une trajectoire à emprunter. En effet, il sera tout d’abord nécessaire de se tourner vers soi et de mener ce que l’Alchimie nomme son « œuvre au noir », symbole d’une rencontre avec le premier élément, celui de la Terre.

Cela aboutira à une mort symbolique, conduisant l’Apprenti en devenir à réaliser sa propre introspection. En faisant « mourir le vieil homme », symbole de sa vie profane, l’Apprenti peut désormais renaitre à une vie d’Initié.

Ce premier travail sur lui-même incarné par cette recherche intérieure lui permettra de déceler ses vices pour mieux les combattre mais aussi d’élever ses vertus pour en faire ressortir une étincelle cachée en son for intérieur. En effet, comme le veut la tradition alchimique, tout individu constitue une « materia prima » que l’on nomme dans le symbolisme maçonnique une « Pierre [à l’état] brute ».

L’« Idée » de la matière à travailler nous est donc suggérée, mais il est nécessaire de poursuivre le cheminement pour réaliser notre parcours de maçon. Celui-ci passera tout d’abord par le besoin de se « purifier ». C’est ainsi, que conduit par la lame de l’épée du Frère Terrible, nous poursuivons l’Initiation au travers des trois voyages ; celui de l’Eau, de l’Air puis du Feu.

Ces voyages marquent notre rencontre avec les Éléments de la nature qui sont les principales sources de notre vie terrestre. Outre leur rôle purificateur, ils servent également à nous nourrir et nous aider dans notre développement.

Le symbolisme présent lors de cette étape importante de la vie du maçon se trouve alors représenté par le grain de blé qui après être allé mourir en terre pourra renaître et faire germer un nouvel épi.

Le rôle des Éléments étant indispensable pour assurer le bon développement dans un processus de germination, il est tout naturel que l’on retrouve ces mêmes Éléments aux côtés de l’Apprenti lors de son passage dans le cabinet de réflexion.

Pris dans l’émotion de cette soirée d’Initiation, il nous est difficile voire impossible de percevoir un sens à ces voyages mais ceux-ci laisseront une empreinte forte dans notre inconscient et un bouleversement important dans notre esprit faisant de nous dorénavant des Apprentis maçons.

Également et afin de nous rappeler cette rencontre avec les Éléments, nous pourrons lever les yeux à l’Orient pour y retrouver l’Hexagramme, synthèse de la représentation graphique de chacun des quatre Éléments réunis en un symbole unique.

Pour Initier et ainsi créer un nouvel Apprenti, la méthode maçonnique prévoit donc de le faire voyager. Or, la notion même de « voyage » est très souvent liée à une certaine forme d’« insatisfaction ». En effet, celui qui souhaite voyager, souhaite quitter un environnement initial pour en découvrir un nouveau. N’est-ce pas également en cela que figure l’objectif de la démarche du profane ? Par sa volonté de s’engager dans cette voie, le maçon en devenir souhaite quitter les ténèbres pour découvrir la Lumière [référence au rituel d’Initiation : « … Or, nous désirons que ce qui nous manque. »].

Cette introduction, rappel de mon parcours de la vie profane à la vie initiatique, ma permise de retracer quelques symboles « clés » qui me furent transmis avant même que l’on ne me confit mes « Outils d’Apprenti ».

J’ai ainsi pu y découvrir le point de départ, la matière première sur laquelle je devais travailler, incarnée par le symbolisme de la « Pierre brute », que chaque maçon représente. J’y ai aussi découvert le rôle des quatre Éléments qui nous ont accompagnés au cours de cette cérémonie de l’Initiation. Ces derniers, nous le verrons, pourront par analogie être associés aux symbolismes des Outils de l’Apprenti.

Reste qu’avant d’entamer son travail, il est nécessaire à l’Apprenti de se vêtir sous les formes accoutumées. C’est ainsi, que le Vénérable de Loge lui remet son tablier et ses gants blancs. Ces éléments symboliques feront dorénavant partie intégrante de sa tenue de maçon lorsqu’il devra réaliser ses travaux en Loge.

Le Tablier est en quelques sortes un outil « passif » pour le maçon. Il est une marque de l’héritage des maçonneries dites « opérative » et comme il est coutume de le dire, « point de tablier sans travail ». Le travail agira donc comme un « moteur » pour nous permettre de progresser sur notre cheminement initiatique.

A l’époque, le Tablier protégeait également de la saleté et des éclats les ouvriers qui travaillaient la taille de la pierre. Pour rappeler au jeune maçon qu’il est encore maladroit dans son geste, il lui sera demandé de toujours porter ce tablier avec la bavette relevée, formant ainsi cinq côtés, symbole de l’Esprit [le triangle de la bavette] qui doit dominer la Matière [le carré du tablier]. Ainsi porté, le Tablier représente également les « cinq sens » du corps humain, le toucher, le goût, l’odorat, la vue et l’ouïe.

Le Tablier est aussi le symbole de la Terre et se rapporte à la vertu cardinale de la prudence. Nous avons en effet démarré par visiter l’intérieur de la Terre au sein du cabinet de réflexion avant d’entamer nos travaux vêtus d’un tablier pour nous protéger. De plus, notre démarrage dans ce parcours passera tout d’abord par le respect de la règle du silence demandé à l’Apprenti.

Le principe de prudence permet donc une réflexion nécessaire préalablement à l’action et qui vise à conduire à des conséquences toujours mesurées. Une autre caractéristique de cette prudence réside dans le silence qui s’impose durant notre parcours au 1er degré. Ce silence enseigne l’apprentissage de l’écoute. Il permettra de mener un travail afin d’apprendre à mieux se connaître, à faire taire ses passions et développer sa capacité d’interprétation des symboles qui nous entoure.

Après son baptême par les quatre Éléments, l’Apprenti se retrouve à nouveau face à ses sens. Bien que ces facultés soit indispensables au bon fonctionnement de notre vie corporelle, elles devront à présent faire l’objet d’un contrôle permanent afin d’en maîtriser leurs aspects néfastes et ainsi éviter de sombrer vers une dégradation de notre vie spirituelle.

Pour compléter et renforcer cette idée, les gants, symboliseront par leur blancheur, la pureté qui doit régner dans l’esprit du maçon. Le magnétisme émis de sa main se voit ainsi purifier et devra lui permettre de rayonner dans son environnement au travers d’actions justes et vertueuses.

Ce n’est qu’une fois équipé de sa tenue que l’Apprenti se voit remettre ses Outils. D’abord, le « Maillet » et le « Ciseau », avec lesquels il pourra réaliser son tout premier travail de maçon, à savoir frapper de trois coups symboliques la « Pierre brute » pour marquer le commencement de son perfectionnement.

Le couple d’outils « Maillet » et « Ciseau » représente une complémentarité forte. En effet, seule, ils seraient bien peu efficaces mais associé l’un et l’autre, ils permettront à l’Apprenti de travailler la taille de sa Pierre en élimant les aspérités qui l’empêche de s’insérer correctement dans une construction d’ensemble.

Le « Maillet », impulsant l’action, représente la volonté agissante de l’Apprenti dans la démarche qu’il entame et la force qui lui sera nécessaire pour mener à bien cette réalisation.

Le « Ciseaux » quant à lui, définit par sa précision une trajectoire au mouvement amorcé et lui permettra l’élimination de la matière superflue caractéristique de ses propres vices.

Enfin, un troisième Outil, le « Levier », sera nécessaire à l’Apprenti pour déplacer sa Pierre et ainsi pouvoir en contrôler les différentes faces.

C’est donc par la volonté incarnée par le « Maillet » et le discernement nécessaire symbolisé par le « Ciseau », que l’Apprenti sera en mesure d’extraire les composantes néfastes de sa propre psychologie et de ses morales déréglées.

Comme nous l’avons évoqué, du point de vue Alchimique, l’Apprenti maçon réalise les premières étapes de son « œuvre au noir ». A l’aide d’un acide très puissant que les alchimistes gardaient secret sous le nom de « vitriol », il réalise son propre décrassage intellectuel et moral ayant pour but de débarrasser son esprit de tout ce qui empêche la « Lumière » de parvenir jusqu’à lui.

Psychologiquement, c'est la destruction de son égo et de son attachement aux choses matérielles. Le catéchisme de l’Apprenti nous indique d’ailleurs très clairement ce que nous venons faire en loge : « Vaincre nos passions, soumettre nos volontés, et faire de nouveaux progrès dans la maçonnerie » sans oublier bien sûr « de déposer nos métaux à la porte du Temple ».

Comme pour cette acide qui va attaquer la matière pour la rendre plus noble, la quête que nous menons sera difficile, parfois même douloureuse, car renoncer à ses passions et se délivrer des chaînes de nos volontés n’est pas chose aisée et demande une veille de chaque instant.

Cette « Pierre philosophale », objet de notre quête est nichée au plus profond de nous mais au fil de notre vie, nous l’avons enfoui de plus en plus se retrouvant enrobé de nos défauts les plus vils.

Grâce à ses outils, l’Apprenti cherchera donc à la retrouver notamment en développant en lui ses vertus. Tout ce travail d’Apprenti pourrait donc se résumer dans la célèbre phrase du chevalier de Ramsay sur le travail que réalisent les maçons :

« Nous cherchons à bâtir, et tous nos édifices sont ou des cachots pour les vices, ou des temples pour les vertus ».

En travaillant sur le symbolisme que lui suggèrent ces Outils et étudiant le Rituel de son grade, l’Apprenti sera en mesure de progresser sur son chemin. Cependant et afin que cela ne reste pas superficiel, il lui sera indispensable de demeurer prudent et de persévérer dans sa tâche car le route est longue et parfois difficile.

Au cours des Tenues auxquelles j’ai pu participer durant mon apprentissage, j’ai eu l’occasion de découvrir un environnement fraternel, riche de nombreux symboles formant un lieu véritablement propice au travail et au questionnement, permettant ainsi à chacun de se réaliser sur les plans moral, intellectuel et spirituel.

Intégré au sein d’une Loge, composée de S\ et de F\, tous différents les uns des autres, l’Apprenti prend donc pleinement la mesure de la quête qui l’attend. Celle-ci vise bien sûr à la progression personnelle de l’individu mais aussi plus et largement à sa participation à la construction d’une Œuvre collective ayant pour but l’amélioration de la société dans laquelle nous évoluons.

Les conditions dans lesquelles sont réalisés les travaux permettent donc aux francs-maçons de mener leurs vies initiatiques en quittant temporairement leurs réalités physiques vécues dans le monde profane pour pénétrer un lieu formant un « espace-temps » particulier.

Le « Temple » constitue un espace « sacré », rempli d’une multitude de symboles que le maçon devra étudier afin d’en tirer ses propres enseignements. En effet, la méthode maçonnique se veut avant tout « adogmatique ». La célèbre phrase : « on ne s’initie que par soi-même », prend alors tout son sens.

La mesure du « Temps », lors des Tenue, sera rythmée par le « Rituel » permettant là encore de conditionner le maçon dans un cadre stricte et ordonné afin qu’il puisse réaliser des travaux de qualité.

Pour conclure sur la symbolique que représentes les Outils de l’Apprenti, il est intéressant de situer le parcours maçonnique en lien avec d’autres méthodes proposées au « cherchant » en quête de « Vérité ».

La maçonnerie utilise principalement une « instrumenta des bâtisseurs » mais ce symbolisme trouve très souvent écho dans d’autres courants initiatiques tels que la Kabbale, l’Alchimie, le Martinisme ou bien d’autres. Le symbolisme de ses différents courants initiatiques représente bien souvent les mêmes archétypes, dans une sorte d’esprit universel. Ensemble, ils visent globalement à répondre à des objectifs communs tout en empruntant des chemins différents.

Ainsi chaque Apprenti, mais de manière plus globale, chaque personne engagée dans une vie initiatique se voit découvrir un cheminement qui lui est propre, au travers d’une méthode qui se veut traditionnelle et qui se perpétue par la transmission entre ses membres.

Les travaux que nous avons menés en Loge m’ont permis de découvrir certaines de ses Traditions et notamment celle du Tarot et de la Kabbale de l’Arbre des Sephiroth. Cela m’a donc amené à rechercher quelques correspondances entre les Outils de l’Apprenti et ces autres domaines de connaissances initiatiques.

Basé sur le célèbre ouvrage de Robert AMBELAIN : « La symbolique maçonnique des Outils » ou « Scala Philosophorum », j’ai essayé de représenter le plus simplement possible certaines associations pouvant être complémentaires à notre vision du sujet.

Nous retrouvons donc dans le tableau que je vous ai remis en annexe les liens entre les Outils du maçon et « les Éléments », « les Vices et les Vertus des Hommes », « les Arcanes du Tarot ».

J’ai également utilisé la schématique de la Tétractys pour représenter le parallèle entre l’ « instrumenta maçonnique » qui trouve écho dans l’ « échelle philosophique » propre à l’Alchimie.

On peut donc constater que les Outils de l’Apprenti font résonance avec les quatre Éléments (Air, Eau, Feu, Terre).

Les Outils du Compagnon [Perpendiculaire, Equerre, Niveau] puis du Maître [Compas, Règle et Truelle] s’apparentent quant à eux aux grands principes de la Matière et de l’Esprit [le Mercure, le Souffre et le Sel].

La « Lumière », l’aboutissement de ce que l’Apprenti vient chercher en maçonnerie, se retrouvant alors incarner au travers de l’Étoile à six branches.

Pour conclure sur cette planche, je rappellerai que la principale mission de l’Apprenti sera de dégrossir sa « Pierre brute », d’en éliminer les scories, la matière superflue représentant ses propres vices et qu’il devra également apprendre à mieux se connaître pour mieux se rectifier.

Une fois compagnon, il poursuivra le travail engagé afin de rendre sa « Pierre parfaitement cubique » et ainsi pouvoir prétendre à la maîtrise.

A partir de ce moment-là, il travaillera sur la planche à tracer en utilisant sa « Règle » et son « Compas » et pourra sceller l’harmonie de la Loge à l’aide de sa « Truelle ».

Cependant, n’allons pas trop vite, le chemin du Grand-Œuvre, incarné pour le maçon dans la construction de son Temple intérieur, est long et laborieux…

(...)

Mickaël CHA.°.

R.°.L.°. "Roses et Croix d’Écosse"

O.°. Saint Étienne

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24 mai 2016 2 24 /05 /mai /2016 22:49

LES MÉTAUX - L’ABANDON DES MÉTAUX



I.- C’est aujourd’hui la présentation de ma deuxième planche. Il m’a été demandé de travailler sur « LES MÉTAUX - L’ABANDON DES MÉTAUX ».
J’ai d’abord cru que cela allait être relativement… aisé, avant de me rendre rapidement compte, et de l’importance et de la complexité du sujet… et donc de sa difficulté. Aussi j’en appelle à votre indulgence, mais je sais par avance que vous en ferez preuve.

II.- Depuis toujours, les métaux représentent pour l’homme une forme de puissance, synonyme de pouvoir : les armes, l’or, l’argent. Dans les tombeaux des Pharaons, parmi les objets destinés à les accompagner dans l’au-delà, on trouvait des armes, des bijoux, des parures… les symboles de leur pouvoir.
Même si l’homme, qui n’est que de passage sur la Terre, n’a pas la propriété de ces "métaux", leur possession dénature les hommes, les conduit à tous les excès, à toutes les passions… ce qui est souvent à l’origine de simples problèmes de voisinage jusqu’à de grands bouleversements mondiaux…
Alors, que faire ? Faut-il supprimer les métaux ? Est-ce seulement possible ?

