Pourquoi les lumières sont dites « d’ordre » et pourquoi sont-elles nommées Sagesse, Beauté, Force ?
Peut-on suggérer que ces trois lumières ne font qu'une et qu'elles ordonnent un chaos ou les ténèbres?
Peut-on suggérer que ce chaos constitue le fond primitif de la création et de l’évolution sur lequel vient se « manifester » de manière intelligible à l’Homme cette fameuse lumière, ce fiat lux des origines?
Rendre intelligible à l’homme l’univers manifesté se traduirait au plan « maçonnique » en « éclairant » le carré long de la manifestation et le tableau de loge. Éclairer le tableau de loge c’est rendre lisibles et intelligibles les « éléments de langage symboliques » de l’apprenti, du compagnon ou du maître. Cette "intelligence" est graduelle suivant leur progression dans la lecture du monde et d'eux mêmes.
Éclairer le carré long du Hekal, c’est aussi faire apparaître le monde des formes. L’arrivée de la lumière dans le Hekal venant du Debhir, doit être « nommée » en substance et en essence pour exister dans le langage des hommes. Cette double nomination, ou plutôt cette qualification profonde, ne pouvait être qu’une sub-description ternaire de la lumière des origines, rendue accessible par le truchement de l'analogie comportementale. Les vertus applicables au comportement font le lien entre la substance et l’essence, entre une praxie vertueuse et doxa lumineuse.
Qualifier les lumières d’ordre en la forme vertueuse, permet de les rendre exemplaires et accessibles dans le processus d’humanisation. On voit bien se dessiner le glissement analogique d’une lumière cosmogonique vers une lumière à dimension éthique. Le franc-maçon fait du « fiat lux » un des nombreux ternaires symboliques accessibles au cherchant par l’analogie.
Pour se raccorder à la tradition des bâtisseurs antiques, il fallait faire de ces lumières qui "ordonnent" le monde des apparences, un modèle de bon comportement inspiré des sagesses antiques. Au nom de la tradition et de notre culture greco-latine nos prédécesseurs ont associé les lumières aux ordres d’architecture des temples grecs.
La grandeur et la beauté « divinisée » du temple grec s’associaient ainsi à la grandeur, à l’élan spirituel d’un homme bâtisseur de son propre Temple intérieur. Ce travail d’intériorisation et d’architecturation de la lumière est capital. Ce travail, cette orthopraxie permettent la compréhension de la double dimension matérielle et spirituelle des vertus. C’est ce procédé associatif et analogique qui permettra l’éclosion de la lumière-conscience en soi.
Les significations hautes des trois vertus, leurs essences, convergent vers un point d’intersection intérieur qui est la conscience de l’homme agissant dans un réel. Cette conscience agissante prend en compte trois notions fondamentales : 1/ soi, les autres le monde, 2/ l’origine du monde et de l’homme, 3/ le tout et l’unité.
Ce ternaire vertueux que notre F.°. va détailler à la suite, est une technique parmi d’autres, de remontée vers une source ontologique, propre à la méthode maçonnique. Il permet en outre un aller-retour constant entre l’homo sapiens et l’idée d’une unité totalisante, l’homme disposant des facultés pour agir en vue d’établir le bien, le beau et la paix… (Er.°.Rom.°.)
Le sujet de ma planche traite des trois piliers symbolisant les trois vertus : Sagesse, Force et Beauté ou, plus précisément, Sagesse, Beauté et Force au Rite Ecossais Primitif.
LES PILIERS
Les premiers piliers ont été bâtis au VIIème siècle avant J.C. selon les ordres architecturaux grecs. Les bâtisseurs ont cherché un moyen de faire des piliers à la fois forts pour soutenir le poids d'un édifice, mais surtout harmonieux, agréables à la vue.
Ils ont des proportions et dispositions données, s’intégrant ainsi parfaitement aux parties d'un monument, de manière à former un ensemble régulier.
Les trois piliers que l'on trouve en Loge du REP sont triangulaires mais se dédoublent sur le tableau de loge en trois ordres architecturaux Grecs. On notera qu’au Rite Ecossais Primitif, les Colonnettes, de formes triangulaires, sont parfaitement identiques. Ce sera leur représentation sur le tapis De Loge qui nous indiquera l’ordre architectural de chacune de ces trois « Lumières d’Ordre ».
