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2 décembre 2020 3 02 /12 /décembre /2020 21:09

LE PROLOGUE DE SAINT JEAN

De l'ouvrage de Paul Le Cour, nos auteurs donnent quelques notes complémentaires qui précisent la dimension ésotérique et hellénique de l'Evangile de Saint-Jean. Ces notes "éclairantes" viennent enrichir nos publications précédentes sur le Prologue.

« L’Evangile Esotérique de Saint Jean » éditions Dervy Juillet 2017

Aperçu sur l’auteur de « L’Evangile Esotérique de Saint Jean »

- Paul LE COUR (1871-1954) est le fondateur de la première société d’études atlantéennes (Sorbonne, 24 juin 1926).

- Il crée en 1927 la revue Atlantis, dont les études d’archéologie scientifique et traditionnelle, de symbolisme, d’ésotérisme et d’histoire comparée des civilisations et des religions font autorité.

- Rénovateur des traditions occidentales, il a publié de nombreux ouvrages dont beaucoup sont réédités. Outre le présent livre, les plus célèbres sont :

« A la recherche d’un monde perdu : l’Atlantide et ses traditions »

« L’Ere du Verseau : le secret du zodiaque et le proche avenir de l’Humanité »,  un best-seller.

- « Paul Le Cour... a été un des acteurs majeurs de l’ésotérisme chrétien français et de l’hellénisme ésotérique dans la première moitié du XXème siècle. »

 

Les commentaires de Jacques d’Arès (J.A.) « disciple » de P. Le Cour

- J.A. est président d’honneur du Centre européen des mythes et légendes, président de l’Académie Gérard Mourgue. Il a été le successeur de Paul Le Cour à la tête de la revue Atlantis. Il peut être considéré comme le « disciple » de P. Le Cour.

- J.A. rappelle que : « ... dans les ... années qui ont suivi la parution (en 1950) de - L’Evangile Esotérique de Saint Jean - , deux faits se sont produits :

- La publication des différents - manuscrits de la mer Morte [1] – qui peuvent remettre en cause bon nombre d’idées habituellement reçues sur les origines du christianisme...

- La publication de nouvelles traductions du Nouveau Testament,... notamment à partir des textes

originaux – le grec pour l’Evangile de Jean – et non plus à partir du texte latin de la Vulgate. Ceci pouvait avoir des conséquences importantes pour une exégèse. »

- Peu avant sa mort en 1954, P. Le Cour avait annoté le texte original de son livre. Tenant compte de ces annotations, des nouvelles découvertes de Qumran ainsi que des traductions..., J.A., a rédigé des commentaires ajoutés au texte original, texte qu’il n’a bien sûr pas modifié.

Nos notes portent notamment sur:

Le Prologue de Jean

 

L'indication - .*. ... remarque ... .*. - signale une remarque propre aux rédacteurs de ces notes.

Ces notes sont au plus près du texte de P. Le Cour ou de J.A., ce qui explique les parties en italique (texte original).

 

   Le nombre des évangiles aurait été fixé à quatre, soit ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean qui sont dits « canoniques », terme qui vient du grec κανονικός (canonikos), fait suivant les règles, régulier [κανών (canon) règle]. Les évangiles « synoptiques » sont ceux de Matthieu, Marc et Luc, dont les textes peuvent être présentés en parallèle et ainsi embrassés d’un seul coup d’œil. (Grand Dict. de la Bible). « Synoptique » vient du gr. Συνοπτικός (sunoptikos), qui embrasse d’un coup d’œil, perspicace, pénétrant. (Bailly)

   L’évangile de Matthieu était écrit en Araméen. Ceux de Marc, Luc et Jean étaient écrits en grec.

 

   L’évangile de Jean est celui des initiés, « L’Evangile Esotérique... » [2]. Il se rattache au gnosticisme d’Alexandrie « qui faisait du Logos la première émanation du Dieu suprême... le Logos servant d’intermédiaire entre l’homme et le Dieu suprême. »

 

La théogonie johannite vue par P. Le Cour part du Logos, le Christ qui est notre Dieu solaire :

- « ... le Christ est le Dieu de notre système solaire et planétaire... un Dieu, parmi ceux qui dirigent les innombrables systèmes... révélé[s] par l’astronomie... On est ébloui,... devant cette immense armée de Dieux secondaires [solaires], soumis à... la volonté du Dieu suprême. »

Le Christ est donc notre créateur, « notre démiurge ». Le Christ est le Fils soumis à la volonté du Père, le Dieu universel.

- En grec, langue des mystères, le Θ (thêta majuscule), « lettre essentielle » de Θεός (Théos) Dieu, est « un cercle avec un point central,... signe astronomique du soleil », déjà représenté ainsi chez les égyptiens. « Selon les Ecritures, notre démiurge... nous dit qu’il est la lumière et la vie, venues l’une et l’autre du soleil... qui est le cœur vivant et vibrant du démiurge... ».

 

.*. Ce préalable nous a paru nécessaire pour aborder ce qui suit .*.

 

   Le Prologue constitue les dix-huit premiers versets du 4ème évangile, ce qui l'associe au nombre neuf. Ces versets renfermeraient « les principaux éléments de la gnose johannite chrétienne. »

 

Voici la traduction du Prologue par le chanoine Emile Osty

 

1/ Au commencement était le Verbe (ὁ Λόγος, le Logos, la Parole), et le Verbe était auprès de Dieu (ὁ Θεός, o Theos) et le Verbe était Dieu (Θεός) ;

2/ Il était au commencement auprès de Dieu ;

3/ Par lui tout a paru, et sans lui rien n’a paru de ce qui est paru ;

4/ En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;

5/ Et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ;

6/ Parut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean ;

7/ Il vint en témoignage, pour témoigner au sujet de la lumière, afin que tous crussent par lui :

8/ Celui-là n’était pas la lumière, mais il devait témoigner au sujet de la lumière ;

9/ La lumière, la véritable, qui illumine tout homme, venait dans le monde ;

10/ Il était dans le monde, et par lui le monde a paru, et le monde ne l’a pas connu ;

11/ Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli ;

12/ Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu, à ceux qui croient en son nom ;

13/ Qui ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu ;

14/ Et le Verbe est devenu chair, et il a séjourné parmi nous. Et nous avons contemplé sa gloire, gloire comme celle que tient de son Père un Fils unique, plein de grâce et de vérité ;

15/ Jean témoigne à son sujet et il crie : « C’était celui dont j’ai dit : Celui qui vient après moi est passé devant moi, parce que avant moi il était. » ;

16/ Car de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce sur grâce ;

17/ Car la Loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ;

18/ Dieu personne ne l’a jamais vu : un Dieu, Fils unique qui est dans le sein du Père, celui-là l’a fait connaître.

 

   Premier enseignement : « Le Logos, le Christ créateur de notre système solaire, n'est pas le Dieu universel, le Dieu tout-puissant,..., mais le Dieu des religions solaires, le démiurge intermédiaire entre l'Homme et Dieu. » C'est la distinction faite dans le Prologue, « entre le Dieu suprême désigné par - ὁ Θεός - (le Dieu) et le Logos, qui est seulement - Θεός - (un Dieu). »

 

   En 325, le concile de Nicée proclame « la divinité du Christ... L’Eglise ayant ainsi déifié le Christ, en fit la seconde personne de la Trinité - le Fils unique de Dieu - de même nature et partageant sa toute puissance, alors que les déclarations du Christ établissent, entre lui et Dieu, une différence essentielle... Les imperfections de la création et l’existence du mal montrent bien que [le Christ] ne participe pas à l’omnipotence divine. »

 

   Le Christ serait « Fils de Dieu » et « Fils unique » (versets 14 et 18). Toutefois, on s’étonne qu’il soit considéré comme « le Fils de Dieu », car d’autres créatures ont « l’étincelle divine de l’esprit » en elles ... car « tous les démiurges, créateurs de systèmes solaires et planétaires sont des - Fils de Dieu - »  C’est pourquoi Etienne Dolet voulait remplacer l’expression « Fils unique de Dieu » par « Fils du Dieu unique », proposition hérétique selon l’Eglise (et rejetée par les théologiens).

   Les juifs reprochent au Christ de « se faire Dieu » (Chap. 10, 34)... suit la réponse du Christ :  « N’est-il pas écrit dans votre loi : vous êtes tous des dieux ? ».

   Le prologue énonce au verset 12 : « il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu, à ceux qui croient en son nom ;... » En conséquence, « ... l’expression - Fils de Dieu - n’a pas de caractère exclusif. »

   L’Evangile désigne également le Christ comme « Fils de l’homme ». C’est « le problème de sa double nature. » Le Christ « n’aurait été qu’une créature privilégiée ».

 

Le Logos et la « Grâce »

 

ΛΟΓΟΣ est l'écriture grecque en majuscules de « Logos ». Les consonnes radicales Λ et Γ présentent respectivement l'aspect du compas et de l'équerre. « Ce sont là, selon les francs-maçons qui recherchent la parole perdue, les deux instruments du Grand Architecte de l'Univers... »

 

 

Λ o Γ oς

(LoGos)

 

Λ et Γ présentent respectivement l'aspect du compas et de l'équerre

 

Le Logos, le Verbe créateur, se retrouve exprimé avec force dans l'Evangile de Ioan :

- « le Logos est la lumière et la vie ». Ici « germerait » l'idée de la création de la vie, née dans la mer, de la semence d'Ouranos (Aour, la Lumière).

- Le Logos est aussi la lumière de la vérité, opposée aux ténèbres : « la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. » (Ioan I, 17)

- « Comme la lumière du soleil, la vérité se sent et n'a pas à être démontrée. »

 

   Au verset 17 du Prologue, le mot Χάρις (Charis) ou ΧΑΡΙΣ en majuscules, a été traduit par « grâce ». Charis ferait partie des mots qu'il ne faut pas traduire afin de ne pas altérer la signification, car ce mot serait en relation avec les mystères chrétiens.

.*. Notons ici que les consonnes Χ (khi, soit Ch en français) et Ρ (Rhô, soit R en français) sont constitutives de ΧΑΡΙΣ et se retrouvent dans le Chrisme. (voir page suivante)  .*.

 

Le(s) Chrisme(s) [4]

 

Les formes les plus connues du chrisme sont le monogramme du Christ et le chrisme constantinien.

Monogramme du Christ en haut et  Chrisme Constantinien en bas
Monogramme du Christ en haut et  Chrisme Constantinien en bas

Monogramme du Christ en haut et Chrisme Constantinien en bas

- Le monogramme du Christ comporte un Ι (Iota) et un Χ (Khi ou Chi), initiales de Jésus Christ en grec. Parmi les nombreuses significations, on le considère aussi comme « le schéma symbolique de l’observation rituelle du soleil... Ce chrisme dissimule en réalité le plan des plus anciens temples solaires ».

.*.  Par ce monogramme, le Christ est associé au culte solaire, culte du « Sol Invictus » (Soleil Invaincu) dont l’Empereur Constantin aurait été le Grand Prêtre avant sa « conversion »  .*.

 

- Le chrisme constantinien est composé des lettres grecques Χ (Khi) et Ρ (rhô), les deux premières lettres de ΧΡιστός (ChRistos). Une telle croix serait apparue dans les airs aux troupes de Constantin lors de la bataille contre Maxence sous les murs de Rome ; la victoire de l’empereur décida définitivement du christianisme comme religion officielle.

.*. Serait-ce sous le signe de la « grâce » de Dieu inscrite dans le chrisme, que cette victoire aurait eu lieu ? .*.

 

La conception du Verbe créateur viendrait de sources lointaines

 

- Parlant du Verbe, le Prologue ferait allusion à la hiérologie, ancienne science sacrée qui serait devenue la kabbale chez les juifs. La science du Verbe serait « un des moyens d’Accès à la connaissance des manifestations du démiurge. »

- « Que la lumière soit ». Selon Moïse, cette parole de Dieu aurait créé la lumière. « La doctrine du Verbe créateur existait chez les égyptiens... c'est là sans doute, que Moïse l'a trouvée... ».

.*. Cette hypothèse est vraisemblable puisque selon les Actes des Apôtres 7, 22, « Moïse fut instruit dans toute la sagesse des égyptiens » .*.

« De nos jours, la puissance de la parole s'est multipliée par l'imprimerie, la radio et la télévision, et jamais comme maintenant n'ont pu se propager les erreurs et la vérité... ».

.*. Rappelons ici que ces lignes furent écrites vers 1950... .*.

 

Qu'est-ce que le Verbe ?

 

   P. Le Cour évoque le langage et l’usage de substantifs (substance des choses), de verbes et d’adjectifs pour former les phrases. De ce point de vue, la phrase serait une manifestation trinitaire du Verbe, action créatrice utilisant le Père (substance principe) et l’Esprit (les qualités). Ce concept trinitaire se retrouverait dans l’accès à la connaissance hermétique (Astrologie, Hiérologie ou science du Verbe, Alchimie ou science de la substance principe), et, plus généralement, dans la pensée métaphysique.

   Selon J.A., au verset 1, comme les autres traducteurs, le chanoine Osty écrit « Au commencement... »  au lieu de « Dans le Principe... » seule traduction correcte du grec Eν Aρχή (En Archê), « pour tenter de définir Dieu indéfinissable avant le Fiat Lux ou le big bang, caractérisé par une vibration initiale, manifestée par le Verbe... Ce serait l'origine de « nombreuses fausses traductions. »

 

   Mais quid du verbe « être », très présent dans le Prologue ?

Couramment, « Je marche équivaut à dire : je suis marchant... il travaille : il est travaillant »… Ainsi « être » serait contenu dans « tous les autres verbes », caractérisant l’existence. Mais on attribue à Dieu l’expression « Je suis Celui qui suis » (Exode III , 14). Parlant de Dieu, on dit seulement, « il est ». « Etre... est un verbe-principe. »

 

.*.  Alors ?... « Au commencement était le Verbe » ? ... ou, « En principe était le Verbe » ?

Cette dernière traduction nous paraît contenir la notion de substance principe .*.

 

Le baptême

 

.*. Considérant les versets 12-13, … .*.

12/ Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu, à ceux qui croient en son nom ;

13/ Qui ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu ; .*. ... nous croyons pouvoir relier ces versets au baptême .*. 

Voici ce que P. Le Cour dit du baptême.

 

   « Baptême » vient du gr. βάπτω (bapto) plonger, immerger. Dans l’antiquité, le baptême était une immersion totale dans l’eau, par trois fois chez les Esséniens. Après une préparation, le baptême était donné à des adultes et « représentait la purification nécessaire pour être admis dans la communauté. » Dans l’église chrétienne d’origine, au baptême serait associé le rite de l’imposition des mains ; on peut se reporter à Jean-Baptiste dans Ioan I,33 et St Paul dans Actes XIX, 1 , 6. Le baptême ne serait « qu’une affiliation extérieure,... l’imposition des mains confère les dons supérieurs. » Dans Actes II, 4, les langues de feu qui se posent sur chacun des douze apôtres, seraient « une sorte d’imposition des mains divines. » Les apôtres procéderont par la suite eux-mêmes à des impositions des mains. Rappelons que les cathares, attachés au christianisme primitif, pratiquaient l’imposition par les parfaits [« Cathare » est directement issu de l’adjectif grec καθαρός (catharos) pur...)]

 

   Le baptême de Jésus « est symbolisé par la descente sur lui d’une colombe. » La colombe, Ionah en hébreu, serait à rapprocher du grec Ion (ἴον), violet, couleur de la spiritualité ; elle symboliserait l’Esprit (Une colombe était déjà descendue sur Marie, lors de la naissance de Jésus). « On a dit :

C’est l’Esprit Saint », l’Esprit du Christ qui se serait substitué à celui de Jésus. « Alors commença la mission du Christ, laquelle dura trois années....

   Jusqu’au baptême, c’est Jésus fils du charpentier, choisi pour sa valeur spirituelle pour être le tabernacle du Christ ; à partir du baptême, c’est le démiurge solaire, venant instruire les hommes... » A partir du baptême, le terme « Jésus » doit être remplacé par « Christ » ou « Jésus-Christ ».

.*. Jésus, par le baptême du Jourdain, devient le « Fils... de Dieu ». Jésus, déjà né du sang, naît de Dieu par le baptême. Selon P. Le Cour, à l’issue du double baptême (dans l’eau puis l’imposition des mains... ou baptême du feu pour les Apôtres) l’homme naîtrait de Dieu...  .*.

 

Ioan, le porteur de lumière

 

   Selon P. Le Cour, « la véritable personnalité de Lucifer [5] avant sa chute [serait] en réalité Ioan le détenteur du Graal formé d’une émeraude. » Il y aurait une confusion quasi-permanente entre Lucifer, porte-lumière avant la chute et Satan, résultat de cette chute. Lucifer qui porte la lumière est en fait l’initiateur des hommes.

   Ce point de vue serait issu d’une légende qui « repose surtout sur un texte bien imprécis d’Isaïe. »

 

.*.  Le concept de « Ioan-Lucifer » parait sous-jacent dans les versets 6, 7, et 8 du Prologue  .*.

6/ Parut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean ;

7/ Il vint en témoignage, pour témoigner au sujet de la lumière, afin que tous crussent par lui :

8/ Celui-là n’était pas la lumière, mais il devait témoigner au sujet de la lumière ;...

.*. Si Jean Le Baptiste annonce la Lumière, Jean l’Evangéliste, « envoyé de Dieu », témoigne de la Lumière qu’il a reçue en devenant apôtre.  En l’occurrence, témoigner, c’est « Faire paraître par ses paroles ou ses actions » (P. Larousse)... la lumière .* .

 

.*. MMSSFF, soyons tous des porteurs de lumière, mais évitons la chute ! .*.

 

Notes complémentaires de Tha.°. Coq.°. et Elt.°. Bia.°. - R.*.L.*. R.°.L.°. « Les Ecossais de l’Hermione ».

L'article sera repris dans la Revue Du Maçon N° 17 à paraître.

 

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

 

 

 

Renvois [1] à [5]

 

[1] Manuscrits de la mer Morte : Entre 1951 et 1956, le site de Qumran fait « l'objet de fouilles massives, orchestrées par le Jordan Department of Antiquities, l'Ecole archéologique française et le Palestine Archeological Museum (sous la direction de G.L. Harding et du père R. de Vaux) ». Les érudits responsables de ces recherches ne sont pas indépendants ... « De fait, après leur découverte, plus de la moitié des huit cent manuscrits exhumés ne [sera] pas publiée pendant plus de quarante ans. La communauté intellectuelle [sera] outragée par cette occultation sans précédent d'une connaissance qui aurait du être publique. »

A la lumière de ces textes enfin disponibles, il semble qu'il existe « un grand nombre de variantes [de l'A.T.] et que le texte [de la] Septante n'est que l'une d'elles » (La Septante est la première traduction en grec de la Bible).

(Cf. « La Clé d’Hiram - C. Knight et R. Lomas – p 295-298, J’Ai Lu)

 

[2] « L’Evangile Esotérique... »

- Evangile vient du gr. Εὐαγγέλιον (euaggelion), récompense, actions de grâces ou sacrifice offert pour une bonne nouvelle, ... Par la suite, au sens chrétien, « la bonne nouvelle », c. à d. la parole de J. C., NT. Matth. 4, 23, etc. ; Marc. 1, 1, etc. ... d’où évangile, εὐάγγελος (eu-aggelos).

[« εὐάγγελος » est composé de εὐ « bien » et de άγγελος « qui apporte une nouvelle, messager, messagère » (→ ange)].

L’évangile serait donc une « bonne nouvelle ».

- Esotérique, vient du gr. ἐσωτερικός (ésotérikos), « de l’intérieur », c. à d. de l’intimité, réservé aux seuls adeptes, dérivé de l’adverbe ἔσω (eso), variante de εἴσω (eiso), « à l’intérieur ». Le terme substantivé a désigné les partisans de la doctrine de Pythagore.

« L’Evangile Esotérique » serait « une bonne nouvelle réservée aux initiés... »

   L’adjectif – ésotérique - est introduit en français au XVIIIème s. comme terme de philosophie pour qualifier l’enseignement professé au sein de certaines écoles de la Grèce antique, réservé aux seuls initiés... Par extension, il se dit de connaissances qui se transmettent par tradition orale à des adeptes initiés...

- Par opposition à « ésotérique », le terme « exotérique » est utilisé à partir du XVIIIème s. pour des doctrines, notamment philosophiques, enseignées en public, vulgarisées.

(Cf. Bailly et Dict. Histor. De la Langue Fr. - Rey)

 

[3] Le démiurge

- Du gr. Δημιουργός (démiourgos), litt. l’Artisan, poète de l’Anthologie,... Le mot serait composé de δήμιος (démios) public [ou δῆμος (démos) peuple] et ἔργον (ergon) action, travail. (Bailly)

- Chez les philosophes grecs, en particulier chez Platon (Timée) : le dieu ou le principe organisateur de l’univers...

(Dict. de la Langue Philo. de Foulquié et St Jean)

 

[4] Bibliographie :

- Introduction au monde des symboles, par les bénédictins G. de Champeaux et S. Sterckx, Edition Zodiaque, 1966.

- Le Secret des Cathares par G. de Sède, collection L’aventure Mystèrieuse n° A316, Edition J’Ai Lu, 1974.

- Le Monde Secret des Croix – C. Nimosus.

[5] Lucifer: « signifie - le porte-lumière - (en latin), phosphoros (φωσ·φόρος) en grec. » Selon « … la tradition judéo-chrétienne,... Lucifer... avait pour couronne une émeraude... [il] était le plus brillant des anges, en révolte contre Dieu... il fut précipité... au fond des enfers... » (P. Le Cour).

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25 novembre 2020 3 25 /11 /novembre /2020 21:37

PYTHAGORE: vers la modélisation harmonique du réel

Le franc-maçon se conduit dans la vie suivant les trois lumières qui ordonnent et font vivre son tableau de Loge. L’image parfois idéale qu’il peut avoir du monde vient de ce qu’il le contemple et y agit porté par la Force de l’élan vital, par la Sagesse de son jugement et par la Beauté harmonisante du geste créateur et transformateur. Ces vertus comportementales sont en interactions permanentes, évitant par leur triangulation de laisser place à l’opposition, pour constamment œuvrer dans la complémentarité et la verticalisation du regard.

Une triangulation de l’invisible par le visible

Disposées en triangle rectangle, les trois lumières d’ordonnancement du réel sont reliées par le principe harmonique né du triangle rectangle de Pythagore. Si le carré est toujours visible, la racine du carré est invisible. Ici le carré de chaque côté, c’est-à-dire la matérialité visible de chaque côté, pris dans leur somme donne le réel visible, alors que la racine carrée « invisible », est l’origine du lien qui unit les deux cotés visibles. Cette « racine carrée » invisible est l’hypoténuse, étymologiquement « ce qui sous-tend » ! Comme pour l’équerre du Vénérable qui a deux côtés inégaux visibles, la mesure du côté invisible va naitre de la complémentarité des deux côtés visibles. Ces côtés visibles matérialisés « au carré » produisent une somme dont on cherche la valeur cachée, souterraine, à savoir sa racine. On voit bien que le théorème, traduit en langage symbolique, donne au réel sa profondeur, profondeur invisible au profane qui ne distingue dans le nombre qu’un simple outil de computation.

Equerre du Vénérable Maître

Equerre du Vénérable Maître

L’hypoténuse est « ce qui sous-tend ».

Nous y voici : le principe harmonique né de l’ordonnancement du cosmos allie le réel apparent et donc sensible et sa partie racinaire invisible, mais intelligible pour le « mathématicien » au sens pythagoricien ou platonicien. C’est donc la partie voilée de ce théorème qui nous intéresse. Cette part invisible est initiatique, car elle révèle l’hypoténuse et la manière de la « nombrer » dans un rapport harmonique avec les deux côtés visibles. L’hypoténuse est ce qui « sous-tend » un rapport entre deux termes complémentaires dans leurs directions et proportions. Donc l’harmonie et le beau s’appuient sur un rapport de proportion du visible qui suggère une profondeur esthétique unifiante. Il en est ainsi des colonnes (dorique, ionique corinthien) qui ne peuvent avoir d’autres proportions « académiques » qu’en regard du style décoratif défini. La proportion (hauteur et circonférence) s’associe à un décor de « style » uni par un troisième terme (hypoténuse) qui harmonise. Ce rapport triangulaire entre deux côtés visibles d’un triangle se rencontre à l’intersection de leur direction (raison commune) et sont conjoints dans leur extrême raison par l’harmonie (hypoténuse). L’hypoténuse unit les différences.

Triangle Isiaque

Triangle Isiaque

(Ci-dessus: le triangle isiaque illustre symboliquement le pouvoir harmonique de l'hypoténuse:  le côté 3 (esprit) et le côté 4 (matière) sont unis par le nombre de l’Homme (5). Horus (5) est l’enfant « ailé » appartenant au monde terrestre et céleste né d’Isis (4 la Terre) et Osiris (3 le Ciel).)

Tout carré long ou carré double, porte obligatoirement un rectangle pythagoricien de dimensions 3X4X5. Dans un carré long 1X2 [de 1 (La lumière) sur 2 (Soleil et Lune)], on va reproduire un rapport harmonique afin de rétablir un carré long soumis à ce rapport caché (Sagesse, Force et Beauté). L’image éclairée par cette équation « éthico-philosophique » sera un Tableau de loge « éclairant ». Le rapport harmonique sera appelé nombre d’or par double projection sur l’hypoténuse. Cette hypoténuse sera la diagonale qui "révèle" l’image ou la proportion comme un miroir.

Triangle rectangle - carré double et nombre d'or - diagonale miroir

Triangle rectangle - carré double et nombre d'or - diagonale miroir

La vibration de l’image par « ce qui sous-tend ».

L’image produite et ressentie, vibre d’une harmonie cachée dont il faut chercher l’hypoténuse (le nombre, la proportion qui sous-tend).

C’est le Nombre qui ordonne tout selon Pythagore. Le Nombre est aussi figure géométrique, et vibration : couleur, rythme et répétition (musique). S’engage derrière le Nombre et le jeu des proportions une série de correspondances. Notre recherche portera sur la mise en scène du Nombre relativement à son expression plastique donnant au motif géométrique représenté, une vibration, un effet qui excite notre capacité à voir au-delà de l’apparence. Cette mise en scène prendra en compte l’identification du nombre à la figure géométrique dans sa proportion son rythme. Si nous connaissons le point d’intersection des deux termes (raison commune), il nous reste à définir ce qui unit les extrêmes raisons (ce qui conjoint leur(s) différences). Nous avons toutes les raisons de croire que c’est la vibration qui unit les termes différents dans une harmonie. En effet le rapport de proportion est un rapport harmonique qui fait naitre le nombre d’or, l’harmonie dans la musique et l’harmonie des sphères. Cet aspect vibratoire né de la forme plastique ou géométrique, de la matière comme de la couleur, du rythme et de la répétition, sont unies par la vibration qui résonne en nous. C’est donc en l’Homme (5), par sa perception du sensible et de l’intelligible que l’esprit (3) et la matière (4) se conjuguent en formes esthétisantes, en  correspondance et analogies.

Tout ce qui précède donne une idée de l’intervention de « ce qui sous-tend » l’apparent et le rend harmonieux. Le rapport de proportion entraînant une consonance pour ne pas dire une résonnance vitruvienne entre la partie et le Tout, fait que l’image, l’icône ou la sculpture vibre à nos yeux. L’image devient expérience phénoménale sensible et intelligible.  Le géographe Pausanias rapporte au II-ème Siècle que la statue du chasseur Actéon fut enchainée tant sa plastique sculptée par Charon donnait l’impression d’être « vivante », au point que ses chiens pensant voir leur maitre venaient se coucher à ses pieds. Voilà ce que peut être l’image phénoménale née des mains de l’artiste. Cette résonnance entre la partie et le tout né des ressorts secrets de sa beauté, se déploiera non seulement sur l’objet représenté, mais aussi à son interprétation psychique, éthique voir métaphysique.

Ainsi la Géométrie issue du Nombre porte l’ouverture à l’intelligible au phénoménal qui dépasse le sensible apparent par le truchement des proportions, vibrations, analogies et correspondances.

E.°.R.°.    T.°.  "Les Ecossais de Janas"

 

1 /La modélisation harmonique et l’art optique contemporain


Le sensible associé au Nombre et à la proportion surinterprète le réel. L’art optique transforme les deux dimensions d’un plan en trois dimensions et plus, grâce à la notion de déplacement, de cinétique et d’instabilité de l’image…On va tenter de jouer sur trois critères qui sont la reproduction du motif (pavage), l’instabilité de l’image par effet d’optique qui donne non seulement un rythme, un mouvement, mais aussi une vie à l’œuvre.
La Tetractys continue à travailler l’imaginaire contemporain 2500 ans     après son apparition avec Pythagore, le nombre et la musicalité apparaissent en peinture avec Vasarely. 
Des correspondances sont recherchées entre l’art plastique et la musique à savoir : 
- le phénomène vibratoire (couleurs et sons sont des longueurs d’onde fonctionnant sur le principe harmonique cher à Pythagore).
- l’occupation de l’espace et du temps via la perspective et la profondeur du champ relativement au motif représenté, appelé modèle ou module d’architecture ou encore tracé régulateur
- la parenté entre la programmation de l’œuvre plastique fondée sur le nombre et la forme ou la couleur répétée et la partition musicale,
– rythmes : répétition, variation, développement, recherche d’équilibre 
Tout se joue sur le mode de fonctionnement de notre perception (ambiguïtés et illusions perceptives, illusion de la proportion parfaite par le nombre d’or). L’art pictural devient programmable sous l’influence de Vasarely.
Selon Denise Demaret-Pranville professeur de mathématique et plasticienne : « Il y a deux façons différentes de rencontrer les mathématiques dans le domaine de l’art, soit comme un outil aidant à la création d’une œuvre, comme, par exemple avec l’utilisation de la perspective, soit, au contraire, lorsque l’artiste choisit de prendre des objets mathématiques comme sujet, ce qui est très présent dans l’art géométrique ou dans l’art fractal. On peut dire que, dans le premier cas, les mathématiques constituent un outil au service des artistes, et que, dans le second cas, les mathématiques deviennent un sujet de l’art. » 
F.°.R.°.

 


2/ Du pavage au Module


Nous abordons l’art du pavage qui est par nature un art artisanal et non pas libéral.
Notre pavé mosaïque est un carré multiple et contrasté avec un effet dynamisant qui valorise une image centrale appelée Tableau ou Tapis de Loge. Vasarely va développer la technique du contraste pour en faire un art optique et géométrique. Le franc-maçon retiendra que l’effet optique donne à l’objet représenté une apparence de relief ou de mouvement. On peut donc trouver dans une image plane en 2 dimensions une « impression » optique d’une autre nature. Il y a donc plusieurs couches dans la représentation du monde : le réel simple (plan), le réel ressenti (effet relief) et le réel profond (effet mouvement). Le réel est donc un phénomène, c'est-à-dire un réel ressenti ou intuitif de ce qui est donné à voir…L’objet secret de l’œuvre d’art ultime est de dépasser les trois dimensions (Ligne, Plan, Volume) pour atteindre la fameuse profondeur du réel que recherchait Saint Bernard, c'est-à-dire la dimension qui dépasse la représentation même pour atteindre la fulgurance du Verbe originel. Cette tendance recoupe la notion de Chef d’œuvre qui donne à la forme une dimension qui dépasse ses simples contours, car ceux-ci sont dépassés ici par l’effet optique. 
Qui dit optique dit miroir : les anciens disaient qu’on ne voit la totalité du Ciel que dans le reflet porté par un miroir. L’œuvre d’art optique est donc par sa nature même une représentation d’une réalité ayant plusieurs « point de vue » suivant notre capacité à voir le réel profond. On peut en dire autant de la lecture d’un texte sacré ou hermétique qui par sa nature même offre plusieurs niveaux de lecture.
Vasarely est un Grand Maitre dans l’art de donner à voir.
VASARELY fait largement usage de la géométrie par l’alternance du fond et de la forme en un jeu de combinatoire répétitive du pavage, et, par une perspective contradictoire liée à l’axonométrie, en travaillant sur l’axe vertical, horizontal ou diagonal (telle une croix « tridimensionnelle ») il crée un effet en 3D appelé « art optique ». Part la perspective dynamique d’une trajectoire, l’artiste crée l’effet, l’illusion de la 4ème dimension « l’art Cinétique ».                      

 

Effet cinétique: carré et trapèze

Effet cinétique: carré et trapèze

(Modélisation de l’auteur, le carré plan devient trapèze par effet relief inhérent au mouvement, au changement de « point de vue ».)
       


La notion de répétition est cousine de la notion mathématique de symétrie. « Le rythme est au temps ce que la symétrie est à l'espace », écrit Francis Warrain. Dans un tableau de Vasarely, la symétrie peut aussi prendre le visage des symétries propres à certaines figures géométriques, tels l'hexagone ou l'octogone.
 

Superposition du cube sur une cube - effet optique

Superposition du cube sur une cube - effet optique

(Modélisation en trompe-l’œil part l’auteure, il s’agit superposition du cube sur et dans l’hexagone, à partir des motifs Vasareliens. Ici on voit parfaitement que l’effet optique assimile le cube en perspective à l’hexagone et inversement. On ne serait dire si le petit cube est en relief ou en creux sur l’hexagone. La forme par effet d’optique est instable comme le vivant.)


On appelle « pavage du plan » l’ajustage de polygones de formes différentes couvrant une surface plane, sans interstice ni chevauchement. Ces arrangements sont périodiques ou non-périodiques, comme celui-ci, composés de deux polygones seulement : c’est un pavage de type Penrose, qui a ouvert la voie à la compréhension des substances appelées quasi-cristaux. 
 

Effet optique avec pavage de deux types de trapèzes

Effet optique avec pavage de deux types de trapèzes

(Analyse structurelle d’un motif de pavage Vasarelien fondé sur le pavage de la surface avec deux types de trapèzes. On perçoit les variations de points de vue créant une vibration dans l’art optique)


À travers les siècles, des artistes du monde entier ont eu recours à la science du pavage pour réaliser de superbes assemblages décoratifs en forme de mosaïques, sur des parquets, des tableaux ou des panneaux muraux.
Aussi dans le monde naturel, le pavage apparaît sur toutes sortes de surfaces : la carapace d’une tortue, les écailles d’un poisson, les cellules de notre peau :  « Le Grand Architecte de l’univers à tout réglé avec mesures, nombres et poids… »
Alors si les molécules d’un solide sont ordonnées ou cristallines (la glace, les diamants, le sel de table…) nous parlons de symétrie de la nature (symétrie du grec sumetria : avec mesure)  

 

3/ Modélisation harmonique et la répétition à l’infini


Nous abordons la mathématique de la répétition qui est un art libéral au sens propre. Nous passons de l’aspect sensible du nombre et de la forme à la reproduction du motif modulaire, moins par la main de l’artisan (pavage reproduction exogène) que par le motif lui-même (reproduction endogène). 
Notre vision se laisse entrainer par notre cerveau qui parfois suit une logique de l’apparence qui nous trompe. Nous avons du mal à définir ce qui sous-tend la représentation et nous laissons enfermer dans l’apparence. Ici la répétition est endogène et ne sort pas du cadre prescrit.

 

Triangle de Penrose

Triangle de Penrose

Ici le motif géométrique se reproduit sur lui-même en effet trompe-l’œil. Il s’agit du triangle de du mathématicien Penrose.
Autre effet trompe-l’œil bien connu est ce cube tel qu’exposé par Merleau-Ponty dans « Phénoménologie de la perception » édition Gallimard Paris 1976. Sur cette représentation d’un cube, on peut se demander qu’elle est le premier plan : le carré ABCD ou EFGH ?

 

Cube de Merleau-Ponty - déterminer le 1er plan

Cube de Merleau-Ponty - déterminer le 1er plan

Nous avons aussi une répétition séquencée dans l’art fractal, mathématique par sa nature. Le motif se reproduit par lui-même, il est donc endogène, mais se développe hors du cadre premier mais prenant "racine" sur son module de base.
Nous le retrouvons dans l’arbre de Pythagore qui est l’illustration du théorème de Pythagore sous forme géométrique. Il est composé uniquement de carrés (le nombre 4) et de triangles isocèles rectangles (le nombre 3), et sa construction se fait avec la règle graduée, l’équerre et le compas. 

 

Les deux arbres de la fractale pythagoricienne

Les deux arbres de la fractale pythagoricienne

(Arbre développé à partir d'un triangle isocèle issu de la pierre cubique à pointe et arbre suivant triangle rectangle du VM en 3-4-5. On notera que tout part du triangle dit de Kepler : qui selon Sudarskis  associe le théorème de Pythagore et le nombre d’or par la figure construite à partir du rectangle d’or (parfois appelé le visage de Dieu), où les dimensions respectives des côtés du triangle sont : Φ, 1 et racine de Φ.)

 

À travers cette stéréotomie (ou art du trait) on découvre que l’équerre du VM se reproduit à l’infini. Cette reproduction peut se faire aussi à partir de la pierre cubique à pointe projetée en deux dimensions, la différence portant sur les petits côtés du triangle qui seront égaux ou pas.

 Le tracé du motif devient module ou tracé directeur « réplicable » par sa « théorie » c'est-à-dire par ce qu’il a de puissance divine (Theos) en lui. Pour le triangle rectangle, Theos se serait invité dans la deuxième clef de Pythagore :  « Dans un triangle rectangle, le carré de la longueur de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés ». Le jour de cette découverte, la légende dit que Pythagore aurait offert un holocauste de 20 Bœufs à Zeus… Cette découverte est en réalité une reprise habilement formulée de connaissances égyptienne plus clairement formulées. Pour autant la main divine dans "ce qui sous-tend" le réel s'impose  en transformant la différence apparente en complémentarité sous-jacente.

Ce "Theos" est dans l’hypoténuse comme dans le module réplicable en toute construction ! Serait-ce les prémices d'une analogie universelle fondée sur la proportion et  sur "ce qui sous-tend"? Analogie fondée sur le non apparent, mais sur l'intelligible "mathématique" ou "géométrique"?

Ce mystère lié à la reproduction-réplication du motif, crée une relation harmonique en relation avec une dimension sacrée. La géométrisation de l’espace implique une relation harmonique entre la forme née de la matière et la Lumière venue du ciel: "point de forme nommée sans Lumière". Or le Nombre est Nom à part entière qui peut être démultiplié et demeure analogique par l’enveloppement de l’Un.

Cette relation harmonique entre la forme et la Lumière est issue du savoir-faire d'Épiméthée. Ce savoir-faire est un « tour de main », autrement dit c’est « une clef » de lecture et « une clef » de réalisation. La réalisation consiste à faire entrer le concevable dans le construit. Le réel n’existe à nos yeux que par la Lumière. Le profane ne connait ni la clef de lecture (clef d’Or) ni la clef de réalisation (clef d’Argent). Cette clef est l’apanage de l’initié qui d’une part maitrise « ce qui sous-tend » (l’hypoténuse) et d’autre part ont le « tour de main »,. Ce tour de main est un secret de fabrication né de l’imitation, de la captation du secret du Theos. C’est une approche clairement démiurgique.

Donc la géométrie et l’arithmétique qui font naitre formes et proportions « analogiques » sont de nature sacrée. Le 5em Art libéral est alors une science du sacré, car la géométrie est née du rapport entre les nombres eux-même nés de la Monade pythagoricienne et de la Terre productrice des formes. Cette divine naissance donne à l’image l'harmonie et la beauté qui fascine comme elle le fait pour le temple ou la cathédrale. La géométrie sacrée est fondée sur l’arithmétique modulaire qui induit une réplication à différentes échelles et plans, d’un tracé directeur ou proportion cachée. Le module « cage dorée du Theos » devient « théorie » c'est-à-dire « contemplation du divin  et agencement du monde » repris par le Tableau de Loge éclairé par la lumière d’ordre « Beauté ». La Beauté est appelée aussi « Harmonie » lorsqu’elle sert la réplication des formes et leurs interactions, la répétition des sons, des mots, des gestes et des couleurs, ce qui est le cas en Loge ...

F.°.R.°. et E.°.R.°.    -  R.°.L.°. « Les Écossais de Saint-Jean » 

Arbre  et fractale Pythagoricienne

Arbre et fractale Pythagoricienne

(L’arbre de Pythagore, ou fractale du Theos fondée sur un module née d’un théorème)

Les illustrations numériques sur les arborescences pythagoriciennes sont tirées de l’article d’Étienne Ghys, Jos Leys — «Un arbre pythagoricien» — Images des Mathématiques, CNRS, 2013

 

4/ Modélisation harmonique et la Tetractys en loge : de l’Un au Tout en passant par l’Être.

La Tetractys est une grille de lecture du réel qui trouve sa première clef de lecture dans la puissance quasi métaphysique du point.

Nous disions précédemment que la Tetractys fondée sur le Nombre dont on tire la proportion et qui s'associe à une Tetrade (1+2+3+4) serait une "analogie universelle". On pourrait donc en retrouver la trace symbolique dans la structure même du réel. Voyons si la Loge maçonnique, lieu symbolique par nature , mais bien réel par son agencement, se prête à l’application plastique de la Tetractys en l'associant à l'hypoténuse issue du théorème de Pythagore. Notre objectif est d'établir un lien symbolique et analogique entre une tétrade élémentaire chère aux franc-maçons, les 3 styles des colonnettes ou piliers disposées en triangle rectangle est le dispositif ternaire de la lumière orientale. 

Quoi de plus remarquable  en loge que le carré long sous tendu par le pavé mosaïque qui répète à l’infini le déterminisme d'une dyade (case noire et case blanche). La représentation géométrique de notre Temple serait née du Théorème de Pythagore, car la dimension de la diagonale de ce triangle rectangle résulte toujours de la racine carrée issue de l’addition des carrés de ses côtés. Ce triangle rectangle est marqué aux 3 angles par les colonnes « Sagesse de style corinthien, Force de style dorique et Beauté de style ionique » (nombre 3 ou ternaire dans le Hekal au REP).

Donc la figure dite du « carré long » en damier, « triangule par trois vertus »  donc à l'aune d'une éthique, la "révélation" d’une image du monde, représentée symboliquement par le Tableau de Loge du grade concerné. Cette « imago mundi » est le point central de notre circumambulation dans les trois plans relevant de la connaissance de soi et du monde à savoir :  le plan physique, psychique et intelligible. C’est la superposition des trois plans parfaitement alignés qui produira cette fameuse résonnance spirituelle qui est véritablement l’aspiration de l’Homme.

Si on en croit les méthodes ancestrales de création et de fondation des bâtiments sacrés, le carré long serait une image synthétique du plan solaro-terrestre, une table de projection du Ciel sur Terre. C’est aussi un Mundus mémoriel, qui selon la Genèse et les anciennes sagesses, serait né de la combinaison des quatre éléments. Eau, Terre, Air et Feu (nombre 4) sont associées aux trois vertus architecturantes ou « formatrices » : Force, Sagesse et Beauté, associées aux styles des colonnes de l’art antique.

Nous allons voir que ces vertus sont pour l’homme des hypostases du Divin. Ces vertus nous relient au Divin.

En effet, si nous mettons en scène le 4 (éléments) et le 3 (lumières d’ordonnancement Sagesse, Force et Beauté) sur le plan de circumambulation de la loge, nous devons rechercher leur source "éclairante" sur un autre plan moins accessible. Nous cherchons alors la monade ou l’unité principielle. Pour cela nous devons nous poser la question d’où vient la Lumière qui illumine en Sagesse, en Force et en Beauté notre vision du monde (résumée dans le Tableau de loge) ? D’où vient cette lumière qui inspire notre maillet qui agit sur le ciseau et donne forme harmonieuse aux 4 éléments combinés ?

Elle vient de l’Orient pour descendre jusque dans la matière, puis pour faire le chemin du retour ascensionnel dans sa source. Cet aller-retour nous le retrouvons dans le rituel "vibratoire" à trois voix des trois porteurs de maillet. Cette réversibilité (descente et remontée) est une des constantes du système analogique introduisant une descente en soi ou dans la matière puis une remontée, suivant en cela les lois de correspondance.

L’aboutissement dans la remontée est un sommet qui comme tous les sommets faisant axe, se prête à l’interprétation anagogique. Ici, le centre de soi, le centre du Hékal, le centre du monde s'alignent dans un même axe "vibratoire". Nous verrons plus loin que le chemin de l'axe est généré par la progression axiale qui résulte d'une triangulation  née de la transformation d’opposés en complémentaires dans chaque niveau. La Tetractys qui repose sur l’harmonie des proportions et des rythmes est un modèle parfait de triangulation axiale, car son sommet est l'Un d’une décade de base quatre. Par sa représentation la Tetractys est une combinatoire nombrée et proportionnée, fondée sur la triangulation axiale bien présente en loge.

Le Principe produit l’Un, la philosophie de l’Un sera développée avec succès par les néo-platoniciens : les nombres et les choses sont issus de l’Un qui se démultiplie. Les nombres sont issus de la monade qui se duplique en une dyade polarisante qui détermine la succession. Le réel harmonieux est dérivé d'un Principe unique. Tout part de l'Un jusqu'à la multiplicité du réel, puis par le jeu de l’analogie réversible, la totalité remonte à sa source première.

La Monade est donc à l’Orient, lieu sacré de naissance de la Lumière appelée aussi "porte des Dieux".

Cette Lumière est représentée, selon les rites maçonniques, par un Triangle plus flamboyant que rayonnant, équilatéral représentatif d'une trinité, parfois centrée du Nom divin (RER), ou d’un Œil au centre d’un triangle (REAA), d’une Étoile à 6 branches dite Hexagramme (REP)... L'hexagramme reprend clairement une double Tetractys superposée et inversée. C'est un signifié géométrique portant le principe de réversibilité anagogique versus littéral : ce qui est en haut (sens anagogique) et comme ce qui est en bas (sens littéral), etc. Peut-on dire dans ce cas que la loge organise par son cheminement symbolique réversible, les structures cachées de l’hermétisme ?

Précisons que cette Étoile orientale, représentée dans « l'essence » de son flamboiement (et non pas dans « le sens » du son rayonnement); cette source primordiale, est relayée par l’épée flamboyante du VM médiateur céleste. Le VM s'exprime par son maillet et sa parole. C’est donc que l’Étoile, la Lumière, le Fiat Lux, le Verbe, la vibration au sens premier, seraient « la » ou « les » sources de la manifestation et de la vie. Voilà donc l’attribut, le prédicat du Nombre pythagoricien en loge : c’est le symbole en correspondance "vibratoire" dans les 4 plans analogiques de la Tétractys. 

Pas plus que l’Un, aucune Étoile n’est accessible directement aux Hommes si ce n'est par la vibration qu'elle diffuse (longueur d'onde lumineuse). Chaque étoile à sa longueur d'onde qui symboliquement dépend du nombre...de ses branches et donc son niveau d'intervention vibratoire dans le spectre visible du réel . Le symbole de l'Etoile en correspondance des 4 plans est un médiateur reprenant la puissance harmonique propre au Nombre. Ce médiateur harmonique porté ontologiquement par la monade (alias l'Etoile), s’établit pour la première fois dans le passage de la monade à la dyade, l’ensemble créant évidemment un triangle équilatéral "axial".

Les deux termes constituant la dyade (Lune et Soleil, ou Équerre et Compas), créent une dynamique, un contraste par une opposition devenue complémentaire, mais toujours harmonique, susceptible de générer à son tour dans un plan inférieur. Cette harmonie « apparente » sera qualifiée « d’harmonie des sphères » fondatrice d’un Cosmos au milieu du Chaos. Par déclinaisons successives et compte tenu de son caractère générateur et universel, le principe harmonique est susceptible de donner la vie et les formes géométriques parfaites, le beau et le bien.

Sur ce fameux plan solaro-terrestre, nous constatons les jeux cycliques du Soleil en son rythme solsticial et de la Lune en son rythme sélénaire. C’est pourquoi nous travaillons de Midi à Minuit sur deux fréquences qui dicte l'émergence de la vie. Cette émergence correspond au caractère déterminant de la diade. La dyade céleste constituée par le Soleil et la Lune, trouve son pendant, sa correspondance dynamisante avec la case Blanche et la case Noire du plan solaro-terreste, ou la lettre J et B des colonnes humaines. Cette géométrie binaire « dynamisante » sera un véritable crible nécessaire à l’élaboration des tracés directeurs fondés sur l’harmonie géométrique du théorème de Pythagore.

Tétractys en loge

Tétractys en loge

(Dans ce schéma tiré des archives de la R.°.L.°. La Lumière Ecossaise, on remarque une possible permutation dans deux niveaux, celui des éléments entre eux et des vertus, la variabilité des permutations est fonction des complémentaires dirimantes choisies dans la dyade et donc implique des correspondances dans les niveaux inférieurs. On remarquera que si la Monade est indéterminée par sa nature enveloppante du Tout, la Dyade est une traduction d’un point de vue, d’un parti pris fondateur. La dyade est toujours « déterminante ».)

Ainsi et pour conclure, l’adaptation du schéma de la « sainte Tetractys » par le franc-maçon est une combinatoire analogique des 4 éléments sous couvert de trois vertus (3) dynamisées par l’opposition devenue complémentaire de la Lune et du Soleil (2). Cette combinatoire nous montre le chemin de la source « flamboyante » principielle et harmonique des formes et de la vie (1). Cette source enveloppante porte en elle une analogie universelle réplicable en bien des domaines. C’est cette source originelle et universelle qui donne à l’agencement harmonique de l’ennéade issue de la monade sa dimension sacrée. Ainsi le franc-maçon en interposant l’homme armé de ses vertus, en médiation entre les 4 éléments et le Principe, réussit à allier la puissance de l’Un et la puissance de l’Être en une seule grille de lecture.

Dans une belle combinatoire, le franc-maçon résout la disputatio philosophique de la prééminence du Principe ou de l’Être dans le Réel. Il opère un réalignement des trois plans (ou Tableaux de loge) correspondant aux trois initiations qui mènent des Petits Mystères aux Grands Mystères.

Ce schéma d'une triangulation axiale de la Tetractys reformulée, réadapté par la franc-maçonnerie à des fins symboliques, mariant l’Un et l’Etre, est insuffisant à rendre compte des liens connexes existant entre les éléments et les vertus situées aux bords de la figure.

Cette carence peut être compensée par une autre présentation. Il s’agira donc d’une décade à trois cercles nés d’un Centre ontologique.  Elle s’applique au centre du Hekal et exprime la superposition des 3 grades « bleus » de la franc-maçonnerie. Elle emporte les trois termes de projection de la monade dans 3 cercles : L’Un (1) génère la dyade (2) du premier cercle, qui diffuse dans le triangle (3) du second cercle pour finir dans le carré (4) du troisième cercle. Ainsi chaque constituant d’une table supérieure entre en contact avec la totalité des constituants de la table inférieure et par le cercle.

Le schéma provisoire ainsi posé nous renvoie à une autre question toute aussi passionnante, portant sur la quadrature du cercle; mais ceci est une autre aventure...

 

(Ci-dessous variante de la représentation de la Tetractys en décade concentrique, permutations possibles de B et F et des éléments suivants le rituel. On notera que le carré peut être "orienté" de manière cardinale avec par exemple la Terre en noir à l'Occident, le feu en jaune à l'Orient, l'Eau en vert au Septentrion et l'Air en bleu au Midi. On trouve cette autre "orientation" : l'Air en jaune à l'Est, le Feu en rouge  au Sud, l'Eau en bleu à l'Ouest et la Terre en noir au Nord.)

Tétractys en Décade concentrique en loge, plusieurs versions possibles

Tétractys en Décade concentrique en loge, plusieurs versions possibles

E.°.R.°.   R.°.L.°. "Ecossais de Saint Jean"

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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 18:03

En loge, la Bible est placée sur le plateau du Vénérable, ouverte à la page du Prologue de Jean. L’équerre et le compas la recouvrent. Elle est le symbole d’une tradition immémoriale qui dicta nos règles de vie et notre morale collective.

La présence de la Bible est confirmée par les rituels les plus anciens. L’évangile de Jean est un livre capital de la spiritualité chrétienne. Le caractère ésotérique de ses écrits le distingue des évangiles dits synoptiques. Très tôt au sein de la première diaspora,  les adeptes de Jean se voulaient les gardiens de la part cachée de la tradition par opposition aux tenants de l’Eglise de Pierre exotérique et dogmatique.

Si un certain nombre de loges maçonniques s’intitulent « Loges de St Jean », la raison est peut-être due à cette particularité. La F.M. se plaça sous le patronage des deux St Jean. Le baptiste est considéré comme le précurseur et l’initiateur, Jean l’évangéliste, lui, nous appelle à nous ouvrir aux mystères de la vie de l’Esprit.

Pour ma part, je remercie la franc-maçonnerie qui me l’a fait redécouvrir, car depuis de nombreuses années, Jean l'évangéliste est devenu mon « Maître ». Je prends donc le parti d'exprimer mon ressenti de franc-maçon-chrétien. Comme un viatique, ce prologue qui lui est attribué traduit l'essentiel de ma démarche maçonnique. 

Par contre c'est une tâche délicate que d'aborder ces sujets devant des Sœurs et Frères de sensibilités hétérogènes.

         Le Prologue - 1/18 - « Pro-logos » (avant le discours) ; c’est avant tout un hymne au LOGOS qui condense la pensée de Jean. Il emploie un langage poétique car il n’y a pas de mot qui sache exprimer de façon adéquate sa pensée. C’est un langage allusif qui indique quelques directions, quelques indices orientés pour qui a le désir de s’y aventurer. « La poésie n’est pas un jeu mais un moyen de haute connaissance » disait Henri Bosco.

Le cadre historique

En quelques versets (1/18), Jean nous plonge dans un espace-temps qui se contracte pour nous projeter dans la fulgurance d’une rencontre qui va changer le monde : nous sommes dans ces temps instables et anxiogènes où la culture vétérotestamentaire était battue en brèche par les occupations grecques puis romaines et les nombreuses invasions qui l’ont précédée.

De ce fait, au sein de ce peuple qui souffre et s’interroge, la résurgence de l’idée d’un sauveur que l’on pourrait dire « miraculeux », un Messie roi, « fils de David » qui viendrait libérer Israël du joug de l’occupant se fait de plus en plus prégnante.   Mais le profil de cet envoyé de Dieu reste flou; en effet de qui parle-t-on ? D’un messie prêtre ? D’un messie chef des armées ?

L'évangile de Jean vient interrompre ce temps d'incertitude : il fallut l’apparition de Jésus/Yeshoua sur les bords du Jourdain pour que le rideau se lève dévoilant un paysage inattendu. En effet, comme le décrit Jean, il est au-delà des schémas habituels : ce n’est pas un messie davidique au sens où on l’entend, il fuit ceux qui veulent le faire roi et proclame devant Pilate que sa royauté est d’en haut... C'est évidemment incompréhensible pour qui l'entend.

Tel que je le perçois, Jean prend le prétexte de la rencontre de Jean Baptiste et de Jésus-Yeshoua qu’il décrit comme capitale, comme un basculement : nous sommes à la croisée des chemins, au point de jonction de la Première Alliance abrahamique, l’ancien monde et l'Avènement d'une Nouvelle Alliance qui porte en elle le concept d’Amour et de Vie éternelle et cette Nouvelle alliance, Jean va clairement  l'identifier à une personne : Yeshoua,  l'Unique de Dieu.  Le Logos divin préexistant qui se manifeste au sein du monde.

Pour Jean, le message de Yechoua/Jésus, commence véritablement ce jour-là, au bord du Jourdain. Cette histoire s'inscrit dans l'histoire universelle... comme l'image d'un grouillement improbable et une Présence, une présence « discrète et irradiante ». Jean nous convie à nous approcher de ces textes avec audace, à les scruter, à nous ouvrir à l’appréhension des mystères, il nous fait entrer, en présence d’une « Altérité que ni l’intellect ni le cœur ne peut contenir ». Ces écrits sont, pour moi, comme une épiphanie...

Ceci traduit ma quête essentielle, et tout ce vers quoi je tends. Jean  me donne à entrevoir tout un contenu qui n’est pas explicitement signifié. Il m’apprend à voir « au-delà » et avec une plus juste mesure...  C’est, pour moi, la mise en état de regard avec cette Présence qui rencontre mon désir de sens et m’invite à une aventure... comme Yeshoua le dit simplement à Jean et son ami André qui lui demandaient : « Où demeures-tu », ils voulaient dire « Dis-nous ta vraie nature ». Il répond simplement : « Venez et voyez... ». 

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Avant d'étudier ce message transmis par Jean:

Qui était-il ce Jean, ce « disciple bien-aimé » auteur du quatrième évangile ?

Un personnage historique : Johannes - homme savant du clan Cohen ?  ou Jean, fils de Zébédée, l’Apôtre, frère de Jacques ? Ou une figure symbolique, l’archétype du disciple idéal ?

A-t-il été écrit en grec ou en araméen ? Les conjectures abondent et qu’importe de ne pas savoir exactement  qui  il était,  cela nous montre d’ailleurs  le degré d’humilité et de retrait qui l’habitait.

Innombrables sont les figures de Jean. L’Église chrétienne a remplacé le culte romain de Janus par celui des deux saints Jean en plaçant leurs fêtes aux dates des solstices. Jean le Baptiste ouvre la porte estivale et annonce le cycle d’obscuration. Jean l’Évangéliste ouvre la porte hivernale et annonce le cycle d’illumination.  L’évangéliste rapporte lui-même dans son évangile les paroles du Baptiste « Il faut que lui grandisse et que je décroisse ». Elles croisent ces belles paroles de François Cheng : "Vraie Lumière, celle qui jaillit de la Nuit" ... "Vraie Nuit, celle d'où jaillit la Lumière".

Ces fêtes sont restées présentes dans l'univers de la franc-maçonnerie, comme lente et sage respiration que rythment nos banquets d’ordre, notre fête solsticiale et les rites de notre année maçonnique. J’aime la figure sur les tableaux des loges des deux tangentes de part et d'autre du cercle avec son point de centre : le dernier des prophètes de l'ancienne alliance et le premier des témoins de la nouvelle alliance qui touchent au plus près la "figure" du Logos.   

Pour de nombreux francs-maçons (je cite Hubert Greven Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France), je cite « Jean fut un prodigieux médium, son évangile est essentiellement ésotérique... L’ésotérisme des écrits de Jean fait comprendre au mieux, en le faisant murir, le fond commun et traditionnel de toutes les religions... C’est un bâtisseur du Temple dont il présente les dimensions à l’échelle universelle, participant au Cosmos. L’Homme est comme un dieu en devenir.  Son message a pour but de dégager l’homme de son état strictement humain, de rendre effective la capacité qu’il possède d’accéder aux états supérieurs. » Jean est le patron des francs-maçons et des Templiers. 

Il poursuit : « Peut-on considérer que  l’évangile de Jean n’est que réflexions analogiques, intuition et actions symboliques, attribuées à des personnes... on peut considérer que ces personnes ont existé, nier leur réalité historique ou les regarder comme des archétypes comportementaux, selon son intime conviction personnelle, et selon l’adage : « tout est symbole ? L’important est de s’attacher au cheminement initiatique évoqué par les textes »

Quant à René Guénon il suggère : « L’idée principale... est que l’Être a de multiples états dont l’espèce humaine ne fait qu’en occuper un, mais que de l’un à l’autre de ces états on peut s’élever par des actes volontaires de son esprit, par son activité psychique et intellectuelle jusqu’à parvenir sur ce plan à l’identité suprême... Pour cela  il faut une initiation et des rites initiatiques.  Dans les états mystiques au contraire, il est enseigné depuis Abraham, que l’on ne peut obtenir une certaine élévation que par la grâce de Dieu qui répond à un désir... ce qu’il appelle le mysticisme passif... ».

Mais pour un grand nombre d’exégètes, Jean était avant tout un théologien sublime à la fois gnostique et mystique. Toute son intelligence et son amour disent la manifestation de l’Être ; il s’est élevé très haut dans la contemplation de cette manifestation... son emblème est l’aigle qui, seul, s’élève, porté par le vent de l’esprit jusqu’au zénith.

La lecture que nous pouvons faire de ce prologue sera donc polysémique, elle peut être vue sous un angle ésotérique, théologique ou mystique. « Notre cerveau est un « organe de tâtonnements, ce serait lui faire injure que de lui imposer des certitudes ».

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Et « Jean le Baptiste » : Qui était Iohanân ?

Il a été dit que Jean Baptiste avait été un adepte des communautés esséniennes. C’est une hypothèse plausible. Cette secte juive de stricte observance prêchait l’ascétisme et la repentance,  l'immersion quotidienne et même le célibat.

Leur théologie était une gnose-dualiste et eschatologique,  elle attendait et se préparait pour la fin des temps lors d'événements apocalyptiques décrits comme un gigantesque combat opposant les Fils de Lumière aux Fils de Ténèbres. 

Deux Figures eschatologiques étaient donc attendues intensément par cette communauté : un Prophète qui devait annoncer la venue d’un Messie, et ce Messie à la fois sacerdotal et royal. « Mashia’h » en araméen, c’est celui qui a reçu l’onction (Samuel a consacré David). Mais en élargissant cette fonction à l’image du « Parakletos grec », c’est celui qui intercède, vient en aide ou console.

Jean le Baptiste semble s'inscrire dans cette mouvance. Il va se retirer dans le désert. Il prophétise et baptise. Il prêche le renoncement et la conversion, la redécouverte des fondamentaux de la religion... et devient Jean le Précurseur, une « figure » dans la vie religieuse et politique de ce pays, et les gens viennent à lui en grand nombre.  Il est la voie qui crie : "Dans le désert déblayez, frayez les chemins du Seigneur ».

Appelé par Yeshoua « le plus grand parmi les fils de la femme », Fils de ce terreau qu’est notre humanité, il clôt le cycle des prophètes de la première Alliance. Il prêche la Téchouva... le retournement. Il est, pour nous francs-maçons,  un initiateur. Cette figure est essentielle, elle nous incite au grand déblaiement de notre "moi", avant tout choix de vie pour cheminer vers la Lumière, car il s'agit bien là de traversée du désert, de dépouillement, d'abandon, de dé-sécurisation.

A ce vide nécessaire, comme la « table d’attente » en héraldique,  répond, le « lâché prise », la vacuité totale d'esprit, d'âme et de corps qui nous est nécessaire pour  accueillir l'Infini/ la conscience du « Soi »,  l'Axe de notre condition humaine.

En une longue suite de mutations Mort/résurrection/ Mort/résurrection,  nous devons petit à petit nous détacher, mourir à nos attachements, accepter parfois de ne plus rien comprendre, comme notre père Abraham, mort à lui-même, devant son fils Isaac qu’il croyait devoir immoler.  Longue et périlleuse est la route qui nous conduit à notre verticalisation.

Jean le baptiste est le Précurseur, témoin de la Lumière. Notre mission d’initiés est d’être nous-même des témoins de la Lumière. 

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Alors entrons dans le texte : nous avons parlé de Jean l'évangéliste, et nous avons évoqué sa rencontre avec Jésus / Yeschoua.

 Verset 1 : Ce premier verset, on peut l’énoncer de différentes façons, issues de traducteurs, tous théologiens : « Au commencement était le verbe » , « Au commencement, le Logos, Le Logos est vers Dieu/Le Logos est Dieu », «Entête lui le Logos/ et le logos, lui pour Elohîms / et le logos, lui, Elohîms »,  « D'abord il y avait le Langage... », « Dans le principe, le verbe... »   Enfin, "Au commencement était la Parole, la Parole était en compagnie de la Lumière, la Parole était la Lumière », cette dernière traduction de Hubert Greven pour qui « ces écrits sont essentiellement un message ésotérique qu’il faut décrypter ».

Nous pouvons en effet l’interpréter selon ce point de vue car « tout est symbole » et Jean, le poète, l’ami fidèle de Yeshoua, nous y invite, son évangile et particulièrement le prologue est, pour moi, un rougeoiement qui attend notre désir mêlé au souffle divin pour nous illuminer. Sa lecture nous demande de rester ouverts ... « le vent, on ne sait d’où il vient, ni où il va... » comme une parole lancée, on ne sait pas où elle va aboutir.

Ce n’est donc pas à proprement parler de la « lecture comparée », mais plutôt une approche collégiale. C’est mon choix, mon interprétation en est une parmi d’autres.  Il n’y a pas d’interprétation unique. Nous verrons que plus on approche et plus le sens se révèle infini en tant qu’il est inépuisable.

Ainsi Verset 1) : La première question qu’on ne peut éviter : « Au commencement... »  Jean Yves Leloup (philosophe et théologien) nous invite à poser cette question fondamentale : « Au commencement de quoi ? et quel commencement ?  Le commencement du monde, de cet espace-temps.  Mais avant ce commencement ?...  De rien, rien ne peut sortir ».

 On se souvient du premier mot de la Genèse : Bereshit.  André Chouraqui en bon exégète bibliste nous fait signe : avant le « beth » il y a « l'aleph », ce mystère qui est et qui nous dit qu'il y a quelque chose plutôt que rien.

Jean-Yves Leloup précise : « Il faut garder cette question ouverte car elle est fondamentale dans notre démarche de maçon : Connaître son origine, c'est connaître sa fin... ce pourquoi nous sommes faits.  Elle me force à m'identifier : quel est le lieu d'où je viens ?... Car le commencement n'est pas à chercher hier, autrefois, mais ici et maintenant ».  Qu'y a-t-il à l'origine de mes actes, à la source de mes pensées, de mes émotions, de mes sentiments ? A la source d'une pulsion, d'un cri, d'une angoisse ? ».

On rejoint la question de Jean et André : « Maître, d’où est-tu ?». On rejoint aussi, nous le verrons plus loin, l’analyse d’Annick de Souzenelle.

Si nous revenons au texte, en tout premier lieu, Jean nous invite à une réflexion : pour le premier verset, nous avons plusieurs traductions possibles.                                      

Mais avant tout, première digression :

On parle là de Dieu, ou plutôt des noms des dieux, tous improbables ...car comme le dit Sylvie Germain : « On a tous une certaine conception de Dieu, et selon le nom qu’on lui octroie, cela peut déterminer le sens d’une croyance ou d’un comportement ».

Il faut rappeler que, pour les croyants « Dieu n'existe pas, il n'est rien de ce qui existe, Il est Incréé... il n'appartient pas au règne des Etants... il n'est pas du monde. Il est "l'Incréé" d'où vient toute créature ».

Et les francs-maçons précisent que « Dieu n’a rien à voir avec les religieux, dieu est un nom qui s’applique à aucune chose en particulier, bien qu’il les concerne toutes singulièrement. Du fond de leur réalité finie, exprime leur commune appartenance à une totalité infinie. »

C’est ainsi que dans beaucoup d’ateliers il est nommé « Grand Architecte De L’Univers », (pour moi, c’est un vocable « technique ») c’est la « Sagesse divine ».  

Au REP nous disons « Dieu » et parfois le « GADLU », les Juifs ne le prononcent pas, il est יהוה, ils l’appellent « Chaddaï » ou « Adonaï » ou « Eloïms ».

D’autres le nomment « l’Être », «la Lumière », « le Soi », « la Conscience ».

Les chrétiens disent « Yahvé » (c’est à mon avis une traduction hasardeuse), ou « Abbah /Père » comme l’appelle le Fils.  D’autres enfin ne veulent pas nommer ce qu’ils rejettent comme irrecevable.

Quelques précisions : Quand Jean parle du « Père », c’est l’origine, le fondement...

Pour Hubert Greven, c’est le père spirituel, l’initiateur, le Maître.

Le Fils : "Être fils", c’est entretenir une relation d'intimité avec ce qui sans cesse nous fonde et nous "origine". Pour Hubert Greven : « fils » c’est le disciple privilégié, l’Initié, le fils spirituel.

Et « l’Esprit » est la relation (pneuma / souffle) spirituelle.  Relation de Présence-à-présence, présence du souffle humain au Souffle qui anime « tout ce qui vit et respire ».

Nous le voyons, autant de lectures et de sensibilités intéressantes. C’est la pluralité des lectures et leurs interprétations qui nous ouvrent à la connaissance de ce texte. Quant au LOGOS, j’ai retenu en premier lieu ce vocable pour la richesse d'interprétations qu'il offre :

 « Logos », selon un helléniste italien, le professeur Morani, est un mot clé qui pourrait résumer à lui tout seul l’expérience culturelle des grecs anciens : « LOGOS signifie parole, pensée, rationalité, capacité de l’être humain de relier et développer ses propres pensées ». Il note que la signification originelle de Logos est le fait de parler, d’être en capacité de communiquer quelque chose de rationnel. Logos n’est pas simplement la parole, mais un mot qui exprime l’intelligibilité (intelligence, parole, verbe, information créatrice...).

Ainsi nous parlons du Logos qui est « Parole créatrice ». Pour les sémites, parole et évènement sont liés ; c'est la Parole (Dabar en hébreu) de Dieu qui crée. C'est le concept d’information : pour qu'une chose existe, elle a besoin d'être informée.

« Au commencement, à l'origine, » il y a donc cette Intelligence, cette « Parole créatrice » qui informe toutes choses, elle est « agir et réalisation ».  Plus généralement  la parole est « créatrice » au sens où elle donne du sens et crée de la relation.

Osons aller au-delà, « la Parole » engendre « l’écoute, le lien », elle donne vie à « la relation ».  Dire (en 1) : « Au commencement : le Logos / Le logos est vers Dieu », c'est admettre et dire que ce qui est premier est de l'ordre de la « Relation » et qu’il y a « mouvement et orientation ».  Et Jean ajoute que ce « Logos est Dieu », en nous disant cela, il nous informe que ce Logos contient tout Dieu. Et comme nous le dit Jean Grosjean : « Il contient la totalité de sa source.  Il ne fait qu'un avec la lumière qu'il donne à contempler ». Il évoque là, en particulier « le mystère divin personnifié ». Je le cite : « Le Logos et le Théos sont distincts. Ils ne sont pas séparés. Ils ne sont pas confondus ou mélangés : ils sont Un... Entre l'aleph, l'inconnaissable et la création, il y a ce Logos ce "dialogue", qui pose la dualité et dans le même mouvement appelle et rend possible l'Unité... non l'unité indifférenciée ou fusionnelle, mais l'unité de relation. L'Unité n'est pas détruite par l'Altérité, l'Altérité n'est pas anéantie par l'Unité ».

Avec Jean, le regard plonge donc dans l'intime de l’Être. Nous  entrons  dans le mystère trinitaire.

Hubert Greven, lui parle de fusion : « La Parole était en compagnie de la Lumière, la Parole était la Lumière" Ceci revient à dire que la parole existe depuis l’origine du monde créé et accompagnait la Lumière. Tout a donc été fait par la Parole et par la Lumière... "la fusion de ces deux concepts implique un seul principe créateur qui est à la fois Parole et Lumière. »  Ailleurs, il dit : La parole est dans la Lumière, et la Lumière se manifeste par la Parole, celle de la sagesse suprême, envoyée sur la terre pour y révéler les secrets de la volonté divine et c’est ce postulat, cette espérance qui fonde la quête du F.M. »

Annick de Souzenelle a une vision toute différente et passionnante que je tente de résumer : elle rejette le terme « au commencement » pour « Dans le Principe, le Verbe ». Cette traduction nous projette dans ce qu’Annick de Souzenelle appelle « le temps ontologique », qui n’est plus « le temps historique » composé du passé, présent et futur, c’est au contraire « l’instant » Hic et Nunc, qui nous relie au divin, c’est le « non temps » de l’éternité.

Dans le Principe est le Verbe qui nous habite, ici et maintenant : c’est le temps et le lieu de l’accompli et du non-accompli. Cet inaccompli qui verra son accomplissement au fur et à mesure des dimensions de conscience successives qui nous habitent et nous habiteront. C’est une réflexion fondamentale qui nous met, non pas au pied du mur, mais aux pieds de l’échelle de Jacob et des nombreux paliers qui nous attendent. 

Puis Jean précise, il répète, et c’est un indice (en 2) : « Il est au commencement avec Dieu ».  C'est la révélation que Jean nous livre : le dévoilement de l'Uni /Trinité de l’Être. Quand j’ai pris conscience de cela, ce fut, pour moi, libérateur, car cette unité n’a rien de statique. Tout est Mouvement / Relation et Vie...        

Si l’on adopte cette révélation, il n’est plus question d’un Être solitaire et Omnipotent, mais d’une relation d’Amour. Pour Jean, l’Amour est avant tout le cœur et l’ADN de chaque chose. Il le dit plus loin (en 4) : « de tout être il est la vie... ». Lorsque rien n’existait à part l'Uni /Trinité de l’Être, il y avait donc l’Amour. Tout est contenu dans ce mot : mouvement/relation /vie

Fidèle de Jean, j’ai donc cette intuition toute personnelle, que ma vie, ici et maintenant, est pétrie de cet Eternel qui me fait.... Il me constitue, il me structure. Il est "L'AMOUR qui tient toutes choses ensemble. Inouï et Irreprésentable ». Le Logos n’est plus un "objet de connaissance", "quelque chose à comprendre", mais le dévoilement d'une Présence qui s'offre à mon intuition, à ma liberté et m'introduit dans son mouvement "vers l’Infini / l'Altérité absolue et l'Inconnu d'où nous venons ».

(En verset 3) – « Tout existe par Lui - Sans Lui : rien ». Traduction au plus près : « Le tout, en Lui, sa genèse et rien n'a de genèse en dehors de lui ». Pour Jean-Yves Leloup : « Il importe de s'éprouver sans cesse en genèse, en voie de création. Nous ne sommes pas faits une fois pour toute. Le Logos est sans cesse à l'œuvre pour nous tenir hors du Néant ».

Et pour Jean Grosjean, je cite : « L'univers est tramé, tout le temps, par le mouvement même de la parole. Et comme on ne sait jamais où va aboutir une phrase, on ne sait pas non plus où va l'histoire du monde... » question !!

(En verset 4) - « De tout être, Il est la vie. La vie est la lumière des hommes. »

(En verset 5) - « La lumière luit dans les ténèbres, les ténèbres ne peuvent l'atteindre ».

Jean proclame que Logos est la vie de nos vies. Il contient l'univers et tous les univers possibles... tout être vivant est « demeure de l’infini/Réel ». 

La lumière est par elle-même invisible, invisible au cœur même de tout ce qu'elle donne à voir ; cette Lumière incréée qui habite dans les profondeurs de l'être n'est pas accessible à l'esprit « sec », elle est d'une autre nature.  

Cette gnose, ce Souffle, nous donne à voir le Logos dans tous les êtres. C'est faire l'expérience de la Transfiguration, c’est le symbole du mont Thabor. Nous devons donc tenter de percevoir le Logos qui anime toutes choses : si nous l’oublions, le monde devient profane à nos yeux, « profané », vidé de la présence qui l'habite, vidé de sa Lumière.

Pour Hubert Greven : « De même que le soleil illumine la route, de même la lumière (c’est-à-dire illumination) est ce qui éclaire le chemin divin : c’est le principe même de l’initiation. La lumière est symbole de vie aux ténèbres de la captivité (le profane prisonnier de ses passions) s’opposant à la lumière de la libération et du savoir. »

« La vie de l’Esprit fait sortir l’homme des ténèbres.  La lumière de l’Esprit va lui permettre de s’ouvrir pour avoir la vision d’une autre réalité. C’est la source et le fondement de la Connaissance qui est symbole de ce qui éclaire la vie intérieure, de ce qui oriente. La véritable Lumière, c’est la Parole, l’ultime réalité qui est en « tout homme venant dans ce monde ». C’est un message qui demeure éternellement en accomplissement. »

(En verset 6) – « Paraît un homme, envoyé de Dieu - Iohanan est son nom ».

(En verset 7) « Il vient comme Témoin pour rendre témoignage à la Lumière afin que tous y adhèrent »

(En verset 8) – « Il n'est pas la Lumière mais témoin de la lumière ».

Jean le Baptiseur est l'archétype de l'envoyé, l’apôtre, « l’Ad Verbum ».  Il porte la Lumière et sa présence est pure capacité de l'Autre.

Jean le baptiste est nommé, il est l’envoyé de Dieu : être appelé par notre nom, est fondamental, au sens strict du terme. Quand Socrate nous dit : « Connais-toi toi-même », il nous invite à une introspection, soit, mais se « connaître soi-même », c'est se connaître comme individu, quand le soi est pris comme objet de connaissance ou d’investigation, on s’aperçoit qu'en vérité, on ne sait rien de soi, l'essentiel nous échappe. Mais si cette connaissance est vécue en une lente maturation, en toute humilité, par une attention toute intérieure à chacune de nos pensées, de nos silences, comme notre initiation doit être vécue et continue de l’être, on devient de plus en plus conscient de son souffle, de son axe et de ce qui nous entoure, conscient du Soi qui nous crée et constitue à chaque instant.

Car notre nom usuel n'est que nom substitué ; cette exigence d’identité demeure notre démarche fondamentale : rejoindre le tréfonds de nous-même pour nous placer dans l'axe du Très-Haut.

Exigence constante, comme l’est l’exigence de la transmission qui rejaillit à chaque étape de notre existence de Maître Maçon. A l’instar de Jean le Baptiste, notre mission d’initiés n’est-elle pas d’être nous-même des témoins de la Lumière pour que nos Frères humains soient eux-mêmes illuminés.

 (En verset 9) – « Le Logos est Lumière véritable qui éclaire tout homme. »

 (En verset 10)« Il est dans le monde, le monde existe par lui, le monde ne le connaît pas. »

 (En verset 11) – « Il vient chez les siens, les siens ne le reçoivent pas. »

Traduction de Hubert Greven : « La Parole était lumière, la vraie, celle à laquelle il appartient d’éclairer tout homme ; elle fit à ce moment son entrée dans le monde. »

Toute parole de vérité, quelle que soit son origine, est inspirée de l'Esprit.