Je me souviens… lors de mon initiation… le Cabinet de Réflexion… Une pièce obscure, à la décoration insolite ; j’y suis entré et resté, dans le silence et la solitude, dépouillé… le mot est fort… dépouillé / dépouille… cela évoque la mort… Entre autre chose, j’ai senti (et j’ai compris depuis), que j’étais dépouillé de ma parure de profane pour renaître différemment, et surtout, pour passer de la condition de "l’avoir" à l’état "d’être"… de "devenir" plutôt que de continuer à "paraître"…

Et puis, sur le parvis du Temple, à chaque tenue, la formule « Mes Frères un instant de silence pour l’abandon des métaux ». Là aussi, nous quittons le monde profane, nous nous dépouillons de notre "paraître"… Chaque Frère ne se décore que des insignes de son grade, parce que nous allons entrer dans un autre espace, un espace sacré… hors du temps profane, dans un autre temps. Et que ce qui compte, au sein de la fraternité maçonnique, c’est que nous considérions nos Frères en tant qu’hommes, dans leur nature profonde, et non pas par rapport à la situation ou au rang qu’ils occupent dans la vie profane…

Pourtant, en loge, au sein du Temple nous trouvons de nombreux objets métalliques, épées, équerre, ciseaux, ou des ornements et outils, qui permettent la réalisation des rites. Le métal en tant que tel est bien présent et accepté dans la Loge, mieux, il en fait partie intégrante…

III.- Il faut donc comprendre ce terme de "métaux", dans son acceptation symbolique… Que recouvre-t-il ?

D’après mes lectures, les "métaux" semblent recouvrir deux acceptations.
1. Dérivé du grec "Métallon", le mot métal est associé à la racine "mé" qui est le nom le plus ancien donné à la lune (1) corps céleste dont la symbolique est présente au sein du Temple.
2. Dans d’autres cas, ce mot désigne le produit extrait de la mine (2), le minerai, qui semble se rapprocher de la pierre brute.

Donc, une interprétation céleste et une interprétation terrestre. Comme il est écrit dans le Dictionnaire des Symboles : « Les Métaux sont des éléments planétaires du monde souterrain ; les planètes, les métaux du ciel ; le symbolisme des uns et des autres est parallèle ».
De plus, cette dualité se trouve dans de nombreuses croyances et religions, où les êtres qui forgeaient le métal étaient considérés, soit comme des êtres relevant du divin, du sacré, de la création, soit comme des êtres maudits relevant de l’enfer, du feu et du mal.

Compte tenu du temps qui m’est imparti pour cet exposé, il ne m’est pas possible d’aller plus avant dans l’étude de cette symbolique, sauf d’en dégager quelques grandes lignes, à titre d’exemples.

Dans leur sens symbolique, au sein du Temple, tous les "métaux" sont purs et parfaits :
- l’Or-Soleil représente l’actif, le masculin, la perfection, la lumière (alors qu’il est l’orgueil et la richesse qui pervertissent l’homme dans le monde profane),
- l’Argent-Lune représente le passif, le féminin, la pureté, la transparence (alors qu’il est la paresse et la cupidité dans le monde profane),
- d’autres "métaux", le Mercure qui a le pouvoir de purifier (l’envie dans le monde profane), le Fer-Mars qui symbolise la puissance d’agir (la colère dans le monde profane), le Cuivre-Vénus symbole de la cohésion (la luxure dans le monde profane), d’autres encore, Etain-Jupiter la fermeté (gourmandise), Plomb-Saturne l’élévation (avarice)…

Ainsi, nous sommes toujours sous l’influence de ces "métaux". Encore faut-il que cette influence soit bénéfique. Encore faut-il que nous ne succombions pas aux sept péchés capitaux que je viens de citer. Et que ces métaux soient pour nous purs et parfaits pour nous permettre d’atteindre notre propre perfectionnement.

C’est cette quête, qui nous amène à travailler en maçonnerie pour faire vivre en nous pureté et fraternité, qui est en rapport direct avec l’abandon de nos vils et profanes "métaux", à la porte du Temple.

IV.- Pourquoi ce rite de l’abandon des "métaux" ? D’où vient-il ? Quelle est cette partie de nous-mêmes dont nous devons nous dépouiller ?

  1. Au seuil du Temple, l’abandon des "métaux" est précédé d’une minute de silence, pendant laquelle nous nous détachons de nos pensées et de notre vie profane, car selon l’Encyclopédie de La Franc Maçonnerie les "métaux" traduisent « la force des vices et la nocivité des passions humaines ».
    Mais au-delà ? Dans l’histoire…

Dans le premier Livre des Rois de la Bible qui relate la construction du Temple de Salomon (qui a duré 7 ans) il est écrit : « On n’entendit ni marteaux, ni pics, ni aucun outil de fer. » Le caractère impur des métaux, leur interdisait l’accès à un édifice consacré à Yahvé, le Temple, l’espace sacré. Dans sa tradition, le Temple Maçonnique est le Temple de Salomon. Les pierres de notre Temple, comme celles du Temple de Salomon, sont assemblées silencieusement, par l’esprit et l’intelligence, dans une démarche d’élévation. Pierre après pierre, chaque pierre prend sa place. Non pas avec des outils de fer bruyants, mais avec des instruments de mesure, fil à plomb, équerre, compas, niveau…

Au jeune homme qui lui demandait de devenir son disciple, le Grand Initié Jésus de Nazareth dit : « Si tu veux être parfait, va, prends ce que tu as, et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; après cela, viens et suis-moi ». Il s’agit d’apprendre à n’attacher aucun prix aux choses futiles, aux richesses inférieures, et comprendre qu’on ne peut espérer recevoir sans donner. Comme le demande le premier des trois vœux monastiques : "la pauvreté" (les deux autres étant "l’obéissance" et "la chasteté").

Une autre origine de l’abandon des "métaux" à la porte du Temple, nous vient de l’ancien Régime, lorsque chacun des gentilshommes admis à l’initiation, était invité à confier son épée au Maître des Cérémonies, sur le parvis du Temple. On comprend le geste et son symbole : se désarmer équivalait à montrer à l’assemblée, tout à la fois, une intention pacifique, la pureté de ses sentiments et une totale confiance.

  1. Aujourd’hui notre Franc-maçonnerie nous réunit pour qu’ensemble (car un Frère seul n’est rien), par l’écoute et la parole, nous développions de hautes valeurs morales, de vertu et de dignité, de tolérance et de compréhension, d’union et de fraternité. C’est pour cela qu’à la porte du Temple chaque Frère dépose les titres dont l’a revêtu la vie profane…

Ce rite d’ouverture, loin d’être anodin, est probablement l’un des symboles les plus forts, mais aussi des plus riches comme je l’ai montré précédemment.
Il nous fait entrer dans l’espace sacré, en Loge, libres, égaux et fraternels.

Libres, car non seulement nous le sommes, et de bonnes mœurs, mais parce que nous nous libérons de toutes servitudes à l’égard du monde profane. Et que l’homme libre est celui qui, après la mort des vils préjugés ou autres, renaît à cette vie nouvelle que confère l’initiation. Libre aussi, car dans sa recherche de la Vérité le Franc-maçon doit s’efforcer de penser par lui-même, l’esprit libre et le cœur à découvert, libre de toute emprise extérieure néfaste au vrai et au bien.

Egaux, car nous le sommes tous dans le Temple. Le Temple n’est pas le lieu où nous accueillons… les marchands du Temple ! Certes, chaque Frère demeure médecin, professeur, commerçant, ou autre… Chaque Frère garde sa personnalité, mais il s’est débarrassé de ses appartenances professionnelles, comme de ses appartenances communautaires, religieuses, politiques, nationales ou ethniques. Tout excès est rejeté et même si aucune opinion n’est négligée, aucune ne prévaut plus qu’une autre.

Fraternels, car nous le sommes dans la Chaîne d’Union qui relie chaque Frère, celle de la fraternité des êtres humains. Notre édifice s’élève par un travail collectif, où tout étalage de "métaux" est porteur d’inégalité et nuit à la fraternité. Cette chaîne de fraternité qui est un lien indissoluble, comme celui qui unit chaque Frère par le serment prêté. Mais une fraternité qui nous unit aussi avec tous les êtres humains, comme un cercle d’alliance entre tous sur cette terre, une chaîne de vie. Nous devons être fraternels dans et hors du Temple.

Les "métaux" font obstacles à ces grands préceptes. Ils nous amènent à penser que le "toujours plus" est le bien, comme s’il n’y avait pas d’autre alternative. Que le quantitatif prévaut sur le qualitatif. Que les héros de nos fictions, à la télévision ou au cinéma, ces héros violents, sans foi ni loi, qui amassent trésors et trahisons, sont les modèles de nos sociétés contemporaines.

Alors qu’au contraire c’est dans les qualités de cœur et d’amour que se rencontrent, et se développent, nos vertus et nos préceptes. Et c’est dans l’humilité et la prière que tout Frère, quelque soit son grade ou sa qualité, sait qu’il restera toujours un éternel apprenti ; et se doit de se comporter comme tel, en vérité et sincérité, pour atteindre son but, tailler sa pierre, et progresser vers la lumière, ce lien qui nous amène vers l’Eternel, Dieu, le Grand Architecte de l’Univers.

Soyons donc attentifs, car ces "métaux" (si nous ne les abandonnions pas) pourraient nous faire faillir à notre promesse initiatique. Et briser notre Chaîne d’Union.

V.- C’est par ce rite fondamental de l’abandon des "métaux" que nous pourrons parvenir à être ce que nous sommes (et non pas ce que nous croyons être dans le monde profane), c'est-à-dire, devenir ce que nous sommes capable de devenir.

C’est le travail, sans relâche, de tout Franc-maçon. Il faut y revenir sans cesse, comme l’ouvrage sur le métier, comme un travail sans fin.
C’est pourquoi la Tenue se termine là où elle a commencé, sur le parvis du Temple, avec la reprise de nos "métaux", pour continuer à nous purifier, encore et encore, à nous remettre en cause, avec nos préjugés, nos passions, nos idées toutes faites, pour mieux accepter les autres et leurs différences.


Et se souvenir que nous sommes tous Frères, reconnus comme tels par nos autres Frères, dans notre quête spirituelle de réaliser en nous un Temple de Lumière, avec nos cœurs et notre amour qui s’élèvent vers Dieu.

(...)

R.°.P.°. RL " Tradition Écossaise" Nice

  1. "Alchimie et Mystique".
  2. "Les métaux dans ma science antique".
  3. "Dictionnaire des Symboles".
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23 avril 2016 6 23 /04 /avril /2016 19:41

Selon René Guénon, la FM est un réceptacle de diverses voies et influences spirituelles se rattachant à LA Tradition primordiale. En effet, Toutes les voies spirituelles conditionnées par le lieu et l’époque où elles interviennent se rattachent à Une tradition primordiale par son essence et dont toutes les autres découlent. Elles sont chacune un morceau brisé d’un même miroir.

La FM est tjrs selon René Guenon la dernière voie initiatique traditionnelle valable en occident.


La méthode maçonnique comme je me plais souvent à le rappeler dans mes planches au 1er degré, permet à travers la parabole de la construction du temple de construire sa propre spiritualité.

Après le réordonnancement des états constitutifs de son être, par sa mort symbolique et les 3 voyages qu’il a parcourus pendant son initiation, le FF apprenti va pouvoir commencer à œuvrer sur lui-même. Il est l’artisan de sa propre spiritualité et aidé par ses FF en loge, va pouvoir commencer non pas dans le vacarme assourdissant d’un chantier opératif, mais simplement dans le silence méditatif intérieur, à travailler sur sa pierre brute avec des outils symboliques.

Qui d’entre nous ne se souvient pas de sa première rencontre avec les symboles en loge, lorsque la Lumière lui a été donnée et de l’étonnement qui s’en est suivi? De l’apparition à ses yeux de tous ces symboles inexplicables, présents en loge et des questions posées à leur propos lors des premières tenues auxquelles il a assisté ?

Le REP (comme d’autres rites bien sûr) est riche dans le sens où les travaux qui s’y déroulent, dès le début de l’initiation, amènent chaque FF progressivement à des niveaux de conscience spirituelle de plus en plus élevés. La conscience s’éclaire et s’élargit au fur et à mesure de son avancement dans son parcours initiatique.

La voie maçonnique au REP est bien une voie qui ouvre la réalité à la dimension de l’esprit. Ceci nous amène à concevoir le divin, le GADLU, l’Unité primordiale (appelons cela comme bon nous semble), par un travail sur les symboles, de perfectionner sa vision de soi et du monde, de vaincre cet ego aveuglant, de se détacher de la matière afin de s’élever en esprit pour mieux intervenir dans le réel et dans la société. C’est bien le but de toute quête spirituelle: développer une vision de la réalité dans le domaine de l’esprit afin de favoriser l’humanisation de l’homme. Ainsi le développement spirituel de l’individu n’est pas sans intérêt pour l’humanité, il est la base de la liberté de conscience. Le spirituel et l’humaniste œuvrent dans le même sens. Donc, les FF et SS qui œuvrent sur des chantiers plus « sociétaux et humanistes» ont toute leur place parmi nous, ils viennent renforcer notre action. En effet rien ne sert de s’élever, si c’est pour ne pas garder les pieds sur terre et ne pas œuvrer pour le bien de l’humanité en toute fraternité. Car s’élever spirituellement en perdant de vue cet aspect peut amener à de graves dérives. Ces deux façons de travailler sont complémentaires et se rejoignent inévitablement en ce sens. Il ne peut y avoir de franc-maçonnerie spéculative définitivement « hors sol » !

Le symbole est pour moi la clé d’accès à l’éveil dans la Méthode maçonnique. Mais comment peut-on le définir ? Quel mode de lecture permettra de le comprendre, de le saisir ? Qu’est-ce que l’éveil, but ultime de la voie initiatique ?

Autant de questions passionnantes que je me pose à chaque tenue (et que vous vous posez certainement) et auxquelles je vais essayer d’apporter un éclairage.

1° Le symbole est une clé

Commençons par donner quelques définitions du symbole.

Définition selon Wikipédia :

Le mot « symbole » est issu du grec ancien sumbolon (σύμβολον), qui dérive du verbe sumbalein (symballein) (de syn-, avec, et -ballein, jeter) signifiant « mettre ensemble », « joindre », « comparer », « échanger », « se rencontrer », « expliquer ».

En Grèce, un symbole était au sens propre et originel un tesson de poterie cassé en deux morceaux et partagé entre deux contractants. Pour liquider le contrat, il fallait faire la preuve de sa qualité de contractant (ou d'ayant droit) en rapprochant les deux morceaux qui devaient s'emboîter parfaitement. Le sumbolon était constitué des deux morceaux d'un objet brisé, de sorte que leur réunion, par un assemblage parfait, constituait une preuve de leur origine commune et donc un signe de reconnaissance très sûr. Le symbole est aussi un mot de passe.

Toujours selon wikipédia, le symbole est un concept, une représentation pensée chez un individu en particulier ou un groupe en général; l'association faite par la pensée est déclenchée à partir des sens humains percevant quelque chose. Un signe faisant symbole est actif chez l'individu pour soit provoquer une pensée sur un thème (par exemple la sécurité, l'autorité, l'orientation bas/haut...) et un élément (par exemple mer, terre, ciel, visage humain...), soit une sensation (par exemple joie, peur, paix, créativité, respect, etc.)

Définition Larousse :

Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l'image, l'attribut, l'emblème : Le drapeau, symbole de la patrie.

Personne qui incarne de façon exemplaire une idée, un sentiment, etc. : Il est le symbole de la générosité.

Il existe pléthore de définitions du symbole dans les autres dictionnaires et autres ouvrages…

Si le symbole est défini selon tant de niveaux de lecture et qu’il y à tant de définitions possibles, c’est que justement sa définition est par essence très complexe.

Le symbole sur lequel je vais travailler est évidemment le symbole présent en loge.

Ce symbole ne doit pas être rapproché du symbole au sens profane qu’est le signe : le signe n’a qu’une seule signification par registre de lecture, alors que le symbole en loge a des significations multiples (polysémique) se rejoignant en un même archétype. Le signe se décode par analogie (définition en annexes) alors que le symbole maçonnique se vit par l’anagogie (définition en annexe).

Le symbole, entité vivante et flamboyante :

Le symbole est vivant et n’a pas besoin de l’esprit humain pour exister. Lors d’une récente visite dans une loge travaillant au Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm, lors d’une initiation, le serment lu par le nouvel initié finissait par « et qu’en cela… le Sublime Architecte des Mondes…et les Vivants Symboles que je touche de ma main…me soient en aide ».