On les nomme ; IONIQUE considéré comme le symbole de la grâce illustrée par les deux courbures qui constitue sa volute ; DORIQUE le plus ancien et l'expression la plus parfaite de l'harmonie des proportions. Il est d'une austère simplicité, puissant et robuste; et CORINTHIEN , c'est le plus beau des ordres avec un chapiteau orné de feuillage et volute.
Quand nous passons entre les colonnes J et B annonçant l'entrée du temple nous passons du monde profane au monde sacré, nous découvrons au centre de la loge les 3 piliers, disposés en équerre aux angles sur le pavé mosaïque. Ces piliers sont aussi appelés flambeaux, colonnettes ou « Lumières d’Ordre »en fonction des Rites. L’on parlera au Rite Ecossais Primitif de « Lumières d’Ordre ».
Ces trois lumières correspondent à chacun des trois principaux Officiers de la Loge. Le pilier de "la Sagesse" pour inventer, est ionique, il représente le Vénérable Maître .Celui de "la Force" pour diriger est dorique, il représente le 1er Surveillant, celui de "la Beauté" pour orner, est corinthien, il représente le second Surveillant.
Chaque pilier supporte un flambeau allumé lors de l'ouverture des travaux et éteint pour la fermeture des travaux, On pourrait parler d'un quatrième pilier, il pourrait représenter chaque frère composant l'assemblée. Personnellement ce pilier virtuel me représente dans un style encore mal dégrossi à l’exemple de la pierre que je taille. Ainsi je participe par mes propres moyens à consolider un peu plus le temple, pour le rendre plus harmonieux.
À l’Ouverture de chaque Tenue, le Vénérable Maître étant le seul Officier à détenir la Lumière, pour guider et éclairer le cœur et l'esprit des Frères en loge, il la communique aux deux Surveillants. Comment ? Par le Maître de Cérémonie qui a son tour, par ses déplacements et son action, va allumer les trois Luminaires. Suivi du Frère Terrible, il frappera le sol de sa canne à chaque invocation.
Pour allumer la première « Lumière d’Ordre », « La Sagesse », le Vénérable Maître qui gouverne et dirige, dit « que la sagesse préside à nos travaux ».
À l’allumage de la deuxième « Lumière d’Ordre », « La Beauté » il dira « Que la Beauté les orne ». Le Second Surveillant viendra alors allumer son flambeau directement auprès du luminaire « Beauté ».
Enfin, le Maître de Cérémonie allumera la troisième « Lumière d’Ordre », « la Force ». Le Vénérable Maître dira alors « que la Force les achève ». Ce sera alors au tour du 1er surveillant de venir allumer son flambeau auprès du luminaire « Force ».
Notons que, simultanément, le Vénérable Maître aura également allumé les deux flambeaux du chandelier posé sur l’autel.
Ces trois lumières brillent maintenant du haut des colonnettes, elles deviennent plus solides pour soutenir la voûte étoilée, en l'occurrence dans le temps de l'ouverture à la fermeture des travaux, et dans l'espace 'l'univers". Les trois lumières d’ordre animent littéralement le carré long, le tableau de loge et l’espace du Hékal. Cette animation fait écho à l’animation du Debhir surélevé de trois marches par le Vénérable, créant une relation de cause à effet entre le haut et le bas.
À la fin des travaux, le Vénérable Maître fait éteindre les trois étoiles. Il utilise les anciennes formules du XVIIIème Siècle que notre rituel a conservé. À la sagesse, il dit « Que ta Sagesse, Dieu Tout Puissant soit toujours en nos esprits », à la Beauté, il dit « Que la Beauté les inspire en toutes nos actions » et à la Force « Que la Force appuie nos efforts vers le bien ».
Sans le triple concours de la Sagesse, de la Beauté et de la Force, rien de parfait ne peut être créé. Ces vertus sont donc indissociables, une fois réunies, elles ne peuvent en aucun cas être déformées, si l'une d'elles manque nous serions dans le chaos, et tout le temple s'écroulerait, le ciel nous tomberait sur la tête.
Pour cela il faut que l'homme commence par se connaître lui-même s’il veut percer les mystères de notre univers faute de quoi il ne peut espérer une quelconque chance de succès. C’est en ce sens que la puissance créatrice a donné à l'homme la faculté de réflexion, de logique, et de raisonnement qui ont permis son évolution, jusqu'à l’émergence d’une conscience globale en lui.
Pour qu'il puisse acquérir LA SAGESSE l'homme doit savoir qu'elle est la base de la recherche de la vérité en utilisant la connaissance acquise :
- Apprendre la connaissance essentielle : se connaître, savoir observer, écouter, toucher, sentir, se passionner, pour être en harmonie avec soi-même.