Jean le baptiseur disait : « Il y a au milieu de vous quelqu'un que vous ne connaissez pas ».

Le monde est l'histoire des hommes, c'est ce que l'homme fait de l'Univers pour le meilleur et pour le pire, en harmonie avec le Logos qui l'anime ou au contraire contre Lui. Et Jean comprend qu’il n'y a pas de place pour l’Éternel dans notre temps, pas de place pour l'infini dans notre finitude.

Annick de Souzenelle nous le dit : « Le monde est comme dans un état "d'ignorance" (de non vision) qui n'est pas manque de savoir, mais oubli de l'Être, l’ignorance du Soi, à côté de ce qu'on est et de ce pour quoi on est fait vraiment, histoire purement horizontale, oublieuse de notre verticalité, de notre ouverture à la transcendance ». « Le monde extérieur est fait de compensations.  Nous sommes dans  l’archaïsme.  Nous pratiquons un humanisme à l’horizontal avec les valeurs de l’exil. Adam se croit devenir Dieu, il se croit accompli. Il a perdu conscience de son être intérieur. Nous n’avons que notre identité biologique. » Il s’agit alors de retrouver notre dimension ontologique : « Être dans le monde, sans être du monde ».

Le LOGOS s'incarne toujours aussi difficilement. L'homme n'est jamais "forcé" de croire ou d’accepter l’amour qui le constitue et qui lui offre une absolue liberté... C’est certainement un concept des plus difficiles à accepter, difficile à y adhérer.

 (En verset 12) – « A tous ceux qui le reçoivent, à ceux qui croient en son Nom, Il donne d'être Enfants de Dieu ».

(En verset 13) – « Engendrés ni du sang, ni de la chair, ni d'un vouloir d'homme mais de Dieu ».

De verset en verset, Jean nous conduits à nous ouvrir à cet exhaussement, ceux qui se font « capacité », le Logos les investit « Shema Israël... ». L'Ecoute conduit à la « fiance ». Croire en son Nom, c'est adhérer au dynamisme de vie, d'intelligence et d'Amour qu'il signifie, c'est devenir « enfant de Dieu » et ceux-là entrent dans une nouvelle dimension. Ils sont « d'ailleurs », ils sont « nés d'en haut, ainsi nait l'homme nouveau ! ».

Et comme le suggère Hubert Greven : « Lorsqu’il reçoit la lumière, l’Apprenti, mort aux séductions du monde phénoménal et des « demeures » profanes, entre dans la demeure initiatique, dans la voie de la Connaissance. De profane (hors de Temple), il devient initié (celui qui commence). Pénétrant dans le sanctuaire, il voit se dévoiler les mystères sacrés, s’ouvrir les seuils jadis interdits, éblouissants de lumière ». Nous sommes à la recherche de la Parole perdue, c’est une aventure (intérieure) spirituelle initiatique. La quête de perfectionnement ».

 (En verset 14) – « Le Logos a pris chair. Il a fait sa demeure parmi nous ». Le logos a fait sa genèse dans la chair (humanité corps et âme). « Et nous avons contemplé sa gloire, la gloire de l'Unique du Père, plein de grâce et de vérité. »

Le Logos nous a rejoints dans notre « histoire » en venant nous dire Dieu dans une « vie humaine ». L'Eternel est entré dans le temps. La matière est ici sanctifiée comme demeure du Logos/ Dieu.

Ce corps humain fragile abrite la Présence Divine et l'information qu'elle contient. Comme le dit Jean Grosjean, le poète : « Il a dressé sa tente de nomade parmi nous. Il campe, il est de passage, le temps de dire et de manifester aux hommes l'Amour dont ils sont aimés dès l'Origine. Depuis Abraham l'installation n'est pas notre nature, nous sommes des passants, nous sommes tissés de temps, notre vie est un mouvement imprévisible, le mouvement même du langage qui est venu en personne partager nos déplacements incertains ».

(En verset 15) – « Iohanan lui rend témoignage. Il crie : Voici celui dont j'ai dit : lui qui vient derrière moi est passé devant moi, parce qu'avant moi, Il était ».

Nous connaissons bien cet appel en Franc-Maçonnerie : « Il faut que je décroisse pour que lui grandisse ».  Qui a des oreilles, entende !

(En verset 16) - « De sa Plénitude, nous avons tout reçu, et grâce sur grâce ».

(En verset 17) « La Thora nous a été donnée par Moshé. La Grâce et la Vérité nous sont venues par Ieschoua, le Messie. »

On peut avancer cette explication : la grâce de la création en genèse, puis la grâce de la Thora par Moïse, enfin la grâce de la filiation. 

Jésus incarne la Thora, l'éclaire du dedans en la vivant comme une expression de l'Amour.  Il nous révèle que nos actes n'ont de valeur que par la liberté et l'amour qu'on y introduit. C'est ce qui leur donne leur « poids » de gloire.

Leloup : (En verset 18) – « Nul n'a jamais vu Dieu. Le Fils unique qui demeure au sein du Père, Lui, nous le fait connaître ». On ne connaît Dieu que par son Logos.  Personne n'a jamais vu Dieu. Le propre de Dieu est d’être inconnaissable. Le Logos est son Unique, ce Fils est le seul à connaître sa source. Cet Unique est entièrement dans le secret du Père puisqu'il en est l'expression parfaite.

Ieshoua ne dit pas : « J'ai la vérité », mais « Je suis la vérité ». Par-là, Jean affirme que Jésus est Vérité de Dieu et Vérité de l’homme, sans confusion, sans séparation. Il nous invite à changer de regard, à voir toutes choses enveloppées d'Invisible. Il nous montre que la moindre virgule d'humanité contient en secret le Nom Divin, fait à la fois d'intériorité et d’extériorité. Il nous oriente avec Lui sur le chemin de l'existence vers « le Père ».

Voilà, avec Jean, je vous ai dit mon angle de lecture.  Je suis sur le chemin... un chemin initiatique que je découvre à chaque instant.  Tout l'évangile de Jean dira que l’œuvre  du Logos dans le monde sera de rendre à l'homme Son Esprit (pneuma), son BON sens, tourné vers le Père/Origine et le restituer dans sa dimension de Fils. Ce sera en soi une invitation au retour dans cette intimité, qui est participation à la vie Trinitaire, à la vie intérieure de Dieu.

« Présence de l'infini dans les corps et le souffle fragile que nous sommes ».

« Que demandez-vous, mon frère ? La Lumière ! »

M.°.L.°.  -  R.°.L.°. « Le Chardon Ecossais » à l’O.°. de Besançon.

Auteurs cités :

Hubert GREVEN - Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France.

ORDO AB CHAO : Réflexions dur l’enseignement de St Jean.

Allocations faites en qualité de Ministre d’Etat, Grand Orateur du Suprême Conseil de France à l’occasion de la St Jean d’hiver de décembre 1989.

Jean-Yves LELOUP : Ecrivain, psychologue et philosophe, théologien orthodoxe. Fondateur de l’Institut pour la rencontre et l’étude des civilisations et du Collège international des thérapeutes. Il a donné des traductions et des interprétations innovantes de l’évangile, des Épitres et de l’apocalypse de Jean, ainsi que des évangiles considérés comme apocryphes (Philippe, Marie, Thomas).

André CHOURAQUI : (1917 en Algérie /+ 2007 à Jérusalem) Ecrivain, penseur, homme politique, traducteur et commentateur de la Bible, (hébraïque et évangiles).

Jean GROJEAN (1912 / +2006) Ecrivain, poète,  philosophe et exégète . Traducteur et commentateur de la Bible,  de l’évangile et de l’Apocalypse de Jean et du Coran.

Ami de Malraux,  Jean Grosjean participa à l'aventure NRF (éditions et revue) en tant que lecteur et éditeur, aux côtés de Claude Gallimard, Raymond Queneau et J.M.G. Le Clézio notamment.

Annick de SOUZENELLE :  née le 4 Novembre 1922. Infirmière anesthésiste pendant 15 ans, elle a suivi une formation Jungienne de psychothérapeute puis fait des études de théologie chrétienne orthodoxe et d'Hébreu biblique. Depuis 40 ans elle est écrivain et conférencière.  Elle est l'auteur de nombreux ouvrages de spiritualité. Sa recherche s'inspire de la spiritualité cabaliste. Citons « Le symbolisme du corps humain ».

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30 septembre 2020 3 30 /09 /septembre /2020 11:17

par  Christophe Knight et Robert Lomas (1997) - Editions J’AI LU -   Traduit de l’anglais par Arnaud d’Apremont

4ème et dernière partie des notes de lecture.

de Tha.°. Coq.°. et Elth.°. Bia.°.  «  Ecossais de l'Hermione  » GLSREP

 

Table des matières des notes de lecture (4 parties)

(La pagination est celle de l’édition « J’AI LU »  ; elle sert d’indexation  pour les paragraphes et les chapitres de ces notes, nous recommandons l'achat de l'ouvrage pour bien suivre le déroulement des notes.)

Appendice 1 : Le développement de la franc-maçonnerie moderne et son impact sur le monde

La Réforme anglaise et les conditions de l’émergence - La Réforme - 521

Le roi qui bâtit le système des loges - Jacques Ier (et William Shaw) -  524

L’architecte du second degré - Francis Bacon - ……………………… 530

La nouvelle hérésie - Copernic, Galilée -     …………………………..  532

Les Anciens Devoirs     ………………………………………………..  537

L’ascension des républicains - Oliver Cromwell -  …………………..   546

La Royal Society émerge -    ………………………………………….   554

La franc-maçonnerie s’adapte - Jacobites et Hanovre -  …………….   557

L’expansion de la franc-maçonnerie -………………………………..   561

Le développement de la maçonnerie en Amérique -

                                       l’empreinte maçonnique - ……………………    565

 

Appendice 2 : Loges maçonniques en Ecosse antérieures à 1710 (non reproduit)…………………    572

Appendice 3 : Premiers Grands Maîtres de la maçonnerie anglaise (non reproduit)………………     573

Appendice 4 : Premiers Grands Maîtres de la maçonnerie écossaise (non reproduit)………………   574

Appendice 5 : Chronologie  (non reproduite, nous renvoyons à la lecture de l'ouvrage)………………………….  576

Cartes :

1/ l’Egypte et les deux piliers, 2/ Le pays de Sumer, 3/ Plan de Jérusalem (non reproduites)…….  584-586

 

 

Appendice 1

Le développement de la franc-maçonnerie moderne et son impact sur le monde.

 

La Réforme anglaise et les conditions de l’émergence - La Réforme -

 

(p 521-522) Avec l’avènement de la Réforme, la puissance du Vatican diminue. La F.M. reste secrète jusqu’en 1717, année de la formation de la grande Loge d’Angleterre. Le mouvement de la Réforme « entendait purger l’Eglise de ses abus médiévaux… c’est ce qui amena la rupture entre l’Eglise catholique romaine et les réformateurs, dont les croyances et les pratiques furent appelées protestantisme »

- « la Réforme [commence] en Allemagne, le 31 oct. 1517, quand Martin Luther, un professeur d’université (théologie) augustinien de Wittenberg, [rend] publiques  quatre-vingt quinze thèses invitant à discuter de la légitimité du commerce des indulgences [73]. Luther « gagne... un large soutien populaire ; il [croit] que le salut [est] un don gratuit offert à tous par le pardon des péchés que l’on [doit] à la seule grâce de Dieu… inutile d’avoir un pape … une telle pensée [rappelle] celle du Jésus des origines...  Luther [est] excommunié en 1521 … ».

(p 522-523) L’Angleterre a son propre mouvement religieux réformateur fondé sur les idées de Luther. La réforme anglaise interviendrait en raison de la volonté de Henri VIII qui veut divorcer de Catherine d’Aragon. La rupture avec le pouvoir pontifical est supervisée par Cromwell, premier ministre du roi, qui fait voter par le parlement en 1534, la « loi de suprématie » qui définit totalement le contrôle royal sur l’Eglise.

- L’Eglise catholique romaine est remplacée par l’Eglise d’Angleterre. Il n’y aura qu’une brève interruption entre 1553 et 1558, pendant le règne de Marie Ier Tudor, fille de Henri VIII et de Catherine d’Aragon(répudiée car elle n’avait pas su donner d’héritier mâle). Marie Ier rétablit le catholicisme et l’autorité du pape… elle hérite du surnom de Marie la Sanglante (Bloody Mary) pour les nombreuses exécutions de protestants qu’elle suscite ; elle épouse finalement le roi Philippe d’Espagne ; de 1558 à 1603, sous le règne de son successeur, sa demi-sœur, la reine Elisabeth Ier (fille d’Henri VIII et d’Ann Boleyn)[74], l’Angleterre devient une nation puissante et protestante.

Loges et Maçonnerie de métier 1598 Statuts de Shaw : William Shaw portrait à la plume

Loges et Maçonnerie de métier 1598 Statuts de Shaw : William Shaw portrait à la plume

Le roi qui bâtit le système des loges - Jacques Ier (et William Shaw) -

 

(p 524 « … après la construction de Rosslyn (1440-1490), le concept de loges - opératives - (composées de tailleurs de pierre et d’artisans maçons qualifiés) [continue] à se développer en intime association avec les loges supérieures - spéculatives - (composées d’aristocrates qui y ont été admis après une résurrection - vivante - ) ». « Les cérémonies se [perpétuent]…, lentement... inexorablement, on finit par ne plus comprendre leurs origines ».

 

(p 525-527) « James VI », né le 19 juin 1566, est l’unique enfant de la reine d’Ecosse Marie Stuart et de son deuxième époux Henri Stuart. Henri est assassiné en 1567, et les nobles écossais obligent Marie Stuart à abdiquer. James n’a que quinze mois quand il succède à sa mère catholique sur le trône d’Ecosse. Le jeune James VI est intelligent ; il est élevé dans la religion protestante et reçoit une excellent éducation de la part de son tuteur principal, George Buchanan [75], un érudit formé dans les universités de Saint Andrews (Ecosse) et de Paris ; en 1583, James Stuart devient James VI (d’Ecosse) ; il commence à diriger personnellement l’Ecosse. ; sa mère Marie Stuart est exécutée pour trahison en 1587.

- James VI « affermit sa position à la tête de l’Eglise et de l’Etat écossais, en parvenant à surpasser les nobles qui conspirent contre lui ». Quand Elisabeth Ier meurt en 1603, elle n’a pas d’héritier ; James VI a trente sept ans et devient roi d’Angleterre sous le nom de Jacques Ier ; il est le premier roi à régner simultanément sur l’Ecosse et l’Angleterre [76].

- James VI est « également le premier roi connu pour avoir été f.m. (initié dans la loge de Scoon et Perth… à l’âge de trente-cinq ans - Cf.Year Book of the Grand Lodge of Ancient Free and Accepted Masons of Scotland 1995) ». « James [est] un maçon spéculatif et [écrit] des ouvrages… Significativement, il [commande]… une nouvelle version officielle de la Bible, à laquelle il [laissera] son nom : la Bible du roi James, également appelée - Bible de 1611 - » ; c’est la Bible souvent mentionnée par Chris et Rob et qui omet les deux livres des Maccabées anti-nazôréens. Voici un extrait de l’introduction à la Bible du roi James :

« … si bien que, d’un côté, nous serons calomniés par les papistes ici ou à l’étranger, qui donc nous diffameront parce que nous sommes de pauvres instruments pour vouloir faire en sorte que la Sainte vérité de Dieu soit connue de plus en plus de personnes ; personnes qu’ils désirent garder dans l’ignorance et les ténèbres... ».

- Ce passage traduit « une nouvelle conception où la - connaissance -  et l’ - individu - sont vus comme des notions qui devraient aller de pair » ; ce n’est pas la conception de « l’Eglise catholique de l’époque ».

 

(p 527-530) « Le roi James… [comprend]... que le mouvement maçonnique croissant [a] besoin d’être formalisé. ». « … deux ans avant de devenir maçon et cinq ans avant de monter sur le trône d’Angleterre, il ordonne que la structure existante se dote d’une direction et d’une organisation »William Shaw, un maçon majeur, devient son « Surveillant général des maçons »(Général Warden of the Craft) chargé d’améliorer  la structure de la maçonnerie ; le 28 déc. 1598, Shaw rend publics « Les statuts et ordonnances devant être observés par tous les maîtres maçons de ce royaume ».

- « Shaw n’[accorde] pas de pensée... à la famille Saint Clair qui avait dirigé… la cour des métiers (Court of Crafts)… deux cents ans plus tôt sous le règne de Robert Bruce… En dépit du déclin de la famille Saint Clair, les maçons écossais [restent] fidèles à la tradition et [rejettent] l’offre de Shaw d’un mandat royal pour l’Ordre, si le roi James [est] accepté comme Grand Maître… ».

- William Shaw formalise les rituels de la maçonnerie opérative et spéculative, en donnant les trois degrés de la maçonnerie de métier tels que nous les connaissons aujourd’hui ; pour ce faire, il supprime  la séparation et fait des maçons opératifs des assistants de rang inférieur des maçons spéculatifs. Il instaure des structures d’ « incorporation » des maçons opératifs, toutes rattachées à une loge de maçons spéculatifs. Tout candidat à une loge spéculative doit être un homme libre, autrement dit « franc », en anglais, free, du district dans lequel la loge se situe ; ainsi le maçon spéculatif aura le titre de  franc-maçon. Les loges spéculatives ne sont pas tenues d’être rattachées à une Loge.

- La F.M. a maintenant une structure de loges qui se répand bientôt dans l’Angleterre, puis dans le monde entier.

Francis Bacon 1610 - tirage philatélique

Francis Bacon 1610 - tirage philatélique

L’architecte du second degré - Francis Bacon -

 

(p 530-532) Shaw insère « un niveau supplémentaire de maçonnerie spéculative, entre les degrés d’Apprenti et de Maître… On créa le grade de Compagnon (Fellowcraft), [qui dériverait]… du fait que ces maçons  n’étaient pas des ouvriers travaillant la matière, mais qu’ils œuvraient dans le - métier associé - (- fellow craft -) de la maçonnerie spéculative ». Chris et Rob ont la certitude « que ce degré fut un développement du degré de maçonnerie de Marque et non l’inverse comme la plupart des maçons le croient ».

- « Quand James VI d’Ecosse [devient] James Ier d’Angleterre en 1603,… [il confère] la chevalerie à Francis Bacon… ».« ... Francis Bacon [est] un des philosophes les plus admirables de l’Histoire. Il [cherche] à libérer l’esprit humain de ce qu’il [appelle] les - idoles - ou  - les tendances à l’erreur - . Il [prépare] le plan d’une grande œuvre, l’Instauratio Magna (- La grande Restauration … sous-entendu des - sciences -), devant exposer ses idées pour restaurer la maîtrise de la nature par l’homme... »(Cf. pages 531-532 pour plus de détails). « De nombreux.. scientifiques du XVIIème s. comme -  Isaac Newton, Thomas Hobbes,... - [tiennent] ses travaux en haute estime. Un siècle plus tard,… Voltaire et Diderot [décrivent] ce penseur anglais comme… - le père de la science moderne - ».

- Le Frère Bacon aurait largement influencé William Shaw pour donner « le style du nouveau second degré ».

Nicolas Copernic 1473-1543

Nicolas Copernic 1473-1543

La nouvelle hérésie - Copernic, Galilée -

 

(p 532-534) « … la pensée libérale conduit à l’invention par le Vatican d’une nouvelle forme d’hérésie… L’Eglise catholique romaine [persécute] ceux qui [étudient] la science et [aboutissent] à des conclusions entrant en conflit avec la vision dogmatique que les cardinaux [ont] des Saintes Ecritures.

- Galilée… [utilise] les nouvelles techniques pour confirmer que c’[est] le Soleil et non la Terre qui est au centre l’univers… concept déjà... décrit par l’égyptien Erathostène [77] au IIIème s. avJC... ». Galilée est qualifié de « - copernicanisme - , du nom de son partisan le plusrécent, le polonais Nicolas Copernic 1473-1543… le Saint-Office de Rome [78][promulgue] un édit contre ce système… [en] 1616... Francis Bacon [déciderait] immédiatement d’incorporer cette nouvelle vérité de la nature dans son second degré récemment créé ».

 

(p 534-537 « Il est important de rappeler que le degré de Compagnon n’[est] pas une invention : il [est] constitué à partir d’éléments empruntés à la maçonnerie de Marque et peut-être aux deux degrés originels (le degré d’entrant et le rang de Maître), auxquels s’[ajoutent] quelques nouveaux éléments partout où cela [semble] idoine ».

- Les auteurs relatent une contradiction dans le rituel de passage et une confusion qui serait faite entre Josué, successeur de Moïse à la tête du peuple d’Israël, et … Josué/Josuah ou Yehoshua, ou encore Jésus…  En même temps, ils donnent une « explication du signe de Compagnon ou de second degré... »(cf. pages 535-537).

 

Les Anciens Devoirs

 

(p 537-541) « … les Anciens Devoirs (Old Charges) provenant de la tradition orale furent… mis noir sur blanc pour éviter les déviations. William Shaw est connu pour avoir cherché à protéger les - anciens landmarks [79] de l’Ordre - »(Les anciens devoirs sont évoqués aussi en pages 39-41). On aurait retrouvé des document qui permettent aujourd’hui « de savoir ce qu’était la maçonnerie avant les modifications… exécutées notamment par Shaw et Bacon… . », en particulier :

- « Le Manuscrit d’Inigo (ou Nigo), évoqué au chapitre X et attribué à ce célèbre architecte et f.m… le véritable auteur… pourrait être un membre de la Loge Inigo Jones [80].

- Le Manuscrrit de Wood écrit en 1610,… de trente-deux pages. Il commence en identifiant les sciences auxquelles la maçonnerie a toujours été associée… : Grammaire, Rhétorique, Logique, Arithmétique, Géométrie, Musique et Astronomie… disciplines du monde classique, perdues dans le monde chrétien au cours de l’âge des ténèbres » (1008-1120 ? selon la chronologie) ; l’intérêt pour ces disciplines revient à partir du Xème s. « grâce aux contacts avec les érudits arabes… et… aux penseurs grecs à Constantinople ... »

Le manuscrit « fait commencer l’histoire de l’Ordre aux deux piliers découverts après le Déluge de Noé ». Sur l’un de ces piliers on inscrivit « les secrets des sciences à partir desquelles les sumériens développèrent un code moral qui passa aux égyptiens, par l’intermédiaire du sumérien Abraham et de son épouse Sarah ». Le texte décrit « Euclide [81] enseignant la géométrie aux égyptiens,…[géométrie] que les israélites apprirent… et emportèrent… à Jérusalem, où elle servit pour construire le Temple de Salomon ».

- « Certains manuscrits du XVIIème s. ne font pas allusion à Hiram Abif »…Cependant, [ce nom] n’était qu’une désignation parmi d’autres pour ce personnage central : on l’évoque encore sous le nom d’Aymon, Aymen, Amnon, A Man (en anglais - un homme - ) ou Amen et parfois Bennaim ». En pages 539-540, différentes hypothèses sont développées sur chacun de ces noms…

- Chris et Rob rappellent un passage de la cérémonie de second degré où on demande au candidat : « quels sont les objets particuliers de votre recherche dans ce degré ? - La réponse requise est : Les mystères  de la nature et de la science.. - A la fin de l’initiation, on dit au nouveau Compagnon : Vous devez maintenant faire des sciences et des arts libéraux [82] l’objet de votre étude… une invitation que les grands f.m. du XVIIème s. ne pouvaient décliner ».

 

(p 541-546) James VI, le roi f.m., meurt en 1625 ; son second fils, Charles lui succède (Henri, son fils aîné est mort en 1612). « Comme son père, Charles Ier [croit] fermement dans le droit divin des rois, ce dont il [témoigne] avec une grande arrogance… Charles n’[a] pas le flair de son père pour la gestion politique et, conséquence de sa confrontation permanente avec le Parlement, il finit par régner onze ans sans le moindre Parlement… le royaume [commence] à devenir instable sous le règne autocratique de Charles ».

- Selon Chris et Rob, « il y aurait des parallèles pertinents entre cette période du XVIIème s. et le contexte… en Israël à l’époque de Jésus et du mouvement nazôréen ».

- « Le premier de ces parallèles concerne un conflit dans le principe de relation à Dieu ». Pour Chris et Rob, « Jésus n’était rien d’autre qu’un républicain, essayant d’établir le règne des personnes - droites - , tandis que lui-même aurait été le chef légitime faisant respecter les lois de Dieu… il n’est pas déraisonnable de le décrire comme un puritain de son temps : un homme qui recherchait avant tout la simplicité, la rigueur religieuse et la liberté… , et n’avait pas peur de se battre pour cela ». « Aux XVIème et XVIIème s., L’Eglise catholique [est] animée par de riches conservateurs qui [ont] perdu de vue la piété sous leurs ego boursouflés et leur insistance à dire que seul le pape [a] le droit d’entrer en rapport avec Dieu [éloigne] d’eux tous ceux qui [ont] l’esprit et l’opportunité de penser par eux-mêmes ». « Certaine paroles attribuées à Jésus dans le passage QS 34 (de l’Evangile reconstitué - Q - )… [sont] encore tout à fait d’actualité au XVIIème s. » (cf. extrait page 544).

- La seconde « connexion entre les deux périodes concerne la fin du pouvoir papal en Angleterre et la confusion des autorités sacerdotale et séculière dans la seule personne du roi. Pour la première fois, depuis la fondation de l’Eglise, l’ambition de Jésus de réunir en un seul les piliers sacerdotal et royal [est] réalisée ». « … une gravure du XVIIème s. [montre] en détail les piliers royal et sacerdotal… représentés exactement... [comme dans] les anciens textes juifs… La seule véritable différence… [est] le personnage qui [fait] office de clé de voûte… le roi Charles Ier… [qui assume] le rôle des deux piliers en s’identifiant à la clé de voûte qui les [réunit]… En utilisant ce symbolisme, le roi Charles Ier [emboîte] … les pas de Jésus, mais le roi n’[a] pas la grande intelligence du leader juif et sa clarté républicaine ».

 

Néanmoins, l’Angleterre trouvera un nouvel ordre social, « une solution unique [aux] différences », solution qui viendra de l’Art Royal, pendant que les nations voisines passeront leurs souverains au fil de l’épée.

 

L’ascension des républicains - Oliver Cromwell -

 

(p 546-548) Oliver Cromwell naît le 25 avril 1599, d’une famille riche grâce aux faveurs de Thomas Cromwell, qui était ministre d’Henri VIII et oncle de l’aïeul  d’Oliver… Oliver est « éduqué... par Thomas Beard, un puritain de premier plan… Oliver [fréquente] ultérieurement le Sydney Sussex College et l’université de Cambridge, essentiellement puritains, tout en étudiant le droit à Londres… En août 1620, Il [épouse] Elizabeth Bourchier... ».

- En 1628, Cromwell devient membre du parlement (pendant 10 ans) … il [manifeste] une attitude clairement puritaine ». En 1640, il revient au Parlement quand le conflit entre Charles Ier et les puritains devient inévitable ; le 22 août 1642, la guerre civile éclate entre le Parlement dominé par les puritains et les partisans du roi.

- « A la fin de la première année de guerre, les royalistes… [surnommés aussi les - cavaliers -tiennent] la majeure partie de l’Angleterre, à l’exception de Londres et du côté oriental du pays ». En 1644, Cromwelldevient lieutenant-général ; il mène « à la victoire les forces parlementaristes(connues sous le nom de « têtes rondes »  à cause de la forme de leurs casques)au cours de la bataille cruciale de Marston Moor (2 juillet 1644) »… lui et son régiment héritent du surnom de « Côtes de Fer » (Ironsides). « Bataille après bataille, les têtes rondes [poursuivent] leur progression jusqu’à la chute de la capitale royale, Oxford, le 24 juin 1646. Charles se [rend] aux écossais... »

 

- (p 549-551) « L‘une des meilleures sources d’information sur la F.M. pendant cette époque est le journal d’Elias Ashmole… » quiéclaire  « ... la période et les événements qui conduisirent à la formation de la Société Royale ».

- « Elias Ashmole est le contrôleur du matériel militaire du roi au moment de la reddition. Il est aussi l’une des figures les plus importantes de l’histoire officielle de la F.M.. Quatre mois après [avoir] vu son camp perdre la guerre, Ashmole se [rend] à Warrington pour être initié dans l’Art Royal(le 16 oct. 1646)… » ; ce voyage est probablement « long et ardu, mais dès le lendemain de son initiation Ashmole [repart]… pour le bastion parlementariste de Londres ». Ashmole est « encore récemment un officier du roi en vue ,… il ne peut espérer se promener incognito » … sans avoir de bonnes raisons ni disposer de garanties de protection. « … une note... du 14 mai 1650 confirme la nature inhabituelle de la visite et montre également qu’il ne s’[agit] pas d’un arrangement temporaire : - Il [Ashmole] doit résider à Londres en dépit de l’Acte du Parlement contraire - … Il ne fait... aucun doute qu’il [doit] ce statut privilégié au fait qu’il [est] f.m., et, par conséquent membre de la seule organisation non religieuse et non politique qui [offre] une structure fraternelle dans laquelle un - royaliste - [peut] rencontrer [un] - cromwellien - et où un catholique [peut] côtoyer sans peur... un puritain... Ashmole, f.m. royaliste [est] en mesure de vivre ouvertement à Londres pendant de nombreuses années et [de fréquenter] les parlementaristes de haut rang ». On note dans son journal qu’il rencontre un f.m. notoire, « le docteur Wilkinsdirecteur du Wadham College d’Oxford(et chargé de cours...)avant de devenir… un des fondateurs de la Royal Society ». Parlementariste et puritain, bénéficiant d’une autorité considérable, Wilkins est le beau-frère de Cromwell et l’ancien chapelain du Protecteur lui-même…

 

(p 551-553) Pendant ce temps, soit six années, Charles Ier avait relancé la guerre avec l’aide des écossais… Défait, il sera condamné à mort et décapité publiquement le 30 janvier 1649. Cromwell soumet ensuite l’Irlande et l’Ecosse, détruisant les châteaux royalistes et les églises catholiques. 

- Ces violences étant passées, Cromwel maintient « une paix et une stabilité relatives… » avec « une certaine dose de tolérance religieuse... » sauf pour les catholiques. En 1655, il autorise le retour des juifs exclus d’Angleterre depuis 1290 ; cette action serait motivée par sa connaissance du rituel maçonnique. A l’étranger,  l’Angleterre bénéficie d’un prestige dont elle n’a pas joui depuis plus d’un demi-siècle.

- Après l’exécution de Charles Ier, le trône d’Angleterre est vacant et le pays devient la première république parlementaire au monde. Ce régime est appelé Commonwealth (littéralement « bien public »). Charles II, le fils du roi défunt débarque en Ecosse où il est couronné roi en 1651. Il poursuit la guerre contre l’Angleterre, mais il est facilement battu à Worcester ; il s’enfuit en France.

 

(p 553) Tout au long de cette période tumultueuse, Ashmole, le contrôleur de l’ancien roi, vit sans être inquiété dans le Londres de Cromwell ; il fréquente « certains des hommes les plus intelligents et les plus influents de chaque camp ». « Ashmole [a] manifestement reçu des sphères les plus élevées la permission de poursuivre une mission qui [transcende] la pure politique… ». Il devient « l’ami et la relation » de tous ceux qui font « progresser leur connaissance des mystères cachés de la nature et de la science, comme le second degré de la maçonnerie redéfini par Francis Bacon leur [demande] de le faire ».

- L’idée [commence à se répandre qu’il existe un « invisible collège, une société de savants qui ne [peut] être identifiée en tant que groupe, mais dont la présence est évidente ».

 

(p 553-554) Cromwell décède de mort naturelle le 13 sept. 1658 ; il est inhumé à l’abbaye de Westminster. Son fils Richard, qu’il avait désigné comme son successeur, ne parvient pas à conserver le pouvoir. En mai 1660, le général Monk, commandant de l’armée en Ecosse, marche sur Londres avec ses troupes et sauve le pays de la chute dans l’anarchie. Il rappelle le Parlement et lui fait restaurer la monarchie en plaçant Charles II sur le trône.

Pour se venger, Charles II profanera la tombe et la dépouille de Cromwell.

 

La Royal Society émerge

 

(p 554-555) En 1662, Charles II accorde un mandat royal à l’« invisible collège » en créant la Royal Society, « … première assemblée de savants et d’ingénieurs au monde se [consacrant] à comprendre les merveilles créées par le - Grand Architecte de l’Univers - Les libertés élaborées dans le cadre de la F.M. avaient engendré un embryon de république qui échoua, mais ces libertés donnèrent naissance à l’organisation qui pousserait les limites de la connaissance humaine pour donner un âge de Lumières... ».

- Après cette brève expérience républicaine, « les monarques [oublient] la notion primitive de règne de droit divin et [occupent] leur fonction de par l’affection du peuple et sous l’autorité de la Chambre des communes, qui s’[exprime] au nom de la volonté démocratique... ». A ce point de leur recherche, Chris et Rob n’ont « aucun doute que la F.M. porte en elle la semence de l’esprit des nazôréens et plus particulièrement de Jésus ». La Royal Society aurait germé de la pensée que Bacon avait libérée en mettant en forme la définition du second degré de la F.M.. L’histoire officielle de la Royal Society, commandée par la hiérarchie maçonnique des premiers temps, ne fait « aucune mention des règles maçonniques » (imprudemment révélées par le mathématicien Wallis).

 

(p 556-557) « Les grands homme de l’époque [cherchent] tous à rejoindre la Royal Society. Et le plus grand de tous [est] peut-être sir Isaac Newton », élu membre associé (Fellow) de la Royal Society en 1672 ; il publie notamment Philosophiae Naturalis Principia Mathematica(Principes mathématiques de philosophie naturelle) appelé aussi tout simplement les Principia…« de l’avis général, le plus grand livre scientifique jamais écrit ».

- « … au fil du temps la F.M. apparaît s’être retrouvée de plus en plus en retrait au sein de sa dernière émanation : ce rassemblement de l’intelligentsia n’ a plus besoin du secret et de la protection de l’Art Royal pour surmonter les obstacles religieux et politiques… La plupart des intellectuels les plus en vue de la F.M. consacrant leur temps et leur énergie à la nouvelle société, il semble que l’Art Royal à Londres ait alors souffert d’un certain désintérêt ».

 

La franc-maçonnerie s’adapte - Jacobites et Hanovre -

 

(p 557-561) En 1717, le « Métier » souffre d’une crise ; il n’existe plus que quatre loges qui se réunissent régulièrement dans la région de Londres [83]…« Cependant, dans le reste du pays, les loges maçonniques... [deviennent] de plus en plus populaires. Une Grande Loge - formée à une date inconnue antérieure à 1705 - se [réunit] régulièrement à York et cette première Grande Loge,… continuellement soutenue par des membres de la noblesse, [revendique] le titre de - Grande Loge de toute l’Angleterre - ».

- Les quatre loges de Londres réagissent. Elles se réunissent, et finalement organisent une réunion plénière le 24 juin 1717 où un Grand Maître est élu ; il est chargé de gouverner tout l’Ordre. La nouvelle Grande Loge anglaise établit un certain nombre de règlements (cf. extrait pages 558-559). « En formant une grande Loge sous l’autorité d’un Grand Maître élu, les quatre loges [mettent] efficacement en place un système de contrôle de la maçonnerie… elles pouvaient déclarer une loge régulière ou l’exclure de la liste des loges régulières ». D’autres maçons contestent le droit de faire  cela, notamment les maçons de York…

- « Au terme d’une longue période de luttes internes, la nouvelle structure finit par rassembler tout le monde et les plus hauts échelons de l’Ordre [sont] lentement récupérés par la famille royale, qui [cherche] à maintenir son influence au sein de l’organisation la plus républicaine du monde ». Selon Chris et Robert, ce serait la raison principale de la survie de la monarchie britannique. Cependant, « … la F.M. écossaise [restera] aussi intimement associée avec les lords du royaume qu’avec les plus humbles des maçons roturiers ; tradition… toujours entretenue fièrement jusqu’à aujourd’hui ».

 

Jacques II: influence de l'exil Jacobite sur la franc-maçonnerie

Jacques II: influence de l'exil Jacobite sur la franc-maçonnerie

- « … l’Ordre se répand dans le monde entier. C’[est] l’influence fondamentale de la F.M. sur les révolutions américaines et françaises, et la tendance des f.m. écossais à soutenir la cause jacobite [84], qui [incite] finalement les souverains anglais hanovriens à  adopter l’Art Royal… les souverains Hanovre [utilisent] le système maçonnique comme un moyen démocratique pour s’assurer la loyauté de leurs sujets maçonniques. La maçonnerie anglaise [est] sur... les rails pour devenir le club select qu’elle est devenue aujourd’hui. Elle [commence] déjà à oublier son héritage originel et ses vrais secrets sont en train de se perdre ».

 

L’expansion de la franc-maçonnerie

 

(p 561-564) « … le second Grand Maître de la Grande Loge de Londres, George Payne, [rassemble] de nombreux manuscrits sur... la maçonnerie, dont des exemplaires des Anciens Devoirs. En 1720 il [est] décidé de publier le Livre des Constitutions ». A partir de 1722 on prend « l’habitude de voir des nobles du royaume se succéder dans cette charge... Plus jamais on ne [verra] des roturiers occuper… l’office de Grand Maître… ni même celle de Député Grand Maître (Adjoint au Grand Maître anglais) ».

- L’organisation administrative se développe. « En 1727, l’office de Grand Maître provincial [est] instauré pour aider au fonctionnement de l’Ordre, qui [connaît] une croissance considérable tant numériquement que géographiquement » en Grande Bretagne comme à l’étranger. En 1730, «… François, duc de Lorraine, grand duc de Toscane - devant plus tard devenir empereur d’Allemagne - » est le premier prince de sang royal initié… L’Ordre devient « un club select pour la noblesse ».

- « En 1733, cinquante trois loges [sont] représentées à la Communication annuelle (Convent) de la Grande Loge ; l’étendue du pouvoir et l’influence de cette dernière ne [cessent]… de s’étendre… En 1738, James Anderson (alors Grand Secrétaire) [publie] une édition révisée du Livre des Constitutions… cet ouvrage sur l’histoire de l’Ordre… [amènera] certains auteurs à lui attribuer la création de la maçonnerie de métier ».

- Cependant, des patentes accordées par la grande Loge de Londres empiètent sur le territoire de la Grande Loge d’York ; les relations amicales cessent  entre les deux Grandes Loges ; la rupture sera totale en 1738. « Le 15 août 1738 la Grande Loge Ecossaise... initie Frédéric le Grand de Prusse dans une loge réunie à Brunswick... Frédéric [installe] une grande Loge à Berlin sous l’autorité de la Constitution écossaise ». C’est « une victoire majeure dans cette quête de la suprématie à laquelle se [livrent] les différentes Grandes Loges... ».

 

Le développement de la maçonnerie en Amérique - l’empreinte maçonnique -

 

(p 565-568) Chris et Rob examinent brièvement le développement des Etats Unis d’Amérique.

« … la maçonnerie fut une force motrice majeure derrière la révolution américaine et la fondation de la République des USA ». En 1773, « la partie de thé de Boston » [85] (Boston Tea Party), manifestation spectaculaire, est organisée par les membres de la Loge Saint-Andrew.

- « Les hommes qui créèrent les USA étaient soit f.m. eux-mêmes, soit ils avaient des contacts étroits avec des f.m.. Ils utilisèrent les idées qui s’étaient développées en Grande-Bretagne au cours du siècle précédent comme des briques pour leur propre constitution ». En se rattachant aux principes maçonniques, sans le savoir, il essayaient  de bâtir une nation dirigée par un Ma’at redécouvert, nation qui serait l’héritière de la grandeur de l’ancienne Egypte. La réussite ne sera que partielle… il aura notamment fallu « une terrible guerre civile pour mettre une fin  à l’esclavage de la population noire du Sud... Comme la F.M. elle-même, les USA représentent un idéal imparfait... ».

- « Parmi les hommes qui signèrent la déclaration d’indépendance, le 4 juil. 1778, les suivants étaient f.m. : William Hooper , Benjamin Franklin, Matthew Thornton, William Whipple, John Hancock, Philip Livingston et Thomas Nelson » … qui représentaient à eux seuls une majorité. La plupart des chefs militaires étaient aussi maçons, notamment le marquis de Lafayette et George Washington...

 

(p 568-571) « Quand Washington prêta serment en entrant dans sa fonction en tant que premier président de la République, le 30 avril 1789, ce fut le Grand Maître de New York (Robert Livingston) qui reçut sa prestation et la Bible sur laquelle Washington jura était le Volume de la Loi Sacrées de la Loge Saint-John n°1 sur le tableau de la Grande Loge de New York »… George Washigton avait été initié trente-sept ans plus tôt dans la loge maçonnique de Fredericksburg (Aujourd’hui n°4 de Virginie).

- « Washington posa la première pierre de fondation de la Maison-Blanche - le 13 octobre 1792, l’anniversaire de la crucifixion de Jacques de Molay ! Cette année là, le dollar fut adopté comme unité monétaire des USA . Son symbole est un S majuscule barré d’une double barre verticale - bien qu’en imprimerie il apparaisse plus couramment avec une barre verticale unique. Le S fut emprunté à une vieille pièce de monnaie espagnole, mais les deux barres verticales étaient les deux piliers nazôréens de mishpat et tsedeq… Boaz et Jakin, les piliers du porche du temple du roi Salomon. Aujourd’hui les billets américains portent l’image d’une pyramide avec un œil à l’intérieur. Ce motif représente Dieu (sous la forme d’Amon-Rê) : son œil est toujours présent et observe Son peuple pour juger chaque action accomplie… Telle était la base de Ma’at : la mesure par Dieu de la bonté dont on avait témoigné dans la vie ».

- «  Le 18 sept. 1793, George Washington posa la pierre angulaire du Capitole à Washington. Lui et ses compagnons étaient tous revêtus de leurs insignes maçonniques ».

 

Selon Chris et Rob, « l’expérience maçonnique qui a trouvé refuge... [aux USA] connaîtra une conclusion beaucoup plus grandiose, parce que c’est une étape de plus dans un voyage qui a commencé dans le sud de l’Irak actuel, il y a au moins six mille ans ».

Renvois aux notes complémentaires (histoire, étymologies,…) numérotés  de [73] à [84]

 

[73] (p 521-522) [« … la légitimité du commerce des indulgences. » « …indulgences » : Rémission vénale par l’Eglise catholique des peines que les péchés méritent, que ce soit sur terre ou au-delà.]

 

[74] (p 522-523) [… la reine Elisabeth Ier, fille d’Henri VIII et d’Ann Boleyn, deuxième épouse du roi « dont certains voudraient parfois faire une - sorcière - , autrement dit une initiée de la religion Wicca, qui se présente aussi sous le nom de la « Vieille religion », la religion païenne ancienne à tendance féminine. »]

 

[75] (p 525-527) [George Buchanan« avait vécu en Europe continentale pendant trente ans, où il avait acquis la réputation d’être l’un des principaux humanistes de l’époque. »]

 

[76] (p 525-527) [… en 1603  James VI a trente sept ans et devient roi d’Angleterre sous le nom de Jacques Ier ; il est le premier roi à régner simultanément sur l’Ecosse et l’Angleterre.

En 1606 Jacques Ier aurait créé un drapeau commun entre l’Ecosse et l’Angleterre ; il superpose notamment la croix d’Ecosse, croix de St André, et la croix d’Angleterre, croix à quatre branches orthogonales, les branches verticales étant un peu plus courtes… c’est une croix grecque avec la branche verticale plus courte, peut-être pour l’adapter au format du drapeau… Suivant ce principe de superposition, l’Union Jack sera officialisé en 1801 après l’union en 1800 des royaumes de Grande Bretagne et d’Irlande (Note du rédacteur).]

 

[77] (p 532-534)[Erathostène(276-196 avJC), Philosophe et astronome, … un des plus remarquables représentant de l’école d’Alexandrie.]

 

[78] (p 532-534) [le Saint-Office de Rome, plus connu sous le nom d’Inquisition, et qui s’appelle depuis Paul VI la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.]

 

[79] (p 537-541)  [« William Shaw est connu pour avoir cherché à protéger les - anciens landmarks  de l’Ordre - » - landmark - littéralement - borne - , mais la maçonnerie francophone a conservé tel quel le terme landmark sans le franciser. » 

- « Au sens maçonnique du terme, un landmark est une règle constitutionnelle à laquelle il est interdit de toucher sous peine d’irrégularité » (d’après le Dictionnaire de la F.M., op. cit….)]

 

[80] (p 537-541)(p 537-541) [Inigo Jones (1573-1562) est considéré comme le premier des grands architectes classiques anglais. Ce maître de cérémonies auprès des rois Stuart a importé du continent la discipline de l'architecture de la renaissance italienne - Extrait de Wikipédia]

 

[81] (p 537-541) [« Euclide  enseignant la géométrie aux égyptiens,… » :

- Euclide - En grec Eukleidês (de eukleês « illustre, de bonne renommée » : Mathématicien grec du IIIème s. avJC. Fondateur de l’école d’Alexandrie, il enseigna au Musée, institution réunissant des savants de toutes disciplines. Son œuvre, très étendue, ne nous est que partiellement parvenue… - Extrait du Petit Robert des Noms propres]

- Le Temple est déjà construit au VIème s. avJC… Comment Euclide a-t-il pu aider les juifs ?

 

[82] (p 537-541) [arts libéraux :

- Les sept arts libéraux sont identifiés au début du manuscrit de Wood vu précédemment page 538 : Grammaire, Rhétorique, Logique, Arithmétique, Géométrie, Musique et Astronomie.

- « Est libéral un art pratiqué par un homme libre de son jugement, cet art ne concerne que les disciplines libres de toutes contingences. Notre définition fait rejoindre le point de vue antique qui s’affranchit de la matière et le point de vue moderne du libre arbitre détaché du cadre corporel, fut-il religieux. Ainsi les arts libéraux sont les servants de la description et de la compréhension de l’essence des choses » - Livre du Compagnon, Rite Ecossais Primitif, page  285, par Eric Romand]

 

[83] (p 557-561) [En 1717 il n’existe plus que quatre loges qui se réunissent régulièrement dans la région de Londres… :

- L’Oie et le Gril (The Goose and Gridiron), dans la cour de la cathédrale St Paul,

- La Couronne (The Crown), dans Parker Lane, près de Drury Lane,

- La Taverne du Pommier (The Appletree Tavern) dans Charles Street, à Covent Garden,

- La Taverne de la Coupe et des raisins (The Rummer and Grapes Tavern), dans Channel Tow, à Westminster.]

 

[84] (p 557-561) [« ... la tendance des f.m. écossais à soutenir la cause jacobite... » - Les jacobites sont « Les partisans des Stuarts, voulant rétablir cette famille sur le trône à la place des Hanovre »]

 

[85](p 565-568) […« la partie de thé de Boston... » :

- Les anglais avaient imposé aux colons d’acheter exclusivement - et en quantité excessive - le thé de la Compagnie des Indes orientales. Dans la nuit du 16 déc. 1773, des colons déguisés en Indiens mohawks montèrent à bord du Dartmouth, un navire de la compagnie qui était bloqué depuis quinze jours sans pouvoir débarquer sa cargaison. La totalité du thé (une valeur de 10.000 livres) fut jetée à l’eau. L’opération s’effectua sans violence...]

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31 août 2020 1 31 /08 /août /2020 20:02

«  LA CLE D’HIRAM »

par  Christophe Knight et Robert Lomas (1997) - Editions J’AI LU -      

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Arnaud d’Apremont

« 3 ème  partie des notes de lecture (en 4 parties)

de Tha.°. Coq.°.  et Elth.°. Bia.°. «  Ecossais de l'Hermione  »

 

3ème partie

 

X. Mille ans de luttes ……………………………………………………………….. 265

Les débuts de la nation juive - Israël et Juda -   …………………………………   265

L’exil à Babylone - 586 avJC destruction du temple de Jérusalem - ……………   268

Le prophète de la nouvelle Jérusalem - Ezéchiel, « que Dieu rende fort » - ….   274

Le temple de Zorobbabel - « fils de Babylone » - ……………………………..    283

Nouvelle menace pour Yahvé - La pensée grecque, Alexandre le Grand - …….    285

 

XI. Le pesher de Boaz et Jakin …………………………………………………..   294

Les manuscrits de la Mer Morte - La « vérité » face aux dogmes de l’Eglise romaine - ..   294

Les livres des Maccabées manquants - Une différence entre les Bibles romaine et protestante -  301

Les élus de Juda - La communauté de Qumran - ……………………………….   303

Midrash, pesher et parabole ……………………………………………………. 310

Les secrets de Qumran - L’« Assomption de Moïse etc. » - …………………….  313

Les piliers jumeaux ……………………………………………………………… 320

 

Planches photographiques (non produites)…………………………………     336-351

 

XII. L’homme qui changea l’eau en vin …………………………………………   352

La course contre le temps ... pour libérer la Terre Sainte de la « loi romaine » - .  352

La nouvelle voie vers le royaume de Dieu - « Faites attention aux mots... » - …  366

L’arrestation du pilier royal - « La prophétie de l’étoile » - ………………….     372

Le procès et la crucifixion - « deux mille ans d’antisémitisme » - ……………     380

Les symboles de Jésus et Jacques …………………………………………….     388

L’ascension du menteur - « Saül-Paul » - …………………………………….      394

Le trésor des juifs - La guerre de 66-70 - Les trésors sacrés cachés sous le Temple -  405

 

XIII. La résurrection ……………………………………………………………    414

Les survivances de l’Eglise de Jérusalem - L’Eglise celtique………………....   414

Le manuscrit de la « Jérusalem céleste » - Symboles maçonniques -   ………   430

L'impact des manuscrits nazôréens - Un siècle de construction de Cathédrales, d’abbayes  438

 

XIV. La Vérité éclate ……………………………………………………………   441

La prophétie devient réalité - Bereshit Rabbati - L’Inquisition -   ……………   441

La crucifixion de Jacques de Molay   ………………………………………..      453

La preuve physique - « Le Linceul de Turin » - La fin des « âges sombres » -.    458

Le message se répand - Le voyage vers La Merica -   …………………………  462

Le pays de l’étoile appelée La Merica ……………………………………….    466

 

XV. La redécouverte des manuscrits perdus……………………………………… 471

Le refuge écossais - William Wallace, Robert Ier Bruce - ………………………. 474

Retour à Rosslyn ………………………………………………………………… 483

Que la lumière soit - Rosslyn, un sanctuaire, pas une chapelle -………………..   489

Le secret perdu de la maçonnerie de Marque redécouvert - Les premiers et deuxième degrés - ….  498

Le protecteur qui épargna Rosslyn - Oliver Cromwell - ……………………….  507

Sous le sceau de Salomon - Si tatlia jungere possis sit tibi scire possis - ……….  510

Exhumer les manuscrits nazôréens     ………………………………………….. 513

Post-scriptum (Préliminaires à d’éventuelles fouilles)    …………………………. 517

 

3ème partie

 

X. Mille ans de luttes

 

Les débuts de la nation juive - Israël [31] et Juda [32] -

 

(p 265-266) La mort du roi Salomon intervient « presque… mille ans avant celle du dernier et plus célèbre prétendant au - titre de roi des juifs - ». Ces mille années se caractérisent par la recherche d’une identité et l’élaboration d’une théologie et d’une structure sociale qui seraient propres au peuple juif.

Après la mort de Salomon, le pays d’Israël au Nord et le pays de Juda au Sud sont séparés.

- Pendant des siècles Israël est en proie à « la guerre », au « meurtre » et à « la traîtrise » ; le général Jéhu « l’individu le plus infâme de cette époque » se livre à des massacres et assassinats, souvent dans un but politique, mais il est « dit que ces – nobles - actions réjouirent Dieu » (cf. extrait du 2ème livre des Rois 10, 30, p 266).

- Juda s’efforce de maintenir  une stabilité pendant 3 siècles et demi. « La lignée royale davidique » perdure plus de 400 ans, ce qui contraste avec les « huit changements dynastiques révolutionnaires » vécus par Israël, pendant les deux premiers siècles.

 

(p 266-268) Pourquoi Israël et Juda ont-ils évolué aussi différemment ? La géographie de Juda, pays d’accès plus difficile aux envahisseurs, ne serait pas une explication suffisante. Pour Chris et Rob, « la continuité de la lignée royale davidique sur une période aussi longue s’explique principalement par le fait » qu’on lui reconnaît un « droit divin de régner », … suivant la tradition égyptienne. Au royaume de Juda, diverses cérémonies annuelles suivraient les modèles égyptiens et babyloniens, montrant l’importance centrale du roi et réaffirmant le droit ancien et sacré du roi à gouverner.

 

L’exil [33] à Babylone [34] - 586 avJC  destruction du temple de Jérusalem -

 

(p 268-269) En 721 avJC les assyriens envahissent le royaume d’Israël, puis en 597 avJC, celui de Juda. Le grand roi babylonien Nabuchodonosor (Nebuchad-nezzar) s’empare de Jérusalem ; il emmène en exil le roi Joiakîn (Jehoiachin) avec sa cour et les intellectuels du pays ; il désigne un nouveau roi à sa solde, Sédécias (Zedekiah). 3.000 personnes auraient été emmenées à Babylone ; on a retrouvé des tablettes cunéiformes (dans les ruines de Babylone) qui concernent les captifs et nomment le roi Joiakîn et ses 5 fils.

Pour libérer Juda, en 589 avJC, une rébellion est provoquée par des éléments pro-égyptiens de la cour de Sédécias (l’Egypte est l’ennemi de Babylone). Nabuchodonosor réagit immédiatement, attaque les villes de Juda et reprend Jérusalem en 586 avJC ; Jérusalem et son temple sont détruits en grande partie. Sédécias est contraint  d’assister à l’exécution de ses fils et on lui crève les yeux. D’après Jérémie 52, 29, huit cent trente-deux nouveaux captifs sont envoyés en exil.

 

(p 269-270) Au Vème s. avJC, l’historien grec Hérodote  visite Babylone, ville cosmopolite qui s’étend sur les deux rives de l’Euphrate, en formant un carré qui ferait 25 km de côté ; il décrit la splendeur de cette ville gigantesque. « Dans Babylone, s’[élève] la haute ziggourat de Bel, pyramide à 7 niveaux – aux couleurs du soleil, de la lune et des 5 planètes – en forme de tour, et au sommet de laquelle se [trouve] un temple » ; cette magnifique structure aurait été la source d’inspiration  de l’histoire de la tour de Babel. Aujourd’hui, « l’archéologie vient appuyer le témoignage d’Hérodote et le confirme comme un témoin digne de foi ».

 

(p 270-272) A leur arrivée à Babylone, les exilés découvrent la monumentale et resplendissante porte d’Ishtar avec les dieux de la ville : Mardouk – divinité-dragon - , Adad - dieu du ciel sous forme de taureau - , et Ishtar - déesse de l’amour et de la guerre symbolisée par un lion -. Jérusalem et son temple sont vraisemblablement bien humbles à côté de Babylone.

- Cependant, les juifs découvriraient une théologie « étonnamment familière » car dérivée d’une ancienne source commune sumérienne, comblant même les vides dans leurs propres histoires tribales de la Création et du Déluge.

Yahvé reste le dieu particulier de la nation juive, mais les exilés adopteraient les dieux babyloniens dès leur arrivée, par respect du dieu ou des dieux du lieu « visité » ; à l’époque, chaque dieu est considéré comme ayant une zone d’influence sur un territoire donné.

- Il est généralement admis que les intellectuels juifs rédigent pendant leur captivité à Babylone, la plupart des cinq livres de la Bible. En se servant des informations sur le commencement des temps obtenues auprès de leurs ravisseurs, les juifs seraient en mesure de reconstruire la Création du monde par Dieu et d’enrichir l’histoire d’événements comme le Déluge. Ces écrits sont un « mélange... de faits historiques... de mémoires culturelles... de mythes tribaux… » et d’« inventions » pour combles les vides historiques ou pour transmettre « un message ».

 

(p 273-274) Voici un exemple qui concerne le choix des noms de personnes :

Les noms de la Bible ne sont pas « de simples désignations populaires » ; ils véhiculent « des significations importantes ». Le philologue allemand John Allegro, spécialiste des langues sémitiques a découvert que « le nom de Jacob [découle] directement du sumérien IA-A-GUB, signifiant « pilier », ou plus littéralement « pierre levée. Dans la Genèse 28, 18, … Jacob dresse une pierre comme une stèle pour relier le ciel et la terre à Béthel… Plus tard, dans... Genèse 31, 45, il en élève une autre, peut-être à Miçpa… Béthel signifie - maison de Dieu - un point de contact entre le ciel et la terre …  Miçpa signifie - tour de guet - lieu de protection contre l’invasion ». Les auteurs de la Genèse communiquent sans doute « quelque chose de très important en appelant ce personnage « Jacob  … quand le texte biblique [change] son nom en « Israël*, cela [signale] … que les piliers du nouveau royaume [sont] en place et que la nation [est] prête à recevoir son propre nom… antécédent… nécessaire à l’établissement d’une royauté ».

 

Le prophète [35] de la nouvelle Jérusalem - Ezéchiel [36] , « que Dieu rende fort » -

 

(p 274-275) Selon Chris et Rob, le prophète Ezéchiel serait « une des figures les plus étranges - mais des plus importantes » dans leur reconstitution de l’exil babylonien. « … les écrits qui lui sont attribués… ont nourri la théologie de Qumran » et les personnes qui formeront l’Eglise de Jérusalem. Ezéchiel est l’architecte du Temple imaginaire et idéalisé de Yahve;ce Temple serait le plus important de tous.

 

(p 275-276) Ezéchiel était un prêtre du Temple et membre de l’élite envoyée en exil en 597 avJC ; la chute de Jérusalem et la destruction du Temple ont une signification importante pour lui : « Les juifs avaient désobéi aux lois divines et profané les choses sacrées, y compris le Temple… La destruction de Jérusalem et celle du Temple  représentaient une mort, tandis que la nouvelle cité attendue et le Temple reconstruit seraient une résurrection... ».

 

(p 276-278) En nov. 591 avJC Ezéchiel est dans sa maison de Nippour en Mésopotamie. Les Anciens de Juda en visite sont assis en face de lui ; ils sont venus pour entendre des messages de Yahvé. Le prophète tombe en transe, et comme s’il était dans le Temple de Jérusalem « … il vit toutes sortes d’images murales représentant de - misérables abominations - et toutes sortes de scènes mythologiques, autant de motifs qui semblaient restituer des pratiques syncrétistes d’origine égyptienne. Soixante-dix anciens de la maison d’Israël participaient aux mystères secrets et tenaient des encensoirs » (Peake’s Commentary on the Bible, op. cit.). La vision montre que ce sont les Anciens eux-mêmes qui sont impliqués dans ces rites secrets ; le verset (Ezéchiel 8, 8) introduit cette vision et explique comment le prophète « espionne » ce qui se passe. Serait-ce en rapport avec la tentative infructueuse pour obtenir de Sekenenrê Taâ II les secrets du sacre ? … sachant qu’on n’est plus dans le Temple de Thèbes avec les secrets originels, mais dans le Temple de Jérusalem avec les secrets substitués.

 

(p 279-280) On imagine les propos du prophète : «  … vous avez exécuté vos mystères secrets, venant de l’Egypte païenne, fondés sur le culte du soleil et n’accordant aucune place au Dieu de nos pères. Vous êtes les plus grands pêcheurs de tous et il est juste que Yahvé vous ait punis ».

- La réponse des Anciens déjà brisés par l’exil serait : « Mais ce sont les secrets donnés à la Maison royale de David par Moïse lui-même ! … Que devons-nous faire ? »

- Les conseils du prophète seraient : « … d’abord reconstruire le Temple dans vos cœurs et le Temple de pierre suivra… garder vos secrets, … mais expurger l’histoire égyptienne et utiliser les grandes vérités qui y sont tout de même contenues pour votre œuvre de reconstruction du Temple. Ayez connaissance de vos secrets… mais ayez d’abord connaissance de votre Dieu. » 

- Telle serait l’explication de cette importante vision d’Ezéchiel. A ce moment de l’histoire du peuple juif, l’histoire de Sekenenrê deviendrait celle d’Hiram « qui fut perdu » parce que Ezéchiel voulait enlever les traces du rituel égyptien.

- Le livre d’Ezéchiel « prophétise » aussi la réunification des pays d’Israël et de Juda, et une Alliance renouvelée avec Yahvé qui a retrouvé son sanctuaire au milieu de son peuple.

 

(p 280-282) En 573 avJC Ezéchiel est en captivité depuis environ un quart de siècle ; il exprime sa vision la plus célèbre où apparaissent « ce qui ressemble à une ville », puis le Temple qu’il évoque avec de nombreux « échos » maçonniques (se reporter au livre pour les descriptions)…. Et…

« Finalement l’imagination d’Ezéchiel établit les règles du clergé qui deviendraient celles des esséniens de Qumran (R. Eisenman et M. Wise, The Dead Sea Scrolls Uncovered, op. cit) … Le modèle du nouvel ordre est né et l’image du – temple à venir – va devenir plus importante que le Temple perdu ».

 

Le temple de Zorobbabel, « fils de Babylone »

 

(p 283) En 539 avJC Cyrus roi des perses s’empare de Babylone sans effusion de sang ; il permet aux juifs de retourner à Jérusalem et  restitue les trésors que Nabuchodonosor avait pris dans le Temple. Juda devient une province perse. Les enfants qui avaient quitté Jérusalem y reviennent vieillards ; le retour d’exil est un choc pour les exilés comme pour ceux qui sont restés. Les exilés ramènent des idées qui ont « incubé en captivité » et bâtissent « une nouvelle et puissante alliance avec Yahvé ». Le roi Zorobbabel [37] (Zerubbabel), descendant de David, fait reconstruire le Temple (avant la fin du VIème s. avJC).

 

(p 284) Pendant la captivité à Babylone, le terme « juif » (c. à d. « membre de la tribu de Juda ») aurait été instauré, ce qui serait à l’origine d’un nouveau et puissant sentiment de nationalité qui se développe ; ce sentiment se fonde sur la reconstruction du Temple, l’application de règles religieuses strictes et d’obligations issues du livre de la Loi imposé par les exilés. Les bâtisseurs de la nouvelle Jérusalem (s’)imposent la vision spécifique de « peuple de Yahvé » ; ils protègent cette spécificité par « des mesures comme la proscription des mariages avec des non-juifs. De cette manière les tribus du Levant – autrefois distinctes - [deviennent] une race ».

 

Nouvelle menace pour Yahvé - La pensée grecque, Alexandre le Grand -

 

(p 285) L’influence des babyloniens et des perses est manifeste dans les écrits de l’A.T.. Mais, au milieu du IVème s. avJC, apparaît la culture grecque, « radicalement nouvelle », qui aura un impact beaucoup plus profond sur le judaïsme.

 

(p 285-286) « Pendant qu’à Jérusalem l’ordre social s’[organise] autour du clergé et de l’apaisement d’un Dieu exigeant, les penseurs grecs [produisent] une nouvelle classe de philosophes, de scientifiques et de poètes. Le monde  [prend] connaissance de cette nouvelle puissance majeure » par les exploits du roi macédonien Alexandre [38] le Grand, un des plus grands chefs militaires de l’histoire. Il constitue un empire qui regroupe l’Egypte, la Perse, l’Afghanistan et le sous-continent indien ; il instaure « un mode de vie... international » où les connaissances comme les marchandises sont échangées dans le monde entier, de sa nouvelle cité Alexandrie (en Egypte) jusque dans la vallée de l’Indus. La langue grecque est celle du commerce, de la diplomatie et du savoir ; « le mode de vie et de pensée hellénistique [est] adopté.. par tous les intellectuels. Ceux qui ne [peuvent] lire et écrire en grec [sont] exclus de la nouvelle élite internationale ». Agé de 24 ans, Alexandre débarrasse l’Egypte de l’envahisseur perse ; la société égyptienne le nomme « fils de dieu et pharaon incarné ».

Alexandre meurt de fièvre à Babylone à 33 ans en 323 avJC. L’influence hellénistique en Egypte perdurera grâce à la lignée des pharaons ptolémaïques, dont Cléopâtre…

 

(p 286-287) « … les dieux égyptiens se [fondent] aux dieux grecs… Les colonnes jumelles représentant les deux pays [deviennent] les colonnes d’Hermès [39] », dieu qui absorbe les attributs du dieu-lune égyptien Thot, incarnation de la sagesse et frère de Ma’at. « … ce dieu possédait toute la connaissance secrète sur 36.535 rouleaux cachés sous la voûte céleste… qui ne pouvaient être découverts que par des hommes dignes qui utiliseraient une telle connaissance pour le bien de l’humanité » (36.535 est environ le nombre de jours dans un siècle).

Thot et Hermès sont importants en F.M. et leurs noms désignent en fait la même personne.

 

(p 287-289) Les Anciens Devoirs (Old Charges) de la F.M. rapportent l’implication d’Hermès/Thot dans le développement initial de la science comme le montre la citation du texte daté de 1.607 d’Inigo (ou Nigo) Jones (pages 288-289). La F.M. rappelle dans cette citation « comment les grecs  [élaborent] leurs croyances à partir des légendes égyptiennes. La datation - Anno Mundi - signifie  depuis le commencement du monde », soit, « selon la F.M., 4.000 ans avJC, époque où la civilisation sumérienne serait sortie… de nulle part ! »

 

(p 289-291) Au IVème s. avJC, l’ordre règne dans la société juive. Mais bien des juifs oublient promptement les contraintes de leur Alliance avec Yahvé et se tournent vers le « nouvel ordre du monde cosmopolite » ; « la nouvelle race » juive se répand et établit « un quartier propre dans presque chaque ville hellénistique... Les juifs [deviennent] rapidement des agents respectés du nouveau commerce qui [anime] l’Empire grec » ; ils apportent « avec eux leur croyance en Yahvé et leurs livres sacrés [sont] traduits en koiné - version citadine commune du grec classique - ». Cette version est « la Septante » (déjà vue précédemment).

- « Les premières écritures [existent] maintenant en hébreu, en araméen de l’Empire perse et en koiné » qui seront les langues utilisées pour les nouvelles œuvres religieuses. Mais les juifs grécophones d’Alexandrie, d’Ephèse et d’autres villes qui traduisent leurs écritures ne peuvent manquer d’en modifier l’atmosphère et le sens car « la langue grecque s’est développée au sein d’un peuple cosmopolite, rationnel et libre penseur qui utilisait la rhétorique et la philosophie avec la plus grande efficacité. Par contraste, le peuple inspiré et irrationnel qui manifesta l’hébreu avait une conception différente du monde ».

 

(p 291-292) « On [appelle] Diaspora le monde juif hors de Judée ». Au grand effroi des juifs restés à Jérusalem, les juifs de la Diaspora « interprètent] la Loi à leur guise et, le pire de tout, ils [transgressent] l’Alliance avec l’invention de la synagogue », terme grec signifiant « rassembler » ; originellement la synagogue est un lieu où les juifs se rencontrent et organisent les besoins de leur communauté ; puis ce lieu d’assemblée se transforme en Temple alors que Yahvé ne pouvait être adoré que dans Sa  maison à Jérusalem. La synagogue est une idée scandaleuse et épouvantable pour « les fidèles de Dieu... dans la Cité sainte ».

 

(p 291-292) Cependant, la religion juive attire les occultistes qui lui conférent « une tout autre signification … le nom même de... Yahvé... écrit YHVH, [revêt] une signification particulière. Les grecs [appellent] ce nom divin le « Tetragrammaton » et ils [considèrent] les textes juifs comme la source d’une ancienne sagesse ésotérique supposée ». Des Gentils (des non-juifs) prennent ce qu’ils veulent dans le judaïsme et forment des groupes qui seront « le terreau d’un culte à mystères grec » : le christianisme.

 

(p 292-293) CONCLUSION

De ce chapitre retenons « comment Sekenenrê Taâ II [est] devenu Hiram Abif, le roi qui fut perdu. C’[est] l’œuvre d’Ezéchiel, ce personnage autoritaire, qui cherchait à expliquer pourquoi Dieu n’était pas parvenu à protéger son propre Temple face à ses ennemis ».

 

XI. Le pesher de Boaz et Jakin

 

Les manuscrits de la Mer Morte - La « vérité » face aux dogmes de l’Eglise romaine -

 

(p 294-295) A l'époque du Christ, la communauté d'Israël la plus importante - non pas en nombre mais spirituellement - serait celle de Qumran à l'origine des manuscrits de la Mer Morte… Qumran, les esséniens, les nazôréens et l’Eglise originelle de Jérusalem ne seraient qu'« une seule et même entité ».

- Il a bien été trouvé une filiation « entre cette communauté et les anciens égyptiens » qui conforterait l'hypothèse du développement de la F.M. à partir de ce groupe (cf. chap. IV et V). Néanmoins il manque encore « des preuves directes de comportements et de rites maçonniques ».

 

(p 295-296) Entre 1951 et 1956, le site de Qumran fait « l'objet de fouilles massives, orchestrées par le Jordan Department of Antiquities, l'Ecole archéologique française et le Palestine Archeological Museum (sous la direction de G.L. Harding et du père R. de Vaux) ». Les érudits responsables de ces recherches ne sont pas indépendants ; ils ont « une foi à protéger et une organisation à maintenir... De fait, après leur découverte, plus de la moitié des huit cent manuscrits exhumés ne [sera] pas publiée pendant plus de quarante ans. La communauté intellectuelle [sera] outragée par cette occultation sans précédent d'une connaissance qui aurait du être publique ».

 

(p 297-298) A la lumière de ces textes enfin disponibles, il semble qu'il existe « un grand nombre de variantes [de l'A.T.] et que le texte [de la] Septante n'est que l'une d'elles ».

« … le christianisme repose entièrement sur l'idée qu'un jour un dieu fait homme est mort (bien que temporairement) sous la torture pour la rémission des péchés des hommes qui Le vénéraient ». L'« unique témoignage relatif à cet événement charnière … [étaient] les trois Evangiles synoptiques du Nouveau Testament … On sait maintenant que l'histoire de Jésus racontée par ces Evangiles est dans une large mesure une fiction mise en scène pour habiller ses enseignements... L'analyse  des Evangiles de Matthieu et de Luc montre qu'ils sont un amalgame… fondé sur une combinaison de l 'Evangile de Marc et d'un Evangile perdu ancien auquel on fait référence »... l'Evangile « Q » ou « Quelle », en allemand « source ». On sait également aujourd'hui que le récit de la naissance de Jésus dans Marc et Luc est une totale invention... ».

- Des « spécialistes comme Morton Smith, ont détecté l'existence d'un Evangile secret… sous-jacent dans les quatre évangiles du N.T (Jean, Luc, Marc, Matthieu… ordre à vérifier) … qui serait antérieur à l'Evangile de Marc (M. Smith, The Secret Gospel, op. Cit.)… Cette hypothèse est corroborée par les manuscrits de Qumran qui démontrent qu'il existait une tradition secrète que les membres devaient jurer de ne jamais divulguer... (D.S. Russel, The Method and Message of Jewish Apocalyptic) ».

- En dehors de ces textes, on ne trouverait quasiment aucune référence à Jésus dans les documents connus, même pas par « des historiens comme Flavius Josèphe, Philon et Pline l'Ancien [qui] recensaient presque tout ce qu'il y avait à noter à l'époque… les premiers inventeurs du christianisme » auraient supprimé les preuves de l'existence mortelle de Jésus « qu'ils voulaient représenter comme un Dieu ».

 

(p 299-300) « … (p 297) le judaïsme et la plupart des autres religions se fondent sur un large corpus social et théologique ». « Le boudhisme n'a pas besoin de Gautama Boudha pour exister, et sans Mahomet, l'islam vit quand même. Mais sans la résurrection de Jésus, le christianisme (tel qu'il se présente actuellement) n'est rien. Le christianisme est aujourd'hui exposé à la lumière de la vérité … il ne peut être juste de dissimuler la vérité, parce que la vérité est certainement l'essence de Dieu. Il doit exister un moyen pour l'Eglise de survivre en repensant ce qu'elle sait être des idées fausses... la religion n'a rien à faire avec la vérité historique, mais avec la foi… [cependant] dans notre monde moderne, la foi aveugle n'est... plus tout à fait suffisante. Si la religion veut survivre, elle ne doit pas se détourner des informations nouvelles.

Mettre les dogmes au-dessus de la vérité n'est pas une bonne manière d'honorer Dieu ».

 

Les livres des Maccabées manquants - Une différence entre les Bibles romaine et protestante -

 

(p 301) L'accession de Jonathan Maccabée à la haute prêtrise serait, selon « l'histoire officielle », un évènement populaire et conforme au droit. Grâce aux écrits de Qumran, nous savons que les hassidims [40] (juifs de stricte observance) rejettent ce choix qui place « la politique devant Yahvé ». Après l'assassinat de Jonathan, son frère Simon lui succède et proclame un droit héréditaire  pour sa famille à occuper la charge de grand prêtre ; le Psaume 110 fait allusion à cette accession illégalel à la haute prêtrise. Qumran dénonce « La Cité de Jérusalem dans laquelle le prêtre maudit exécutait ses abominations et profanait le Temple de Dieu (1 QpHab 12, 7-9) ».

 

(p 302-303) Le fondateur de la lignée qui s'empare de la haute prêtrise s'appelle Mattathias et son fils Juda sera appelé « Maccabée [41] ». La lignée qu'ils engendrent est désignée par les hasmonéens (ou asmonéens), de Ashmon (Hasmon) arrière grand-père de Mattathias (selon Flavius Josèphe). Dans cette descendance, Aristobule [42] sera le premier à se dire « roi des juifs » autant que grand prêtre… (cf. p 302 pour plus de détails).

- Dans les 1er et 2ème livres des Maccabés, « La Bible catholique romaine de Douai fournit une histoire… de cette période... de « corruption généralisée et décrit les asmonéens comme des héros juifs... La Bible du roi James est muette sur cette question ».

- Pourquoi la Bible romaine admet-elle la légitimité des asmonéens, légitimité ignorée par la Bible protestante ? Les conteurs, beaucoup plus tardifs de la Bible protestante auraient-ils rejeté les asmonéens ?

L'illégitimité des prêtres et rois asmonéens n'aurait été connue (et dénoncée) que par « les membres de la communauté de Qumran qui méprisaient  ces faux grands prêtres et leur soumission politique aux romains ». Les qumraniens disparaissent au cours de la guerre contre Rome en 66-70 apJC.  Néanmoins, « En enterrant la véritable histoire juive sous la forme de manuscrits, le message parvint finalement entre les mains des auteurs de la Bible protestante… grâce aux fouilles des chevaliers templiers au début du XIIème s. ».

 

Les élus de Juda - La communauté de Qumran -

 

(p 303-304) « Zorobbabel... et les membres de son groupe intérieur » reviennent de Babylone « avec la cérémonie secrète de la lignée royale de David », cérémonie modifiée par Ezéchiel mais « globalement... intacte ». Toujours suivant le plan d'Ezéchiel, un nouveau Temple est bâti, une nouvelle et « inébranlable » Alliance avec Yahvé est contractée… Mais il est très probable que les descendants de Zorobbabel et de son groupe intérieur,... les hassidims, quittent Jérusalem… entre 187 et 152 avJC. ; le manuscrit « Ecrit de Damas » livrerait le meilleur indice sur la fondation de la communauté de Qumran à cette époque [« Ceux de Damas (Damascus) » est un autre nom de la communauté de Qumran] ; on peut se reporter à un extrait du manuscrit page 304. 

 

(p 305) « Nous pouvons être certains que la communauté [est] en place en 152 avJC. quand les qumraniens s'[élèvent] contre l'accession  de Jonathan, le chef des Maccabées, à la haute prêtrise... Les manuscrits récupérés dans les grottes de Qumran… - Manuel de Discipline et les… deux premiers chapitres du livre d'Habacuc - évoquent  leur aversion… pour cette désignation ».

« Les qumraniens « Retirés dans le désert,… se [voient] comme le peuple de la nouvelle Alliance avec Yahvé, - les élus de Juda - » ; leur « règle » deviendra « le modèle des ordres  chrétiens » (monastiques).

 

(p 306-307) La communauté de Qumran est divisée en trois groupes : Israël, les Lévites et Aaron. Israël désigne l'appartenance ordinaire ; les lévites sont les prêtres de rang inférieur ; Aaron désigne les prêtres les plus élevés et les plus saints.

« Il existe un certain nombre de ressemblances spécifiques entre la F.M. et Qumran ». Pour devenir membre de la communauté, tout postulant passe un entretien ; sa candidature est examinée « pour établir sa rectitude » et on procède au vote. Une fois admis, le candidat reste « à un grade inférieur pour la durée d'un an, période au cours de laquelle il ne doit pas mêler sa richesse à celle de - la multitude - (les autres membres) » . Au bout d'un an, « le candidat [subit] un examen pour évaluer sa connaissance... de la Thorah… Comme en F.M. jadis, la majorité des membres de Qumran ne [peut] dépasser le second degré d'appartenance… au terme d'une année supplémentaire, quelques individus élus [peuvent] accéder à un troisième degré,... [approchant] le « Conseil secret de la Communauté »… Comme chez les chevaliers templiers, au terme de leur première année, les initiés [doivent] remettre toute leur richesse… » procédure que la F.M. ne peut adopter. « Les vertus positives enseignées dans la communauté de Qumran sont … : vérité, rectitude, bonté, justice, honnêteté et humilité associées à l'amour fraternel… ».