D’ailleurs chaque FF ou SS n’est il pas lui-même en temps que nouvel initié un symbole vivant ? En effet dès son initiation, on lui fait faire son premier travail en frappant trois fois avec le couple maillet ciseaux sur la pierre brute qui n’est d’autre que le symbole de lui-même dans son imperfection. Ensuite, chaque FF ou SS doit épeler le mot sacré, se faire connaître par les signes et attouchements auprès des surveillants; les deux FF ne seraient-ils pas dans ce cas signifiant et signifié comme un sumbolom ? Le premier signifié étant le signifiant du second et inversement. Le rappel des deux parties à conjoindre dans le symbole fait échos a l’idée de rassembler ce qui est épars et de retrouver l’unité mythique et originelle.

Rappelons-nous de ce qui a été évoqué précédemment : en Grèce antique au sens originel, un sumbolom était un tesson de poterie cassé en deux morceaux et partagé entre deux contractants qui permettait de prouver la qualité d’ayant droit au contrat: l’initié en serrant la main du surveillant est ainsi reconnu comme ayant la qualité pour accéder au plan symbolique et aux états supra humains associés au sens supérieur du symbole et à l’unité retrouvée. « Nous pouvons avancer l’hypothèse suivant laquelle la méthode maçonnique permet « l’incorporation du symbole a soi » et donne à celui qui incorpore le symbole en lui, la faculté d’être symbole lui-même permettant d’accéder aux réalités supérieures. » C’est la puissance de l’esprit qui fait le symbole , c’est donc l’homme qui augmente son champ de vision du réel dans un point de vue supérieur. C’est ce que les grades dits symboliques nous enseignent."Le symbole augmenterait le domaine de l’intelligible humain par des facultés cognitives à développer en chacun de nous, ou à redécouvrir, comme l’apprentissage d’une réalité augmentée" (selon E.°.R.°.), mais certains philosophes grecs ont voulu rendre le symbole autonome et vivant dans la puissance divine.

J’ai parcouru un travail du FF J.L BIASI qui m’a largement éclairé sur le symbole et son caractère vivant parfois indépendants de l’intellect humain. Il cite dans ce travail les visions du symbole par Platon et Jamblique.

Le symbole dans le monde des idées selon Platon :

Pour Platon, le monde contient des idées (les archétypes de la réalité) d’où la matière naît et dont les objets du monde visible sont issus. Dans cette vision platonicienne, les idées sont vivantes et existent par leur propre fait. Il est possible à tout un chacun d’accéder à ces idées en s’élevant de notre monde manifesté et sensible vers le monde intelligible. Le symbole est une clé de lecture du monde intelligible, car il est l’apparence visible de l’idée. Le symbole est comme un miroir à 2 faces distinctes mais reflétant une réalité supérieure Unique.

Cette perception du monde des idées et des symboles sera reprise par Le philosophe néoplatonicien Jamblique.

Pour lui également dans « les mystères d’Égypte II, 11», les symboles sont également vivants par eux même et indépendants de notre intellect. Il dit, je cite, « C’est pourquoi ce n’est pas notre pensée qui opère ces actes [le pouvoir des symboles muets] ; car alors leur efficacité serait intellectuelle et dépendrait de nous ; or ni l’un ni l’autre n’est vrai. Sans que nous y pensions, en effet, les signes eux-mêmes, par eux-mêmes, opèrent leur œuvre propre, et l’ineffable puissance des dieux, que ces signes concernent, reconnaît ses propres copies elle-même par elle-même sans avoir besoin d’être éveillée par l’activité de notre pensée. Nos pensées ne provoquent donc pas, en les prévenant, les causes divines à s’exercer ; mais elles doivent, avec toutes les dispositions excellentes de l’âme et avec notre pureté, préexister comme causes auxiliaires ».

Enfin dans la symbolique maçonnique de Jules Boucher, ce dernier cite Jean C.M Travers qui dans son ouvrage valeur sociale de la liturgie d’après St Thomas d’Aquin nous dit :

« le symbole se découvre comme un être sensible, ayant sa consistance propre, mais à travers lequel d’aperçoit une relation de signification. Avant de signifier, il déjà possède par-devers soi sa nature propre. Il se présente comme un être connu pour lui-même, ensuite seulement comme un être ayant une relation de signification à un autre terme ».

« Quoiqu’il en soi le symbole qu’il fut émanation du divin insaisissable ou émanation de l’esprit humain en devenir, constitue un territoire riche qui occupe la pensée et les déterminations et aspiration de l’homme depuis les périodes les plus reculées. Le symbole au-delà de la contingence fertilise l’esprit et la pensée de soi et du monde. Il fut le ferment de l’immanence chamanique et de la transcendance spirituelle, il est encore le moteur de la recherche conceptuelle en matière scientifique».

2°La lecture par le cœur

Les travaux se déroulent en loge, hors la loge en médecine est également la cavité où se trouve un organe.

Parmi ces organes se trouve évidemment le cœur dont la loge: est délimitée latéralement par les poumons, en bas par la coupole diaphragmatique, en avant par le sternum et le grill costal, en haut par la trachée et les gros vaisseaux et en arrière par le médiastin postérieur contenant l’œsophage.

Ainsi le symbole ne se décode pas avec l’intellect discursif. « Il s’agirait d’un surintelligible, d’une intuition supérieure ». Pour moi le monde des idées, le GADLU, le divin, etc… ne se perçoit dans la méthode maçonnique qu’en lecture des symboles par le cœur : d’ailleurs dès l’initiation, le FF au REP accomplit ses 3 voyages avec une épée contre le cœur et prête serment la pointe du compas dirigée vers le cœur également : l’épée reproduit ce rayon de lumière sacrée au REP (de conscience éclairée dans les voies humanistes) qui partant du centre initial de la création, perce l’enveloppe corporelle de chaque FF. Le compas par son écartement donne à l’initié le sens de la lumière spirituelle selon les plans du GADLU et le degré d’ouverture du cœur à opérer en soi.

La tenue en loge comme dans tout espace sacré permet que se rejoue la création de l’univers et la propagation de la lumière dans le temps présent. Cette expérience initiatique est autant extérieure à soi qu’intérieure à chacun. Je me plais souvent à dire également que je suis autant dans le temple que le temple est en moi. La compréhension d’un symbole par le cœur ne se révèle parfois intérieurement qu’au bout d’un certain temps variable d’un FF à l’autre. Cette appropriation intérieure du symbole est propre à chacun d’entre nous et ne reflète pas une vérité unique, bien au contraire. Cependant, toutes les expériences initiatiques induites par la perception d’un même symbole, même si elles peuvent être perçues différemment d’un FF à l’autre, relèvent d’un principe archétypal de même nature.

L’intuition par le cœur se révèle chez chacun des FF ou SS en loge par le centre de cette dernière où repose sur le pavé mosaïque le tableau de loge et où figurent tous les symboles.

En entrant en loge, en passant entre les 2 colonnes, chacun d’entre nous passe autant extérieurement qu’intérieurement du monde profane au monde sacré. La cérémonie débute et le Vénérable, passeur de lumière aidé des autres officiers, ordonne le chaos et fait jaillir la lumière en chacun de nous. Le voile obscur de l’ego et de la matérialité est levé par le FMC qui laisse apparaître au centre de la loge, donc au centre de nous même, le tableau de loge posé sur le pavé mosaïque. Le rituel guide notre conscience sur le chemin de lumière et imprime au plus profond de chacun tous les symboles qui y sont présents. Le tableau de loge concentre en lui tous les symboles et donc les idées accessibles à chacun des FF en fonction du niveau de conscience développé par chacun. Il contient donc au grade d’apprenti tous les possibles envisagés dans ce degré. Il est entouré par les 3 colonnettes c'est-à-dire la lumière trine, l’unité primordiale rendue intelligible au cœur de l’homme par le ternaire dans le monde sensible qu’est le pavé mosaïque, le tout en Sagesse, Beauté et Force, qualités par laquelle se manifeste l’œuvre sacrée à celui qui sait s’ouvrir à elle. Alors dans un temps symbolique de midi à minuit, nous allons tourner autour du centre où se trouve le tableau de loge: nous nous mettons donc à marcher autour de cet axe et les symboles prennent vie dans le cœur de la loge et dans le cœur de chacun qui lui-même est mis en relation avec celui des autres FF et SS ainsi qu’avec le centre ultime, celui de l’unité, donnant naissance notamment à l’égrégore en loge. Il y à une correspondance des centres d’après E.°. R.°.. La vie est mouvement et nous allons pouvoir rejouer le grand œuvre !

3°L’éveil

Si le symbole est une clé, c’est pour ouvrir une porte, celle qui mène à l’éveil.

Par cette originalité de la méthode maçonnique semblable parfois à un empilement de poupées russes, de stratifications d’idées et de symboles en analogie et en anagogie les uns envers les autres, dans un sens ou dans l’autre, chaque FF qui vit en lui-même et en loge le symbole, franchit à nouveau à chaque tenue la porte du temple (la porte des initiés) et vit l’éveil spirituel en pleine conscience. Dans un même endroit, par le truchement des symboles à divers grades, il arrive donc à vivre une expérience initiatique différente. Ayant visité un autre atelier pratiquant un autre rite et se réunissant au même endroit que notre loge mère à Ollioules, j’ai vécu quelque chose de très différent alors que j’étais pourtant au même endroit et au même degré!

Les symboles associés aux rites sont donc agissants en chacun de nous.

L’initiation et les trois premiers degrés relèvent des petits mystères. Les petits mystères antiques sont les différentes élévations spirituelles vécues sur le strict plan humain dans sa totalité. Je suis d’accord avec René Guenon lorsqu’il explique « qu’il n’y a pas là des genres d’initiation différents, mais des stades ou des degrés d’une même initiation, si l’on envisage celle-ci comme devant constituer un ensemble complet et être poursuivie jusqu’à son terme ultime ; en principe, les petits mystères ne sont donc qu’une préparation aux grands mystères ». Les grands mystères ne seront pas abordés ce soir.

« L’éveil » au grade d’apprenti serait plus tôt pour moi un « réveil » de l’initié du moins au tout début du parcours maçonnique. « Ce réveil est celui de la récupération de la totale vision du monde et de soi, de la conscience éclairée et rayonnante d’un centre retrouvé ».

En effet le but de la quête initiatique de l’apprenti est un réordonnancement de lui même comme déjà évoqué, ayant pour but de partir à la recherche de son « être » véritable, de sa pierre philosophale - son centre intérieur où brille sa lumière le reliant au TOUT. D’où le sens évidemment du fameux V.I.T.R.I.O.L.

La lumière naissant d’elle-même, chacun d’entre nous l’a en soi, mais l’a simplement oubliée; dans le prologue de l’évangile selon St Jean où sont posés le compas et l’équerre sur l’autel du VM il est dit : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu ». Donc, partir à la recherche de cette pierre philosophale, c’est à travers la gangue des métaux et le voile obscur de l’ego, et grâce aux symboles, pérégriner dans le labyrinthe représenté par le pavé mosaïque comme Thésée parti tuer le Minotaure. C’est partir à la redécouverte de cette parcelle de lumière divine qui luit en chacun de nous. Atteindre ce centre, essence de l’être, c’est se retrouver ni nu ni vêtu et dépourvu de tous métaux comme lors de l’initiation et comme cela est décrit dans le rituel.

L’éveil spirituel de l’APP ou plus tôt le « réveil » de la lumière en chacun de nous vise donc au 1er degré à se remettre dans l’état d’origine tel l’homme primordial, l’Adam avant la chute afin, comme il est dit dans l’invocation pendant la chaîne d’union, que puisse se faire « le retour de nos Âmes en Ta Lumière ».

D.°.D.°. R.°.L.°. « Les Écossais de saint Jean »

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6 février 2016 6 06 /02 /février /2016 14:23

En entrant en loge, l’occasion nous est donnée de vivre et de faire vivre les symboles qui nous entourent.

Ce soir c’est à l’un des symboles ou plutôt à un couple de symboles que nous allons nous intéresser : Les deux colonnes maçonniques et en particulier la colonne du septentrion.

Puisque le terme Colonne revêt plusieurs acceptions en Franc-maçonnerie, il nous semble dés à présent important d’en rappeler les principales définitions en vue de préciser l’orientation de cette planche.

La colonne peut désigner l’ensemble des Sœurs et des Frères présents à la tenue se répartissant de part et d’autre du temple en fonction de leurs grades.

Ainsi la colonne du Nord (ou du Septentrion) est réservée aux apprentis alors que les Sœurs et Frères compagnons se placeront sur la colonne du Sud (ou du Midi).

Quant aux Sœurs et Frères Maîtres au Rite Ecossais Primitif, ils se positionneront préférentiellement sur la colonne du Midi bien qu’ils puissent se placer au nord afin d’équilibrer les colonnes.

Les colonnes désignent également les deux éléments architecturaux cylindriques placés de chaque côté de la porte d’occident, elles sont nommées Jakin et B.

C’est de ces derniers éléments dont nous allons traiter.

Nous verrons dans un premier temps les origines de ces colonnes.

Puis nous étudierons la portée symbolique du couple Jakin et B. tant ils sont complémentaires et indissociables l’un de l’autre.

Pour finir nous traiterons plus spécifiquement de la Colonne du Septentrion, la colonne Jakin.

  • LES ORIGINES DE LA PRESENCE DES COLONNES AU SEIN DU TEMPLE MACONNIQUE

Afin de mesurer la portée symbolique des deux colonnes il nous a semblé intéressant de remonter aux origines de la présence des colonnes au sein du temple.

La première mention des colonnes nommées Jakin et B. dans un texte maçonnique apparait dans un ouvrage de 1723 « L’Examen d’un maçon ».

On en retrouve la trace quelques années plus tard dans l’ouvrage la « Maçonnerie disséquée » éditée en 1730.

Puis le « Recueil de maçonnerie adonhiramite » y fait à nouveau référence en apportant une précision intéressante « Jakin était le nom de la colonne du septentrion, située prés de la porte du temple où s’assemblaient les apprentis qui participaient à la construction du temple de Salomon ». (cf. « Les deux colonnes et la porte du temple » de François FIGEAC, édition Les Symboles Maçonniques, 2011).

Tous ces textes ont une origine commune, L’ancien testament et plus précisément un passage du 1er Livre des Rois chapitre 7, versets 13 à 22 (cf. « La Bible Ancien Testament », trad. E Dhorme, Gallimard 1956).

Dans ces versets, il est question du Roi Salomon qui pour la construction de son Temple requiert le concours d’un homme (dont nous tairons le nom) fort intelligent et fort habile.

Ce dernier avait une parfaite connaissance et une parfaite maîtrise de l’airain.

Raison pour laquelle Le Roi Salomon lui confia la fabrication de 2 colonnes de son Temple.

Le verset 15 et suivants nous donne les caractéristiques et des détails quant à ces fameuses colonnes. «Il fondit les deux colonnes en airain. L’une des colonnes avait dix huit coudées de hauteur et un fil de douze coudées en mesurait le tour. Elle était creuse et son épaisseur était de quatre doigts. Ainsi en était il aussi pour la deuxième colonne. Puis il fit deux chapiteaux en fonte d’airain pour les placer sur les sommets des colonnes.

L’un des chapiteaux avait cinq coudées de hauteur et le second chapiteau avait aussi cinq coudées de hauteurs (…). Puis il fit des grenades deux rangées tout autour de l’un des filets, pour cacher les chapiteaux qui étaient au sommet des colonnes. Il dressa ensuite les colonnes devant le vestibule du temple. Il dressa la colonne de droite qu’il appela du nom de Jakin, puis il dressa la colonne de gauche qu’il appela du nom de B. Ainsi fut terminé le travail des colonnes ».

Nous reviendrons point par point sur ces éléments ultérieurement.

Si les colonnes Jakin et B. de nos rituels, renvoient directement aux textes sacrés, les plus anciens documents maçonniques, tel le manuscrit Cooke, font déjà mention de deux colonnes sans qu’il s’agisse pour autant des colonnes du temple de Salomon.

Cet ouvrage prend pour source une légende contée à l’origine dans « Les Antiquités Judaïques » de Flavius Joséphe (Livre I).