- D'utiliser cette connaissance pour le bien de lui-même et le bien des autres : cette connaissance, il doit la partager, aider les hommes pour le bien et le progrès, d'avoir toujours un comportement irréprochable pour ses semblables.
- De transmettre cette connaissance aux autres: le savoir ne doit pas être caché, il faut le diffuser. Chacun doit pouvoir bénéficier de la connaissance pour être utile à sa vie de tous les jours.
Mais la Sagesse et la Beauté ne suffisent pas pour cela il faut LA FORCE qui nous aide a persévérer. Il nous faut construire ensemble l'édifice dans l'union fraternelle et travailler sans relâche pour une amélioration matérielle et morale des hommes, continuer à l'extérieur le travail commencé à l'intérieur du temple.
Se remettre en question tous les jours pour effacer le mal et faire le bien, Il ne suffit pas de connaître ses défauts et ses faiblesses, il faut les vaincre et de les éliminer, car des erreurs on en fait, il faut les rectifier immédiatement, ne pas les ignorer, pour retrouver cette force morale qui renforce la volonté de rechercher à faire le bien aux autres.
L'homme doit fuir le vice qui est un défaut, dire non à la tentation, aux plaisirs inutiles, aux caprices ce qui est contraire au bonheur et pratiquer la vertu qui est une qualité, la force d'une chose, c'est ce qui lui permet de bien agir, à pratiquer les vraies valeurs de sa vie.
C'est cette Force qui balaiera les obstacles et vaincra des difficultés que l'on rencontre tous les jours. On la trouvera en notre possession, dans une parfaite maîtrise. La Force, n'exécute que les œuvres conformes à la loi morale; et c'est la Sagesse, marchant de pair avec la Force, qui nous garantit qu'il en soit ainsi.
L'homme primitif, après des efforts sans relâche, n'a-t-il pas réussi à allumer un feu ? Pour moi c'est un exemple d'être persévérant, on arrive toujours au bout de nos difficultés, qui nous semblent insurmontables et cela je le ferai tant que ma force morale me tiendra debout.
Ainsi LA BEAUTE permet une esthétique associant la Sagesse et la Force. Elle couronnera l'œuvre commune de la Sagesse et de la Force en apportant à l'édifice ce qui lui manque encore; l'harmonie, l'unité, la paix, le contentement. La Beauté orne et illustre le bel ordonnancement du monde.
La connaissance de soi, œuvre de la sagesse, la maîtrise de soi, œuvre de la force, trouvent leur achèvement dans le perfectionnement de soi, œuvre de la beauté. Car la beauté réside dans la perfection et dans les efforts qui tendent à celle-ci. La tolérance, la patience, la clémence, la bienveillance, l'amour du Frère et du prochain sont à nos yeux des expressions manifestes de la beauté et de l’harmonie.
Faisons parler notre cœur pour y lire la beauté, elle est personnelle et intime chaque homme ne voit pas le concept du beau de la même manière, nos regards et nos critiques ne sont pas les mêmes, qu'elle soit physique, morale ou matériel, le regard est différent.
En conclusion, je me suis dit que l'on a 2 vies, la première, où est-elle passée?
Je cherche une réponse, je pensais avoir jusqu'à présent eu la connaissance nécessaire et suffisante pour être sur le bon chemin, en fait ce n'est que la surface de moi qui est à la lumière, à la l'intérieur de moi je suis encore dans les ténèbres -
La deuxième vie commence véritablement le jour où l'on se rend compte qu'on en a qu'une, en ayant les vertus, par la Sagesse qui guide nos pas, nos pensées, nos vraies connaissances, avec pour soutien la Force afin d’être en Beauté pour orner avec toutes les personnes qui nous entourent dans ce monde ou malheureusement la violence est présente tous les jours.
Pour cela, ces trois vertus sont avec nous de tout temps comme une lumière intérieure. Elles ne demandent qu’à rayonner, à animer notre vie, à éclairer nos pensées et nos actes. Elles sont puissances en devenir, comme des clefs qu’un Grand Architecte nous aurait confiées. Ces lumières-vertus sont des clefs qui ouvrent à la vraie vie, faut les utiliser pour apporter à l'extérieur la joie qui est dans nos cœurs, l’amour parmi les hommes et la paix sur la terre.
C.°.P.°. R L « Lune et Soleil d’Écosse » à l’O.°. d’Aix en Provence, GLSREP.