« Les trois degrés de la communauté de Qumran  ressemblent tant à ceux de la F.M. qu'il ne peut s'agir d'une pure coïncidence ».

(p 308-310) A Qumran comme en F.M., on exige des candidats d'être « sains de corps et d'esprit, et tout handicap physique est supposé empêcher l'admission » (la règle n'est plus rigoureusement appliquée - On se reportera à la note de bas de page 309 à propos de la justification de telles disqualifications).

- La communauté qui vit à Qumran pendant 250 ans est souvent qualifiée de « monastère essénien ». Cependant Qumran n'est pas un rassemblement de célibataires voués à la prière, bien que « le célibat [soit] tenu en haute estime » sans être obligatoire.

- « La communauté de Qumran... [changera] spectaculairement au cours de son quart de millénaire d'existence, particulièrement vers la fin sous l'influence de Jésus et Jacques ».

 

Midrash, pesher et parabole

 

(p 310-312) « Il est... incontestable que le christianisme était un culte juif et que tous ses - acteurs originels – (Jésus, Jacques, Simon-Pierre, André, Juda, Thomas, etc.) étaient des gens qui pensaient en terme de midrash, pesher et parabole » :

- « … midrash correspond pratiquement au mot - exégèse - , … - l'étude et l’interprétation des Ecritures hébraïques dans le but de découvrir les vérités et instructions théologiques à suivre - ».

- « … pesher [est] une méthode pour donner un sens à tout ce qui [survient] autour d'eux »… [suivant] des schémas types… déchiffrés grâce à l'étude des Ecritures ».

- « … parabole (du grec parabolê - comparaison - ) … Jésus Christ utilisait cette forme narrative… comme – une explication imagée pouvant contenir une allégorie,… une métaphore,… permettant de transmettre un enseignement plus profond… - . Ces histoires n'étaient pas seulement… de simples analogies... pour aider à comprendre la Loi… ».

« la seconde génération (Paul, Matthieu, Luc, etc.) était assez différente et utilisait des processus intellectuels plus héllénistiques... ». Les Evangiles du N.T. auraient été écrits par cette génération, « après la destruction de Jérusalem et de Qumran et la mort des acteurs originels ». C'est pourquoi, « Pour séparer le fait de la fiction dans le N.T., il faut enlever le littéralisme grec pour retrouver le courant de pensée juif et protochrétien... sous-jacent ».

 

(p 312-313) C'est à partir de 1956 que des parallèles sont faits au travers des textes entre les qumraniens et l’Eglise de Jérusalem. Deux extraits de textes sont cités dans le livre pour faire un comparatif. Ces citations s'accordent aussi avec la F.M. et la construction d'un temple spirituel (cf. vision d'Ezéchiel), surtout « … la pierre de fondation dans l'angle nord-est » ; l'angle Nord-Est est la place attribuée dans la loge au nouvel admis en F.M..

[43] Note n°2 de bas de page 312  [« … Nouveau Testament ou... Nouvelle Alliance » ]

 

Les secrets de Qumran - L’« Assomption de Moïse etc. » -

 

(p 313-315) Le « Maître de Justice ou de Rectitude » montre « la Voie » aux esséniens contraints de quitter Jérusalem. « La communauté s'établit alors sur des bases solides à Qumran … les manuscrits de Qumran… donnent rarement les noms des individus ». Le « Maître de Justice [est] très probablement… un descendant sacerdotal de Sadok. Il [révèle] à sa communauté qu'ils [vivent] à une époque qui [verra] - la fin des jours – comme l'avaient prédit les anciens prophètes ».

Les qumraniens se désignent eux-mêmes par : « la Communauté », « la Multitude », « la Congrégation d'Israël » et « les fils de la Lumière » ; l'homme qui les conduit « à la fin des temps », le Messie davidique, porte des titres comme « le Puissant », « l'Homme de Gloire » et « le « Prince de Lumière » qui vaincra le « Prince des Ténébres » et la « Congrégation de Bélial » (Satan)… Cependant Dieu [sauvera] Son peuple grâce à deux hommes qui se [léveront] à la fin des temps : l'un [sera] du - Rameau de David - et l'autre [sera] - l'Interprète de la Loi » (D.S. Russel, The Method and Message of Jewish Apocalyptic, op. cit.).

 

(p 315-320) Selon les manuscrits qumraniens, il existerait des livres secrets… sur ces événements futurs, ainsi que des références à certains rituels révélés par Dieu ; ils auraient été « transmis selon une longue ligne de tradition secrète ». Parmi ces documents, on a trouvé des rouleaux d'écritures cryptées,... des écrits secrets ?

- Le Dr Hugh Schonfield découvre un code hébreu destiné à crypter les noms d'individus, le « code Atbash » (H. Schonfield, The Essene Odyssey, op. Cit.). En 1988, il s’aperçoit que des mots clés, utilisés par les templiers et par la F.M., sont eux-mêmes des codes Atbash… à l'exemple de « Baphomet » que les templiers auraient adoré ; ce terme jusqu'ici incompris, a été transcrit en hébreu et, par le code Atbash, devient Sophia, « sagesse » en grec.

- Parmi ces mystérieux textes qumraniens, certains concernent Noé et Enoch, détenteurs de secrets divins transmis par « les ancêtres mythiques de la race humaine… On retrouve ces récits dans… la littérature apocalyptique,… [récits] aussi anciens que le livre de la Genèse, ils proviennent… de quelque autre source non identifiée… [et] il y eut… une tradition secrète inexpliquée attachée au nom d’Enoch »… … . En F.M. « de vieux rituels [évoquent] la tentative de Sem, Japhet et Ham (Sham ?) pour ressusciter Noé et,… le degré de Noachite (Ark Mariners), déjà mentionné… continue cette tradition des secrets de Noé ». Serait-ce « les secrets oraux de la cérémonie de résurrection » ?

- Il aurait existé « beaucoup plus d’écrits attribués à Moïse qu’il n’en subsiste aujourd’hui, [comme] l’Assomption de Moïse [44] - considérée comme une œuvre essénienne »… où Moïse donne à Josué une instruction pour qu’il cache des livres secrets « avant la fin des jours,… à l’endroit qu’Il fit dès le commencement de la création du monde » (cf. citation page 317). Pour les juifs, « l’endroit de la Première création » ne peut être que « le rocher sous le Saint des Saints... du Temple de Jérusalem ». Les qumraniens, « fervents étudiants de la Loi », auraient suivi cette instruction de Moïse « parce… qu’ils pensaient voir la fin des temps... ». Chris et Rob sont de plus en plus persuadés que les templiers qui ont fouillé le site du Temple durent trouver des rouleaux secrets.

- Dans le texte de l’Assomption de Moïse (qui aurait été écrit du vivant de Jésus), apparaît le personnage de Taxo, ou encore Tacho, que le code Atbash traduit « Asaph, … celui qui assista Salomon pour la construction du Temple ». En F.M. Tacho est aussi le nom du G.M. (en Espagne). Les qumraniens écrivent que Tacho et ses fils se retirent dans une grotte « pour mourir sans trahir leur foi. Leur mort doit être le déclencheur de l’intervention de Dieu... ».

Pour Chris et Rob, ce serait la confirmation que Tacho fait référence au Maître de Justice des dernières années d’existence de la communauté (Peake’s Commentary on th Bible, op. cit.). L’exhortation dans le texte « mourir plutôt que trahir sa foi » se retrouve au 3ème degré de la F.M. dans les paroles d’Hiram : « Je préfère mourir plutôt que trahir la vérité sacrée dont je suis le gardien ».

 

(p 320) « le chef de la communauté de Qumran était considéré comme le descendant spirituel de l’architecte originel du Temple de Salomon,  autrement dit l’homme que les f.m. appellent aujourd’hui Hiram ».

- Il faut maintenant revenir sur l’autre motif principal du symbolisme maçonnique, les deux piliers et leur histoire, si importants pour les deux premiers degrés de la F.M..

 

Les piliers jumeaux

 

(p 320-321) A partir d’une position qu’ils croient « élevée », les chrétiens modernes s’autoriseraient à étudier et à considérer les esséniens/qumraniens comme un simple groupe parmi beaucoup d’autres existant en Terre Sainte à l’époque du Christ. Ce jugement sur les qumraniens est inadéquat car ils seraient la « quintessence » des aspirations juives et « la judéité incarnée ».

 

(p 321-325) « … les plus anciens manuscrits parlent du premier Maître de Justice et les plus récents du chef spirituel ultérieur identifiable sous le nom de - Jacques le Juste - ... le frère du Christ et le chef de l’Eglise de Jérusalem... » qui serait la même communauté que Qumran (conclusions de R. Eisenman et M. Wise spécialistes indépendants). L’historien Hegésippe (Hegesippus au IIème s. apJC) appelle le frère du Christ « Jacques le Juste » ; il le décrit comme un « nazirite » qui intercède « dans... le Temple pour le salut des hommes » et le présente comme le « droit », respectueux de la règle de vie qumranienne.

- Selon le « Manuel de discipline », le Conseil de la communauté consiste en « douze parfaits saints hommes », « piliers » des qumraniens ; deux de ces piliers représenteraient les aspects royal et sacerdotal de la création et du maintien du « Royaume des cieux » qui désigne en fait une existence terrestre dans la paix et la prospérité sous le règne de Yahvé. On peut faire le lien avec Boaz et Jakin qui ornaient la porte orientale du Temple de Salomon, « piliers spirituels » hérités de la Haute et de la Basse Egypte unifiées.

- « Jakin fut le premier grand prêtre du Temple » ; Jakin est aussi la « colonne sacerdotale » à Qumran, personnification de la sainteté associée au « concept fondamental de tsedeq » (ou « zedek »), traduit par « vertu », « rectitude »... Ce concept est fondamentalement… celui de Ma’at en Egypte. Pour les cananéens, tsedeq était associé au dieu-soleil. « Quand les juifs fusionnèrent les croyances cananéennes avec leur concept de Yahvé, tsedeq devint une des caractéristiques de ce dernier… le mot conserva son association avec la lumière solaire et… l’opposition avec les ténèbres et le chaos » (Norman Cohen, Cosmos, Chaos, and the World to come, op. cit.)… Notons « … ici des ressemblances... entre... la… divinité égyptienne Amon-Rê et Yahvé : tous les deux utilisent leur pouvoir solaire… pour combattre les forces de ténèbres et de chaos ».

- « Boaz … était l’arrière-grand-père de David, roi d’Israël ». Pour les qumraniens c’est le pilier royal, symbole de la maison de David et du  « concept de mishpat » relié à l’autorité gouvernementale et à l’administration de la justice. « Ce fut à Miçpa (Mizpah, autre orthographe de mishpat) que Jacob érigea une colonne et … Saül fut proclamé premier roi d’Israël ».

(Suite p 321-325) « Quand ces deux piliers spirituels sont en place avec le Maître de  Justice (tsedeq) à gauche de Dieu et le roi davidique terrestre (mishpat) à sa droite, l’arche de l’autorité de Yahvé est en place avec la clé de voûte du « shalom » fermant le tout au centre. Pour les qumraniens, shalom signifie plus que la « paix »… il induit « le bien-être en général » obtenu en établissant la loi de Yahvé, « un ordre moral de gouvernement, supporté simplement par les piliers royal et sacerdotal ».

Les piliers frères et la clef

Les piliers frères et la clef

(p 325-326) L’essence et la mission de la communauté sont rendues compréhensibles par ce symbole transcrit et vraisemblablement enterré avec les autres textes sous le Temple d’Hérode.

- Selon le philologue John Allegro (traducteur du rouleau de cuivre), la racine du mot Qumran (« Qimrôn » à l’époque de Jacques et Jésus) signifierait « voûte, arche, porte... » ce qui rappelle le schéma évoqué précédemment. « Les deux seules bases de colonnes trouvées dans les ruines de l’établissement se trouvent de chaque côté de la porte Est menant à leur lieu de culte de remplacement ».

- A l’approche de la « fin des temps », il aurait été urgent pour Qumran de trouver les hommes incarnant ces piliers… « ces fonctions ne pouvant être immédiatement occupées en raison de l’occupation romaine,... les candidats étaient appelés messies,… autrement dit… des chefs à venir ».

 

(p 325-327) Pour Chris et Rob, bien des éléments permettent de dire que les qumraniens seraient les précurseurs de la F.M. moderne. De plus, en maçonnerie, « Jakin » a le sens d’« établir », ce qui est « la fonction du Messie sacerdotal » (tsedeq) qui doit « établir la justice sur la terre d’Israël, pour que le Temple puisse être reconstruit ». « Boaz... signifie la - force - pour les maçons… c’est le pilier du Messie royal ou mishpat, responsable de la force du royaume... en matière de défense... », d’exécutif… « Les f.m. disent que l’union des deux donne la - stabilité - … - shalom - . Les f.m. utilisent les deux piliers du Temple du roi Salomon exactement de la même manière que la communauté de Qumran ».

 

(p 327-328) L’Ecrit de Damas (et d’autres manuscrits de Qumran) fait référence aux « Messies d’Aaron (sacerdotal) et Israël (royal) » ; l’Evangile de Matthieu 3, 3, décrit Jean le Baptiste comme une « voix qui crie dans le désert », formule précise utilisée par la communauté de Qumran. A l’époque de la rédaction des Evangiles (Luc, etc.) Jean le Baptiste était considéré comme le Messie, mais « au cours des quarante dernières années, bon nombre de membres de la communauté théologique traditionnelle ont admis que Jean et Jésus avaient pu être des messies conjoints (K.G. Kuhn, Die Beiden Messias Aarons und Israël). Si le terme de Messie est pris dans son acception correcte  originelle, il est… naturel de voir Jean comme le Messie sacerdotal et Jésus comme le pilier mishpat, le Messie royal ».

 

(p 329) Jean est la personnification de la rectitude qumranienne ; il prêche des « sermons...cinglants » à l’encontre des autorités « corrompues » de Jérusalem. Dans le désert, Jean vit durement et purifie l’esprit des fidèles qui viennent l’écouter en les immergeant dans l’eau du Jourdain, ce qui est « le rite esséno-qumranien de purification par le baptême... technique favorite des qumraniens » (qui utilisent plutôt l’eau de leurs citernes). « Certains observateurs pensent que Jean était le Maître de Justice », mais il n’y aurait pas de preuves suffisantes.

 

(p 329-330) « L’histoire du baptême de Jésus décrit dans le N.T. est un récit délibérément mis en scène par les auteurs des Evangiles… On découvre... que l’idée d’un Jésus baptisé par Jean [est] une invention de Marc… il est probable que le prétendu baptême administré par Jean [serait] en réalité le premier degré d’initiation  au sein de la communauté ». L’image de la colombe qui descend sur Jésus est « une manière ordinaire pour les hébreux d’exprimer l’acquisition de sagesse ».

- D’après le N.T., après son baptême, Jésus part dans le « désert » où il jeûne quarante jours et quarante nuits ; il n’est pas dit qu’il quitte le désert après son jeûne. La Bible du roi James dit même qu’il demeure là pendant trois ans, plus précisément de 27 à 31. Tout au long des manuscrits de la Mer Morte, le terme « désert » [45] désigne la communauté de Qumran et non pas un véritable désert où Jésus resterait seul (selon les chrétiens de Rome). Jésus resterait donc à Qumran où il franchit vraisemblablement les trois degrés de l’initiation ; au plus haut de son initiation, il aurait appris le rituel de la cérémonie royale de résurrection, rituel transmis depuis Moïse.

 

(p 330-332) Jésus et son jeune frère Jacques seraient des élèves brillants et des qumraniens hautement qualifiés. Jésus étant de lignée davidique, Jean le Baptiste lui aurait demandé s’il pouvait être «  celui qui doit venir,... le Messie royal, l’autre pilier à côté de lui ». Jésus aurait répondu par un pesher : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, ... »  selon lequel « l’expulsion du péché devait guérir le malade ». Ainsi Jésus aurait été « d’accord avec Jean sur le fait que la - fin des temps - était imminente et qu’il était l’homme qui aiderait à préparer la - Voie - », le pilier royal.

- Flavius Josèphe (« Antiquité judaïques »)  rapporte que Jean fut exécuté (en 32) par Hérode Antipas qui avait peur que les activités de Jean puisse conduire à une révolte. Le ministère messianique de Jean aurait duré six ans.

- Pour reprendre la fonction clé d’un de ses piliers, Qumran devait remplacer Jean à la tête de la communauté ; « Jacques le Juste » reprendra ces fonctions ; son frère plus âgé qui s’était présenté aussi, est « Jésus ».

 

(p 332-335) Après l’assassinat de Jean, tout est bouleversé. Pour Chris et Rob, il s’agit maintenant de découvrir ce qui se passe au cours de cette période clé et d’« examiner la vie du pilier royal, le Christ Jésus lui-même », ainsi que ses rapports avec Jacques.

XII. L’homme qui changea l’eau en vin

 

La course contre le temps pour libérer la Terre Sainte de la « loi romaine »

 

(p 352-353) Selon Chris et Rob, Jésus se révèle être « un personnage  immensément puissant et exceptionnellement impressionnant…  première chose… la durée totale de son ministère : un an seulement, de la mort de Jean le Baptiste à sa propre crucifixion... Ce [bref] laps de temps [sera] riche en violence et en lutte politique interne ».

 

(p 353-354) Les qumraniens sont sans doute heureux que Jésus soit le pilier gauche de mishpat, c. à d. le Messie royal, le roi des juifs à venir, mais ils ne peuvent l’accepter comme pilier droit. « La Bible dit que Jésus s’assoira à la droite de Dieu le Père. Cela signifie qu’il est le pilier de gauche : si l’on regarde à l’intérieur du Temple à travers la porte orientale, on voit Dieu faisant face à l’Est, le pilier mishpat étant à sa droite mais sur notre gauche ». Jésus ignorant l’appréciation des qumraniens, aurait proclamé être « les deux axes de connexion terrestre de la sainte trinité qui [a] Dieu à son apex ». Peut-être est-ce « l’origine de la Trinité catholique :Dieu le Père - Dieu le Fils - Dieu le Saint Esprit - » ?

- Le 22 mars 1993, dans le programme de la BBC « Horizon » le professeur Eisenman déclare : « Ce dont nous parlons dans notre nouvelle approche des manuscrits de la Mer Morte, c’est d’un mouvement messianique en Palestine beaucoup plus agressif, beaucoup plus apocalyptique, beaucoup plus militant et beaucoup plus orienté sur les choses de ce monde : une sorte d’armée de Dieu dans les camps sis au bord de la MerMorte, ou dans le désert, un groupe se préparant pour une guerre apocalyptique ultime contre tout mal sur terre ».

- « G.W. Buchanan fait observer… qu’il n’[est] pas possible pour un historien objectif d’écarter toutes les implications militaires liées aux enseignements de Jésus... C’[est] le rôle de Jésus de mener au combat et de devenir le nouveau roi ».

 

(p 355-361) Jésus sait qu’il doit agir vite. Il a de « puissants ennemis » qui ont déjà abattu un « pilier ». Il applique « une stratégie de déplacement permanent » avec de brefs arrêts en chaque lieu ; il constitue sa garde rapprochée dont les principaux « gardiens » sont Jacques et Jean qu’il appelle les « fils du tonnerre », Simon « le zélote » [46] et l’autre Simon « le terroriste » (barjona) et enfin Judas « l’homme au couteau » (sicarius, sicaire [46] ). Ce ne sont pas des hommes de paix...

Pour réussir, Jésus a besoin de plus de partisans et de plus d’argent :

- « Partout où il [va], il se [met] à élever les individus ordinaires qu’il [rencontre] au statut d’initié qumranien de premier degré… un coup de génie [47] » qui effraie  et scandalise beaucoup de membres de Qumran. « Le premier miracle de Jésus [est] sa transformation de l’eau en vin lors des noces de Cana. En fait [ce serait] la première tentative de Jésus pour recruter hors de la communauté, ... - changer l’eau en vin - est une expression commune équivalente à … - changer du plomb en or - … Dans le... contexte, cela signifie que Jésus utilise le baptême pour transformer des individus ordinaires en des personnes prêtes,… en vue… du - royaume des Cieux - ».

- « Dans la terminologie qumranienne, les profanes [sont] l’eau,… les initiés et… purifiés [sont] le - vin - , de même que les initiés sont les « vivants » alors que tous les autres humains sont les « morts ». « Religieusement parlant, la communauté  de Qumran [pense] qu’il ne peut y avoir de  - vie - qu’au sein de la communauté et, selon certains juifs, la - vie - ne [peut] même exister que sur la terre de Palestine une fois libérée de la loi romaine... Il [est] courant à cette époque qu’une secte juive considère que tous les juifs d’autres sectes [soient] religieusement morts ».

- Jésus utilise les mêmes techniques que Qumran. « Quand il fait de quelqu’un un membre dissident de la secte qumranienne, il change - l’eau en vin - et chaque fois qu’il initie un nouveau candidat dans le  cercle intérieur, celui-ci est - relevé ou ressuscité d’entre les morts - ». Jésus offrirait ainsi « un savoir simple à - la multitude – mais un savoir – secret - aux - élus - ». Clément d’Alexandrie et Valentin (Valentinus, maître chrétien du milieu du IIème s .) évoquent cette tradition secrète et ces mystères, ce que le N.T. (Marc 4 , 11) confirme : « Et il leur dit : - A vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné ; mais à ceux-là qui sont dehors tout arrive en paraboles...- ».

- « L’initiation [est] réversible pour ceux qui [contreviennent] aux règles de la secte ; dans ce cas,... l’individu concerné [est] - enterré - ou - tombé - … [c’est] l’exclusion [d’un] - mort - ... [ou] le renvoi parmi les - morts - ». Certains sont exclus du cercle intérieur avant d’y être réadmis, c’est « une mort temporaire ». Lazare [48] serait un exemple ; vers la fin de la vie de Jésus, les évènements se durcissent ; Lazare expliquerait à ses sœurs Marie et Marthe (de Béthanie) qu’il a peur et qu’il quitte le cercle interne. Marie raconte ensuite que Lazare ne serait pas « mort » si Jésus lui avait parlé. Alors Jésus serait allé trouver Lazare pour le persuader de revenir parmi les « vivants ». Chez les chrétiens « orthodoxes », « La résurrection de Lazare a toujours été considérée comme le phénomène le plus stupéfiant de tous ceux que rapportent les évangiles ».

 

(p 361-363) « Jésus n’[est] pas un homme tendre, doux, dispensant l’amour et la bonté partout où il [va]. Selon la norme d’aujourd’hui, il [est] extrêmement dur et [demande] à ses principaux partisans, son cercle intérieur, de rompre tous liens avec leurs familles comme lui-même... Dans le N.T. jamais Jésus ne mentionne son propre père… Dans la Prière du Seigneur (le Notre Père), Jésus apprend à ses apôtres qu’ils doivent appeler Dieu notre - Père - , comme une sorte de complet remplacement de leur géniteur naturel ».

 

(p 364-365) Chris et Rob livrent une « traduction » du « Notre Père »… « A partir de là, on comprend qu’il est assez curieux que des non-juifs utilisent cette prière totalement israélite pour leurs propres objectifs… Jésus n’a jamais... d’intérêt pour qui que ce soit hors de son petit royaume, il ne [s’agit pas] d’autre chose que d’une requête à l’endroit d’un dieu juif pour qu’il crée les conditions de l’autodétermination en Israël. Les autres termes qu’il [utilise] comme - frères et prochains – [ne sont] censés s’appliquer qu’aux membres de sa communauté, et en aucune manière au monde au sens large ».

- Il serait aujourd’hui largement admis que « les paroles de Jésus n’[ont] qu’une signification politique juive strictement locale... » (même par des ouvrages chrétiens parfaitement dans la ligne comme le Peake’s Commentary on the Bible). « … Jésus n’a jamais parlé que de son combat politique de libération définitive des juifs de toute tutelle étrangère ».

 

La nouvelle voie vers le royaume de Dieu - « Faites attention aux mots... » -

 

(p 366-368) Pour Jésus, la tâche principale est d’amener une amélioration dans le peuple afin de mettre en place « shalom » pour toujours.

- Jésus réalise une « chose fantastique… afin de trouver des recrues » acquises à sa cause : il accepte « les impurs, comme les hommes mariés, les invalides et même… les femmes. Pour Jésus, ils [sont] tous également capables de pécher devant Dieu et [ont] donc autant que d’autres - si ce n’est d’avantage - besoin d’être sauvés. Cette idée d’égalité, révolutionnaire pour l’époque, [devient] la marque de ses enseignements ».

- Jésus a besoin d’argent et doit aller logiquement vers les riches. Jésus choque les « juifs dignes » et les qumraniens « en pénétrant dans les demeures d’individus tels que les... publicains » (Hommes riches chargés du recouvrement de l’impôt) ; Jésus [est] accusé de frayer avec les pêcheurs,  les ivrognes, les courtisans ou les prostituées ». Ces termes désignent en fait des « personnes... respectables et saines » mais qui ont des contacts avec les Gentils (des non juifs, donc des personnes impures), d’où ces termes méprisants… Un publicain devient un apôtre de Jésus (c’est Matthieu, identifié à Lévi le publicain, et à qui est attribué le 1er Evangile) ; Zachée (Zaccheus) était un chef des publicains avant d’être « ressuscité d’entre les morts » ; il donne « la moitié de ses biens en réparation de ses injustices passées et l’autre moitié… aux - pauvres - , un des termes utilisés pour désigner la communauté de Qumran ».

 - Dans les Evangiles gnostiques, les enseignements de Jésus ressemblent à une liste et, l’Evangile source « Q » n’est pas construit comme une histoire. Dans le N.T., une bonne partie de ces enseignements est assemblée comme une biographie ; ceux qui sont restés sous forme de liste se trouvent dans le « Sermon sur la Montagne » (Voir Matthieu 5 à 7 ou Luc 6, 17-49). Selon Chris et Rob, « la plupart de ces déclarations et instructions [seraient] rassemblées ici, sous la forme de cet - événement - unique... ».

 

(p 368-372) Sur les paroles de Jésus, Chris et Rob considèrent qu’« à la lumière de ce que nous savons maintenant, leurs significations sont devenues très claires ». Les Béatitudes (Mattieu 5, 3-12) seraient « simples à interpréter » :

- « Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des cieux est à eux » : Luc se contenterait de parler ici des « pauvres », terme qui désignerait les « initiés du troisième degré » à Qumran.

- « Heureux les affligés, car ils seront consolés » : Chez Luc « les affligés »  seraient les qumraniens et les autres juifs pieux qui pleurent « le Temple de Jérusalem tombé aux mains des indignes ».

- « Heureux les doux (ou les humbles), car ils hériteront de la terre » : A la lumière  des manuscrits de la Mer Morte, les « doux » et « humbles » indiqueraient l’attitude des qumraniens pour que le « Royaume de Dieu arrive ». Les membres de la communauté se désigneraient ainsi.

- « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés » : Les qumraniens sont ceux qui cherchent « tsedek » (justice ou rectitude). Ils ne seront pas comblés « avant l’avènement du royaume de Dieu ».

- « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » : Comme dans le Notre Père, Dieu pardonnera aux justes de Qumran leurs erreurs mineures, parce qu’eux mêmes pardonnent les plus petites fautes de leurs frères.

- « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » : Les qumraniens gardent « les mains propres et le cœur pur... condition pour pénétrer dans le Temple de Sion [afin d’être] les témoins de la venue du Royaume de Dieu ».

- « Heureux les artisans de la paix, car ils seront appelés fils de Dieu » : Il ne faut pas voir dans « les artisans de la paix » des « pacifistes de quelque sorte... ». Il s’agit de ceux qui œuvrent pour l’instauration du « shalom,... état de paix, de prospérité et de bien-être en général... » (cf. le chapitre précédent sur les piliers).

- « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux » : Allusion aux persécutions dont la communauté de Qumran a toujours souffert (Jean Baptiste avait été capturé,..).

- « Heureux êtes-vous lorsque l’on vous insulte ou que l’on vous persécute, ou lorsque l’on prononce faussement toute sorte d’infamie contre vous à cause de moi » : Luc utiliserait le mot « haïr » à la place d’« insulter », probablement une allusion à l’hostilité des partisans de Jacques au sein de la communauté de Qumran, quand la fracture entre les frères était la plus grande (quelques mois avant la crucifixion).

Les chrétiens « orthodoxes » utiliseront le texte littéral du discours de Jésus pour soutenir leurs propres croyances,  sans comprendre « le contexte juif complexe » qui est la toile de fond des paroles de Jésus pendant cette période.

 

(p 371-372) Dans les ouvrages contemporains qui sont exclus du N.T., on trouve certains des principes essentiels des enseignements de Jésus.

- « Dans le « logia 114 » de l’Evangile de Thomas (le frère jumeau de Jésus), « Jésus explique sa croyance selon laquelle les femmes sont égales aux hommes » ; un extrait du texte est donné pages 371-372 avec son interprétation. Dans le passage cité, Jésus entend « ressusciter [Marie] d’entre les morts afin de faire d’elle la première femme membre de l’élite, [ajoutant] que toutes les femmes pourraient faire de même… [Aujourd’hui] un certain nombre de prêtres continuent de s’opposer… à l’ordination des femmes » [de même qu’il existe des loges maçonniques exclusivement masculines ou … féminines (note du rédacteur)].

- Dans le « Livre secret de Jacques » qui serait écrit par le frère de Jésus après la crucifixion, Jésus explique comment ses partisans doivent suivre ses enseignements : « Faites attention aux mots. Comprenez ce que vous apprenez. Aimez la vie. Et personne d’autre que vous-même ne pourra vous persécuter ou vous opprimer ».          

Cette « sagesse » n’est -elle pas étonnante « au milieu d’un tel climat de guerre et de dissensions » ?

 

L’arrestation du pilier royal - « La prophétie de l’étoile » -

 

(p 372-375) « Jésus et ses partisans se [rencontrent] en secret et [prêchent] dans des lieux à l’écart » ; ils veulent « susciter une révolte de masse à Jérusalem contre les romains et les saducéens... Jésus [doit] montrer au peuple de Jérusalem qu’il [est] le roi annoncé par les prophètes, qui [doit] se dresser pour les sauver de la domination étrangère… Pour… obtenir le plus grand retentissement..., Jésus se [dirige] vers le Temple… [et provoque] une émeute en renversant les tables des marchands et des changeurs qui [font] injure au lieu saint ». Jésus dénonce le « comportement impie » de la foule qu’il terrorise vraisemblablement, puis s’éclipse rapidement...

- Pour éviter la propagation de l’émeute, les autorités juives et romaines agissent rapidement « pour mettre un terme aux troubles émanant de cette secte de Qumran... Jacques [est] arrêté et un avis de recherche concernant Jésus [est] placardé … [fournissant] une description visuelle de l’homme… En dépit de la censure chrétienne une copie (redécouverte au XIXème s.) de la description de Flavius Josèphe survécut dans les textes slavons [49]. Elle brosse [un] portrait… différent de l’image traditionnelle [de Jésus] » 

« Un homme de simple apparence, d’âge mûr, à la peau sombre, de petite taille, haut de trois coudées (1,50m), bossu avec un long visage, un long nez et des sourcils se rejoignant, à tel point que l’on peut être effrayé en le voyant, et enfin  une chevelure clairsemée avec une raie au milieu, à la mode des nazarites, et une barbe courte ».

D’autres témoignages sur « la très petite taille de Jésus » existeraient dans les Actes de Jean (exclus du N.T.) et dans Luc 19, 3 »… on peut se reporter aux textes cités pages 374-375.

 

(p 376-378) Jésus est rapidement arrêté dans « le jardin de Gethsémani » [50] . « Jésus [choisit] le moment et le lieuà trois cent cinquante mètres face à la porte orientale du Temple - la porte juste - (appelée aussi porte de justice [ou] porte de tsedek) entrée principale pour la célébration... du Nouvel An, c. à d. la Pâque [51]. Cette porte est importante dans la vision d’Ezechiel  qu’il débute  en disant qu’elle intervient au début de l’année… (chap. 40, puis 43, 44 et 46) ». Suivant cette « vision », … dans « la nuit de la nouvelle lune du début de l’année, [Jésus] vient se prosterner… près du seuil du porche oriental... Il se [voit] comme le prince d’Israël, attendant d’être couronné pour exécuter les instructions d’Ezéchiel, et donc - établir la justice et la rectitude - (mishpat et tsedeq)… Jésus [attend] que l’étoile du matin… se lève à l’orient [étoile] qui jadis, annonçait l’arrivée du nouveau roi d’Egypte… ». Jésus est arrêté par les gardes du Temple « avant l’aube ».

- On retrouve « la prophétie de l’étoile... tout au long des manuscrits et dans le livre des Nombres 24, 17… ». « ... les chrétiens… par confusion, en [feront] une caractéristique de [la] naissance [de Jésus] et non celle de son bref moment de royauté ».

 

(p 378-379) Le manuscrit trouvé dans la grotte 1 de Qumran et intitulé « Règlement de la Guerre des Fils de Lumière contre les Fils des Ténèbres », révélerait que, selon « la prophétie de l’étoile », Jésus aurait imaginé « qu’en respectant les étapes menant à la guerre,... il provoquerait un soulèvement populaire ; insurrection qui serait le coup d’envoi de la  - guerre pour la fin des temps - ».

- Dans l’Evangile de Thomas, « les dits secrets de Jésus » sont retranscrits par Judas Didyme [52] - qui serait « le frère jumeau de Jésus,... donc appelé Thomas, qui signifie - jumeau - ». Dans le « dit 16 », Thomas raconte :

« Les disciples dirent à Jésus : Nous savons que tu vas nous quitter. Qui doit devenir notre chef ? - Jésus leur répondit : Où que vous soyez, vous devez rejoindre Jacques le Juste, pour qui le ciel et la terre furent créés ».

- Jacques et Jésus auraient donc oublié leur division, mais Jésus a une vision sombre  pour son propre avenir. « Trois siècles plus tard, Constantin [exclura] l’Evangile de Thomas de sa Bible - officielle - dans la mesure où l’Eglise romaine [préférera] faire de Pierre, et non de Jacques, le successeur de Jésus… une erreur manifeste ».

 

Le procès et la crucifixion - « deux mille ans d’antisémitisme » -

 

(p 380-381) Ponce Pilate [53] (Pontius Pilatus), le procurateur romain, a fait arrêter Jacques et Jésus, ceux qui prétendent être  « les piliers de la secte subversive » à l’origine de « ce dangereux mouvement messianique ». Pilate  sait qu’il suffit  d’en exécuter un pour « saper le plan » ; il laisse le choix à la foule pour libérer l’un des deux. « Les deux hommes mis en balance [sont] appelés Jésus (référence à leur rôle de « Sauveur », en hébreu Yehoshua)… ». Jésus est « le roi des juifs » ; Jacques est « Barabbas - le fils de Dieu (le fils du Père) » - , le Messie sacerdotal. Le choix de Pilate est stratégique et n’a pas de rapport avec « La prétendue coutume de libérer un prisonnier pour la Pâque... totale invention de l’Eglise ultérieure ».

- « Pour l’essentiel, la foule [viendrait] de Qumran et [soutient]... Jésus Barabbas … peu de voix [s’élèveraient] en faveur de - Jésus, le roi des juifs - . Il [est] donc déclaré coupable… et crucifié sur une croix en forme de - T – avec les mots - Roi des Juifs - placés au dessus… ».

 

(p 382-385) Chris et Rob citent des passages du « Tosefta Shebuot… texte rabbinique des... premiers siècles de notre ère », vraisemblablement authentique car non issu d’une tradition chrétienne… Dans la dernière partie du passage 1, 4 ,  sont reportées les paroles de Jacques (le frère de Jésus), peut-être quelques minutes après la descente de croix. Quand Jacques « demande aux juifs de la communauté assemblés s’il faut à l’heure présente mesurer vers le sanctuaire ou vers le parvis (selon une instruction du Deutéronome 21, 1-9 pour attribuer la culpabilité d’un meurtre), il veut signifier qu’eux, les prétendus juifs dignes, [sont] aussi coupables que le Sanhédrin [54] qui avait réclamé la mort de Jésus dés lors qu’ils avaient désigné Jésus pour mourir ».

- Ces paroles de Jacques sont omises dans le N.T., sans doute dans une politique de disqualification de son rôle de leader  de l’Eglise après la mort de Jésus, au profit de Pierre qui passera sous l’influence de Paul.

 

(p 385-387) « L’histoire de Ponce Pilate apporte la preuve que le texte rabbinique contient bien les paroles prononcées par Jacques : en se lavant les mains, le procurateur montre que s’il [autorise] la crucifixion, il n’[ accepte] pas la responsabilité de cette mort. Or le fait de se laver les mains n’[est] pas une pratique romaine, mais une coutume qumrano-essénienne ». Ce n’est donc pas une description exacte des évènements. « Ce lavement de mains vient précisément du passage du Deutéronome qu’[évoque] Jacques, mais il est dit qu’il ne s’[applique], comme signe d’innocence, qu’après un meurtre et sûrement pas avant son exécution ».

- « Les auteurs des Evangiles synoptiques [ont] clairement à l’esprit cette manière vétéro-testamentaire de clamer son innocence… Matthieu place ces paroles dans la bouche de Pilate (27, 24-25) » :

« Voyant qu’il n’aboutissait à rien, mais qu’il s’en suivait plutôt du tumulte, Pilate prit de l’eau et se lava les mains en présence de la foule, en disant : - Je suis innocent du sang de cet homme juste ; voyez-le vous-mêmes ! -

Alors tout le peuple dit : - Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! - ».

- Pilate « était sûrement au courant des paroles que Jacques avait prononcées après la crucifixion et il restitua à sa manière cette accusation de responsabilité partielle de la foule assemblée » ; les paroles de Jacques auraient été déformées, et rendraient coupable de « théocide » toute la nation juive. « L’affirmation selon laquelle la foule se serait damnée en disant - Son sang est sur nous et sur nos enfants - est un affreux mensonge, responsable de deux mille ans d’antisémitisme ».

- « En étudiant plus avant l’œuvre rabbinique, [Chris et Rob découvrent] une référence dans Mishnar Sotah 6, 3 qui est... une allusion à la décision de la foule de voter pour Jacques, le pilier droit, de préférence à Jésus, le pilier gauche » ; le texte fait comprendre aussi que « Jacques [hérite] du droit de son frère défunt à être considéré comme le nouveau chef de la lignée royale de David, tout en étant le Maître de Justice ».

(p 387-388) « Un débat n’a jamais cessé sur le point de savoir si Jésus [est] mort sur la croix ou si un autre avait été crucifié à sa place… Comment se fait-il que certains soient convaincus que Jésus fut crucifié, alors que d’autres sont autant persuadés qu’il ne le fut pas ? La réponse est remarquablement simple. Ils pensent tous avoir raison parce qu’ils ont tous raison. Deux fils de Marie furent jugés ensemble. Tous deux avaient prétendu… être les Sauveur ou le Messie et portaient donc le nom de - Jésus - . L’un mourut sur la croix, l’autre pas. Le survivant fut Jacques, le moindre des deux, mais celui qui était le plus en vue. Il n’est pas étonnant que… [certains] aient pensé qu’il avait échappé à la croix ».

Les symboles de Jésus et Jacques

 

(p 388-394) L’« étoile de David »  ne serait pas d’origine juive. « Les pointes du sommet et de la base de cette étoile sont les apex [« sommet » en latin] de deux pyramides superposées. La pyramide pointée vers le haut est un ancien symbole du pouvoir royal (dont la base repose sur la terre et le sommet atteint le ciel). L’autre pyramide incarne le pouvoir du prêtre (établi dans le ciel et descendant sur terre)… on retrouve la marque du double messie » (royal ou mishpat, et sacerdotal ou tsedeq). Ce serait « le seul véritable signe de Jésus... [qui] représente [aussi] l’étoile lumineuse de la lignée de David qui se lève le matin ».- Cette étoile serait utilisée au départ comme « motif décoratif occasionnel  parmi d’autres images moyen-orientales... au Moyen Age elle apparaît sur un grand nombre d’églises chrétiennes,… les plus anciens exemples se [trouvent] sur des édifices [templiers]. Elle n’[apparaîtra] que beaucoup plus tard dans les synagogues ».

- Si l’on enlève les deux lignes horizontales de l’étoile pour ne laisser que les flèches pointant vers le le haut et vers le bas, on obtient le compas et l’équerre  des f.m.. [Ce passage de l’étoile aux compas+équerre est possible

nonobstant le fait que l’angle droit (90°) de l’équerre n’est pas celui de la pointe  du triangle équilatéral (60°) qui symbolise l’apex de la pyramide (Note du rédacteur)]... La pyramide sacerdotale ou céleste devient l’équerre du tailleur de pierre… pour vérifier l’exactitude et la rectitude des bâtiments, et, de manière figurée,… - la qualité [humaine] que les Egyptiens appelaient… Ma’at. La pyramide royale ou terrestre est représentée sous la forme du compas  qui [en F.M.] marque le centre du cercle autour duquel aucun Maître maçon peut matériellement s’égarer, c. à d., l’étendue du pouvoir du roi ou du chef ».

Superposition d'une triangulation matérielle et spirituelle.

Superposition d'une triangulation matérielle et spirituelle.

- Mais « quel devrait être le symbole du judaïsme ? Réponse : la Croix. Nous parlons du Tau (« T »),… forme de la croix sur laquelle Jésus fut crucifié et non la croix à quatre branches avec une branche plus courte au dessus [à la] verticale ».

- « Le Tau était la marque de Yahvé… les qénites le portaient sur leur front bien avant que Moïse ne les rencontre… (cf. Chap. IX)

C’est également le symbole magique qui fut peint sur les portes au moment de la Pâque de l’Exode ».                                                                                  

- Chris et Rob découvrent que la croix... « crucifix » de l’Eglise chrétienne est un hiéroglyphe égyptien qui véhicule « le sens très précis de … - Sauveur - » – (traduit en hébreu par « Josuah » et en grec par « Jésus »).

La forme du crucifix n’est pas un symbole,c’est le nom de Jésus lui-même !

 

- « Le symbole le plus important du degré de Royal Arch (Arche  royale ou Sainte Arche royale de Jérusalem) est le Triple Tau...

Ces trois Tau attachés représentent le pouvoir du roi, du prêtre et du prophète ».

 

- Le poisson est « perçu comme un symbole chrétien... c’est un très ancien insigne de la prêtrise et il fut indubitablement le symbole des - nazôréens - , … ce terme est une forme du mot Nazrani (ou nasrani) qui signifie à la fois - petits poissons - et - chrétiens - en arabe moderne, exactement comme il y a deux mille ans, en araméen... les chrétiens l’utilisèrent  pour identifier leurs lieux saints dans Jérusalem au 1er s. ».

 

- « Jacques le Juste devint le 1er évêque (en hébreu, le Mebakker) il se mit à porter une mitre comme insigne de sa charge,… coiffe … aujourd’hui portée... par les évêques… ». La mitre [55] aurait été rapportée d’Egypte par Moïse. « C’est exactement l’hiéroglyphe représentant « Amen » (ou Amon), le dieu créateur de Thèbes qui plus tard se [fondra] au dieu-soleil de Basse-Egypte, Rê, pour devenir Amen-Rê... ».

 

- Aujourd’hui « Amen » est vocalisé par les chrétiens à la fin de la prière. Serait-ce qu’à l’origine on faisait venir la bénédiction du dieu Amen pour qu’une requête se réalise ? « Thèbes [est] la ville de Sekenenrê Taâ… il [est] concevable qu’une telle prière [se soit] transmise aux israélites par l’intermédiaire de Moïse et de la cérémonie de résurrection. … ensuite la langue hébraïque [aurait utilisé]… ce terme – Amen – pour clore une prière avec le sens de - ainsi, soit-il - , et c’est aux hébreux que les chrétiens l’emprunteront ».

Symbolique du point de passage

Symbolique du point de passage

L’ascension du menteur - « Saül-Paul » -

 

 (p 394-397) « Après la mort de Jésus, Jacques le Juste… [assume]... simultanément la charge des... Messies royal et sacerdotal ». Retiré à Qumran, Jacques serait « un chef puissant et fanatique… [qui respecte] une vie parfaitement droite » ; les Actes des Apôtres 12, 17 confirment qu’il est « désormais important dans l’Eglise primitive » (cf. extrait page 395).

- « La mise à mort du - roi des juifs - par un procurateur romain [aurait eu] un retentissement, dans tout Israël et au-delà… les gens [commencent] à s’intéresser au mouvement messianique », notamment  Saül, un citoyen romain, originaire du sud de la Turquie actuelle, élevé en juif de la diaspora… très loin de la « pureté » de Qumran. « La tâche de Saül [est]... de réprimer pour le compte des romains tout mouvement d’indépendancePendant près de dix-sept ans Saül - alias Paul - [sera] le fléau du mouvement d’indépendance juif, jusqu’à ce qu’il [soit] frappé de cécité en 60 sur la route de Damas ». Mais l’autorité de Saül ne s’étendrait pas jusqu’à Damas ; « la destination de Saül [est]… Qumran », connu aussi sous le nom de Damas (Damascus)… ce qui « est  corroboré par les Actes des Apôtres 22, 14... (cf. citation page 396). Sa cécité puis son recouvrement de la vue [symboliserait] sa conversion à un groupe de la cause nazôréenne ».

- « Il est certain que Paul [n’est] pas admis à partager les secrets de Qumran, parce qu’il ne [fait] là qu’un bref séjour… Il ne se [convertira] jamais à la cause de Jean le Baptiste, Jésus et Jacques… il [invente] un nouveau culte auquel il [donne] un nom grec : - chrétiens - , qui se [veut] la traduction du mot hébreu - messie - . Il [appelle] Jésus un homme qu’il n’[a] jamais connu - Christ -  et il commence à réunir des disciples autour de lui… Paul n’[a] aucune compréhension de la terminologie nazôréenne… il [serait] le premier à prendre littéralement ce qui n’est qu’allégorie dans les enseignements de Jésus… un patriote juif [qui] serait devenu un dieu-homme faiseur de miracles. [Paul] prétend avoir le soutien de Simon-Pierre, … un mensonge… Simon-Pierre met en garde contre toute autorité, sauf celle du chef des nazôréens (cf. page 397 citation tirée des Reconnaissances dans l’ouvrage de Hugh Schonfield, Those Incredible Christians) ».

 

(p 397-400) Selon l’« interprétation des textes de Qumran de Robert Eisenman, [il n’y aurait] plus de doutes concernant l’identité de Paul avec le - verseur de mensonges - qui s’oppose à Jacques, le - Maître de Justice - … Le commentaire d’Habacuc (Habakkuk Pesher) dit clairement que cet individu - [verse] sur Israël les eaux du mensonge - ... ».

- « Dans la Première Epitre aux Corinthiens 9, 20-22.26, [Paul] n’a pas peur d’admettre son dédain pour l’Eglise de Jérusalem et montre ouvertement qu’il est un menteur sans scrupule » (cf. extrait page 399).

- « Dans l’Epitre aux Romains 10, 12 et ailleurs, Paul exprime son désir de fonder  une communauté qui ne - ferait aucune distinction entre juifs et grecs - … ambition qui [caractériserait] la famille hérodienne [56] et ses partisans … Paul se donne beaucoup de mal pour légitimer les forces d’occupation ... [il] mérite] bien sa citoyenneté romaine »... Son accès aisé au cercle du pouvoir hérodien est explicité dans les Actes des Apôtres, et identifie Paul comme un probable conspirateur contre Jacques. Paul... ne [veut] pas reconnaître Jacques le Juste comme le Messie incontesté et [raconte]… que Pierre [est] le chef de l’Eglise de Jérusalem ».

 

- (p 400-404) « Le chapitre 21 des Actes des Apôtres montre à quel point Paul [est] impopulaire [à] Jérusalem… la foule… [le reconnaît] comme l’homme qui avait prêché contre le peuple de l’Alliance et contre la Loi, quand il se trouvait à Epĥèse [57]. L’émeute éclate… la Bible nous dit que tout Jérusalem [est] en effervescence ».

- « Paul [échappe] à l’émeute de Jérusalem, mais en 62, [c’est] au tour de Jacques d’être attaqué dans le Temple de Jérusalem ; Jacques est assassiné par les « prêtres ». « Le N.T…. [exclut] les détails de cet assassinat. Mais un Evangile rejeté par l’Empereur… Constantin, La Seconde Apocalypse de Jacques, rapporte l’événement » (cf. extrait page 402).

- A cette date, la construction du Temple était en cours. Hégesippe, une autorité de l’Eglis du IIème s. relate le coup mortel porté par un gourdin sur la tête de Jacques, ce qui « n’est pas considéré comme un fait historique,.. [mais serait] une tradition ultérieure ajoutée par les qumraniens pour créer un parallèle… avec Hiram Abif... le martyre de Jacques, le Maître de Justice, aurait été perçu comme une répétition de la mort de l’architecte du premier Temple, celui de Salomon (et donc de la mort de Sekenenrê Taâ). Un coup au front tua Hiram qui se trouvait dans le premier Temple lui aussi presque achevé. Les parallèles sont trop évidents pour être de pures coïncidences ».

- « Flavius Josèphe raconte que les habitants de Jérusalem furent très choqués par l’exécution de Jacques » ; le grand prêtre Anan (Ananus) aurait été révoqué suite à une démarche secrète auprès du roi Agrippa II.

 

Le trésor des juifs - La guerre de 66-70 - Les trésors sacrés cachés sous le Temple -

 

(p 405-408) Il semble « que la guerre juive de 66-70 [résulte] des tensions engendrées par le meurtre de Jacques le Juste … Origène (un père de l’Eglise du IIème s.) [fait] référence aux observations de Josèphe ». On peut se reporter à ce qu’il écrit (cf. page 405), une confirmation de ce point de vue.

- « Le ministère de Jésus [n’aura duré] qu’un an et celui de Jacques vingt ans. Il paraît évident que ce dernier devait être la personnalité la plus populaire à l’époque. Les anciens textes évoquent… la position et l’influence de Jacob, le frère de Jésus, mais l’enseignement catholique [fait] l’impasse sur celles-ci ».

- « La guerre qui [éclate] en 66 [est] le théâtre de quatre années de férocité et de sauvagerie… Les nazôréens qui [croient] dans le pouvoir du glaive pour restaurer la loi de Dieu sont appelés zélotes  … ils s’[emparent] de Jérusalem et du Temple en novembre 67. Sous la conduite de Jean de Gishala, les zélotes… mettent à mort tous ceux qui… [veulent] pactiser avec les romains… Deux ans plus tard, Titus s’[empare] de Jérusalem… et finalement les derniers juifs qui connaissaient les secrets des nazôréens [meurent] quand toute la population réfugiée dans la forteresse de Massada se [suicide] au lieu de se rendre aux romains ».

- « Au printemps 68, la décision [avait été] prise de dissimuler les trésors du Temple (y compris les manuscrits). Les secrets venus de Moïse et transmis aux nazôréens furent donc déposés comme l’avait prescrit le prophète, dans une cache sous les fondations du Temple, aussi près du Saint des Saints que possible. D’autres ouvrages furent dissimulés dans au moins cinq autres lieux…, dont les grottes [de] Qumran. L’un des manuscrits [re]trouvé [est] gravé sur une feuille de cuivre de huit pieds de long sur un pied de large… roulée depuis ses bords vers le centre pour former des colonnes jumelles ». Ce manuscrit a été restauré et reconstruit.

- John Allegro interprète le Rouleau de Cuivre ; celui-ci donne un inventaire des trésors sacrés et indique qu’il y a « au moins un autre exemplaire de cette liste, déposée dans le Temple lui-même... Le - Rouleau de Cuivre - dresse la liste de quantité d’or, d’argent, d’objets précieux et d’au moins vingt quatre rouleaux manuscrits à l’intérieur du Temple. Des directives sont fournies pour trouver soixante et une caches différentes ».

- « Nous savions que les chevaliers templiers avaient découvert des manuscrits avant 1119. Maintenant nous [comprenons] pourquoi ils avaient passé encore huit années à fouiller sous les ruines du Temple… la soudaine notoriété de l’Ordre et son enrichissement subit [ne sont] plus un mystère ! ».

 

*

 *     *  

(p 409-410) « Jésus avait été un révolutionnaire et un pionnier de la pensée démocratique. A cause de Paul et du culte hiérarchique non juif qu’il développa, les vrais enseignements de Jésus furent enterrés et oubliés… Nous savions qu’ils étaient destinés à ressusciter… nous [avons] pu distinguer un fil ininterrompu, partant du meurtre de Sekenenrê Taâ... jusqu’à la destruction des esséniens et du Temple.

- Il… [reste] encore un gouffre de plus de mille ans  à combler » (jusqu’à l’apparition des templiers). Chris et Rob décident de poursuivre les recherches « en étudiant … ce qui [est] arrivé aux survivants de l’Eglise de Jérusalem après la destruction du Temple par les romains : il s’agit de voir comment celle-ci pourrait être reliée à l’Eglise Celtique ». Cette Eglise « avait exercé une très forte influence sur le développement de la société écossaise à cette époque ancienne… elle pouvait fort bien avoir eu quelque influence sur Robert Bruce et sa renaissance celtique qui coïncida avec la chute des templiers ».

 

(p 410-413) Voici quelques éléments de la conclusion de ce chapitre :

- « … l’hypothèse selon laquelle il y avait  eu deux Jésus-Christ [est] maintenant avérée… nous savons que celui qui mourut était Yahoshua ben Joseph - le roi des juifs - et son frère Jacques ou Yacov ben Joseph, était Jésus Barabbas - que l’on a qualifié de - fils de Dieu - ...». « ... le discours - longtemps perdu - que Jacques prononça sur le parvis des Gentils après la crucifixion de son frère... fut ultérieurement déformé par les chrétiens pour fonder près de deux mille ans d’antisémitisme ».

- « … la naissance de l’Eglise chrétienne n’[a] rien à voir avec Jésus. [Elle est] l’invention d’un étranger appelé Saül, et plus tard Paul… Ce [sont] Paul et ses partisans qui, incapables de comprendre le paradigme du pilier, [inventent] cette idée singulière et éminemment non juive de sainte Trinité, en voulant trouver une explication à ces concepts juifs qui leur [échappent] ».

- « L’utilisation des piliers et certaines descriptions présentant par exemple Jésus-Christ comme la - pierre angulaire -  fournissent des connexions puissantes avec la F.M.. ».

 

XIII. La résurrection

 

Les survivances de l’Eglise de Jérusalem - L’Eglise celtique...

 

(p 414-416) Quelques survivants auraient échappé à la guerre juive de 66-70 ; ils auraient transmis le message de Jésus à des régions étrangères, dont les îles britanniques, à partir d'Alexandrie (Egypte). Les qumraniens s'identifiaient aussi aux « ébionites » (ou « ébionim »), « les Pauvres » ; c'est également le nom d'une secte qui descend directement de l’Eglise de Jacques, dont les enseignements sont tenus « en haute estime » par les membres… les ébionites considèrent Jésus comme un grand maître et … un mortel (et non pas un dieu) ; des écrits montrent qu'ils détestent Paul, l'« ennemi de la vérité ». L’Eglise romaine ne différencie pas les nazôréens et les ébionites qu'ils accusent d'hérésie. « … tous les descendants de Jérusalem [pensent] que Jésus [est] un homme et non un dieu [exceptée] la branche paulinienne ».

- Selon Rob (auteur de cet ouvrage avec Chris) et les enseignements gallois reçus dans sa jeunesse, « le christianisme [serait] arrivé d'Alexandrie en Irlande via l'Espagne - peut-être dès l'an 200 - ... l'isolement de l'île par rapport à l'Europe romanisée [aurait permis] les développements d'un type distinct de christianisme ».

- Patrick [58] serait arrivé en Irlande en 432, puis aurait fait naufrage sur la côte nord d'Angleterre ; selon la légende, le saint arrive « sain et sauf au pays de Galles » où il construit l'église de Llanbadrig « pour remercier dieu de l'avoir sauvé… une autre église, plus récente, [est] dédiée à Patrick (Sant Patrig en gallois) dans la ville elle-même… Les écrits de Patrick ont survécu et le présentent comme un disciple de l' - hérésie arienne - » [Selon Arius (cf. Concile de Nicée page 106) : pas de croyance en l'Immaculée Conception,... Jésus est un mortel, pas un dieu,…]. La version catholique fait venir Patrick de Rome, ce qui n'est pas crédible et serait « une tentative typique de l’Eglise romaine pour récupérer un saint local… » et normaliser son histoire.

 

(p 416-417) Aux « … Vème et VIème s., les monastères irlandais [deviennent] de grands centres d'enseignement sous les auspices de l’Eglise celtique - et non de Rome - , et [envoient] des missionnaires comme les saints Columba, Iltut et Dubricius vers les quatre coins de l'Europe celtique ». L'« Irlande [vit] une époque dorée... [et], l'essentiel de l'Europe… un - âge des ténèbres - ... L’Eglise celtique se [répand] de l'Irlande au pays de Galles, à l'Ecosse et au Nord de l'Angleterre. Ses ermites et ses prêtres [construisent] de nombreuses petites églises dans les parties les plus sauvages de la Grande Bretagne occidentale… Comme Qumran, elles [sont] des avant-postes isolés dans des zones sauvages où les religieux [peuvent] affiner leurs vertus ».

 

(p 417-419) L'influence théologique des sumériens a déjà été évoquée ; il existerait « un noyau de la pensée celtique qui possède des affinités avec le judaïsme - et donc le christianisme de Jacques - , qui s'était développé à partir du pays de Sumer ; or dans la tradition celtique, il y [aurait] de fortes ressemblances avec la religion sumérienne... En s'entendant raconter l'histoire de Jésus, un roi celtique l'accepta d'emblée, parce qu'il dit que - cela faisait mille ans qu'ils connaissaient le christianisme ! - » (C. Matthews, The Elements of the Celtic Tradition.).

- Cependant, les considérations sur l'ADN de certaines communautés celtiques isolées actuelles (page 143) devraient être réexaminées à la lumière de l'ethno-anthropologie moderne (cf. note 1 de bas de page 417)

- « … se fondant avec… des croyances druidiques, la nouvelle religion finit par recouvrir l'Irlande, l'Ecosse, le pays de Galles et le Nord et le Sud-Ouest de l'Angleterre. L’Eglise celtique [diffère] du christianisme romain qui a balayé le reste de l'Europe. Elle ne [croit] pas : en l'Immaculée Conception, en la divinité de Jésus, que le N.T. [remplace] l'A.T., que le péché originel était inévitable, mais qu'il [peut] être racheté par la volonté individuelle et de bonnes actions ».

- « Au terme d'une controverse de  cinquante ans, l’Eglise romaine [absorbe] officiellement l’Eglise celtique au synode de Whitby, en 664. Mais le courant spirituel nazôréen sous-jacent [aurait continué] de couver sous la surface catholique... ». Cependant, la connexion très probable de l’Eglise celtique avec le mouvement nazôréen, ne peut « expliquer la pureté et le niveau de détail  que l'on retrouve dans les rituels de la F.M.. ».

 

(p 419) Rendant visite à une autre loge, Chris et Rob trouvent « un petit livre... vert »… relatif à la maçonnerie de Royal Arch, « une édition privée imprimée en 1915,... antérieure aux modifications du rituel de Holy Royal Arch (Sainte Arche Royale), sous la pression de la Grande Loge, à partir de sources extérieures à la maçonnerie ». Cet opuscule donne « le rituel originel... avant tous les changements et innovations récents, réalisés par des hommes qui n'avaient pas compris l'importance de la tradition qu'ils [retouchaient]… ce petit ouvrage ne [présente] rien moins que l'histoire complète et inaltérée de l'exhumation des manuscrits du Temple ».

 

(p 419-429 auxquelles on se reportera) Chris et Rob déroulent « l'histoire... » relatée dans le « petit livre vert ». On apprend que « la Première Loge ou Sainte Loge aurait été ouverte par Moïse, Aholiab et Bezaleel au pied du mont Horeb dans le désert du Sinaï ; la Seconde Loge ou Loge Sacrée... aurait été tenue par Salomon, roi d'Israël, Hiram roi de Tyr et Hiram Abif, dans les entrailles du mont Moriah… Apparemment, l'instant de la découverte [du] manuscrit contenant le texte de la Très Sainte Loi... était l'heure du grand midi, c. à d.  le moment précis où Sekenenrê Taâ achevait ses dévotions à Amon-Rê et où le soleil était sur son méridien… » C'est aussi la découverte d'« un petit autel de marbre pur... recouvert d'un voile dans sa partie supérieure… » où est gravé le Mot Sacré … celui que « nul n'était autorisé… à prononcer... sauf le Grand Prêtre,… une fois par an lorsqu'il pénétrait seul dans le Saint des Saints... ». Le mot explicité « Jah-Bul-On » [59] est traduit dans ce rituel par « Je suis et serai, Seigneur dans le Ciel, Père de tout » ; pour Chris et Rob, cette interprétation semble « totalement inepte »… - Jah-Bul-On - … [serait] simplement la suite des noms des trois grands dieux : celui des juifs, celui des Cananéens et celui des Egyptiens » (les interprétations de  Jah-Bul-On par le rituel Royal Arch et par les auteurs sont en note annexe [59]).

L'idée d'un dieu unique sous différents noms n'est pas exceptionnelle : elle est centrale dans la F.M..

 

- (p 428-429) Selon Chris et Rob, les f.m. ne seraient pas à l'origine de l'histoire confuse et complexe relatée dans ce rituel du Royal Arch. L'histoire serait parvenue sans que sa signification originelle ait été clairement expliquée. « Telle que l'histoire est présentée, on a l'impression d'avoir affaire à des juifs de Babylone fouillant les ruines du premier Temple… Mais il ne peut s'agir que du Temple d'Hérode… [car] le type d'arche décrit  au cours de la cérémonie - un assemblage de pierres… pour former une structure courbe supportant toute la  charge - était inconnu à l'époque de Zorobbabel… il est absolument certain que le cadre de l'histoire  reconstituée dans le rituel est le Temple d'Hérode, construit selon les principes de construction romains… Il faut bien remarquer la partie la plus importante de ce récit : pour avoir accès à la salle cachée, les maçons de passage mais - hautement qualifiés en architecture - , ôtent les clés de voûte d'un arc et passent en dessous sans étayer d'une quelconque manière le reste de l'arche… ce qui n'est pas l'attitude de maçons supposés - hautement qualifiés en architecture - », mais plutôt l'entreprise « d'une bande de chevaliers chercheurs de trésor, fouillant dans les salles souterraines sous les ruines du Temple d'Hérode ». La légende maçonnique du Royal Arch a-t-elle voulu préserver le récit de la découverte des manuscrits par les neuf chevaliers templiers ?

 

(p 429-430) En 1894, le lieutenant Charles Wilson dirige un groupe du Royal Enginers (Génie) ; ces militaires effectuent un excellent travail sous les ruines du Temple d'Hérode. Les chambres et passages qu'ils trouvent disposent souvent d'arcs à clé de voûte. Ils constatent également qu'ils ne sont pas les premiers visiteurs en trouvant des objets templiers abandonnés sept cent quarante ans plus tôt (cf. également page 53).

- Pour Chris et Rob, l'hypothèse templière est maintenant une quasi-certitude. Néanmoins, il manque « la preuve formelle que c'étaient bien les neuf chevaliers templiers conduits pat Hugues de Payns qui avaient découvert les manuscrits ».

 

Le manuscrit de la « Jérusalem céleste » - Symboles maçonniques -                                     

 (p 430-433) « Vers 1119, Hugues de Payns et son petit groupe d'archéologues primitifs [ouvrent] une voûte sous les décombres du Temple d'Hérode et [trouvent] les manuscrits secrets de la communauté de Qumran... ces chevaliers [sont] totalement illettrés… Mais… Ils [savent] qu'ils [ont] trouvé quelque chose de très important… Ils [décident] de les faire traduire » par un homme de confiance, le chanoine Lambert, un érudit du chapitre de Notre Dame de Saint-Omer. C'est Geoffroy de Saint-Omer (Godefridus de Sancto Andemardo), le second de l'Ordre, qui serait parti avec « quelques manuscrits... pour le long voyage de retour vers sa ville d'origine ».

- Lambert serait « l'homme le plus sage et le plus érudit… Il [a] passé de nombreuses années à compiler une encyclopédie de la connaissance humaine... Aujourd'hui, l'un des travaux les plus célèbres de Lambert de Saint-Omer est sa copie réalisée à la hâte d'un dessin représentant la Jérusaleme céleste (La copie de Lambert serait aujourd'hui   à la Bibliothèque universitaire de Gand). Cette illustration montre que les deux piliers de la cité céleste sont tous les deux appelés - Jacob - , et qu'apparemment le fondateur fut Jean le Baptiste. On ne voit pas la moindre mention de Jésus dans ce document prétendument chrétien. Ce n'est donc pas une image ordinaire »  … Chris et Rob pensent « qu'elle n'a pu venir que d'un seul endroit : les caveaux du Temple d'Hérode.

 

(p 433-435) « Le symbolisme que l'on retrouve sur cette gravure est maçonnique à l'extrême et confirme que Jacques était simultanément les deux piliers des nazôréens… Le document précède de plus de cinq cent ans la première utilisation officielle du symbole maçonnique de l'équerre et du compas ».

- (Se reporter aux illustrations pages 346-347) « L'illustration montre les trois énormes équerres plantées de manière incongrue dans les balcons. Les compas corrélatifs sont directement au-dessus dans le sommet de chaque tour. Ces trois tours se trouvent sous les piliers jumeaux de Jacques, indiquant leur situation subordonnée… celle de droite est identifiée à André (Andreas) et celle du centre à Pierre (Petrus) » ; celle de gauche n'est pas identifiée. « … ce manuscrit confirme… que Jacques fut le chef de l’Eglise de Jérusalem et que Pierre fut une personnalité… subalterne », en contradiction de « l’Eglise catholique qui prétend être la descendant directe de l'autorité de Jésus par l'intermédiaire de Pierre ».

- « L'agencement des trois tours, avec leurs équerres et compas, est en totale harmonie avec la F.M. moderne, en ce sens qu'elles représentent trois figures clés d'une loge maçonnique : le Vénérable et ses deux Surveillants qui symbolisent le soleil (Rê), la lune (Thot) et le Maître de la loge ». Chris et Rob font un autre rapprochement avec le rituel maçonnique auquel on peut se reporter page 435 « … qu'est-ce que le centre ? » Etc.

Ces symboles maçonniques avaient du être utilisé par l’Eglise de Jérusalem. Le document original daterait de la période « des dix-neuf années séparant la crucifixion de Jésus de la lapidation de son frère » (cf. page 434).

 

(p 436-437) « … le concept de Jérusalem céleste ou de nouvelle Jérusalem [apparaît] dans les manuscrits exhumés de cinq grottes différentes de Qumran. Tous se [fondent] sur les visions d'Ezéchiel qui décrivent la nouvelle cité en détail, avec ses mille cinq cent tours, toutes de cent pieds de haut ».

- « En maçonnerie, une « planche à tracer... est une compilation visuelle des thèmes de l'Ordre ». La planche à tracer du degré de Royal Arch tourne totalement autour de la fouille des ruines du Temple… (cf. illustration page 437 et descriptif complet de la planche à tracer page 436).

- Selon Chris et Rob, le manuscrit de la Jérusalemen céleste et l'histoire corrélative dans le degré de Royal Arch confirment « que les templiers avaient trouvé les secrets de leur Ordre, inscrits sur les rouleaux dissimulés par les nazôréens et qu'ils exécutaient des cérémonies d'initiation fondées sur une résurrection - vivante - , à l'instar de Jésus jadis ».

 

L'impact des manuscrits nazôréens - Un siècle de construction de Cathédrales, d’abbayes...

 

(p 438-439) « … l’Ordre fondé en 1118 par Hugues de Payns… [devient en quelques décennies] l’une des forces les plus puissantes de la chrétienté...  A partir de  1170,… quelque chose de tout à fait extraordinaire [survient] en France… ». « ... en un seul siècle, pas moins de quatre-vingts cathédrales et presque cinq cents abbayes [sont] construites dans la seule France[engageant] plus de travaux de maçonnerie et de matières premières qu’il n’y en eut jamais dans toute l’histoire de l’ancienne Egypte ! » (C. Frayling, Strange Landscape).

- « Sur les chantiers de ces édifices et sur d’autres dans tout le pays, les maçons étaient dirigés par les chevaliers templiers[qui présentent] leur mission comme la volonté de - reconstruire Jérusalem - selon un nouveau et glorieux style architectural, mariant piliers, tours et flèches s’élançant vers le ciel... La cathédrale de Chartres est un exemple classique de ces superbâtiments... ».

- Ainsi, les templiers seraient devenus « les maîtres architectes d’une  Jérusalem céleste dans leur pays d’origine ». Dans « … les caveaux du Temple de Jérusalem, les neuf chevaliers avaient retrouvé les instructions cachées là par les nazoréens juste avant d’échouer dans leur propre entreprise d’édification du Paradis sur terre.... Les templiers auraient repris pour leurs propres buts initiatiques les anciens secrets maçonniques spéculatifs inspirés par le Ma’at de Jésus et Jacques, et se seraient efforcés d’offrir au monde un suprême degré de maçonnerie opérative. La résurrection battait son plein !… Grâce à la découverte [des manuscrits], les templiers étaient devenus des maîtres tant en maçonnerie spéculative qu’en maçonnerie opérative  » [60] .

- Chris et Rob veulent « comprendre maintenant comment une survivance de [l’Ordre du Temple s’est] transformée pour finalement donner la F.M. moderne ».

 

(p 439-440) Dans la conclusion de ce chapitre nous retenons que :

- L’Eglise celtique rejette notamment les dogmes  de « l’Immaculée Conception et la divinité de Jésus » ; elle a été absorbée par l’Eglise romaine au milieu du VIIème s., mais il semble « qu’une bonne partie de la vieille pensée avait survécu sous une forme souterraine. Celle-ci devait rendre l’Ecosse particulièrement réceptive à la pensée nazôtéenne que les templiers apportèrent avec eux ultérieurement ».

- La légende maçonnique avait conservé l’histoire de la découverte des manuscrits par les premiers templiers. La Jérusalem Céleste de Lambert - du chapitre de Notre Dame de Saint Omer - serait une copie de l’un de ces manuscrits ; elle révèle l’utilisation flagrante de l’équerre et du compas ; elle confirme que Jacques constitue les deux piliers centraux de la nouvelle Jérusalem.

XIV. La  Vérité éclate

 

La prophétie devient réalité - Bereshit Rabbati - L’Inquisition -

 

(p 441-443) Dans la littérature post-guerre juive de 66-70, - Bereshit Rabbati – est une croyance selon laquelle « la puissance de la prophétie reviendrait en Israël en 1210, et, peu après, le Messie réapparaîtrait de sa cachette dans la Grande Mer de Rome » (lettre de Malmonide aux juifs du Yémen). C’est ce qui semble se produire...

- En 1244, trente quatre ans après ce retour théorique, c’est la naissance de Jacques de Molay… qui rejoint les Chevaliers du Temple à vingt et un ans (c’est le plus jeune âge possible). Il devient le Maître du Temple en Angleterre avant d’être fait Grand Maréchal (responsable du commandement militaire de l’Ordre). Quand Thibaut (ou Tibald) Gaudin, le Grand Maître des templiers meurt en 1292, Jacques de Molay est élu à ce poste - le plus haut de l’Ordre - .

- A cette époque, les mamelouks musulmans se sont emparés d’Acre et le royaume chrétien de Jérusalem est vers sa fin. Cent soixante quatorze ans après la la création de l’Ordre, Molay dirige encore « la force la plus puissante de la chrétienté, rivalisant avec le Vatican ». L’Ordre possède des propriétés dans toute l’Europe, une excellente armée  avec une flotte de combat, une compagnie commerciale et bancaire internationale... « L’Ordre avait accru sa richesse et son influence à une vitesse trop remarquable apparemment pour être le simple résultat d’une croissance organique... Les premiers templiers durent trouver l’or, l’argent et les autres trésors enterrés par les juifs pendant la guerre de 66-70... et ne le révélèrent pas… ».

- Molay réimpose « la pleine observance de toutes les règles et [réclame] une discipline absolue au sein de l’Ordre. Totalement illettré lui-même, il interdit aux autres chevaliers de perdre leur temps à lire, préférant laisser de telles tâches aux clercs ». L’Ordre est francophone et fait directement ses rapports au pape.

 

(p 443-446) Le roi Philippe IV, dit le Bel, est orgueilleux et ambitieux ; il cherche à manipuler à son profit, mais en vain, le pape Boniface VIII (Le roi veut prélever des taxes sur l’Eglise française). Une épreuve de force s’engage ; elle se termine par la mort de Boniface VIII, quelques semaines après que Guillaume de Nogaret et son équipe l’aient molesté (le 8 septembre 1303). Le nouveau pape, Benoit XI, ne cède pas plus aux pressions du roi ; il meurt empoisonné sur l’ordre de Philippe le Bel. Le roi « choisit » alors Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, un homme ambitieux qui devient le pape Clément V. En 1305, « A peine solvable, Philippe [lève] immédiatement un impôt, la décime, sur les importants revenus du clergé français. Quatre ans plus tard, le pape marionnette [transfère] le siège du pouvoir du Vatican à Avignon, situation qui perdurera pendant les trois quarts de siècle suivants ». Philippe le Bel dispose désormais du pouvoir qu’il désire.

- Philippe le Bel a besoin d’argent. Guillaume de Nogaret, « l’éternelle âme damnée du roi » planifie soigneusement et avec habileté l’arrestation de tous les juifs (22 juillet 1306) qui sont « envoyés en exil - naturellement sans leurs propriétés qui [sont] immédiatement transférées à la Couronne ».

- Philippe le Bel, roi cupide, tourne son attention vers les richesses des templiers… Il ne peut cependant « espérer s’en tirer par un acte de piraterie… contre un ordre aussi élevé… Les chevaliers templiers ne [répondent] à personne en dehors du pape et ils se [trouvent] au-dessus des lois des différents pays… Malheureusement, le caractère très secret de leurs pratiques [permet] de donner efficacement une apparence de crédibilité aux fausses accusations... De faux témoins [dénoncent] des histoires d’actes vils et le roi… [se sent] – obligé – d’informer le pape de cette situation grave ».

 

(p 446-450) D’autre part, le pape aurait « dans l’idée de fusionner les chevaliers du Temple de Salomon et les chevaliers de l’Hôpital de Saint Jean de Jérusalem en un ordre unique qui serait appelé les - Chevaliers de Jérusalem - »… alors qu’il existe une rivalité entre ces deux ordres et que le pape avait déclaré sa préférence en faveur des hospitaliers qu’il voulait voir prendre le rôle majeur.

- Molay invité à une rencontre, prend « la précaution d’amener un document… en faveur de l’indépendance de son Ordre » et se rend à Paris où il est « accueilli avec tous le honneurs  par le roi… Mais… il [commence]  à entendre toutes les rumeurs qui se [répandent] sur les - méfaits - des templiers ».

« … l’année précédente, Nogaret avait eu  une excellent expérience d’arrestations de masse simultanées, en capturant l’intégralité de la communauté juive ». Suivant ce principe, « quelque quinze mille templiers » sont arrêtés le vendredi 13 octobre 1307. « Le principal faux témoin [est] Esquin (ou Esquieu) de Floyran (ou de Floixan, ou encore Squin de Flexian… cette dernière dénomination est donnée par le chroniqueur florentin Giovanni Villani) ; il avait été expulsé de l’Ordre et incarcéré pour hérésie et autres délits… il fournit des - preuves - contre l’Ordre en échange de sa grâce et de sa libération de prison. L’inquisition [reçoit] l’ordre d’extraire toutes les confessions [61] et de n’épargner aucune torture pour atteindre cet objectif ». Le public « fut horrifié quand il entendit que les templiers… admettaient avoir renié Dieu, le Christ et la Vierge Marie… A la lumière des connaissances actuelles, il est aisé d’écarter ces accusations inventées… et sorties tout droit de l’imagination des accusateurs ».

(p 451-453)  De nombreux pays mettent peu de zèle à appliquer les ordonnances papales contre l’Ordre. Le Portugal, l’Irlande, l’Ecosse et l’Angleterre n’exécuteront pas cette instruction avec joie. « En juin 1311, l’Inquisition installée en Angleterre [obtient] quelques informations très intéressantes... » ; des templiers importants témoignent de propos tels que : « Jésus n’était pas un dieu, mais un simple mortel » et qu’ils devaient croire au « grand Dieu tout-puissant, qui fut l’architecte du ciel et de la terre, et non en la crucifixion » (on trouvera plus de précisions page 451). Selon les spécialistes, « ces affirmations... ne correspondent à aucune croyance théologique de l’époque, même pas à celles de sectes hérétiques comme les cathares ». Les propos rapportés expriment une conception provenant « des vrais enseignements de Jésus,... conception antérieure au culte paulinien de la - crucifixion - ... Dans l’Eglise de Jacques,... la crucifixion était considérée comme un puissant symbole de - loyauté jusque dans la mort - à l’image de Hiram Abif et rien de plus ».

- Les templiers détenaient « leur connaissance spéciale qu’ils ne délivraient qu’au sein de leur Ordre et [exécutaient] leurs propres cérémonies secrètes qu’ils considéraient, à l’instar des f.m. modernes, comme complémentaires de leur foi chrétienne. Les chevaliers templiers furent trahis par une Eglise et un pape qu’ils avaient bien servis ».