Dans cette légende, Dieu avait pour dessein de punir les hommes de leurs péchés par le feu ou par l’eau. « Les enfants de Lamech, Jabel, inventeur de la géométrie, Jubal, inventeur de la musique, Tubalcaïn, pére des forgerons et leur sœur Neema qui créa l’art du tissage, furent instruits du dessein dans lequel Dieu était de détruire toute l’humanité pour punir ses crimes » (René Désaguliers dans « Les deux grandes colonnes de la-franc-maçonnerie », éditon Dervy 2012, page 24). Ils eurent l’idée de sauver leurs sciences en utilisant deux types de pierre. L’une, le marbre, pourrait résister au feu, l’autre appelée Lacerus pourrait flotter sur l’eau.

Ces deux pierres servirent à l’édification de deux colonnes sur lesquelles furent gravées toutes les sciences et techniques inventées. Lorsque le déluge survint les colonnes permirent de sauver les sciences et les arts.

Pour René Désaguliers (Ibid., page 27), « cette ancienne légende est d’autant plus remarquable qu’elle figure dans les versions les plus anciennes des Anciens Devoirs, où le Temple de Salomon ne reçoit qu’une simple mention et que ses colonnes n’y sont pas citées… »

Enfin il nous paraît intéressant pour la suite de notre développement d’évoquer les colonnes d’Hercule auxquelles on peut apparenter les colonnes du temple.

La mythologie grecque rapporte que l’un des 12 travaux d’hercule lui imposer de chercher le troupeau de Géryon, le géant à trois têtes, et de le ramener à Eurysthée (commanditaire des douze travaux)

Le périple d’Hercule le mena si loin vers l’ouest, qu’il en érigea deux stèles pour marquer les limites les plus éloignées à jamais atteintes. Ces colonnes d’Hercule symbolisent donc la frontière entre le monde connu, civilisé et l’inconnu. Mais nous verrons plus en avant toute la symbolique que l’on peut y rattacher.

Nous le constatons donc bien les origines et parentés de nos colonnes sont nombreuses, ce qui en multiplie la richesse symbolique.

Il est d’ailleurs maintenant temps de se consacrer à l’étude de leur symbolique.

  • LA SYMBOLIQUE DES DEUX COLONNES DU TEMPLE MACONNIQUE

Plusieurs éléments abordés précédemment donnent matière à des considérations d’ordre symbolique.

Nous allons les aborder un à un en commençant par celui qui pose sans doute le plus question : La place des colonnes dans le temple maçonnique

-La délicate question de la place des colonnes au sein du Temple maçonnique et sa portée symbolique.

Rappelons ce que nous avons vu précédemment au sujet du temple de Salomon :

« Il dressa la colonne de droite qu’il appela du nom de Jakin, puis il dressa la colonne de gauche qu’il appela du nom de B. » (cf. « L’ancien testament », 1er Livre des Rois chapitre 7, verset 21).

Encore faut-il avoir le bon référentiel pour déterminer avec certitude ou situe la droite et la gauche.

Le « Dictionnaire de la Bible » (Paris, 1926) de F Vigouroux nous en dit plus sur ce point.

L’occurrence « Orient » précise ainsi « Pour s’orienter les Israélites avaient coutume de se tourner du côté du soleil levant. Par suite l’Orient est désigné par des termes qui signifient : “ce qui est devant soi”, “en face” (…) pour le Nord celui de “à gauche” ».

Des éléments qui précédent nous pouvons conclure que Jakin est positionné au sud du temple de Salomon et B au nord de celui-ci.

Qu’en est-il maintenant pour le temple maçonnique ?

Précisons d’emblée que le temple maçonnique n’est pas une réplique à l’identique du temple de Salomon.

Comme le souligne E.°. R.°. (cf. site internet Les Ecossais de Saint Jean : www.ecossaisdesaintjean.org), il semble « logique que l’on considère un changement de plan entre la maison de Dieu qui fut le temple de Salomon et la maison des hommes marchant vers la lumière qui est le temple maçonnique ».

Ainsi une inversion au niveau de l’orientation de l’entrée de la porte va s’opérer.

Le maçon entre à l’occident, Porte des Hommes, pour se diriger vers ce qu’il est venu chercher, la Lumière, à l’Orient.

Ce changement de plan ouvre le champ à interprétation quant à la place de Jakin et B au sein du temple maçonnique.

Le positionnement des colonnes fut d’ailleurs prétexte à de profondes dissensions entre Grandes Loges.

La première, constituée en 1717, connut un essor rapide. Elle adopta au fil des années un système dans lequel le mot Jakin était attribué aux apprentis et la lettre B aux compagnons.

En réaction à certains écarts avec les usages anciens, un ensemble de loges se constituèrent, en 1753, en une nouvelle Grande Loge et se qualifièrent d’ « Anciens ».

Prônant un retour et un respect aux usages anciens, ils attribuèrent à la colonne des Apprentis la lettre B et aux compagnons le mot Jakin.

La polémique entre « Modernes » et « Anciens » s’est aujourd’hui éteinte.

Mais certains marqueurs tels que la différence de position des colonnes perdurent, chaque rite ayant au final adopté un système avec une cohérence qui lui est propre.

Au Rite Ecossais Primitif (R.E.P), la colonne Jakin est placée au Sud alors que le Nord accueille la colonne B. Les apprentis prennent place au Nord, tandis que le Second Surveillant tient son plateau au sud-ouest, à l’aune de la colonne Jakin.

Les Compagnons quant à eux se tiennent sur la colonne du Sud, sous l’autorité du 1er Surveillant (au nord-ouest) et les hospices de la colonne B.

Cette configuration en croisement permet de protéger l’apprenti à la fois d’une lumière trop intense et trop longue :

-Sa position au septentrion lui permet d’être préservé d’une lumière trop vive qu’il ne pourrait soutenir.

-Le vis-à-vis avec le second surveillant lui permet de voir le solstice d’Hiver qui représente le jour le plus court de l’année.

Et notre Vénérable Grand Maître de résumer : « En étant placés au Nord moins lumineux au plan stellaire, [les apprentis] sont affectés au paiement de leur salaire, par le second surveillant, à la colonne Jakin positionnée au jour le plus court au plan solaire.

Le R.E.P combine ainsi parfaitement la théorie de la lumière à l’intérieur de la loge par le croisement horizontal du monde stellaire et du monde solaire » (ibid.).

Il s’agit donc d’un rite « solsticial avec croisement « intérieur » des colonnes » (ibid.).

(Voir dans ce sens le Livre de l'Apprenti, Éditions du Maçon p 205-230.)

-Approche symbolique des deux colonnes

Commençons tout d’abord par quelques considérations nées de la simple observation.

Ces colonnes marquent avec la porte, l’entrée du Temple. Elles soulignent notre passage du monde profane au monde sacré. Elles agissent autant comme des remparts, susceptibles de nous protéger des agressions extérieures, que comme des bornes délimitant un espace consacré.

En cela elles se rapprochent de la Légende d’Hercule que nous avons vu plus haut.

Autre observation, ces colonnes sont les premiers éléments verticaux auxquels nous sommes confrontés quand nous pénétrons dans le temple.

Le fait qu’elles ne soutiennent aucun éléments nous donne une impression d’élévation, un élancement vers la voute étoilée.

Elles annoncent et renforcent l’ensemble des axes allant du nadir au zénith.

De plus les colonnes se situent de part et d’autre de la Porte à l’entrée du Temple. Elles semblent délimitées, encadrées la voie qui nous conduit vers la lumière. On peut dés lors projeter un axe horizontal entre ces colonnes qui va de l’occident vers l’orient.

A chaque fois que nous nous situons entre les colonnes nous sommes donc au point d’intersection entre le plan vertical et le plan horizontal.

Intéressons nous maintenant à la description des colonnes faites par les Ecritures Saintes.

Il est dit que les colonnes sont creuses…mais elles n’en sont pas pour autant vides.

A la question de savoir pourquoi ces colonnes sont creuses, Le catéchisme de l’apprenti du R.E.P nous apprend : « Pour enfermer les outils des Compagnons et des Apprentis ; ainsi que le trésor destiné à payer leurs salaires ».

Le trésor en question n'a, bien entendu, rien de matériel, puisqu’il s’agit de la connaissance des mystères.

Guy-Pierre Genueil dans son ouvrage (« La Symbolique Gitane », Dervy, Paris, 1993, page 46) précise que les colonnes du temple de Salomon étaient creuses pour abriter à tout jamais le Livre Sacré, le tracé du temple et ses symboles.

De la légende antédiluvienne retranscrite dans le manuscrit Cooke, évoqué plus haut, on retiendra l’importance de la transmission par l’écrit, fixé dans la pierre, des sciences et des arts.

Charge à nous de rechercher ces plans et symboles pour ériger notre temple intérieur.

-Rapide aperçu du symbolisme des grenades surmontant les colonnes

L’étude de la symbolique des grenades pourrait faire l’objet d’une planche à elle seule.

Aussi, nous n’envisagerons son étude qu’au regard de sa présence au sommet des colonnes du temple.

Nous l’avons vu précédemment les colonnes ne soutiennent aucun élément architectural massif ou structurel. Elles ne sont ornées que de ces fruits rouges et ronds aux multiples graines.

Peut être est-ce un indice pour nous indiquer que, malgré les apparences, les grenades font preuve d’une grande charge…tout du moins sur le plan symbolique.

De nombreux mythes confèrent à la grenade un pouvoir de régénération et de fécondité. Pour François Figeac, ce fruit « a la faculté de faire descendre les âmes dans la chair, autrement dit d’animer la création » (cf. « Les deux colonnes et la porte du temple » de François FIGEAC, édition Les Symboles Maçonniques, 2011, page 69)

La multitude des graines que ce fruit renferme évoque la profusion, la richesse notamment spirituelle. Mais ces richesses sont latentes, potentielles, cachées, protégées derrière une écorce qui n’attend que le bon moment pour murir et enfin les libérer et les répandre.

Il en est de même pour les colonnes qui contiennent les arts et techniques sacrés.

Complétant et accentuant la symbolique des colonnes, les grenades évoquent les connaissances enfermées qui ne demandent qu’à être transmises à ceux qui le souhaitent.

-La place de l’initié entre les colonnes

Ce n’est pas un hasard si le profane sur le chemin de l’initiation est placé entre les colonnes.

Il va ainsi expérimenter l’apparente dualité de certains symboles, notamment la « fausse » opposition entre colonne du nord, colonne du sud…

Plus tard il tentera de dépasser cette vaine dualité.

Cette dualisation ou dédoublement de l’Unité pourra devenir constructrice avec le troisième terme unificateur incarné par l’initié. Ainsi de binaire les colonnes vont devenir ternaire grâce à la présence du Frére ou de la sœur, au milieu des colonnes.

  • LE SYMBOLISME DE LA COLONNE JAKIN

Il est maintenant temps de s’intéresser spécifiquement à la Colonne Jakin.

Rappelons tout d’abord que c’est la colonne J dite Jakin que le Maître ouvrier érigea en premier. Ce n’est qu’après qu’il dressa la colonne B.

Cet ordre n’est pas sans rapport avec l’étymologie même de Jakin qui signifie en Hébreu « il établira » ou « il affermira ».

Il faut sans doute y voir pour l’apprenti une méthode. Ce dernier devant, avant d’élever son temple intérieur, s’assurer de la solidité et de l’équilibre de ses bases.

Les qualificatifs de stable, ferme, d’aplomb que l’on attribue également à Jakin vont dans le même sens : pour que l’édifice soit pérenne et se développe harmonieusement il faut au préalable le doter d’une structure résistante.

On trouve un autre élément important lié à la colonne J dans le Catéchisme de l’Apprenti.

A la question : « Donnez-moi la parole »

L’apprenti répond : « Je ne dois ni lire, ni écrire; je ne puis qu’épeler, dites-moi la première lettre, je vous dirai la seconde…..J…A…. »

C’est auprès de cette colonne que l’apprenti va ainsi acquérir la connaissance de la « science du verbe » qui va lui permettre de progresser sur son chemin initiatique.

(...)

Pour conclure, nous nous sommes attachés dans cette étude à relever les différentes références auxquelles on peut relier les colonnes maçonniques. Cela nous a permis de dégager la symbolique de ces deux colonnes intimement liées. Pour finir nous avons axé notre étude sur le symbolisme de la Colonne Jakin.

J’espère de tout cœur maintenant que les colonnes ne seront pas muettes.

Chr.°. Ch.°. R.°.L.°. "Les Écossais de saint Jean" à l'O.°. de Hyères- GLSREP

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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 14:08

Pourquoi les lumières sont dites « d’ordre » et pourquoi sont-elles nommées Sagesse, Beauté, Force ?

Peut-on suggérer que ces trois lumières ne font qu'une et qu'elles ordonnent un chaos ou les ténèbres?

Peut-on suggérer que ce chaos constitue le fond primitif de la création et de l’évolution sur lequel vient se « manifester » de manière intelligible à l’Homme cette fameuse lumière, ce fiat lux des origines?

Rendre intelligible à l’homme l’univers manifesté se traduirait au plan « maçonnique » en « éclairant » le carré long de la manifestation et le tableau de loge. Éclairer le tableau de loge c’est rendre lisibles et intelligibles les « éléments de langage symboliques » de l’apprenti, du compagnon ou du maître. Cette "intelligence" est graduelle suivant leur progression dans la lecture du monde et d'eux mêmes.

Éclairer le carré long du Hekal, c’est aussi faire apparaître le monde des formes. L’arrivée de la lumière dans le Hekal venant du Debhir, doit être « nommée » en substance et en essence pour exister dans le langage des hommes. Cette double nomination, ou plutôt cette qualification profonde, ne pouvait être qu’une sub-description ternaire de la lumière des origines, rendue accessible par le truchement de l'analogie comportementale. Les vertus applicables au comportement font le lien entre la substance et l’essence, entre une praxie vertueuse et doxa lumineuse.

Qualifier les lumières d’ordre en la forme vertueuse, permet de les rendre exemplaires et accessibles dans le processus d’humanisation. On voit bien se dessiner le glissement analogique d’une lumière cosmogonique vers une lumière à dimension éthique. Le franc-maçon fait du « fiat lux » un des nombreux ternaires symboliques accessibles au cherchant par l’analogie.

Pour se raccorder à la tradition des bâtisseurs antiques, il fallait faire de ces lumières qui "ordonnent" le monde des apparences, un modèle de bon comportement inspiré des sagesses antiques. Au nom de la tradition et de notre culture greco-latine nos prédécesseurs ont associé les lumières aux ordres d’architecture des temples grecs.

La grandeur et la beauté « divinisée » du temple grec s’associaient ainsi à la grandeur, à l’élan spirituel d’un homme bâtisseur de son propre Temple intérieur. Ce travail d’intériorisation et d’architecturation de la lumière est capital. Ce travail, cette orthopraxie permettent la compréhension de la double dimension matérielle et spirituelle des vertus. C’est ce procédé associatif et analogique qui permettra l’éclosion de la lumière-conscience en soi.

Les significations hautes des trois vertus, leurs essences, convergent vers un point d’intersection intérieur qui est la conscience de l’homme agissant dans un réel. Cette conscience agissante prend en compte trois notions fondamentales : 1/ soi, les autres le monde, 2/ l’origine du monde et de l’homme, 3/ le tout et l’unité.

Ce ternaire vertueux que notre F.°. va détailler à la suite, est une technique parmi d’autres, de remontée vers une source ontologique, propre à la méthode maçonnique. Il permet en outre un aller-retour constant entre l’homo sapiens et l’idée d’une unité totalisante, l’homme disposant des facultés pour agir en vue d’établir le bien, le beau et la paix… (Er.°.Rom.°.)

Le sujet de ma planche traite des trois piliers symbolisant les trois vertus : Sagesse, Force et Beauté ou, plus précisément, Sagesse, Beauté et Force au Rite Ecossais Primitif.

LES PILIERS

Les premiers piliers ont été bâtis au VIIème siècle avant J.C. selon les ordres architecturaux grecs. Les bâtisseurs ont cherché un moyen de faire des piliers à la fois forts pour soutenir le poids d'un édifice, mais surtout harmonieux, agréables à la vue.

Ils ont des proportions et dispositions données, s’intégrant ainsi parfaitement aux parties d'un monument, de manière à former un ensemble régulier.

Les trois piliers que l'on trouve en Loge du REP sont triangulaires mais se dédoublent sur le tableau de loge en trois ordres architecturaux Grecs. On notera qu’au Rite Ecossais Primitif, les Colonnettes, de formes triangulaires, sont parfaitement identiques. Ce sera leur représentation sur le tapis De Loge qui nous indiquera l’ordre architectural de chacune de ces trois « Lumières d’Ordre ».

On les nomme ; IONIQUE considéré comme le symbole de la grâce illustrée par les deux courbures qui constitue sa volute ; DORIQUE le plus ancien et l'expression la plus parfaite de l'harmonie des proportions. Il est d'une austère simplicité, puissant et robuste; et CORINTHIEN , c'est le plus beau des ordres avec un chapiteau orné de feuillage et volute.

Quand nous passons entre les colonnes J et B annonçant l'entrée du temple nous passons du monde profane au monde sacré, nous découvrons au centre de la loge les 3 piliers, disposés en équerre aux angles sur le pavé mosaïque. Ces piliers sont aussi appelés flambeaux, colonnettes ou « Lumières d’Ordre »en fonction des Rites. L’on parlera au Rite Ecossais Primitif de « Lumières d’Ordre ».

Ces trois lumières correspondent à chacun des trois principaux Officiers de la Loge. Le pilier de "la Sagesse" pour inventer, est ionique, il représente le Vénérable Maître .Celui de "la Force" pour diriger est dorique, il représente le 1er Surveillant, celui de "la Beauté" pour orner, est corinthien, il représente le second Surveillant.

Chaque pilier supporte un flambeau allumé lors de l'ouverture des travaux et éteint pour la fermeture des travaux, On pourrait parler d'un quatrième pilier, il pourrait représenter chaque frère composant l'assemblée. Personnellement ce pilier virtuel me représente dans un style encore mal dégrossi à l’exemple de la pierre que je taille. Ainsi je participe par mes propres moyens à consolider un peu plus le temple, pour le rendre plus harmonieux.

À l’Ouverture de chaque Tenue, le Vénérable Maître étant le seul Officier à détenir la Lumière, pour guider et éclairer le cœur et l'esprit des Frères en loge, il la communique aux deux Surveillants. Comment ? Par le Maître de Cérémonie qui a son tour, par ses déplacements et son action, va allumer les trois Luminaires. Suivi du Frère Terrible, il frappera le sol de sa canne à chaque invocation.

Pour allumer la première « Lumière d’Ordre », « La Sagesse », le Vénérable Maître qui gouverne et dirige, dit « que la sagesse préside à nos travaux ».

À l’allumage de la deuxième « Lumière d’Ordre », « La Beauté » il dira « Que la Beauté les orne ». Le Second Surveillant viendra alors allumer son flambeau directement auprès du luminaire « Beauté ».

Enfin, le Maître de Cérémonie allumera la troisième « Lumière d’Ordre », « la Force ». Le Vénérable Maître dira alors « que la Force les achève ». Ce sera alors au tour du 1er surveillant de venir allumer son flambeau auprès du luminaire « Force ».

Notons que, simultanément, le Vénérable Maître aura également allumé les deux flambeaux du chandelier posé sur l’autel.

Ces trois lumières brillent maintenant du haut des colonnettes, elles deviennent plus solides pour soutenir la voûte étoilée, en l'occurrence dans le temps de l'ouverture à la fermeture des travaux, et dans l'espace 'l'univers". Les trois lumières d’ordre animent littéralement le carré long, le tableau de loge et l’espace du Hékal. Cette animation fait écho à l’animation du Debhir surélevé de trois marches par le Vénérable, créant une relation de cause à effet entre le haut et le bas.

À la fin des travaux, le Vénérable Maître fait éteindre les trois étoiles. Il utilise les anciennes formules du XVIIIème Siècle que notre rituel a conservé. À la sagesse, il dit « Que ta Sagesse, Dieu Tout Puissant soit toujours en nos esprits », à la Beauté, il dit « Que la Beauté les inspire en toutes nos actions » et à la Force « Que la Force appuie nos efforts vers le bien ».

Sans le triple concours de la Sagesse, de la Beauté et de la Force, rien de parfait ne peut être créé. Ces vertus sont donc indissociables, une fois réunies, elles ne peuvent en aucun cas être déformées, si l'une d'elles manque nous serions dans le chaos, et tout le temple s'écroulerait, le ciel nous tomberait sur la tête.

Pour cela il faut que l'homme commence par se connaître lui-même s’il veut percer les mystères de notre univers faute de quoi il ne peut espérer une quelconque chance de succès. C’est en ce sens que la puissance créatrice a donné à l'homme la faculté de réflexion, de logique, et de raisonnement qui ont permis son évolution, jusqu'à l’émergence d’une conscience globale en lui.

Pour qu'il puisse acquérir LA SAGESSE l'homme doit savoir qu'elle est la base de la recherche de la vérité en utilisant la connaissance acquise :

- Apprendre la connaissance essentielle : se connaître, savoir observer, écouter, toucher, sentir, se passionner, pour être en harmonie avec soi-même.

- D'utiliser cette connaissance pour le bien de lui-même et le bien des autres : cette connaissance, il doit la partager, aider les hommes pour le bien et le progrès, d'avoir toujours un comportement irréprochable pour ses semblables.

- De transmettre cette connaissance aux autres: le savoir ne doit pas être caché, il faut le diffuser. Chacun doit pouvoir bénéficier de la connaissance pour être utile à sa vie de tous les jours.

Mais la Sagesse et la Beauté ne suffisent pas pour cela il faut LA FORCE qui nous aide a persévérer. Il nous faut construire ensemble l'édifice dans l'union fraternelle et travailler sans relâche pour une amélioration matérielle et morale des hommes, continuer à l'extérieur le travail commencé à l'intérieur du temple.

Se remettre en question tous les jours pour effacer le mal et faire le bien, Il ne suffit pas de connaître ses défauts et ses faiblesses, il faut les vaincre et de les éliminer, car des erreurs on en fait, il faut les rectifier immédiatement, ne pas les ignorer, pour retrouver cette force morale qui renforce la volonté de rechercher à faire le bien aux autres.

L'homme doit fuir le vice qui est un défaut, dire non à la tentation, aux plaisirs inutiles, aux caprices ce qui est contraire au bonheur et pratiquer la vertu qui est une qualité, la force d'une chose, c'est ce qui lui permet de bien agir, à pratiquer les vraies valeurs de sa vie.

C'est cette Force qui balaiera les obstacles et vaincra des difficultés que l'on rencontre tous les jours. On la trouvera en notre possession, dans une parfaite maîtrise. La Force, n'exécute que les œuvres conformes à la loi morale; et c'est la Sagesse, marchant de pair avec la Force, qui nous garantit qu'il en soit ainsi.

L'homme primitif, après des efforts sans relâche, n'a-t-il pas réussi à allumer un feu ? Pour moi c'est un exemple d'être persévérant, on arrive toujours au bout de nos difficultés, qui nous semblent insurmontables et cela je le ferai tant que ma force morale me tiendra debout.

Ainsi LA BEAUTE permet une esthétique associant la Sagesse et la Force. Elle couronnera l'œuvre commune de la Sagesse et de la Force en apportant à l'édifice ce qui lui manque encore; l'harmonie, l'unité, la paix, le contentement. La Beauté orne et illustre le bel ordonnancement du monde.

La connaissance de soi, œuvre de la sagesse, la maîtrise de soi, œuvre de la force, trouvent leur achèvement dans le perfectionnement de soi, œuvre de la beauté. Car la beauté réside dans la perfection et dans les efforts qui tendent à celle-ci. La tolérance, la patience, la clémence, la bienveillance, l'amour du Frère et du prochain sont à nos yeux des expressions manifestes de la beauté et de l’harmonie.

Faisons parler notre cœur pour y lire la beauté, elle est personnelle et intime chaque homme ne voit pas le concept du beau de la même manière, nos regards et nos critiques ne sont pas les mêmes, qu'elle soit physique, morale ou matériel, le regard est différent.

En conclusion, je me suis dit que l'on a 2 vies, la première, où est-elle passée?

Je cherche une réponse, je pensais avoir jusqu'à présent eu la connaissance nécessaire et suffisante pour être sur le bon chemin, en fait ce n'est que la surface de moi qui est à la lumière, à la l'intérieur de moi je suis encore dans les ténèbres -

La deuxième vie commence véritablement le jour où l'on se rend compte qu'on en a qu'une, en ayant les vertus, par la Sagesse qui guide nos pas, nos pensées, nos vraies connaissances, avec pour soutien la Force afin d’être en Beauté pour orner avec toutes les personnes qui nous entourent dans ce monde ou malheureusement la violence est présente tous les jours.

Pour cela, ces trois vertus sont avec nous de tout temps comme une lumière intérieure. Elles ne demandent qu’à rayonner, à animer notre vie, à éclairer nos pensées et nos actes. Elles sont puissances en devenir, comme des clefs qu’un Grand Architecte nous aurait confiées. Ces lumières-vertus sont des clefs qui ouvrent à la vraie vie, faut les utiliser pour apporter à l'extérieur la joie qui est dans nos cœurs, l’amour parmi les hommes et la paix sur la terre.

C.°.P.°. R L « Lune et Soleil d’Écosse » à l’O.°. d’Aix en Provence, GLSREP.

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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 18:24

Comment définir la Kabbale ? En tant que tradition orale (enseignement transmis de génération à génération sous forme de récits, de légendes, ...), la kabbale est probablement aussi lointaine que la date de rédaction du Pentateuque (recueil des cinq premiers livres de la Bible). Si l'on considère que les textes ayant inspiré les volumes les plus anciens du Pentateuque (la Genèse en particulier) ont été rédigés au IXème ou Xème siècle avant Jésus-Christ, la kabbale orale aurait donc 3000 ans. En tant que tradition écrite, la kabbale voit le jour en plein Moyen-âge. Le Bahir (sefer ha bahir - "Livre de la Clarté") est considéré comme le tout premier écrit appartenant à la littérature de la kabbale. Cet ouvrage apparaît en France au XIIème siècle après Jésus-Christ, la date précise de parution ainsi que son auteur sont inconnus. Le fleuron de la kabbale écrite reste le Zohar (sefer ha zohar, "Livre de la Splendeur") attribué à l'espagnol Moïse de Leon (XIIIème siècle)

Si l’on s’en tient à WP, Le mot « kabbale » (Qabalah en hébreu) signifie « réception » au sens le plus général, le terme est parfois interprété comme « tradition ». Le Kabbaliste est donc celui qui a reçu (de l'hébreu קיבל Qibel) la tradition (l’initiation).

Le mot Kabbale ne désigne pas un dogme, mais un courant à l'intérieur du judaïsme et un état d'esprit. Plus qu'une simple origine étymologique, "recevoir" est une clé de compréhension du processus de restauration.

C’est aussi un ensemble de spéculations métaphysiques sur Dieu, l'homme et l'univers, qui prend racine dans les traditions ésotériques juives.

Cette définition très académique ne rend pas bien compte de l'universalité de la Kabbale et de la richesse de l’ensemble des thèmes qu'elle aborde.

La kabbale est un outil d'aide à la compréhension du monde dans le sens qu'elle nous incite à en modifier notre perception que nous appelons "la réalité" malgré la subjectivité de notre perception. Pour ce faire, la Kabbale met à notre disposition un diagramme synthétique : l'Arbre des Sephiroth, des clés de lecture pour de multiples ouvrages et un foisonnement de concepts (degrés de significations, contractions, etc...).

La kabbale est un véritable traité ésotérique sur l’origine, la nature et les destinées du monde, qui suit mais aussi prolonge et interprète à sa façon la Bible.

La kabbale propose en outre des réponses aux questions essentielles concernant l'origine de l'univers, le devenir de l'homme et son rôle. C'est à la fois un extraordinaire outil de travail sur soi et un moyen puissant d'appréhender les autres systèmes de pensée. Cela peut rappeler certaines réflexions que nous avons eues dans le cabinet du même nom lors de notre initiation maçonnique.

Dans Morals And Dogma, Albert Pike(Américain, Elu Grand Commandeur en 1859 du rite Ecossais ancien et accepté et qui le resta pendant trente-deux ans, jusqu'à la fin de sa vie) déclare que la franc-maçonnerie est un produit de la kabbale de par ses origines ésotériques. Notamment le 32eme degré du rite écossais. Jusqu’en 1964, aux Etats- Unis la kabbale était remise au maçon qui arrivait au 14eme degré.

Morals and Dogma ou la Morale et le dogme a été décrit comme "une collection de trente-deux essais qui fournissent une justification philosophique pour les degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Il fournit une toile de fond pour les différents degrés du rite en donnant des leçons de religion comparée à l'histoire et la philosophie"

Le thème du kabbalisme a été en outre repris par nombre de nouveaux mouvements religieux, dont le « Centre de la Kabbale » qui connaît depuis les années 1980 une certaine notoriété auprès des personnalités du show-business, dont la très emblématique chanteuse Madonna. Toutefois ce mouvement est dénoncé comme imposture par les rabbins traditionalistes.

La Kabbale propose des réponses aux problèmes fondamentaux sans les éluder. Ainsi elle considère que le Néant et le Mal font partie intégrante de la création. Aucun sujet n'est vil à ses yeux : le doute, la souffrance, l'égoïsme, le sexe, le plaisir, nourrissent ses débats. La Kabbale contribue à briser les carcans de la pensée et de la morale (bien sûr pour cela elle construit d'autres carcans qu'elle incitera à détruire : la certitude est vue comme une erreur consentie- on parle alors de vérité relative - qu'il faudra piétiner comme on piétine les marches d'un escalier afin de s'élever).

La Kabbale accorde les contraires apparents en dévoilant les paradoxes et en proposant de les résoudre. Des notions aussi éloignées que celles de forme et de force, de raison et de foi, d'inertie et de mouvement s'interpénètrent et prennent leur sens dans leur complémentarité, dans leur interchangeabilité, et non dans leur stricte opposition.

Cette notion s'illustre parfaitement dans l'Arbre des Sephiroth (l’arbre de vie) où des ensembles de symboles très divers sont reliés entre eux. La kabbale ne montre pas seulement l'aspect illusoire de la dualité mais lui accorde un rôle crucial : la dualité est le moteur de l'expansion de notre conscience, un puissant facteur de progrès. L'homme ne marche que parce que les forces de frottement s'opposent à sa marche, sans ces obstacles sous les semelles, il glisserait sur place.

Après ces généralités nous allons rentrer dans le vif du sujet par l’approche de l’arbre séphirotique ou l’arbre des Sephiroth (sans s car c’est un nom pluriel)

La Kabbale (aperçu)

Les Sephiroth (en hébreu ספירות) sont les 10 puissances créatrices listées par la Kabbale dans son approche mystique du mystère de la Création. Chaque Sephira est l'émanation d'une énergie du Dieu Créateur. Ces puissances divines manifestent dans la création du monde fini le Pouvoir Suprême de l'Infini. Les traités de Kabbale présentent souvent les Sephiroth sous la forme d'un Arbre de Vie.

Les sephiroth, littéralement "émanations", "numérations" ou encore "nombres", sont les étapes, les épreuves, les champs de conscience, les forces en action dans la réalité perçue.

L'Arbre en comporte 10, schématisées par des cercles. La figure ci-dessus montre la disposition usuelle des sephiroth ce sont les nœuds d’intersection des ‘sentiers’.

Il faut noter que l'apparente verticalité de l'Arbre ne préjuge pas de la supériorité de telle ou telle séphire. (En hébreu, "sephiroth" est un pluriel du genre féminin. Au singulier, on emploiera le mot "sephirah" ou "séphire").

Après les sephiroth nous voyons les ‘sentiers’ qui relient les sephitroth entre eux et qui représentent leurs différentes interactions.

Ils peuvent être perçus soit comme des combinaisons de forces, soit comme des zones de transition ou encore des canaux ou des chemins.