 

La crucifixion de Jacques de Molay

 

(p 453-458) « Le Grand Inquisiteur de France, Guillaume Imbert  s’investit personnellement dans l’extraction de la confession du - plus grand hérétique de tous - : Jacques de Molay » qui est vraisemblablement « horriblement torturé » ; ce puissant guerrier s’effondre et confesse des crimes qu’il n’a pas commis. Ainsi, c’est « un prêtre [qui torture] une autre prêtre... ».

- Selon Chris et Rob, Imbert aurait infligé au Grand Maître une crucifixion en suivant le « scénario » des Evangiles et de la Passion du Christ. « Endurant cette même agonie abominable qui fit momentanément perdre sa foi à Jésus quelque mille deux cent quatre-vingts ans plus tôt, Jacques de Molay se confesse immédiatement sur la croix. Il est descendu de son supplice ». Imbert aurait fait « mettre Jacques de Molays sur le linceul même que le Grand Maître utilisait pour parodier le Messie… Les tortionnaires... rabattent [la toile] sur le corps de Molay pour le recouvrir totalement ». On peut imaginer que « Imbert suggère [à Jacques de Molay] à peine conscient d’essayer de se relever tout seul, s’il se croit aussi important que le vrai Christ ! ».

 

*

*    *

(p 458) L’Inquisition aurait reçu l’ordre strict de ne pas tuer le Grand maître des templiers. Jacques de Molay sera soigné par la famille de Charnay, ainsi que le précepteur Geoffroy de Charnay (de Charney ou de Cernay) qui a subi lui aussi la question. Ils rétracteront publiquement leurs aveux et mourront ensemble sept ans plus tard, « lentement brûlés sur des charbons ardents... ».  

 

La preuve physique - « Le Linceul de Turin » - La fin des « âges sombres » -

 

(p 458-461) « Le linceul… utilisé pour envelopper le corps blessé du grand Maître  recouvrait encore Molay lorsque celui-ci voyagea jusqu’à la demeure de Geoffroy de Charnay. Là le tissu fut lavé, plié et rangé…. En 1357, cette pièce de lin de  quatorze pieds de long fut sortie… et exposée publiquement à Livey ». Pourquoi ce tissu pouvait-il intéresser le public ?

- « A cause du traumatisme de la crucifixion, le corps de Jacques de Molay avait  - peint - l’image de sa souffrance sur son propre linceul - maçonnique - ». « … de la sueur mêlée à du sang riche en acide lactique… s’étaient répandus librement autour de son corps en tachant le tissu qui l’enveloppait… Les traits du corps de Molay s’étaient imprimés sur le tissu en raison d’une réaction chimique : l’acide lactique s’étant échappé … du corps pour imprégner le linceul avait réagi au contact de l’encens utilisé comme agent blanchissant et qui était, lui, riche en carbonate de calcium... l’image sur le linceul était remarquablement claire… » et s’accordait « parfaitement avec l’image connue du dernier Grand Maître... ».

- « Les premières personnes qui virent le linceul ainsi marqué… pensèrent qu’elles contemplaient Jésus. Aujourd’hui, cette pièce de tissu s’appelle … le Linceul de Turin ». Alors que bien des personnes recherchent les origines du Linceul, celui-ci n’est « qu’une pièce de puzzle comme une autre qui aide à compléter le tableau » réalisé par Chris et Rob « dans leur enquête pour retrouver Hiram ».

- En 1994, le Vatican autorise des expertises du linceul (carbone 14) ; « ces analyses [montrent] que la matière du Linceul ne peut être antérieure à 1260… Très étrangement, les résultats des analyses… furent publiés un 13 octobre, la date même de l’arrestation de Molay… !... Le Vatican a toujours nié que le Linceul de Turin soit une sainte relique parce que lEglise connaît sa véritable  origine... ».

 

(p 461-462) Pendant les trois premiers siècles apJC, l’Empire romain ne cesse de perdre son pouvoir politique, jusqu’à ce que l’empereur Constantin mette en place une nouvelle organisation : « … le peuple… [est] utilisé  comme producteur de biens et de richesse en temps de paix et fournit la soldatesque en temps de guerre. En récompense de leurs petites vies tristes et ignorantes, on leur [promet] la résurrection et une après-vie merveilleuse ».

- Sous l’influence de Paul (60 apJC), « le verseur de mensonges », et, après le Concile de Nicée (organisé par Constantin en 325 apJC), « L’Eglise de Rome [fait] de la foi aveugle une vertu… elle étiquette - gnostique - … la littérature chrétienne qui... [permet à]... l’individu d’accéder à la connaissance… et elle [fait] de - gnostique - un synonyme de - mal - . Or - gnostique - vient... du grec signifiant - connaissance - . Ce n’est pas une coïncidence si la période à laquelle on fait traditionnellement référence sous le nom d’- âges sombres - correspond au laps de temps séparant la naissance de l’Eglise romaine de la crucifixion de Jacques de Molay ! ».

Le message se répand - Le voyage vers La Merica -

 

(p 462-466) Le vendredi 13 octobre 1307, de nombreux templiers échapperaient « aux mailles du filet ». Les gardes venus arrêter  la flotte templière amarrée à La Rochelle, trouvent les quais vides. « … on ne [reverra] plus jamais les navires de l’Ordre, il n’en [ira] pas de même de leur pavillon de combat, le crâne et les os croisés ».

- « … il existe... maintes histoires de navires templiers se rendant en Ecosse et au Portugal,… - deux refuges - ». Il est probable que des templiers repartent du Portugal après s’être approvisionnés, mettent « le cap plein ouest, suivant ce que l’on appelle aujourd’hui le quarante-deuxième parallèle… [pour] atteindre cette terre marquée par l’étoile qu’ils connaissent grâce aux manuscrits nazôréens et qui [est] appelée Merica ».- « Il est pratiquement certain qu’ils [débarquent]... dans le   Nouveau Monde,... [en fait] dans le secteur de la presqu’île  du cap Cod ou  de Rhode Island dans la future Nouvelle Angleterre dans les premières semaines de 1308,... presque un siècle et demi avant… la naissance de Christophe Colomb...

-  A Westford, petite ville du Massachusetts, un chevalier  aujourd’hui célèbre est gravé « par une série de trous percés sur une paroi rocheuse… Il est coiffé d’un heaume et porte l’habit d’un ordre militaire,… le pommeau de l’épée reproduit le style de celui d’un chevalier européen du XIVème s….le plus fascinant est l’écu du personnage... [qui]... représente un unique vaisseau médiéval faisant voile vers l’ouest… vers une étoile ».

- « A Newport (Rhode island) , on rencontre… une… tour construite dans le style des églises rondes templières… Sa datation [la] situe… en plein dans le siècle qui vit disparaître la flotte templière, [et]… sur une carte européenne de 1524,… le navigateur... Giovanni da Verzano marque l’emplacement de la tour... et la mentionne comme une - villa romaine - existante ».

- « La chapelle de Rosslyn (évoquée à la fin du chapitre V)[est] un lieu où les templiers se réunirent après l’attaque du roi Philippe le Bel et du pape ». Comme Chris et Rob l’ont montré,… « les épis de maïs (maïs indien) et d’aloès sont gravés dans la pierre en guise de motifs décoratifs… deux plantes dont les écossais  ne pouvaient avoir connaissance… [sauf] si les hommes qui dirigèrent les maçons de la chapelle de Rosslyn avaient visité l’Amérique au moins un quart de siècle avant Colomb ».

- Le chevalier de Westford, et la tour de Newport sont bien « d’authentiques vestiges templiers sur le territoire des Etats Unis d’Amérique ».

 

Le pays de l’étoile appelée La Merica

 

(p 466-467) On pourra se référer au livre afin de voir pourquoi le continent américain a bien emprunté son nom à l’étoile de l’Est appelée Merica (« l’étoile qui selon les nazôréens, marquait l’emplacement d’une terre parfaite de l’autre côté de l’océan du  soleil couchant ») et, non pas à « l’explorateur - amateur - » Amerigo Vespucci… L’erreur vient d’un certain Waldseemüller, erreur propagée rapidement et largement car « il dirigeait une petite équipe qui avait accès à une presse d’imprimerie ». Waldseemüller rétractera « publiquement son affirmation selon laquelle Amerigo Vespucci [aurait] découvert le Nouveau Monde… le mythe accidentel de Vespucci [ferait] partie du folklore culturel dans le système éducatif américain ». Ce serait « un exemple classique d’Histoire (pour paraphraser Henri Ford) qui - ment - … ceux qui désirent réellement comprendre l’Amérique et les forces qui créèrent les Etats Unis modernes ont besoin de suivre la chaîne de l’évolution de la pensée nazôréenne ».

(p 469-470) Retenons dans la conclusion de ce chapitre que :

- « L’attaque contre l’Ordre templier par un roi cupide et sans grande envergure se [révèle] être le premier pas vital dans un long processus d’émancipation : en se libérant du principe en vigueur de castration intellectuelle, exercée par le Vatican, le monde chrétien allait pouvoir construire une civilisation fondée sur le désir de connaissance et la reconnaissance de la valeur de l’individu. Cette évolution de l’autocratie vers la démocratie en matière de gouvernement et de l’aristocratie vers la méritocratie en matière de structure sociale, dans un contexte de tolérance théologique,  n’a nulle part été aussi ostensiblement recherchée - et en partie réalisées - qu’aux Etats Unis d’Amérique (America) ».

 

XV. La  redécouverte des manuscrits perdus

 

 (p 471-472) « Pourquoi les Etats-Unis d’Amérique existent-ils ? ». Comment les USA ont-ils pu « devenir en moins de deux siècles [62] le cœur de la culture mondiale et la nation la plus puissante du monde » ?

 

- Voici un extrait du discours d’adieu de George Washington, premier président des USA élu en 1789 et f.m. de longue date : «  Etre juste et de bonne foi vis-à-vis de toutes les nations ; cultiver la paix et l’harmonie à l’égard de tous. La religion et la morale nous enjoignent d’adopter cette conduite, et la bonne politique n’en fait-elle pas autant ? Il sera digne d’une nation libre, instruite et, à brève échéance, grande, de donner à l’humanité l’exemple magnanime mais aussi inédit d’un peuple toujours guidé par un haut sentiment de justice et de générosité » (W.M. Thayer, George Washington).

- Ces parole « rappellent étrangement les enseignement… de Jésus, évoquant - la liberté,… l’instruction,… la paix,… la bonne foi,… la justice,… la générosité -  … construire une - grande nation - et relier religion et morale ». Mais évoquer la présence templière sur la côte Est des USA « n’explique pas comment cet ordre français… pourrait avoir influencé les principes fondateurs de cette nation ».

 

(p 472-474) « .. de nombreux templiers s’établirent en Ecosse après la chute de leur Ordre… quantité de preuves sont encore visibles aujourd’hui. L’église de Kilmartin, près du Loch Awe (comté d’Argyll) abrite de nombreuses sépultures templières… également dans le cimetière nombre de tombes maçonniques ». Chris et Rob trouvent  d’autres sépultures templières ou maçonniques [63] dans les environs : « … un contingent assez important de templiers [se serait] réfugié dans le comté d’Argyll… au début du XIVème s. ».

- « Au début du XIVéme s. les templiers possédaient de nombreux domaines en Ecosses et le peuple écossais leur manifestait beaucoup d’affection et de respect ». Dans « ce secteur de l’Ecosse », cette présence sera renforcée par le mariage de Hugues de Payns avec Catherine de Saint Clair . « En fait, la première commanderie templière hors de terre sainte [sera] construite sur les terres de Saint Clair en un lieu au sud d’Edimbourg appelé aujourd’hui Temple  » [64] .

 

Le refuge écossais - William Wallace, Robert Ier Bruce -

 

(p 474-475) « En 1286, la mort du roi Alexandre III [marque] la fin de la lignée des rois celtiques (d'Ecosse)… Les luttes internes [affaiblissent] le pays et le roi Edouard Ier d'Angleterre [profite] de la situation : il [accorde] son soutien à John Balliol, l'un des prétendants au trône… pour… prendre la Couronne écossaise [mais demande] que Balliol devienne un vassal du roi d'Angleterre… Balliol [est] un roi impopulaire... » ; il sera destitué et partira en exil en France. «... le roi d'Angleterre [prend]… directement le contrôle de l'Ecosse... il emporte le symbole de l'indépendance écossaise : l'ancienne - Pierre de la Destinée - , également connue sous le nom de - Pierre de Scone  - [65] , … petit bloc rectangulaire… sur lequel les rois d'Ecosse ont longtemps été couronnés... ». Les écossais seront « lourdement opprimés » par l' « autorité dictatoriale » du roi d'Angleterre.

 

(p 476-478) Le nationalisme écossais ressurgit rapidement. Le noble William Wallace venge le meurtre de sa femme en mai 1297 en assassinant le shérif de Lanark ; Wallace reçoit le soutien du peuple ; « le soulèvement populaire [prend] une telle ampleur qu'il aboutit à une véritable bataille face aux troupes anglaise »… qui sont défaites à Stirling Bridge le 11 sept. 1297.

- Après avoir fait la paix avec les français, l'année suivante, Edouard Ier bat Wallace à Linlithgow ; Wallace s'échappe et obtiendrait les soutiens de Philippe le Bel, du pape Clément V, et surtout, de la famille Moray, continuellement liée aux templiers et à la F.M.. « une bataille  entre les écossais et les anglais à Roslin, en 1303, [est] remportée [par Wallace] avec le concours des chevaliers templiers, emmenés par un St Clair ». Wallace demeure un hors-la-loi pendant sept ans. Il est finalement trahi, emmené à Londres, torturé et exécuté… en 1305.

- « Pendant cette période de troubles, deux écossais [ont] une prétention… au trône : Robert Bruce, huitième comte de Carrick, et John Comyn ». Robert est un homme ambitieux qui doit manœuvrer contre Comyn, favori du pape et apprécié du roi Edouard Ier. « Il sait qu'il [existe] une résurgence celtique balbutiante ». Bruce insulte publiquement le pape et le roi, tout en « levant l'étendard de guerre de la renaissance celtique » et, assassine Comyn « le collabo »… « Le 10 févr. 1305, le pape répond en annonçant l'excommunication de Robert Bruce ». Néanmoins, « treize mois plus tard, Bruce, fort du soutien total des seigneurs celtiques, était couronné roi d'Ecosse par la comtesse Buchan à Scone... ».

 

(p 478-480) « Telle [est]… la situation en Ecosse quand une partie de la flotte templière prend la direction d'Argyl et de Firth of Forth... » (Estuaire de la Forth, au fond duquel se trouve Edimbourg). «… l'excommunication de Robert Bruce et les liens anciens de la famille St Clair avec Rosslyn… »… font que l'Ecosse est un des rares lieux où le pape ne peut  atteindre les templiers.

- Edouard Ier décède ; Edouard II sont fils se retire en Angleterre, laissant Robert Ier Bruce s'occuper de ses ennemis en Ecosse. Après bien des revers, Bruce reconquiert son royaume sur l'Angleterre ; son plus grand triomphe est la bataille de Bannochburn, le 24 juin 1314. L'année même où Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sont brûlés vifs à Paris, sir William St Clair, Grand Maître des templiers, aurait emmené la force templière à la bataille de Bannochburn [66] où il assure la victoire des écossais  et instaure l'indépendance du royaume de Bruce. Les combats cessent en 1328 quand l'Angleterre reconnaît l'Ecosse comme une nation libre.

 

(p 480-482) Les templiers ont « une relation symbiotique avec le roi d'Ecosse » ; ils sont en sécurité et offrent leur talents de stratèges et de guerriers à la couronne écossaise. Mais l'excommunication est un danger, car tout souverain chrétien est libre d'entreprendre une croisade contre l'Ecosse considérée comme une terre païenne.

- En 1317, le pape Jean XXII tente d'imposer une trêve aux anglais et aux écossais, mais les écossais continuent à guerroyer… En 1320, le pape rend une nouvelle sentence d'excommunication contre Bruce, James (le Noir) Douglas et le comte de Moray. En réponse, « le 6 avril 1320,... les barons écossais publient la déclaration d'Arbroath... » (les signataires de cette lettre extraordinaire sont huit comtes et trente et un autres nobles écossais). On peut se reporter aux extraits cités dans le livre ; cette déclaration concerne Robert Bruce, roi d'Ecosse et donne en même temps la définition de la royauté. « Les principaux lords d'Ecosse [sont] templiers ou des parents de templiers. Il n'est donc pas surprenant que le mode de pensée - nazôréen - soit présent dans ce document inhabituellement démocratique, qui donne une image du roi plus présidentielle que royale ».

- « En Angleterre, cent ans avant la déclaration d'Arbroath, la Magna Carta (Grande Charte) fut signée par le roi Jean sous la pression d'un groupe de seigneurs parmi lesquels on comptait des templiers ». C'est un « document de la Constitution anglaise qui peut être vaguement comparé à la déclaration des Droits (Bill of Rights) des USA - document … totalement d'inspiration maçonnique » (voir plus loin).

- Quand « le sujet du pouvoir populaire ou  de la volonté du peuple » apparaît dans l'histoire occidentale, « il est… symptomatique que la pensée nazôréo-templaro-maçonnique soit présente en de nombreuses occasions… ».

 

(p 482-483) « En octobre 1328,... le pape Jean XXII [lève] la sentence d'excommunication qui [frappe] Robert Ier ». Le 3 juin 1329, Robert Ier décède. Son fils David II lui succède ; il n'a que cinq ans. Lord Randolph, oncle du comte de Moray est désigné comme régent.

- Robert Ier aurait fait vœu « de voir, après sa mort, son cœur placé dans une cassette, emporté à Jérusalem et enterré dans l'église du Saint-Sépulcre ». Ce serait en accomplissant ce vœu que sir William de St Clair et sir James Douglas sont tués en route lors d'un combat… Le cœur de Bruce sera finalement  enterré dans l'abbaye de Melrose ; sir William sera inhumé  à Rosslyn.

- « … l'Ecosse fait de nouveau... partie de la chrétienté … ». « … dans la mesure où le Vatican [peut] poursuivre ses ennemis dans toute l'Europe... les templiers se [dissimulent]… en devenant une société secrète ». Lord Randolph, le régent, est un membre de la famille templière Moray, ce qui permet de « planifier l'avenir de l'organisation qui a déjà remplacé l'Ordre condamné. [Les templier peuvent ainsi] conserver les grands secrets dont ils ont la garde ».

 

Retour à Rosslyn

 

(p 483-486) La chapelle de Rosslyn (vue au chapitre IV) a été construite par William St Clair (1440-1490). Cette construction a été d'une grande importance pour les recherches de Chris et Rob qui reviennent sur ces lieux, quatre ans après leur première visite. La chapelle de Rosslyn  fournirait l'interface entre les templiers et la F.M..

- « La chapelle de Rosslyn [exsude] une sensation de spiritualité vivante, l'impression d'être là ici et maintenant tout en étant plongé dans un passé infini… une chaude sensation qui s'empare de vous... ».

- Chris et Rob rencontrent dans la chapelle, une femme pasteur, la révérende Janet Dyer ; elle évoque les cactus aloès et maïs  sculptés dans la pierre… et fait « allusion à un élément attesté par des documents : le prince Henry de Sinclair (autre orthographe ultérieure de Saint Clair), le premier Jarl (comte, en anglais earl) Saint Clair des Orcades (Orkneys) avait, grâce à l'argent des templiers, armé une flotte de douze navires pour un voyage vers le - Nouveau Monde - . Sous le commandement d'Antonio Zeno, la flotte avait débarqué en Nova Scotia (Nouvelle Ecosse) et exploré avant 1400, la côte orientale de ce qui est devenu les USA. La date est certaine car Henry Sinclair [est] assassiné à son retour cette année là … La famille Sinclair raconte que [le] chevalier James Gun était mort dans les Amériques… L'image du chevalier médiéval que l'on voit à Westford (Massachusetts) est, prétend-elle, sa pierre tombale ». Chris et Rob trouveront « des éléments soutenant cette affirmation dans la crypte sous la chapelle... ».

 

(p 487-489) Dans la chapelle, Chris et Rob découvrent des « colonnes non encastrées ; il y en a quatorze au total. Douze ont la même forme et deux - les plus à l'Est - … assez splendides. Le pilier de gauche (en regardant l'orient) est connu sous le nom de - pilier du Maçon - … ouvrage d'une grande élégance. Le pilier droit est… différent. Appelé - pilier de l'Apprenti - , il est somptueusement décoré... ». La reconstitution du passé permet de comprendre : « Le pilier dit - du Maçon - est en fait une restitution du pilier sacerdotal appelé Jakin chez les f.m. et Tsedeq chez les nazôréens, quant au pilier dit - de l'Apprenti - , c'est le pilier Boaz des maçons, représentant le pouvoir de Mishpat ».

- « En haut de l'angle où les murs Sud et Ouest se rencontrent, au niveau de l'orgue Hamilton, on aperçoit une tête [avec] un sévère coup à la tempe droite et dans l'angle opposé du mur occidental, on a la tête de l'homme qui l'assassina… L'histoire... admise raconte qu'il s'agit  de la tête d'un apprenti assassiné et que la tête dans l'angle opposé est celle de son maître qui l'a tué »… par jalousie, car cet apprenti aurait conçu et réalisé tout seul le pilier royal qu'on peut admirer aujourd'hui. « Cette histoire ressemble à une version déformée de la légende maçonnique d'Hiram ». «... c'est William St Clair qui dirigea… la construction… [et] supervisa… les moindres détails de l'ouvrage… [il] fit venir d'Europe les plus habiles maçons… » qu'il logea et paya « une très belle somme ». Il est très improbable qu'« un simple apprenti  ait été en mesure de produire la pièce maîtresse de tout l'édifice... Les gardiens actuels de la chapelle de Rosslyn… ignorent [que] la tête faisant face au Nord-Est est une représentation de Sekennenrê Taâ, le dernier vrai roi d'Egypte » [67] .

 

Que la lumière soit - Rosslyn, un sanctuaire, pas une chapelle -

 

(p 489-491) Force est de constater que la « chapelle de Rosslyn [n'est] pas construite comme un lieu de culte chrétien ». « Plus [on regarde] le décor, plus ce fait [devient] évident. Le symbolisme est égyptien, celte, juif, templier et maçonnique à profusion… Les seuls véritables motifs chrétiens viennent des modifications victoriennes ultérieures : les vitraux, le baptistère… et une statue de Madone à l'enfant ». Pourtant, une frise montre une crucifixion, mais bien des détails prouvent qu'il s'agirait du « martyre du dernier Grand Maître des chevaliers templiers, Jacques de Molay. »… On remarque « ici une gravure où des personnages tiennent le - linceul de Turin - avec le visage de Molay… clairement visible dessus ». L'histoire de la souffrance et de l'image du Grand Maître « miraculeusement apparue sur son propre linceul rituel » était vraisemblablement connue des templiers écossais.

- « Même après son achèvement, [Rosslyn] ne fut jamais utilisée comme une chapelle, car il y avait une chapelle familiale dans le château... à… peu de distance de là ».

 

(p 491-493) Chris et Rob prennent conscience que Rosslyn ne serait pas une simple chapelle, mais un sanctuaire post-templier ; de fortes présomptions leur font penser qu'il aurait été construit pour abriter les manuscrits trouvés par Hugues de Payns et les siens sous le Saint des Saints du dernier temple de Jérusalem. « Les nazôréo-qumraniens reçurent l'instruction (par l'intermédiaire de l'Assomption de Moïse) de déposer leurs manuscrits les plus précieux sous le Saint des Saints vers 69… ». Ces manuscrits relateraient « l'histoire de la lutte nazôréenne : la véritable histoire de Jésus-Christ,... ce texte doit, en tant que tel, être l'Evangile perdu - Q - , l'Evangile qui fut la matière source de Matthieu, Marc, Luc et Jean ».

- Une curieuse histoire d'incendie dans le château de William St Clair (en 1447) raconte la fuite des occupants et l'action du chapelain qui risque sa vie pour sauver du feu « les quatre coffres » où se trouvent tous les écrits de son maître. Du point de vue de Chris et Rob, l'inquiétude que manifeste William St Clair pour ces quatre coffres médiévaux et massifs, dépasse le cadre de la perte de papiers personnels et divers titres de propriétés ou autres, qui en aucun cas ne peuvent tenir un tel volume… Si ces coffres contenaient les manuscrits de Jérusalem, on comprend la « désolation » de William lorsqu'il voit l'incendie. Sauvés, les manuscrits auraient pu être détruits avant l'achèvement du sanctuaire auquel William avait consacré sa vie, pour les abriter.

 

(p 494-498) Lors de la construction du sanctuaire, on considère généralement « que les fondations prirent un temps étrangement long ». Par ailleurs, « Vue de l'extérieur, Rosslyn est une représentation en pierre de la Jérusalem céleste, telle que la présente la copie de Lambert... A l'intérieur, la disposition [reproduit] les ruines du Temple d'Hérode, avec des décorations reprenant le symbolisme nazôréen et templier... ».

- Chris et Rob constatent que le plan du bâtiment est conforme à la description qu'en donne le rituel de Royal Arch. On retrouve notamment les quatorze piliers… « disposés de telle manière que les huit colonnes les plus à l'Est - incluant Jakin et Boaz - forment un triple Tau » (cf. texte du rituel cité page 496 et plan du sanctuaire page 514). « Tous les piliers de Rosslyn sont disposés en fonction d'un plan précis fondé sur un ancien savoir et restitué dans le rituel du Royal Arch ! ». « William St Clair n'[a] rien fait au hasard. Chaque partie de son fascinant édifice [existe] pour raconter une histoire ».

 

 

Le secret perdu de la maçonnerie de Marque redécouvert - Les premier et deuxième degrés -

 

(p 498-500) Chris et Rob évoquent le rituel (développé pages 499-500) utilisé pour le grade maçonnique appelé « maçonnerie de Marque (Mark Masonry - cf. Robert Brydon, Rosslyn : A History of the Guildes, the Masons and the Rosy Cross.) ». A la fin de la cérémonie, le candidat « devient… maçon de Marque (Mark Mason). On lui donne une marque (un petit symbole) qui devient son emblème personnel de métier... Dans le sanctuaire de Rosslyn, on voit gravées des centaines de semblables marques de tailleurs de pierre ».

 

(p 500-502) Lors de la construction du sanctuaire, « William St Clair [est] confronté à un… problème de sécurité. Les maçons… [doivent] connaître le plan et l'agencement du caveau souterrain… » ; ils vont comprendre que cet étrange édifice doit abriter quelque chose de grande valeur… William sait qu'il doit « s'assurer de la loyauté et de la fidélité de ses tailleurs de pierre, afin qu'ils gardent ses - secrets légitimes aussi sûrement que s'ils étaient leurs - 

Il est attesté qu'il [dispose] de deux grades de maçon sur le site : les maçons ordinaires (ou apprentis)… et les - maçons de Marque - (qui [ont] l'honneur de posséder une marque personnelle…) ».

- Chris et Rob soupçonnent William St Clair de concevoir « le premier degré de la maçonnerie de métier et le degré de maçonnerie de Marque pour donner à ses maçons opératifs un code de conduite et les faire ainsi participer à un secret sans leur révéler le… grand secret de la résurrection - vivante - qui [est] réservé aux maçons spéculatifs ». Ces deux grades dévoileraient « le secret du pilier royal ou Boaz et… [seraient] appelés - comme ils le sont encore aujourd'hui, Apprenti entré - , et, à ceux qui [ont] le rang le plus élevé, on [expliquerait] en outre l'importance de la clé de voûte des arcs parce qu'ils [sont] les - maçons de Marque - . Jamais ces catégories de maçons n'auraient été autorisées à découvrir le secret du pilier sacerdotal ou la signification des piliers jumeaux associés à la clé de voûte… La plus grande formule qui garantissait la stabilité dans l'ancienne Egypte devait être préservée et réservée aux philosophes : les maçons spéculatifs, comme William St Clair lui-même ».

 

(p 502-503) « Le point de départ de la F.M. aurait été la construction de la chapelle de Rosslyn, au milieu du XVème s.. Des développements historiques ultérieurs viennent confirmer cette vision des choses, parce que les membres de la famille St Clair de Rosslyn devinrent les grands Maîtres héréditaires des Métiers, Guildes et Ordres d'Ecosse ; plus tard ils occupèrent la fonction de Maître des maçons d'Ecosse jusqu' à la fin des années 1700 ».

- Contrairement à une croyance répandue parmi les f.m. modernes, « ce furent les maçons spéculatifs (templiers)  qui adoptèrent les maçons opératifs (tailleurs de pierre) et les initièrent à certains secrets de moindre importance relatifs au Temple de Salomon ».

 

(p 503-506) « D'après tout ce que les historiens ont pu rassembler, … il n'y eu jamais de chambre du milieu dans le Temple originel. Cependant, le sanctuaire de Rosslyn en possède une… ». Dans la crypte, c'est un petit personnage insolite, gravé sur le mur à côté de la cheminée, qui intrigue Chris et Rob ; ce personnage rappelle St Pierre mais il ne tient qu'une seule grande clé dont la poignée est un carré parfait (« un signe vrai et sûr pour reconnaître un f.m. »). Selon Chris et Rob, « Cette petite gravure murale ne [tiendrait] rien d'autre que - la Clé d'Hiram - [et]... La pièce que l'on appelle à présent la crypte, était la chambre du milieu du Temple reconstruit, parce qu'elle reliait la partie supérieure de l'édifice aux souterrains qui accueillaient les manuscrits sacrés… Avant que les caveaux n'aient été scellés lors de l'achèvement de l'édifice, plusieurs de ces derniers templiers se virent accorder le droit d'être inhumés à côté des manuscrits sacrés… dans leur armure complète,... privilège réservé aux rois seuls.

Sir Walter Scott [68] [immortalise] cette pratique dans son poème - Le Lai du dernier Ménestrel - :

 

Elle semblait en feu cette fière chapelle,

Où les chefs de Roslin reposent hors de leur cercueil :

Chaque baron, comme dans un linceul de sable [69],

Revêtu de sa panoplie de fer…

Il y a vingt de ces hardis barons de Roslin

Gisant là enterrés dans cette majestueuse chapelle ».

 

Le protecteur [70] qui épargna Rosslyn - Oliver Cromwell -

 

(p 507-509) « Pendant la guerre civile anglaise (1643-1646), Cromwell et ses forces parlementaristes [écument] l'Irlande, le pays de Galles… l'Ecosse [et] l'Angleterre. Ils dégradent les propriétés royalistes et catholiques… Cromwell… [visite] Rosslyn. Mais alors qu'il détruit toute église papiste…, il n'égratigne même pas cet édifice ». « Les St Clair... se [trouvent] naturellement du côté royaliste et le château de Roslin [est] totalement détruit par le général Monk en 1650… une fois de plus, le sanctuaire de Rosslyn n'est pas touché ».

- « Les éléments circonstanciels » dont disposent Chris et Rob suggèrent que le « Lord Protector » (Cromwell) est un f.m. de haut niveau, ne serait-ce que parce qu'il épargne Rosslyn ; ce serait aussi l'avis des gardiens actuels du sanctuaire.

- Aujourd'hui, à proximité de Rosslyn, le site appelé Temple, ancien quartier général des templiers en Ecosse, existe toujours, mais pas le bâtiment. « Dans le cimetière [on trouve] de nombreuses tombes maçonniques... arborant le symbolisme du degré de Royal Arch [71], et beaucoup montrant l'ancien motif des deux colonnes et du linteau ».

- Le guide vendu sur place, révèle que William St Clair était (aussi) Chevalier de la Toison d'Or… « la F.M. dit d'elle-même qu'elle est - plus ancienne que la Toison d'Or ou l'Aigle romaine - »… ce qui signifierait « que le rituel n'[est] pas une invention des St Clair… pas seulement antérieur à leur famille, mais aussi au grand Empire romain ». Ce guide évoque aussi les caveaux de Rosslyn qui « peuvent être beaucoup plus que de simples tombes », et la possibilité d'« y découvrir des indices guidant vers certains trésors d'un grand intérêt historique ». D'autres commentaires [72] montrent qu'on a toujours su que l'édifice a une valeur dépassant ce que l’œil voit.

- Pour Chris et Rob, le fait de « Refuser de fouiller les salles souterraines pourrait continuer de priver le monde d'une grande et ancienne sagesse... ». Sur les murs de Rosslyn, ils trouvent une inscription latine qui viendrait des manuscrits nazôréens : « Le vin est fort, le roi est plus fort, les femmes sont encore plus fortes, mais la vérité conquiert tout ».

 

Sous le sceau de Salomon -  Si tatlia jungere possis sit tibi scire possis -

 

(p 510-511) Nous avons vu que « les piliers principaux les plus à l'Est de la chapelle [forment] un triple Tau… l'emblème de la F.M. de Royal Arch, mais aussi un… signe antérieur à Moïse ». Voici maintenant « la définition ... telle que le rituel originel de ce degré la donne : Le triple Tau, signifie, entre autres choses occultes

{Templum Hierosolyma, - Le Temple de Jérusalem -}

{Clavis ad Thesaurum, - Une clé vers un trésor -}

{Theca ubi res pretiosa depositur, - Un endroit où une chose précieuse est dissimulée -}

{Res ipsa pretiosa, - La chose précieuse elle-même -}

La configuration centrale du sanctuaire [serait] une façon symbolique de dire que l'édifice représente le Temple de Jérusalem et que [ce serait] un lieu où un trésor… est dissimulé ».

- Toujours selon le rituel : « Le bijou du grade de Royal Arch est un double triangle parfois appelé sceau de Salomon, à l'intérieur d'un cercle… Au bas de l'étoile se trouve un parchemin portant les mots : Nil nisi clavis deest - Rien n'est désiré sauf la clé - , et sur le cercle apparaît la légende Si tatlia jungere possis sit tibi scire possis – Si tu peux comprendre ces choses, tu en sais assez - ». Ces références auraient-elles été « créées pour servir d'indices à ceux qui un jour, élucideraient le mystère de Rosslyn » ?

 

(p 512-513) Sur le plan du sanctuaire, Chris exécute quelques tracés au compas et fait apparaître deux triangles équilatéraux qui forment un sceau de Salomon (La page 512 détaille le tracé et le schéma final est sur le plan page 514). « Au centre… de ce sceau, sur le plafond voûté, il y a une… excroissance suspendue, en forme de tête de flèche…, qui pointe vers le bas en direction d'une clé de voûte encastrée dans le sol… [c’est probablement] cette pierre qui doit être enlevée pour pénétrer dans le caveau reconstitué du Temple de Salomon et retrouver les manuscrits nazôréens ». Selon Chris et Rob, « l'explication des symboles [aurait été] ajoutée au degré de Royal Arch, par William St Clair… » pour la future génération qui devait découvrir la « clé ».

 

Exhumer les manuscrits nazôréens

 

(p 513-516) Rosslyn serait donc bien le sanctuaire des manuscrits nazôréens. Mais ces manuscrits sont-ils toujours dans les sous-sols du sanctuaire ? Il n'existerait aucune preuve historique ou physique d'une intervention dans les fondations du bâtiment. La véritable histoire du christianisme attend sans doute d'être exhumée...

- En localisant l'ultime lieu de repos des manuscrits, Chris et Rob auraient « retrouvé le dernier maillon d'une chaîne reliant tout f.m. aux rites mystérieux  de l'ancien sacre égyptien. » 

« … l'histoire s'arrête ici en attendant qu'une  fouille soit entreprise et que le contenu des manuscrits  soit enfin disponible pour l'humanité ».

Chapelle Rosslyn et ses points de passages

Chapelle Rosslyn et ses points de passages

Post-scriptum

(Préliminaires à d’éventuelles fouilles)

 

(p 517-520) Depuis le début de leurs recherches, Chris et Rob considèrent être trop impliqués dans leur sujet ; c’est pourquoi ils partagent leurs découvertes avec un Maître maçon passé (Past Master) et un ecclésiastique de l’Eglise d’Angleterre qui commentent leurs travaux ; le Maître et l’ecclésiastique considèrent finalement que Chris et Rob ont trouvé quelque chose qui aurait « beaucoup de sens ».

- Avant de présenter le manuscrit de « La Clé d’Hiram » à leur éditeur originel Century, Chris et Rob révèlent aux personnes concernées par Rosslyn, ce qu’il y a dans leur livre. Après plusieurs rendez-vous et réunions, ils sont informés que le droit est « - accordé par le comte actuel - de fouiller les caveaux ».

- Une rencontre est aussi organisée pour présenter leurs découvertes avec le groupe des « Amis de Rosslyn »… environ trente personnes viennent… historiens, membres de la Grande Loge d’Ecosse, deux ecclésiastiques, les plus importants Chevaliers templiers d’Ecosse et le baron St Clair  Bonde, un descendant direct de William St Clair. Après la présentation, plusieurs auditeurs viendront leur dire qu’ils ont des informations importantes qui peuvent appuyer leur thèse…

- En préparant les supports des présentations pour cette rencontre, Chris et Rob découvrent que le plan des fondations de Rosslyn « est une copie très fidèlement exécutée » des fondations du Temple d’Hérode (Cf. page 520 Comparaison des fondations du Temple d’Hérode et du plan de la chapelle de Rosslyn). 

« Et les parallèles continuent à l’extérieur du bâtiment,… le lieu même [a] été choisi parce qu’il [reflète] l’exacte topologie de Jérusalem. A l’Est on a l’équivalent écossais de la vallée du Cédron et au Sud court la vallée de Hinnom ».

- « Forts de cette nouvelle compréhension… [Chris et Rob pensent] avoir... résolu l’énigme du message codé laissé  par le comte, pour moitié gravé dans la pierre et pour moitié intégré dans le rituel maçonnique ». Maintenant, Chris et Rob sauraient « exactement où est caché le Rouleau de cuivre, la carte au trésor des esséniens et des templiers ».

Renvois aux notes complémentaires (histoire, étymologies,…) numérotés  de [31] à [72]

 

[31] (p 265-266) [Israël en hébreu, « Dieu s’est montré fort ». C’est le nouveau nom donné à Jacob après sa nuit de lutte à Péniel (Le Grand Dictionnaire de la Bible). On retrouve la même étymologie dans Le Petit Robert des Noms Propres].

 

[32] (p 265-266) [Juda est le nom du 4ème fils de Jacob et Léa. Selon Genèse 29.35 son nom signifie « il loue » ou « loué » (Le Grand Dictionnaire de la Bible).

- Selon Le Petit Robert des Noms Propres, l’étymologie est à rapprocher de l’araméen « terrain encaissé, ravin »]

 

[33] (p 268-269) [Origines et étymologies du terme « exil »

- L’exil est une expatriation volontaire ou forcée. Pour certains mystiques, il désigne la Terre ou la vie mortelle par opposition au Ciel (Déf. du Larrousse en 2 tomes. Edition de 1922).

- Le terme exil viendrait du latin exsilium et du verbe exsilio - sauter hors, s’élancer hors, bondir. Mais cette étymologie est douteuse (Dict. Littré) à cause de la forme parallèle exsul ou exsulare. On peut aussi proposer la forme latine exsolo - hors du sol -  dont le sens s’apparente à celui de l’exil.

- Cependant, la racine sul de exsul se retrouve dans, insulasul est proche de solium - siège - …. (même racine pour consul…). Voyons maintenant le sens de ces derniers termes  :

> exsul ou  ex solum, se traduit du latin par  - exilé, banni…

> insula se traduit par  - île - ou - maison isolée - , mais aussi par - temple - (Lat. Ecclés.).

- L’hypothèse étymologique de la forme « parallèle exsul » ne paraît pas pouvoir éviter celle de  ex-sol, hors (du) soleil  (ce n’est que l’hypothèse du rédacteur de ces notes)car si on n’est pas éclairé par le Soleil, on se trouve dans les « ténèbres » ; l’exil serait ainsi associé à un manque de « lumière », voire aux « ténèbres » ...

- Insula - le temple - auquel accède l’initié, se distinguerait de exsul(a) qui serait un domaine hors (ex-) du temple, … le monde profane. Le profane par sa définition étymologique reste devant (pro) le temple (fanum), sur les parvis, donc hors du Temple.

(Termes latins ré-examinés par le rédacteur avec le Gaffio, dictionnaire de référence latin-français)]

 

[34] (p 268-269) [Babylone vient du sumérien « porte de Dieu ». L’hébreu « babel » est traduit par « Babylone » - Le Grand Dictionnaire de la Bible. On retrouve la même étymologie dans Le Petit Robert des Noms Propres]

 

[35] (p 274-275) [Prophète vient du grec - prophêtês – prophète…

« Qu’est-ce qu’un prophète ? Dans la conception populaire, un prophète est quelqu’un qui prédit l’avenir. Il n’en  est pas ainsi dans la Bible : un prophète est d’abord un porte-parole de Dieu… Dans l’A.T., l’appellation « homme de Dieu » sert encore à désigner des prophètes… » - Le Grand Dictionnaire de la Bible - Ed. Excelsis]

 

[36] (p 274-275) [Ezéchiel en hébreu « que Dieu rende fort » - Le Petit Robert des Noms Propres. Pas d’étymologie évoquée dans Le Grand Dictionnaire de la Bible]

 

[37] (p 283) [Le roi Zorobbabel (Zerubbabel), descendant de David, fait reconstruire le Temple…

Zorobbabel  - « fils de Babylone » est une étymologie donnée par Chris et Rob. Le Grand Dictionnaire de la Bible l’écrit Zorobabel et indique que l’étymologie est incertaine. Le Petit Robert des Noms Propres ne donne pas d’étymologie.]

 

[38] (p 285-286) [... Alexandre le Grand, un des plus grands chefs militaires de l’histoire.

Alexandre « qui protège les hommes », du gr. alexô « repousser (le danger) » et anêr, andros « mâle » - Le Petit Robert des Noms Propres. Le Grand Dictionnaire de la Bible ne donne pas d’étymologie.]

 

[39] (p 286-287) [« ... Les colonnes jumelles représentant les deux pays devinrent les colonnes d’Hermès. »

- Hermès probablement issu du gr.  herma « tas de pierres » - Le Petit Robert des Noms Propres.

- Selon Le Grand Dictionnaire de la Bibl,  à l’origine, Hermès est l’esprit qui habitait l’herma ou tumulus de pierres érigé pour servir de point de repère ou pour marquer une limite. D’où les hermès des portes d’Athènes, pierres phalliques grossièrement sculptées, et la fonction du dieu guide des vivants et des morts…]

 

[40] (p 301) [… les hassidims (juifs de stricte observance)…  

Hassidim vient « de l'Araméen,…  - pieux . On utilise également le nom d'assidéens, hassidéens, voire chassidim. Il s'agit des juifs  qui, à partir  du IIIème s. avJC, se sont opposés aux innovations grecques dans le sein du Judaïsme. Au XVIIIème s. une secte juive a repris ce nom en Pologne et reste vivace, bien que minoritaire.]

 

[41] (p 302-303) [« Maccabée »  vient de l’hébreu « maqqèbeth », « marteau », allusion aux qualités guerrières ... C’est le surnom de Judas, fils du prêtre Mattathias… Il fut chef de guerre jusqu’à sa mort... Par extension, le surnom de Maccabées fut donné aux cinq fils de Mattathias, puis à une autre famille de sept frères dont le martyre... est rapporté dans le Deuxième Livre des Maccabées (ce serait l’origine des mots français macchabée et macabre) - Le Petit Robert des Noms Propres]

 

[42] (p 302-303)  [Aristobule ou Aristobule 1er, surnommé Philhellène. Aristobule vient du grec « aristoboulos », « d’excellent conseil »...  - Le Petit Robert des Noms Propres]

 

[43] Note n°2 de bas de page 312  [« … Nouveau Testament ou... Nouvelle Alliance » :

- « Le terme « testament » dans les expressions « Ancien et Nouveau Testament » est la traduction des mots hébreu et grec correspondant au latin - testamentum - qui serait mieux rendu par Ancienne et Nouvelle Alliance.

- Le terme grec« diatéké » peut avoir le sens de « convention » et de « testament ». C’est celui qu’ont choisi les traducteurs de la Septante pour rendre l’hébreu berith « alliance ». La Bible étant le livre de l’Alliance… il arrive de la qualifier d’Ancienne et de Nouvelle Alliance…  (d’après Le Petit Robert de Noms Propres)]

 

[44] (p 315-320) [… l’Assomption de Moïse… :

-  Assomption vient du lat. adsumptio, action de prendre, choisir, emprunter (Dictionnaire de latin Gaffiot).

- Dans le cas de Moïse,  G. Bastide (Grands thèmes moraux, 8) dirait : « Qui dit mission dit (…) assomption désintéressée de responsabilité personnelle en vue d’une fin transcendante à l’individu. » (Dictionnaire de la langue philosophique  de Foulquié et Saint Jean).

- Dans le dogme catholique, c’est l’élévation au ciel de la mère de Jésus.]

 

[45] (p 329-330) [Tout au long des manuscrits de la Mer Morte, le terme « désert » désigne la communauté de Qumran... :  Pages 50-51, les Templiers s’appellent aussi « Les Pauvres Soldats du Christ et du Temple de Jérusalem » et s’autoproclament « gardiens des routes du désert de Judée menant à Jérusalem ». Outre le terme « désert », « les pauvres » désignent toujours la communauté de Qumran comme on le voit en page 367. Serait-ce une forme de codage, sachant ce que les templiers doivent à Qumran ? (note du rédacteur)]

 

[46] (p 355-361) [« zélotes » (et sicaires) :

- Zélote vient du grec zêlôtês « passionné, rempli de zèle pour le Seigneur »… juifs partisans intransigeants de la théocratie. Flavius Josèphe y voit parfois le quatrième des « partis » juifs (→ esséniens, pharisiens, sadducéens), en précisant qu’ils n’ont rien de commun avec les autres… la seule chose qui les différencie des pharisiens est leur refus de reconnaître aucun autre seigneur que Dieu. Il en fait des - brigands - fanatiques… le fondateur serait un Judas de Gamala… Certains zélotes sont nommés « sicaires », du latin sica « poignard », qui leur permettait d’assassiner des impies ; ils semblent avoir activement participé à la révolte de 66, instauré un régime de terreur dans Jérusalem assiégée et fait partie des défenseurs de Massada - Le Petit Robert des Noms Propres.

- Zélote ou zélé, en grec zèlotès. Un des douze  apôtres est appelé Simon le Zélote ou le Zélé (Lc 6.15 ; Ac 1.13) ; à cause de son tempérament actif, ou bien en raison d’une association avec le parti des zélotes. Paul se décrit lui-même commes zélé, comme ayant été un partisan farouche de la cause de Dieu (Ac 22.3 ; Ga 1.14)…

Le parti des zélotes, présenté par Flavius Josèphe comme étant la « quatrième philosophie » parmi les juifs..., a été fondé par Judas les Galiléen, qui dirigea une révolte contre Rome en 6 apJC… - Le grand Dictionnaire de la Bible]

 

[47] (p 355-361)  [Parlant de Jésus, « Partout où il allait, il se mit à élever les individus ordinaires qu’il rencontrait au statut d’initié qumranien de premier degré… un coup de génie  » :

Nous avons vu page 307 que « Comme chez les chevaliers templiers, au terme de leur première année, les initiés (de Qumran) devaient remettre toute leur richesse… ». On peut supposer que ceux qui sont initiés par Jésus ont aussi cette obligation… accélérée. (Note du rédacteur)]

 

[48] (p 355-361) [Lazare, de l’hébreu Elâzâr « Dieu a aidé ». Voir aussi Eléazar dont Lazare serait le diminutif - Le Petit Robert des Noms Propres]

 

[49] (p 372-375) [« … textes slavons » :

Le slavon est un dialecte slave archaïque d’où dérive le bulgare moderne - Larousse Universel de 1923]

 

[50] (p 376-378) [« ... le jardin de Gethsémani » : Gethsémani - Etymologie araméenne « le pressoir à huile ». Domaine ou jardin au pied du Mont des Oliviers, à Jérusalem, où selon les Evangiles, Jésus trahi par Judas l’Iscariote, pria parmi ses disciples endormis, avant son arrestation… - Le Petit Robert des Noms Propres]

 

[51] (p 376-378) [« la célébration... du Nouvel An, c. à d. la Pâque  » dont la date était fixée d’après la nouvelle lune suivant l’équinoxe de printemps et qui tombait donc entre la fin mars et début avril]

 

[52] (p 378-379) [… Judas Didyme - qui serait « le frère jumeau de Jésus,... donc appelé Thomas, qui signifie - jumeau - » :

« Judas Didyme » ou « Thomas Didyme » : Didyme est le surnom de Thomas. Thomas de l’araméen t’ômâ « jumeau » et Didyme, du grec didumos « jumeau » - Le Petit Robert des Noms Propres]

 

[53] (p 380-381) [Ponce Pilate :

- En latin Pontius Pilatus, viendrait du grec pontios « marin » et du latin pilatus « armé d’un javelot (pilum) » - le Petit Robert des Noms Propres.

- Ponce Pilate était un romain de l’ordre équestre (classe moyenne supérieure) ; son praenomen (« prénom ») est inconnu, mais son nomen (« nom »), Ponce (Pontius) suggère une origine samnite ; son cognomen (« surnom »), Pilate (Pilatus), pourrait lui avoir été transmis par des ancêtres militaires… - Grand Dictionnaire de la Bible]

 

[54] (p 382-385) [Sanhédrin :

- Mot araméen, du grec synedrion « assemblée, conseil ». Haute cour de justice pour toute la Palestine antique. Institué au IIIème s. avJC, le Sanhédrin comprenait 70 membres et un président (nasi « prince ») choisis parmi les chefs de la noblesse sacerdotale et civile (→ sadducéens) comme parmi les docteurs pharisiens. Sa puissance fut considérable sous les romains face auxquels il représentait les affaires juives ; seule parmi les sentences prononcées par ce tribunal, la peine de mort devait être ratifiée par le procurateur romain… Il siégea dans l’enceinte du Temple, jusqu’à l’incendie de dernier en 70 – Le Petit Robert des Noms Propres.

- Selon le Grand Dictionnaire de la Bible, le mot « sanhédrin » résulte de la transcription dans le Talmud du grec sunedrion… Le mot désignait, avant et pendant l’époque de Jésus, le tribunal suprême des juifs qui se réunissait à Jérusalem…]

 

[55] (p 388-394) [La mitre : Le mot « mitre » lui-même vient de l’égyptien mythra, « bandeau »]

 

[56] (p 397-400) [« la famille hérodienne … » : Une secte hérodienne, recrutée parmi les partisans de la famille de Hérode, est citée dans les Evangiles (notamment Matthieu 22, 16). On les disait juifs de naissance et païens de coeur.]

 

[57] (p 400-404) [Paul… l’homme qui avait prêché contre... la Loi... à Epĥèse  :

- « A cette époque Ephèse (Turquie du Sud actuelle) avait une population cosmopolite incluant l’une des plus grandes communautés juives hors d’Israël.  Comme les juifs d’Alexandrie, beaucoup étaient des thérapeutes, une secte de guérisseurs étroitement liés aux esséniens de Qumran » (Dans les ruines de Ephèse, on a trouvé une grande pierre sur laquelle est gravé le signe des  - Therapeutai - un bâton et un serpent, le caducée devenu le symbole universel de la médecine). Dans l’amphithéâtre, Paul se serait adressé aux foules… mais les juifs d’Ephèse étaient « bien informés » et n’auraient eu « aucun temps à accorder à Paul et à sa stupidité ». Paul « le prêcheur auto-désigné fut incarcéré… ». Chris et Rob se demandent à quel point le monde serait meilleur s’ils avaient gardé l’homme enfermé...(cf. ouvrage p 401)]

 

[58] (p 414-416) [Patrick (ou Patrice) serait arrivé en Irlande en 432 :  Son origine est imprécise...

- Apôtre de l’Irlande. Enlevé par des pirates d’Irlande, il passa là six ans en esclavage, acheva sa formation en Gaule, sans doute à Auxerre auprès de saint Amatre, puis de saint Germain, et repartit évangéliser l’Irlande (en 432) sans qu’on puisse préciser le détail de son action. Patron de l’Irlande, où la saint Patrick (17 mars) est fête nationale.

- Etymologie : Patrice vient du latin Patricius « le patricien, celui qui appartient à la noblesse » (de pater « père ») - Le Petit Robert des Noms propres]

 

[59] (p 419-429) [- Jah-Bul-On - (pages 426-427)  que l'on peut aussi écrire : Jabulon, Jabulum, Zabulon, Zébulon.

>>> Voici l'interprètation de Jah-Bul-On par le rituel du Royal Arch (page 426) <<<  

« … le mot  Jah-Bul-On...

- Jah, … le premier membre est le nom chaldéen (sumérien) de Dieu et représente son essence et sa majesté incompréhensibles. C'est aussi un mot hébreu signifiant - Je suis - et - Je serai - , et exprimant de ce fait l'existence présente, future et éternelle du Très Haut.

- Bul est un mot assyrien signifiant Seigneur ou Puissant ; c'est lui-même un mot composé signifiant dans ou sur ; et Bul incarnant le Ciel en haut, ce mot signifie donc Seigneur dans le Ciel ou en Haut.

- On est un mot égyptien signifiant Père de Tout, et c'est aussi un nom hébreu impliquant force ou pouvoir et exprimant l'omnipotence du Père du Tout.

Toutes les significations de ces mots peuvent donc être ainsi rassemblées :

Je suis et serai, Seigneur dans le Ciel, Père de tout - ».

>>> Chris et Rob révisent cette interprétation (page 427) <<<

-  Jah... « est le mot hébreu pour leur dieu, et il a très probablement une connexion sumérienne. On peut le retrouver sous cette forme dans le nom du prophète Elijah (le prophète Elisée, disciple d'Elie),... en fait Elie-Jah, signifiant - Jahvé est mon Dieu - (El étant l'ancien mot pour dieu) ».

Bul... « est presque phonétiquement [correct], mais ordinairement… s'épellerait plutôt - Baal - , c. à d. le nom du grand dieu cananéen qui signifie en réalité - Seigneur dans le ciel - ».

On : « l'ancien mot égyptien pour - père - était It et pas On, comme on le prétend ici. Mais On était le nom originel d'Héliopolis, la cité du dieu-soleil Rê, là où il naquit du vide avant de créer la terre elle-même ». De ce point de vue, il serait possible d'accepter la définition donnée. Notons « que les grecs identifiaient Baal avec leur dieu-soleil Hélios et sa cité Héliopolis ».

« Jah-Bul-On - … [serait] simplement la suite des noms des trois grands dieux... juifs,... cananéens et... égyptiens ».]

 

[60] (p 438-439) [« … les templiers étaient devenus des maîtres tant en maçonnerie spéculative qu’en maçonnerie opérative » : On se demande comment des chevaliers templiers « totalement illettrés » (cf. paragraphe précédent « Le manuscrit de la Jérusalem céleste ») peuvent devenir  des «  maîtres tant en maçonnerie spéculative qu’en maçonnerie opérative », voire des « maîtres architectes ». L’« Organisation de l’Ordre » décrite en pages 59-60 ne semble pas faire appel à ce type de compétence, sauf peut-être parmi les ecclésiastiques qui sont les seuls érudits (Note du rédacteur).]

 

[61] (p 446-450) [« L’inquisition reçut l’ordre d’extraire toutes les confessions... », ce qui aurait-été le « travail » des dominicains et, dans une moindre mesure, des franciscains (Note du rédacteur).]

[62] (p 471-472) [Comment les USA ont-ils pu « devenir en moins de deux siècles le cœur de la culture mondiale et la nation la plus puissante du monde » ? :

« … en moins de deux siècles... », soit de 1789 à 1989 ?... année de la chute du mur de Berlin (note du rédacteur).]

 

[63] (p 472-474) [sépultures templières ou maçonniques : « … un livre évoque ces tombes écossaises templières et maçonniques et présente un certain nombre de photos de celles-ci : Michael Baigent et Richard Leigh, Des templiers  aux francs-maçons, la transmission du mystère. Ed. Du Rocher, Paris, 1991)]

 

[64](p 471-472) [« un lieu au sud d’Edimbourg appelé aujourd’hui Temple » :

Le lieu - non loin de la chapelle de Rosslyn - s’appelait auparavant Balantrodoch (le « secours des guerriers » en gaélique). Ce fut le quartier général de l’Ordre templier en Ecosse.]

 

[65] (p 474-475) [La Pierre de Scone a été enfin rendue en 1997, à l'occasion du sept centième anniversaire de la bataille de Stirling remportée par William - Braveheart - Wallace et du référendum sur l'autonomie de l'Ecosse qui a vu les partisans de celle-ci l'emporter.]

 

[66] (p 478-480) [sir William St Clair, Grand Maître des templiers, aurait emmené la force templière à la bataille de Bannochburn, … le 24 juin 1314 : Les chroniqueurs rapportent que de « mystérieux chevaliers arborant le baucent (l'étendard de combat des templiers) » auraient assuré la victoire aux écossais.]

 

[67] (p 487-489) [« la tête faisant face au Nord-Est est une représentation de Sekennenrê Taâ, le dernier vrai roi d'Egypte... » comme les deux colonnes reconnues sous les noms de Jakin et Boaz sont issues des colonnes représentant la Haute et la Basse Egypte depuis les origines (Note du rédacteur)]

 

[68] (p 503-506)   [« Sir Walter Scott... L'immortel auteur d'Ivanhoé et de Rob Roy, lui-même maçon écossais qui aurait décliné en 1823 la Grande Maîtrise des Chevaliers Templiers d'Ecosse qui lui avait été proposée… »]

 

[69] (p 503-506) [« un linceul de sable... » : En héraldique, le terme « de sable » signifie - de couleur noire -]

 

[70] (p 507) [« Le protecteur... , Lord Protector, titre que s'attribua Oliver Cromwel, protecteur de l'Angleterre. »]

 

[71] (p 507-509) [« … le symbolisme du degré de Royal Arch ... , la pelle et la pioche… commémorant la fouille pour retrouver les manuscrits. »]

 

[72] (p 507-509) [D'autres commentaires montrent qu'on a toujours su que l'édifice a une valeur dépassant ce que l’œil voit : D'autres commentaires… cf. « Tim Wallace-Murphy, An Illustrated Guide to Rosslyn Chapel, op. cit. »]

 

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31 juillet 2020 5 31 /07 /juillet /2020 18:13

2ème partie

Nous abordons ici la 2ème partie des notes de lectures sur  « La Clé d’Hiram » par C. Knight et R. Lomas – J’AI LU. Nous devons ce travail de synthèse à Tha.°. Coq.°. et Elth.°. Bia.°. « Écossais de l'Hermione » (Mai 2020). Nous conseillons au préalable, la lecture de la première partie des notes parue fin Juin 2020 sur notre blog, mais aussi la lecture en parallèle de l’ouvrage cité plus haut.

 

VI. Au commencement l’homme créa Dieu   131

Le jardin d’Eden - Sumer - ……………………… 131

Les villes de Sumer ………………………………  134

Ur, la cité d’Abraham …………………………     141

Dieu, le roi, le prêtre et les bâtisseurs ………….   144

La figure d’Abraham, le premier juif ………….  148

 

VII. L'héritage des égyptiens ………………… 156

Les débuts de l'Egypte - « Genèse égyptienne » - Osiris - ……...  156

La stabilité des Deux-Pays - Les deux colonnes - Ma'at - ………  161

Le sacre d'un roi - La cérémonie secrète - ………………………  168

Prouver l’improuvable ………………………………………….   176

La preuve silencieuse - Un rituel silencieux…  .…………………  177

L’étoile du matin resplendit de nouveau  - Vénus - .……………  183

 

VIII. Le premier franc-maçon .……………………………..    188

Hiram Abif retrouvé - « Le roi qui fut perdu » - .……………….   189

L’effondrement de l’État égyptien - Nomades sémites et hyksos - 191

Les rois hyksos .…………………………………………………..   194

La perte des secrets originels - Apophis le serpent des ténèbres - ..197

La preuve biblique - Chronologie reconstituée - Joseph contemporain d’Apophis -  203

Le meurtre d’Hiram Abif - La momie de Sekenenrê Taâ II - …..  208

Les assassins d’Hiram Abif et leurs complices - ............………..  213

La preuve physique - Une « momie » hors norme - …………….   221

La preuve maçonnique - L’incantation de Ma’at..., les « observances » ésseniennes - 224

Sekenenrê Taâ le Sans Peur ……………………………………   228

 

IX. La naissance du judaïsme ……………………………….   237

Moïse le législateur ………………………………………………  237

Le dieu de la guerre des montagnes du Sinaï - Moïse rencontre le dieu des madiânites - 245

Et les murs tombèrent - La « Terre Promise » - ………………… 249

La datation de l'Exode.…………………………………………..  251

David et Salomon - Josué, Gédéon, Samuel et les autres…  ……   252

 

2ème partie (notes de lectures)

 

VI. Au commencement l’homme créa Dieu

 

Le jardin d’Eden - Sumer -

 

(p 131-132) Les philologues (qui étudient l’évolution des langues) ont trouvé des points communs à des centaines de  langues. Ils ont établi l’existence d’une source ancienne commune au sous-continent indien, à l’Asie occidentale, à l’Europe et à certaines parties de l’Afrique du Nord. Quand les peuples s’étendent ou se déplacent, ils emportent leur langue, leurs légendes et leurs dieux. Pour Chris et Rob, ce qui s’applique au langage serait valable pour des « connexions entre religions apparemment différentes ».

Presque toutes les langues de l’histoire de l’Ancien Monde (Cf. liste des langues p 132) proviennent du « proto-indo-européen », mais à quelle époque était-il une langue vivante ? La connaissance détaillée du passé repose sur le stade d’évolution ultérieur : l’écrit. Le livre de la Genèse aurait été « transcrit la 1ère fois il y a environ 2700 ans, bien avant l’époque du roi Salomon »[ ?… le roi Salomon serait décédé en  931 avJC (Note du rédacteur)].

Nous savons que l’écriture est née au moins 2 fois plus tôt dans le pays baptisé du nom de Sumer, lieu de naissance « officiel » de la civilisation.

 

(p 132-134) Toutes les cultures moyen-orientales et européennes seraient issues de la civilisation sumérienne dont l’origine est incertaine. Les sumériens pensent venir de Dilmun, aujourd’hui Bahreïn (côte ouest du Golfe Persique). 4000 ans avant notre ère, Sumer a une existence florissante entre le Tigre et l’Euphrate (Irak du Sud), regorge de ressources agricoles et industrielles, et bénéficie d’une structure sociale sophistiquée. Les sumériens inventent de nouvelles matières comme le verre et sont d’admirables artisans qui travaillent l’or, l’argent, le cuivre et le bronze. « Ce peuple fantastiquement doué » aurait inventé la roue. Les bâtiments sont en briques de boue séchée et tombent en ruine en quelques générations. Dans leurs nombreuses innovations, on trouve la colonne inspirée du tronc du dattier, le seul bois qui pousse localement (trop flexible).

Les merveilleux produits de la civilisation avancée de Sumer permettent des échanges avec « tous les coins du monde connu ». La plus grande partie des matières premières arrive par voie fluviale sur des bateaux qu’on démantèle « pour récupérer leur bois précieux ». Hors des voies fluviales, les ânes assurent les transports (le cheval est inconnu). Pour les constructions en pierre, en l’absence de carrières, les blocs taillés arrivent aussi par voie fluviale et par un système élaboré de canaux jusqu’au site requis.

 

Les villes de Sumer

 

(p 134-135) Les principales villes de Sumer sont Ur, Kish, Eridou, Lagash et Nippour (sans oublier Larsa, Haram,...). Chacune a son roi et son clergé. Au centre de la ville se trouve le temple ou maison de Dieu. Le roi est un dieu inférieur responsable de la prospérité de la communauté. Les prêtres contrôlent tous les aspects de la communauté : administration, justice, enseignements scientifiques et théologiques, rituel religieux. Les écoles (« edduba ») dispensent un enseignement général et professionnel ; elles forment des « chefs cultivés ».

 

(p 135-136) La langue sumérienne(et quelques langues)est totalement indépendante du proto-indo-européen ; quelques éléments du sumérien sont toujours en usage aujourd’hui. On est tenté de rechercher aussi des éléments de théologie qui pourraient être la source de croyances religieuses, tout en gardant un noyau identifiable.

Des ruines de Nippour, on exhume des milliers de tablettes d’argile qui racontent l’histoire de ce peuple. Les premiers écrits dateraient de 3500 avJC et utilisent des pictogrammes représentant des objets, des figures … ; l’écriture devient peu à peu alphabétique. Notre alphabet doit beaucoup à Sumer, par exemple le « A » tourné à 180° représente une tête de taureau en triangle avec des cornes ; cette figure transitera par les phéniciens et les grecs. « Aujourd’hui notre langue contient encore quelques mots de sumérien quasi purs, comme alcool, canne (la plante), gypse, myrrhe et safran. »

 

(p 136-138) Les sumériens nous auraient transmis la roue, le verre, notre alphabet, les divisions temporelles du jour, les mathématiques, l’architecture,… Ils nous auraient donné aussi… Dieu. « Les étymologistes ont démontré que l’histoire du Jardin d’Eden dans le livre de la Genèse est celle de Sumer ». Les villes de Ur, Larsa  et Haram sont mentionnées dans la Genèse qui nous livre l’histoire de la création. Un extrait est donné p 137.

Chris et Rob donnent en comparaison un récit babylonien de la Création ou « Enuma », écrit en babylonien et en sumérien, environ 1000 ans avant la Genèse. Ce récit a été trouvé presque intégralement sur 7 tablettes cunéiformes.  « cette épopée mésopotamienne de la Création est sans aucun doute la source de la légende de la Création de la Genèse ». Les références aux édifices... construits pas Dieu (en fait par les sumériens) ne passent pas chez les juifs qui sont des nomades.

(p 138-139) « Yahvé… Dieu de la Genèse », n’apparaîtra que « plusieurs centaines d’années après la rédaction de ces tablettes cunéiformes » et, « d’après de nombreux spécialistes, les dieux des civilisations ultérieures sont des développements des dieux sumériens de la fertilité et de la tempête ». « Le responsable du Grand Déluge » à l’origine de la « légende de Noé » serait un dieu de la tempête qui a un pouvoir sur les eaux. L’intérêt est maçonnique « dès lors que l’Art Royal consacre tout un grade – le degré de Noachite (Ark Mariners)  - avec un rituel complet et détaillé,  à la préservation de l’histoire du capitaine Noé et de la légende du déluge ». « Il est impossible de savoir si un constructeur de bateaux appelé Noé a ou non réellement existé, mais nous pouvons être certains que le grand Déluge eut bel et bien lieu » , vraisemblablement dû à une crue « particulièrement cataclysmique » du Tigre et de l’Euphrate. Cette crue serait entrée « pour toujours dans le folklore ».

 

(p 139-140) Des analyses de la Genèse (en particulier la généalogie  de Seth et de Caïn) feraient remonter le récit de la Création à Sumer. Selon des listes trouvées à Larsa, 10 rois auraient régné  à Sumer, chacun sur une durée de 10.000 à 60.000 ans... ; la liste s’achève par ces mots : « Après le Déluge, la royauté vint des cieux ». Est-ce un nouveau début pour les rois de la 2nde liste dont le dernier est Ziusundra ou Utanapishtim, héros de l’histoire babylonienne du Déluge(Cf. 11ème tablette de l’épopée de Gilgamesh). Enoch, 7ème roi de la liste sumérienne, posséderait une sagesse spéciale ; « les Écritures disent qu’il marchait avec Dieu » et, selon la tradition ultérieure juive, il serait « monté au ciel sans mourir »… Chris et Rob n’ont plus le moindre doute que la Genèse « utilise » l’histoire sumérienne … passée dans la tradition juive primitive.

 

On peut se demander aussi pourquoi les descendants antédiluviens de Seth ont de telles longévités ? Etait-ce pour signifier « le changement de conditions de vie avant et après le jugement divin du Déluge » ? Il a été suggéré que « les nombres astronomiques des listes royales sumériennes » viendraient de « spéculations astrologiques » sur des règnes mythiques. Les auteurs juifs auraient revu les nombres de la liste pour les adapter à la chronologie entre la Création et la construction du Temple de Salomon ; cette période est divisée en époques dont la première, de la Création au Déluge, dure 1656 années (Peake’s Commentary on the Bible).

 

Ur, la cité d’Abraham

 

(p 141-142) Au IIIème millénaire avJC, Ur est une des grandes cités-états du monde. Elle atteint « son zénith sous Ur-Namma » vers 2100 avJC où une grande partie de la ville est reconstruite et développée (au moins 50.000 habitants). La grande ziggourat est agrandie ; au sommet de la tour, se trouve le temple de la divinité de la ville, Nanna, dieu de la lune.

En 2.000 avJC, Ur et 16 autres cités sumériennes sont mises à sac par les élamites. Cette défaite est imputée à la divinité qui abandonne son peuple, car celui-ci la négligerait. Ur survit, mais a perdu sa gloire. Au XVIIIème s. avJC, Ur n’est plus qu’une ville relativement mineure.

Le concept de « dieux personnels », reliés à chaque individu, prend de l’importance. Ce sont des dieux que nous pourrions appeler des « anges gardiens »… Le dieu personnel accompagne chaque individu, veille sur lui et le défend, même contre les dieux supérieurs ; le dieu personnel est aussi la conscience de chacun.

 

(p 142-143) Dans la période de déclin entre 2.000 et 1.800 avJC, un certain Abram décide de quitter Ur, à l’opposé de la direction de Dilmun, terre sacrée de ses ancêtres. Abram se dirige vers le Nord ; il devient Abraham, le père du peuple juif. Il devrait apporter les concepts les plus importants dans ce que Chris et Rob ont besoin d’apprendre… En vérité, il a fallu attendre les découvertes majeures en Mésopotamie de l’archéologue français  Paul Emile Botta,  car jusqu’au milieu du XIXème s., on savait peu de choses de Sumer.

 

(p 143) La culture sumérienne commence à se diffuser il y a plus de 5.000 ans. Les Celtes sont un des exemples les mieux connus de développement culturel à partir d’un foyer nord-africain/sud-ouest asiatique. Le déplacement se fait à travers toute l’Europe centrale, et l’installation, dans les zones côtières de l’Espagne occidentale, du pays de Galles, de l’Irlande et de l’Écosse. Aujourd’hui, l’analyse de l’ADN de communautés celtiques isolées montre qu’il  y a équivalence avec l’ADN de groupes ethniques d’Afrique du Nord.

Personne ne peut dire avec certitude  combien a duré Sumer, mais tout ce qu’on sait serait postérieur au Déluge.

Dieu, le roi, le prêtre et les bâtisseurs

 

(p 144) D’autres mythes diluviens que celui de Noé existent. Le roi mésopotamien Utanapishtim sauve des graines et des animaux  du déluge envoyé par Enlil pour terroriser d’autres dieux. Dans la mythologie grecque, Deucalion et sa femme Pyrrha construisent une arche pour échapper à la colère dévastatrice de Zeus.

La preuve d’une inondation gigantesque, vieille de 6.000 ans a été trouvée : une couche de sédiment de 2,50m occupe la largeur de la vallée entre le Tigre et l’Euphrate, du Nord de la Bagdad moderne au Golfe Persique.

 

(p 145) Les traces de la période la plus ancienne et la plus longue de l’histoire de Sumer auraient disparu dans le cataclysme [15] , ce qui expliquerait l’« apparition » (« en termes archéologiques ») des sumériens 4000 ans avJC.]

- Pour les sumériens, le besoin soudain et urgent de reconstruire, « recréer », « le monde entier » aurait engendré « une nouvelle conception basée sur la construction de fondations à l’équerre, nivelées et droites d’un nouvel ordre », ce qui aurait donné naissance à « une connexion entre la science de la maçonnerie et le concept de  résurrection : le monde lui-même avait fait l’expérience d’une - mort – et il ressuscitait des eaux de la Création ».

- Après ce cataclysme, beaucoup de sumériens auraient quitté leur pays, en quête d’un nouveau havre. Ils auraient  emmené avec eux leur langage (aussi sophistiqué que bien des langues actuelles), leurs connaissances avancées, leurs dieux et leurs mythes… Pour des peuples moins évolués d’Europe et d’Asie, ils ont pu apparaître comme des dieux.

 

(p 146-147) Chris et Rob cherchent des éléments prouvant l’influence de Sumer sur d’autres cultures, et ils en trouvent de plus en plus. On peut se reporter aux pages 146-147 et voir à quel point le rôle de cette culture est extraordinaire ; parmi les exemples, est citée la construction d’une ziggourat à Babylone,... la tour de Babel. Les histoires du Déluge et de la tour de Babel sont introduites dans la Genèse en combinant diverses légendes et en donnant une « conception du monde »

(p 148) Comme les Écritures le racontent, « le monde était une immensité désertique avant que Dieu ne décide de le repeupler grâce à la lignée de Noé. De ce fait, il pouvait parfaitement promettre le pays de Canaan aux fils de Sem sans avoir une pensée pour les peuples qui se trouvaient là avant eux ».

« Depuis ses débuts à Sumer, - Dieu - a emprunté différentes voies pour atteindre les vallées du Nil, de l’Indus et peut-être même du Fleuve Jaune, en donnant naissance aux grandes religions du monde. Cette évolution intervint il y a très longtemps et l’une des toutes dernières variantes de la théologie sumérienne fut le dieu des juifs ».

 

La figure d’Abraham [16] , le premier juif

 

(p 148-150) Abraham aurait quitté Ur en raison des nomades « impies » qui venaient du Nord et envahissaient la vie quotidienne. « La Bible dit qu’Abraham s’éloigna de l’ordre créé par l’homme alors que la loi de Dieu avait été rejetée. C’est une allusion au renversement des représentants de Dieu sur Terre : le roi d’Ur et ses prêtres ».

Il est vraisemblable qu’Abraham voyage vers le pays de Canaan en se faisant passer pour un nomade, ce qui a un sens pour les 1ers rédacteurs de la Bible qui sont aussi nomades.

- Chris et Rob découvrent que, le terme « hébreu » dérive du terme « habiru » (ou Apiru) apparemment péjoratif,  utilisé par les Égyptiens pour décrire les tribus sémitiques qui errent comme les Bédouins. Les juifs descendraient de Sem, fils de Noé, personnage de légende sumérienne et plus tard d’Abraham qui quitte Sumer pour trouver la « Terre Promise »… bien d’autres sumériens doivent également faire la route vers le Nord et l’Ouest (vers l’Égypte). Ils seraient devenus une partie des peuples errants qui forment la nation juive.

« Tout prouve que les juifs ne forment pas une nation historique comme ils en sont venus à le croire. Ils sont un amalgame de groupes sémites qui, apatrides, finirent par former et adopter une histoire théologique fondée sur un sous-groupe sumérien ».

 

(p 151) On pourrait penser que le pays de Canaan est « un juste don de Dieu à Son peuple élu ». Mais l’ « acquisition... de cette Terre promise » serait une spoliation, car les Hébreux se seraient emparés du pays des Cananéens. Ce peuple, selon de récentes études archéologiques, était une civilisation avancée avec des villes fortifiées, d’innombrables bourgades et villages, des systèmes sophistiqués de production alimentaire, de manufacture et de commerce international. Le dieu hébreu est alors synonyme de dévastation.

 

(p 152) On admet généralement que les voyages d'Abraham ne sont pas antérieurs à 1900 avJC ni postérieurs à 1600 avJC. Dans l'hypothèse tardive de ce laps de temps, il aurait vécu au milieu de l'occupation de l'Égypte par les « hyksos » [17]ou « rois pasteurs » qui envahissent et oppriment les égyptiens de 1786 à 1567 avJC environ. Il y a peut-être une « connexion » entre Abraham et les Sémites qui viennent de la région de Jérusalem et envahissent l'Égypte.

 

(p 153-154) Mille trois cents à mille ans s'écoulent avant que l'histoire d'Abraham ne soit écrite. Durant cette période, ce récit n'est qu'une légende tribale. Quand elle est transcrite, les rédacteurs trouvent naturel que le dieu d'Abraham soit Yahvé, en dépit du fait que celui-ci n'apparaît pas avant l'époque de Moïse. Quand Moïse « guide les israélites hors d'Égypte, il leur dit que son message vient du - dieu de leurs pères - ... une manière strictement sumérienne de faire référence à un dieu personnel qui appartient à la descendance d'Abraham »(John Sassoon, From Sumer to Jérusalem). A cette époque, une infime partie de ces asiatiques déplacés (proto-juifs) descendaient d'Abraham ; devant ces esclaves en Égypte, il n'était pas possible d'évoquer Yahvé ou un quelconque dieu qui supplante toutes les autres divinités, mais tous acceptent le « message dû - dieu de leurs pères - ». Abraham n'est pas à l'origine d'une tribu qui prend son nom, mais son dieu personnel, le « dieu d'Abraham », devient la caractéristique de son futur peuple.« L'âme d'un sumérien [aurait donné] la base des trois religions monothéistes du monde ».

 

(p 154-155) Pendant la période de formation de la nation juive, Abraham passe quelque temps en Égypte. A-t-il des connexions directes ou indirectes avec les rois hyksos d'Égypte qui règnent de 1786 à 1567 avJC ? Ultérieurement des juifs occuperont des situations relativement prééminentes dans ce pays. Chris et Rob auraient toutes les raisons de s’orienter vers un héritage égyptien.

VII. L'héritage des Égyptiens

 

Les débuts de l'Égypte - « Genèse égyptienne » - Osiris -

 

(p 156-158) Les premiers Égyptiens seraient influencés ou même guidés par les bâtisseurs de villes sumériens qui ont quitté leur pays suite au Grand Déluge, amenant les secrets et mystères de l'architecture. Ces « migrants » trouvent une vie réglée par le fleuve Nil dont la crue de fin août à septembre se répand depuis le Sud jusqu'à la Méditerranée et assure la vie de la nation égyptienne.

Le Nil subvient aux besoins de petits groupes de chasseurs nomades pendant des dizaines de milliers d'années. Au cours du 4ème millénaire, des « centres agricoles » apparaissent et se développent en « proto-royaumes avec des frontières territoriales ... ». Après une période d'affrontements vient le moment de la coopération, plus efficace que l'agression. Des communautés harmonieuses émergent et, en 3.100 avJC, un royaume unique est établi par l'unification des pays de la Haute et de la Basse-Égypte.

 

(p 158) Dans les premiers temps du royaume unifié, chaque cité conserve ses dieux originels issus d'« une époque antérieure à la mémoire » où ils avaient vécu de la même manière que les hommes, .... « Les dieux n'étaient ni immortels ni omnipotents », ce qui ne correspond pas aux « définitions classiques d'un dieu ». Alors « pourquoi ces habitants primitifs étaient-ils décrits comme des dieux ? …  une seule hypothèse : les hommes qui contrôlaient la région du Nil, il y a plus de cinq millénaires et demi, étaient des étrangers possédant une connaissance ou une technologie si avancées en comparaison de celles de la population indigène qu'ils semblaient capables de magie. « … magie et religion étaient inséparables et toute personne puissante pouvait être prise aisément pour un dieu ». Ces « dieux vivants » auraient-ils transmis les secrets de l'architecture aux bâtisseurs de pyramides ?

 

(p 158-159) Voici maintenant la représentation égyptienne de la Création :

- « Les Égyptiens croyaient que la matière avait toujours existé… il était illogique d'imaginer un dieu créant quoi que ce soit à partir de rien,… ex nihilo. … le monde avait commencé quand l'ordre avait surgi du chaos. Et depuis, il y avait toujours eu un affrontement entre les forces d'ordre et les forces de désordre. Cet ordre originel  fut amené par  un dieu qui avait toujours été : il n'était pas seulement là avant les hommes, le ciel et la terre, il existait avant le temps des dieux ».

- L'état chaotique primordial était appelé Nun. Alors – comme dans les descriptions sumériennes et bibliques de la pré-création - , tout était ténèbres, abîme aquatique sans soleil avec une puissance, une force créatrice en son sein, qui commanda à l'ordre de se manifester. Ce pouvoir latent qui se trouvait dans la substance du chaos ignorait qu'il existait ; c'était une probabilité, un potentiel qui était emmêlé dans ce chaos de désordre ».Cette représentation de la Création est proche de la science moderne et de la théorie du chaos.

 

(p 159-160) D'une cité à l'autre, les croyances relatives à ce temps primordial varient un peu. Les cités les plus influentes sont (noms grecs ultérieurs), Menphis, Hermopolis, Crocodilopolis, Dendérah, Esna, Edfou et Héliopolis(ou la cité du soleil qui s'appelait avant « On ») ; au centre de leur théologie, on trouve un « premier moment » dans l'Histoire : « à cet instant, une petite île ou une colline avait surgi du chaos aquatique, une terre fertile prête à servir aux besoins de la vie ». Dans Héliopolis et Hermopolis, l'esprit qui a donné l'étincelle de vie apportant l'ordre est le dieu-soleil Rê (ou Râ) ; à Menphis il est identifié comme le dieu de la terre Ptah. Rê/Ptah devient la source des bienfaits matériels, l'inspirateur de tous les arts, la source de tous les talents essentiels… et de l'architecture.

 

(p 160-161) Les souverains de l'Égypte - d'abord les rois et plus tard les pharaons - sont à la fois des dieux et des hommes. Chaque roi est le « fils de Dieu », et au moment de sa mort, il est réuni à son père pour ne faire plus qu'un dans le (ciel) cosmique. L'histoire du dieu Osiris raconte comment ce cycle des dieux et de leurs fils commence.

- La déesse du ciel, Nut, avait cinq enfants. L'aîné, Osiris [18] , homme et dieu, épouse sa sœur, Isis [19]. Aidé par le dieu Thot, son bras droit, Osiris gouverne sagement l'Égypte. Son frère Seth, jaloux du succès d'Osiris, l'assassine et met son corps en pièces qu'il jette en différents endroits du Nil. En l'absence d'héritier, Seth va pouvoir régner… Mais Isis, pleine de ressources, rassemble les morceaux du corps d'Osiris, lui insuffle un ultime instant de vie et engendre un enfant qu'elle porte… Osiris peut rejoindre les étoiles où il gouverne le royaume des morts. Son fils Horus** [ (**) page suivante) devient prince d'Égypte ; il combat Seth auquel il coupe les testicules, mais il perd un œil. Horus est déclaré vainqueur et devient le premier roi. À partir de ce moment, le roi est considéré comme le dieu Horus lui-même. Au moment de sa mort il devient Osiris et son fils le nouvel Horus.

 

La stabilité des Deux-Pays - Les deux colonnes - Ma'at -

 

(p 161-162) Les pyramides sont probablement inspirées des ziggourats à étages de Sumer. Avant l'apparition des pyramides, la colonne remplit la même fonction de relation entre le monde des hommes et celui des dieux. La Basse et la Haute-Égypte avaient chacune leur colonne principale pour relier le roi et ses prêtres aux dieux ; l'une serait dans l'ancienne cité d'Annu (appelée plus tard On dans la Bible, puis Heliopolis par les Grecs) et l'autre dans la cité de Nekheb (aujourd'hui El-Kab - Haute-Égypte) au moment de l'unification ; plus tard Waset qui devient Thèbes portera le titre de « Iwnu Shema » - colonne du sud - On considère que ces deux colonnes sont réunies par le linteau céleste incarné par Nut, déesse du ciel ; elles seraient la manifestation de l'union des deux pays et témoigneraient de la stabilité comme de la prospérité du « royaume des Deux-Pays ».

 

(p 162-163) Les deux colonnes se trouvant sur un axe nord-sud, l'ouverture se fait « naturellement face à l'Est, pour saluer le soleil levant »… comme une porte spirituelle qui, vue d'orient situe la colonne de droite en Basse Egypte ; elle correspondrait à Jakin(dans un temple maçonnique), et signifie l'« établissement »… Selon le mythe égyptien, ce serait en Basse-Égypte que le monde aurait surgi du chaos primordial ; Jakin représenterait l'« établissement du monde ». La colonne de gauche marquerait le lien de la Haute-Égypte avec le ciel ; elle est identifiée à Boaz(dans un temple maçonnique), et signifie la « force » ou « en lui est la force », ce dont la Haute-Égypte fait preuve alors que la Basse-Égypte était occupée par un ennemi puissant.

Le thème de la force naissant de l'unité de deux colonnes serait l'origine d'un concept adopté ultérieurement par les juifs et les f.m..

 

(p 163-165) Chris et Rob découvrent l'idéal de la civilisation égyptienne, le concept de Ma'at :

- « L'Égypte se caractérise par le besoin d'ordre. Les croyances religieuses égyptiennes n'avaient pas de grand contenu éthique. Mais en pratique, on considérait que la justice était un bien si fondamental qu'elle était une partie de l'ordre naturel des choses. L'adjuration du pharaon au vizir lors de sa désignation rendait cela très clair. Le mot utilisé, Ma'at, désignait un concept plus vaste que la justice. Originellement le mot était un terme physique ; il signifiait nivelé, ordonné, et symétrique comme le plan de fondation d'un temple. Plus tard, il en vint à signifier rectitude, vérité et justice »(P.H. Newby, Warrior Pharaohs).

- N'est-ce pas une définition succincte, mais très claire de la F.M. ? La F.M. n'est pas une religion ; de même le concept de Ma'at ne fait « pas partie d'une... structure théologique ou légende » ; ce sont « des prises de conscience pragmatiques sur la pérennité de la civilisation et du progrès social… ».« Les deux utilisent le motif et l'érection d'un temple comme modèle et considèrent que le comportement humain doit être égal et droit... » ; « il est rare de trouver un code moral hors d'un système religieux » ... « … le Ma'at et la maçonnerie, pierre par pierre, niveau par niveau, pourraient enseigner beaucoup au monde moderne. ». « Si les ingénieurs modernes s'émerveillent du talent difficilement égalable des constructeurs de pyramides, que peuvent penser nos spécialistes en sciences sociales de concepts comme celui-ci ? »

 

(p 165-166) La F.M. se serait-elle inspirée du concept de Ma'at ? C'est apparemment impossible en raison du décryptage  des hiéroglyphes égyptiens (pierre de Rosette) un siècle après la fondation de la Grande Loge d'Angleterre.

 

(p 166-168) Évolution du concept de Ma'at

- Ma'at devient « la base du système légal » et incarne « toute - rectitude - toute voie - droite - , de l'équilibre de l'univers et de tous les corps célestes jusqu'à l'attitude juste dans la vie quotidienne ». Tout ce qui est régulier ou harmonieux dans la pensée et la nature est « considéré comme une manifestation de Ma'at… l'appréciation de tout ce qui est - régulier - et - harmonieux - est central dans toute la F.M. ».

- Par l'histoire de Seth et d'Osiris, le peuple égyptien sait que le règne divin des rois légitimes ne peut être interrompu. Les textes anciens décrivent le roi ou pharaon comme « celui qui fait Ma'at »,... gage d'équilibre politique et social… et de maintien de la monarchie. Si le peuple vit en accord avec Ma'at, sa prospérité est assurée, avec la juste crue du Nil.

Vivre par Ma'at, c'est affronter les forces du chaos et vaincre ses ennemis avec l'aide des dieux.

- Ma'at devient une déesse, fille du dieu soleil Ré et vogue avec lui dans le ciel. Elle est à la proue du bateau auquel elle assure une course parfaite ; elle porte une plume d'autruche et un « ankh » (ou croix ansée, symbole de vie) pendant à chaque bras. Le frère de Ma'at, est le dieu-lune Thot… figure de légende importante dans la maçonnerie primitive. Thot enseigne aux Égyptiens l'architecture et la religion ; il « aurait établi ce qui est vrai ». Le roi qui combat le mal est un « Bon Dieu - un héritier de Thot ».

 

 

Le sacre d'un roi - La cérémonie secrète -

 

- (p 168) Les deux colonnes, la pyramide, l’œil d’Amon-Rê, le concept de Ma’at … « les traditions orales de la F.M. datent de 4.000 ans la fondation du rituel ». Est-ce surprenant ? Pour Chris et Rob « la certitude d’une relation » commence à s’imposer. Pour trouver plus de « preuves de ressemblances » ils considèrent les actions du roi et de sa cour. Ils étudient la cérémonie de sacre, … dont la liturgie n’a pas été conservée. Néanmoins cette cérémonie implique un rituel de résurrection qui identifie le roi défunt à Osiris.

- (p 169) au cours de la cérémonie, le dieu Amon est transporté dans une châsse en forme de bateau, porté à hauteur d’épaules… comme le sera Yahvé, transporté dans l’Arche, sa châsse également en forme de bateau. L’Exode, l’histoire de Moïse et des Hébreux seraient-ils d’abord égyptiens ?

- (p 170) « On sait que le rituel de sacre était  exécuté dans la pyramide d’Ounas. Comme dans le temple maçonnique, le plafond de la chambre principale représente le ciel étoilé »...

- (p 169-170) La cérémonie de résurrection ne se limiterait pas au sacre  du roi ; elle impliquerait une société secrète dont la preuve est apportée par  des inscriptions qui figurent sur  des objets du musée du Caire.

- (p 172-173) Les égyptologues n’auraient pas trouvé la signification de « - j’ai trouvé ma voie - en référence aux matières secrètes ». Une interprétation serait « le fait d’accéder à une connaissance secrète devant devenir ensuite un mode de vie…. les esséniens et l’Église de Jérusalem utilisaient le même terme pour l’observance de leur Loi. »

- (p 173) La « société secrète » évoquée serait « le cercle intérieur du roi » (p 172), groupe  détenteur de secrets du roi… Cette élite bénéficierait d’« une instruction à des pratiques secrètes » conférées au cours d’une cérémonie. Cependant, pour un homme qui est aussi un dieu, l’Horus, le processus de sacre est une cérémonie d’une importance capitale pour la pérennité et la prospérité de l’union des Deux Pays.

- (p 174-175) Le couronnement se ferait au cours d’une 1ère cérémonie « ouverte », suivie d’une 2nde étape (secrète) où le roi devient  dieu… Selon Chris et Rob, « le cercle intérieur de détenteurs de secrets royaux se serait réuni » …  Après avoir absorbé une « potion » administrée par les prêtres, le nouveau roi « aurait fait l’expérience d’une - mort - … les effets de la potion se seraient dissipés » au cours de la nuit et, « le tout nouvel Horus serait revenu de son séjour  parmi les dieux et les rois passés d’Égypte »… retour calculé « pour que le réveil du nouveau roi coïncide avec le lever de l’étoile du matin (Vénus). À partir de cet instant, plus aucun mortel n’aurait envisagé d’usurper son pouvoir, délivré par les dieux au sein de leur conseil dans les cieux ».

 

Prouver l’improuvable

 

(p 176) « Aucun témoignage hiéroglyphique » ne peut attester que le candidat à la royauté subissait « une mort temporaire » pour voyager vers les étoiles… mais le principal évènement ne peut être que la création de l’Osiris et celle implicite de l’Horus lors de cet évènement. Ce dernier point est conforté par « un certain nombre de preuves circonstancielles ».

Chris  et Rob rappellent qu’ils n’ignorent « jamais le moindre fait attesté » et signalent clairement les moments de spéculation. Mais, si aucune preuve ne confirme le processus de sacre, l’hypothèse émise précédemment vient combler un vide sur la connaissance des procédures de sacre égyptien.

 

La preuve silencieuse - Un rituel silencieux...

 

(p 177) L’époque de la construction des pyramides est très courte. Le véritable objet des pyramides serait toujours débattu ; il est peu certain qu’elles aient été seulement un lieu funéraire pour les rois défunts.

La principale source d’informations sur le rituel d’Osiris/Horus viendrait des « Textes des pyramides », inscrits à l’intérieur des 5 pyramides de Saqqarah près du Caire ; la plus importante est celle du roi Ounas, de la fin de la Vème dynastie, il y a 4.300 ans ; c’est « une pyramide très tardive ».

 

(p 177-178) Ces textes permettent la reconstitution  de certains éléments du rituel, « mais c’est ce qui manque qui est le plus instructif » (J. Spiegel, Das Aufstehungsritual Unaspyramide, op. cit.). L’interprétation du Texte de la pyramide d’Ounas ferait apparaître un autre rituel, silencieux, exécuté conjointement au rituel principal, et mettant en scène une sorte de résurrection ; ce rituel serait antérieur à la plus ancienne période de l’Histoire égyptienne qui daterait de 3.200 avJC.

 

(p 180-181) Concernant l’hypothétique prise d’une drogue narcotique par le candidat pour son voyage vers les étoiles, puis son retour, Chris et Rob font remarquer que « les drogues narcotiques ont été utilisées pour les cérémonies religieuses de presque toutes les anciennes cultures humaines ». Il serait surprenant que les Égyptiens dont la civilisation est avancée ignorent l’usage de telles drogues. Il est fait aussi allusion à des « principes relatifs au chamanisme » qui « s’accordent en tout point avec ce que nous savons des croyances égyptiennes »… en particulier « le pont funéraire, un lien entre la Terre et le Ciel que les être humains utilisent pour communiquer avec les dieux, est un symbole des anciennes pratiques religieuses…. »(Micea Eliade, Le Chamanisme : techniques archaïques de l’extase, op. cit.). La traversée du pont se fait généralement … à l’aide de drogues.

 

(p 182) Chris et Rob découvrent que l’égyptologue Henri Frankfort (1897-1954)« avait repéré que les rituels de renaissance pour le roi mort étaient exécutés parallèlement aux rituels de couronnement de son héritier».

Enfin, Chris et Rob pensent que les Égyptiens auraient également emprunté une bonne partie de leur théologie aux bâtisseurs de cités sumériens.

 

Etoile du matin tiré de l'ouvrage « La Clé d’Hiram » par C. Knight et R. Lomas – J’AI LU.

Etoile du matin tiré de l'ouvrage « La Clé d’Hiram » par C. Knight et R. Lomas – J’AI LU.

L’étoile du matin - Vénus -

(p 183) Nous avons vu que la communauté  essénienne/Église de Jérusalem

comme la F.M. « utilisaient l’étoile du matin comme symbole de renaissance ».

Les Textes des Pyramides 357, 929, 935 et 1707 font référence à Horus, fils du

roi défunt, comme étant l’étoile du matin. Le sens littéral de l’hiéroglyphe

égyptien qui désigne l’étoile du matin [20] est la « connaissance divine » ;

c’est cette connaissance des « grands mystères » que le nouveau roi

partageait avec les dieux dans le pays des morts, « avant de revenir

en dieu/roi Horus sur terre sous la forme de l’étoile du matin qui surgit de l’horizon, juste avant l’aube ».

 

(p 184) Au cours des recherches de Chris et Rob, « The Orion Mystery » (livre écrit par Robert BAUVAL et Adrian GILBERT) est publié, décrivant la fonction des pyramides, leurs plans et ordonnancements « astrologiquement inspirés » ; les auteurs montrent comment les pyramides de Gizeh imiteraient dans leur disposition les étoiles de la ceinture d’Orion ; ils feraient aussi référence aux rituels exécutés dans les grandes ziggourats à étages de l’ancienne Mésopotamie intégrant « l’étoile du matin, vue comme la grande déesse cosmique Ishtar »… ce que Robert et Chris auraient trouvé par un chemin très différent (en remontant le cours du temps à partir des rituels de la F.M.)… ainsi l’étoile du matin, « Vénus » [21] se révèle comme un lien très important dans la chaîne de cette recherche.

Reste à savoir s’il existe une voie faisant passer les idéaux de Ma’at, les secrets des rois égyptiens et un rituel de résurrection détaillé, de l’Égypte à la F.M. via les esséniens.

 

(p 184-185) « Le destin... d’Osiris, son meurtre… suivi de sa résurrection et de son élévation vers les étoiles, .. fut l’un des exemples les plus anciens de justification et de récompense pour une souffrance innocente… il donnait un sens et un but à la souffrance » ; « il rendait espoir aux classes inférieures de la société. Quand d’autres dieux demeuraient distants dans leurs temples, Osiris pouvait être vénéré n’importe où et par n’importe qui à côté du dieu local »(N. COHEN, Cosmos, Chaos, and the Xorld to Come, op. cit.).

« Changez le mot - destin - par - crucifixion - et cette description pourrait bien correspondre au Christ Jésus. »

 

(p 185) Chris et Rob sont maintenant persuadés d’être sur une bonne voie dans leurs recherches.

 

 

VIII. Le  premier franc-maçon

 

(p 188-189) Chris et Rob examinent la 2ème période intermédiaire de 1782 à 1570 avJC, soit « six générations » entre le Moyen et le Nouvel Empire, époque de la domination des « rois pasteurs » ou hyksos…[(cf. p 192) et notes complémentaires en dernières pages - « hyksos » ne signifie par « roi pasteur », mais « princes du désert » (hikau-khoswet en égyptien)]. L’Égypte se remettra de cette domination, atteignant même « de nouveaux sommets d’accomplissement... ». « Cette ère de changements - des rois égyptiens  aux gouvernants hyksos, avant le retour à la monarchie thébaine »  pourrait fournir des indices...

 

Hiram Abif retrouvé - « Le roi qui fut perdu » -

 

(p 189-190) Passé le grade de Maître maçon, Chris et Rob sont déconcertés par les références à Hiram Abif et à l’A.T., car aucune des versions de la Bible ne mentionnerait un architecte du Temple de Salomon. Le seul lien entre Hiram roi de Tyr et Hiram Abif serait une homonymie. Il se pourrait que Hiram Abif représente une autre personne. Pour Chris et Rob, l’explication serait le sens hébraïque de Hiram qui signifierait « noble » ou « royal », tandis que Abif (ou Abi) serait identifié au vieux français « perdu » ; Hiram Abif serait « le roi qui fut perdu »

 

(p 191) Dans le processus de sacre royal de l’Égypte ancienne, nous sommes convaincus qu’« il existait une cérémonie secrète fondée sur une mort temporaire et une résurrection … Comment les Hébreux avaient-ils pu entrer en possession de ces mystères... ? Des personnages aussi importants qu’Abraham, Jacob, Isaac, Joseph et Moïse sont tous... fortement impliqués dans les événements égyptiens ». Joseph et Moïse seraient même « des membres majeurs de la cour royale » (à des époques différentes). « Les derniers chapitres du livre de la Genèse brossent un tableau de tolérance et de coopération entre les Égyptiens et les proto-israélites ». Mais l’Exode décrit un changement rapide dans ces relations. Pourquoi ?

 

L’effondrement de l’État égyptien - Nomades sémites et hyksos -

 

(p 191-192) Vers la fin du 3ème millénaire avJC (fin de l’âge du bronze moyen), des étrangers arrivent du désert et se répandent dans toute l’Égypte qu’ils déstabilisent par l’insécurité qu’ils génèrent. Un peuple connu sous le nom d’« hyksos » infiltre peu à peu la société égyptienne, « attendant de se trouver dans une position assez forte pour imposer leur contrôle sur les Deux Pays ». L’époque de cet affaiblissement national de l’Égypte  est appelée aujourd’hui la  « deuxième période intermédiaire », à la fin du Moyen Empire.

 

(p 192-193) Vers 1720 avJC les hyksos s’emparent du pouvoir lors du saccage de Menphis, la capitale ; ils constitueraient  « un ensemble de peuples asiatiques distincts, principalement sémites... de Syrie et de Palestine »  et « parlaient tous la même langue sémitique de l’Ouest que le peuple qui serait plus tard connu sous le nom d’israélites ». Les Égyptiens  appellent « habiru » (hébreux) un ensemble d’asiatiques sémites qui parlent la même langue, mais ne représentent pas une race identifiable. Ultérieurement les hyksos/habiru auraient constitué une alliance tribale à l’origine des tribus d’Israël et du « peuple juif ... la première mention dans la Bible du peuple juif coïncide précisément avec l’époque où les égyptiens chassèrent les hyksos d’Égypte… »

 

(p 193-194) Pendant le 2ème millénaire avJC, il est prouvé qu’un changement climatique provoque une sécheresse dans tout le Proche-Orient. Fidèles au principe de Ma’at, les égyptiens auraient donné aux habiru errants l’eau et la terre quand les conditions à l’extérieur du delta du Nil devinrent insupportables. « La Genèse 12, 10 … offre un témoignage évident : Il y eut une famine dans le pays et Abraham descendit en Égypte pour y séjourner, car la famine pesait lourdement sur le pays ».L’Égypte aurait été submergée par ces peuples nomades et, les égyptiens pacifiques et confiants, n’auraient pu résister aux hyksos belliqueux.

 

Les rois hyksos

 

(p 194-195) Les rois hyksos adoptent la culture égyptienne et leur peuple s’intégrerait à la vie citadine. Les nouveaux rois écrivent leurs noms en hiéroglyphes, prennent les titres traditionnels des rois et se baptisent de noms égyptiens.

- Les hyksos étendent d’abord leur influence sur la Basse-Egypte à partir de leur cité d’Avaris nouvellement bâtie. Ils adoptent Seth(ou Set) comme dieu d’État, divinité qu’ils « importent »  de leur région initiale (Il y aurait des ressemblances avec Baal, leur dieu cananéen antérieur). Ils acceptent Rê comme dieu majeur qu’ils honorent sous les titres royaux qu’ils se confèrent. Plus tard, ils contrôleront les Deux-Pays depuis la vieille capitale de Menphis.

(p 196) Il y aurait une « symbiose » grâce à laquelle les envahisseurs acquièrent « un raffinement culturel et théologique », tandis que les Égyptiens apprennent de nouvelles technologies (chariots, armes…) et, beaucoup plus important, les Égyptiens tirent les leçons de l’expérience hyksos(les Égyptiens reverraient  la défense de leurs pays,...).

 

(p 196-197) Les rois hyksos, malgré leur puissance et leur volonté d’« intégration », n’avaient pas accès à l’ultime consécration par le processus initiatique de sacre qui reste secret. Autoproclamés « Horus », ils n’ont « pas d’autre choix que d’assumer un titre vide ». Ils revendiquent bientôt « le pouvoir spirituel ».

 

La perte des secrets originels - Apophis le serpent des ténèbres -

 

(p 198) A la 3ème ou 4ème génération, les rois hyksos embrassent totalement la théologie égyptienne. Ils estiment probablement « avoir le droit de posséder les secrets des Horus » et, de « devenir Osiris dans la mort,... être une étoile… pour l’éternité ».

 

(p 198-199) Vers la fin du règne hyksos,  Chris et Rob découvrent que le roi légitime Sekenenrê Taâ II(cantonné à Thèbes) s’affronte avec l’un des rois hyksos, Apepi, connu également sous le nom d’Apophis, qui prend « le titre de - Roi de Haute – et de Basse-Egypte – Fils de Rê ».

(p 199) « Les hyksos,... comme dieu principal… adoptèrent Seth, le meurtrier de son frère Osiris (le dieu que tout roi égyptien entendait devenir). En s’identifiant à Seth, les hyksos affichaient leur mépris pour le peuple égyptien et leur allégeance aux forces du mal… L’opposé de Ma’at était appelé - Isfet - … le mensonge, l’injustice… et d’après la mythologie égyptienne, le chef de ces personnifications d’ - Isfet – était un dieu serpent monstrueux… semblable à un dragon appelé… Apophis (ou Apopis). » Cette puissance du mal, personnification du chaos primordial, portait le nom du roi hyksos !  Sekenerê Taâ II serait donc au cœur d’une bataille spirituelle, rien moins qu’une répétition de la fondation de la nation par Osiris, Isis et le premier Horus.

 

(p 200-202) A 600 km au sud d’Avaris, Thèbes paye des impôts à Apophis et s’appauvrit ; mais Thèbes maintient la lignée des rois égyptiens. Vers la trente-quatrième année de son règne, on suppose qu’Apophis aurait exigé du roi de Thèbes de lui fournir les secrets pour devenir Osiris. Il y aurait des exemples significatifs d’un conflit entre Apophis et Sekennenrê (cf. page 201, une lettre de Apophis). Sekenerê Taâ II est un jeune homme tenace ; il est le véritable Horus, face à Apophis, homonyme du « serpent des ténèbres » ; sa résistance aurait abouti à son assassinat puis … à l’expulsion des hyksos et au retour du pouvoir des rois égyptiens sur les Deux-Pays.

Sekenenrê Taâ II pourrait bien être « l’Hiram Abif originel - Le Roi qui fut perdu - ».

 

La preuve biblique - Chronologie reconstituée - Joseph  contemporain d’Apophis -

 

(p 203-205) On connaît l’histoire de Joseph, de sa venue comme esclave jusqu’à son accession à la plus haute fonction en Égypte comme vizir du roi. On admet que cette histoire est fondée sur une personne réelle. Les versets 8 et 9 du chap. 1 de l’Exode donnent une datation pour Joseph et le pharaon non identifié : « Un nouveau roi vint au pouvoir en Égypte, qui n’avait pas connu Joseph. Il dit à son peuple : regardez, le peuple des enfants d’Israël est devenu plus nombreux et plus fort que nous. » ; ce sont les paroles du monarche qui succède à Apophis après que les hyksos aient été vaincus. Joseph serait donc contemporain d’Apophis.

 

(p 206-208) « … dans les grandes lignes, les textes bibliques sont probablement un bon indicateur de ce qui se passa réellement dans ce lointain passé. » Mais si on considère les âges « invraisemblables » (p 204)des acteurs bibliques, il serait possible de dater approximativement les évènements en proposant des âges plausibles au regard des informations fournies par la Bible. Voici la chronologie revue de Joseph à Abraham (dates avJC) :

- 1570  Joseph Vizir (estimation autour de 50 ans...)

- 1620  Naissance de Joseph (On sait que son père Jacob est vieux, disons 60 ans)

- 1680  Naissance de Jacob (disons que son père Isaac avait 60 ans)

- 1740  Naissance d’Isaac (son père Abraham est réputé très vieux, disons 70 ans)

- 1780  Abraham arrive en Égypte pour la première fois (il a probablement 30 ans environ)

Ainsi Abraham entrerait en Égypte « dans l’année [… plutôt la décennie si on se fie à la chronologie en dernières pages ? (Note du rédacteur)]identifiée comme le commencement du règne hyksos... ».

Nulle part les auteurs de l’A.T.  ne font d’allusion claire à la conquête de l’Égypte par les Asiatiques dont on sait qu’elle est intervenue entre les époques d’Abraham et de Moïse… ???

 

 

 

Le meurtre d’Hiram Abif - La momie de Sekenenrê Taâ II -

 

(p 210) Voici le récit de la découverte de la momie de Sekenenrê (son corps est actuellement au musée du Caire) :

«  Quand en juillet 1881, Emil Brugsh découvrit la momie du pharaon Ramsès II, un autre corps royal se trouvait dans la même cache, mais il était plus vieux que celui de Ramsès de quelque trois cents ans, et il se distinguait par son odeur particulièrement putride. D’après le cartouche, c’était le corps de Sekenenrê Taâ, un des souverains égyptiens de souche condamné à vivre loin au sud, à Thèbes, pendant la période hyksos. Même pour un œil de néophyte, il était évident que Sekenenrê avait connu une fin violente. Le milieu de son front avait été enfoncé… Un autre coup avait fracturé l’orbite de son œil droit, sa pommette droite et son nez. Un troisième avait été porté derrière son oreille gauche, fracassant son mastoïde et terminant sa course dans la première vertèbre du cou … Après son décès, il ne connu apparemment pas un sort meilleur, puisque son corps semble avoir été délaissé quelque temps avant d’être embaumé pour la momification. C’est de là que viennent l’odeur putride et les signes de premières décompositions.

Les témoignages égyptiens ne disent rien des circonstances de la mort de Sekenenrê, mais il est presque certain qu’il mourut des mains des hyksos/cananéens. »(Ian Wilson, The Exodus Enigma).

«  Les terribles blessures sur le crâne de Sekenenrê furent causées par deux hommes au moins, l’agressant avec une dague, une hache, une lance et peut-être une masse. »(Peter Clayton, Chronicle of the Pharaos).

 

(p 211-213) Chris et Rob rappellent « le récit du troisième degré maçonnique »(cf. p 212) ; en faisant abstraction de l’époque du roi Salomon où est évoqué le meurtre d’Hiram Abif, « tout concorde » : les blessures, deux agresseurs au moins (en fait trois), des outils comme armes possibles du meurtre, la décomposition du cadavre de Sekenenrê qui montre que les embaumeurs tardent à recevoir le corps du défunt… et le roi Sekénenrê est « le seul corps royal de l’ancienne Égypte à montrer des signes d’une mort violente ». C’est l’histoire d’un homme tué par trois coups, tandis qu’il aurait empêché « les hyksos de s’emparer des secrets des rois égyptiens ».

Le récit maçonnique parle aussi des assassins…

 

Les assassins d’Hiram Abif et leurs complices -

 

(p 213) Dans la légende maçonnique, les tueurs d’Hiram sont Jubelo, Jubela et Jubelum (appelés collectivement les Jubes - En anglais, Juwes), probablement « des inventions symboliques ».  Alors qui sont les vrais assassins ?

 

(p 213-215) La Bible indique que Joseph est le vizir du roi hyksos Apophis. Joseph peut-il ne pas être impliqué dans un complot pour arracher les secrets à Sekenenrê ?

La Bible, version du roi James, relate (dans la Genèse 49, 6) des paroles de Jacob/Israël mourant, alors qu’il médite sur les actions de ses fils, les têtes des 12 tribus d’Israël :

« O mon âme, n’entrez pas en leur secret ; qu’à leur assemblée, mon honneur ne s’unisse pas : car dans leur colère ils ont tué un homme, et par leur volonté ils ont fait s‘effondrer un mur »(Voir la version anglaise en page 214).

Ce meurtre n’est pas expliqué, mais il est suffisamment important pour être cité, sans donner le nom de la victime. De plus, « n’entrez-pas en leur secret » peut être rendu en français (anglais) moderne par : « vous n’êtes pas parvenu à obtenir leur secret » ; « l’effondrement d’un mur » serait la retombée des conséquences de ce crime dévastateur sur les coupables. Les deux frères et les futures tribus qui seraient « tenus pour responsables de ce meurtre inconnu sont Siméon et Lévi ».

 

(p 216-217) Vraisemblablement, le roi hyksos Apophis vieillissant aurait « bien l’intention d’avoir une après-vie égyptienne », mais il faut arracher « le secret » au roi de Thèbes. Joseph, son vizir et homme de confiance (il interprète les rêves d’Apophis) serait chargé de l’« entreprise ». Pour cette mission, Joseph se tournerait vers ses frères (Siméon, Lévi,…?) qui, rappelons-le, l’avaient vendu comme esclave des années auparavant. Ne doivent-ils pas payer cette « vieille dette » ? Les deux frères seraient allés à Thèbes ; ils auraient pris contact avec « un jeune prêtre royal du temple d’Amon-Rê, réputé ambitieux et facilement influençable » (que Chris et Rob baptisent Jubelo). Sekenenrê est assassiné, « le secret » est perdu pour toujours et une guerre est menée par Kamès(ou Kamose) et Ahmose, les fils du roi assassiné. Les hyksos sont expulsés d’Égypte pour toujours… « Oui, les murs certainement s’effondraient sur leurs têtes ! »

 

(p 218-220) Les secrets étant perdus, Kamès ne peut devenir Horus ; il ne peut être fait roi. Un prêtre aurait proposé « une solution extraordinairement brillante »(développée pages 218-219) au terme de laquelle le prêtre Jubelo,considéré comme « la manifestation de Seth », sera castré, enroulé vivant dans les bandages de la momification et placé dans un cercueil scellé. Une nouvelle cérémonie est conçue pour ressusciter le nouveau roi d’une mort symbolique. La cérémonie substituée raconte « l’histoire de la mort du dernier roi de la première Égypte et la renaissance de la nation avec le nouveau roi ». De même que Kamès se relève d’une mort symbolique, la nation renaît. La période qu’on appelle le Nouvel Empire va commencer et l’Égypte deviendra une fière nation.

 

La preuve physique - Une « momie » hors norme -

 

(p 221-223) L’histoire relatée précédemment est « scénarisée ». Le témoignage de la Bible est utilisé, mais pas seulement. Chris et Rob sont confrontés à une étrange momie répertoriée, celle d’un jeune homme trouvé à côté de Sekenenrê (cf. p 223) ; son corps momifié (bandages enlevés) manifeste « une expression d’agonie extrême » ; tous ses organes sont à leur place, le corps n’est pas embaumé ni momifié de façon usuelle ; contrairement à la coutume, ses bras ne sont pas disposés le long du corps ou croisés sur la poitrine, mais tendus vers le bas, les mains couvrant la région pubienne… l’homme est castré. Chris et Rob donnent d’autres détails sur le corps (p 222-223). La momie est dans un sarcophage blanc sans la moindre inscription. Les spécialistes considèrent qu’il s’agit d’un noble ou d’un membre du clergé ; ils estiment qu’il date de la XVIIIème dynastie qui commença  avec Ahmose, après la mort de son frère Kamès.

 

Ainsi, Chris et Rob confortent leurs certitudes d’avoir retrouvé « Hiram Abif », d’avoir découvert les circonstances de son meurtre, et d’avoir identifié l’un de ses assassins… 3.500 ans après les évènements.

 

La preuve maçonnique - L’incantation de Ma’at…, les « observances » esséniennes -

 

(p 224-225) Lors de la cérémonie du « 3ème degré » ou résurrection du Maître maçon, « les mots secrets sont murmurés à l’oreille du Frère nouvellement relevé (« ressuscité ») ». Ces mots incompréhensibles semblent composés de courtes syllabes dans le style des anciens Égyptiens. En disséquant les syllabes, Chris les traduit phonétiquement (cf. Conclusion p 235) et obtient les mots murmurés en loge ouverte : « Ma’at-neb-men-aa, Ma’at-ba-aa ». Les f.m. devraient reconnaître « ces mots et seront étonnés d’apprendre qu’il s’agit de pur égyptien ». La traduction serait : « Grand est le Maître de la F.M., Grand est l’Esprit de la F.M. », sachant que Ma’at est traduit par F.M. « car aucun terme moderne ne s’approche davantage [de ce] concept originel complexe ». Ma’at est « une attitude face à la vie qui [fusionne] les trois valeurs les plus importantes de l’humanité… la connaissance scientifique, la beauté artistique et la spiritualité théologique. C’est l’art de la maçonnerie ».

(p 226-227) Ces mots survivent dans la tradition et les traductions linguistiques  parce qu’ils seraient considérés comme « magiques » … La résurrection du nouveau candidat ne serait pas simplement symbolique… « On avait probablement perdu depuis longtemps leur sens originel à l’époque du roi Salomon ».

« L’incantation égyptienne - fossilisée - relative à Ma’at s’est transmise aux f.m. via deux longues traditions orales et une période d’hibernation sous le Temple d’Hérode ».

 

(p 227-228) Chris et Rob découvrent « d’autres connexions abondantes avec la F.M. … [dans] la structure du clergé et des hautes fonctions du Nouvel Empire... ». Exemples :

- Le 1er Prophète de la reine Hatchepsout est également le « Surveillant des Travaux ».

- Le 1er Prophète de Ptah est le « Maître Artisan » ou le « Maître Bâtisseur ».

Rappelons que la maçonnerie n’a pu copier ces appellations sur l’Égypte ancienne puisque l’égyptien ne sera traduit que postérieurement à la fondation de l’Art Royal.

Le rituel maçonnique fait référence à Hiram Abif, « Fils de la Veuve », sans explications. Une interprétation serait que Horus est conçu alors que sa mère est déjà veuve. Tous les rois d’Égypte ou Horus qui suivent seraient donc aussi « Fils de la Veuve », ce qui est particulièrement adapté pour Kamès, le fils d’Ahmose-Inhapi, veuve de Sekenenrế Taâ II.

(p 228) Pour terminer ce paragraphe, on retrouverait même des « observances » égyptiennes chez les ésseniens. Les prêtres égyptiens porteraient « exclusivement des robes blanches » et consacreraient « de longues périodes à se nettoyer et à se purifier ». Ils s’abstiendraient de relations sexuelles et seraient circoncis… ils respecteraient « des interdits relatifs à certaines nourritures… ». Ils utiliseraient « de l’eau de façon presque baptismale » et se serviraient « d’encens pour purifier leurs vêtements ». « Les observances des esséniens », fondateurs de l’Église de Jérusalem, sont véritablement anciennes.

 

Sekenenrê Taâ le Sans Peur

 

(p 229-230) Après l’assassinat de Sekenenrê Taâ II, roi légitime d’Égypte, Ahmose (successeur de Kamès) chasse Apepi II (successeur d’Apophis) avec son peuple hyksos  ; ne pouvant s’échapper par la mer, « pas moins de 240.000 familles  auraient… traversé les déserts du Sinaï et du Néguev », renvoyées « à Jérusalem ».

 

(p 229-231) « Le sans peur », tel est le qualificatif donné à Sekenenrê par les Égyptiens reconnaissants d’avoir protégé les plus grands secrets des Deux-Pays, face à la mort. Mais, c’est « un tournant très important dans la théologie égyptienne : le moment où les secrets du culte de l’étoile et de la magie du sacre royal furent perdus pour toujours... À partir de ce moment, les secrets originels montrant comment Isis avait ressuscité Osiris furent remplacés par des secrets substitués et aucun roi d’Égypte n’a plus jamais rejoint les étoiles… les gouvernants d’Égypte ne furent plus des rois. Ils devinrent simplement des pharaonsde l’égyptien Per-aa… qui signifie - grande maison - (à l’image des Etats-Unis d’Amérique qui, parfois, pour parler du pouvoir à leur tête, font référence à la Maison-Blanche plutôt qu’au Président lui-même) ».

- « En dépit de la perte des secrets », l’Égypte parvient à ressusciter brillamment et le Nouvel Empire est la dernière grande période pour l’Égypte. La mort et la résurrection conduisent à une renaissance qui permet « à la nation d’acquérir une nouvelle force et une nouvelle vigueur ».

 

(p 231) On a pu croire que l’histoire ritualisée d’Hiram Abif était « inventée pour éclairer des points symboliques importants », mais ce serait l’inverse : le symbolisme est extrait de la réalité historique (cf. p 228-229). Alors,...

- Pourquoi  se souvenir de Hiram Abif comme d’un bâtisseur, d’un architecte ? Parce que « Sekenenrê était le plus grand protecteur du Ma’at, le principe de vérité et de justice, que l’on représente comme posant les fondations droites et carrées d’un Temple ».

- Pourquoi Hiram Abif/Sekenenrê est-il associé au Temple du roi Salomon ? Chris et Rob établiront que les israélites reprennent cette histoire dramatique et l’appliquent à la maison royale de David pour « fournir une structure de secrets royaux » que leur nouvelle monarchie sans culture ne possède pas. Les juifs auraient effacé l’origine égyptienne de cette histoire, l’attribuant au plus grand moment de l’histoire de leur propre nation : la construction du Temple du roi Salomon. La vie de Salomon étant connue, le héros du récit ne pouvait être roi ; le rôle de l’architecte du Temple qui possède les secrets de la construction et la sagesse, a été créé et compris par tous… une résurrection pour Sekenenrê « le Sans Peur ».

 

(p 231-232) « Hiram Abif n’adorait pas Yahvé, mais le dieu-soleil Amon-Rê - le plus haut - …  la bible nous dit que, avant que les israélites adoptent le nom de Yahvé, ils faisaient référence au - dieu de nos pères - comme el elion - , un terme cananéen signifiant le - dieu le Très Haut »,ce qui ramène à l’histoire originelle égyptienne que les israélites ont emportée avec eux.Aujourd’hui, les f.m. se rencontrent symboliquement à midi au moment où le soleil est « le plus haut ».

 

(p 233-236) Chris et Rob font le point sur tout ce qu’ils on découvert depuis le début de leurs recherches. En réexaminant chaque maillon de leur théorie, ils sont confortés dans le fait de se trouver dans « une nouvelle perspective de l’histoire factuelle ». Ils veulent maintenant « comprendre comment la légende d’un roi égyptien tué par des proto-israélites se [transforme] en un évènement de l’histoire de la nouvelle nation des juifs » ?

Ce sont 1.500 ans qui séparent cet évènement du seul groupe ayant pu enterrer des éléments d’informations et de connaissance pour que les templiers les trouvent ; il faut donc « suivre la trace du judaïsme jusqu’à l’épanouissement des esséniens ». En Égypte, c’est de Moïse, « la plus grande légende de l’histoire du peuple juif », qu’il faut partir.

IX. La naissance du judaïsme

 

Moïse le législateur

 

(p 237) Est-il « possible d'établir la permanence d'une cérémonie de type maçonnique du Nouvel Empire égyptien jusqu'à l'époque de Jésus » ? L'unique source d'information serait l'A.T. et le rituel maçonnique.

 

(p 237-238) La Bible montre sans équivoque que la nation juive commence avec un homme nommé Moïse dont l'existence est peu douteuse. Moïse est lié à un exode d'esclaves asiatiques venant d'Égypte, postérieurement à l'expulsion des hyksos. Les sémites qui restent en Égypte (après le départ des hyksos), notamment les habirus, sont réduits en esclavage au cours des décennies 1560 et 1550 ; on retrouve des preuves de leurs travaux forcés (Werner Keller , The Bible as History, op. cit.). Ces proto-juifs parleraient le cananéen, vénéreraient des dieux égyptiens et élèveraient des monuments à Osiris, Ptah et Hator ; ils sont loin de « l'image populaire des nobles fidèles de Yahvé… implorant le dieu de leurs pères » (Peake's Commentary on the Bible, op. Cit.).

 

(p 239) Selon la Bible catholique romaine de Douai, le nom de Moïse viendrait « de l'égyptien signifiant – sauvé des eaux - », mais « Moïse » signifie simplement « né de ». Ce terme « Moïse » ou « Mosis » (ou encore « mose », « msès »,…) est associé normalement à un autre nom en préfixe, comme « Thoutmosis » (né de Thot), « Amenmosis » (né de Amen/Amon), « Ramsès » (né de Ra). Si la Bible de Douai « véhicule quelque vérité historique », il est possible que le nom complet de Moïse soit « Hapymosis »(né du Nil) ; ce serait plutôt le nom d'un dieu égyptien qui aurait été supprimé en tête du nom de Moïse, par Moïse lui-même ou par un scribe.

Le nom de Moïse/Mosis est un des rares mots de l'ancien égyptien qui nous est parvenu, sous sa forme hébraïque « Moshé » et sa forme arabe « Musa ».

 

(p 239-243) Il serait « imposible... de savoir dans quelle proportion l'histoire de Moïse est authentique ou romancée ». Voici quelques éléments analysés dans le livre de l'Exode :

- L'ordre de jeter tous les nouveau-nés israélites mâles dans le Nil (Exode 1, 22) ne peut être historique, car contraire au principe de Ma'at cher aux égyptiens, et... risqué pour la seule source d'eau qui serait devenue insalubre avec des milliers de cadavres en décomposition.

- L'épisode de la naissance de Moïse (trouvé dans un panier au bord du Nil par la fille du pharaon) est presque identique à celui de la naissance de Sargon  qui régna sur Babylone et Sumer quelques siècles avant Moïse (cf. comparaison  p 240). Pour Chris et Rob cette histoire aurait été créée au VIème s. avJC « pour adapter à la naissance de la nation juive le vieux thème d'une création  émergeant des eaux ». Cette histoire « explique… [aussi] comment un général de l'armée égyptienne, membre de la famille royale d'Égypte, devint le père fondateur du peuple juif ».

- La mère de Moïse « une femme de la maison Lévi », ferait partie des inventions tardives pour adapter l'histoire dans un ordre convenu. « Moïse avait dû être un prêtre donc un lévite ».

« Le livre de l'Exode montre … qu[e Moïse] est un assemblage de trois versions orales de l'histoire traditionnelle de la sortie d'Égypte ».  Après examen (p 242-243), Chris et Rob considèrent qu'il est « suffisant d'admettre qu'un membre d'un rang extrêmement élevé de la cour égyptienne était devenu le chef de quelques tribus qui deviendraient la nation des juifs ».

 

(p 244) Les actes des Apôtres 7, 22, disent que « Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ». L'époque de Moïse serait celle du début du Nouvel Empire. Moïse, « membre majeur de la cour du pharaon », serait instruit des « secrets substitués »(qui auraient remplacé les secrets originels d'Osiris) et des « principes de résurrection reconstruits autour de la légende de Sekenenrê et de son sacrifice... [des] secrets du sacre, la plus haute expression du pouvoir et l'acquisition d'une marque de royauté ». Vraisemblablement « profondément » impressionné, « le jeune Moïse » emportera « le nouveau rite de passage secret nécessaire au sacre royal dans le nouveau pays d'Israël ». L'histoire du « roi qui fut perdu » aurait été transmise dans la lignée royale de David.

 

(p 244-245) « … le récit biblique de l'Exode montre... que le groupe conduit par Moïse [est]… égyptianisé et que le culte des divinités égyptiennes [est] la pratique courante ». Moïse reçoit les dix commandements sur des tablettes de pierre pour marquer la fondation d'un nouvel État. « Tout roi devait recevoir sa - charte royale - des dieux… preuve de sa capacité à gouverner… base de la loi et de l'ordre dans la nouvelle société ».

- Aujourd'hui nous sommes familiarisés avec l'écrit, mais au IIème millénaire avJC, le peuple ordinaire devait être « fasciné par le fait que des messages puissent surgir de simples marques dans la pierre », en l’occurrence des hiéroglyphes égyptiens… « Moïse n'aurait pas compris d'autre écriture… On sait que les Égyptiens appelaient les hiéroglyphes - les Paroles de Dieu - expression que l'on retrouvera souvent dans la Bible ».  

 

Le dieu de la guerre des montagnes du Sinaï - Moïse rencontre le dieu des madiânites -

 

(p 245) Ce sont Chris et Rob qui parlent :« … l'histoire de l'Exode nous horrifia…  Au lieu de la description d'un noble et grand peuple conquérant sa liberté et trouvant sa - Terre promise - , nous lisions un déconcertant catalogue de pratiques de démonologie primitive, de meurtres de masse, de viols, de vandalisme et de vols en tout genre. Concernant la naissance d'une nouvelle nation, nous avions le récit le plus ignominieux imaginable ».

 

(p 245-246) S'étant rendu coupable d'un meurtre en Égypte, Moïse qui est un « soldat » égyptien, s'enfuit vers l'Est et le Sinaï. Il est accueilli par les tribus madiânites (appelés aussi qénites, l’un des peuples cités par Genèse 15, 19 – cf. bas de page 262), épouse la fille du roi, Cipporah, et… rencontre le  dieu de ces tribus, « un dieu de la tempête et de la guerre dont le symbole [est] un motif en forme de crucifix [22] qu'ils arbor[ent] sur leurs fronts ». Ce signe sera plus tard « la marque de Yahvé Ce Dieu vivant dans les montagnes » avec lequel Moïse a des conversations, va inspirer « le thème central du Dieu des Juifs ».

 

(p 246-249) « De par son éducation égyptienne, Moïse [sait] que les dieux [ne sont] pas toujours supérieurs aux humains et que, si un homme [peut] obtenir le nom d'une divinité, il [peut avoir] un pouvoir sur celle-ci ». A la question sur son nom, le dieu madiânite répondrait : « Je suis celui qui est »(cf. p 246) ;Yahvé ou Jéhovah, prononciations hébraïques modernes de Dieu, serait « un titre issu de la réponse signifiant – Je suis - ».

Notons que la théologie et la magie étaient synonymes jusqu'à ce que l'homme sépare ces deux aspects du mysticisme. « Le concept d'un dieu des israélites vivant dans son arche n'est pas différent de celui d'un génie vivant dans une bouteille qui réalise les vœux de ses amis ... Aujourd'hui, nous séparons... les contes arabes des Mille et une Nuits et les histoires de la Bible, mais il ne fait aucun doute qu'ils ont une origine commune ».

 

(p 248-249) Selon la Bible Moïse retourne en Égypte pour libérer de l'esclavage la communauté habiru après avoir avoir infligé la misère et la mort sur l'Égypte en utilisant « les pouvoirs de son nouveau … dieu de la tempête ». Le nombre de personnes déplacées réellement au cours de l'Exode serait loin de ce que décrit la Bible ; Moïse conduirait « son peuple » vers le Sinaï et le campement madiânite où se trouve son beau-père, Jéthro. Moïse remonte sur la montagne sacrée pour rencontrer le dieu de la tempête ; ce dieu très exigeant accompagne ses demandes de menaces de lourdes représailles sur le peuple d'Israël en cas de non-respect de ses recommandations. Le nouveau dieu exige qu'« une arche totalement recouverte d'or » soit construite afin de résider parmi les israélites. Cette arche serait de style égyptien classique et il serait unanimement admis que les deux figures aux extrémités désignées comme des « chérubins » sont des sphinx ailés (lions à tête humaine). Le nouveau dieu ne semble pas impressionner  les israélites ; dès que Moïse est reparti sur sa montagne pour parler à Yahvé,  ils fondent un veau d'or ; cette effigie,vraisemblablement une représentation du dieu égyptien Apis, aurait contrarié le nouveau dieu… 3.000 « pécheurs » israélites sont tués sur l’exigence de ce « dieu de la guerre ».

 

Et les murs tombèrent -La « Terre Promise » -

 

(p 249-251) Quand les israélites prennent la route de leur « Terre Promise », « un seul obstacle se dresse, … la population indigène ». Le Deuteronome (version de Douai, chapitres 2 et 3) raconte comment le « peuple élu de Dieu » s'empare du pays de Canaan ; l'extrait en  p 250 raconte le pillage et la destruction de « soixante villes … sans parler d'innombrables petites villes... tuant… hommes, femmes, enfants. Ne laissant rien échapper. » … avec le soutien du « Seigneur notre Dieu ». Le « Seigneur » exprime aussi sa férocité envers son propre peuple dans les propos rapportés par le Deuteronome 8, 19-20 (cf. extrait p 251).

 

(p 251) Moïse meurtrier en Égypte, passe le restant de ses jours à tuer des « étrangers », parfois « ceux qui lui [font] confiance » ; « cet homme et sa vision de Dieu » sont-ils conciliables avec le Dieu des juifs et des chrétiens modernes ? Selon Chris et Rob, l'« image de Dieu se forme lentement jusqu'à devenir la personnification majeure idéalisée reflétant la moralité et les besoins du temps. Ce n'est pas tant ce Dieu qui a fait l'homme à Son image ; c'est plutôt l'homme qui continuellement remodèle Dieu à son image ».

 

La datation de l'Exode

 

(p 251-252) « De récentes fouilles archéologiques ont mis au jour les vestiges d'un grand nombre de villes et cités détruites. Celles-ci dateraient l'Exode de la fin de l'âge du bronze moyen, … quelque part entre l'expulsion des hyksos (1567 avJC - cf. chronologie en dernières pages de ces notes de lecture) et le milieu du XVème siècle avJC ».

1.500-1.450 serait la  période la plus probable de l'Exode.

- Ce serait la formation reçue en Égypte qui aurait donné à Moïse l'idée et la capacité de créer son propre dieu et d'établir une nouvelle nation, « face à de grandes difficultés » ; « ses méthodes cruelles » auraient été « la seule manière... de réussir », de mener son peuple qui devait être « très fruste », comparativement à son chef qui «...  fut instruit dans toute la sagesse  des Égyptiens ».

 

David  et Salomon  -Josué, Gédéon, Samuel et les autres...

 

(p 252-253) Sur les 12 tribus connues d’Israël, deux ou trois seulement seraient arrivées lors de l’Exode. A l’époque des Juges [23], les tribus de Siméon et Lévi auraient quasiment disparu et celle de Juda commencerait à être reconnue. Les tribus nomades habiru se sédentarisent peu à peu. Les cananéens survivants se fondent aux nouveaux venus et leur apprennent leurs techniques maîtrisées pendant des millénaires de société rurale.

 

(p 253-254) Le premier Juge serait « Josué [24] (Josuah), le célèbre chef de la bataille de Jéricho » (cf. p 263).

Yerubbaal [25] serait aussi un des plus anciens héros. Il change son nom en Gédéon [25] . Son nom originel, probablement cananéen, rendrait hommage au dieu Baal, preuve que Yahvé n’est pas si bien implanté comme l’A.T. veut le faire croire.

- (p 254-255) Gédéon refuse la royauté d’Israël qui lui est pourtant offerte, car il considère que Yahvé est le roi au-dessus de tous. Néanmoins, l’autorité de Gédéon découlerait directement de Moïse, ce qui lui donne plus d’importance que  les autres Juges. « Homme influent et de pouvoir », il aurait eu 70 fils, dont Abimelek, le plus connu. Abimelek  devient roi, mais sa monarchie balbutiante est éphémère (il n’est pas considéré comme le 1er roi d’Israël) ; son temple fortifié (un « migdal ») dédié à Baal-Berit comporte « deux piliers sacrés de chaque côté de la porte Les piliers représenteraient.. la connexion avec Dieu et la stabilité du nouvel État », stabilité qui sera de courte durée. Cependant, « La connaissance des secrets de la maison et du sacre royaux [perdurerait] chez les Juges de la lignée de Gédéon ».

 

(p 255-256) À cette période, Jérusalem appartient encore à ses fondateurs, les Jébusites (ou Yebousiens). Le centre politico-religieux israélite est la ville de Silo (Shiloh), trente km au nord ; cette ville est détruite vers 1050 avJC lors de la guerre avec les philistins.

- L’histoire biblique de Samson [26] qui est un nazir (ou nazarite, c.à.d. un saint homme), raconte qu’il détruit 3.000 philistins en écartant leurs piliers gauche et droit, les faisant s’effondrer. L’histoire serait une métaphore sur le fait que Samson aurait sapé leur stabilité nationale (on retrouve le symbole des deux piliers).

- Samuel [27]  est un autre Juge important, mais aussi prophète, prêtre et « faiseur de rois » ; c’est « Samuel  qui [sacre] roi le benjaminite (de la tribu de Benjamin)Saül [28], lors d’une cérémonie privée » dont aucune description n’est donnée. « La relation entre Samuel et Saül est celle des pouvoirs jumeaux du prêtre et  du roi, les deux piliers d’une société harmonieuse s’unifiant pour créer la stabilité. Une tension [perturbe] rapidement cette relation… Samuel [commence] à regretter son choix ». Mais un  autre candidat à la royauté émerge de la principale tribu de Juda, c’est David [29], originaire de Bethléem… « un homme doté de grands talents, qu’il [exerce] d’abord comme courtisan, puis comme soldat et enfin comme homme d’État ».

 

(p 256-258) Dans le célèbre combat contre Goliath, le géant philistin  de Gat, le véritable vainqueur est Elhanân (2 Samuel 21, 19), originaire aussi de Bethléem. Cependant, David, loin d’être « un simple berger, ignorant des choses de la guerre », est « un grand soldat et politicien émérite ». Au moment où Saül cherche à le supprimer, il commence par servir dans les armées philistines contre Israël. Finalement Saül perd la vie et Samuel sacre David « son second roi » vers 1.000 avJC.

David unifie les tribus pour ne faire qu’un peuple ; comme l’Égypte, Israël est formé de deux pays, au Nord et au Sud, qui sont mis sous la gouverne d’un seul chef. Après avoir gouverné pendant 7 ans depuis Hébron, dans le Sud du pays de Juda, David établit la nouvelle capitale à Jérusalem, « sise entre les deux moitiés du royaume uni » ; il fait bâtir un palais et déplace la tente abritant l’Arche d’alliance et son autel vers le site d’un temple qu’il propose de construire à Yahvé. David chasse définitivement les philistins et prend le contrôle de tous les territoires s’étendant de l’Euphrate au golfe d’Aqaba ; il signe enfin un traité de paix avec Hiram, roi de Tyr. « Mais le comportement indiscipliné de David et de sa famille [ramène] bientôt l’instabilité » ; la Bible relate une sorte d’« épopée hollywoodienne » au bout de laquelle Salomon [30] , un des fils de David, est sacré roi par Sadok (ou Zadok, le grand prêtre) avec le soutien de David.

 

(p 258-259) Salomon épouse la fille du pharaon et reçoit en dot la ville stratégique de Gaza à la frontière égyptienne. Salomon a soif de grandeur ; il fait construire des ouvrages dans tout le pays, et, par-dessus tout, la maison de Yahvé, le Temple sacré.

- (p 259) Comme déjà évoqué, le Temple est « une construction relativement mineure », mais les plus beaux matériaux sont utilisés. Il se dresse au sommet d’une colline et son porche fait face à l’Est… Situé approximativement sur la ligne de partage des deux pays, les piliers Nord et Sud du porche représentent l’harmonie et l’équilibre du royaume uni. On retrouve  le concept égyptien de stabilité politique par l’unité. Boaz le pilier au Sud représente le pays de Juda et signifie la « force » ; Jakin se dresse au Nord et représente la terre d’Israël et symbolise l’« établissement ». Les deux réunis par le linteau de Yahvé créent une stabilité politique durable. Ce concept emprunté des égyptiens indiquerait que « la structure de la monarchie et de la théologie israélites n’ont pas encore perdu leurs anciennes origines ».

- (p 259-260) Le poids financier des travaux ordonnés par Salomon pèse de plus en plus sur le peuple. L’intérêt pour Yahvé qui n’est « rien de plus que le dieu israélite de la guerre », est relatif ; « d’autres dieux [sont] tenus en égale – voire en plus haute – estime », notamment le dieu Baal. Vers la fin de son règne, Salomon se serait même complètement détourné de Yahvé. « … de l’époque de Moïse jusqu’à celle de Salomon, Yahvé ne semble pas avoir beaucoup impressionné - son peuple élu - . Quand Salomon – roi réputé pour sa sagesse – [meurt], le pays n’[est] pas seulement quasiment en faillite, il [est] sans Dieu ».

 

(p 261-262) Roboam (Réhoboam), fils du roi Salomon, lui succède. L’unité des deux pays se disloque, et le royaume nordiste d’Israël n’a plus rien à faire avec Juda qu’il voit comme la source de ses problèmes.

« Pendant ce temps, au sein du groupe royal se [transmettent] les secrets de la cérémonie d’initiation par la résurrection et de rectitude morale fondée sur les principes de l’érection  d’un temple ». Ce concept est maintenant bien réel, comme le Temple de Jérusalem qui contient l’Arche et le Dieu.

 

- Tout au long de cette étape Chris et Rob n’ont pas trouvé de référence à un architecte du Temple de Salomon assassiné, mais les preuves s’accumulent pour confirmer le fait que « Moïse aurait emporté en Israël les deux piliers et la cérémonie de résurrection conjointe... il en aurait fait le secret de la Maison royale d’Israël ».

 

(p 262 et 264) Il paraît maintenant logique pour Chris et Rob de s’intéresser à l’étape suivante de l’histoire de la nation juive… notamment pour « découvrir comment et quand Sekennenrê [est] devenu Hiram Abif » ?

 

Nous aborderons la 3ème partie des notes de lecture de« La Clé d’Hiram » par C. Knight et R. Lomas – J’AI LU. dans une prochaine publication.

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Ci-dessous les renvois numérotés de 15 à 30

[15] (p 145) [Cataclysme (du grec kataklusmos = inondation) grand bouleversement, destruction causée par un phénomène naturel.

[16] (p 148) [Abraham : - De l’hébreu Abhraham… variante dialectale de Abhram « le père est exalté » ; la Genèse en fait « le père de la multitude des nations » - Le Petit Robert des Noms Propres. - Selon le Grand Dictionnaire de la Bible, étymologie incertaine. Forme typique de l’ancien ouest-sémitique du nom propre Ab(i)ram, il signifie probablement « le père est exalté ». Lors de l’établissement de l’alliance de Dieu avec Abram, le Seigneur change son nom en « Abraham », « père d’une multitude » de nations.]

 [17] (p 152) [ « hyksos » : - De l’égyptien heka-khase « chefs d’un pays étranger ». Nom donné par Manéthon à des envahisseurs asiatiques venus de l’Est, qui dominèrent l’Egypte de 1785 à 1580 avJC... - Le Petit Robert des Noms Propres. - Ce nom ne figure pas dans Le Grand Dictionnaire de la Bible (œcuménique)]

[18] (p 160-161) [ Osiris : L’histoire du mythe d’Osiris est essentiellement fondée sur le récit de Plutarque (1er s. apJC). Le mythe d’Osiris se serait développé pendant 3500 ans à partir de la période préhistorique de l’Egypte. Voici comment Osiris apparaîtrait : - « Hors des eaux primordiales du Noun (Nun) surgit … la colline de la Création. Sur elle se trouvait le Créateur Atoum – le Tout. Il commença par crier son nom, puis il modela le couple divin primordial : le principe mâle, Chou - l’Air (sec) – et e principe femelle, Tefnout, l’Humide. Après s’être créé lui-même et avoir engendré ses deux enfants, le Créateur pleura : de ses larmes tombées sur le sol naquirent les hommes… Puis Chou et Tefnout engendrèrent à leur tour un fils Geb - la Terre - et une fille Nout (Nut) – Geb et Nut, plus prolifiques, eurent deux fils (Osiris et Seth) et deux filles (Isis et Nephtys). A la naissance d’Osiris, une voix retentit dans le ciel, annonçant que le « Maître du Tout » venait à la lumière du jour. Seth épousa Nephtys tandis qu’Osiris épousait Isis… Seth régnait sur les déserts entourant la vallée du Nil, qui était le royaume d’ Osiris . Celui-ci libéra les égyptiens de leur grossièreté primitive… il… leur donna des lois et leur enseigna le culte des dieux. Isis leur montra comment faire du pain… » Page 79 / 86 Notes de lecture de Tha.°. Coq.°. « Ecossais de l'Hermione » (Déc. 2019). « La Clé d’Hiram » par Christophe Knight et Robert Lomas – J’AI LU - « Sous le Nouvel Empire (1550-1069 av. JC) … le culte d’Osiris s’unit à celui de Rê, et Osiris devint un dieu sauveur éclairé, guidant les homme vers l’immortalité. … » - « A la Basse Epoque (1069-332 avJC) son culte se répandit dans tout le bassin méditerranéen. Comme la figure rédemptrice du dieu égyptien dominait le monde antique, on se mit à honorer Isis comme Vierge primordiale, et leur fils - Horus l’Enfant - comme le Sauveur du monde. » (Cf. « Osiris » - Flammarion 2007 par Bojana Mojsov, égyptologue)].

[19] (p 160-161) [ Osiris et Isis : «De leur mystérieuse union naquit l’enfant Horus, venu au monde le jour du solstice d’hiver...». (Cf. « Osiris » - Flammarion 2007 par Bojana Mojsov, égyptologue]

[20] (p 183) [ l’hiéroglyphe égyptien qui désigne l’étoile du matin : (en page187) « L’hiéroglyphe égyptien pour l’étoile du matin et du soir était la même étoile à cinq branches utilisée pour représenter les cinq points de la confrérie du troisième degré maçonnique »]

[21] (p 184) [« ... l’étoile du matin, « Vénus »... : « Vénus, l’étoile à cinq branches » car « elle trace en huit ans dans la zodiaque une étoile à cinq branches… cette étoile a été parfaitement identifiée par les peuples anciens… En Mésopotamie, Vénus était représentée par une étoile à huit branches rappelant les huit années de son cycle. Chez les Aztèques, Questzalcoatl renaissant sous la forme de Vénus, étoile du matin, était représenté comme un personnage portant sur le visage le chiffre cinq, sous la forme de cinq gros points en quinconce. C’est ainsi qu’après sa mort à l’ouest il ressuscitait à l’est. Comme le tracé de l’étoile à cinq branches est en rapport avec le nombre d’or, Vénus est doublement symbole de beauté, par son éclat d’une part et par cette beauté issue des nombres et de la géométrie d’autre part ». (Les Cahiers de la Franc-Maçonnerie - FRANC-MACONNERIE ET ASTROLOGIE p 43-45 - Ed. Oxus 2014)].

[22] (p 245-246) [ « un dieu de la tempête et de la guerre dont le symbole était un motif en forme de crucifix... » : La croix de la crucifixion est en fait un tau, lettre grecque figurée en majuscule par « T » - Cf. conclusion du chap. IX p 262].

[23] (p 252-253) [l’époque des Juges : « La période des Juges » correspond à quelque centaines d’années où les tribus d’Isrraël existent indépendamment. Les Juges sont des « héros » (du grec hèros, demi-dieu) locaux, plus précisément des « sauveurs ». On les appelle des « Juges », parce qu’ils exécutent le « jugement de Dieu », « Son action en faveur de Son peuple ». Le juge a un pouvoir sur une ou plusieurs tribus, mais finalement peu d’autorité. Les rois sont divinement désignés, mais pas les Juges.]

[24] (p 253-254) [ « Josué(Josuah), le célèbre chef de la bataille de Jéricho » : - De l’hébreu Yehôshua « Yâh(wèh), sauve ! »… fils de Noun. Compagnon et homme de confiance de Moïse, qui en fait son successeur pour entrer en Canaan... - Le Petit Robert des Noms Propres. - Le Grand Dictionnaire de la Bible donne la même étymologie (avec toutefois plus de précision) et indique qu’il est de la tribu d’Ephraïm.]

[25] (p 253-254) [Yerubbaal serait aussi un des plus anciens héros. Il change son nom en Gédéon : - Yerubbaal de l’hébreu « Baal se défend » … ou « que Baal fasse grandir » (Le Grand Dictionnaire de la Bible) - Gédéon de l’hébreu « coupeur, tailleur » dans le sens « vaillant soldat », vainqueur des madianites et Juge d’Israël (XII-XIème s. avJC) - Cf. Récit biblique : Juges. VI-VIII - (Petit Robert des Noms Propres). On retrouve ces éléments dans Le Grand Dictionnaire de la Bible.]

[26] (p 255-256) [ Samson : - De l’hébreu Shimshôn, « celui de Shemesh, du Soleil » … juge d’Israël (Juges XIII-XVI). Consacré à Dieu (nazir)… il lutta contre les philistins, en tue mille avec une machoire d’âne… il renverse le temple de Dagon sur lui-même et sur les philistins - Le Petit Robert des Noms Propres. - Selon Le Grand Dictionnaire de la Bible, … juge d’Israël sur lequel le texte bibilique s’attarde le plus avant de parler de Samuel (Jg 13-16). Son nom, simson, dérive de l’hébreu semes, « soleil ». Certains spécialistes ont suggéré à partir de là un lien avec la mythologie du soleil, et ils ont rapproché les exploits de Samson avec les « douze travaux » de Gilgamesh ou d’Hercule… Un nom cananéen aussi commun que celui-ci devait être également employé en Israël. Page 80 / 86 Notes de lecture de Tha.°. Coq.°. « Ecossais de l'Hermione » (Déc. 2019). « La Clé d’Hiram » par Christophe Knight et Robert Lomas – J’AI LU

[27] (p 255-256) [Samuel est un autre Juge important, mais aussi prophète, prêtre et « faiseur de rois ». - Samuel vient de l’hébreu Shemû’él « son nom est Dieu »… Consacré à dieu dès sa naissance, il est rattaché au temple de Silo, puis se déplace dans différents sanctuaires et dirige le peuple. C’est lui qui instaure la royauté en consacrant Saül, puis David… - Le Petit Robert des Noms Propres. - Selon Le Grand Dictionnaire de la Bible, Samuel vient de l’hébreu … « (?) nom de Dieu »… Fils de d’Ammihoud, chef de la tribu de Siméon…]

[28] (p 255-256) [ Saül : De l’hébreu Shâ’ûl « demandé (à Dieu) ». Selon la Bible, premier roi d’Israël (situé vers 1030-1010 avJC)… - Le Petit Robert des Noms Propres. - Le Grand Dictionnaire de la Bible donne la même étymologie…]

[29] (p 255-256) [ David : De l’hébreu Dâwid ,… de dôd « amour ». Selon la Bible, roi de Juda, puis d’Israël (situé vers 1010-970 avJC). Fils de Jessé de Bethléem… - Le Petit Robert des Noms Propres. - Selon Le Grand Dictionnaire de la Bible, en hébreu dawid, parfois dawîd ; la racine et le sens du mot sont incertaines… Plus jeune des fils d’Isaï, de la tribu de Juda, et deuxième roi d’Israël »...]

[30] (p 256-258) [… Salomon , un des fils de David, est sacré roi par Sadok ... : - Salomon : Etymologie, « homme de paix » (en rapport avec sâlôm « prospérité ; paix » ou « restaurer, récompenser »). Roi d’Israël de 972 à 932 avJC, fils de David et de Bethsabée… Son règne marque l’apogée de la puissance d’Israël... - Le Petit Robert des Noms Propres. Le Grand dictionnaire de la Bible ne fait aucun rapport avec shalom et la racine sémitique slm. - La racine « S-L-M » est vocalisée shalom en hébreu et salam ou islam en arabe. Elle recouvre un champ sémantique étendu, comprenant bien-être, sécurité affective et plénitude spirituelle. « S-L-M » a une dimension morale et spirituelle, c'est une plénitude multiforme. Cependant, islam veut aussi dire soumission, être en paix avec plus fort que soi, avec Dieu… (Voir « Soumission » dans le Petit lexique des idées fausses sur les Religions de Odon Vallet).

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30 juin 2020 2 30 /06 /juin /2020 18:24

«  LA CLE D’HIRAM »

par  Christophe Knight et Robert Lomas (1997) - Editions J’AI LU -      

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Arnaud d’Apremont

1ère partie des notes de lecture (en 4 parties)

de Tha.°. Coq.°.  et Elth.°. Bia.°.R.°.L .°. «  Ecossais de l'Hermione  »

Avertissement: rien ne remplacera la lecture captivante de cet ouvrage, ce sont ici de simples notes pour vous orienter vers une lecture personnelle et approfondie de l'ouvrage.

 

« Passé le 3ème grade (degré en anglais), je me posais les mêmes questions que Christophe et Robert. Je dirais maintenant que tout Maître Maçon écossais devrait avoir lu « La Clé d’Hiram ». Le conditionnel est le mode de conjugaison que j’utiliserai souvent pour partager ici quelques connaissances avec vous mes SS.°. et mes FF.°. ». (Le F .°. Tha.°. Coq.°.)

 

(p 7) « Il n’est rien de caché qui ne sera connu, et rien de secret qui ne sortira à la lumière. Ce que je vous dis dans l’obscurité, dites-le en pleine lumière. Et ce que vous entendez dans un murmure, proclamez-le sur les toits ». (Yehoshua ben Joseph connu sous le nom de Jésus-Christ)

 

 

Table des matières des notes de lecture (divisée par nos soins en 4 parties) Nous abordons ici la 1er Partie de nos notes.

(La pagination est celle de l’édition « J’AI LU »  ; elle sert d’indexation  pour les paragraphes et les chapitres de ces notes)

 

1ère partie   

                                                                 

INTRODUCTION  p 9

 

I. Les secrets perdus de la Franc-Maçonnerie  p   11-36

 

II. La recherche commence  p  37

Quelle est l’origine de l’Ordre ? p  37

Le Temple du roi Salomon  p  42

 

III. Les chevaliers du Temple  p  48                                                                                       

Les débuts de l’Ordre des Pauvres Soldats du Christ et du Temple - Hugues de Payns - p  48 

Que cherchaient-t-ils ? p 52

La règle de l’Ordre - Le Concile de Troyes (31 janv. 1128) - p 54

Le sceau de l’Ordre p  59

Organisation de l’Ordre p 59

 

IV. La connexion gnostique (et les premiers censeurs chrétiens)   p 63

Les Evangiles gnostiques  p  3

La résurrection gnostique contre la mort spirituelle  p 66

 

V. Jésus-Christ : homme, dieu, mythe ou franc-maçon ?  p   74

Un enfantement virginal parmi d’autres p  74

Les principaux groupes de Jérusalem (au Ier siècle) - Saducéens, pharisiens et esséniens - p 87

Le témoignage incontournable des manuscrits de la Mer Morte - Qumran -  p 93

La famille de Jésus  p 98

La naissance d’une nouvelle religion - L’Empereur Constantin -   p 99

Vérité dans les hérésies  p 108

Un lien positif entre Jésus et les templiers  p 116

L’étoile des mandéens - Merica - p 122

L’étoile de l’Amérique  p 124

 

Chaque partie des notes de lecture, de la 1ère à la 4 ème partie, comporte  à la fin :

-  Une chronologie

- Des renvois à des notes complémentaires sur l’histoire, les étymologies, etc.

(ces renvois sont numérotés  de [1] à [14] pour la 1ère partie).

 

INTRODUCTION

 

(p 9) Les auteurs, spécialistes de l’histoire de la F.M. ont entrepris des recherches durant six années dans le but de mieux appréhender le rituel maçonnique, « ces étranges cérémonies secrètes ».

- Au centre de la tradition maçonnique se dresse Hiram Abif. Son assassinat raconté à chaque maçon a eu lieu il y a environ 3.000 ans, lors de l’érection du Temple par le roi Salomon. Hiram Abif est « une énigme absolue » ; il est architecte du roi Salomon et son horrible mort est décrite clairement dans l’histoire maçonnique mais n’est pas mentionnée dans l’Ancien Testament.

 

(p 9-10 et 4ème de couverture) Ils établissent un lien entre le rituel maçonnique et l’ancien rituel égyptien du sacre du roi vieux de 4000 ans. Ce rituel s’enrichit en suite d’une cérémonie de résurrection après l’assassinat d’un souverain autour de 1.570 avJC [1] (Cf. renvois en dernières pages). Antécédent direct de la F.M. moderne, ce rituel secret évoluant, jouerait un rôle dans l’édification de la nation hébraïque et dans l’évolution de la théologie juive.

 

 

I. Les secrets perdus de la Franc-Maçonnerie

 

(p 11 à 35) Pour des FFSS maîtres confirmés, la lecture de ces pages peut se limiter à la conclusion sur l’Art Royal.

 

(p 35-36) Voici quelques extraits de la conclusion :

 

Les éléments du rituel maçonnique ne peuvent pas être décrits comme ordinaires :

- Lors de l’initiation, un bandeau couvre les yeux du candidat ; celui-ci est dépouillé de  tout argent et objet métallique, et « on l’habille comme  un hérétique en route pour le gibet… Finalement, on lui dit que l’objet de son dernier grade est d’apprendre à mourir ! »

Le voyage des ténèbres vers la lumière est évidemment important…

La F.M. prétend être plus ancienne que la Toison d’Or… . Elle a pour but l’amour fraternel, la bienfaisance et la vérité. Le personnage central de la F.M. est  Hiram Abif, l’architecte du Temple du roi Salomon. Cet architecte est assassiné par trois de ses « propres hommes »… La légende ou le mythe [ou l ‘histoire ? (Note du rédacteur)] de ce meurtre, est la base de la mort symbolique du candidat, puis de sa résurrection [2] qui le transforme en Maître maçon, quand il est relevé de la tombe et que, « la lumineuse étoile du matin brille à l’horizon ».

 

D’où viennent des idées aussi étranges ? Comment se sont-elles développées et, pourquoi ? Telles sont les questions que posent Chris et Rob.