Voici quelque chose qui va nous rappeler quelque chose : nous avons 3 piliers sur notre arbre de vie :

  • La colonne de droite (en hébreu, kav yamin) est dominée par Chokhmah. C'est Yakhin ou Jakin la blanche, le pilier de la force, des tendances masculines. Les Sephiroth de ce pilier (Chokhmah, Chesed, Netzach) correspondent à des états actifs. Ce pilier est dominé par les principes actifs, de construction, de kinétique.
  • La colonne de gauche (en hébreu, kav smol) est dominée par Binah. C'est Boaz la noire, le pilier de la forme, des aspects féminins. Les Sephiroth de ce pilier (Binah, Geburah, Hod) correspondent à des états de structure passifs. Ce pilier est dominé par les symboliques passives de statique, de destruction.
  • La colonne centrale est dominée par Kether, et est appelée le pilier de l'équilibre, ou de la conscience. Les Sephiroth de ce pilier (Kether, Tipheret, Yesod et Malkuth) traduisent un équilibre entre force et forme, mâle et femelle, action et structure : ils correspondent à des états de conscience équilibrée.

Il n'y a aucune discontinuité entre les chemins qui sillonnent l'Arbre. Ainsi les Sephiroth elles-mêmes font partie du parcours initiatique de l'Arbre. En ce sens, la Kabbale considère qu'il existe 32 sentiers : les 10 Sephiroth plus les 22 voies qui les relient.

Il est préférable de représenter les sentiers par des canaux et non pas par de simples lignes ténues. Cela permet d'introduire dans l'Arbre la notion d'écoulement, de flux alimentant notre réalité.

La numérotation des éléments de l'Arbre n'est pas arbitraire. Elle correspond à une succession de forces qui s'équilibrent jusqu'à la 10ème et ultime séphirah. L'ordre des sephiroth montre que l'Arbre est en fait inversé : la première sephirah, associée à la racine de l'Arbre, est située en haut tandis que la dixième sephirah, liée au sommet, se trouve en bas. La numération des sentiers correspond aux étapes de construction de l'Arbre. Elle schématise les ajustements et les équilibrages nécessaires au déploiement complet de l'Arbre.

Nous voyons sur les images précédentes la numérotation non arbitraire des sephiroth ainsi que des sentiers. Sur la représentation à droite nous avons les noms sephiroth

Sans même connaître les attributs des sephiroth, il est déjà possible de les relier entre elles, en suivant l'ordre des chiffres qui leur sont associés.

Cette opération fait apparaître une figure connue sous le nom d'éclair fulgurant. Elle symbolise l'étincelle divine engendrant l'univers. Une analogie intéressante peut être celle du précipité : dans une solution chimique, l'adjonction d'une certaine substance ou l'effet d'un influx électrique fait apparaître une matière dense (la dixième séphire).

Il y a trois lignes qui apparaissent derrière la première séphirah et qui représentent les trois voiles du non-manifesté. Cet éclair pourrait nous faire penser à l’épée flamboyante présente sur le plateau du vénérable. En effet dans « flamboyante » le nom indique un rapport avec la foudre ou l’éclair. Le rôle dévolu au Vénérable Maître est de créer un espace sacré où pourra se vivre l’initiation, ainsi que de pouvoir préserver cet espace. À cet effet, le Vénérable Maître dispose de l’Épée Flamboyante pour transmettre l’énergie créatrice de l’Orient éternel. Le mot qui, traduit de l’Hébreu, qualifie la lame de « l’épée flamboyante » est le verbe « se tourner, changer ». Il s’agit donc d’une épée qui tourne, qui s’agite, d’où son caractère dit flamboyant. En effet, cette racine hébraïque montre que l’épée flamboie parce qu’elle est le feu elle-même et parce qu’elle réfléchit la lumière solaire d’où elle se charge. Le double tranchant de la lame a entre autre cette fonction : celle de porter le feu de la création pour donner vie à l’initié. Il y a bien entendu d’autres fonctions de cette épée mais nous ne traiterons pas de cela aujourd’hui : ce n’est pas notre propos.

Revenons donc à notre arbre dont j’ai reporté plus haut les différents noms des séphiroth. Je vais vous donner la signification synthétique de chaque sephirah. Toutefois la multiplicité des significations des sephiroth, suivant le plan sur lequel on se situe (macrocosmique ou microcosmique), se reflète dans la diversité des noms et des symboles associés à chaque sephirah. C’est donc une signification vraiment synthétique que je vous livre :

  • Kether qui signifie Couronne, symbolise le point primordial, la vaste contenance, la tête blanche, l'existence des existences, l’homme primordial.
  • Chokmah qui signifie Sagesse, symbolise le père suprême, le yod, le tétragramme, le débordement.
  • Binah : qui signifie Compréhension, la mère sombre, la mère stérile, la mère lumineuse, la mère féconde, le trône, la grande mer
  • Chesed : la Miséricorde bienveillance, amour, majesté
  • Geburah : la Sévérité La justice, la force, la rigueur
  • Tiphereth : la Beauté l'équilibre, la moindre contenance, le roi, le fils, l'homme
  • Netza'h : la Victoire fermeté, puissance, synthèse
  • Hod : la Gloire
  • Yesod : le Fondement,la fondation, le trésor des images
  • Malkuth : le Royaume, Kallah [la fiancée] , le seuil, le seuil de la mort, le seuil des larmes, le seuil du jardin d'Eden, la Shekinah, la mère inférieure, la reine, la vierge…

Voici dans ces vraiment très grandes lignes la base théorique de la Kabbale. Je voudrais juste préciser un point :

pour différencier le MACROCOSME (l'univers) du MICROCOSME (l'homme), l'Arbre pivote sur son axe : ainsi Chokmah échange sa place avec Binah, Chesed avec Geburah, Netza'h avec Hod, les quatre autres sephiroth eux ne bougent pas. Ce basculement de l'arbre sur son axe est une illustration du principe d'inversion. C’est un effet miroir puisque la bascule n’est pas horizontale mais verticale.

Vous aurez également noté que dans l’arbre sephirotique nous retrouvons les noms de nos 3 colonnettes : Sagesse, Beauté et Force

Robert Ambelain dans son ouvrage la Kabbale Pratique, avait découpé son étude en 2 parties : Les éléments doctrinaux et les éléments opératifs. Dans les 1ers il décrivait l’origine, la genèse, les éléments métaphysiques et les « existences » divines notamment les séphirots dans les cinq mondes.

Dans la 2eme partie il rentrait dans la partie pratique de la mise en œuvre de la Kabbale. Il indiquait tout ce qui devait être fait et su pour œuvrer opérativement.

Bien que Robert Ambelain fut passionné d’ésotérisme, pour autant peut on dire que la kabbale a une influence directe sur la Franc-Maçonnerie ? Si l’on s’en tient à certains auteurs, rien n’est moins sûr. Tout d’abord pour la bonne et simple raison que les juifs ne furent admis dans les loges que bien tardivement. Le corps spirituel de la Franc Maçonnerie était déjà établi et qu’en plus on ne peut pénétrer la kabbale sans un bagage religieux adéquat ce qui était loin d’être le cas pour la plupart des frères au 18eme.

Quels peuvent être alors les similitudes entre la Kabbale ou le judaisme et la FM ?

Certains auteurs ont trouvé au contraire bien des points communs :

Tout d’abord la valeur du travail, on sait que le maçon est invité à travailler sur lui-même, à polir continuellement sa pierre, à se perfectionner lui-même avant de chercher à améliorer le monde. La symbolique maçonnique, avec les outils du constructeur et le tablier, témoigne de cette orientation primordiale. Le judaïsme connaît lui aussi cette valorisation du travail, qui prend évidemment sa source dans la Torah. Avant même d’être chassé du jardin d’Eden et de devoir travailler à la sueur de son front, Adam devait déjà entretenir le jardin.

Il en découle une foi commune en la perfectibilité de l’homme. La franc-maçonnerie constitue de ce fait une utopie de la modernité, elle pense ou espère que l’homme peut s’améliorer et améliorer le monde. Elle y tend mais l’Homme (j’ai mis une majuscule pour l’homme en général) peut-il vraiment aller uniquement vers le bien ? Il doit y avoir beaucoup de facteurs convergents pour que l’Homme tende vers le bien et s’y tienne.

Un point à rapprocher entre la FM et le judaisme serait l’absence de Dogme. La franc- maçonnerie ne propose ni n’impose aucun dogme. Elle a même érigé en dogme cette aversion pour le dogme !! On est dans le cas « il est interdit d’interdire ». N’ayant pas de doctrine la FM est donc une méthode d’appréhension de soi et du monde.

Par contre quelque chose de plus intéressant permet de faire un lien entre les deux disciplines : La kabbale associe à chaque lettre une valeur numérique donc chaque mot à sa propre valeur numérique qui correspond à la somme des valeurs numériques de chaque lettre. Cette vraie valeur des mots est à l’origine de l’importance de l’épellation dans le rite maçonnique. Cela ne nous rappelle t-il pas quelque chose ?

Pour conclure j’avoue que le parallèle qu’il peut y avoir entre la Kabbale et la Franc Maçonnerie est difficile à cerner pour plusieurs raisons, si l’on s’en tient à certains auteurs que je cite plus haut, la kabbale ne peut être à l’origine ou avoir participé à la création de la FM. Pourtant après avoir lu ce j’ai lu sur le sujet, rien n’est moins sûr ! Il y a vraiment beaucoup de similitudes, d’autant que certains prétendent que la Kabbale serait d’origine Egyptienne et serait même à l’origine des templiers et des Rosi-Cruciens. Donc est-ce au 18eme et 19eme que la FM a puisé dans la Kabbale ou est-ce bien antérieurement que le rapprochement a été fait ? Peut être nous pouvons y voir un cheminement commun aux traditions authentiques. Pour se faire la meilleure idée, il est bon de lire ou relire la kabbale en ayant en arrière pensée notre rituel et là, la lumière jaillit. En ce qui me concerne j’ai l’intime conviction que la Kabbale et la Franc-maçonnerie sont intiment liées du fait de leur caractère authentiquement traditionnel.

Au terme de cette approche, nous avons plus de questions posées que de réponses. apportées.

Nous voyons sur les images précédentes la numérotation non arbitraire des sephiroth ainsi que des sentiers. Sur la représentation à droite nous avons les noms sephiroth

Sans même connaître les attributs des sephiroth, il est déjà possible de les relier entre elles, en suivant l'ordre des chiffres qui leur sont associés.

Cette opération fait apparaître une figure connue sous le nom d'éclair fulgurant. Elle symbolise l'étincelle divine engendrant l'univers. Une analogie intéressante peut être celle du précipité : dans une solution chimique, l'adjonction d'une certaine substance ou l'effet d'un influx électrique fait apparaître une matière dense (la dixième séphire).

Il y a trois lignes qui apparaissent derrière la première séphirah et qui représentent les trois voiles du non-manifesté. Cet éclair pourrait nous faire penser à l’épée flamboyante présente sur le plateau du vénérable. En effet dans « flamboyante » le nom indique un rapport avec la foudre ou l’éclair. Le rôle dévolu au Vénérable Maître est de créer un espace sacré où pourra se vivre l’initiation, ainsi que de pouvoir préserver cet espace. À cet effet, le Vénérable Maître dispose de l’Épée Flamboyante pour transmettre l’énergie créatrice de l’Orient éternel. Le mot qui, traduit de l’Hébreu, qualifie la lame de « l’épée flamboyante » est le verbe « se tourner, changer ». Il s’agit donc d’une épée qui tourne, qui s’agite, d’où son caractère dit flamboyant. En effet, cette racine hébraïque montre que l’épée flamboie parce qu’elle est le feu elle-même et parce qu’elle réfléchit la lumière solaire d’où elle se charge. Le double tranchant de la lame a entre autre cette fonction : celle de porter le feu de la création pour donner vie à l’initié. Il y a bien entendu d’autres fonctions de cette épée mais nous ne traiterons pas de cela aujourd’hui : ce n’est pas notre propos.

Revenons donc à notre arbre dont j’ai reporté plus haut les différents noms des séphiroth. Je vais vous donner la signification synthétique de chaque sephirah. Toutefois la multiplicité des significations des sephiroth, suivant le plan sur lequel on se situe (macrocosmique ou microcosmique), se reflète dans la diversité des noms et des symboles associés à chaque sephirah. C’est donc une signification vraiment synthétique que je vous livre :

  • Kether qui signifie Couronne, symbolise le point primordial, la vaste contenance, la tête blanche, l'existence des existences, l’homme primordial.
  • Chokmah qui signifie Sagesse, symbolise le père suprême, le yod, le tétragramme, le débordement.
  • Binah : qui signifie Compréhension, la mère sombre, la mère stérile, la mère lumineuse, la mère féconde, le trône, la grande mer
  • Chesed : la Miséricorde bienveillance, amour, majesté
  • Geburah : la Sévérité La justice, la force, la rigueur
  • Tiphereth : la Beauté l'équilibre, la moindre contenance, le roi, le fils, l'homme
  • Netza'h : la Victoire fermeté, puissance, synthèse
  • Hod : la Gloire
  • Yesod : le Fondement,la fondation, le trésor des images
  • Malkuth : le Royaume, Kallah [la fiancée] , le seuil, le seuil de la mort, le seuil des larmes, le seuil du jardin d'Eden, la Shekinah, la mère inférieure, la reine, la vierge…

Voici dans ces vraiment très grandes lignes la base théorique de la Kabbale. Je voudrais juste préciser un point :

pour différencier le MACROCOSME (l'univers) du MICROCOSME (l'homme), l'Arbre pivote sur son axe : ainsi Chokmah échange sa place avec Binah, Chesed avec Geburah, Netza'h avec Hod, les quatre autres sephiroth eux ne bougent pas. Ce basculement de l'arbre sur son axe est une illustration du principe d'inversion. C’est un effet miroir puisque la bascule n’est pas horizontale mais verticale.

Vous aurez également noté que dans l’arbre sephirotique nous retrouvons les noms de nos 3 colonnettes : Sagesse, Beauté et Force

Robert Ambelain dans son ouvrage la Kabbale Pratique, avait découpé son étude en 2 parties : Les éléments doctrinaux et les éléments opératifs. Dans les 1ers il décrivait l’origine, la genèse, les éléments métaphysiques et les « existences » divines notamment les séphirots dans les cinq mondes.

Dans la 2eme partie il rentrait dans la partie pratique de la mise en œuvre de la Kabbale. Il indiquait tout ce qui devait être fait et su pour œuvrer opérativement.

Bien que Robert Ambelain fut passionné d’ésotérisme, pour autant peut on dire que la kabbale a une influence directe sur la Franc-Maçonnerie ? Si l’on s’en tient à certains auteurs, rien n’est moins sûr. Tout d’abord pour la bonne et simple raison que les juifs ne furent admis dans les loges que bien tardivement. Le corps spirituel de la Franc Maçonnerie était déjà établi et qu’en plus on ne peut pénétrer la kabbale sans un bagage religieux adéquat ce qui était loin d’être le cas pour la plupart des frères au 18eme.

Quels peuvent être alors les similitudes entre la Kabbale ou le judaisme et la FM ?

Certains auteurs ont trouvé au contraire bien des points communs :

Tout d’abord la valeur du travail, on sait que le maçon est invité à travailler sur lui-même, à polir continuellement sa pierre, à se perfectionner lui-même avant de chercher à améliorer le monde. La symbolique maçonnique, avec les outils du constructeur et le tablier, témoigne de cette orientation primordiale. Le judaïsme connaît lui aussi cette valorisation du travail, qui prend évidemment sa source dans la Torah. Avant même d’être chassé du jardin d’Eden et de devoir travailler à la sueur de son front, Adam devait déjà entretenir le jardin.

Il en découle une foi commune en la perfectibilité de l’homme. La franc-maçonnerie constitue de ce fait une utopie de la modernité, elle pense ou espère que l’homme peut s’améliorer et améliorer le monde. Elle y tend mais l’Homme (j’ai mis une majuscule pour l’homme en général) peut-il vraiment aller uniquement vers le bien ? Il doit y avoir beaucoup de facteurs convergents pour que l’Homme tende vers le bien et s’y tienne.