II. La recherche commence

 

Quelle est l’origine de l’ Ordre ?

 

(p 37) Il existe quantité de preuves montrant que l’Ordre se formalise lentement pendant plus de 300 ans avant l’établissement de la Grande Loge Unie d’Angleterre en 1717, date de fondation où l’existence de l’Ordre est publique. Chris et Rob décident d’étudier l’histoire possible de l’Art Royal avant qu’il « ne devienne public ».

 

(p 38) Trois théories « sérieuses » auraient été considérées par les historiens maçonniques.

 

Première théorie : La F.M. serait la création du roi Salomon. L’A.T. (Ancien Testament) étant la seule source, Chris et Rob ne vont pas plus loin à ce moment de leurs recherches.

 

Deuxième théorie : Les tailleurs de pierre médiévaux auraient développé l’Art Royal pour leur propre progrès moral. Les recherches rigoureuses de Chris et Rob n’ont pas permis de trouver la moindre preuve dans toute l’Angleterre  de l’existence d’une guilde de tailleurs de pierre médiévale. Cependant, il existe des témoignages d’existence de telles guildes dans de nombreux pays européens (Cf. Histoire de la franc-maçonnerie de Gould – Paris  1989). Aucune de ces guildes n’est « britannique »

- (p 39-40) La « théorie des tailleurs de pierre » qui développent l’Art royal ne résiste pas aux multiples raisons évoquées par Chris et Rob. La preuve définitive qui élimine cette théorie se trouverait dans les « Anciens Devoirs »(Old Charges), dont les plus anciens dateraient de la fin du XVème. Les Anciens Devoirs fournissent des règles de conduite  et de responsabilité aux f.m. , règles considérées comme reprises des codes de conduite des guildes médiévales de tailleurs de pierre. Un de ces devoirs stipule qu’ « aucun F.°. ne doit révéler le secret légitime d’un autre F.°. si cela peut lui coûter la vie et la propriété ». A l’époque médiévale, le seul secret maçonnique légitime qui entraîne automatiquement une telle peine si ce secret est découvert par l’État, est l’hérésie, crime contre l’église ne pouvant vraisemblablement pas être commis (ou pardonné) par de simples tailleurs de pierre chrétiens. Alors, pourquoi prévoir un tel motif de culpabilité de ces constructeurs de châteaux et de cathédrales ?

- (p 41) Ces règles n’auraient pas été créées  par de simples tailleurs de pierre, mais par un groupe en marge de la loi du pays. Un autre Devoir de la même époque évoque une ancienne mission particulièrement clandestine… la provision d’ « emploi » pour un F.°. en visite pendant  deux semaines, « terme au bout duquel il fallait lui donner de l’argent et le mettre sur la route de la loge suivante »… vraisemblablement un F.°. en fuite.

Rien  ne soutiendrait la « théorie des tailleurs de pierre », et beaucoup d’indices l’infirment…

- L’image centrale de la F.M. est la construction du Temple du roi Salomon, mais il n’existerait « aucun fil reliant les tailleurs de pierres médiévaux à cet événement ». Voici maintenant la…

 

(p 42) Troisième théorie :L’ordre des Pauvres Soldats du Christ et du Temple de Salomon (Chevaliers Templiers) a été fondé  environ 600 ans avant l’établissement de la Grande Loge Unie d’Angleterre. Peut-être existe-t-il une connexion de cet Ordre avec la F.M. ? L’Ordre disparaît brutalement en octobre 1307, et l’Art Royal apparaît formellement en 1717, soit une cassure de 410 ans qui a fait rejeter l’ hypothèse des Chevaliers Templiers.

- Mais, des éléments découverts récemment viennent renforcer cette hypothèse et les recherches de Chris et Rob ne permettraient plus d’avoir le moindre doute. Chris et Rob s’intéressent à la construction du Temple qui a donné son nom aux templiers et  son thème à la F.M..

 

Le Temple [3] du roi Salomon

 

(p 42-43) « Au sens le plus large », 4 Temples [3] seraient associés au mont Moriah (cité de Jérusalem).

-  Le 1er Temple construit par le roi Salomon il y a 3.000 ans.

-  Le 2ème Temple apparaît dans une vision du prophète Ezéchiel durant la captivité des juifs à Babylone vers 570 avJC. Jamais concrètement construit, ce Temple aura un impact sur les croyances et écrits juifs qui passeront dans la croyance chrétienne.

-  Le 3ème Temple construit par Zorobbabel au VIème avJC après le retour des juifs de captivité.

Le 4ème Temple érigé par Hérode (à l’époque de JC), détruit par les romains en 70 apJC.

 

Le qualificatif de « sage » serait attribué au roi Salomon comme à tous les bâtisseurs et aux rois qui font construire durant les milliers d’années qui précédent le règne de Salomon. Les juifs n’ont pas de tradition architecturale, raison pour laquelle le Temple de Jérusalem est construit par des artisans empruntés à Hiram, roi phénicien de Tyr.

 

(p 44-45) Le rituel du degré de la Sainte Arche Royale (Holy Royal Arch traité au chap. XIII) montre aussi que Hiram de Tyr fournit les matières premières, tandis que Hiram Abif est l’architecte du Temple. Ce rituel mentionne queSalomon et les deux Hiram forment une loge importante et sont les seuls détenteurs conjoints des secrets d’un Maître maçon.

- Clarke et d’autres spécialistes considèrent que ce Temple est presque la copie conforme d’un temple sumérien érigé 1.000 ans plus tôt pour le dieu Ninurta, un petit bâtiment de la taille d’ « une église de village ordinaire anglaise ».

- Le Temple n’est pas construit pour être visité par des hommes comme le seraient une église, une synagogue ou une mosquée. Il est littéralement la Maison de Dieu, un lieu pour Yahvé seul. « Personne  ne peut... dire avec certitude s’il a ou non existé ».

 

(p 45-46) L’architecture du Temple est décrite. Son intérieur est vide, excepté le Sanctum Sanctorum où se trouve un coffre richement décoré en bois de Sethim (acacia), l’Arche d’Alliance qui renferme deux tablettes de pierre portant les 10 commandements et le dieu Yahvé lui-même. Au sommet de l’Arche se trouvent deux chérubins qui gardent le précieux contenu ; ces chérubins ne sont pas des enfants potelés avec des ailes déployées (Cf. peintres de la Renaissance). Ils sont de style égyptien, comme les figures représentées sur les murs et les sarcophages des pyramides.

« les deux piliers, Boaz et Jakin » se dressent devant la porte orientale du Temple.

 

Pourquoi les Templiers choisissent-ils leur nom en référence au Temple de Salomon ?

 

(p 47) L’idée selon laquelle l’Ordre peut venir de Salomon lui-même sous la forme d’une société secrète ininterrompue et cachée du monde, semble impossible. Il ne resterait qu’une origine plausible à étudier, les premiers chevaliers Templiers qui ont fouillé le site du dernier Temple. De plus, des connexions entre ces chevaliers et la maçonnerie sont évoquées par des écrivains.

III. Les chevaliers du Temple

 

Les débuts de l’Ordre  des Pauvres Soldats du Christ et du Temple - Hugues de Payns -

 

(p 48) La croix rouge sur la robe  blanche (ou le manteau blanc) n’est pas l’habit de tous les croisés, mais celui d’un groupe de moines guerriers : les chevaliers templiers. Pendant 200 ans, ils seront puissants ; leurs moyens dépasseront ceux de la plupart des rois ; leur aptitude au combat  sera légendaire et ils seront réputés pour leurs trésors… jusqu’à leur disgrâce le 13 oct. 1307.

Quel serait le lien entre cet Ordre médiéval disparu et les rituels maçonniques « modernes » ?

 

(p 49) Depuis le VIIème siècle, les musulmans gouvernent Jérusalem en bonne intelligence avec les juifs et les chrétiens. Fin du XIème, les turcs seldjoukides prennent le contrôle de Jérusalem et interdisent aux chrétiens de venir en pèlerinage. Les forces de la chrétienté se mobilisent ; les croisés massacrent les musulmans… les juifs meurent avec eux le 14 juin 1099.

(p 49 -50) Après la prise de Jérusalem, les chrétiens de toute l’Europe font le pèlerinage vers la Cité Sainte, un voyage long auquel il faut survivre. Les chevaliers hospitaliers créent une infrastructure  pour les besoins des pèlerins ; l’élément central est l’hostellerie Amalfi à Jérusalem. L’Ordre des Hospitaliers se développe rapidement ; le prieur ajoute « un bras militaire à son Ordre (« des chevaliers le rejoignent ») ; il change l’intitulé de l’Ordre en « Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem ». Ilreçoit la bénédiction pontificale en 1118 et une constitution formelle appelée « règle ».

(p 50) Cette même année, l’Ordre Hospitalier inspire probablement un noble de Champagne, Hugues de Payns(de Payens ou  encore de Payen, Hugo de Paganis en lat.) et huit autres chevaliers qui fondent l’Ordre non officiel desPauvres Soldats du Christ et du Temple de Jérusalem. Selon la « tradition », le roi Baudoin II, patriarche de Jérusalem, apporterait son soutien au nouvel Ordre.

 

(p 51) L’histoire officielle rapporte que, en 1118, ces neuf chevaliers débarquent de France et s’autoproclament« gardiens des routes du désert de Judée menant à Jérusalem ».

Cependant, Foucher de Chartres, chapelain de Baudoin II, ne mentionne pas ces chevaliers dans ses vastes chroniques couvrant les neuf premières années de l’existence de l’Ordre officieux. La plus ancienne preuve d’existence daterait de 1121, lorsque le comte de Foulques V d’Anjou se loge avec les templiers et leur laisse une annuité de trente livres.

De Payns reste 9 ans sur le site du Temple, puis retourne en Occident, peut-être pour recruter.

 

Que cherchaient-t-ils ?

 

(p 52) Il n’existe aucune preuve que les neuf chevaliers fondateurs de l’Ordre Templier accordent   leur protection aux pèlerins. Mais il existe une preuve décisive des fouilles qu’ils accomplissent sous les ruines du Temple d’Hérode. Le chercheur Graham Hancock utilise des commentaires de l’historien Gaétan Delaforge (Cf. « La Tradition Templière dans l’Age du Verseau ») et cite le rapport officiel d’un archéologue israélien qui établit ces fouilles.

(p 53-54) Le lieutenant Charles Wilson(Cf. « The Excavation of Jérusalem »)de la Royal Engineers dirige une expédition archéologique à Jérusalem « au tournant du siècle »(XIXème) ; il fouille profondément sous le Temple et exhume de nombreux objets « identifiés comme templiers ». Robert Brydon, archiviste templier et érudit basé en Ecosse a maintenant une bonne partie de ces objets sous sa garde.

Il est clair que les premiers templiers ont fouillé sous le Temple. Ont-ils vraiment trouvé quelque chose ? Pendant les fouilles, les chevaliers semblent modifier leur plan et, le voyage de Hugues de Payns vers l’ouest, en quête de nouvelles recrues, intervient quelques mois après la mort de  leur bienfaiteur, Baudoin II, en octobre 1126.

 

La règle de l’Ordre - Le Concile de Troyes (31 janv. 1128) -

 

(p 54-55) Sept chevaliers demeurent dans la Cité Sainte. Hugues de Payns part avec André de Montbard, « l’oncle du très jeune mais éminemment influent abbé de Clairvaux (le futur St Bernard) ». Impressionné par l’histoire de ces chevaliers qui reviennent de Jérusalem, Bernard attire l’attention du Pape Honorius II sur l’Ordre balbutiant ; il demande qu’une « règle » soit accordée au petit groupe de chevaliers qu’il a adopté. Cette constitution leur donnerait une légitimité et un statut au sein de l’Eglise ; elle est octroyée le 31 janvier 1128 par le concile de Troyes spécialement réuni. Les Templiers sont maintenant autant des moines que des chevaliers.

 

(p 55-56) Dans la « règle » qui est donnée, aucune mention n’est faite de la protection des pèlerins. Comment la seule raison de la création de l’Ordre pouvait avoir été « si totalement occultée » ?

Une fois admis chez les templiers, un « frère » ne possède plus que son épée dont il prend l’identité et qu’il dédie au service de l’Ordre. La tombe d’un Templier ne porte aucune inscription ; la pierre tombale est rectangulaire, gravée seulement de la forme de son épée.

 

(p 56-57) Dès l’octroi de sa règle, l’Ordre devient très prospère et influent. Deux ans après leur départ, Hugues de Payns et André de Montbard reviennent à Jérusalem. Leur réussite est exceptionnelle ; ils sont riches et accompagnés de 300 nobles recrues sous le commandement d’Hugues de Payns devenu Grand Maître d’un Ordre majeur.

Pour susciter un tel soutien, Hugues de Payns dut présenter quelque chose de très tangible.

Contrairement à la règle, Hugues de Payns serait resté marié à Catherine de Saint Clair, écossaise d’ascendance normande. Il établit le premier préceptorat templier hors de la Terre Sainte sur la terre de sa belle famille en Ecosse, un fait d’une grande importance pour la suite.

 

(p 57-58) Chris et Rob découvrent que, 10 ans après l’obtention de leur « règle latine » originelle, les Templiers se donnent unilatéralement une « règle française » pour remplacer l’ancienne. Il n’est toujours pas fait mention de la protection des pèlerins, mais Chris et Rob remarquent un changement de la base légale de l’Ordre :

- Dans la règle latine, une instruction se lit : « … en outre là où les chevaliers non excommuniés sont rassemblés vous devez aller ».

- Pour la règle française traduite et amendée, la même phrase devient : « … nous vous ordonnons d’aller là où les chevaliers excommuniés sont rassemblés », ce qui implique que les Templiers se trouvent hors de la loi vaticane.

Au regard de ce qu’on sait des Templiers, ce ne serait pas une erreur de traduction.

Le vendredi 13 octobre 1307, le pape et Philippe le Bel mettent « l’Ordre errant » à genoux.

 

Le sceau de l’Ordre

 

(p 59) Le premier sceau des templiers représente deux chevaliers chevauchant sur un même cheval. L’Ordre est prospère et ne manque pas de montures. Chris et Rob supposent que le sceau représente les deux degrés de chevaliers au sein de l’Ordre :

-  Ceux qui étaient les plus avancés et autorisés à partager le secret templier.

-  Ceux en retrait, à l’arrière, qui ne partagent pas ce secret.

 

Organisation de l’Ordre

 

(p 59-60) L’Ordre n’est pas composé que de chevaliers dont le vivier est la noblesse. Il existe deux classes inférieures à côté des « frères » de plein droit :

- Les sergents, recrutés dans ce qui serait aujourd’hui la « classe laborieuse » ; ils portent une croix rouge et leur manteau n’est pas blanc (signe de pureté) mais marron foncé. Ils occupent des fonctions subalternes de soutien…

- L’autre groupe comprend des ecclésiastiques. Ils portent la croix rouge sur un manteau vert et sont les seuls lettrés de l’Ordre. Ce sont des prêtres, chargés des communications ; ils utilisent parfois des codes complexes pour les écrits. Polyvalents, ils pratiquent les langue utiles à la mission (latin, arabe, hébreu, grec) ; ils sont aptes à lire les « textes » et porteraient des gants blancs...

 

La règle oblige à porter des culottes de mouton sous les vêtements extérieurs comme symbole d’innocence et de chasteté. Aujourd’hui les maçons mettent des tabliers blancs en peau d’agneau… Le baucent, étendard de combat des templiers, consiste en deux blocs verticaux blanc  et noir qui  reflètent le mouvement des ténèbres vers la lumière…

 

(p 61-62) Ces parallèles avec la F.M. ne sont pas des éléments de preuves. La question reste de savoir ce que les Templiers ont découvert pour avoir tant influencé leur développement.

IV. La connexion gnostique (et les premiers censeurs chrétiens)

 

(p 63) Au XXème s., les découvertes archéologiques les plus importantes sont :

- Les « manuscrits de la Mer Morte » trouvés dans des grottes du désert à Qumran, 35 km à l’Est de Jérusalem.

- Les nombreux « Evangiles gnostiques » découverts à Nag Hammadi en Haute-Egypte en 1947.

Il reste vraisemblablement bien des documents à découvrir. D’autres ont été exhumés et sont restés dans l’ombre. Les Templiers ont-ils trouvé de tels documents qu’ils ont dissimulés ?

La F.M. est souvent décrite comme « gnostique ». Chris et Rob commencent donc par la bibliothèque de Nag Hamadi, à la recherche d’indices sur ce que les Templiers auraient pu trouver.

 

Les Evangiles gnostiques

 

(p 64)Le mot « Gnose » vient du grec « gnosis » = « connaissance » ou « compréhension ».

La conscience de soi, la connaissance de la nature et des sciences naturelles, sont des chemins vers Dieu pour les gnostiques. La plupart des chrétiens gnostiques voient Jésus-Christ, non comme un dieu, mais comme l’homme qui éclaire ce chemin(Gautama Boudha et Mahomet sont perçus de la même façon par leurs fidèles).

 

(p 64-65) Les Evangiles gnostiques sont au moins aussi anciens que les Evangiles du N.T. (Nouveau Testament). Ecrits en copte sur 52 rouleaux de papyrus, ils datent de 350-400 apJC. La plupart sont des copies de travaux plus anciens de 300 ans. C’est par pur hasard que ces documents sont découverts. Le professeur Quispel de la fondation Jung à Zurich, constate qu’il s’agit de textes inconnus, enterrés 1600 ans plus tôt lors d’une période critique de la formation de l’Eglise catholique romaine. [ (Note du rédacteur ) Le 1er Concile a eu lieu à Nicée en 325 apJC ]

(p 66) La structure de l’Eglise catholique romaine a toujours été dépendante de l’éradication des idées contenues dans ces œuvres non canoniques ou apocryphes.

 

La résurrection gnostique contre la mort spirituelle.

 

(p 66) « Le Traité sur la résurrection », œuvre gnostique, décrit l’existence humaine ordinaire comme une mort spirituelle, alors que la résurrection serait le moment d’illumination où est révélé ce qui existerait. Comprendre cela, c’est devenir spirituellement vivant et « ressusciter d’entre les morts ». La même idée apparaît dans l’Evangile de Philippe qui se moque des « chrétiens ignorants qui prennent la résurrection au sens littéral » : « Ceux qui disent qu’ils vont d’abord mourir et ensuite ressusciter sont dans l’erreur ; ils doivent recevoir la résurrection de leur vivant. »ce qui rappellerait la cérémonie du 3ème degré maçonnique.

 

(p 67-68) L’Eglise gnostique appelle la conception littérale de la résurrection « la foi des fous » et cite la tradition secrète de l’enseignement de Jésus à ses disciples dans l’Evangile de Saint Matthieu (13, 11) : « il vous a été donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, mais à eux cela ne leur a pas été donné. »

 

(p 69) Dans l’Apocalypse de Pierre - gnostique - la prétention de l’Eglise « orthodoxe » (Eglise établie par Constantin) à l’autorité religieuse est sapée par un récit du Christ ressuscité qui explique à Pierre : 

« Ceux qui se donnent le nom d’évêque et de diacre et agissent comme s’ils avaient reçu leur autorité de Dieu sont en réalité des rivières à sec. Ils ne comprennent pas le mystère, et pourtant ils se vantent d’être les seuls détenteurs du mystère de la vérité. Ils ont mal interprété l’enseignement apostolique et ont fondé une initiation d’Eglise à la place de la vraie fraternité chrétienne ».

 

A la bibliothèque de l’université de Sheffield, Chris et Rob trouvent enfin un commentaire  de Elaine Pagels, spécialiste respectée du gnosticisme : « … l’enseignement orthodoxe sur la résurrection ... légitima une hiérarchie de personnes au travers de l’autorité desquelles toutes les autres devaient approcher Dieu. L’enseignement gnostique détruisait cet ordre. Il prétendait offrir à tout initié un moyen d’accès direct à Dieu dont les prêtres et les évêques eux-mêmes n’avaient peut-être pas connaissance. »(« The Gnostic Gospels »)

 

(p 70) La soif individuelle de connaissance sape l’autorité de l’Église « orthodoxe » et le groupe de chrétiens gnostiques est dénoncé comme hérétique pour des raisons politiques.

Ainsi, le concept de « gnose » - connaissance - s’oppose au concept de « foi ».

 

(p 70-72) Le rituel du 3ème degré maçonnique est très marqué par la « résurrection vivante » associée au récit d’un « meurtre... ». Les Evangiles gnostiques font aussi bien des références à la « résurrection vivante », mais Chris et Rob font d’autres rapprochements… on peut se reporter au livre.

 

(p 73) Les Evangiles gnostiques « renvoient de forts échos du rituel maçonnique ». Encouragés par ces découvertes, Chris et Rob décident d’approfondir leur connaissance de l’Eglise chrétienne primitive et considèrent « le caractère unique des affirmations de Jésus lui-même ».

V. Jésus-Christ  : homme, dieu, mythe ou franc-maçon  ?

 

Un enfantement virginal parmi d’autres

 

(p 74-76) « Les grandes lignes de l’histoire du Christ,… de son enfantement par une vierge dans un cadre humble jusqu’à sa mort sacrificielle pour sauver son peuple, … sont aussi anciennes que l’homme. … Il ne s’agit pas ici de ressemblance [4], mais d’une totale  « interchangeabilité » entre … « les figures religieuses majeures de nombreuses cultures ». Parmi ces figures, Gautama Bouddha,  …, Krishna, Zoroastre, Mithra, toutes antérieures au Christ (L’ouvrage donne plus de détails).

- L’histoire de Mithra, culte populaire dans l’Empire romain, est si proche de celle de Jésus, que les Pères de l’« orthodoxie » l’identifient comme l’œuvre du démon voulant parodier l’histoire du Christ. Le « mithraisme » est une ramification syrienne du culte perse  plus  ancien de Zoroastre ; il arrive en 67 avJC dans le monde romain. Sa doctrine inclut le baptême, un repas sacramentel, une croyance en l’immortalité, un dieu sauveur qui meurt et ressuscite pour servir de médiateur entre l’homme et Dieu, une résurrection, un jugement dernier, enfin un paradis et un enfer. Des bougies, de l’encens et des cloches sont utilisés dans les cérémonies. Les fidèles reconnaissent la divinité de l’empereur et sont tolérants vis-à-vis des autres cultes ; ils sont finalement absorbés par les chrétiens beaucoup moins tolérants.

 

(p 77) Le nom de « Jésus » vient de l’hébreu. L’adjonction du titre « Christ » est une traduction grecque de « messie »(messiah ou  mâshîah), terme hébreu/araméen signifiant « celui qui deviendra le roi légitime des juifs », loin du sens de « sauveur par la rédemption des péchés ».

** [Yehoshua signifie Yahvé sauve. « Jésus » est une forme grecque de Josué (Cf. Le Grand Dictionnaire de la Bilble)]

 

(p 78) Norman Cohen (Cf. « Cosmos, Chaos and the World to come ») décrit la situation quand il parle du messie :

« Il sera, tout au plus un grand chef militaire et un sage et juste dirigeant, guidé par Yahvé et mandaté par lui pour gouverner son peuple en Judée.

L’idée d’un sauveur transcendant à forme humaine, si importante dans le zoroastrisme et si centrale dans le christianisme, est totalement inconnue de la Bible hébraïque. »

 

(p 79-81) La Bible hébraïque précède l’’A.T., connu sous le nom de « Septante » [5] ou « LXX ». La bible hébraïque a été traduite en grec au IIIème s. avJC. 22 livres constitueraient le cœur de l’A.T. (Tanakh) [6] ; ils auraient été opportunément élargis par des écrivains chrétiens primitifs pour créer un A.T. « gonflé » avec les livres d’Esdras, de Judith et de Tobie, les deux Maccabées, le livre de la Sagesse, l’Ecclésiastique, Baruch, la prière de Manassé, et, à l’intérieur du livre de Daniel, le Cantique des Trois Jeunes Gens, l’histoire de Suzanne, et Bel et le Serpent. Les personnes qui auraient « bricolé  l’A.T. avec légèreté »  seraient aussi celles qui auraient assemblé le N.T. .

 

(p 81-82) A l’époque du Christ Jésus et de l’occupation de la Judée par les romains, « la politique » est « une matière théologique sérieuse », car la stabilité nationale dépend du jugement de Dieu. Mais nulle part dans l’A.T. il n’est prophétisé la venue d’un sauveur du monde. Les Juifs attendent l’émergence d’un chef qui sera un roi terrestre (un « sauveur » qui les libère de l’occupant romaine) sur le modèle de David. L’Eglise reconnaîtrait que les utilisations chrétienne et juive du terme « messie » n’ont rien en commun. Elle ne devrait donc pas utiliser l’A.T. comme source prouvant la venue de « son Christ ».

- La conception virginale de Jésus est un autre problème pour le courant « orthodoxe » chrétien. La conception issue de l’union dieu/femme est une condition indispensable dans les cultures moyen-orientales anciennes pour tous les dieux-hommes. La justification chrétienne est que Jésus lui-même s’attribue le titre de « Fils de Dieu », mais c’est un ancien titre dont hérite tout prétendant à la royauté. Depuis une époque antérieure aux pharaons, tous les rois ont fondé leur droit à régner sur le fait qu’ils descendent des dieux.

- (p 83) Le procès du Christ est un autre point embarrassant pour l’église « orthodoxe ». « Barabbas le meurtrier », aurait été libéré à la place du Christ lors de son procès. Cependant,  « Barabbas » signifie le fils du « père » [7],  en référence très probable à dieu le « Père ».

- Les premiers manuscrits de l’évangile de Matthieu (chapitre 27 verset 16) utilisent la désignation sous la forme complète : « Jésus Barabbas ». L’individu dont la foule demande la libération serait connu, comme le rapporterait l’Evangile, sous le nom de « Jésus fils de Dieu ». La première partie du nom est supprimée ultérieurement, ce qui permettrait d’éviter des questions gênantes pour l’Eglise. Depuis, il est accrédité que la foule a fait crucifier le Christ plutôt qu’un criminel, vilenie qui serait la cause de 2000 ans d’antisémitisme.

 

(p 84-86) Les Evangiles (N.T.) établissent que cet autre « fils de Dieu » est un rebelle et fanatique juif accusé de meurtre au cours d’une insurrection, accusation semblable à celle portée contre Jésus (Peake’s Commentary on the Bible). Ces similitudes font qu’il est difficile de savoir lequel est libéré.

 

(p 85-86) Considérant l’occupation romaine et la montée du nationalisme en Judée, Chris et Rob ont « une » [et non pas « deux » (Note du rédacteur)] hypothèse sur « la situation étrange rapportée par le N.T. ».

« Deux messies rivaux » ont pu émerger au sommet de leur popularité et être appelés Jésus car c’est le qualificatif donné au sauveur du peuple juif. Afin d’endiguer l’agitation, ces personnages messianiques sont arrêtés, peut-être l’un sous le nom de « Jésus roi des Juifs » et l’autre « Jésus fils de Dieu ». La situation politique devient explosive et Ponce Pilate laisse le choix à la foule pour libérer le « messie royal » ou le « messie sacerdotal ». Cette émergence simultanée de deux messies s’expliquerait peut-être par … l’obligation traditionnelle d’avoir deux messies œuvrant pour la victoire de Yahvé et de son peuple : un « messie royal » de la tribu de Juda, la lignée de David, serait rejoint par un « messie sacerdotal » de la tribu de Lévi. Les deux messies sont arrêtés et accusés d’appeler à l’insurrection. Le Jésus de la lignée royale meurt sur la croix, l’autre est libéré.

- (p 87) Chris et Rob posent la question : « Qui est qui ? ». Selon la croyance « orthodoxe », Jésus est le fils de Dieu. Mais Jésus, né de Marie, prétend être « messie » car issu de la lignée royale de David, cette ascendance étant fondée sur la généalogie de Joseph époux de Marie (premiers versets du N.T.). Cependant, Joseph n’est pas le père de Jésus qui ne peut donc être un messie royal. Sa mère est connue comme une parente de Jean le Baptiste qui est un lévite. Jésus doit donc bien avoir un peu de sang lévite lui-même. Ce ne serait donc pas lui qui serait mort sur la croix. Il y aurait un « vice évident  dans l’histoire chrétienne du messie ». Selon Chris et Rob, la situation réelle deviendra claire « après la résolution d’une énigme maçonnique plus profonde... ».

 

Les principaux groupes de Jérusalem (au Ier siècle) - Saducéens, pharisiens et esséniens -

 

(p 88) Les sadducéens constituent la bureaucratie sacerdotale et aristocratique de Jérusalem. On les appellerait maintenant les « collabos » de l’occupant romain. Ils ne sont « probablement pas très différents  des classes dirigeantes dans la plupart des pays à quelque époque que ce soit ».

(p 88-89) Les pharisiensne sont pas des prêtres mais se vouent à l’application de la Loi « en permanence, et dans tous les événements de la vie ». Ce sont eux qui donnent « les repères du judaïsme orthodoxe moderne ». C’est ainsi qu’aujourd’hui, parmi toutes les prescriptions de la Torah, le livre de la Loi juive, « l’allumage de feux »  est interdit le jour du sabbat.

 

(p 89-91) Les esséniens 

- « On ne peut plus aujourd’hui douter que les auteurs des manuscrits de la Mer Morte que nous appelons… la communauté de Qumran, sont des esséniens ». Ces écrits disent qu’on appartient à la communauté par un engagement individuel, et non par la naissance ; le fondateur sacerdotal désigné  comme le « Maître de Justice » est l’intermédiaire par lequel est établie une « nouvelle alliance », forme ultime de la parfaite union entre le peuple d’Israël et son Dieu. Mais cette alliance est réservée à la seule communauté qui respecte infailliblement les 613 commandements de la Loi. 

- « Les manuscrits de la Mer Morte décrivent un groupe ayant les mêmes conceptions du monde, la même terminologie particulière et précisément les mêmes croyances eschatologiques (attente de l’apocalypse [8]...) que l’Eglise de Jérusalem ».

- Le professeur Robert Eisenman démontre que, vers les 4ème-5ème décennies du Ier s., le chef de la communauté de Qumran est Jacques le Juste, frère de Jésus, que l’Eglise accepte comme 1er évêque de Jérusalem (ce qui est aussi confirmé par le professeur Phillip Davies). En fait, pendant les trois dernières décennies de son existence, la communauté de Qumran était l’Eglise de Jérusalem. Ainsi,...

… le vocabulaire qumranien pénètre le monde chrétien qui n’en comprend pas le sens.

- (p 92) George Wesley Buchanan observe :

« Quand on rapporte que Jésus a dit – Mon royaume n’est pas de ce monde – (Evangile de Jean 18, 36), il ne veut pas dire qu’il se trouvait dans le ciel. Dans l’Evangile de Jean, tous les individus sont divisés en deux groupes : 1/ Ceux du monde et,  2/ Ceux qui ne sont pas du monde. Ceux qui ne sont pas de ce monde incluaient Jésus et ses fidèles qui croyaient en lui. Ils vivaient sur terre. Ils n’étaient pas dans le ciel, mais ils n’étaient pas païens. Ils appartenaient à l’- Eglise - en contraste avec le - monde - . Le - monde - incluait tous les païens et ceux qui refusaient de croire en lui. » (Jésus : The King and His Kindom)

- (p 93) Le mot araméen  rendu en grec avec le sens de « royaume » signifie plus précisément « la terre d’Israêl gouvernée selon la loi mosaïque »(Loi reçue par Moïse). La référence à « la venue du Royaume des cieux » signifie que « le temps est proche où nous renverrons les occupants étrangers… hors de Judée et où nous reviendrons à une stricte observance des lois juives [9] ».

Quand les termes « Royaume des Cieux » et « Royaume de Dieu » sont adoptés par les chrétiens, ils y voient béatement un paradis où les bons se rendent après leur mort...

 

Le témoignage incontournable des manuscrits de la Mer Morte - Qumran -

 

(p 93-95) L’interprétation des manuscrits est dirigée par un groupe catholique. Les chercheurs indépendants (John Allegro, Edmund Wilson, ...) auraient des difficultés d’accès aux documents ; ils perçoivent de la part des chercheurs catholiques une volonté de séparer la communauté de Qumran du christianisme primitif, en dépit des évidences d’identité. Le père de Vaux soutient que « la communauté de Qumran est totalement différente des chrétiens primitifs » et que, Jean-Baptiste, « si proche des enseignements de la communauté », n’est qu’un « précurseur du christianisme ». Mais, « comme le N.T. montre que Jean-Baptiste » est « un personnage central  dans  la formation du ministère de Jésus, une telle connexion estdifficile à remettre en cause ».  En fait, le père de Vaux et son équipe déformeraient les faits pour prouver que la communauté de Qumran et l’Eglise hiérosolymite [10]  ne sont pas reliées. « Cette idée est aujourd’hui obsolète ».

 

(p 95-96) La petite communauté de qumran [11]est très hiérarchisée. Le Gardien ou Grand Maître est tout en haut ; parmi les êtres « inférieurs », se trouvent les hommes mariés, ou pire,... les femmes. L’appartenance à la communauté commence par « un large cercle extérieur » jusqu’à un « sanctum intérieur ». L’initiation aux plus hauts échelons réclame des vœux de secret qui incluent des menaces de châtiments terribles et réels en cas de trahison. Les qumraniens portent des robes blanches, prononcent des vœux de pauvreté et  posséderaient des connaissances secrètes. Tel est le groupe révolutionnaire auquel Jésus appartiendrait, au cœur de la révolte juive qui finalement entraîne une nouvelle fois la destruction de Jérusalem et de son Temple.

*

*    *

(p 96) Quand les Templiers fouillent les ruines du Temple d’Hérode, ils ne peuvent trouver que ce qui aurait été caché entre les 1ères années du Ier siècle et l’an 70, date de destruction du Temple.

Le Rouleau de cuivre, effectivement gravé sur des feuilles de cuivre et trouvé à  Qumran, raconte comment la communauté dissimule ses trésors et ses écrits sous le Temple avant 70, ce que les Templiers auraient découvert. Si la communauté de Qumran et l’Eglise de Jérusalem forment une même entité, les Templiers auraient trouvé des documents chrétiens les plus purs possibles, bien plus importants que les Evangiles synoptiques.

 

(p 97) Les esséniens de Qumran, les chevaliers templiers et la F.M. se retrouvent dans la reconstruction mystique et physique du Temple du roi Salomon. Ce n’est pas une coïncidence ni une manipulation, car « la Grande Loge d’Angleterre et ses enseignements relatifs à la construction d’un Temple… précèdent de plus de 200 ans la découverte des manuscrits de la mer Morte ».

(p 97-98) Le christianisme gnostique, le Nouveau Testament et la F.M. font référence à des « pierres d’angle » qu’on retrouve dans les textes qumraniens. Eisenman et Wise font entre autres cette remarque à propos des liens entre les manuscrits et le christianisme (Cf. texte p 97).

Outre la « pierre d’angle », « l’utilisation du « concept de fondation a des accents familiers ».

 

La famille de Jésus

 

(p 98-99) L’Eglise rechigne à débattre sur le fait que Jésus avait des frères et probablement des sœurs. Pourtant, leur existence est quasi-universellement admise, et depuis longtemps. Ya’acov (Jacob ou encore Jacques dans les versions grecques de la Bible), jeune frère de Jésus, lui survit d’environ 30 ans et sera « responsable de la préservation de ses enseignements authentiques pour qu’ils puissent triompher au milieu de circonstances incroyables ».

 

La naissance d’une nouvelle religion - L’Empereur Constantin -

 

(p 100-101) L’Eglise Primitive de Jérusam est balayée par la guerre contre Rome. A partir de 70, le christianisme s’éloigne de ses origines juives. A Rome, la légende de Romulus et Rémus est reprise avec « deux nouveaux dieux inférieurs… St Pierre et Paul ». L’ « anniversaire » du dieu solaire Sol tombe le 25 décembre et on décide que ce sera aussi le jour de la naissance de Jésus. Le sabbat est déplacé du samedi au jour du dieu-soleil, le dimanche (en anglais sunday, le jour du soleil). Le symbole du soleil se retrouve sur les têtes des représentations de divinités ou de saints sous la forme du halo ou auréole. Pour les citoyens de l’empire romain, la nouvelle religion est « familière et rassurante » ; ils peuvent même demander de l’aideà un Dieu maintenant unique. Le christianisme devient «  un culte de rituels plutôt que d’idées » et « le contrôle politique » prend « le dessus…  ».

(p101-103) Le christianisme fournit à Rome le moyen d’établir une puissance politique sans équivalent, fondée sur des masses peu éduquées qui se voient offrir une meilleure vie après la mort si elles respectent les commandements de l’Eglise. Thomas Hobbes, philosophe et penseur politique du XVIIème exprime la situation :

« La papauté n’est rien d’autre que le fantôme de l’Empire romain défunt, sur la tombe duquel elle trône ».(Thomas Hobbes, Léviathan)

- L’Empire romain est en déclin et se fragmente. Constantin veut reprendre le contrôle. Après l’élimination de son rival Licinius, empereur  de la « partie orientale », il devient l’unique empereur avec le total soutien du culte du Christ, de plus en plus influent. Constantin sent probablement que ce culte doit se développer encore pour maintenir l’ordre et la cohésion, car trop de religions sont encore actives, même dans son armée ; les chrétiens se disputent entre eux, menaçant d’éclater en différents cultes. C’est pourquoi Constantin réunit le premier Concile international des chrétiens, le 20 mai 325 à Nicée(aujourd’hui Iznik en Turquie) pour établir une seule conception officielle du culte chrétien et de leur prophète juif Jésus-Christ. Il fait venir  « des chefs de l’Eglise  de tous les coins de l’ancien monde... ». Les chrétien sont de loin la secte la plus voyante de l’empire et le concile se transforme en parlement du fait du nouvel empire unifié. L’évènement est superbement mis en scène ; Constantin siège au centre avec les évêques autour de lui ; il imprègne de son autorité toutes les discussions et « se positionne comme le Christ - présent - avec ses disciples autour de lui ».

 

(p 104) Constantin s’intéresse principalement au Dieu des chrétiens  qu’il voit comme une manifestation de son propre dieu solaire [12], et à la figure de Jésus-Christ qu’il voit comme un messie juif, exactement comme lui-même serait dans son esprit, le « messie impérial ». Le roi juif a échoué, Constantin réussit…

 

(p 104-106) Le résultat du concile est le « credo de Nicée » qui cherche à réconcilier les divergences  entre les factions et à éviter les « gouffres doctrinaux sur le point de séparer l’Eglise d’Orient et l’Eglise d’Occident ». Arius, un prêtre d’Alexandrie et Athanase un autre alexandrin s’opposent sur la « divinité de Jésus ». Après un vote, Arius perd et son nom est associé à l’ « hérésie arienne ».

 

(p 106) L’hérésie [13] devient tout ce qui n’est pas conforme à ce que dit l’empereur ; elle est considérée comme l’œuvre du diable (celui qui crée la division). De nombreuses Ecritures sont mises hors la loi ; elles sont dissociées des croyances chrétiennes avec l’étiquette « gnostique ».

 

(p 107-108) Constantin accomplit un travail phénoménal pour s’emparer de la théologie juive. Il est l’architecte de l’Eglise, mais ne devient jamais chrétien. L’impératrice Hélène, sa mère, vraisemblablement convertie, fait identifier et repérer tous les sites saints par une église ou un sanctuaire ; la recherche s’étend aux objets saints. Tout semble avoir été « retrouvé »… 300 ans après les évènements et 250 ans après la destruction de Jérusalem. Chris et Rob ne peuvent s’empêcher de penser que Hélène a trouvé ce qu’elle voulait trouver. Quand la famille impériale voit la valeur pratique du christianisme, elle s’intègre dans la célébration publique des légendes du nouveau culte.

 

Vérité dans les hérésies

 

(p 108-109) L’Eglise romaine primitive détruit tout ce qui ne suit pas son dogme au point que, jusque vers le milieu du XXème s., on ne sait presque rien de Jésus-Christ, l’ « homme » qui est le personnage central de la principale religion du monde occidental.

Flavius Josèphe, l’historien des juifs du Ier siècle, ne mentionne apparemment pas Jésus-Christ (sauf dans le Josèphe slavoniqe récemment découvert, à voir plus loin…). La presque totale absence de référence à Jésus serait « due aux ciseaux des censeurs » car l’Eglise romanisée supprime toute preuve qui représente « son Sauveur » comme un mortel et non comme un dieu.

Les chrétiens auraient brûlé la bibliothèque d’Alexandrie en Egypte parce qu’elle renfermait quantité d’informations sur la véritable Eglise de Jérusalem. La plus grande collection de textes anciens au monde a été ainsi anéantie. Néanmoins, toute trace ne pouvait disparaître, d’où l’importance des Evangiles Gnostiques et des manuscrits de la Mer Morte, et même des écrits des Pères fondateurs de l’Eglise officielle qui jettent une lumière... sur ce qu’ils cherchent à détruire.

 

(p 109-113) Certains ouvrages échappent aux censeurs.

-  Chris et Rob citent Clément d’Alexandrie, principal penseur chrétien du IIème s., considéré cependant comme plutôt gnostique. On se reporte à une de ses lettres (reproduite pages 109 à 112) où Chris et Rob trouvent la référence à un Evangile et à une cérémonie secrets, cérémonie dirigée par Jésus lui-même. Peu de doutes subsistent sur cette lettre par la ressemblance entre les références au « jeune homme nu à l’exception d’un drap de lin » et l’incident au moment de l’arrestation de Jésus à Gethsémani que décrit Marc dans son Evangile (14, 51-52) :

« Un jeune homme le suivait, n’ayant pour tout vêtement qu’un drap de lin autour de son corps nu. Et on s’empara de lui. Mais lui, laissa tomber le drap, s’enfuit nu ».

-  (p 113-114) Au vu de cette lettre, Chris et Rob consultent d’autres écrits de Clément dont : « Les Mystères de la foi à ne pas divulguer à tous ». Un passage suggère l’existence d’une tradition secrète en partie présente dans le N.T. ; loin des « paraboles évidentes », ils considèrent « les parties les plus étranges de l’histoire de Jésus-Christ… prises au pied de la lettre par les chrétiens modernes » : la transformation par Jésus-Christ de l’eau en vin, la résurrection des morts,… « Derrière les actes impossibles évoqués, y aurait-il un message crypté ? »

-  (p 114-116) Dans une œuvre attribuée à Hippolyte, un autre chrétien du IIème s., « La Réfutation de toutes les hérésies », Chris et Rob découvrent des récits relatifs aux « naasséniens », une secte hérétique dont les croyances remonteraient à Jacques, le frère du Seigneur. Le texte reproduit page 115 fait référence aux plus anciens mystères de l’humanité détenus par les Egyptiens (après les Phrygiens). Le terme « naasséniens » serait une autre forme de « nazôréens », les fidèles originels de Jésus qui constituent l’Eglise de Jérusalem. Le mode de vie de cette « secte » s’accorde sur bien des points avec celui de la communauté de Qumran.

Le passage cité page 115 serait de caractère nettement maçonnique. Pour identifier une connexion il faudra découvrir le degré de « Royal Arch »(Chevalier de l’Arche Royale)...

 

Un lien positif entre Jésus et les templiers

 

(p 116-117) Originellement, Jésus et ses fidèles sont appelés « nazôréens » (ou nazaréens). Jésus se voit donner ce qualificatif dans Matthieu (2, 23) : « Il vint s’établir dans une ville appelée Nazareth ; pour que s’accomplît l’oracle des prophètes :  il sera appelé Nazôréen. »

Ceci est unpassage sans doute ajouté à une date ultérieure, car Jésus est-il obligé, suivant l’oracle de prophètes disparus, d’aller à Nazareth, ville dont aucune source ne donnerait l’existence au Ier siècle, notamment les registres très précis de l’empire romain ? Etant « appelé Nazôréen », Jésus est désigné comme un membre de la secte nazôréenne et non comme issu de la ville « de Nazareth », affirmation du N.T..

 

(p 117-119) Lors d’une plongée dans la Mer Rouge, Chris apprend que l’endroit où il vient de rencontrer tant de zooplancton et de poissons (suite à l’éclosion annuelle de spores du corail) s’appelle  « Ras Nasrani », « Ras » signifiant « tête » ou « pointe » et « Nasrani »... « une grande quantité de petits poissons ». Peu après, au monastère de Ste Catherine, Chris apprend que « nasrani » est  « le mot arabe normal désignant les fidèles du grand prophète appelé Jésus ».

 

  (p 119) Le terme « nasrani » est-il en rapport avec le « pêcheur d’hommes »,

« qualificatif » donné à Jésus par l’Eglise ? … ou avec l’ancienne association

du prêtre et du poisson ? … ou encore avec les fréquentes ablutions des

esséniens ? Les nazôréens marquent leurs lieux sacrés avec deux arcs qui

forment le célèbre signe du poisson, et le symbole de l’organisation  est

originellement un poisson, pas une croix. Pierre et Jean, peut-être des membres de haut rang de la secte nazôréenne auraient été appelés « pêcheurs... à cause de leur activité de recrutement ».

 

(p 120) La communauté de Qumran est dans le secteur de la Mer Morte, mer qui n’a « pas vraiment de poissons », ce qui rend l’hypothèse de Chris et Rob très plausible. Le N.T. aurait déplacé l’origine de ces « pêcheurs » vers la mer poissonneuse de Galilée (lac de Tibériade), ce qui est prosaïquement cohérent.

Ultérieurement, des chercheurs et spécialistes (Epiphane, Lidzbarski,…) montreront que l’adjectif grec « nazôraios » est utilisé très tôt par les étrangers pour désigner ceux qui finiront par être connus comme des « chrétiens ». Jésus serait un simple membre de la secte, plutôt qu’un fondateur.

 

Conclusions de Chris et Rob :Jésus ne vient pas de la ville de Nazareth. Il appartient à la secte des nazôréens qui se considèrent certainement comme des « poissons ».

 

( p120-122) Chris et Rob découvrent que la secte nazôréenne n’aurait pas disparu et survivrait dans le Sud de l’Irak, « comme une partie de la plus grande secte mandéenne ». Leur héritage religieux remonterait à Yahia Yuhana, connu sous le nom de Jean-Baptiste ! Arkon Daraul écrit  : « Les mandéens, petite mais opiniâtre communauté demeurant en Irak, suivent une ancienne forme de gnosticisme et pratiquent l’initiation, l’extase et quelques rituels qui, a-t-on dit, ressemblent à ceux des francs-maçons ».(Secret Societies)

Aujourd’hui, les mandéens appelleraient leurs prêtres « nazôréens » . Leur nom découle du mot « manda » ou « connaissance secrète ». Ils utilisent une poignée de main rituelle appelée « kushta » = « rectitude, exécution de choses justes ». Quand leurs initiés sont rituellement morts, ils récitent une prière silencieuse. « De la même manière, les mots les plus secrets de la maçonnerie sont... murmurés dans l’oreille d’un candidat Maître maçon quand il se relève de la tombe... ». Selon les mandéens, Jésus aurait trahi les secrets qui lui auraient été confiés...

 

L’étoile des mandéens - Merica -

 

(p 122-123) Selon Flavius Josèphe, les esséniens croient que les bonnes âmes habitent au-delà de l’océan, une terre idyllique vers l’Ouest, parfois vers le Nord, croyance partagée par de nombreuses cultures, des juifs aux grecs et aux celtes. Les mandéens croient que les habitants de cette terre lointaine sont si purs que les yeux mortels ne peuvent les voir. Cet endroit serait marqué par une étoile, « Merica »,de l’autre côté de l’océan. Serait-ce A-Merica ? L’étoile du matin est importante pour les nazôréens et, l’étoile du soir ou étoile de l’Ouest est le même corps céleste, la planète Vénus. Nous verrons que les Etats Unis d’Amérique seront créés sur des principes maçonniques…

 

(p 123) L’étoile du matin est celle vers laquelle tout Maître maçon qui vient d’être « relevé » doit tourner les yeux. Dans le rituel de clôture de la tenue, le V. M. interroge les 1er et 2nd Surveillants :

- Frère 1er Surveillant, où dirigez-vous vos pas ?

- Vers l ‘occident, Vénérable Maître.

- Frère 2nd Surveillant, pourquoi quittez-vous l’orient pour aller vers l’occident ?

- En quête de ce qui fut perdu, Vénérable Maître.

- Frère 1er Surveillant, qu’est-ce qui fut perdu ?

- Les secrets authentiques d’un Maître maçon, Vénérable Maître.

Ces « connexions » peuvent être des « coïncidences », mais cela fait beaucoup de coïncidences.

 

L’étoile de l’Amérique

 

(p 124-125) Les mandéens sont les descendants directs des nazôréens, le même groupe que les Qumraniens. La terre mystique sise sous l’étoile « Merica » pourrait bien avoir été mentionnée dans les écrits secrets que les Qumraniens enterrent sous le temple d’Hérode. Ces manuscrits que les Templiers auraient trouvés, ont pu les informer de l’existence d’un pays merveilleux, de l’autre côté de l’océan. Les templiers ont-ils été « en quête d’une terre sise sous l’étoile du soir... Mérica ? » [14]

- Les navires templiers sont construits pour résister à toutes sortes de conditions, y compris les tempêtes du Golfe de Gascogne. Les techniques de navigation  utilisant boussole, compas et cartes astrologiques, sont « loin d’être rudimentaires ». Si les templiers ont connaissance du pays de l’étoile Mérica, ils sont aussi motivés pour trouver le Nouveau Monde et quitter l’Ancien afin de survivre quand leur Ordre est dénoncé comme hérétique en 1307. Arborant leur étendard de combat naval (un crâne et des os croisés), ils auraient trouvé le Nouveau Monde 185 ans avant Colomb. Reste à trouver les preuves directes de cette idée qui a beaucoup de signification.

 

(p 126-127) Continuant les recherches, Chris et Rob se rendent en Ecosse, au village de Roslin et à la chapelle de Rosslyn, quelques miles au Sud d’Edimbourg. Lors de visites précédentes dans la région, Chris et Rob avaient constaté la présence de nombreuses tombes templières et maçonniques ; ce pays a été important pour le développement de la F.M..

La chapelle de Rosslynest liée à l’histoire de la famille Sinclair. Elle a été réalisée en 1486 par William Sinclair. « Tout l’édifice est décoré intérieurement de motifs à significations maçonniques… et botaniques » ; parmi les plantes figurées, on trouve des cactus aloès et des épis de maïs. Ces plantes du Nouveau Monde  sont supposées inconnues à l’époque. Même si Colomb avait trouvé  ces végétaux lors de son premier voyage entre 1492 et 1494, la chapelle de Rosslyn avait été achevée six ans plus tôt.

 

(p 129) Les décors intérieurs de la chapelle de Rosslyn sont très chargés, avec de  nombreuses manifestations de l’ « homme vert », le personnage celtique symbole de fertilité, noyées dans la « végétation » des motifs botaniques. La chapelle de Rosslyn est un endroit remarquable et magique. Elle relie le christianisme à l’ancien folklore celtique et à la F.M. templière.

*

*      *

 

(p 129-130) Selon Chris et Rob, il s’agit maintenant de comprendre les nazôréens en  remontant aussi loin que possible dans le temps pour découvrir où [et comment (note du rédacteur)]  les éléments de la religion juive étaient initialement apparus. De plus, même si les rituels de la F.M. ont pu avoir été inventés par les qumraniens, Chris et Rob pensent qu’ils sont  plus anciens.

 

 

Nous renvoyons nos lecteurs à la chronologie  page 576 de l'ouvrage.

Renvois aux notes complémentaires (histoire, étymologies,…) numérotés  de [1] à [14]

 

[1]  (p 9-10)  [1.570 avJC... : Datations « avant ou après Jésus Christ », « avant ou après notre ère » ?

Chris et Rob se réfèrent systématiquement à « … notre ère ». La chronologie qu’ils donnent en dernières page indique la naissance de J.C. en l’an 6 avant notre ère. Mais « rien ne permet de dater et de localiser avec précision la naissance de Jésus qui n’est évoquée que dans les deux seuls évangiles de Luc et de Matthieu. Pour eux, Jésus est né sous Hérode, mort quatre ans avant le début de l’ère chrétienne, en 750 selon le calendrier romain (depuis la fondation de Rome). Mais à partir de là, les repères se brouillent. Selon Luc – et lui seul -, la naissance de Jésus a lieu lors d’un déplacement de ses parents à Bethléem - dont Joseph son père, est originaire – pour cause de recensement ordonné par Quirinius, gouverneur de Syrie. Or depuis l’historien Flavius Josèphe (Ier siècle de notre ère), on sait que le recensement  a eu lieu en l’an 6 ou 7 … après le début de l’ère chrétienne !

Jésus est-il né en l’an 4 avant… Jésus Christ ou en l’an 6 ou 7  après lui ? La première hypothèse est de loin la plus fiable, car la référence à Hérode figure chez les deux Evangélistes. La seconde reste cependant troublante. Si l’on en croit le récit de Matthieu, le roi Hérode a appris par des mages la naissance d’un nouveau roi des juifs et aurait fait massacrer tous les petits garçons âgés de moins de 2 ans. Hélas les historiens ne disposent d’aucune trace écrite confirmant à cette date, sous un règne pourtant familier d’actes de cruauté, la réalité de massacres d’enfants à Bethléem » (Henri Tinco – Le monde des Religions nov. déc. 2019).

Pour ces notes de lecture, la datation « avJC » ou « apJC a été adoptée dans un but de simplification.]

 

[2] (p 35-36)[résurrection, du verbe ressusciter qui vient du latin resuscitare - « réveiller » mais aussi « relever » (Dict. Etymologique de la langue française). La résurrection évoquée n’est pas celle du Dogme catholique, mais le fait de renaître en tant qu’initié, par exemple comme F.°.M.°. ou comme membre de la communauté essénienne dont Jésus est vraisemblablement issu. Dans une cérémonie maçonnique, l’initié est « relevé » quand il devient Maître Maçon. La cérémonie du relèvement est emblématique de l’« Art Royal », autre nom de la F.°.M.°..]

 

[3](p 42-43) [Le Temple … : « L’ESPACE SACRE. LE TEMPLE ET LE CIEL – Le mot temple est un terme astronomique. Il vient du latin -templum - qui signifie cercle d’observation. L’évolution de la langue en fit l’édifice sacré où se pratiquait l’observation du ciel, puis un lieu de culte. Son rôle était de relier l’homme au ciel. Il était donc symboliquement construit à l’image du ciel, comme l’affirme au XIIIème s. avJC l’inscription placée sur le parvis du temple de Ramsès II : - ce temple est à l’image du ciel en toute ses dispositions - ... »

(Les Cahiers de la Franc-Maçonnerie - FRANC-MACONNERIE ET ASTROLOGIE (p 31-32) – Ed. Oxus 2014)]

 

[4] (p 74-76) [Un enfantement virginal parmi d’autres… Il ne s’agit pas ici de ressemblance :

Pour la « ressemblance », rappelons ici le mythe d’Isis et d’Osiris : « A la Basse Epoque (1069-332 av. JC)Comme la figure rédemptrice du dieu égyptien (Osiris) dominait le monde antique, on se mit à honorer Isis comme Vierge primordiale, et leur fils - Horus l’Enfant - comme le Sauveur du monde. » - « Osiris » Flammarion 2007 par Bojana Mojsov, égyptologue - (Note du rédacteur)]

 

[5] (p 79-81) [« Septante » ou « Soixante-dix », parce que la légende veut que soixante-dix savants soient venus de Jérusalem à Alexandrie et auraient travaillé indépendamment pour produire des traductions identiques. En réalité, ces traductions s’échelonnent sur plus d’un siècle.]

 

[6] (p 79-81) [« Tanakh » : La Bible hébraïque ou Tanakh se compose de 24 livres divisés en  3 parties : La Torah ou Loi, les Prophètes et les Ecrits. Elle aurait été mise en forme entre les VIII et VIIème s. avJC ; les derniers écrits dateraient du IVème s. avJC après le retour des exilés de Babylone. Le texte définitif est élaboré entre 70 et 110 apJC. Elle a été traduite en grec au IIIème s. avJC pour prendre le nom de Septante. Au Ier et IIème s. apJC, la Bible chrétienne ou Vulgate est organisée en deux parties : l’A.T. et le N.T. traduits en latin par St Jérôme au Vème s.. Elle est officialisée au Concile de Trente en 1546 (Note du rédacteur d’après le site du Service Biblique Evangile et Vie – SBEV -)]

 

[7] (p 83) [« Barabbas » signifie le fils du « père » : Le Petit Robert des Noms Propre donne aussi cette étymologie araméenne : « fils (bar) du père (abba) ». Pour Le Grand Dictionnaire  de la Bible (œcuménique), « Barrabas » est un nom patronymique : « fils de Abba »]

 

[8](p 89-91)[« … les... croyances eschatologiques (attente de l’apocalypse) »

apocalypse : Au sens moderne, c. à d. « fin du monde » (ou fin d’un monde), et non au sens grec traditionnel de « révélation »]

 

[9] (p 93) [«... une stricte observance des lois juives » :

Pour les religieux, Yahvé a abandonné son peuple dans les malheurs parce que la Loi de Moïse n’est pas respectée.]

 

[10] (p 93-95) [ Eglise hiérosolymite :

Eglise hiérosolymite ou Primitive de Jérusalem.  

- Hiérosolymite vient de «  hierosoluma », nom grec de Jérusalem dans le N.T. ; il signifie « originaire de Jérusalem ».

- Parmi les étymologies possibles du nom de Jérusalem, on trouve le terme assyrien de « urusalim » avec « uru » = « fondation » et « salim » référence à la divinité cananéenne « slm » (terme aussi hébraïque) ; le sens du nom serait donc « fondation de Shalem ». L’évolution de la pensée juive aurait fait associer « Shalem » à l’idée de « paix », en hébreu « salom » - Extrait du Grand Dictionnaire de la Bible]

 

[11] (p 95-96) [« La petite communauté de qumran, … peut-être moins de 200 personnes ». Il n’y aurait pas plus de 4000 esséniens au total à l’époque de Jésus]

 

[12] (p 104) [Constantin et son dieu solaire : Il est admis que Constantin est un fidèle du culte du « Sol Invictus » (Soleil Invaincu) dont il est le « grand prêtre. »]

 

[13] (p 106) [hérésie  vient du grec hairesis - « action de choisir, de préférer » - … action qui serait ici contraire à la doctrine issue du concile de Nicée. L’hérésie sera la justification de répressions d’une terrible cruauté qui ne permettent plus de « choisir » ou de « préférer », pas plus dans le domaine temporel que spirituel (Note du rédacteur)]

 

[14] (p 124-125) [« Les templiers ont-ils été « en quête d’une terre sise sous l’étoile du soir... Mérica ? » :

Les trois caravelles de Christophe Colomb  auraient été ornées de la croix pattée des Templiers. Colomb avait épousé la fille d’un ancien Grand Maître de l’Ordre du Christ, qui, au Portugal, avait pris la suite de l’Ordre du Temple. D’autres grands navigateurs comme Vasco de Gamma et Henri le Navigateur étaient eux-mêmes Chevaliers du Christ ; le dernier cité étant  même Grand Maître.]

 

 

 

 

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31 mai 2020 7 31 /05 /mai /2020 19:56

Ce qui suit est un PowerPoint en 18 diapos qui suppose une connaissance préalable et suffisante du symbolisme du grade.

Il est à l'usage des S S.°. car il nécessite bien des commentaires... 

Nous abordons ici les dynamiques cachées établies sur le couple "opposant/composant". Ces dynamiques à l'oeuvre dans l'image mémorielle du grade, justifient les combinatoires de signes qui donneront les "objets symboliques" puis les "appareils symboliques" .

L'opposant  apporte sa richesse différenciée dans une composition ou assemblage vertueux. La différence ou le rejet devient alors complémentarité ce qui permet la construction, la composition d'un objet symbolique doué d'une intention "orientée" vers la Lumière.

L'apprentissage du langage symbolique est donc fondé sur des relations dynamiques, directement liées aux opposants/composants. Ce langage passe par la "LECTIO" d'un réel sacré et séparé contenu entre Terre (Équerre) et Ciel (Compas).

Cette lectio s'organise sous trois aspects spécifiques liés au cotexte (1), au contexte (2) et au phénomène ressenti en soi(3): 

1/ à l'intentionnalité "lumineuse" du rituel, depuis le cabinet de réflexion ,

2/ au cadre général du récit de la construction du Temple c'est la ligne d'horizon des actes positifs,

3/ à la transformation de soi, en superposition de la taille de la pierre, c'est ici toute la transparence spirituelle du réel, telle que ressentie, sans rationalité autre que le double sentiment "d’œuvrer" et d'appartenance à une communauté "Oeuvrière" .

Il y a donc une corrélation entre l'opératif expérimental et l’opérant en soi par une orthodoxie de la triangulation montante et lumineuse (ORA) d'une part, et une orthopraxie descendante dans la matière et en soi (LABORA) d'autre part. Les deux aspects sont indissociables et constituent l'initiation au réel.

Je tiens à disposition le document ci-joint et les commentaires nécessaires, sur demande après tuilage...

E.°.R.°.

 

Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
Le Tableau de Loge des Apprentis, instruction en 18 Points
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26 avril 2020 7 26 /04 /avril /2020 22:02

Les enjeux des dynamiques symboliques.

Sans intention dégagée de la rituélie et des décors de la Loge et sans « Orientation » lumineuse du sens de lecture des symboles, il est impossible de progresser collectivement vers un langage symbolique commun. Cependant suivant la nature du rite et la pratique du rituel, l’intention peut se réduire à une dimension moralisante (Rite Standard d’Écosse) ou tendre jusqu'à une forme théosophique (Rite Écossais Rectifié). Le Rite Ecossais Primitif autorise par ses origines stuartistes et chevaleresques toutes les variations liées à la Tradition. Rappelons à toutes fins utiles que le Roi Stuart est dit « Salomon sur Terre ».

Pour interpréter et comprendre la structure profonde du réel et découvrir ses arcanes , on utilise le symbolisme constructif, celui des bâtisseurs du Temple. Le Temple est défini comme la maison du divin sur terre, autrement dit comme l’endroit le plus sacré et le plus lumineux, permettant la communication entre la Terre et le Ciel. Donc l’accès au symbolisme constructif induit une pratique de la reliance lumineuse entre la Terre et le Ciel.

Si nous taillons notre pierre, ce n’est pas uniquement pour nous connaitre nous-mêmes, mais aussi pour faire des tombeaux pour les vices et les temples à la vertu.

Le temple de la vertu (dimension éthique et immanente) et le temple de la lumière (dimension métaphysique et transcendante) ont ceci de commun c’est qu’ils instaurent la lumière comme principe illuminateur de la conscience. Il s’agit  de prôner la conscience éclairée en toutes matières.

Le principe illuminateur de la conscience est donc ce qui est issu au plan phénoménal du contenu de la loge.

Ce contenu est inaccessible au profane, car il est le produit 1/ du contexte analogiquement ritualisé de la loge, 2/ de ses décors symboliques, 3/ du groupe qui surdétermine, 4/ les épreuves et 5/ pratiques hermétiques, 6/ pratiques verbales et gestuelles du récipiendaire.

C’est cet ensemble conjugué dans le vécu intime du maçon qui fait le secret de l’initiation.

C’est cet ensemble conjugué  et animé au plan symbolique par 3 dynamiques que nous allons étudier :

L’activité et la progression initiatique du franc-maçon reposent sur le ravissement de l’homme à son état contextuel ordinaire vers un état lumineux et profond de perception du réel dans un milieu séparé.

Je dénombre au moins trois dynamiques à l’œuvre dans la démarche initiatique.

Les trois dynamiques sont :

  • La dynamique du franchissement (prométhéisme)
  • La dynamique de la triangulation des opposants en « composants » (dionysisme)
  • La dynamique de la reliance (hermésisme)

On peut résumer ces trois dynamiques en une seule : le mouvement initiatique est généré par une dynamique générale de triangulation : à partir de deux points connus sur un plan donné, on établit un troisième point à atteindre ou à suivre dans un plan supérieur.

La relation entre les objets symboliques qui meublent le paysage maçonnique au nom de cette dynamique peut être étudiée

  • sous l’angle de la relation causale (relation et interaction fondées sur une cause et produisant des effets), ou
  • sous l’angle de l’intériorisation  donnant à la dynamique une présence et une action en soi. Cette présence en soi du symbole est de nature phénoménologique et s’abstrait en partie de la logique causale.

 Nous avons deux intelligences qui œuvrent en matière initiatique,

  • l’intelligence du logicien rationaliste  qui s’attachera au côté opératif du symbolisme constructif et
  • l’approche phénoménologique du réel qui s’attache à l’aspect opérant en soi des combinatoires symboliques. Cette dernière approche est appelée intelligence du cœur, car fondée sur le « réel ressenti ».

Ces deux intelligences participent aux représentations mentales que nous avons de la réalité. L’initiation est une perception du réel profond qui donne à l’observateur un rôle non neutre dans la production du réel.

L’intelligence du cœur nous permet d’investir le non rationnel par "incorporation symbolique" :

On notera que dans le rituel et la légende du grade, le passage entre les deux perceptions du réel se fera par métonymies successives  entraînant des substitutions syntaxiques et sémantiques qui aboutiront généralement à une métaphore. C’est ainsi « tailler sa pierre » deviendra « apprendre à se connaitre » et « tendre vers la perfection » (quasi-métonymie).

L’homme se substitue à la Pierre brute  donc l’apprenti est une pierre brute !!! (Métaphores + Syllogismes) donc le temple de lumière est fait de pierres vivantes, donc l’Homme est le temple,  donc la Lumière est en l’Homme, etc.

Le cadrage de la représentation mentale sera étalonné sur un rituel fait d’images iconiques (Tableau de loge…), de rythmes, de la geste verbale et non verbale qui vont fonder la communauté initiatique.

Nous pouvons donc dire que les trois dynamiques à l’œuvre dans l’initiation maçonnique sont quasi-métonymiques et métaphoriques.

L’initiation artisanale et une initiation à la réalité profonde qui permet d’explorer les structures cachées des formes et des êtres par l’apprentissage des dynamiques qui œuvrent à la représentation d’un réel profond.

I / La dynamique du franchissement

Cette dynamique repose sur la présence d’un seuil et d’un gardien du seuil:

La loge pour le profane vu de l’extérieur se caractérise en 10 points :

Approche des dynamiques symboliques à l’œuvre dans la Loge maçonnique par E.°.R.°.

Lieu SÉPARÉ AYANT UN DOUBLE ASPECT EXTÉRIEUR ET INTÉRIEUR/ Contenant  et contenu mystérieux.

La loge est donc un lieu « séparé » du monde ordinaire, un contenant emblématique, au contenu « secret », « sacré » par son évocation du GADLU et « réservé » de par son langage , par ses rites mémoriels et par ses combinatoires de symboles. Ce lieu est animé et légitimé par le sentiment d’appartenance de ses membres aux sagesses antiques et à une reliance à plus haut.

Sans sentiment d’appartenance et donc sans séparation du monde ordinaire, l’initiation perd son caractère exclusif et sacré et devient un simple processus culturel.

A /  Accès au secret du contenu de la loge.

Le secret est lié l’initiation de ses membres et à leur capacité à entretenir individuellement et collectivement, l’intérêt pour les notions de Vérité de Lumière et de Connaissance, mais aussi d’Unité et d’Universalité. On résume ce secret par notre capacité à percevoir la Lumière. Pour y parvenir il faut modifier notre perception du réel par un « réapprentissage » linguistique symbolique et rituélique.

B / Méthode de franchissement du visible simple au visible profond

Il existe une méthode de franchissement qui permet de passer de l’extérieur à l’intérieur, du monde profane au monde éclairé :

Il convient tout d’abord de répondre à la question du gardien du seuil qui demande : Qui es-tu ?

La réponse figure dans le testament. Le testament philosophique oblige l’impétrant à s’inscrire et se situer dans une triple perspective, c'est-à-dire sur 3 PLANS « SUPERPOSABLES » :

1/ en regard du Divin

2/ en regard de la Grande Nature et

3/ en regard de l’Homme

Ces trois questions philosophiques résonnent dans les trois coups portés à la porte du Temple, la triple batterie, les trois voyages dans la loge, les trois coups portés à la pierre brute, la triple voie ou le trépas (trois pas). Ce sont aussi les trois cavités de l’être qui sont sondées : le Corps de matière formant l’homme, le Cœur pour l’élan vital et la Grande Nature et l’Esprit pour le concept du divin.

Réapprendre à percevoir le réel « élémentaire » dans la chair.

L’initiation est en soi une réinitialisation élémentaire de la réalité en « éprouvant » le corps, l’âme et l’esprit.

A : la Terre,  B : l’Eau, C : l’Air, et  D : le Feu,

L’accès aux niveaux supérieurs de l’interprétation symbolique passe par l’apprentissage d’un réel profond. C’est l’approche symbolique qui permet par analogie de décrire et développer différents niveaux d’interprétation du réel. C’est le symbole qui permet de passer d’un plan de lecture du réel à l’autre. Cette possibilité fonctionne à travers des lois d’analogie et des tables de correspondances qui ne sont rien d’autre que la transformation de l’objet signifiant et objet signifié dans plusieurs niveaux de réalité.

« Il n’y a pas de plus grande initiation que la perception de la réalité » d’après Robert Ambelain 1985, simplement il faut comprendre que le réel issu d’une méthode maçonnique ou initiatique est toujours plus profond que la simple apparence. La réalité est une phénomène ressenti, une réalité en soi dotée d’une immanence et une transcendance. C’est ici que se situe le secret et le sacré, dans la profondeur du réel, dans la capacité de ce réel à nous définir au monde et à nous relier à plus haut... Donc le réel profond est, selon Patrick Leterme, une combinatoire de symboles tirés du réel,  traduits sur des plans différents.

Il y a donc dans le champ de la conscience plusieurs plans superposés que nous devons explorer.

 

C / La RÉALITÉ de la Loge et sa clef d’orientation et d’équilibre

Tout passage dans un univers autre, implique la recherche d’une nouvelle clef de lecture permettant la transformation et la transposition.

Cette clef est révélée dans les dimensions de la loge et dans le catéchisme de l’apprenti. L’étendue infinie de la loge est donnée par ses axes qui sont sa structure « invisible ». Cette structure invisible guide tous actes de construction ou de transformations matérielles et spirituelles, mais aussi la verbalisation et la geste du grade considéré.

La clef donne les dimensions qui permettent tous les franchissements de niveaux (transposition, nouveau point de vue) et la reliance à la Lumière, mais aussi les lois de correspondances: « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » Hermès Trismégiste.

Cette clef doit permettre les permutations et substitutions sémantiques et syntaxiques et favoriser la métaphore (transposition sémantique), et autoriser l’établissement de tables de correspondances.

Les 6 directions de la loge sont : le plan cardinal traversé par un axe, soit une croix tridimensionnelle servant plusieurs plans :

Approche des dynamiques symboliques à l’œuvre dans la Loge maçonnique par E.°.R.°.

Cette croix est très proche du Chrisme bien connu du christianisme  repris par Charlemagne dans sa signature. Il s’associe au Christ et symbolise l’incarnation de la Lumière descendante. Elle se retrouve aussi dans la croisée d’ogives avec au centre une pierre du dôme…

Approche des dynamiques symboliques à l’œuvre dans la Loge maçonnique par E.°.R.°.

Cette croix tridimensionnelle tend vers l’infini et l’incommensurable (Omega) et vers l’unité originale, le Centre des centres (Alpha).

Ci-dessous la clef nous permet les transpositions nécessaires au parcours initiatique dans les 3 plans.

Approche des dynamiques symboliques à l’œuvre dans la Loge maçonnique par E.°.R.°.

II / Dynamique de triangulation axiale

Les dualités et opposants apparents transformés en composants et complémentaires.

A/ Polarité et dualité

La loge s’appuie sur des objets symboliques différents ou opposés que l’on va rendre complémentaires.  

Sur quoi repose la dynamique interne à la Loge ? Sur une combinatoire symbolique triangulaire. Tout mouvement nait d’une tension bipolaire ou duale. Les deux pôles sont opposés et pourtant ils composent la base du mouvement. Si le mouvement suit un cheminement axial vers la lumière, à l’égal des trois pas de l’apprenti alignés vers l’Orient, alors il faut déterminer la base bipolaire ou duale de cette triangulation axiale.

Entrons en Loge et constatons comment s’établit la dynamique de l’initiation :

Elle s’établit par contraste entre une vision profane faite d’apparences inertes et une vision éclairée faite de synthèse constructive. Nous allons confronter deux réalités, la première statique  sans complémentarités clairement établies, et la seconde dynamisante, complémentaire, transformatrice et éclairée.

B/ Une marche axiale

Pour qu’une loge soit un «lieu très éclairé », il y faut une orientation et une perspective. Cette orientation fixe un point à atteindre et exclut les autres directions. L’orientation dans la loge est cardinale et axiale suivant une croix tridimensionnelle  ce qui est le schéma de base de toute architecture sacrée, élaborée en regard de la naissance de la Lumière. Ainsi, notre mouvement ira vers l’Orient et ses objets symboliques.

Il y a donc une dynamique de progression que nous retrouvons dans les pas de l'apprenti. Face à une diversité d’objets ayant des fonctions ou des apparences différentes  nous devons rechercher leur point de jonction « orienté ».

Nous progressons vers la lumière et ce qui la protège. Le Temple protège et héberge la Présence divine synonyme de Lumière. Donc la dynamique de triangulation dans la loge doit tendre vers la lumière ou les objets symboliques qui la contiennent. Ici l’objet au niveau de l’apprenti est « sa pierre » qui doit être taillée pour être assemblée dans la construction du futur Temple. La dynamique de construction oblige à voir dans les objets présents en loge ou sur le Tableau de Loge une combinaison de leurs actions ou fonctions pour atteindre la perfection dans la taille d'une pierre porteuse de la Lumière. La pierre parfaite est l’unité de base, constitutive du Temple et suit la même triangulation axiale donnant à la fois un objet parfait (contenant) d’une lumière parfaite (contenu), c’est la sommation: la forme et la lumière sont superposables dans un même axe de perfection.

 

                C/ Une combinatoire lumineuse et SOMMATION

Résumons la triangulation lumineuse : la marche vers la lumière est soutenue par une dynamique symbolique. La dynamique est fondée sur une série d’oppositions ou dualités apparentes. Ces oppositions de lieux, de couleurs ou d’usages, dans les outils et instruments, grâce à l’intention rituelique et à l’orientation du sens, vont se résoudre en complémentarité donnant naissance à un troisième terme « lumineux ».

La transformation des « opposants inertes» d’un point de vue profane en « composants dynamiques » passe par la combinaison de leurs actions symboliques. Cette réassociation des apparences résulte d’un point de vue constructif.

L’objet symbolique en loge se prête à la combinaison.

 Chaque objet est en interaction permanente avec les autres (voir sur le Tableau de loge).

L’objet symbolique en loge est indissociable de la  combinatoire de langage auquel il appartient (celle de l’apprenti, celle du compagnon, etc.). Ce langage est intentionné par l’objectif à atteindre appelé objet contenant « méta symbolique » (ici le Temple à bâtir !) et un contenu essentiel et inatteignable (la Schekinah ou la Lumière). La relation entre l’objet méta symbolique et son contenant lumineux opérant en soi  est la SOMMATION. La Sommation est une relation entre le signifiant, contenant méta symbolique et le signifié « essentiel ». Cette relation est dictée par:

1/ la dynamique du symbolisme constructif, sa finalité (construire un Temple pour accueillir la Lumière),

2/ par l’intention rituélique (faire naître la Lumière en soi),

3/ par la surdétermination du groupe (confirmer le bien-fondé et la réalité « phénoménale » de la démarche).

Ainsi l’objet symbolique sorti de sa combinatoire et du contexte séparé et sacré de la loge perd toute efficacité phénoménale et par conséquent sa dimension « essentielle » pour retomber dans un contexte culturel exotérique.

Sommation et triangulations montante et descendante

Sommation et triangulations montante et descendante

D/ Inventaire des dualités-différences et oppositions dynamisantes

Les objets présents en Loge sont dédoublés en opposants apparents ou en symétrie, mais qui par l’apprentissage d’un réel profond et le truchement du rituel vont produire un troisième terme dans l’axe de la Lumière. Cette production triangulaire sera double : l’une pointe en haut sera un objet symbolique essentiel ou signifié en essence, l’autre pointe en bas restera dans la loge en qualité d’objet concret porteur de lumière, soit un contenant-signifiant.

Les opposants simples : Ce sont par exemple les cases noires et blanches apparemment opposées qui entrent en relation dynamique,  produisant un troisième terme polysémique le Pavé Mosaïque. Il représente en sommet bas un plan calibré  porteur du trait de la manifestation, en sommet haut le nombre d’or générateur des tracés de lumière.

Les opposants symétriques : Les deux colonnes de part et d’autre de l’entrée et donc opposées symétriquement,  et par leur dynamique composée vont constituer la base d’un triangle dont le sommet « ici bas », c'est-à-dire dans la loge,  est  le Saint des saints, et en sommet haut l’hexagramme ou le triangle lumineux.

Les opposants fonctionnels : Le maillet de bois pour frapper et le ciseau de bronze pour tailler, diffèrent dans leur nature et fonction. Ils vont s’unir dans la même action transformatrice de la matière et produire le sommet « ici bas » dans la loge une forme parfaite, et le chef-d’œuvre lumineux (œuvre de l’esprit) en sommet haut.