Un point à rapprocher entre la FM et le judaisme est l’absence de Dogme. La franc- maçonnerie ne propose ni n’impose aucun dogme. Elle a même érigé en dogme cette aversion pour le dogme !! On est dans le cas « il est interdit d’interdire ». N’ayant pas de doctrine la FM est donc une méthode d’appréhension de soi et du monde.

Par contre quelque chose de plus intéressant permet de faire un lien entre les deux discipline : La kabbale associe à chaque lettre une valeur numérique donc chaque mot à sa propre valeur numérique qui correspond à la somme des valeurs numériques de chaque lettre. Cette vraie valeur des mots est à l’origine de l’importance de l’épellation dans le rite maçonnique. Cela ne nous rappelle t-il pas quelque chose ?

Pour conclure j’avoue que le parallèle qu’il peut y avoir entre la Kabbale et la Franc Maçonnerie est difficile à cerner pour plusieurs raisons, si l’on s’en tient à certains auteurs que je cite plus haut, la kabbale ne peut être à l’origine ou avoir participé à la création de la FM. Pourtant après avoir lu ce j’ai lu sur le sujet, rien n’est moins sûr ! Il y a vraiment beaucoup de similitudes, d’autant que certains prétendent que la Kabbale serait d’origine Egyptienne et serait même à l’origine des templiers et des Rosi-Cruciens. Donc est-ce au 18eme et 19eme que la FM a puisé dans la Kabbale ou est-ce bien antérieurement que le rapprochement a été fait ? Peut être nous pouvons y voir un cheminement commun. Pour se faire la meilleure idée, il est bon de comprendre la kabbale en ayant en arrière pensée notre rituel et là, la lumière jaillit. En ce qui me concerne j’ai l’intime conviction que la Kabbale et la Franc-maçonnerie sont intiment liées. (...)

 

Chris.°. Mart.°.  RL "Les Ecossais de Saint Jean" à l'O.°. de HYERES.

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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 08:23

Si nous avons choisi aujourd’hui de vous proposer une approche plus philosophique du « silence », c’est tout simplement pour que ce travail nous donne à réfléchir, à nous interroger, qu’il nous incite à questionner ce silence, non pas pour le démasquer mais pour écouter ce qu’il a, à nous dire, ce que nous avons à nous dire.

Mais comment, tout d’abord, pouvons-nous donner un sens au silence ?

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, pour donner un sens au silence, il nous faudra le faire parler, l’habiller de mots, lui donner un sens que l’on soupçonne, transformer l’interrogation qu’il présente en tentatives rhétoriques.

Mais qu’est-ce donc que le silence ?

Dans son sens originel, le silence est l'état de la personne qui s'abstient de parler ; dans son sens le plus courant, c'est l’absence de bruits, de sons indésirables, de tout ce qui est audible.

Il peut être également valorisé (comme étant parfois la meilleure réponse). « la parole est d'argent mais le silence est d'or » « parce que c’est aussi une forme de discrétion » ; il existe beaucoup d'expressions ou citations sur le silence.

Dans la vie profane, la société valorise la communication : le silence y est alors considéré par opposition comme nocif ( « on doit briser la loi du silence » .. une attitude silencieuse inquiète, intrigue ses interlocuteurs).

Mais encore !

Soulignons en premier lieu, le caractère décalé presque inaccessible du silence dans notre quotidien à travers nos comportements sociaux. Dans nos villes où nous sommes assaillis par la prolifération des bruits de toutes sortes, médias, sonneries de téléphones portables, klaxons, musique d’ambiance, le silence en devient presque inquiétant, étrange ou plutôt étranger à l’homme. Il fait figure d’exception dans notre quotidien et il est de plus en plus rare dans nos vies actives, il occupe de moins en moins de place.

Dans toutes les activités de l’homme, ne cherche-t-il pas justement à se projeter en dehors de lui-même, de façon à fuir ce silence intérieur qu’il sait présent mais oh combien inquiétant ? Quel est donc ce silence que l’homme cherche à fuir ?

Le silence semble être vécu comme un vide angoissant, un non être, comme si en faisant silence, on perdait la véritable notion des choses et l’on s’aventurait dans un monde inconnu, qui nous est fondamentalement étranger.

Il n’est effectivement pas facile d’appréhender le véritable silence, ce silence intérieur dont Pascal disait : « c’est dans le divertissement que l’homme se perd et dans le silence qu’il se trouve ». Au silence reviendrait donc, une épaisseur d’être, une valeur ontologique, une réalité qui serait constitutive de l’être spirituel que nous sommes.

Pourquoi devons-nous rechercher le silence ?

La première leçon du Boudha est « fais silence en toi et écoute ».

Comme il vient d’être dit, dans la vie profane, tout bouillonne : nos vies quotidiennes, les rythmes de travail (chronophages) , les idées , les ressentis , les projets , les déceptions…...aussi il est nécessaire de temps en temps de faire silence …..afin de percevoir ce qui se passe vraiment en nous , au delà de tout ce brouhaha ambiant …..faire silence pour se dégager de ces choses futiles et bien souvent superficielles qui nous envahissent au quotidien.

Aussi, lorsque reçue A. : il m'a été imposé le silence , je ne l'ai pas vécu comme une brimade , bien au contraire !!

Médusée par tout ce que je voyais et entendais lors des premières tenues, le silence m’est rapidement apparu comme un refuge salvateur, une manière de me mettre en capacité d'appréhender peu à peu mes premiers pas d'A.°. En toute sérénité, au calme... il me permettrait de m’imprégner de mon rite et de m'isoler mais pas dans la solitude.

Peu à peu, je comprenais que le silence allait me permettre d'accéder à une plus grande conscience, qu'il était une invitation à prendre le temps , non seulement d'écouter mais surtout d'entendre ce que mes F. : et S. : , l'Autre , avait à nous dire .

Puis le silence s’imposât comme un outil supplémentaire dans mon chemin maçonnique, outil qui allait m’être fort utile par la suite et encore aujourd’hui ..tel une mise en pratique du célèbre « connais-toi toi-même de Socrate ».

Mais quelle réalité exprime-t-il ? Peut-on seulement la nommer ?

Revenons un instant dans les couloirs du temps.

Le silence est immatériel, il est le temps du recueillement, de la réalisation morale de l’action, du constat de l’instant.

Dans la Genèse, Dieu crée le monde en six jours en le nommant « Aux premiers temps était le Verbe et le Verbe était Dieu ». Le Silence du 7ème jour correspond donc à une période de repos, un temps consacré à la contemplation de la réalisation.

Tout instant de silence semble donc bien donner au Temps sa pleine densité ainsi que son envergure temporelle. La minute de silence lors d’une cérémonie de commémoration ne semble-t-elle pas longue, ne perçoit-on pas comme une espèce de soulagement dans l’assemblée lorsqu’elle se termine ?

Le Silence nous fait il peur ?

Assurément oui je pense, car chacun redoute qu'avec lui, l'armure puisse se fendre, face au miroir , face à nous même ...

On le redoute car on craint qu'il ne nous renvoie à notre propre solitude et c'est une erreur car selon moi, le silence est un véritable compagnon de route maçonnique :

En faisant l'effort de chercher pourquoi il est imposé aux A. : on en comprend mieux la valeur et les enseignements.

Que nous apporte-t-il en réalité ?

Savoir se taire, ce sont les premiers pas vers la sagesse ; on apprend le silence et notre esprit se transforme petit à petit.

Parler pour parler demande peu d'efforts mais écouter l'autre demande une grande attention (voire de gros efforts pour certains ou certaines); aussi le silence devient un nouvel outil permettant de se construire et pour apprendre à écouter.

Au grade d'A.°., il est donc primordial car l'apprentissage se fait essentiellement par l'observation et l'écoute .

Il y a donc bien un temps pour se taire et un autre temps pour parler.

A l’intérieur du Temple, le silence du Rituel permet l’extension de la temporalité, il ne tient aucunement compte de l’écoulement du temps profane car le maçon travaille de midi à minuit. Le silence prend ainsi toute sa signification, toute sa place dans cet espace où règne l’intemporalité.

Pour le Maçon, le Silence revêt plusieurs niveaux de sens.

Il constitue, en premier lieu, le creuset du rapport à lui-même à travers la symbolique qui lui est proposée lors de son séjour dans le cabinet de réflexion. Le silence qui y règne est propice à l’interprétation des symboles présents. Le silence prend ici, ses racines dans une tradition initiatique qui remonte à une époque où les livres étaient rares, voire inexistants. Qui voulait s’instruire devait, avant tout, observer, méditer et se taire. L’usage de la parole se voulait révérencieuse. La seule attitude de l’apprenti, du néophyte ou de l’apprenant, était la pratique du silence, pour pouvoir entendre l’enseignement du Maître.

« S’interdire de parler pour s’astreindre à écouter est une excellent discipline intellectuelle lorsque l’on veut apprendre à penser ».

Le Silence pourrait donc se définir comme outil de maîtrise de l’impulsivité verbale.

Il n’est pas nécessaire d’user de la parole pour travailler et mériter salaire : voilà un des enseignements ce que j’ai retiré après deux ans passés sur la Colonne du Nord.

Pour l’A. : (comme pour encore le C.°. ) le silence doit lui permettre de freiner ses impulsions , sa bouillonnante et première envie d’intervenir et de prendre la parole en Loge .

Il bride son égo.

Loin de nous priver de nos autres sens, le silence bien au contraire les renforce, pour une meilleure réflexion .

le Silence est une véritable discipline spirituelle : « se taire et écouter « puis « écouter et se taire « :

Voilà deux étapes successives que j’ai appréhendé au cours de mon apprentissage : dans un 1er temps, on se tait pour pouvoir écouter au mieux ; dans un 2nd temps, on a bien entendu mais on se tait, on n’intervient pas, car ce n’est pas encore le moment.

Le silence réduit l’impulsivité verbale parce qu’au-delà de la tranquillité et de la concentration nécessaire à la compréhension de ce qui se passe en tenue, il permet de se contrôler, de faire preuve d’humilité et de tempérance.

Il permet, comme le professait SENEQUE, d’imposer le silence à ses passions……et pas seulement lorsque l’on est apprenti.

Pendant tout le cheminement initiatique du franc-Maçon, ce rapport au silence sera la condition de sa maturation de sa pensée. Toute parole qui prend son sens au sein du rituel porte en elle ce souffle du silence que l’on perçoit à travers le temps que l’on prend pour le dire.

Pour le Franc-Maçon, faire silence n’est pas une invitation mais son devoir, cela devient le silence de l’écoute et de l’humilité. Le silence est également celui du Frère ou de la Sœur qui n’interrompt pas celui qui après l’avoir demandé, a obtenu la parole. Dans le Temple, l’on demande la parole alors que l’on garde le silence. Le silence reste donc la règle, le recours à la parole, l’exception.

Le Silence est donc l’outil de maîtrise de l’impulsivité verbale avant de devenir celui qui permettra l’éveil de l’Initié.

le Silence de l’Eveil :

Le Silence crée les conditions propices à une transformation intérieure et ce, dès le Cabinet de Réflexion ..

Le Rituel et ses silences ouvrent la voie au calme intérieur :

Ainsi, avant d’entrer dans le Temple ,le Maitre des Cérémonies nous appelle au silence sur les parvis. puis le VM. Le silence nous aide à faire le vide et à chasser de nos esprits les 1000 et une choses qui bouillonnaient quelques minutes encore avant que nous n’entrions …

De même, le silence prend une forme physique en ce que nos gestes sont mesurés, la déambulation rythmée , la parole contrôlée .. tout y contribue.

Puis arrive le silence que je qualifierai de mental : le corps au repos à l’écoute de ses F et S.°. , les capacités d’analyse se mettent en éveil .

Accéder au silence, c’est aller au plus profond de soi, un long travail d’alchimiste ; il permet d’atteindre des profondeurs insoupçonnées de l’être et nous conditionne pour devenir partie de l’Egrégore de la Loge.

Mais de quelle façon ?

Le principe même de l’égrégore maçonnique se manifeste par ce silence durant la chaîne d’union, chaîne qui rassemble les esprits et les cœurs. Il unit, bien plus que tout discours, l’intime adhésion de chacun et fait vivre intensément les préceptes de Solidarité et de Fraternité. C’est dans ce silence qui magnifie la symbolique des mains jointes que se révèle la communion des cœurs et des esprits.

En pénétrant dans le temple, c’est bien dans un espace-temps différent que nous entrons, un espace dans lequel le silence, la renonciation au langage donnent au rituel et à la symbolique toute sa force.

Il existe, nous l’avons compris des « temps de silence » comme il existe des « lieux de silence.

Les lieux de culte, quels qu’ils soient, imposent le silence. Dans ces enceintes sacrées, le silence exprime à la fois le rapport au Divin ainsi que « ce qui ne peut pas se dire » devant ce qui nous dépasse. En s’imposant ce silence, nous reconnaissons notre petitesse, face à ce qui nous dépasse, que nous soyons croyants ou non.

Dans un musée, le silence est celui du rapport esthétique à l’œuvre. En faisant silence, nous nous laissons envahir par sa présence, nous en comprenons le sens, le message. Il n’y a que le silence qui nous permet de ressentir l’intégralité du message. La parole est alors hors de propos, incongrue, seul le silence révèle la subjugation des sens devant la beauté.

C’est le lieu, la situation, qui donne pour une grande part le sens à ce que les paroles ne peuvent exprimer. Le silence dévoilé recouvre alors et tait aux yeux du monde, ce que l’âme crie en secret.

Outre le rapport au temps et à l’espace, le silence établit également un rapport à autrui. Il devient alors ce miroir que l’on tend à l’autre afin qu’il contemple lui-même sa colère ou son injustice.

Le silence bénéficie de cette force, de cette particularité qui lui permet, comme une onde, d’absorber et d’annihiler le coup porté. Il n’y a, dans le langage, aucune force brute qui ne se dilue dans le silence de l’interlocuteur.

Mais garder le silence, rester sans voix devant la personne aimée, révèle l’intensité des sentiments portés à la personne. C’est lorsque l’on est éperdument amoureux que l’on perd ses moyens, que l’on ne trouve plus ses mots.

Enfin, par-delà le rapport au temps, à l’espace et à autrui, le silence est ce qui permet la rencontre avec soi-même.

L’absence de mots ébranle notre forteresse intérieure, bouscule nos certitudes et montre la voie pour poursuivre cette quête de ce silence qui nous apaise.

C’est d’ailleurs dans cette « rencontre intérieure » qu’est le silence du méditant qu’apparaît pleinement notre condition d’éternel cherchant. La difficulté « à rester dans le silence » est toujours renouvelée et les enseignements que cela nous apporte toujours différents.

Dans ce silence intérieur, nous écoutons non ce que nous disons, mais ce qui SE dit.

Le silence fait donc partie intégrante du parcours du FM. :

Le silence maçonnique n’est pas seulement imposé à l’intérieur du temple mais aussi à l’extérieur ;

Il y a le silence intérieur auquel nous appelle le VM. : mais aussi le silence qui règne sur les colonnes lors de la fermeture des travaux ; on le retrouve encore pendant la chaine d’union lorsque nos pensées s’unissent pour un F.°. ou une S.°. ou encore un proche qui sont dans la douleur, confrontés à la maladie ( c’est un peu la « minute de silence citoyenne « )

La position à l’ordre est un rappel de l’interdiction de trahir les secrets qui nous été révélés : le silence est donc bien en étroite relation avec le secret, nous ne devons rien révéler de nos travaux, une fois à l’extérieur.

Enfin tout maçon a un devoir de silence et de discrétion concernant la qualité maçonnique d’une S. : ou d’un F. :

Je ne résiste pas à l’envie de vous citer cette phrase de LAO TSEU ( issue du Tao te King ) , qui donne une haute valeur au silence et à sa portée :

« ceux qui connaissent ne parlent pas, ceux qui parlent ne connaissent pas » .

Terminons si vous le voulez bien mes TTCCFF, mes TTCCSS, par une leçon d’humilité. Le paradoxe que nous avions posé au début de ces travaux, nous le retrouvons à la fin de cette planche : pour dire le Silence, il faut l’habiller de mots. Nous sommes donc condamnés à préjuger plus qu’à exposer ce que le silence nous invite à découvrir.

Car il est lieu d’expérience, expérience personnelle s’il en est et indicible par principe, tel est notre secret.