Les opposants axiaux : Le fil à plomb et le niveau diffèrent quant à leur fonction et vont s’unir dans la même croix tridimensionnelle. La Clef de construction orthonormée dans la Loge (sommet bas) et centre des centres, sommet haut.

Les opposants cycliques : La Lune gestative et réflexive qui s’oppose apparemment au Soleil rayonnant et par complémentarité triangule l’épée flamboyante dans la loge et l’étoile immuable au centre de l’Orient,

etc.

Approche des dynamiques symboliques à l’œuvre dans la Loge maçonnique par E.°.R.°.

C’est la sommation qui justifie les lois de correspondances vécues en soi comme une réalité, la sommation est une verticalisation phénoménale du réel vécu en Loge.

La triangulation permet de faire d’une dualité une union par un changement d’état et de plan.

D/ L’effet miroir  et sommation:

Comment ça marche  avec les outils du bâtisseur pour un apprenti ?

L’apprenti lors de son initiation fait son premier travail en frappant par trois fois la pierre brute par le maillet et le ciseau. L’acte de bâtir par intériorisation de l’objet symbolique va faire du franc-maçon un acteur et bâtisseur en société comme un bâtisseur en esprit. Ce qui est perçu en loge doit rejaillir dans le vécu.

Nous voyons l’objet symbolique comme un signe complexe, permettant des combinaisons à multiples niveaux d’interprétation, jusqu'à l’essence c'est-à-dire jusqu’à la transparence de toute forme représentée.

Approche des dynamiques symboliques à l’œuvre dans la Loge maçonnique par E.°.R.°.

La sommation est le produit analogique du processus opératif dans la matière dicté par l’intention rituélique et la volonté du groupe. C’est un ressenti individuel et collectif, opérant une transformation de notre vision du réel.

La sommation est le sommet hermétique de la triangulation d’un objet symbolique (ici la pierre brute) par la pensée (la tête), la volonté (le maillet) et l’action séparatiste (ciseau)

En résumé pour l’artifex, la sommation est la face « opérante » et mentale de l’opération sur la matière. Cela implique qu’une pierre se taille toute à la fois extérieurement qu’intérieurement en soi.

triangulations et sommation

triangulations et sommation

On notera que le schéma géométrique « Pensée Volonté Action Opératif-opération » suit le même schéma que les pas du Maître franchissant le catafalque. Ce schéma est la base rudimentaire d’un arbre de vie ou arbre de connaissance, en allant du fondement à la couronne…et inversement.

3 Effets miroirs : sommations entre l’objet et soi.

3 effets miroirs: sommation entre l'objet et soi

3 effets miroirs: sommation entre l'objet et soi

III / Dynamique de reliance à la Lumière.

Superposition  des Contenants sacrés.

 

Comment passer d’un monde à l’autre ?

L’objet symbolique est par sa nature propre métonymique et métaphorique, l’objet métasymbolique l’est aussi !

 

S’il existe une dynamique de franchissement, c’est qu’il existe deux rives ou un dehors et un dedans !

S’il existe une dynamique de triangulation des opposants en composants axiaux, c’est qu’il existe une superposition de plans de progression qui devraient aboutir à la représentation d’un « objet méta-symbolique ».

Cet objet contenant la Lumière est à la fois ultime dans la progression initiatique, et originaire, source primordiale ou archétypale recouvrant toutes les sous-déterminations.

L’objet méta symbolique : les objets méta symboliques résultent de combinatoires d’objets symboliques qui les servent. L’objet méta symbolique est un signifiant ultime dans la voie traditionnelle concernée. Son signifié est une vision en « essence » puissamment évocatrice.

Le signifié essentiel est toujours phénoménal c'est-à-dire qu’il donne à voir quelque chose qui se détermine par le ressenti de celui qui reçoit l’information et qui oeuvre à la représentation mentale du réel.

Exemple d’objets méta symboliques, situés au sommet dans leur voie initiatique déterminant le réel profond des initiés :

La Jérusalem céleste pour la voie sacerdotale (Pontifex) (néotestamentaire) ou la Shekinah (vétérotestamentaire).

L’Arche d’Alliance contenue dans le Temple pour la voie artisanale (Artifex) avec la filière de la pierre, celle du bois (l’acacia et le cèdre) et de la forge (le boiteux)

Le Graal et le Golgotha pour la voie chevaleresque (Rex)

 L’objet méta symbolique est donc l’aboutissement d’un processus graduel qui démarre pour l’artifex, à la Pierre brute et aux Cèdres du Liban pour construire le Temple de Salomon et garder l’Arche. L’objet meta symbolique donne une intention au rituel et aux légendes de grade.

C’est une remontée du Terrestre au Céleste. Cela implique la notion de pluralité d’espaces séparés à différents niveaux. Chaque niveau tente de reproduire le même objet, de manière plus ou moins dégradé, car plus éloigné de la source originelle.

Exemple : l’Homme et la Pierre Cubique à Pointe sont une sous-détermination du Temple, car leur forme parfaite est portée par la même structure essentielle… C’est ainsi qu’ils sont (Homme, Pierre Cubique à Pointe et Temple) parfaitement superposables, car procédant du même dessin et plan divin.

L’objet méta symbolique permet « d’orienter », de donner une perspective, un horizon aux combinatoires symboliques de la filière concernée : ici le symbolisme des bâtisseurs du Temple. D’un point de vue phénoménologique la légende du grade accentue et structure l’intentionnalité dans le ressenti. Dans la voie artisanale, tous les outils, instruments et objets symboliques dans l’enceinte séparée et sacrée de la loge ont une relation au céleste via le Temple. La reliance au céleste est fonction finale d’une loge de bâtisseur, la fonction première étant de transformer la matière et les hommes. L’homme deviendra pierre vivante du Temple.  

La reliance céleste est  bien représentée en loge par la voûte étoilée, la Lune et le Soleil, l’Étoile flamboyante,  les colonnes solsticiales, etc.

Superposition des contenants sacrés

Superposition des contenants sacrés

Homothétie des formes contenantes de contenu sacré ou reliquaire (poupées russes)

Le contenant n’est sacré qu’en vertu de son contenu supposé, suggéré et souvent invisible. Ainsi le Contenu "essentiel " est une "réalité révélée" et vécu comme phénomène ultime de la sommation.

Faisons l’inventaire des contenants sacrés contenant la Lumière :

  • La Loge contenant les outils pour construire le Temple
  • Le Temple de Salomon contenant l’arche d’Alliance
  • L’Arche d’Alliance contenant les Tables de la Loi
  • Les Tables de la Loi contenant l’éthique et la métaphysique de l’homme
  • L’Homme (créé à l’image de son auteur Divin) qui contient une enveloppe corporelle, un cœur et une boite d’os qui deviennent des contenants de l’éthique et de la métaphysique des Tables de la Loi : le corps de matière, l’âme animatrice et l’esprit lumineux
  • L’arche de Noé suit le même principe avec son contenu sacré fait de la diversité des espèces issues de la volonté créatrice divine.
  • Le Graal reliquaire qui contient le sang du Christ, incarnation de la Lumière

Donc tout contenant est sacré par le contenu qui établit une relation « symbolique », une reliance directe ou indirecte au divin ou à la Lumière céleste.

La loge est le lieu de la reliance  par son contenu : le VLS, le nom du Divin, l’Étoile flamboyante ou l’Hexagramme et par l’intention de bâtir  l’objet méta symbolique du Temple !

Par conséquent l’axe de réalisation de soi qui se fait en réalisant le Chef d’œuvre, induit un axe de reliance, car le Temple, la Loge et l’Arche d’Alliance et les 3 réceptacles de l’Homme font l’alliance entre la Terre et le Ciel.

En résumé pour l’apprenti :

La Pierre brute  véritable Pierre vivante est le démarrage d’une transformation en soi (miroir – sommation - métaphore)

On frappe la pierre brute par trois coups (orthopraxie) pour faire état de ses cavités secrètes et les « éveiller » à une Lumière plus originelle (3 quasi-métonymies 3 coups-traumas = 3 cavités)

le 1er coup en résonance avec le corps (activation de l’État Corporel)

Le 2eme avec le Cœur (État d’Âme)

Le 3eme avec l’Esprit (État d’Esprit)

L’intervention initiatique sur ses 3 états à pour fonction d’éveiller et harmoniser  les centres (thérapeutique) et de les aligner dans une reliance à plus haut.

Sorti de la caverne, l’homme se dresse face à la Lumière pour illuminer ses trois centres réceptacles: corporel, vital et spirituel.

E.°.R.°.

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28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 09:59

Un Roi de la lignée Stuart était surnommé par l'aristocratie bienveillante et partisane de "Roi Salomon" ou "Salomon d'Ecosse". Cette appellation(1) de "Roi maçon" se faisait moins en regard de leur qualité de roi bâtisseur, organisateur du métier ou d'ordonnateur de la justice, qu'en revendication d'un titre de  "droit divin" dans la lignée des rois David. C'est cette revendication vétérotestamentaire en plus de leur catholicisme qui mena certains à la décapitation.

Salomon en sa qualité de Roi doit s'adjoindre deux lieutenants capables de mener à bien sa mission "divine " sur terre. Nous sommes dans le schéma  de tripartition classique défini par Georges Dumézil et René Guenon (2), inspirés par les fonctions traditionnelles de l'hindouisme des trois voies initiatiques: la voie du Brâhmane / sacerdotale des Oratores (Salomon-Sagesse), la voie Kshatria / Militaire des Bellatores  (Hiram de Tyr- Force), et la voie artisanale Vaishya / laboratores (Hiram Abi - Beauté). Cette triangulation est "ascensionnelle" ou verticalisante au sens ou elle tire sa légitimité d'une dévolution divine. Cette dévolution est celle tirée de 1 Roi 5 (3) qui est la volonté d'un Dieu architecte dessinant les Plans du Temple. C'est donc par la Légende "architecturée" du grade du Maître que l'on restaure cette idée de mission venue d'en haut au sein d'une maçonnerie continentale en déliquescence. C'est la figure de Salomon et de ses deux sapiteurs Hiram de Tyr et Hiram Abi qui vont diffuser trois idées typiquement stuartistes sous couvert du Devoir: la mission du bâtisseur d'une maison pour le divin, l'idée de roi de droit divin, l'exil et la restauration de l'ordre divin (destruction du Temple/reconstruction) face à l'usurpateur hanovrien. C'est la triangulation stuartiste de la restauration du trône qui se superpose à la dévolution divine au sein même de la Légende et de ses développements ultérieurs.

Pour donner plus d'appui à cette triple prétention, à partir du XVIIIe siècle, la vie et la mort d'Hiram seront organisées comme une réédition des modèles connus touchant à la révélation, on pense à la révélation liée au sacrifice du Christ. Mais si Salomon est dans la lignée des Rois David,  Hiram n'est pas le fils de l'Homme, il est l'un des fils d'une veuve de la tribu de Nephtali. Il est celui qui lit les Plans divins et les met en Oeuvre, il est celui qui détient de Salomon la Parole organisatrice du chantier et donne le sel qui permet au souffre des compagnons de s'associer au mercure des Maîtres. Il est l'alchimiste de la construction du Temple-athanor dont la finalité recroise la Pierre philosophale.

La révélation s'apprécie ici non pas dans sa dimension religieuse impliquant une croyance hors de toute rationalité, mais comme un phénomène touchant à la fois au désir d'éternité de l'homme  relativement à sa fin. Ces deux bornes éternité et finitude se retrouvent dans toutes les notions de "transmission" initiatique  dont le Roi se dit garant, car favorisant la stabilité de l'ordre établi tout en offrant une perspective dans l'au-delà. La démarche initiatique ayant pour fonction principale de transmettre des visions s'associant aux sagesses, il semblait normal que le franchissement de la finitude corporelle puisse déboucher dans une prolongation spirituelle de l'homme. Quoi de plus approprié que de faire intervenir l'acteur majeur chargé de construire une maison pour la Présence du divin parmi les Hommes. Le récit est bien plus qu'une légende, car il touche à la dimension divine. L'homme va se sacrifier pour le Devoir, pour la Règle du métier, pour la Loi qu'il sert et pour les Plans divins qu'il met en Oeuvre. Il est certain que le sacrifice d'Hiram fait partie intégrante de l'Oeuvre initiatique à accomplir. La construction du Temple n'est pas seulement extérieure, elle est intérieure. Nous devons voir la geste d'Hiram comme un phénomène , une scène qu'on nous donne à voir et qui doit révéler quelque chose en nous. Le phénomène se déploie en nous et devient une réalité intime. La chose révélée se soustrait à la relation causale en inversant le sens moral en sens utile. C'est ainsi que le crime  sera plus utile qu’infâme. Infâme pour le compagnon et utile pour le maître et pour la révélation du Temple intérieur. Qui dit Temple dit "porte d'accès",  sans doute s'agit-il de la porte d'accès à la chambre du Milieu, notion très intérieure s'il en est. Donc nous pouvons aborder cette légende hors du cadre rationnel et moralisateur, trop minimal en regard de l'enjeu pour un Maître. En effet il y a deux discours dans ce récit, le premier est relatif aux Petits mystères s'adresse au compagnon récipiendaire, il s'agit d'un fratricide vétérotestamentaire. Le second est relatif aux Grands mystères et s'adresse à celui qui a pratiqué le relèvement intérieur après le triple trauma du corps, de l'âme et de l'esprit, il s'agit dans cette approche plus intérieure d'un parricide néotestamentaire. Ces trois grands coups précédant la chute du "Maître" et son relèvement "intérieur", font écho aux trois grands coups de l'impétrant à la porte du Temple pour y recevoir la Lumière.

La geste d'Hiram   enrichie par sa légende devient un mythe initiatique qui porte le rituel maçonnique. Pour la plupart des versions,  Hiram fut assassiné à la fin des travaux du Temple (vers 1570 avant notre ère) par trois compagnons pour avoir refusé de leur donner la parole secrète des maîtres. La franc-maçonnerie reconnaît en Hiram un Maître architecte, sous représentation du divin architecte. La légende d’Hiram présente des variations d’un Rite à l’autre, mais on constate une structure commune aux différents rites, accentuée par une déclinaison de triangulations axiales et lumineuses.

 

Légende D’HIRAM au REP

Nous étudierons la légende d’Hiram sous trois aspects « phénoménaux » comprenant trois ternaires agissants et lumineux en soi et un binaire destructeur favorisant la métamorphose (la chaire quitte les os) et le recul en soi. Ce double mouvement ayant la Lumière pour horizon sera qualifié d’anamorphose. Le phénomène d’anamorphose est à rapprocher de la notion de catabase et d’anabase du Compagnon devenu Maître que nous avons décrit dans nos précédentes études. Nous proposons le développement phénoménologique suivant:

1/ L’œuvre : le but, les moyens et l’organisation ternaire de son essence, Triangle montant.

2/ Transmission symbolique et initiatique. 

3 / Anamorphose en deux temps:

3a/  le point de vue des 3 compagnons transgresseurs dans cette structure graduelle, aspect binaire "insensé". (Ternaire ascendant inversé - chute - catabase du compagnon)

3b/ le point de vue des Maîtres dans la régénérescence de la Parole et la conservation de l’œuvre. (Ternaire ascendant restauré, essence du grade revélée, changement de plan). 

Il est entendu que le changement de point de vue et de plan dans la même cérémonie, produira sur le récipiendaire une métamorphose de ce qui est vu et ressenti, c'est l'anamorphose du Maître.

1 : L’œuvre,  le But et les moyens pour exécuter les Plans divins

Le Ternaire agissant dans l’Alliance, Unité et alliance des trois voies initiatiques dans la mise en œuvre des plans divins donnés à David :

 Après la mort de David, son fils Salomon étant monté sur le trône d’Israël et voulant travailler à l’élévation du Temple de Jérusalem, écrivit à Hiram roi de Tyr, qui adorait comme lui le Dieu d’Israël, et lui envoya des ambassadeurs afin de faire alliance avec lui.

Les Moyens tirés des 3 règnes, animal, végétal minéral:

Il lui demanda des bois propres à la construction du Temple. Hiram de Tyr donna son accord à Salomon et lui promit tous les bois, pierres et matériaux nécessaires. Les bois furent coupés dans les forêts du Liban, et les pierres furent taillées dans les carrières de Tyr. A cet ouvrage Salomon employait trente mille ouvriers, et les faisait relever tous les quatre mois par trente mille autres. La nourriture de ces ouvriers était payée par Salomon ainsi que leur entretien.

Le Maître architecte spécialiste de l’alliage et de l’architecture :

Hiram de Tyr, désireux de concourir par tous les moyens possibles à l’élévation de cet édifice immortel, envoya vers Salomon un ouvrier, fameux dans le travail de toutes sortes de métaux et très instruit en Architecture. Il se nommait Hiram Abif, il était le fils d’un Tyrien nommé Ur et de sa veuve issu de la tribu de Nephtali.

Légende d'Hiram - Anamorphose du Maître

2 : La transmission et l’organisation symbolique et initiatique :

 Ternaire initiatique

La transmission des plans divins et de l’influx spirituel

Salomon le constitua son maître architecte et lui communiqua ses projets et ses plans, le nommant de plus inspecteur général de tous les ouvriers du Temple.

L’organisation graduelle de la mise en « Œuvre » par les verbalisations les signes et les lieux initiatiques (colonnes)

Hiram les divisa alors en trois classes, celle des Apprentis, celle des Compagnons et celle des Maîtres. Il donna à chaque classe un Signe, un Attouchement et un Mot pour pouvoir reconnaître les ouvriers et les payer ensuite selon leur mérite. Il nomma et désigna ensuite les lieux où il devait les passer en revue et leur remettre leur paiement à la fin de la sixième journée.

Topographie verticalisante de la symbolique des nombres totémiques par réduction 

Les Apprentis qui étaient au nombre de soixante-dix mille étaient payés à la colonne J.  (Nombre 7 extérieur au Temple)

Les Compagnons étaient au nombre de quatre-vingt mille, et ils étaient payés à la colonne B. Ces deux colonnes, ainsi que vous le savez, avaient été élevées sur le parvis du futur Temple. (Nombre 8 extérieur au Temple) 7+8 =15=3 (nombre symbolique de l’apprenti) X 5 (nombre symbolique du compagnon)

Les Maîtres, au nombre de trois mille six cent soixante, recevaient leur salaire dans (3+6+6=15 ; Nombre 15 ici intérieur au Temple nombre secret des Maîtres somme des dimensions de la croix tridimensionnelle)la Chambre du Milieu de la Loge érigée sur le chantier.

Ternaire délégué sur le chantier garant des classes et de l’ordre

Tels étaient les engagements que cet homme illustre avait pris pour payer les ouvriers, mais comme il n’aurait pu subvenir à tout, Salomon lui donna deux adjoints qui portaient le nom de Surveillant, le premier était proposé pour payer les Compagnons et le second pour payer les Apprentis. Ils avaient également l’inspection sur les ouvriers chargés de la police du chantier, comme d’accommoder les différents qui pouvaient naître entre eux.

 

Légende d'Hiram - Anamorphose du Maître

3/ Anamorphose

3a : : Le point de vue des Compagnons, adombrement crépusculaire de l’œuvre

Triangulation du sel-

Transgression de l’ordonnancement des grades par un ternaire inversé (cupide)

Mobile du Parricide et du fratricide : le langage sacré,  la geste du sel-salaire

Il se trouva que trois Compagnons, mécontents des salaires qu’ils recevaient, imaginèrent de demander à Hiram le Signe, l’Attouchement et le Mot des Maîtres, et se proposèrent de l’obtenir de gré ou de force.

Le sixième jour la veille au soir du septième jour réservé au repos du Divin

Hiram avait coutume à la fin de chaque semaine de faire une revue générale de tous les ouvrages en cours.

Triangulation des portes d’accès au secret qui est dans l’Oeuvre

L’embuscade aux 3 sorties de l’œuvre à bâtir, adombrement de l’Œuvre, les compagnons n’entrent pas dans l’Oeuvre :

Les trois scélérats attendirent donc que les ouvriers fussent sortis. Ils allèrent se poster, l’un à la porte de l’Orient, l’autre à celle du Midi, et le troisième à la porte de l’Occident.

Les trois coups portés au « Chef de l’œuvre », les trois portes, les trois instruments et outils dévoyés de l’Œuvre (contresens et non-sens dans l’usage sacré des outils)

Hiram ayant fait sa ronde habituelle et allant se retirer, se présenta à la porte de l’Occident, et le Compagnon qui s’y trouvait lui demanda le Signe, l’Attouchement et le Mot des Maîtres. Hiram s’y refusa et lui promit de les lui accorder lorsqu’il aurait mérité de passer Maître. Le Compagnon persistant toujours à les lui demander et voyant qu’il ne pouvait les obtenir, lui frappa la tête avec une règle, ce qui l’étourdit. (La règle est ici la Loi dévoyée)

Le Très Respectable frappe le front du Postulant d’un coup de Maillet : O

Le Très Respectable - Revenu à lui, Hiram tenta de s’échapper par la porte du Midi, mais il y trouva le second de ces scélérats, qui lui fit les mêmes demandes, qu’il refusa également. Ce que voyant, ce Compagnon employa alors les menaces, ne produisant sur Hiram aucun effet. Transporté de colère devant ce refus, il frappa Hiram d’un coup de Marteau sur la tête, ce qui le blessa dangereusement. (Le marteau est celui du forgeron, c'est l'outil "métallique" par excellence.)

Le Très Respectable frappe le front du Postulant d’un second coup de Maillet :O

Le Très Respectable - Hiram s’enfuit vers la porte de l’Orient où il eut beaucoup de peine à parvenir. Il y rencontra le troisième des assassins, qui le menaça de le tuer s’il lui refusait les Signe, Mot et Attouchement des Maîtres. Hiram lui fit la même réponse qu’aux deux autres, lui déclarant qu’il ne pouvait les lui accorder de cette manière, que seule son application au travail pourrait un jour lui mériter ce grade, et qu’alors lui Hiram les lui donnerait volontiers. Mécontent de cette réponse, le misérable insista par la force pour lui arracher les secrets des Maîtres, mais Hiram continua de les lui refuser avec la plus grande fermeté. Alors le misérable le terrassa d’un coup de levier sur le crâne. (Le levier est la puissance démultipliée, ici la puissance d'adombrer.)

Le Très Respectable frappe le front du Postulant d’un troisième coup de Maillet O

et fait silence quelques instants.

Triangulation des portes pour passer "au-delà".

Morale et enseignement du sacrifice d’Hiram et de la chute des compagnons

Le Très Respectable - C’est ainsi que le plus respectable de tous les Maçons aima mieux perdre la vie que de communiquer le secret des Maîtres à des Compagnons indignes de le recevoir. (Hiérarchisation des plans).

Enterrement profane sur une montagne sacrée, passage de la triangulation lumineuse au binaire adombré. (La pointe axiale et lumineuse du triangle disparue, il ne reste que le binaire de base, c'est l'adombrement de la chute -catabase, ou triangle pointe en bas.).

Comme il était encore jour, les trois assassins n’osaient le sortir du Temple; ils le dissimulèrent sous quelques lourdes pierres, et lorsque la nuit fut venue ils le transportèrent sur le mont Hébron, où ils l’enterrèrent à proximité d’un acacia. (Fin de l'épisode compagnonnique, je précise que le Mont Hebron et l'endroit ou sont enterrés Abraham et certains patriarches, nous sommes ici dans le point final de l'Ancien Testament. Va suivre avec l'épisode des Maîtres une nouvelle ère, celle de l'incarnation de la Lumière...).

Légende d'Hiram - Anamorphose du Maître

3b : Le point de vue phénoménal des Maitres : recherche de l’influx spirituel et de l’incarnation de la Lumière par le sacrifice

Le But - Retrouver Hiram « mort ou vif » pour finir la construction du Temple :

 - c’est retrouver la Lumière pour lire les Plans et achever le Temple pour les Maitres,

- c’est aussi retrouver le salaire c'est-à-dire le sel pour stabiliser le soufre expansif centrifuge du compagnon et le mercure dissolvant centripète du maître!

Sept jours s’étant écoulés  et Salomon ne voyant plus paraître Hiram, fit cesser les travaux du Temple et ordonna des recherches afin de savoir ce qui était advenu au Maître d’oeuvre. Mais ne recevant toujours pas de nouvelles, il rendit un édit par lequel il déclarait qu’aucun ouvrier ne serait payé avant que l’on eut retrouvé Hiram mort ou vif.

Les  Moyens : une quête en 3X3 pour les trois sorties et les trois mauvais compagnons

Il ordonna alors à neuf Maîtres de s’informer auprès de tous les Maîtres, Compagnons et Apprentis s’ils n’auraient quelque indice de la disparition d ‘ Hiram.

Ces neuf Maîtres exécutèrent ce que Salomon avait prescrit en questionnant ici et là quelques Compagnons, car ils soupçonnaient ceux de ce grade d’avoir assassiné Hiram pour en obtenir le Mot de Maître. Mais ce qui les confirma davantage en leurs soupçons, ce fut qu’ayant visité toutes les Loges où demeuraient les Maçons par nombre séparé, ils constatèrent que trois Compagnons avaient disparu.

Régénération de « la Parole » à partir du corps reliquaire (le sel retrouvé permet de fixer l’œuvre en stabilisant l’action du soufre et du mercure dans le Temple athanor)

La méthode de régénération un ternaire au cube et le 9eme jour sur le mont des patriarches lieu ou est enterré Abraham

De concert avec les neuf Maîtres, Salomon décida que si on découvrait le corps d’Hiram, le premier mot (Parole première renouvelée !) qu’ils prononceraient serait celui dont on se servirait par la suite pour distinguer les Maîtres des Compagnons, et que le Signe et l’Attouchement seraient également changés. Les neuf Maîtres après avoir fouillé très minutieusement tous les recoins du Temple se divisèrent en trois groupes de trois. (3 au cube)

Trois sortirent par la porte d’Occident, et trois par celle du Midi, et trois par celle d’Orient, avec la décision de ne pas revenir, qu’ils n’eussent quelque nouvelle d’Hiram. Ils eurent attention en faisant cette perquisition de ne s’éloigner les uns des autres que de la portée de la voix. Après avoir cherché pendant huit jours inlassablement, ils parvinrent le neuvième sur le mont Hébron. (Le 9 annonce un changement de cycle et de plan!)

La sépulture sous l’acacia

L’un d’eux, harassé de fatigue, se reposa sur le sol, mais sentant que la terre s’affaissait sous lui, il constata qu’elle avait été récemment remué, ce qui le surprit d’autant plus que cet endroit était, comme ses environs, inculte, graveleux et stérile. Il appela les autres Maîtres et s’étant assurés que quelqu’un y pouvait être enterré, sans plus avant ils résolurent d’en instruire le roi Salomon, mais pour mieux retrouver l’emplacement à leur retour, ils coupèrent une branche de l’acacia qui se trouvait à peu de distance, et ils la plantèrent sur le lieu où ils se proposaient de faire une fouille au retour. Ayant rendu compte à Salomon de leur découverte, ce prince les engagea à y retourner, et à creuser l’endroit ainsi repéré.

La découverte phénoménale d’Hiram du corps à la relique : anamorphose et révélation d’une transmission post mortem

 - Les neuf Maîtres retournèrent sur le mont Hébron et commencèrent à fouiller la terre. Ils reconnurent alors que c’était bien le cadavre d’Hiram qui y était dissimulé.

(Le catéchisme nous donne les dimensions de la sépulture, synthèse de la croix tridimensionnelle : « Trois pieds cube ».)

Tous portèrent alors sur la poitrine la main droite, et tenant la gauche tendue en signe de douleur et d’horreur, comme si on voulait éloigner une vision odieuse. Ensuite l’un d’eux prît le petit doigt du cadavre et prononça le Mot JAKIN; le second prit le pouce du cadavre et prononça le Mot BOZ, et le doigt lui resta dans la main. Le troisième Maître le prit par le poignet, et sentant qu’il se séparait du bras il dit simplement : « MAK BENAH » La chair quitte les os...

Réintégration du corps dans le Temple : nouveau mot, nouveau paradigme passage du binaire profane au ternaire sacré, restauration de la Lumière intérieure.

Étant ainsi convenus que ce dernier mot prononcé serait dorénavant celui des Maîtres, ils achevèrent d’exhumer le corps d’Hiram pour lui rendre les derniers devoirs. Ils le transportèrent dans le temple décidé par Salomon, où il le fit inhumer dans un tombeau où s’élèverait plus tard le Saint des Saints. (Le catéchisme nous donne sa dimension de Trois pieds de largeur, Cinq de profondeur et Sept de longueur- le maître intérieur jusqu'alors replié sur lui-même (3X3X3 position fœtale) se déplie en soi).

Renaissance de la  triangulation lumineuse - Lumière intérieure éternelle et incorruptible comme l’Or.

Il y fit incruster un médaillon en or portant un triangle où était gravé le Mot nouveau des Maîtres: Mak Benâh. C’est en souvenir de cela que les Maîtres Maçons portent les gants blancs malgré leur chagrin, afin de proclamer qu’ils sont innocents de la mort du Maître Hiram. (Instruction du grade : M . A. K . B. N . H. Que signifie ce mot? Fils de la Putréfaction ou Fils du M.. mort (exactement: Il vit dans le Fils).

Que voulez-vous dire par cette définition? Que c’est du compost hermétique Universel que l’Architecte dégage l’ultime ferment Spirituel.)

Frère Compagnon, vous venez de constater par ce récit qu’un Maçon doit préférer la mort (qui conduit au déploiement du maître intérieur) plutôt que trahir son serment de fidélité et de silence (plutôt que de rester en position fœtale).

Légende d'Hiram - Anamorphose du Maître

Point de vue de Compagnon

Quelle est la position du récipiendaire du grade.

En sa qualité de compagnon, il vit le récit du grade comme un compagnon. Tout compagnon intègre la transgression par son pas de côté. Il est donc au premier chef concerné par la transgression de ses frères. En sa qualité de récipiendaire il est tout au long du récit situé dans la loge en contrepoint des trois mauvais compagnons. Ainsi il entre par son observation participative en coparticipant de la transgression.

Il est donc intégré en sa qualité de récipiendaire compagnon, au schéma tridimensionnel de la geste du grade. Il se situe précisément au Nord, là où il n’y a pas de porte de sortie. Les trois mauvais compagnons occupent les autres portes. Ainsi le plan d’exercice compagnonnique est complètement occupé dans ses axes cardinaux, laissant au centre une intersection qui sera occupée par le corps d’Hiram ou son catafalque qu’il faudra franchir. Ce centre est le noyau phénoménal, la source de la légende et sa finalité. C'est par ce centre appelé "Milieu" que tout commence et tout se transmet, c'est le but même de l’initiation du grade, une mise en scène phénoménale, sans causalité rationnelle et donnant une révélation intuitive.

Point de vue du Maître

Le Maître n’est pas dans le même conditionnement que le compagnon, il a franchi la fosse.

Il va au secours d’Hiram dans le but de retrouver le secret du sacré, appelé Parole perdue, qui permettra le fameux changement de Plan de lire le plan Divin et finir la construction du Temple en soi.

Pour le Maître, la mort ouvre sur autre chose sur un ailleurs « divin » qu’on préfère à la vie. C’est le Devoir de l’architecte que de montrer la direction de la vraie porte d’accès à la chambre du Milieu. Cette porte n’est pas sur le même plan que celles barrées par les trois mauvais compagnons, c’est une porte intérieure qui accède au Centre des centres, en soi...

La légende et le mythe associée à une geste sémiotique sont de bons moyens pour créer un événement complexe, un phénomène qui saisi le récipiendaire participant en le faisant changer de paradigme, ou d'horizon . Désormais d'une revendication salariale nous passons à l'éternité par le sacrifice. Le concept n'est donc plus efficient pour faire un lien de causalité raisonnable dans une situation aussi paradoxale. 

Si le concept seul ne suffit plus c'est l'intuition qui prend le relais pour accepter que la parole substituée est une transmission post-mortem ou reliquaire. La légende d'Hiram ne peut se déployer que dans le for intérieur du récipiendaire, ce vécu sera surdéterminé par le groupe des maîtres. Ceci justifie le relèvement vécu physiquement et intuitivement par le récipiendaire et la chambre du Milieu spécialement réunie.

E.°.R.°.

Article en construction dernière retouche le 01/03/2020...

1: L’appellation " Salomon", "Salomon d'Ecosse" ou "Roi maçon" voir Marsha Keith Schuchard restoring the Temple of Vision Chap IV et David Taillades HiRaM p 53 Éd Dervy. On notera que que la fonction royale emporte l'art du Trait , de la géométrie sacrée et que nombre de roi Charlemagne notamment se situent dans la lignée de David.

2: Sur la Tri fonctionnalité Georges Dumézil: Les Dieux indo-européens, Presses universitaires de France, 1952. Relire René Guénon 

3: 1 Roi 5 , Salomon intervient à la place de son père David  et dans (1 Chroniques 28:19) "Tout cela à été écrit de la main de l’Éternel qui m'en à donné l'intelligence" déclare David lorsqu'il donne à son fils Salomon les Plans avec mission de les mettre en oeuvre.

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31 janvier 2020 5 31 /01 /janvier /2020 23:08

L’infini, l’au-delà, et la franc-maçonnerie.

Initiation maçonnique aux changements des plans.

Nous naviguerons dans l’insondable, entre les infiniment grands et les au-delàs, dans le nadir de l’enfer et le zénith de la Lumière des croyances, mais avant d’aborder ces notions nous ramènerons toutes ses perceptions à la réalité. Cette réalité est celle de l’homme qui pense l’incommensurable par ses propres sens, proportions et angoisses.

Nous poserons notre analyse maçonnique de ces deux principes sous couvert du réel vécu ou ressenti, c’est-à-dire de ce que l’homme ressent comme vécu dans son être. Il s’agit donc d’accepter le caractère phénoménologique[i] de l’infini et de l’au-delà.

L’homme ne perçoit le réel qu’autant que ses sens et son imagination lui permettent d’en dépasser les limites. Or traiter de l’infini ou de l’au-delà c’est outrepasser les limites de ce qui se montre, il s’agit dans les deux cas de faire une incursion dans ce qui est perçu ou ressenti au-delà du visible !

Vous ne verrez jamais ni l’infini ni l’au-delà, vous les représenterez en fonction d’acquis culturels et philosophiques : si l'infini est la contrepartie du fini, l’au-delà serait la contrepartie de l’ici et maintenant. Nous avons un principe de symétrie en miroir entre le visible et l’invisible. C’est aussi l’objet de notre rapport au réel dans toutes ses dimensions qui est ainsi posé.

Le questionnement de l’infini et de l’au-delà en termes de représentations mentales nous permettra de postuler que « l’infini par son incommensurable étendue, fût-il mathématique et rationnel, est la porte d’entrée dans l’au-delà par le changement d’état[ii] qu’il suscite ». (Postulat1).

I — L’infini ou « le Principe de non limitation »

1 / Le mélange historique des mathématiques et de l’ontologie via l’hermétisme traditionnel :

L’infini à une double acception qui provient de l’époque où les mathématiques, la métaphysique et la théologique étaient liées dans une même rhétorique : l’infini se définirait doublement comme une quantité sans limites, mais c’est aussi une qualité, une des puissances du divin. Cette double approche quantitative et qualitative continue d’exister dans l’inconscient collectif et s’associe facilement avec le symbolisme axial auquel les francs-maçons sont formés.

Les premiers Grecs à qualifier l’infini dans une proximité divine seront les néo-platoniciens avec la notion de « Bien au-delà de l’essence », c’est-à-dire un infini surplombant les multiplicités de la contingence. La Bible dans l’Ancien Testament introduit aussi l’unicité du divin, inconnaissable et inatteignable. Cette approche herméneutique de l’infini sera confirmée par l’En Sof de la kabbale qui littéralement veut dire l’in-fini : splendeur au-delà de ce qui se conçoit.

L’infini d’Aristote n’était pas l’infini des modernes. Pour Aristote le ciel, la cosmologie était un monde fini doté d’étoiles fixes, puis l’organisation géocentrique de Ptolémée et ses épicycles dominera, avec une Terre centre de l’univers et sept planètes. L’antique géocentrisme sera remis en cause progressivement, suite à l’apport de l’Héliocentrisme copernicien de 1543. En 1600, Giordano Bruno sera brûlé sur un bûcher par l’inquisition pour avoir contesté le géocentrisme, introduisant le principe de pluralité de galaxies, il sera le philosophe de l’infinité. Galilée sera condamné par l’église pour avoir soutenu la thèse copernicienne en 1633. Pour Descartes père du doute méthodique, Leibniz auteur de calcul infinitésimal avec Newton, voir Kant, l’infini de Dieu est en rapport direct avec l’infini spatial et l’infini temporel ou cyclique : c’est le principe de non-limitation qui affecte le divin et le monde. Blaise Pascal en 1670 tentera une approche géométrique du « hors limite » : « Dieu est une sphère infinie, dont le centre est partout et la circonférence nulle part »

2/L’infini et la transcendance.

On voit donc se dessiner à partir de « l’infini attribut divin », l’idée de transcendance divine qui est sans limites par nature. Il s’agit pour Anselme de Canterbury de « l’Être tel qu’on n’en saurait concevoir de plus grand ». L’infini est donc lié au divin qui ne se limite pas et qui n’est pas mesurable. Donc pour nos anciens mathématiciens, l’infini conserve une dimension irréelle et initiatique proche de l’ontologie. L’infini constituait un attribut divin et source d’interrogation par l’irrationalité de sa suite c’est-à-dire par l’impossibilité de lui donner une limite. 

À cette transcendance de l’infini, Descartes répondra par l’infinie volonté libre de l’homme, puis Hegel poussera cette infinie volonté jusqu’au concept dangereux d’homme libre et de surhomme quasi égal du divin.

Enfin Spinoza conclura que l’infini du monde et donc des mathématiques et l’infini de Dieu ne font qu’un : Dieu est un « être absolument infini ».

Nous voyons donc se dessiner un infini à plusieurs significations conceptuelles. Quoiqu’il en soit la transcendance admet par principe le changement de plan, induisant une verticalisation du langage jusqu’à l’innommable ou l’imprononçable nom de Dieu…

3/ Autonomie des infinis mathématiques

Pour autant, la mathématique se libère de la métaphysique en finalisant son objet, mais il est reconnu que le mathématicien Cantor Georg en 1870, sur la base de la théorie des ensembles et de la notion d’appartenance, sépare nettement l’infini opératoire des mathématiques,  de l’infini conceptuel de la métaphysique.

Je cite seulement 3 exemples de découverte des infinis mathématiques :

1/au plan mathématique les Grecs par Zénon d’Elée, déjà affirmaient que toute droite est sécable en une infinité de points (cet exemple concernant la ligne s'adresse au pas de l'apprenti).

2/le deuxième apport à l’infini mathématique nous intéresse au premier plan. Il est en rapport direct avec le pavé mosaïque et les cases carrées qui le composent, mais aussi avec le carré long et son hypoténuse. Ce fut la « découverte », de l’irrationalité de la diagonale du carré d’Euclide  √2 ou de 5 pour l’hypoténuse du carré long. C’est aussi le cas du nombre π bien connu des compagnons, et le nombre « e ». L’irrationalité est sans rapport de proportion avec les nombres entiers, c’est le lieu sans forme distincte, sans ombre, sans étendue , non mesurable. C’est un multiple sans fin dans ses décimales : c’est un changement d’état en regard d’un rapport naturel au nombre! (cet exemple concernant le plan s'adresse au pas du compagnon).

3/Le Passage à la limite dans le calcul infinitésimal de Leibniz impliquant un changement d’état d’une suite de valeur qui tendrait vers l’infini dans un corps donné. La valeur du corps étudié valant un sa division par les parties qui le constituent et ceci portée à l’infini provoque un quatum c’est-à-dire une différence en deux valeurs de la suite qui s’évanouit. Ainsi pour un corps en mouvement cela se traduit par la continuité imperceptible du mouvement dans une constatation relevant de l’imaginaire et non de l’expérience. Donc à l'absence de limite mathématique l’expérience constate l’existence d’une borne marquant la fin du mouvement…(cet exemple concernant les trois dimensions et le temps s'adresse à la geste du maître).

Les mathématiques s’émancipent du divin et font apparaître des catégories d’infini : on dira que si les nombres irrationnels sont infinis, que les nombres rationnels le sont aussi, mais que les irrationnels sont encore plus étendus que les rationnels. On instaure par cette remarque une variation d’étendue dans l’infini mathématique, une relativité de la notion d’infini qui sans être une limitation de l’infini le catégorise. L’infini catégorisé perd son antique statut ontologique.

Par son initiation graduelle, la franc-maçonnerie valide cette catégorisation des infinis mais va fournir le moyen de redonner à ces infinis catégoriels une métaphysique commune par la double notion de de Lumière et de Parole inatteignables... 

 

[i] Nous placerons le réel comme « le donné » porté aux cinq sens de l’homme comme une base sur laquelle l’homme réfléchi et déduit, imagine et espère.

[ii] Le changement d’état est le propre du changement de plan.

II — L’infini et l’éternité de l’homme --------------------------

1 / Finitude de l’homme et désir d’au-delà

Notre temps à vivre est limité d’un point de vue corporel, il s’oppose donc à l’idée d’infini si ce n’est à considérer les recompositions cycliques comme synonymes d’infini permettant d’accéder à l’au-delà. On peut élaborer 4 concepts majeurs qui autorisent ou pas notre continuité :

 la mutualisation de l’au-delà par la perpétuation de « l’homme esprit » en sa tribu avec le culte des ancêtres proche de l’animisme tribal, le culte des reliques ou du génome.  Ici le divin est en toutes choses et en tout être dans une dévolution successorale, la tribu ou le clan par le jeu de la mémoire collective et l’action du chaman, sont garant de la survie et du lien dans l’au-delà.

confondant l’esprit humain perpétuellement lié à la Grande Nature dans un panthéisme celtique des esprits des forets ou un monisme déiste résumé par la formule « Un le Tout ».

la perpétuation de « l’homme esprit » séparé de la matière installant un dualisme transcendant de type théiste, ici le divin est séparé de sa création, l’esprit retourne auprès du Père, on distingue l’En Haut et l’ici bas.

la métempsychose translatant une âme dans une suite de corps ou de végétaux (Platon et Pythagore y font référence, c’est aussi la loi du karma de l’hindouisme donnant un au-delà transitoire ou le gilgoul de la kabbale.).

Nous avons donc au moins 4 types d’au-delà générés par le désir de continuité de l’Homme.

Remarquons à quel point l’infini post mortem et l’au-delà se complètent si l’on considère l’infini des cycles de vie et de mort qui provoque un passage par l’autre monde. À l'angoissante finitude on imagine et propose une continuité linéaire ou cyclique dans un ailleurs, un autre plan.

 

  2/ L’infini des cycles, la lemniscate, l’ouroboros

L’infini linéaire est effrayant, car il sort de l’entendement humain. L’homme lui préfère l’infini des cycles, celui de l’éternel retour, selon Anaxagore de Clazomènes (Vème Siècle av. J.-C.) « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau… »…

L’infini est l’impossible représentation de l’inatteignable que l’on cantonne à l’Ouroboros ou la Lemniscate.

Ouroboros d’origine égyptienne, il est l’attribut du Chronos grec. Il sera utilisé par les alchimistes sur le thème de la régénération et par les chrétiens pour illustrer la parole du Christ « je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin ». Ce serpent qui s’auto génère et se consomme, est une puissance vitale identique à l’œuf cosmique.  Il présente un Univers fini dans sa présentation, mais infini quant à son cycle et sa régénération. Ce symbole devient aussi symbole de la connaissance des cycles.

La Lemniscate est une évolution du cycle éternel avec l’adoption d’un double effet miroir. Le 8 parfaitement cyclique et symétrique qui nous renvoie à la définition protoscientifique de l’infini cyclique, ou du rythme éternel. Il a été inventé par le mathématicien John Wallis en 1655. Sa forme est proche du ruban de Möebus. Une lemniscate (un ruban) est une courbe plane ayant la forme d’un 8, soit un ouroboros symétriquement recroisé sur lui-même. On y constate une seconde symétrie par inversion du plan de circulation sur le ruban que l’on parcourt dessus puis dessous. Cette figure rassemble les trois axes et six directions.

Il s’agit donc d’un ruban identique aux phylactères indispensables aux rituels de consécration des églises qui se recroisent en son double milieu marqués par les deux équinoxes (le jour, égale la nuit par deux fois dans l’année). Donc ce qui est mesurable sur la figure en 8 de ce symbole est le point de rencontre en X du ruban soit sur un plan zodiacal, le point médian deux fois dans l’année, de la voûte céleste montante et descendante en regard de l’horizon terrestre. Cette égalité entre jour et nuit est située au point de focale du X qui crée à la fois la symétrie, l’inversion et l’axe immobile.

3/ L’infini métaphysique est un non-temps et un non-lieu qui échappe aux notions mathématiques.

En métaphysique l’infini n’est pas une donnée de calcul ou de cycle, il s’en détache définitivement par son irréductibilité et son non-conditionnement, L’Infini appartient aux états supérieurs de l’Être et se confond avec la Possibilité Universelle. Cette notion échappe à l’hypothèse mathématique. Ainsi cet infini contient aussi la non-possibilité. L’infini du point de vue de l’Être est à la fois l’être et ne non être, le crée, l’incréé. Cet infini ne se réduit à aucun qualificatif.

L’infini métaphysique rejoint l’illimitation de l’Absolu ou du Nom divin imprononçable non représentable. Ces trois notions ni ne se déterminent, ni se définissent à peine de les réduire. Cet infini métaphysique est souvent représenté par le centre du cercle ou le point d’intersection des trois axes et six directions. En loge comme dans la métaphysique, ce point qui génère la totalité « des causes et des étants » est non situable ou symboliquement évoqué dans le lieu séparé de la loge (qui est un non-lieu !) affectée d’un non-temps dit temps sacré « de midi à minuit ». Ce temps sacré englobe les heures du temps, de l’éternité et du non-temps. L’infini métaphysique est donc lié à l’autre monde, appelé "au-delà" ou "arrière monde" pour certains.

     4/ L’infini en loge renvoie aux frontières de l’incommensurable.

L’infini est sur un plan symbolique « illimité » par son absolu, mais c’est aussi une  limite infranchissable par l’entendement de l’homme. Cet infini marque ici une frontière entre ce qui est l’horizon humain, l’horizon du plan solaro-terrestre et l’entrée dans l’espace céleste et sur céleste. Trois plans d’entendement (humain, solaro-terrestre, céleste) produisent trois infinis frontaliers. Cet inatteignable semble réservé aux dieux, ou aux grands initiés seuls capables d’intuition intellectuelle pure appelée "Connaissance". La "Connaissance" permettait le franchissement de l’infini par l’établissement de ponts ou d’échelles. Les ponts et échelles relient les plans entre eux, mais aussi raccordent les infinis en un seul incommensurable. (Échelle de Jacob)

Sur un plan symbolique et maçonnique nous trouvons l’infini dans les las d’amour de la corde à nœuds qui ceint la limite supérieure du temple. L’origine de ce symbole est due aux cordes à nœuds que l’on trouvait encerclant le blason des veuves. Donc le las d’amour est le nœud qui lie la veuve au mari passé à l’Orient éternel. Nous autres maçons nous sommes aussi "fils et filles de la Veuve" en souvenir d’Hiram. Bien plus encore, cette marque de veuvage signifie la ligne de partage entre le créé et l’incréé : ce passage suppose la mort du corps assujetti au temps et au lieu. Or nous savons que le passage d’Hiram dans un autre état nous renvoi à l’état inconditionné de l’Être, et donc aux perspectives rassurantes de l’éternité succédant le processus corporel de mort. C’est la mort qui a appris aux hommes à parler (Marcel Mauss). La mort suscite la culture traditionnelle du passage et de la métamorphose (au sens métaphysique).

La métamorphose accompagne la représentation de l’éternité : l’extinction de l’état corporel et avènement d’état spirituel dans un au-delà. Le lien entre "l'ici et maintenant" et "l'au-delà" se fera par l'interface de la relique porteuse d'influx. La relique est un résidu mémoriel de la meta-morphose. C’est l’enseignement de la geste hiramique du troisième grade (Voir l'étude en rituelie comparée réalisée par la loge de recherche "Auld Alliance" de Besançon: "Les Tableau de Loge des Maîtres").

Globalement la méthode maçonnique organise un triple cheminement vers l’infini, mettant sans doute inconsciemment en œuvre la maxime de Goethe « Si tu veux progresser vers l’infini, explore le fini dans toutes les directions ». En effet, nos passages initiatiques se font d’un état à l’autre lorsqu’ils tendent vers l’infini. Ainsi l’apprenti chemine sur la ligne sans fin vers la lumière d’un Orient inatteignable puis fait une traversée, un changement d’état en Compagnon. Ce dernier chemine sur le Plan vers l'inatteignable étoile du berger (Vénus), puis subit une ultime métamorphose pour cheminer dans l’axe et les dimensions hors du Plan d’exercice des vivants, dans un plérôme sans fin... dans un au-delà. Donc l’entrée dans l’au-delà passe par l’infini humain synonyme d’Éternité !!!

Chaque changement d’état passe par le franchissement d’un horizon qui dans l’état antérieur tendait vers l’infini et l’au-delà. 

Chaque changement d’état implique de nouveaux référentiels de nouveau mot de passe et de nouveau mots sacrés…

Nous confirmons notre premier postulat qui est que l’infini est un horizon infranchissable à notre entendement, si ce n’est par un changement d’état. Le changement d’état (métamorphose) permet un changement de plan. Le changement de plan ultime ou transitoire est l’au-delà.

III — Les « Au-delàs » et l’éternité de l’Homme

Ce qui ne peut être vu, car trop loin ou inaccessible tel que l’infini ou l’au-delà, peut toutefois être imaginé ou représenté. Cependant l’homme ne peut représenter le monde invisible qu’à l’aune de ce qui lui est accessible et relevant du semblable. C’est ici tout l’art de la fonction analogique qui trouve à s’exprimer. C’est le cas par exemple la ceinture zodiacale de la Voie lactée qui est sectionnée en 12 « petits animaux [i]» (traduction de Zodiaque). Autres images : le divin qui est symboliquement anthropomorphisé par les FM en GADLU, c’est le Paradis céleste ou la Jérusalem céleste, icône paysagée géométrisée par l’Ancien Testament, c’est l’Enfer de Dante  (1495) et les 9 cercles de l’Enfer illustrant les vices humains (les non baptisés, les coupables de luxure, de gourmandise, d’avarice, de colère, d’hérésie, de violence, de tromperie, de trahison avec Lucifer…).

On envisage l’au-delà comme un autre monde dans lequel se pense notre continuité, hors de notre vue ici-bas. On trouve trois approches de l’au-delà : le monde du néant, le monde des morts et le monde des dieux. Autrement dit, franchir l'horizon du visible marqué par l’infini, suppose un changement d’état : nous sommes morts, mais nous nous prolongeons en âme ou en esprit dans l’au-delà. (Confirmation de Postulat 1) - ici l’éternité et un infini humain !)

Notre second postulat, miroir du premier, est de dire que "l’au-delà est une mise en scène de l’infini "temporel" après la mort corporelle, un exutoire à la finitude de l’Homme. C’est le continuum constitutif de la notion d’éternité qui se substitue à l’infini (Postulat 2) – ici d’un point de vue humain, l’infini est un continuum temporel appelé éternité.

Se pose le problème de l’âme et de sa destinée dans l’au-delà (1) de la territorialisation de cet au-delà et de la ritualisation du passage (2) et enfin l’au-delà se conçoit comme le domaine du Néant colonisé ou ordonné par les Dieux ou le Dieu (3)

1/ L’Âme et sa destinée

De l’âme et des âmes

La transition est donc trouvée pour parler de l’Au-delà qui pose le principe rassurant de la vie après la mort en un lieu ou espace dédié et séparé du monde des vivants. Pour les vivants l’au-delà est rassurant, il jugule les angoisses.

Si L’Au-delà établit une sorte de continuum post-mortem ou de renaissance après notre disparition, elle pose avant toute chose le problème de « l’autre monde ». La Vie est « inclusive » d’une conception de la mort. Le corporel peut disparaître sans que l’être se dissipe. L’âme ou son équivalent permet une continuité dans un monde « éternel » lieu espéré d’une béatitude.

La destinée de l’âme est un enjeu comportemental pour les Vivants, l’au-delà permet de retrouver les conséquences bonnes ou mauvaises de nos actes dans l’ici bas : ainsi servir le divin de son mieux (actes de bienfaisance) est récompensé dans l’au-delà.

Selon vos croyances, l’âme (ou l’esprit) étant une étincelle d’origine divine, elle possède un caractère d’éternité et de félicité sous certaines conditions de pratique comportementale (c’est le principe de « rétribution »). Finalement on thésaurise les bonnes actions pour s’assurer un au-delà merveilleux qui peut aller jusqu’à la résurrection de morts accédant ainsi à la vie éternelle.

Il y a deux au-delàs, l’au-delà personnel lié au comportement en serviteur d’une déité et celui qui est collectif lié à la fin des temps. Le premier est la continuité de la mort personnelle, le second est la continuité après la fin des temps messianiques. On organise ainsi une vie après la vie à deux niveaux microcosmiques (éthique) et macrocosmiques (métaphysique).

2/ Territoires de l’au-delà et ritualisation

Ce désir d’éternité est marqué par des rites qui guérissent ses angoisses. L’homme est un animal doté des rites funéraires. Il enterre ses morts dans un état de préparation particulier pour aider le défunt à franchir une frontière et garder un rapport avec les disparus. La mort n’est pas un tabou dès lors que les civilisations lui donnent un territoire fut-il transitoire.

Cette notion de territoire pour l’au-delà est une constante universelle.

            A  / Ce qui est tabou n’est plus la mort, mais le territoire dédié aux disparus. Pour franchir le tabou, c’est-à-dire l’entrée dans l’autre monde il faudra un rituel, des mots de passe ou des gestes appropriés qui ouvrent le passage, il faudra donc des passeurs et des gardiens du seuil. Ce territoire est protégé par les Tabous et des règles. On ne doit pas y manger de nourriture qui est la nourriture des morts et les morts peuvent venir nous visiter (C’est le cas avec le Sid irlandais; la fête celtique de Samain au 1er Novembre marque une frontière perméable permettant la visite des morts dans l’ici bas. L’au-delà est aussi une situation topographique : c’est dans la montagne, dans un Cairn, un tumulus ou au-delà des eaux). Chez les Tunguz de Sibérie, le pays des morts est au Nord, seuls les chamans peuvent y voyager.

 L’au-delà des Anciens Mystères se situent dans un sub terrestre (l’Hadès grec, lé Shéol hébraïque) ou tout au plus dans une contrée située sur le plan terrestre. En ce monde souterrain, on y enterre les défunts avec les attributs de leur vie passée comme en atteste le mobilier funéraire, c’est la tradition assyro-babylonienne, le Seol vétérotestamentaire…

 Il y a toujours une frontière à passer pour atteindre l’au-delà, un fleuve tel que l’Achéron, le Cocyte, le Styx par exemple avec un passeur tel que Charon, ou pour les Égyptiens tout un protocole complexe qui divise l’âme en deux parties, une restant dans le tombeau l’autre effectue un cheminement dans au-delà. Pour l’Égypte comme pour les chrétiens du moyen-âge se développe la pesée des âmes ou le jugement dernier pour les actes du défunt lors de son passage terrestre. On trouve alors dans cet au-delà des subdivisions territoriales (voir « La divine comédie » de Dante).

      B / L’au-delà intérieur et mystique est un territoire né de notre représentation mentale. Il appartient à notre topographie neurologique, zones du cerveau qui installent l’humanisation de l’homme par la conscience de la valeur de la vie. Cette humanisation s’étaye par le besoin de croire dans la promesse d’un au-delà. Au plan initiatique nous sommes dans les voies d'actions, dans un mésotérisme fait de prières, d'invocations pour établir le lien entre le visible et l'invisible. Cette représentation mentale est située entre l’exotérisme et l'ésotérisme. Croyance et prières déclenchent un processus de satisfaction par libération d’hormones du réconfort, situation plus facile à vivre que la béance du doute. D’une manière générale, l’au-delà est le territoire des trépassés ou des « occis », c’est l’histoire de l’homme post mortem. C’est dans l’écriture des textes sacrés que se reflète l’au-delà et que le cortège des prières s'y réfère. La Bible fait l’histoire de l’autre monde en faisant projet d’ouvrir une voie sur l’au-delà humain. Cet au-delà est lié au besoin de croire et à l’influence culturelle dans laquelle nous vivons. Le besoin de croire s’associe au besoin de répondre aux questions existentielles. Les croyants objectivent l’au-delà en territoire des morts en relation avec le divin. L’au-delà est donc une donnée mystique d'espérance liée à la conscience éthique et religieuse d’un groupe humain préoccupé notamment par son continuum de l’ici-bas vers l’au-delà. L'au-delà organise puissamment la structure éthique de nos sociétés.

3/ Le territoire des « Occis » est désirable et redoutable :

C’est parfois un pays de cocagne, projection idéalisée du monde terrestre : on le trouve dans le mazdéisme, chez les Amérindiens des plaines, dans le paradis musulman qui est un désert inversé, verdoyant, et riche. Les morts dans la tradition Tuguz continuent à chasser dans la steppe comme dans le monde des vivants.

C’est le lieu du passage entre deux états : la métempsycose est spécifique aux croyances hindouiste et bouddhiste, qui situent le devenir de l’âme via un au-delà incrémental. La considération temporelle est impactée par les migrations des âmes.

C’est enfin un monde idéalisé, celui de la félicité : la Jérusalem Céleste et les résurrections caractérisent les religions du Livre… ou le Nirvana du continent indien, valant extinction des passions ou libération du cycle des réincarnations. Le comportement du chef du vivant est encore pris en compte.

3/Monde du Néant et des Dieux

Cet au-delà est classé en trois catégories au moins :

a/Le monde de type olympien fait de Dieux anthropomorphisés agissant sur le destin des hommes

b/ Le monde dualiste du dieu unique séparé de l’homme, dieu personnel chrétien, ou impersonnel inconnaissable des juifs, séparé ou pas de sa création.

c/ Le monde de la grande Nature héberge la puissance déiste et moniste ou panthéiste.

Je laisse à chacun le soin de peupler ce monde en fonction de ses convictions.

 

[i] Les petits animaux du Zodiaque sont bien plus à portée de flèche et donc à portée d’homme que les étoiles elles-mêmes.

 IV — Mise en scène de l’infini et l’au-delà en loge  

Nous relevons 6 aspects liant l’infini et l’au-delà en loge.

1/ Les rituels et décors de la franc-maçonnerie traditionnelle symbolisent ces grandes questions philosophiques et ontologiques de l’infini et de l’au-delà en les domestiquant : le rituel est une mise en scène, une orthopraxie géométrique fondée sur la croix tridimensionnelle composée d’un centre ou "milieu" et de trois axes tendant vers l’infini.

2/ Nous avons en premier lieu la Lumière ou l’étincelle divine qui éclaire notre conscience d’une finitude corporelle dans un continuum qui nous dépasse.

3/ Nous avons les gardiens du seuil authentiques passeurs de frontières, doté d’épées flamboyantes ou pas.

 4/ L’infini des las d’amour marquant la frontière ou les horizons de la ceinture zodiacale, séparant les plans solaro-terrestre et céleste, avec les points de fusion et de retournement. Ces points animent les cycles de la lumière solaire et son reflet sublunaire «  intériorisé » à l’homme, et enfin la Lumière céleste.

5/L’infini de l’irrationnelle racine carrée de 2 ou de 5 nées de l’hypoténuse du carré de 1 sur 1 du pavé mosaïque ou l’hypoténuse du carré long , donnant notamment la proportion dorée sur le plan solaro-terrestre.

6/Enfin et surtout, l’anthropomorphisme divin associé au GADLU, Grand Géomètre et donc Grand Mathématicien de l’Univers dessinant un orbe soumis à la question de l’infini par la puissance multiple d’un point aussi original qu’ontologique.

L’infini et l’au-delà sont présents dans le parcours initiatique. À savoir le parcours sur la ligne infinie de l’apprenti puis sur le plan infini du compagnon et enfin dans l’axe infini du maître. Ces infinis successifs nous renvoient aux métamorphoses graduelles de l’être et de notre conscience. Chaque passage de l’infini « initiatique » est une mort à l’état passé et une renaissance dans des « au-delàs » ou plans successifs !

La rituélie maçonnique valide l’infini et l’au-delà en changement d'horizon et donc de plans.

Je résume avec 3 postulats.

1/l’infini synonyme au plan phénoménologique d’éternité, est la porte d’entrée dans l’au-delà initiatique.

2/La métamorphose est le signe d’un changement d’état ou de paradigme donnant une nouvelle ligne d'horizon.

3/Nous avons dans notre initiation 3 paradigmes qui impliquent une métamorphose symbolique suivant l’isomorphisme évolutif pierre / homme: 

l’apprenti de la pierre brute et la ligne qui tend vers l’infini Orient (paradigme de la lumière naissante et de la forme évolutive).

le compagnon de la pierre cubique et le plan d’exercice (paradigme de l’autre soi et de la perfection sans fin).

le maître de la clef de voûte de l’édifice donnant accès aux plans célestes par un axe (paradigme de la Lumière éternelle, immanente en soi,  ou descendant en soi et donc transcendante).

 3 états géométriques tendant vers l’infini,

3 états formels établissant un « continuum de rupture » : La pierre brute, pierre cubique puis pierre cubique à pointe sont trois états qui vont de l’informe, à la forme parfaite vers la "non-forme". La "non-forme" est représentée par l’extrême pointe axiale de la pierre cubique à pointe ou par la clef de voûte du Temple, véritable point insaisissable où passe la Lumière axiale.  

3 états initiatiques portant trois au-delàs « lumineux » : la lumière cyclique de l’Orient infini pour l’apprenti, la lumière cyclique de Vénus inatteignable pour le compagnon voyageur et la lumière infiniment immobile de l’étoile du Nord pour le Maître. 3 quêtes réunies en un seul "non-lieu" et "non-temps" représenté par la Loge. 

Nous avons donc les outils et instruments symboliques en loge qui nous permettent de régler au plan métaphysique toutes les équations, même celles que nos amis mathématiciens n’ont pas encore solutionnées. Nous solutionnons d’un point de vue phénoménologique, le passage d’un infini à l’autre par un "continuum de rupture" ou changement d'horizon. La rupture se délivre via un trauma corporel ou cognitif (poignard sur le cœur, bandeau, corde au cou, traversée d'une rive à l'autre, prononciation juste, mort minée par des coups et un reversement, relèvement, etc.).

Le trauma exprime le changement d’état lorsque l’on tente d’approcher l’infini ou l'horizon ultime. Cette métamorphose graduelle sanctionne le passage d’une perspective d’infini à une autre. Cette sorte de « transfini » est une manière d’apprendre le passage ultime dans l’au-delà.

(Version provisoire, article en construction.)

 E.°.R.°.

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30 décembre 2019 1 30 /12 /décembre /2019 22:14

Rappel des études précédentes concernant la théorie du symbole, le ternaire axial et l’étude symbolique des Tableaux de loge :

Le symbolisme axial trouve à s’exprimer dans un ternaire qui dans les tableaux de loge établit une combinatoire d’objets symboliques favorisant une interprétation essentielle du symbole.
Pour concevoir simplement ce ternaire axial on associe deux objets symboliques d’apparences opposées sur un plan donné pour en découvrir un troisième qui fera figure d'une synthèse, donnant accès à plusieurs niveaux de lecture et donc plusieurs plans.

Le modèle de base en référence dans tous les rites maçonniques étudiés est le Pavé dit « mosaïque » qui est issu de l’opposition apparente et dynamisante d’une case noire et d’une case blanche !

L’opposition se convertit en complémentarité dans un objet symbolique polysémique qui élève la réflexion (le pavé unifie les contraires !).

La finalité de l’élévation du sens sera atteinte lorsque la forme disparaîtra au profit de son évocation ou de sa relique : c’est ce que nous voyons se produire au grade de Maître lorsque « la chair quitte les os ». C’est ici que la polysémie cesse. Le sens fait place à l’essence de la relique.
Cet exercice de représentation mentale découle d’une triangulation axiale. À partir de deux objets symboliques opposés ou symétriques, un troisième terme apparaît. L’ensemble ainsi constitué s’appelle « appareil symbolique opératif » dès lors que son action se situe principalement sur la matière, la forme, l’environnement. Pour le franc-maçon il s’agira par l'action rendue complémentaire des outils, de tailler sa pierre en vue de bâtir, de célébrer ou d’atteindre  « quelque chose qui le dépasse ».
La contrepartie de cette action réelle sur la forme sera l’action sur soi, psychique par nature,  provocant un dessillement du regard, un regard plus profond sur le réel. Cette action en miroir n’est pas opérative au sens de l'appareil de production des formes. Cette action en soi sera qualifiée d'action « opérante » pour la distinguer, tout en faisant référence à sa nature conceptuelle et psychique. Nous approcherons ce second type de ternaire axial sous l’appellation « module symbolique opérant ». 
Notons pour l'instant: c’est à partir du module opérant que nous obtenons trois effets  sur soi, en relation avec la voie intérieure : 
-      le premier est psychique et participe de la construction et de la connaissance de soi, 
-      le second est  conceptuel et débouche sur l’abstraction, sur une métaphysique, 
-   le troisième est spirituel, situant l’être dans sa dimension ontologique et répondant aux angoisses ultimes et peut déboucher dans la sensation mystique (intelligence du cœur). 
Nous ne traitons dans ce chapitre V que des appareils symboliques opératifs qui sont la suite de notre théorie sur les symboles en lieu séparé et sacré. Les modules opérants font l’objet d’une étude complète dans « Les Tableaux de Loge des Maîtres » de la RL Auld Alliance à l’O.°. de Besançon de la GLSREP. Cet ouvrage collectif et inter obédientiel fait l’étude de 8 tableaux de loge de Maîtres dans différents rites, 321 pages, disponible par correspondance sur l’adresse du blog.


Sur l’exemple du Pavé mosaïque nous tirons au moins six paires d’oppositions symboliques à partir d’assemblage d’objets figurant sur les Tableaux de loge. 
 Ces 6 associations dynamisant le ternaire axial  sont :Maillet et Ciseau et toutes les paires d'outils et instruments tenus en main , Colonne du Septentrion et du Midi, en haut et en bas, l’intérieur et l’extérieur ou le contenu et le contenant , Lumière et pénombre, silence et verbalisation (épellation), mais il en existe d’autres. 
Ces 6 paires axiales font naître  3 classes d’appareils symboliques opératifs qui concourent à trois fonctions traditionnelles: séparatiste (chevaleresque - l'épée), transformatrice (artisanale - outils et instruments), lectrice (sacerdotale - Verbe et Lumière):
1/ l’architecture séparatiste du Tableau de loge et de la Loge  et du Temple. 
2/ l'appareil de production des formes par triangulation des outils et de l'objet à "transformer", 
3/ les appareils de lecture du sens et de l'essence, prémices du Verbe-Parole et prémices de la Lumière dans le Temple ou la Loge. C'est la verticalisation du langage qui est instauré.
On peut établir une autre classification, mais pour les deux premiers grades les 6 paires axiales et les  3 classes d’appareils semblent pédagogiques. L’enjeu reste la transformation du regard sur le réel et l’être en prenant pour exemple le miroir de l’imago templi.

V - Appareillage symbolique « Opératif »


L’appareillage symbolique de la transformation de l’apparence ou de la vision consiste en un assemblage d’objets symboliques relatifs :
-    à la construction d’un Temple séparé du monde profane, 
-    aux outils qui par leur nature et leurs actions prolongeant la pensée de l’homme, vont bâtir une reliance du terrestre au céleste,
-  à la lecture du Verbe sacré (fut-il géométrique ou alphabétique) ou de la Lumière du Ciel, le tout dans un contenant séparé et sacralisé. 
Cette association d’objets liés à l’art de bâtir le sacré, "relie" le Verbe et la Lumière aux outils de la transformation. Le support de base de notre représentation mentale reste l’image du Temple à bâtir. Ce support qui est le tableau de loge est conforté par les légendes de grades.  

L’outil revêt alors une dimension céleste incarnée par le GADLU tenant à main droite le Compas et à main gauche l'Equerre.
L’architecture du Tableau de Loge de l’apprenti est une imago templi  constituée de 6 appareillages symboliques opératifs (au 1er et 2nd grade). Ils ont pour effet de rappeler les stades formels et graduels de la transformation en milieu initiatique. 


Nous allons tenter d’illustrer concrètement ces 6 appareils opératifs par une synthèse des 3 Tableaux de Loge d’apprenti :
-   un ancien tableau du REAA qui date des années 1960 de la RL « X », 
-   le Tableau du REAA de la GLDF, 
-   le Tableau du Rite Ecossais Primitif de la GLSREP. 

 

Appareillages symboliques opératifs (théorie du symbole, chap V)

Les 6 appareils symboliques opératifs  au REAA et REP.

Ces appareils se complètent mutuellement et interagissent.

1 / L’entrée architecturée  dans un lieu « séparé », « ordonné » et  axial .

1-1) Nous avons 4 appareils architecturaux formés d’assemblages objets symboliques opératifs qui se caractérisent par leur tendance séparatiste :

a : l’accès par les 3 marches et le pavé mosaïque en perspective, traduisant une différence de niveaux entre le profane et le sacré. Le pavé, c’est le plan normatif de l’exercice où s’exerce l’art de tracer au sol, l'art d'élever le plan, et l'art bâtir au grade considéré. La base triangulaire du pavé réside dans la couleur noire et blanche des cases,

b : deux colonnes avec chapiteaux et grenades  forment un autre appareillage marqueur d’une séparation et d’une appartenance, car les colonnes sont marqueurs totémiques et frontière à la fois.La base triangulaire des colonnes réside dans leurs positions Nord Sud,

c : une double porte formant le portique sur le Tableau de loge GLDF, entrée simple au REP et pour la RL « X ». Ici on marque une différence entre ce qui est intérieur et extérieur. La base triangulaire de la porte réside dans le côté intérieur de la porte et son côté extérieur "articulé" par un axe de rotation,

d : l’enceinte architecturée et la ou les portes cardinales établissent une séparation du profane, marquent la différence entre le contenant et le contenu. La corde à nœuds marque une séparation entre le plan solaro-terrestre, intérieur au Temple et le céleste. La base triangulaire de l'enceinte comme de la corde à 12 espaces, c'est le contraste entre le sens indéfini et le sens "Orienté" ou verticalisé . C'est donc le passage entre l'exotérisme et le mésotérique (sens cachés des formes symboliques, signifiant polysémique, voies d'actions) et du mésotérique  à l'ésotérisme (en rapport avec l'essence, signifiant spirituel ou essentiel ). Il n'y a rien d'occulte ici, ce n'est qu'une "ouverture d'esprit", une aptitude à la représentation mentale en essence en trois étapes.

1-2) L’apport des 4 appareils architecturaux:

- Permettre l’hébergement des trois points de vue des trois grades et trois types de représentation graphique dans une même image : vue plane, vue en perspective, vue en élévation axiale.

- Encadrer l’entrée dans un lieu réservé. Réservé car il s’agit par interpolation de faire le vide en soi et par extrapolation d’entrer dans le Temple de la reliance.

1-3) Agencement des appareils

 le TDL de la GLDF pose un appareillage quasi complet (pavé, colonnes marches, portique avec double porte fermée et fronton triangulé).

 Pour le Tableau de la R.°.L.°. X,  le jeu de la transformation avec des outils se fait en partie à l’extérieur du Temple, sur les parvis, car lors de la construction du Temple, on ne devait entendre aucun bruit métallique, seule est admise au-delà des colonnes la Pierre cubique à pointe et la Table à tracer des maîtres et instruments silencieux. Nous sommes ici dans une maçonnerie des parvis à la différence du REP. Ce dernier situe l’acte transformateur et son contrôle dans l’enceinte de la Loge, de plus le Pavé mosaïque est représenté à l'intérieur à la loge,  triangulé à son tour par " Sagesse Force Beauté ".

Les 4 Appareils architecturaux

Les 4 Appareils architecturaux

On notera la place du Pavé mosaïque :

- devant les marches pour la RL « X », donc extérieur,

- hors le dispositif séparé de la loge pour le TDL GLDF, donc extérieur

- conçu comme une Table de réalisation dynamisante et intérieure, doublement encadrée par les instruments des porteurs de maillet et par les petites lumières S.°.B.°.F.°. dites « lumières d’ordonnancement » (du chaos) pour le REP.

L’ordonnancement du plan d’exercice commun aux trois TDL résulte a minima de :

a /l’entrée séparatiste et surélevée de trois marches

b/de la trame du pavé    

c/ des colonnes axiales totémiques.

2  /Appareil de transformation par combinaison d’outils et instruments autour de la pierre.

- Au 1er et 2e degré : le maillet et le ciseau qui ont des finalités propres (percussion et arrachement) vont se retrouver unis par la volonté de transformer la Pierre brute. Ce ternaire constitue un appareil de transformation « Maillet, Ciseau, Pierre à transformer ».

 - Prenons les outils et instruments qui participent à la phase de   transformation,  ce sont ceux de la « formation » (assemblage des pierres) et « de l’élévation »  qui outre le maillet et le ciseau sont par exemple :

                  + le Levier, la Règle et la Pierre à ajuster,

                  + la Perpendiculaire et le Niveau et la Pierre à ajuster,

                  + l’Équerre le Compas et la Pierre à calibrer.

Ces ternaires « forment » le futur Temple. Leurs associations dynamisantes  mettent en œuvre le « plan » divin par la pensée la volonté et l'action de l'Homme.

À chaque fois nous avons une Pierre qui sera retaillée en vue de son placement parfait dans l’édifice. Il y a donc une « élévation » du signifié symbolique par un savoir-faire et une évolution de la forme en vue de construire une Œuvre de l’esprit, appelé au sens propre « chef-d’œuvre collectif ». Ce chef-d’œuvre suit le modèle de la croix tridimensionnelle conforme as schème du ternaire axial.

Enfin la Pierre cubique à pointe est considérée comme un aboutissement dans la construction de soi (interpolation) et la clef de voûte de l’Œuvre (extrapolation).  Le tableau est donc un miroir de soi et en soi, il va permettre le travail d’interpolation symbolique : le maçon devient l’outil ou l’instrument qui le construisent : c’est le principe de l’auto transformation par incorporation de la charge symbolique d'une combinaison d'objets symboliques : l’outil opératif pour une œuvre collective à bâtir, deviendra opérant en soi pour celui qui se l’approprie.

Étapes de la taille et structure secrète de la pierre.

Étapes de la taille et structure secrète de la pierre.

(L’appareillage d’une pierre taillée dans un mur du Temple oblige à concevoir la destination de l’une et l’autre. Il en est de même pour l’Homme. C’est un processus de transformation et d’identification suivant une intention, un plan divin ou pas).

L’Homme est transformable ou perfectible (image de la pierre brute/taillée). La pierre prendra sa place dans le Temple comme l’homme dans la société idéale.  Il (l'Homme) devient alors Pierre de fondement, son processus de transformation passera à un autre stade plus vaste et plus élevé. La transformation deviendra metanoïa.

 

Appareillages symboliques opératifs (théorie du symbole, chap V)

3 / Les appareils de lecture

L’apprentissage de la lecture sacrée  :

En plus des 4 appareils d’architecture agissants dans les trois dimensions et six directions, et de l'appareil de transformation, nous avons deux appareils de lecture sacrée

         -  J, B et la Bible dotés du Compas et de l'Équerre associant la géométrie sacrée et le lettre,

      - la Table à tracer qui est à la fois l’appareil de lecture de la géométrie sacrée et combinatoire de l’alphabet maçonnique.

Combinatoires:

- géométrique via la Table à tracer, en sa qualité de table d’exercice des maîtres. On notera que le pavé mosaïque est une table à tracer doté d'unité de mesure contenue entre abscisses et ordonnées,

- numérique par le carré de trois sur trois cases dont le produit en X, vertical et horizontal, reste unique et constant,

- alphabétique en sa qualité de cryptographie des lettres et pour sa distinction des consonnes et des voyelles dans l’alphabet hébraïque.

Cette double figure des deux X + de la Table à tracer issue d'un carré de neuf cases , organise une relation entre le haut et le bas avec pour centre l’homme. C’est donc la traduction cryptographiée de l’hexagramme pentalphique qui organise l’immanence et la transcendance. L’exercice de triangulation montant et descendant se retrouve dans l’épigraphie des colonnes et du VLS étudiés dans notre précédent article.

Le Volume de la Loi Sacrée est surmonté d’un Compas et d’une Équerre, les lettres B et J sur les colonnes axiales ouvrent à l’apprentissage de la lecture sacrée entre  terre et ciel.

La lecture des mots sacrés et mots de passe permettent de lire en soi et en essence: il s'agit de percevoir le sacré au-delà du sens commun, afin de bâtir un Temple en soi tout en célébrant la « Présence » c’est-à-dire l’innommable et l’imprononçable. La Triangulation du mot sacré par deux lettres J et B, générant une suite de lettres épelées, "forme" la verticalisation du langage. C’est une interpolation de la lettre tracée par elle-même : cette épellation met en relation la Terre (base de la colonne - Équerre) et le Ciel (Chapiteau – Compas). C’est entre le Compas et l’Équerre de la géométrie sacrée que l’on pourra lire l’écriture sacrée. Avec les appareils de lecture, nous tendons vers un changement de niveau : on abandonne l’épellation pour aller dans le Verbe, la prière, ou à minima l’invocation...