Ainsi, « si le langage est le propre de l’homme », c’est le silence qui figure le lieu de sa plus grande humanité, puisque c’est celui de sa spiritualité.

Le Silence ne se dit pas.

Il est un lieu de découverte et de rencontre de nul autre que soi-même.

Ne plus dire : « Je Pense donc je Suis », mais,

« Je ne suis vraiment ce que je suis que lorsque le « JE » se tait enfin ».

R.°.L.°. Lune et Soleil d’Écosse

O.°. d’Aix En Provence

LS&ML

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22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 17:00

LE CENTRE

Je me souviens avoir eu beaucoup de mal en tant qu’apprenti à assimiler cette notion abstraite qu’est le centre. Puis par mes observations opérées dans le silence lors des tenues auxquelles j’ai assistées et grâce également aux diverses interventions, j’ai pu peu à peu comprendre enfin pourquoi je tournais de façon dextrocentrique autour du tableau de loge lors de chaque tenue.

La recherche du centre est l’essence même de toute quête initiatique: elle vise la réintégration de l’individu au centre de son être véritable et par là même sa réintégration au sein de l’unité primordiale.

J’envisagerai donc LE CENTRE comme symbole de reliance du point de vue traditionnel au sens large pour ensuite aborder son interprétation et sa place particulière dans la méthode maçonnique.

1° Le centre dans la tradition

Le centre est associé à pratiquement tous les récits et mythes cosmogoniques(1) de la plupart des traditions et religions. René Guenon nous propose l’approche métaphysique du centre suivante : « le point central, c’est le principe, c’est l’être pur ». Il ajoute: « le centre est à la fois le principe et la fin de toutes choses, il est suivant un symbolisme bien connu de l’Alpha et de l’Oméga ».

Pour E :.R :. Le centre est « indéfini » dans le sens où il « n’est pas » mais se retrouve dans « tout ». Il rejoint en ce sens Oswald Wirth qui qualifie le CENTRE étant « sans dimension ».

Plus la science avance et plus les mythes cosmogoniques(1) et la cosmologie(1) semblent concorder: l’univers en perpétuelle expansion est né pour certains scientifiques de l’explosion (la théorie du big bang) d’un point « zéro », centre indéfini, sans dimension, qui n’a ni masse, ni unité gravitationnelle et ni champ magnétique. Ainsi l’univers étant en mouvement constant (certains scientifiques disent qu’au contraire l’univers se contracte désormais), cosmologie, cosmogonie et science de l’être se retrouvent dans le symbolisme axial du centre : l’ordre de l’univers semble s’organiser et se régenter par le mouvement autour d’un axe: chaque planète tourne autour de son propre axe, tournant elle même autour d’un axe dessiné par le soleil qui lui-même est un centre, dispensateur d’une énergie sans laquelle nous ne pourrions pas vivre. Enfin le soleil lui-même tourne t il autour d’un axe en communion avec les autres galaxies. Dans la même idée de centre axial, pour les anciens, le centre est l’unité primordiale qui, bien que semblant immobile, irradie l’univers de son énergie et lui insuffle le mouvement. Ainsi doivent être compris les symboles de la roue sumérienne, de la croix chrétienne, du chrisme constantinien, de la svastika hindoue ou encore de la rosace des cathédrales.

Dans les trois religions du livre, le centre spirituel majeur est Jérusalem; alors que l’on s’entretue pour la suprématie de telle ou telle de ces trois religions selon les époques, ce centre géographique et spirituel nous rappelle que tout émane de lui et que tout revient vers lui. Ainsi chaque croyant part d’un même point et y retourne; chaque religion est une voie propre qui ramène pourtant au même point(les pèlerinages, le vrai jihad)…il en va de même pour chaque initié.

Comme je l’ai dit en préambule, la recherche du centre et sa réintégration préfigure le sens de toute quête initiatique. Tel est le sens du retour de l’homme primordial, l’Adam primordial chez les chrétiens, qui a chuté du monde de l’esprit (paradis/l’Eden) dans le monde de la matière et de l’égo. L’Eden est donc le symbole de l’unité retrouvée, de la sagesse accomplie, l’éveil de l’initié : l’Eden est la terre sainte chez les musulmans, ou encore le Nirvana chez les bouddhistes.

La démarche initiatique consiste donc à faire ce voyage retour vers son centre, voyage dont le trajet n’est pas inconnu mais simplement oublié. Le chemin vers la sagesse ne peut s’opérer que par la transmission de celui qui « sait » envers celui qui a « oublié ». Voici tout l’intérêt de la voie et du chainage initiatique; seul, rien n’est possible.

Nous l’avons vu, en partant de récits et mythes cosmogoniques traditionnels en passant par la cosmologie, de l’échelle la plus grande à la plus petite, tout tourne autour d’un axe, d’un centre. Mais si l’initié ou le croyant doit réintégrer son propre centre, où peut on situer ce dernier au sein de l’homme lui-même ?

On situe généralement ce centre spirituel au niveau du cœur, siège de l’âme. Il contient en son sein la porte d’accès à l’essence de la vie, la vérité ontologique, à l’unité spirituelle primordiale : ne parle-t-on pas de voie du milieu ?

La tripartition chrétienne évalue l’unité d’un individu en son esprit, son âme et son corps. Le cœur étant le siège de l’âme, il occupe une place centrale entre les deux autres. S’il y persiste des déséquilibres, passions pour les chrétiens, vices et métaux pour le maçon, l’ensemble s’en trouve aussi déséquilibré et la voie vers le centre reste occultée par un indicible voile. Ainsi s’explique la démarche de l’initié ou du croyant qui devra lutter contre les maladies de l’âme que sont l’égo, la cupidité, l’instabilité psychique et les passions déréglées. Le cœur est donc la cavité où doit régner l’harmonie et l’équilibre.

Sans rentrer en détail dans le symbolisme lié au christ et à sa croix qui relève de degrés supérieurs, le cœur est le siège de « l’amour » : non pas l’amour vu sous l’aspect humain (rapprochement homme -femme, sexualité etc..) mais l’amour, état véritable de sagesse, d’équilibre et d’harmonie symbole de réintégration accomplie du sage en son centre baigné de lumière. Notons que René Guénon différencie religion et voie initiatique dans le sens où la première attribue le salut à l’âme des défunts tel St Michel pesant le cœur et l’âme du mort (psychostasie que l’on retrouve dans d’autres traditions, égyptienne notamment), alors que la seconde amène à l’éveil des vivants.

Après avoir appréhendé la notion de centre et de reliance à travers la tradition primordiale d’où qu’elle vienne et peu importe la voie choisie, voyons dès à présent comment la méthode maçonnique permet à l’initié d’aller à la recherche de son propre centre.

2° mise en place de la reliance par la recherche du centre dans la méthode maçonnique

La méthode maçonnique enseigne une spiritualité construite sans dogmatisme; selon les rites, elle puise ses sources mythiques dans l’ancien et le nouveau testament, la mythologie égyptienne, l’hermétisme etc…Au cours de son existence et selon les époques, elle s’est également nourrie de très nombreux courants philosophiques ; ainsi la richesse des décors peut en témoigner ce soir. Sans tomber dans un syncrétisme forcené, chaque FF :. Ou SS :. est libre de construire sa propre spiritualité en s’abreuvant de toutes les traditions. D’ailleurs, pour René Guénon dans « La crise du monde moderne », toutes les voies sont valables dans le sens où elles rejoignent « la tradition primordiale ».

Cosmogonie du centre au REP:

La loge est un espace sacré dont la référence mythique est le temple de Salomon où comme dans tous les édifices sacrés se rejoue à chaque ouverture des travaux le grand œuvre, la création de l’univers et l’apparition du miracle de la vie. Le livre sacré choisi est la bible (le REP a été « importé » par les Stuart exilés en France en 1688) ouverte sur le prologue de l’évangile selon St Jean, prologue ayant une portée ésotérique et symbolique des plus abouties et un sens très particulier en regard des autres évangiles. A chaque tenue donc, du chaos primordial nait l’univers par la dispersion et le « rayonnement » de la lumière originelle. Du centre primordial indéfini et sans dimension, la lumière est !

Comme dans toutes les traditions solaires, le soleil qui se lève à l’orient et se couche à l’occident rythme la vie spirituelle de l’initié en loge. En dehors de l’espace et du temps profanes, chaque initié est amené de midi à minuit à travailler sur ce chantier à la fois gigantesque qu’est le temple Salomon (et de l’humanité) et minuscule qu’est son temple intérieur. Avant de rentrer en loge donc à l’intérieur de soi même, le FF :. TER :. demande à ce que chaque FF :., avant de passer par la porte des initiés, abandonne ses métaux et soit en état d’équilibre et d’harmonie afin de cheminer vers son propre centre. Chaque FF :. rentre alors en loge et se met à tourner autour du centre universel qu’est le tableau de loge (recouvert d’un voile noir) et dont l’axe est figuré par le fil à plomb qui part de la polaire. Cette circumambulation dextrocentrée permet de recréer le mouvement universel « solaire » et d’être en harmonie avec tous les centres, tel le pendule qui se charge d’énergie ! Ainsi permet-elle enfin au maçon de s’imprégner de la sagesse, de la beauté et de la force du centre.

Alors débutent les travaux, et le vénérable par son épée flamboyante chargée d’énergie par le soleil/centre irradie la loge de lumière aidé par les FF :. 2nd SUR :. Et 1ER SUR :. : il est en cela le passeur de lumière. Le MAI :. De CER :. Ordonne alors le hékal et allume les trois piliers sagesse, beauté et force, vision trine de l’unité dans le monde manifesté. Tout ceci se passe simultanément en loge et dans le temple intérieur de chaque FF :. Une fois le voile levé par le MAI :. de CER :., le centre lui apparait sous la forme de la représentation mentale qui devra s’imprimer en lui grâce aux symboles présents sur le tableau de loge. Encore faudra t-il maîtriser les symboles pour accéder au centre. Le symbole et sa lecture sont la clé d’accès au centre.

L’initiation au REP et le centre :

La cérémonie d’initiation a pour fonction de réordonner le profane et de le mettre en condition pour recevoir la lumière. Mais cette lumière est déjà en lui mais il l’a oubliée, c’est ce que nous explique Maitre Eckart et sa doctrine d’archétype(2) que je cite: « l’âme se rattache à l’essence divine par son point (le centre) le plus intime, où est situé son archétype éternel, désigné par le dominicain comme point central de l’âme, la « lumière » ou « étincelle ». Dès lors, notre postulant potentiel, responsable de la construction de son propre temple intérieur, est de facto un cherchant. Il cherche la lumière, prêt à une quête de son archétype, prêt à remplir le vide de son âme et mettre « tout Dieu dedans » et non « tout Dieu dehors ». Nous avons ici l’explication du bandeau que porte le profane.

Le cabinet de réflexion et la loge constituent sa matrice initiatique: tel le nouveau né, (le vieil homme est mort), le nouveau FF :. se voit raccorder au cordon ombilical traditionnel qui le ramène au centre.

Dans le cabinet de réflexion, il va entamer son premier voyage vers le centre de lui-même, c’est le fameux VITRIOL. Oswald Wirth nous dit à propos de l’initié : « l’initié pénètre dans ce qui est fermé à la masse incapable de penser par elle-même ; il ne s’en tient pas à l’endoctrinement général et veut savoir par lui-même, en redécouvrant la vérité, telle qu’elle s’est révélée aux sages, qui sont descendus eux-mêmes pour l’apercevoir au fonds du puits symbolique où elle se cache pudiquement. »

Lors des trois autres voyages visant à réordonner les éléments constitutifs de son être, l’impétrant circule en loge les yeux bandés un poignard sur le cœur; le poignard est le symbole du rayon qui va percer la cuirasse formée par l’égo et les déséquilibres de l’âme afin d’atteindre son cœur, donc son centre. Notons que c’est le frère terrible qui de sa main sur le manche du poignard guide l’impétrant dans ses voyages.

Le tableau de loge, miroir symbolique du centre

Je pense que le puits symbolique auquel fait allusion Oswald Wirth dans le paragraphe précédent est le tableau de loge qui peut être vu comme un symbole en profondeur du miroir. Tel celui qui se voit dans le reflet de l’eau, l’initié cherche à voir son « être », son soi profond dans le reflet du tableau de loge. L’image qui lui est renvoyée ne sera pas vue avec les yeux mais avec le cœur en décodant les symboles qui y sont présents. Attention donc à la «cordonnite aigue » et à l’égo: tel narcisse, il pourra se noyer dans ses propres illusions et végéter dans les ténèbres.

Le maitre de cérémonie lève le voile et le tapis de loge apparait à chacun: ayant reçu (re-su) la lumière lors de son initiation, le nouvel initié qui s’est senti aveuglé lorsque le bandeau lui a été ôté, a besoin d’une réadaptation progressive à la lumière (il va siéger sur la colonne du nord). Ainsi la FM propose-t-elle une progression graduelle. Chaque tableau de loge distille donc une représentation mentale et symbolique du centre de soi en fonction des perspectives de son grade! La clé de lecture à chaque degré se situe évidemment dans les symboles agissants qui s’y trouvent. D’où que l’on regarde et médite sur le tableau de loge (traversé par l’axe de la polaire), ce dernier se trouve au centre; il est intérieurement le centre de soi. Plus l’initié progresse dans la voie initiatique et atteint un nouveau grade, plus les perspectives de son centre deviennent précises. Le tableau de loge est donc d’après notre GM une «imago mundi». En résumé, la recherche de son propre centre coïncide et se superpose à la découverte et à la lecture du centre de la loge, lui-même diminutif du centre qui à crée le monde et la vie ».

Taille de la pierre brute et recherche du centre :

Le premier travail de l’apprenti consiste au dégrossissage de sa pierre brute dans le but d’en extirper le centre et d’arriver à la pierre cubique à pointe. Sous l’égide du FF :. 2nd :. SUR :. et de sa perpendiculaire, il va sonder les tréfonds de son être et devenir l’artisan de sa propre spiritualité. Tel un démiurge, il va chercher à dévoiler son propre centre.

Pensée-Volonté-Action ou Esprit-Maillet-Ciseau: l’intention de se perfectionner, de se rectifier va l’amener à donner avec le maillet, symbole de sa volonté agissante, un coup à la juste dose sur le ciseau symbole de l’action précise dans le discernement. Un coup trop fort et la pierre se casse, un coup trop faible et aucune transformation ne sera possible.

Le centre est donc un symbole de reliance universel commun à toutes les traditions: la quête de l’initié nous l’avons vu est de partir de son point d’arrivée manifesté sur la circonférence du cercle tracé par le compas du G.A.D.L.U pour retourner au point de départ où y été posée la pointe de ce même compas, empruntant le difficile chemin retour semé d’embûches, voilé par l’égo, le matérialisme forcené et toutes les maladies de l’âme. A l’image des poupées russes, la méthode maçonnique permet à l’initié d’empiler progressivement ses perceptions évolutives du centre mais toujours en concordance avec le centre des autres FF :. Et SS :. et bien sûr avec le centre universel: ainsi le centre de soi entre en résonance avec le centre de l’humanité et le centre de la création. Pour arriver à l’éveil, tel Thésée qui a été aidé par Ariane et son fil, il devra compter sur ses FF :. Et SS :., sur son travail et sur sa conscience à nouveau éclairée par son initiation et qui saura baliser son chemin. Ainsi, comme tous les chemins mènent à Rome, toutes les traditions d’éveil mènent au centre! Il est presque minuit, mon travail se termine ; rien n’étant figé et tout étant en mouvement perpétuel, comme vous avez avec moi tourné autour du pavé mosaïque et de son axe, vos interventions autour de mon travail vont permettre de m’enrichir et de faire en sorte que nos centres vibrent à l’unisson !

Dav.°.Dub.°.

Définitions :

(1)Cosmogonie et cosmologie : « La cosmogonie (du grec cosmo- « monde » et gon- « en­gendrer ») est définie comme un système de la formation de l'Univers. Elle se distingue de la cosmologie, qui est la « science des lois générales par lesquelles le monde physique est gouverné ».

(2)Archétype : « modèle primitif ou idéal »

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