Polarisation symbolique des signes et tracés de la Parole.

Polarisation symbolique des signes et tracés de la Parole.

 

  4 / Une relation Terre Ciel « éclairée » par les cycles :

 L’apprentissage de la Lumière.

Le Plan solaro-terrestre est le terrain d’exercice de l’apprenti et du compagnon. Il doit être orienté.

Cet appareil d’orientation répond à la question: d’où vient la Lumière ?

Nous avons deux sources ou plutôt une source vitale marquée par le soleil levant et son reflet nocturne lorsque le soleil disparaît à notre vue.

L’orientation est marquée par l’entrée à l’Occident porte des Hommes,  flanquée des colonnes solsticiales et avec comme perspectives à l'Orient et au Zénith, les lois des cycles lunaires, solaires et célestes. Ces cycles sont marqués par le reflet lunaire, les fenêtres solaires, les colonnes solsticiales et l’axis mundi.. L’orientation est donc tridimensionnelle auquel s'ajoutent le temps, le mouvement et le renouvellement.

Une corde à nœuds dotée de trois nœuds plats en forme de 8 relie le Céleste et le Terrestre. C'est une frontière. On notera que le TDL GLDF est composé de 12 espaces  formant la limite extérieure et céleste du Tableau et que celui de la R.°.L.°. X se compose de trois nœuds enserrant de manière souple le céleste et le terrestre via les colonnes. L’enveloppement du Ciel et de la Terre  diffère de l’aspect rectiligne et frontalier des cordes à nœuds des veuves ou houppe dentelée des Tableaux du REAA et REP.

Cette corde à nœuds est une frontière reliante entre l’espace solaro-terrestre et l’espace céleste au même titre que le mur de l’enceinte du Temple ou de la loge au  REP sépare le profane et le sacré. 

L'éclairage des cycles sur notre perception du réel

L'éclairage des cycles sur notre perception du réel

5 /Une relation Terre Ciel « éclairante »

Cette partie permet de faire la transition des "appareils opératifs" vers les "modules opérants". Cette transition se fait par une clef. Cette clef permet de mettre en rapport la Lumière avec les deux natures de l'Homme.

La clef de lecture du Tableau intervient pour la partie visible et invisible du symbole : un Triangle rayonnant avec un œil, ou hexagramme centré du nom divin.

Ce triangle est équilatéral à  3x60 degrés. Le Tableau du REAA de la GL fait parfois apparaître un fronton en Triangle isocèle de 90 degrés d’angle sommital 2x45 degrés latéralement. Au REP nous avons deux triangles équilatéraux superposés et entrelacés l'un ascendant l'autre descendant...

La triangulation est la clef générale de lecture des Tableaux de loge. Cette clef universelle organise la lecture triangulée et axiale des symboles avec une conscience « éclairée » qui dépasse les apparences. Hors la conscience est une notion interne à l'homme qui lui permet de structurer "par triangulation" sa représentation mentale dans ses dimensions psychiques, éthiques et métaphysiques. C’est ce que nous devrons expliquer dans le développement qui concerne les "modules opérants".

 

Clef du ternaire axial

Clef du ternaire axial

La Lumière rayonnante, ou devrait-on dire "flamboyante", dans son acception spirituelle, est représentée par le triangle montant, figuré dans l’Orient du Tableau comme de la Loge. Cette Lumière se diffuse, relayée par le V.°.M.°. et son Épée flamboyante, comme elle le sera en l’Homme, relayée par sa conscience « éclairée » et la Parole retrouvée...

Les "modules opérants" font l’objet d’une étude complète parue dans       « Les Tableaux de Loge des Maîtres » de la R.°.L.°. Auld Alliance à  l’O.°. de Besançon (GLSREP). Cet ouvrage collectif et inter-obédientiel fait une rituélie comparée de 8 Tableaux de loge de Maîtres, 321 pages, disponible par correspondance sur l’adresse du blog.

E.°.R.°.

Rituelie comparée sur 8 Tableaux de loge des Maîtres

Rituelie comparée sur 8 Tableaux de loge des Maîtres

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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 17:07

Le cadre général de l'étude du symbole dans le cadre maçonnique, nous conduit à poursuivre notre étude sur le ternaire axial, le Tableau de loge et la loge.

IV / Dynamique symbolique des colonnes.

Les Tableaux de loge et la loge participent du même ternaire axial que nous avons précédemment défini comme "la base d’une progression initiatique par le biais d’une combinatoire d’objets symboliques".

1/ Ternaire axial et Imago Mundi

En appliquant l’approche du ternaire axial à l’imago mundi du Tableau nous pouvons dégager une approche méthodique du symbolisme constructif lié à la voie artisanale. Cette approche méthodique consubstantielle du rituel, semble s’adapter particulièrement au milieu initiatique. Le ternaire axial est une méthode de progression et de navigation dans l’univers polysémique des symboles. La polysémie n’est que la résultante des différents niveaux de langage qui peut plonger le béotien dans la confusion. Il est donc important d’enseigner l’usage de cet instrument permettant une combinatoire symbolique qui ordonne et élève un point de vue polystratique. A une strate ou Plan correspondrait un sens. L'élévation du sens au delà des limites du réel, aboutirait à l'essence. 

Donc ce ternaire axial appliqué au Tableau de loge et à la loge, constituerait l’instrument permettant la progression et la navigation dans les différents plans de la représentation mentale, autrement dit, un extraordinaire outil de lecture profonde du réel. Le ternaire axial est à la fois une boussole « orientée » et un sextant!

2/ Navigation dans les Plans

La navigation instrumentale née du ternaire axial, porte tout d’abord une progression sur le plan d’exercice du grade considéré, mais aussi permet l’accès aux plans supérieurs et inférieurs de la représentation mentale. Sur le plan d’exercice, c’est toujours une progression vers plus de Lumière qui se traduit par un mouvement « Orienté », une marche vers l’Orient. Sur le plan supérieur, c’est l’accès à un « Milieu » surélevé dans un ailleurs baigné d’une lumière plus spirituelle que psychique. Vers un plan inférieur, c’est une descente aux tréfonds de soi, vers les plans inférieurs de l’être, jusqu’à la rencontre du « souffle » qui précède une remontée axiale dans le plérôme.

Nous pressentons à quel point l’instrument de navigation issu du ternaire axial, vient compléter à merveille la structure absolue que nous avions identifiée dans nos précédentes études de "la croix tridimensionnelle".

Si le ternaire axial repose sur une opposition duale qui génère une dynamique aboutissant à un troisième terme faisant figure de synthèse, c’est pour mettre en relief un double effet entre « midi et minuit »:

  • une progression lumineuse en soi (Midi solaire) et
  • une verticalisation du parcours (Minuit céleste).

La progression sera potentiellement axiale (d’où l’expression «ternaire axial») et s’exprimera dans les trois niveaux traditionnels de l’être qui sont le corps, l’âme et l’esprit :

1/ le plan corporel de l’action sur le milieu et en soi ;

2/ l’insertion du psychique dans le plan fraternel et collectif,

3/ l’ouverture au plan spirituel, divin ou panthéiste de la relation au Tout ou à l’Unique.

3/ Universalité du ternaire axial

Ce ternaire axial s’appliquera aussi bien à la combinatoire symbolique du Tableau de loge qu’à la geste initiatique de l’apprenti éclairant son for intérieur, à l’altérité compagnonnique de l’autre-soi sur le plan d’exercice du réel et enfin, à la légende d’Hiram avec l’accès à une certaine chambre toute spirituelle. Ce ternaire axial est donc l’instrument de la représentation mentale établissant des correspondances.

 Notons que ce ternaire se vérifie dans tous les degrés et grades de la franc-maçonnerie, mais aussi dans la voie chevaleresque et sacerdotale. Il s’applique aussi aux rituels d’églises et aux rituels tribaux traditionnels ou contemporains, dès lors que ces rituels se déroulent dans un espace sacré ou consacré et/ou "séparé".

4/ Conditions d’exercice : séparation et détachement de la forme

En effet, le ternaire n’est "axial" que sous condition de séparation: à savoir que la forme (pierre cubique, pierre cubique à pointe, Temple) naisse sous le sceau du secret et du sacré, positionnant ainsi la représentation mentale dans « non-temps », et « non-lieu » inhérent à la séparation du monde profane. Le Temple et son contenu sont des formes séparées où, ne sont représentées que des formes séparées du monde profane. Ni l’objet symbolique, ni le geste symbolique, ni le récit symbolique n’y ont le même poids ni la même puissance évocatrice que dans le monde profane. C’est la raison pour laquelle les critères scientifiques habituels d’analyse du langage, des contes, légendes et mythes diffèrent en ce milieu séparé et sacré. Il s'agit d'une autre perception. Nous avons déjà étudié le langage en ce lieu séparé et sacré: il dépasse le sens commun, c'est un langage en essence. Le lieu séparé et un espace essentiel, c’est à dire potentiellement détaché des sens.

À cette séparation s’ajoute une deuxième condition dite « schizomorphe » où l’opération de séparation se poursuit dans une geste axiale qui nie la forme ou du moins s’en détache.

Dans la pratique, ce double mouvement "séparation/schizomorphe", consiste de mettre en triangulation des objets symboliques qui par leurs associations, d’antagonistes deviennent coparticipants d’une dynamique axiale. Cette dynamique entretient ainsi un rapport au céleste. Sa fonction minimale est d'élever le regard et la pensée pouvant dépasser le simple point de vue éthique. C'est ici tout le charme d'un espace séparé et sacré. On notera que ce charme opère auprès des plus réfractaires à la dimension spirituelle des rites initiatiques . Donc le séparatisme devient schizomorphe car il prétend à un inaccessible céleste en dépassant la forme. Certains entrevoient dans ce processus l'apprentissage de l'abstraction. Le symbolisme axial tendra à se dégager de la forme.

La triangulation axiale s’associe à l’autorité surplombante (sociétal), à l’inaccessible (divin), à l’innommable (parole perdue), au non représentable (abstraction). Donc le triangle, première figure géométrique, centré d’un point, reste schématiquement la clef de progression "essentielle et spirituelle" pour le symbolisme traditionnel. Le point est au centre de toutes les figures géométriques régulières, il est donc l'axe qui donne naissance et qui traverse le cercle, le triangle, le carré, etc. Ce point géométrique (et donc l'axe) est l'essence qui inspire et génère toutes les représentations géométriques et mentales "régulières".

Enfin le ternaire axial trouve son aboutissement : le ternaire axial serait associé à l’incommensurable sur le plan matériel, à l’absolu sur l’axe spirituel, à l’infini dans le registre de l’abstraction mathématique. L’infini surplombant est hors de portée d’une représentation mentale ordinaire, il subordonne notre pensée à un impossible accès que le symbole de l’infini dénote dans une boucle qui cherche sa fin et son origine. L’aboutissement anthropologique du ternaire axial reste la notion d’autorité surplombante. On comprend alors comment l’archétype du Grand Architecte de l’Univers s’est invité, en bon médiateur, dans le monde sacré du Temple. Il représente le lien axial, triangulant par sa main droite le Compas symbolisant le Ciel et par sa main gauche l'Équerre pour la Terre. Rien d'étonnant a ce que le Maître maçon chemine de l'Équerre au Compas puis en revienne pour se situer à son tour entre l'Équerre et le Compas.

5 / Illustration du ternaire axial par les colonnes J et B

Pour illustrer cette théorie de manière simple, on reprendra les deux colonnes J et B présentes en loge et sur les Tapis de loge. Elles constituent la base « inférieure » de notre triangulation symbolique. Pour déterminer la pointe sommitale du triangle, on divisera notre approche en trois parties architecturées :

  • la perfection de la pierre (a)
  • la perfection du Verbe (b)
  • la perfection de l’Esprit (c)

 

                a / Des colonnes et des Plans

L’homme entrant dans le Temple passe entre les deux colonnes qui encadrent la porte d’entrée. Il se soumet ainsi inconsciemment aux règles du symbolisme axial. Les colonnes vont imposer à son parcours   d’amélioration et de perfection sur la pierre miroir de la Connaissance de soi. 

La base de la colonne est creuse pour ranger les outils dans l'influence de l'axe, et son socle est en contact direct avec le sol. Cette base « matérielle » donne accès à un plan surélevé de trois marches, qui lui-même est en relation avec un autre plan surélevé, etc. Cette base peut être qualifiée de matérielle s’associant à une matière à travailler. Par élaborations successives ce travail traduit une idée de progression, d’élévation axiale en plusieurs plans au même titre que la colonne elle-même traverse tous les plans. Sur le plan d’exercice du grade considéré, on travaille la matière pour en faire une forme parfaite. N’oublions pas que les colonnes sont faites d’un alliage né de la combinaison des 4 éléments dont le 5ème est signifié par l’élancement  vers le ciel. Ainsi de l’alliage nous passons à l’Alliance… L’essence (ou la quintessence) de la colonne consiste à tutoyer le céleste. La pierre dressée (Bethel) ou la colonne-alliance "verticalisent" la pensée et l’acte transformateur.

Dynamique symbolique des Colonnes

             b/ Épigraphie axiale du Verbe

Quittons la base matérielle pour accéder à un niveau intermédiaire.

Le tronc de la colonne d’airain est marquée d’une lettre "sacrée". Le J et le B sont au service de l’apprentissage de l’alliance (l'alliage des 4 éléments de la colonne devient l'Alliance terre ciel soit la quintessence de la colonne). On procède par l'épellation, par une combinatoire syllabique et textuelle de nature  « sacrée ». Les mots ainsi "formés" tendent vers leur singulière et unique essence: d’une opposition géographique (Nord/Sud) on fait une complémentarité en changeant l’appellation (Septentrion/Midi) en vue de former un langage situé dans un « plus haut » ou dans un plus lumineux. La complémentarité axiale du J et du B est la base pédagogique de la lecture sacrée.

La pointe supérieure du triangle ainsi formé est le VLS, la Bible par exemple, contenant le sommet de tous les langages sacrés. C’est ici, au-delà de l’apprentissage d'un langage séparatiste (mot de passe et mot sacré) que s’amorce un langage unifié « en essence » ou « essentiel » : c’est la verticalisation du langage, une spiritualisation de la Parole. Notons que nous avons deux colonnes gravées, soit deux alliances entre Ciel et Terre gravées, c'est à dire "dédicacées".

Dynamique symbolique des Colonnes

        c/ Colonnes, cycles et régénération par l'esprit

C’est le troisième degré de notre démonstration.

Les chapiteaux, points sommitaux de l’axe, sont surmontés de grenades qui symbolisent la multitude, l’élan vital, la multiplication et le mystère de la régénération à l’infini. Ces fruits sont issus de la matière créée et transformée. Ils germeront comme l’épellation deviendra Verbe. Les fruits de l'axe trouvent comme troisième pointe du triangle l'infini. Plus précisément les 12 signes de l’infini marquant les 12 portes entre le plan solaro-terrestre (plan d’exercice du compagnon -  finitude de l’homme) et l’incommensurable Axe céleste du Maître (dématérialisation - esprit éternel).

Cette pointe sommitale du triangle est une ouverture axiale vers l’infini, symbolisée par les nœuds ou las d’amour, ou nœuds de la veuve, marqueurs de l’absolu, de l’au-delà, de l’incommensurable céleste.

Au sommet de la colonne, la grenade de la régénération rencontre l'infini des cycles qui pour certains est la source de l'Esprit.

Dynamique symbolique des Colonnes

6 / Schématisation par le geste associé au Mot

On notera que cette tripartition est véritablement traditionnelle et qu’elle fait partie des schémas directeurs de l’homme relativement à l’organisation de son réel. Le signe d’ordre, quel que soit le grade reprend sous une forme ou une autre le schéma directeur du symbolisme constructif en Loge. Ce schéma est une croix tridimensionnelle que nous avons longuement décrite dans nos précédents articles.  Les signes des trois premiers degrés font donc références aux Plans successifs traversés d’un axe. Cela démontre que la représentation géométrique du symbole est toujours faite à l’échelle de l’homme suivant un modèle corporel mis en essence: « Pensée, volonté, action, opération matérielle/opérant en soi ».

L’homme compense ses limitations verbales en mimant rituellement la structure invisible du temple symbolique. Ici le geste en sa qualité de langage non verbal est structure et mémoire. Le geste qui devient une geste narrative,  redouble le mime par un mot « sacré » qui tend vers l’informel…ou le point sublime. Il y a donc une fois de plus superposition de la structure de l'homme à la structure de la Loge et du Temple que se soit par la succession des pas, ou du mouvement des bras des trois grades. L'ensemble suggérant le dessin de l'arbre de la connaissance.

D'un point de vue structurel, l'ensemble des gestes donne le 4 de chiffre, synthèse corporelle de la croix tridimensionnelle dont voici l'illustration:

Dynamique symbolique des Colonnes

    7 / Perspectives et actualité du ternaire axial

Cette figure est transportable au grade de compagnon et de maître, elle signifie par le geste un axe traversant trois plans superposés. Elle est aussi transportable dans tout espace séparé qui emprunte à la sacralité.

Les perspectives sont aussi universelles que le schéma.

 C’est ainsi que l’homme crée de Nouveaux Mondes dits « artificiels », qui empruntent la structure née du ternaire axial susdécrit : il existe de Nouveaux Mondes séparés du profane par le biais d’une « pseudo transportation » numérique, séparatistes, dotés d’un langage, de codes et de gradualités :

Ces mondes reproduisent le système traditionnel de la transmission initiatique dans un espace dédié, réservé aux initiés du numérique qui ont le mot, la geste et les signes, le vocabulaire "ad hoc" et des représentations communes aux "insiders".

Ces nouvelles tribus s’organisent par l’apprentissage et la hiérarchisation, créant des passages d’un état à l’autre. Au-delà de leurs apparentes transversalités, ces tribus numériques élaborent ainsi une dépendance hiérarchisée avec une autorité surplombante. Cette autorité est ici, non pas le divin qui octroie les plans du Temple à David, mais par exemple, l’éditeur du logiciel qui octroie ses nouveautés et mises à jour aux systèmes qui structurent et font exister l’accès à ces univers communautaires séparés...

     8 / Ternaire axial et Connaissance

Le concept, l’abstraction et l’idée,  sont encore du domaine conditionné de la pensée individuelle. Le ternaire axial nous mène aux frontières de cette Pensée. C’est sans doute l’un des chemins de la Connaissance, un excellent apprentissage du schème universel. Pour autant la Connaissance est au-delà de cet abord conceptuel. La Connaissance est un non-concept, inaccessible par nature à la pensée raisonnante et discursive. Par conséquent en flirtant avec les limites de la pensée, en maîtrisant le symbolisme universel commun à tous les langages, nous comprenons que la Connaissance est non pensée et non conceptuelle. Elle est au-delà de tous les déterminismes et conditionnements:

- c'est l’envol dans l’axe du Maître,

- l’abandon de forme,

- la perte de la Parole

qui semblent marquer cette frontière entre ce qui est conditionné et inconditionné.

Nous reviendrons sur ce questionnement.

 

Notre étude sur les Tableaux de loge illustrant le ternaire axial va se poursuivre :

Nous tenterons d’établir une classification au sein du ternaire axial, en suivant les codes graphiques des Tableaux de loge et des loges. On distinguera ce qui est  « appareil opératif » pour ce qui concerne le champ d’action dans le monde des formes, et ce qui est « module opérant » en soi.

Cette distinction appareil opératif/ module opérant, permettra d'articuler le passage du savoir-faire au savoir-être et d'établir le procédé essentiel du changement de plan. On notera que cette articulation s'appuie une fois de plus sur le ternaire axial ...

E.°.R.°.

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25 août 2019 7 25 /08 /août /2019 09:46

Théorie du symbole appliquée au Tableau de Loge.

Le symbole aurait deux parties issues d’une tesselle originelle : une première partie qui reste en notre pouvoir, c’est l’objet lui-même et une deuxième partie hors de notre vue, en possession d’une personne tierce : c’est la contrepartie qui ne réapparaît qu’à l’issue d’un périple.Cette contrepartie va se réunir à la première pour reformer le tout originel.

Cette reformation est la « formation originale », celle de l’intégrité première du symbole. Donc nous avons une part invisible qui est associée à la part visible du symbole.

La représentation mentale va compenser l’invisible seconde partie de l’objet vecteur (signifiant symbolique) afin que celui-ci conserve sa puissance symbolisante (signifié-sens, et signifié-essence). Ceci impose que les porteurs de tesselles aient conservé par différents moyens narratifs ou substitutifs ou mimétiques,  la mémoire de ce qui est invisible.  Si le chemin mémoriel de cette partie invisible est perdu, alors la tesselle devient vile et profane. C'est donc au groupe et au moyen d'une mémoire et une orthopraxie commune qu'il appartient de conserver la représentation symbolique dans toute sa puissance.

Cette conservation repose sur la confiance que chacun attribue au groupe auquel il appartient (tribu, clan, loge, etc.). C'est un aspect fondamental de  la Tradition. Il y a donc un contrat tacite reposant sur la confiance entre l'apprenti et le groupe au sein duquel il s'initie. Le groupe ne doit pas feindre de posséder une transmission qu'il n'a pas eu, et de plus, il se doit de respecter l'ordonnancement du rituel qui met en scène la puissance invisible du symbole. Ici pour que les choses soit claires, nous ne sommes pas dans l'invisible "magico-burlesque" du charlatanisme, nous abordons les ressorts puissants de la représentation mentale, issus des archétypes et schèmes directeurs déjà bien documentés par la recherche universitaire. 

Que fait le maçon en loge : il reconstitue au sol sur le tableau de loge la tesselle originale en associant savamment les objets symboliques (rassembler ce qui est épars). Ce tracé se fait sous l’empire de l’invisible, car il demeure inaccessible aux profanes et sera effacé à la fin des travaux. J’en veux pour preuve que les premières divulgations énonçaient clairement que l’on dessinait le Tapis de Loge sur le sol ou le plancher de l’auberge à l’aide du charbon et de la craie pour lui donner une « réalité séparée » du monde profane. L’art du tracé est l’art de  réunir ce qui est épars en fonction d’un schéma directeur original.

Ce que je vous propose c’est de retrouver le secret du symbole par sa corrélation avec le schéma secret du Tableau de loge. Ceci reste mon approche théorique en fonction de mes transmissions, et n'engage que moi. Je résume: nous tentons l'élaboration d'une théorie de l'essence symbolique, car l'essence est invisible et dépasse le domaine strict du sensible pour atteindre la frontière de l'intelligible.

 Mais avant d’aborder la finalité de notre recherche, à savoir  « Les mystères de la partie invisible du symbole », il nous faut aborder  préalablement les ressorts du symbolisme maçonnique et le système de référence et de combinatoire auquel nous renvoie le Tableau de Loge.

I  - Cadre collectif de l’interprétation symbolique

Nous retiendrons trois caractéristiques principales qui sont aussi le cadre collectif de l’interprétation du « symbolisme constructif »:

 1 / la mise en scène lumineuse. L’objet symbolique est mis en valeur de telle sorte que son sens soit associé à 3 éléments fondamentaux de la scénographie qui sont :

        ► Une relation particulière avec la Lumière qui peut être comprise dans un sens matériel (pour éclairer le travail sur la matière), dans un sens éthique (Lumière intérieure, conscience de soi et des autres, aspect "cardiaque") ou métaphysique (Fiat Lux - dimension ontologique, origine céleste de la Lumière).

        ►Une relation particulière avec le lieu même de la loge qui est une espace séparé du monde profane. C'est le système primitif du territoire interdit aux non initiés où se délivrent les secrets et rituels de passage. Ici le secret est celui lié à la Lumière et l'intemporalité d'un certain "ailleurs".

     ►Une relation particulière avec le temps sacré  caractérisé par les horaires symboliques et le rituel d'allumage des feux in illio temporé, (et suivant les rites un illud tempus)...

Les 3 mises en scène reposent sur le contraste qui fait naître la forme et le verbe. Dans ce lieu séparé et sacré, la Lumière et le Verbe sont corrélés:

Point de forme sans ombre et lumière ! Et s'il n'y a pas de forme, on ne peut rien distinguer et nommer, donc il n'y a pas de Parole, ceci explique la corrélation entre le premier travail de l'apprenti et l'épellation. Ces deux aspects (formation et épellation) renvoient à l'activité démiurgique de l'homme qui doit travailler son environnement et "nommer" les choses pour qu'elles puissent exister dans une relation Terre-Ciel. En effet à l'issue de ce travail sur la matière et le verbe, l'ouvrier reçoit son "sel-salaire" venu d'un plus haut hiérarchique relié à l'Orient (2nd surveillant), au pied d'une colonne axiale. C'est bien ici le fondement humain de l'ordonnancement hiérarchisé du chaos et de la verticalisation du langage sacré.

2 / Intentionnalité ritualisée ou contexte et cotexte du symbole : le lieu ne suffit pas il y a aussi les hommes. L’objet support symbolique n’a de valeur que relativement à l’homme qui le met en scène dans le but qu’un autre homme l’observe comme « chargé de sens (et d'essence) ».

Le sens d’un objet support est souvent donné par le cadre et particulièrement par la façon dont il est éclairé et mis en scène.

3 / Surdétermination du groupe : Le groupe et la mémoire collective jouent un rôle majeur pour la compréhension du sens symbolique.

Le sens du symbole le reste globalement libre, car il s'agit d'un cheminement personnel. Cependant, étant intégré à un groupe, on ne peut dire n’importe quoi sur un objet symbolique. On reste à l’écoute de ce qui est transmis par le rituel et par le catéchisme dans un souci de langage communautaire. C’est ainsi que le franc- maçon est « reconnu comme tel » par la Loge, du fait de sa capacité à lire la dimension hiérologique de l'objet.

II – Références tripartites et combinatoires triangulées du Tableau de Loge

Le Tableau de Loge est une base référentielle ordonnée par des règles traditionnelles de composition et d’assemblage. Ces règles ont la même valeur pour les langages graphiques, verbaux[1], gestuels [2], car elles s’appuient sur une gradualité structurelle (1), des constantes opératives et « opérantes » qui sont liées à la transformation d’une opposition binaire en complémentarité ternaire (2).

 

1 / Règles de composition : double tripartion du Tableau de Loge

Nous avons  un Tableau composé de 9 cases (A) issues de la combinaison d’une tripartition horizontale représentant des « plans » superposés (B) et d’une tripartition verticale représentant les « voies » de progression et d’action(C).

En sa qualité d’Imago Mundi, le Tableau de loge comprend les trois Plans de la manifestation (subterrestre ou profane, solaro-terrestre, céleste).  Mais le Tableau est aussi un miroir pour l’Homme qui ne sait pas décrire le monde en dehors de ses propres proportions (anthropisme). On trouvera donc le tronc, voie centrale de l’Homme de ses pieds à son cœur et à son esprit, puis les voies d’actions, sa droite et sa gauche. Au total trois colonnes et trois plans soit 9 cases.

     
     
     

A / Partition en 9 cases du Tableau

Un Tableau suit des règles que l’on a coutume de définir de la manière suivante : une rangée haute pour le ciel, une rangée basse pour la terre, une rangée centrale pour la médiation, une colonne latérale droite, une colonne  latérale gauche et une colonne centrale (les 3 voies). Cette représentation en 9 cases (c’est un carré de neuf pour les spécialistes…), permet de superposer des symboles avec une perspective visionnaire impliquant 3 approches: l'approche reliante, l'approche opérative (sur la matière) et l'approche opérante (sur soi). Ces 3 approches sont nées :

  1. d’une relation axiale Terre /Homme/Ciel (polarisation),
  2. de la progression, d’un cheminement  mental fondé sur la construction sacrée (de "tailler sa Pierre" on passe à construire un Temple pour la Lumière),
  3. de la construction de soi ("tailler sa Pierre" c’est se construire soi).

B / Notion de plans superposés et de cheminement.

La lecture des combinatoires symboliques résulte d'un cheminement.

►Premier Plan : le plan de « plein exercice » - Plan solaro-terrestre.

Le premier Plan du Tableau de Loge est marqué par le passage des colonnes ou du portique pour effectuer le "premier exercice" : on met en scène,   une Pierre à tailler par le Maillet et le Ciseau entrecroisés. Suivra le "plein exercice" consistant à faire intervenir à la suite les instruments de mesure et vérification. Ce plan d'exercice est solaro-terrestre car baigné d'une lumière cyclique qui éclaire l'exercice. Un autre Lumière provenant du plan céleste est à considérer séparément.

►Deuxième Plan : Plan de lecture et d’épellation

Toujours sur ce plan de plein exercice « en élévation » arrive le deuxième groupe dans la colonne centrale qui est le VLS surmonté d’une Équerre dominant le Compas. L’enjeu est celui de la lecture des mots sacrés en fonction des instruments du symbolisme constructif entre Terre et Ciel. Le VLS est instrument d'intermédiation "relié" à la Terre et au Ciel par le l'Équerre et le Compas, mais aussi par les deux colonnes axiales B et J porteuses de l'épellation précédant la Parole. La progression verbale s'associe à la maitrise de la forme parfaite.

►Troisième Plan : Plan lumineux diffusé par le Triangle

Le plan lumineux reprend la lumière dans ses aspects liés à la conscience "éclairée" mais aussi dans sa dimension spirituelle. Le troisième motif de la colonne centrale du Tableau est pour le REAA, le Triangle rayonnant centré d’un œil omniscient et omnipotent (celui d'Horus) qui résout les oppositions binaires. On trouve au REP l'hexagramme  qui, très symboliquement, met en relation le Haut et le Bas dans une homothétie parfaite issue de la Table d'Émeraude. Passé ce Plan , nous sommes dans le surcéleste apanage de "l'au-delà" des religions et de "l'infini" des physiciens. Cette limite céleste / surcéleste est "formée" par la corde à 12 espaces en haut des murailles du Temple qui relate des 12 signes du Zodiaque ou les 12 portes de la Jérusalem céleste. Cette corde à 12 espaces correspond aux 12 côtés limitrophes des 9 cases du Tableau de loge. Cette limite ne peut être franchie en loge bleue si ce n'est par la pointe supérieure du triangle. 

Ainsi la Formation, la Verbalisation et la Conscience éclairée sont liées dans nos Tableaux de Loge.

 

2  / La Triangulation s’appuie sur une opposition dynamisantes ou « polarisante ».

L’opposition apparente doit aboutir à un ternaire « réalisateur ».Nous pouvons désormais résoudre les apparentes oppositions en complémentarité verticalisantes.

Les oppositions apparentes sont au nombre de 7 pour le Tableau de Loge du REAA GLDF et REP GLSREP, elles sont triangulées dans un plus haut "essentiel"  :

1/ la colonne B et la colonne J: ▲verticalisation de la Parole,

2/ le noir et le blanc du pavé: ▼travail de formation l’objet sur le pavé,

3/ la Lune et le Soleil: ▲▼synthèse dépassement par le triangle « rayonnant », conscience éclairée, spiritualité.

4/ l’Équerre et le Compas qui ne font pas la même figure: ►quadrature du cercle et centre commun,

5/ le Niveau et la Perpendiculaire qui n’agissent pas dans la même direction: ►▲▼croix tridimensionnelle, plan et axe,

6/ le Maillet qui frappe et le Ciseau qui taille:▲▼►trans-formation par l'association de la pensée de la volonté et de l'action.

7/ la Corde qui est tantôt lisse tantôt avec nœuds: ▲graduation de l’horizon céleste vu du plan solaro-terrestre, ouverture sur l'infini.

Dans le schéma  ci-joint les oppositions binaires sont triangulées par un troisième terme "constructif"  ou "réalisateur". NB : la pointe descendante du triangle bleu renvoie au passage de l’objet symbolique au sujet symbolique ; la pointe du triangle rouge vers le haut envoie au changement de plan (transposition) et donc à la dimension théiste ou métaphysique. (Voir schéma N°2 : le passage du binaire au ternaire constructif dans le Tableau de loge.)

Passage du Binaire au Ternaire constructif dans le Tableau de Loge.

Passage du Binaire au Ternaire constructif dans le Tableau de Loge.

3 / La triangulation s’appuie sur la « pratique » du miroir

Nous voyons le processus de triangulation pour le premier travail de l’apprenti. Le monde sensible doit résonner aux frontières du monde intelligible. L'interaction s'établie entre la Pensée, la volonté et l'action entraînant la transformation de la matière et de soi.

La geste de l’apprenti met en relation axiale un plus bas sur le pavé mosaïque binaire, à savoir une pierre brute et un plus haut qui est la conscience de l’Homme. Ainsi la correspondance entre le plus haut et le plus bas, résulte d’un ternaire symétrique « en miroir ». Cette double action  maillet / ciseau sur une pierre qui est  miroir de soi, entraîne une prise de conscience de la relation axiale entre matière et esprit. C’est la conscience de la dimension symbolique de l’objet associée au travail sur soi. Le ternaire fait émerger la conscience de soi et du tout. (Voir schéma n°3 Transformation et « réalisation » en miroir).

Schéma 3 Transformation et "réalisation" en miroir.

Schéma 3 Transformation et "réalisation" en miroir.

A suivre...

E.°.R.°.

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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 18:14

La quête du Graal et la recherche de la Parole perdue : retour à la source ontologique.

 

La quête du Graal et la recherche de la Parole perdue possèdent bien des points communs. Bien plus qu’une démarche eschatologique (fin de soi et fin des temps), nous approcherons ces deux quêtes sous l’angle de la transmission dite traditionnelle, c'est-à-dire dans l’idée de la transmission d’un influx spirituel associé à des objets symboliques (images, mots et gestes) porteurs de sens et surtout d’essence. L’essence symbolique de l’objet ouvre à une holistique, par une approche ontologique consistant à rétablir un lien, une filiation, avec une source première, véritablement authentique et traditionnelle. Ce désir de lien et de continuité à rétablir, doit conforter et légitimer les représentations mentales individuelles et collectives liées à la transmission de la lumière. L’harmonie en soi et dans le monde semble dépendre d’une reliance à plus haut par le sang et par le verbe.

Il s’agit ici d’analyser de manière succincte les invariants structurels et dynamiques d’une quête redoublée ayant un caractère initiatique et mystique.  Analysons le mouvement, le périple intérieur et extérieur censé aboutir à une transformation de l’Être, et à la stabilité du royaume :

 

Nature des objets symboliques perdus :

Le Graal, la coupe contenant le sang du Christ est un cœur de substitution. Ce Cœur contenant la source d’immortalité, doit trouver sa place au centre de la croix ou au centre de la Tabula universalis.

La lame d’Or impérissable et rayonnante, contenant l’inscription de la parole perdue, doit se situer en sautoir sur le centre-cœur d’Hiram, (Nous retrouvons cette superposition centre rayonnant et coeur dans l’iconographie piétiste du « Sacré-Cœur »).

Dans les deux cas, personne ne sait retrouver la lame ou la coupe s’il n’a lui-même le cœur pur.

Tant la coupe que la lame d’Or sont des objets ésotériques, alors que la croix tout comme le corps d’Hiram sont des objets exotériques dont la fonction « phénoménale » est de « porter » le secret, de disparaître en laissant un objet symbolique substitué ayant valeur de reliquaire.  Ces objets substitués (coupe et lame d’Or) ont une fonction dynamisante : il s’agit de faire retour au Centre, au Pardes, lieux de la source ontologique et du verbe primordial.

 

La structure du Périple :

La démarche initiatique repose sur le mouvement pour aller d’un point d’origine situé sur le plan ordinaire de vie dit « plan d’exercice » où s’exerce l’éthique du chevalier, les landmarks et l’équerre du maçon, vers un point B situé sur un plan dit « de gloire », situé dans un plus haut difficile à atteindre.

Dans ce plus haut, on trouve la source de la Lumière (esprit), de la Parole (âme), de la vie (Corps). La source est le point central générateur de la manifestation, issue du compas de l’architecte, le Père en regard du fils.

Cette topographie est typiquement prométhéenne avec une profondeur mystique.

Ainsi nous avons constamment deux plans superposés au moins (souvent trois) avec un axe de progression vertical qui relie les plans entre eux.

Cette distribution rappelle l’organisation ancienne du monde partagée entre un plan ou cavité subterrestre, un plan d’exercice typiquement terrestre avec ses peines et ses échecs, et un plan de gloire céleste.

Cette cosmographie est un miroir pour l’homme révélant la constitution de son être.

 

Moteur du mouvement : chute et remontée 

La dynamique polarisante qui génère ce voyage ou périple initiatique est constamment liée à la notion de désir, de manque ou de perte.

Pour la chute, c’est un déséquilibre, une rupture du lien qui est né de l’éloignement du Principe issu du concept de matérialisation du Monde :

  • c’est la chute d’Adam pour le Prêtre,
  • l’assassinat de l’architecte pour le Maître maçon et donc la perte de la Connaissance,  
  • la chute du porteur de Lumière pour le Chevalier (la coupe du Graal fut taillée dans l’émeraude tombée du front de Lucifer lors de sa chute).

Pour la remontée on retiendra :

  • le relèvement du Maître par les cinq points en chambre dite « du Milieu »,  
  • la fontaine d’éternité (typique de l’initiation chevaleresque) issue du flanc du Christ et recueillie dans ladite coupe, avec la résurrection en perspective.

Le manque ou le désir résultent d’une perte qu’il faut combler,

L’action en comblement se traduira par la recherche ou la découverte d’un objet substitutif qui résume la puissance évocatrice et symbolique du manque. En chevalerie nous trouvons le même désir générant le mouvement avec la quête conjointe de l’amour courtois (« Ma Dame » ou « Notre Dame »). Se crée une tension entre le désir et l’impossible réalisation. Il s’agit donc d’une tension générée par l’idée de « l’Éternel Retour », la réintégration, ou le rassemblement de ce qui au cours du temps est devenu épars.

Il n’y a pas de doute sur le parallèle symbolique du sang du Christ et de la Parole perdue. Dans les deux cas, l’origine est liée à l’essence du Nom divin.

Du  retour ici bas il faut parler, car une fois l’essence du symbole incorporé, incarné en soi, il faut redescendre dans le plan d’exercice et porter la lumière dans le monde (passage du compas à l’équerre), pratiquer l’étique chevaleresque (foi, espérance et charité).

 

L’objet du désir : signifié substitué et signifiant en essence

L’objet symbolique dépassera alors son sens initiatique lié prioritairement à l’action de réappropriation d’un objet matériel faisant sens (ici la coupe ayant contenu le sang ou la lame contenant l’inscription). Il s’agit d’une appropriation objective à caractère mystique sujette à dévotion

 L’objet du désir et principalement un signifié substitué qui par ses caractéristiques rappelle par association d’idées le signifiant divin. Ainsi en guise d’objet, on choisira pour la Parole perdue le pendentif d’Hiram portant le non de Dieu et pour le chevalier on choisira la coupe qui reçut le sang du Christ. Le sang à disparu seul reste l’idée de ce contenu divin. Nous sommes donc dans la quête d’un idéal divin perdu.

De la même façon, la parole a disparu, seule reste gravées les lettres sacrées, mais pas la prononciation ! Quant au porteur de la Parole il ne reste que les reliques, à savoir l’os, porteur d’influx reliquaire.

 

 

Perception intérieure

Donc nous sommes dans une double approche celle d’un mouvement animé par la réparation d’une perte (Parole ou sang du Christ) et par la recherche du contenant reliquaire. L’objet recherché est plus que lui-même, il est porteur de traces: le lien direct avec le divin semble impossible si ce n’est par une représentation mentale en essence.

Le Graal est une relique. Il s’agit du désir de retrouver la félicitée, le retour vers le paradis perdu, la source originelle, etc.

Cette perception ne peut être qu’intérieure et en aucune façon ne se manifeste sur le plan d’exercice si ce n’est par la Porte symbolique qui mène à l’axe ascendant. Par cette remontée dans l’axe on outrepasse le sens pour atteindre l’essence symbolique.

 

La porte d’accès :

La Porte de l’accès à plus haut est indiscutablement liée à la mort traumatique du Christ ou d’Hiram. Ce trauma provoque chez l’observateur participant un changement d’état. C’est un point de passage entre la vie corporelle et l’éternité spirituelle.

 

L’accès au plan de Gloire se fait par un point de rencontre entre  l’ici bas et l’en haut : une montagne sacrée, un arbre magique Yggdrasil, un espace séparé et consacré comme la tente d’assignation contenant l’arche ou le Temple de Salomon. Le Temple devient une représentation symbolique de la Totalité cosmogonique issue d’une volonté Divine il protège l’invisible Shekinah.

 

Superposition des plans et des centres : un centre et plusieurs niveaux de réalité

Tout est résumé dans la Table ronde des 24 chevaliers : chacun un côté positif et un côté négatif et aspire à retrouver l’objet à placer au centre Ainsi le centre spirituel retrouvé est signifié par le Graal.

Il y aura superposition entre le centre du plan d’exercice et le centre du plan de Gloire. Les deux plans sont liés par le signifiant essentiel représenté par le contenu Graalique « invisible ». Le Graal a valeur ici d’Arche d’alliance. La Table ronde devient une cosmographie, une imago mundi. Son centre fait liaison entre le haut et le bas, tout comme le centre de la croix de la crucifixion.

C’est en ce centre (cœur) que réside l’essence du symbole comme l’essence de la rose au centre de la croix.

On parlera d’essence pour souligner le double aspect du symbolisme de la quête : le manque c'est-à-dire la disparition du signifié (Christ-sang/Architecte-Parole), et la « présence » en esprit, et paradoxalement invisible à nos yeux du signifiant (le divin, la Shekinah).

L’essence symbolique permet une représentation intuitive de l’invisible, un ressenti sans causalité contingente. C’est une autre réalité qui apparaît pour celui qui sait voir et entendre.

Un signifié substitué marquant le manque sera mis en place en attendant la redécouverte de l’objet, à savoir en chevalerie le centre de la table ronde dûment dessiné, mais « vide » ou occupé par Arthur en personne,  la parole substituée pour les maîtres maçons.

 

Le Graal invisible et la parole imprononçable

Il convient de préciser que nul ne peut voir le contenu de l’Arche ni s’en approcher à peine de mort, il en sera de même s’agissant du contenu de la coupe et Galaad son découvreur va mourir d’avoir vu l’intérieur. Ce n’est donc pas avec des vêtements de chair que l’on peut accéder à la Connaissance.

Nul ne sait prononcer le nom de dieu s’il n’est mort à sa propre contingence.

Seuls les cœurs purs, les chercheurs d’Or, les philosophes peuvent voir l’intérieur de la coupe ou entendre la Parole. Mais il est impossible de voir ce qui échappe au sens commun si ce n’est en essence.

Le contenant lié à l’objet relique  échappant au regard extérieur ou à l’audition profane, devient « présence » essentielle et purement intérieure. Ce constat implique la création en chacun de nous d’un temple intérieur afin d’y accueillir la coupe de la connaissance et la parole originelle. C’est ainsi que le Chevalier ou le Maçon deviendront un livre parlant. C’est l’enseignement lumineux du Graal et de la Parole perdue.

 

E.°.R.°.

 

Le Graal fondement de l’harmonie, centre du l’Union

 

Nous pensons que la double structuration symbolique et la dynamique qui anime la légende du Graal, telle que définie plus haut, est une recherche du principe d’harmonie intérieure et sociétale en relation avec la puissance supérieure. Cette fixation du sens ésotérique et exotérique est bien antérieure à la christianisation du nord de l’Europe. Cette approche graalique est déjà présente dans la tradition celtique et gaélique via le druidisme.

 

Nous pouvons le vérifier avec la tradition celtique du chaudron du banquet sacré irlandais ou chaudron d’abondance, réplique du chaudron de souveraineté du dieu Dagda.

Au moyen âge, Le chaudron possédait une fonction sociologique et symbolique, signifiant le rang social du noble ou du Roi qui le possédait. Il contribuait à la paix sociale par l’ancestral partage et ingurgitation de nourriture ritualisés autour d’un foyer commun (tradition maintenue dans la plupart des religions, chez les chrétiens avec le partage du pain et du vin, ou à Pâques).

On trouve ce fameux chaudron intarissable, associé à la personne du Roi d’Irlande Cormac mac Airt.

Perdre son chaudron signifiait perdre son rang et créer un désordre social. Le roi avait l’obligation d’offrir à son peuple un banquet d’hospitalité grâce au chaudron d’abondance, lors des 4 fêtes trimestrielles (Imbloc, 1er février, Beltaine 1er mai, Lugnasad 1er août et Samain 1er novembre).

Le service du feu et la fourniture de trois types de viandes à toute heure étaient ritualisés et distribués suivant des proportions en regard du rang social de chacun. La périodicité des cérémonies créait la cohésion sociale, confortait les liens hiérarchiques et permettait de sécuriser le passage temporel à l’ouverture des saisons.

La quête du Graal au-delà de la personne de Galaad est aussi la quête du roi Arthur d’un retour à l’harmonie des temps mythiques dans le partage et la paix.

Autre aspect symbolique lié au chaudron : la nourriture était bouillie. L’élément eau était pour les Irlandais, associée à l’élément marin. Cet élément reliait le monde des vivants au monde des morts, ce qui a pour effet de distinguer le contenant (chaudron protecteur attribut royal) du contenu magico-spirituel. Y sont contenues les eaux matricielles générant l’abondance et la prospérité, particulièrement requises à des dates importantes liées au ciel. Un parallèle peut être établi avec le Graal contenant le sang du Christ permettant le lien entre le plan de vie et le plan spirituel céleste. Dans les deux cas, la maîtrise du lien entre vivants et morts, entre Terre et Ciel est particulièrement nécessaire pour légitimer la puissance symbolique du pouvoir royal et sacerdotal.

Outre le chaudron d’abondance, l’épée de Nuada et la lance de Lug faisaient partie des l’armement sacré du roi, et son acclamation par le cri se prononçait sur la pierre de Fal (qui nous rappelle la pierre de Scone pour les rois écossais), fondant ainsi sa royauté sur un territoire. On se souvient du rôle de la pierre dans laquelle est l’épée que seul Arthur a pu extraire. La pierre et l’épée sont liées symboliquement par la défense d’un royaume.

Un rapprochement peut être fait entre le Graal et l’importance du chaudron placé sur la flamme d’un foyer ouvert dans la grande tradition irlandaise : dans les deux cas, il est le lieu central de l’unité retrouvée, de la nourriture et de la lumière diffusée et partagée.  

On rappellera qu'au Rite Ecossais Primitif, la cérémonie lumineuse de la Saint-Jean d'Hiver se fait avec un chaudron « illuminé » et placé sur le centre rayonnant situé dans un cercle...

E.°.R.°.

 

Sources :

  • Nos études précédentes sur la topographie de la geste maçonnique, le plan d’exercice, le plan de gloire, la triangulation des plans superposés, le signifié reliquaire, le signifiant « essentiel », les légendes de grades, etc.
  • Valery Raydon  Le chaudron du Dagda  éditions Terre de Promesse, 2016
  • Collectif  La Légende arthurienne ,  collection bouquins, éditions Robert Laffont.
  • Jacques Legoff  L’imaginaire médiéval. Essais » Bibliothèque des histoires, 1985.
  • René Guénon  Études sur la franc-maçonnerie et le compagnonnage  t II « Parole perdue et mots de substitués » Éditions Traditionnelles ;et  Symboles de la Science sacrée  chap IV « Le Saint Graal ».
  • Antoine Faivre,  Accès à l’ésotérisme occidental  t I éditions Gallimard 1996  mythes chevaleresques  P 94/95 et 126.
  • Henry Corbin, L’homme et son ange Fayard, 2013.
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27 février 2019 3 27 /02 /février /2019 21:42

2 - Une autre lecture

2-1 / Peut-on envisager un autre niveau de lecture moins substantielle et plus essentielle, plus intuitive ?

Il est possible d’envisager une autre classification qui surmonte les contradictions du sens (polysémie symbolique), grâce à la nature essentielle de l’œuvre du bâtisseur.

Pour cela il faut revenir sur la démarche fondatrice des mythes de la construction qui est issue du texte de l’Exode : « Et ils me construiront un sanctuaire pour que je sois au milieu d’eux. » La sédentarisation du peuple hébreu appela la construction d’un temple suivant le schéma du tabernacle de Moïse de la période nomade. Il y a deux notions qui s’entremêlent : la matière, la pierre et la Shekinah. Un contenant protecteur, le tabernacle, le  temple qui font sens, et un contenu qui est « essentiel » la présence divine. Hiram est chargé de mettre en œuvre les plans davidiens sur la pierre de fondement choisi par Salomon au sommet du mont Moriah. Tous les éléments indispensables à l’exercice anagogique sont en place avec l’essence symbolique via la Shekinah[1].

L’œuvre est une construction autour d’une même essence[2] au même titre que la pierre ointe de Jacob. Hiram assassiné sera via ses reliques, porteur de l’essence qu’il a mise en œuvre à partir des plans divins d’origine divine jusqu’au Temple de nature substantielle. L’essence traverse l’ensemble et dépasse le sens

2-2 / Du raisonnement causal à l’intuition

Il y aurait donc plusieurs avantages à vouloir une distinction entre sens et essence. Notamment la possibilité d’étudier la voie intuitive que d’aucuns qualifient de cardiaque.

Le post-mortem symbolique issu de la mort de l’architecte et reposant sur ses reliques sera qualifié par nous d’essence symbolique.  Dans la relique elle se manifeste par une trace appartenant au domaine du ressenti qui semble impérissable en l’homme. Exit la rationalité des causes : l’absence définitive d’Hiram se traduit par une « présence » transmissible moins par raisonnement (comment serait-ce possible ???) que par intuition, comme une évidence !

Mais cette intuition est tout de même liée à la représentation par l’image graphique et corporelle, par le verbe (légende et catéchisme), l’ensemble devenant concept vécu au concret dans ses effets psychiques et collectifs. On fait redescendre le concept du rituel initiatique dans le réel vécu c’est le rôle de l’essence symbolique au grade de maître. L’absence et le trauma en viennent à favoriser le ressenti essentiel.

Nous avons changé d’intelligence, celle-ci ne s’arrête plus à l’interprétation des sens et des signes. Elle outrepasse les sens successifs et graduels du symbole. Cette intelligence du signe est directement située dans un plus haut signifié.

2-3 / Le paradoxe des sens multiples résolus par l’essence

Le rituel bien joué, malgré ses éventuels contresens, serait potentiellement agissant en essence dans un signifié puissant. Il suffit de laisser l’intuition résoudre les apparents paradoxes de l’absence. Ici dans l'exemple de la filiation Hiramique on associe l’essence à une succession d'archétypes partageant un même schème de l’incarnation de l’esprit. Ainsi la structure cachée de l’homme et du temple serait reliquaire de la lumière.

L’intuition suit le chemin de l’essence symbolique dont la caractéristique principale est de ne pas se soumettre à une logique causale. Néanmoins elle s’inscrit dans l’ambiance du « ressenti » de quelque chose qui lui sert de point de départ.

Nous pressentons la persistance d’une sorte d’influx associé à une imagerie mentale qui valide cette intuition.  Donc l’essence du symbole sort du cadre rationnel pour entrer dans l’intelligence intuitive de la trace et de l’incarnation lumineuse. L’initiatique est rejoint par le mystique, l’essence du symbole serait leur trait d’union !

Qu’importe la vérité historique ou la chronologie ou la logique vertueuse, ce qui compte, c’est ce que l’essence symbolique révèle en nous : une prédisposition à voir intuitivement dans un plus haut « essentiel ».

Conclusion, il est possible que l’intuition en sa qualité de connaissance instantanée fonctionne sur le registre de l’essence symbolique… le sens restant affecté à l’herméneutique.

 Ce schéma qui suit est dédié à l’élaboration d’une spiritualité construite sur une pierre de fondement[3] à partir d'une perception aussi humaine que variable (Spiritualité construite).
 

 
Heuristique de la traversée axiale du Maître en fonction du contexte et du cotexte rituel  et de sa compréhension en regard du sens symbolique perçu et de ses contresens et non sens(E.°.R.°.)

Heuristique de la traversée axiale du Maître en fonction du contexte et du cotexte rituel et de sa compréhension en regard du sens symbolique perçu et de ses contresens et non sens(E.°.R.°.)

3 - La mort du Héros et ses conséquences

3-1 /Mort du sens et avènement de l’essence symbolique.

Il nous semble que ce grade se prête à une interprétation élevée en s’appuyant sur l’artifice de la substitution symbolique. Le rite nous invite à un travail de synthèse avec moins d’herméneutique[4] (explication de texte, apparence utile et causale du signifiant) pour tendre vers l’anagogie (élévation plus spirituelle et plus intuitive plus essentielle du signifié fondée ici sur l’absence du signifiant premier). Ce grade introduit une nouvelle expérience vécue qui outrepasse le sens symbolique de l’objet représenté. Ce « vécu » ou ressenti[5] est donc  lié à « l’envol du sens » qui emporte le signifié dans un registre supérieur. Cette lecture du signifié supérieur s’appuie sur « l’essence symbolique ». Nous utiliserons le drame Hiramique pour tenter d’installer la notion d’essence symbolique, nous pourrions tout autant exploiter les diverses traductions du mot de maître (MB etc…) dans les différents rites. Si nous admettons que le symbole est une représentation mentale fondée sur une extrapolation de l’objet signifiant faisant sens, alors que serait l’essence symbolique ? De notre point de vue, l’essence symbolique est la valeur signifiée au plus haut d’un symbole, jusqu’au signifié « spiritualisé[6] ».

3-2 / Comment démontrer que l’essence symbolique s’associe à la notion de trace « ressentie » dans l’objet substitué ?

La particularité de l’essence symbolique est de traverser tous les sens cognitifs et réflexifs en y laissant une trace « ressentie », que l’objet signifiant soit présent, absent ou substitué. L’expression « ressenti » associée à l’essence exprime qu’il est possible de lire le  réel dans une dimension qui ne se borne pas aux limites du sens discursif et de s’affranchir de l’inconstance du sens relatif.

Il n’est pas gênant que le Héros, signifiant premier (Hiram), ait disparu, car le signifiant substitué ou secondaire (l’os et son cortège symbolique contenant-contenu) est par son identité essentielle « imprégné » de la « trace » du signifiant premier. Cette trace participe du réel « ressenti » créant une impression qui affectera notre représentation mentale. Cette trace est supposée persister dans l’objet relique, ici l’os, mais ce pourrait être le mot de Maître « substitué ». Cette trace est un marqueur de l’essence, marqueur invisible et pourtant si intuitif.  Ce constat de la trace se fait dans toutes les sociétés primitives et le culte des reliques du moyen-âge s'inscrit dans le réel « ressenti » aux plans individuel et collectif.  La notion de trace reliquaire est si présente qu'elle s'est traduite par les pèlerinages qui ont financé la construction des cathédrales. Donc l’essence du symbole premier disparu, laisse une trace « ressentie », un marquage dans l’objet symbole substitué qui prend sa suite.

3-3 /Surdétermination de l’essence par le groupe, jusqu’à  l’idéal.

Ce qui est partagé entre les hommes, c’est moins le sens toujours relatif que l’essence stable du symbole. Cette essence ne se délivre que dans un groupe constitué qui va la valider en fonction de l’inné instinctif et de l’acquis culturel. Cette validation est requise, car l’identité et l’appartenance de chacun audit groupe en dépendra. Inversement la survie de l’individu dépendra de sa capacité à assimiler la vision conforme du groupe ou de la tribu. Nous revenons ainsi à une notion bien connue des loges régimentaires Stuartistes « l’esprit de corps ». Cette notion implique le partage d’une vision en essence appelée « idéal » commun jusqu’au sacrifice issue d’une « veillée d’armes ». Cette vision concernait justement la structure cachée dans l’archétype de l’autorité surplombante[7] quel que soit son cadre. L’idéal collectif et le signifié essentiel trouvent à s’associer.

Nous avons coutume de dire que, d’un rite à l’autre, nous tendons vers le même objectif qui est celui de l’exemplarité, du respect du devoir et de la transmission ritualisée. Le rituel collectif donne à voir, il est phénoménal au sens littéral et son mode de représentation collectif dépasse le sens pour valider l’essence du symbole[8].

3-4 / L’intuition identitaire

L’intuition déclenchée par le trauma de la disparition d’Hiram n’a d’autre fondement que l’expérience commune de la survie.

La causalité mentale et l’intuition viennent renforcer la force du groupe réuni pour constater et mimer une transmission reliquaire. La raison d’être d’un groupe qui transmet est de se perpétuer. L’image du tableau de loge est alors dirimante, elle chasse la rationalité profane du pourquoi et comment et fait oublier l’absence de l’objet symbolique premier (Hiram) pour installer une causalité phénoménale irrationnelle, perçue et validée par tous comme réelle grâce au schème sous-jacent intuitivement reconnu.

La surdétermination de l’essence par le groupe sera, pour nous, le point sommital et unificateur de toutes les diversités polysémiques des différents rites pour un même objet symbolique. Ainsi nous éviterons l’écueil du non-sens et du contresens que l’on retrouve dans l’interprétation relative propre au rite et à sa pratique contemporaine ou à l’interprétation politique désacralisée d’une obédience.

E.°.R.°.

(suivra un développement sur les concéquences des substitutions récurentes dans les légendes de passage)

 

 
 

[1] La Shekinah est l’illustration parfaite du caractère irrationnel d’une présence signifiée « essentielle » en l’absence de signifiant « substantiel »autre qu’un réceptacle concret supposé en recevoir l’influx…

[2] Dans le registre de la transposition symbolique peut dire que la pierre est essence, que le temple devient essence, qu’Hiram lui-même est essence et que ses reliques sont essence.

[3] Il est aussi valable pour l’interprétation « essentielle » de tous les symboles de « reliance à plus haut », tel que la pierre dressée et ointe de Jacob. Ce symbole porte la représentation archétypale de « l’esprit dans la matière ». Il s’adosse à la vision du schéma de reliance par la vision du Temple de David, ou la vision de l’échelle de Jacob. Les 2 visions se font entre la terre qui porte l'homme qui songe et le ciel qui illumine sa pensée. À l’issue de cette vision et après le combat avec l’ange, Jacob deviendra Israël, porteur d’une Alliance…Quant à Salomon fils de David il retrouvera la pierre de fondement du futur Temple…(retour à la source, au Pardes)

[4] Aux deux grades précédents signifiants et signifiés étaient en corrélation parfaite : les éléments nous étaient connus et l’autre soi-même accessible et mesurable. Désormais la disparition traumatique du signifiant détruit la relation sensuelle, cognitive et rationnelle signifiant – signifié. Une relation irrationnelle s’installe entre un signifiant substitué et un signifié en essence.

[5] Bien entendu nous n’affirmons aucune vérité scientifique, mais nous constatons un état d’un point de vue humain.

[6] Ceci n’implique pas une croyance religieuse, mais il semble probable que cette technique de l’essence symbolique soit couramment utilisée en matière de croyances et très certainement dans la voie mystique. L’essence symbolique serait une des bases de la transmission sacerdotale. Elle est associée aux signifiés des Grands mystères.

[7] Cette autorité surplombante est identique pour le mythe de la construction sacrée, et pour les mythes de la Connaissance dans les trois voies, artisanale, royale et sacerdotale : il s’agit d’une relation géométrique de l’individu au tout avec un plus haut (plan de gloire) et un ici-bas (plan d’exercice).

[8] C’est ainsi que le respect de l’autorité surplombante est certes dicté par des notions liées à la survie de l’individu identifié à un groupe, à la survie du groupe lui-même, mais plus encore à la représentation essentielle de cette autorité. Cette représentation archétypale est en partage entre chaque membre du groupe. Lorsque le groupe veut se donner des éléments identifiables d’appartenance qui font sens, il exprime des symboles visuels d’appartenance reprenant consciemment ou non, l’archétype dans sa structure secrète : peinture sur la peau des Pictes, spécifique d’une tribu à l’autre, tatouages identitaires, tartans écossais claniques, couleur d’uniforme, mot de passe, accent linguistique, etc. Ces signes extérieurs ont en partage l’essence symbolique commune relative à leur communauté.

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30 janvier 2019 3 30 /01 /janvier /2019 18:01

Lecture en essence du tableau de loge des Maîtres

(Absences, substitutions, traces reliquaires et essences. Plaidoyer pour l’essence symbolique.)

Le Maître, quelque soit son rite, pratique son art de bâtir en relation avec le ciel. Le Maître a pour mission de diriger les Apprentis et les Compagnons dans la construction d’un chef d’Œuvre commun. Il n’y a point de Chef d’Œuvre commun qui ne passe par la réalisation spirituelle de soi. C’est par la lecture des plans du Temple et leur réalisation sacrée que s’établira un lien entre le terrestre et le céleste. Ces plans seraient, d’après la Bible et la légende, d’origine divine et ne peuvent être lus que de manière royale. Cette lecture essentielle implique la présence de la dimension céleste et sacrée dans l’acte réalisateur. Cette dimension devrait reparaître dans le Tapis ou Tableau de la Loge, véritable compendium du grade. Ce réceptacle mémoriel d’aspect funèbre réunit l’ensemble des éléments de langage qui permettent à partir d’objets symboliques de passer d’une réalité substantielle à la dimension essentielle de l’Être. La lecture en essence sera renforcée par la légende du grade et par la geste du survol de la mort complétée du passage de l’équerre au compas.

La particularité de ce Tableau ou Tapis est de faire figurer une présence reliquaire de Maître Hiram. En effet, l’acte fondateur du grade découle d’un événement traumatique qui est un fratricide. Maître Hiram figure archétypale de l’architecte du Temple est tué par trois mauvais compagnons dans la maison de la reliance entre Dieu et les hommes. Cette maison censée héberger la présence divine est inachevée et la parole du Maître perdue. Ce fratricide nous renvoie au meurtre caïnite et nous interpelle sur le sens et l’essence de nos actes.

Ce crime ouvre la voie aux Maîtres secourables pour réinventer et s’approprier la relation au sacré et redessiner ou redécouvrir une relation transcendante. Les rituels étudiés relatent une méthode maçonnique d’élaboration d’une transmission à partir de la relique ou du souvenir du martyr. Le but de la méthode est de conserver la Tradition et d’éviter la confusion Babélienne qui guette tout groupe d’homme non relié à une influence spirituelle et non soumis au Devoir. Il s’agit à partir d’une représentation reliquaire d’établir une continuité spirituelle afin d’achever la construction.

L’étude comparée des tableaux de loge, en leurs natures de combinatoires de langages symboliques, peut nous permettre de dégager les points communs et le schéma secret de cette transmission. Notre travail collectif consistera, à partir d’une analyse comparée,  d’établir une grille de lecture commune aux différents Tapis de loge en mettant en évidence, la portée essentielle du symbolisme reliquaire.

Nous espérons que cette approche, au-delà des convictions personnelles, permettra à chacun d’avancer dans la redécouverte de son propre rite.  

Ce travail de recherche inter-rituélique est ici brillamment porté par les membres de la R.°.L.°. « Auld Alliance », à l’O.°. de Besançon-Courtefontaine, N°29 Grande Loge Symbolique travaillant au Rite Écossais Primitif.

Rappel: Un rite maçonnique s’organise sur deux échelles, la première est relative à sa activation « contextualisée » dans une époque et une culture, la seconde se veut initiatique « in illio tempore [1]», « conceptualisée » dans un non-temps et un non-lieu. Nous pouvons dire que le contexte temporel du récit vient s’adosser à la trame  intemporelle du rite « initiatique », trame qui perdure quelque soit les circonstances et le contexte. Être initié aux mystères de la franc-maçonnerie c’est faire l’expérience renouvelée à chaque grade de la synchronicité[2] entre le temporel discursif et visible et la trame intemporelle essentielle intuitive et peu visible.

L’hypothèse anagogique au grade de Maître se fonde sur trois dynamiques autour de l’invisible : "L’absence constatée et la présence ressentie", "le contenant et le contenu", "non-sens ou contresens de l’usage meurtrier des outils", valorisant ensemble l’essence symbolique. Ces trois dynamiques créent l’intuition d’une transmission d’Hiram au nouveau Maître.

  1. Introduction à l’essence symbolique

Le grade de Maître est fondé sur une double perte : celle de l’archétype de l’initié (Hiram) et celle de la Parole (parole perdue)[3]. Subitement le monde du symbolisme constructif se trouve bouleversé, privé de son architecte détenteur des secrets. La mort brutale d'Hiram[4] et la perte de la parole transportent la transmission initiatique sur un autre plan. Le secret du grade résiderait sans doute dans cette négation « apparente » du signifiant et de sa verbalisation. Pour le découvrir l’arcane du grade, il faut donc chercher l'ouverture secrète du symbole et sa clef hors du cadre ordinaire.

La représentation mentale du franc maçon est essentiellement basée sur l’image-mémoire, dirimante et inductive. Le tableau de loge est une image-mémoire contenant une combinatoire de symboles que chacun intériorise suivant la méthode maçonnique. Nous pensons que ce tableau contient une heuristique traversée par l’essence symbolique au même titre que la geste, le catéchisme et la légende du grade. L’image-mémoire deviendra image-miroir par ses effets induits au plan psychique. Mais il existe des miroirs déformants, comme la mémoire ! Il existe autant de miroirs que de regard sur la chose.  

Comment éviter cet écueil du sens déformé, ou du sens relatif ?

La polysémie intrinsèque du symbole crée une difficulté d’interprétation constante. On s’accorde à dire que la moyenne générale des sens multiples concorde vers un sens commun. Or parler de sens commun comme une moyenne générale du sens c’est abandonner le symbole à la masse commune des sens et contresens ! Nous pouvons faire mieux en échappant aux variations discursives. La rituélie comparée démontre que l’objet symbolique est plongé dans un univers des sens cognitifs et réflexifs parfois confus et contradictoires. Il faut donc extraire de cet objet son essence pour percevoir sa reliance archétypale. Il est entendu que le réel est une perception, une représentation mentale de l’homme qui brille par sa variété. Si nous escamotons le sens toujours polémique au profit de l’essence c’est que nous recherchons dans cette étude ce qui est constant. Le sens finit par créer un obstacle épistémologique que l’on dépassera par l’essence.

L’appartenance à une société de tradition implique si possible de conserver la variable du sens, mais surtout de déterminer l’invariable essence symbolique. Ainsi il sera indifférent que le sens, simple artefact contextualisé[5], puisse entraîner un non-sens ou un contresens.

La question qui se pose et celle du niveau d’interprétation symbolique du rébus du Tableau de Maître : on ne peut en rester à la détermination d’un sens discursif fondé sur un enchaînement logique de causes comme au premier et second degré, avec toutes les variations interprétatives déformantes des différentes rituélies. Si l’apprenti découvre la lumière dans l’espace sacré de la loge et y progresse en ligne droite, le compagnon par son pas de côté découvre le plan d’exercice de la loge, le champ des possibles, les différentes trajectoires et surtout l’idée d’une possible transgression. Le Maître enfin est issu de cette transgression qui le fait défaillir dans ses certitudes et chuter dans un plan inférieur pour se relever dans l’axe et atteindre « en pensée » la chambre du milieu dans un plan supérieur.

On suivra donc un axe d’élévation (anabase) pour échapper aux variables du sens et des contresens situées sur un même plan (plan d’exercice subjectif) et aux dilemmes du non-sens et de la chute (catabase). Dans la chute nous abandonnons la forme, il ne reste que la relique, son souvenir et son essence supposée.

voir illustration en bas de page ...

 

(Dans une prochaine parution nous tenterons une autre lecture, plus essentielle du tableau de loge des Maîtres. )

E.°.R.°.

 
 

 

 

[1] « En ces temps là » ce qui nous renvoi dans un temps mythique, au temps sacré, celui des débuts. « ab origine » selon Eliade Mircea. Le sacré et le profane, page 61 Paris Gallimard réédition 1983.

[2] C’est dans un temps long que s’installe l’analyse diachronique et dans l’instant présent contextualisé que nous abordons la synchronicité. Néanmoins l’une et l’autre approche utilise les fragments  du passé pour en faire un réel vécu. Pour aller plus loin : Ferdinand de Saussure  œuvre postume Cours de linguistique générale, Paris, Payot, coll. « Grande bibliothèque Payot », 1995 première édition 1916

[3] Il serait facile de démontrer l’association entre le dévoiement des outils par les 3 mauvais compagnons et la perte de la voie « Orientation » et de la voix « Parole » car l’outil et son usage sont corrélatifs de l’évolution de l’homme et de l’apparition du langage. Polarité du double couple : Main-outil/Face-langage. Dans ce sens Leroi-Gourhan, André, Le geste et la parole I Technique et langage. Paris, Albin Michel 2014. Page 262 et suivantes. Par extrapolation la voie est la voix, elles concourent à l’initiation et à l’évolution de la conscience éclairée.

[4] Il nous semble que la figure du roi Charles 1er et de son martyr est représentée par la figure substituée d’Hiram.

[5] En introduction nous avons souligné que le rite maçonnique avait une double dimension temporelle et donc contextualisée et de l’autre coté « in illo tempore» conceptuelle.

Theorie de l'essence symbolique

Theorie de l'essence symbolique

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15 novembre 2018 4 15 /11 /novembre /2018 23:37

"Plan d’exercice" maçonnique, "Anabase" et "Catabase" prométhéenne

 

Prométhée enchaîné par Gustave Moreau

La pierre ingérée par Chronos et vomi par lui donnera naissance au nouvel ordre cosmique sous l’empire de Zeus. Cet ordre n’attendait que l’intervention de Prométhée pour régénérer la pierre rejetée en pierre philosophale.

Cette pierre rejetée dans sa chute du monde divin au monde de la matière donna la race des hommes se transformera en pierre issue de "l’humeur divine" en pierre philosophale. Cette pierre sera riche de toutes les expériences divines et humaines et donnera chez l’homme la conscience éclairée.

Nous avons brossé précédemment le contexte qui a permis la première confrontation entre le représentant des hommes et l’univers Olympien. Cet état est ce que nous appellerons "le plan d’exercice", similaire au pavé mosaïque de nos loges ou au tableau de loge.

Il reste une montagne à conquérir, si Prométhée y parvient glorieusement alors ce sera l’anabase chère à Xénophon[1] avec au somment de la montagne le fameux plateau dit « plan de gloire » où le héros est couvert de gloire et s’empare de l’objet tant convoité. À cette montée victorieuse devrait suivre un retour au plateau - plan d’exercice et la diffusion du feu et des bienfaits de la conquête. À défaut de gloire du héros, dans l'éventualité d'un échec de la tentative, alors le retour au plan d’exercice se traduira classiquement par une catabase, une descente en déchéance, un retour dans les états inférieurs de l’être, une chute dans la matière.

 

I / ANABASE : la marche, l’ascension vers la lumière

 

 Le voyage ascensionnel de Prométhée – gravissement de la montagne sacrée.

Symboliquement, appartenant par sa lignée à l’Ancien Monde des vaincus et reclus, nous pouvons dire que Prométhée le fils de Titan est sorti des replis de la terre, de la grotte et du Chaos Ouranien. 

Son choix « humain » souligne la faiblesse constitutive de l’homme : la nature humaine est démunie de tout lorsqu’il s’agit de survivre. Son penchant en faveur de l’homme va bouleverser l’ordre établi. Il va franchir la frontière qui sépare l’homme du divin. Prométhée va incarner un démiurge de l’Ancien Monde qui va se battre pour l’homme nouveau.

Sa bienveillance envers les hommes légitimera son comportement démiurgique. Franchir cette frontière, c’est ni plus ni moins monter à l’assaut du domaine des dieux pour être leur égal. Prométhée dans ses actes ne représente pas que lui-même,  il est porteur des principes qui vont irriguer l’humanité de l’homme : le courage,  le dévouement,  la cause juste, le principe d’égalité et d’équité, de partage, etc, mais aussi la prétention d’être comme Dieu.

La sanction après la première confrontation à Mékoné

Le fait d’avoir la part du bœuf constituée de bonne chère fut sans lendemains favorables à cause du courroux de Zeus.

Afin de se venger de Prométhée, Zeus confisqua le feu de la foudre placé en haut des frênes ainsi que les graines céréalières dont les hommes se nourrissaient. Ainsi, les pauvres mortels étaient voués à mourir de faim, car ils ne mangeaient pas de chair crue.

 

La réponse à la sanction : 2eme confrontation, 2ème transgression, 2èm émancipation.

Nécessité fait loi, l’humanité naissante se meure.

Prométhée gravit la montagne sacrée pour s’emparer du feu et se confronter au divin. C’est le propre de tous les rites initiatiques que de faire le passage de la grotte de l’ère des titans vers le sommet de la montagne « éclairée ». Les Anciens devoirs maçonniques suggéraient qu’il fallait monter au sommet de l’échelle des arts, voir le visage du divin et redescendre pour partager cette vision comme une nourriture spirituelle[2]. Cet acte délibéré peut être vu de diverses façons : un sursaut d’orgueil du titan en lutte contre Zeus, ou plus simplement un acte de générosité et de sacrifice rendu nécessaire pour la survie de l’espèce humaine. Il fallut défier et escalader l’Olympe pour survivre.

 

A / Voir la lumière, sortir du monde ancien

L’homme avait perdu le feu confisqué par Zeus. Eschyle fait dire à Prométhée[3] : « J’ai libéré les hommes et fait qu’ils ne sont pas descendus dans l’Hadès »

 

Voler le feu pour achever l’œuvre !

 Prométhée s’aperçut que l’homme façonné par son frère Épiméthée n’avait pas, contrairement aux animaux, toutes les armes pour se défendre. Le frère de Prométhée, Épiméthée qui veut dire « celui qui pense après » était un artisan très habile chargé par Zeus de peupler la terre de toute sorte d’animaux ; il les rendit autonomes et aptes à se défendre, et quand il fallut créer l’homme, il le fabrique à base d’eau et de terre et le faisait sécher au soleil en lui donnant le souffle, c’est-à-dire la vie. Mais voyant le travail de son frère, Prométhée ne put que constater la faiblesse de cette créature humaine des premiers temps, il lui manquait le feu pour cuire les aliments et la graine de la cueillette, il lui manquait le feu pour transformer et inventer, il lui manquait la conscience et l’intelligence « éclairée ».

Cette dépendance au feu produit par Zeus remettait en cause le travail de création de son frère. Il semblait acquit que cette imperfection ferait dépendre l’homme de la Grande Nature et de celui qui faisait les orages et les éclairs, il fallut donc tenter de rééquilibrer une seconde fois l’ordre olympien en faveur de l’ordre humain.

 

À la rencontre du centre des centres

Prométhée escalada la montagne sacrée et s’empara d’une semence du feu au sommet de l’Olympe dans l’atelier d’Héphaïstos le forgeron gardien du feu. Ce feu est celui qui transforme qui réchauffe, qui cuit, qui éclaire le foyer et la conscience collective de la tribu. Le feu a donc une triple dimension : matérielle, humanisante et spirituelle.

 

 

B/ L’émergence de l’homme pensant, homme pensif.

Le feu comme la terre, l’air et l’eau sont les élémentaires de la vie. Pour penser, vouloir et agir, encore faut-il posséder les quatre éléments que l’apprenti franc-maçon réordonne en lui lors de son initiation. Ces quatre éléments peuvent être dans le réceptacle humain l’élan vital,  à condition qu’ils restent liés par un acte fusionnel. L’air du souffle d’Épiméthée, l’eau et la glaise vont se lier durablement par le feu dit «  élémentaire ».

 Mais ce feu est agissant dans d’autres dimensions. C’est notamment un feu qui en premier lie les éléments entre eux et qui à la suite relie cette « création » au sommet de l’Olympe.

Une fois cette opération élémentaire sur le contenant réalisée, l’opération alchimique suivra : le feu opère une transmutation de la matière, le contenant, le corps de glaise devient athanor ou vase qui accueille la lumière synonyme de l’esprit humain[4]. L’humanisation viendra de la part spirituelle du feu : Prométhée va implanter la lumière de la conscience dans un corps de matière, l'homme se pensera lui-même hors le divin dans un questionnement sans fin. Voilà les conséquences de l'action « démiurgique » et  humanisante du fils du Titan[5].

 

II/ L’apport du feu sur le plan d’exercice

Une fois redescendu de l’Olympe Prométhée s’empressa de diffuser le feu auprès des hommes. De quel feu et donc de quelle lumière parle-t-on ?

 

A/ Le feu des sciences et techniques

Platon dans Protagoras nous dit qu’il s’empara aussi des métiers artisanaux et des sciences techniques détenues par Athéna. Donc le secret du feu est lié à l’activité transformatrice de l’homme sur son milieu. C’est l’acte d’un quasi-dieu que de transformer le réel. C’est ici que se situe la concurrence entre l’homme et dieu : le feu est un attribut du dieu qui foudroie devenu feu vital et transformateur aux mains de Prométhée et des hommes. Il faut remarquer que ce feu transformateur n’est pas de même nature que le feu de Zeus, la foudre. Le feu volé avec les sciences et techniques va permettre une polytechnique du feu.

 Le feu fabriqué par l’homme est la conséquence du vol du feu et des techniques associées. Faire du feu, c’est faire comme Zeus et Héphaïstos avec la dimension spirituelle en moins. On conservera jalousement ces savoirs et techniques que l’on reliera à leur tour par la sagesse : ils deviendront connaissance.[6]

On pratiquera à la suite de cette conquête le devoir de mémoire technique qui justifie le savoir-faire de l’artisan.

Prométhée se résolut à prendre, à voler le feu au sommet de l’Olympe pour combler l’imperfection humaine. Il veut que l’homme ne soit pas qu’une simple créature, il la veut parfaite en lui donnant une semence de lumière. Prométhée à cet instant entre dans une quête et anime en lui un idéal chevaleresque fondée sur la nécessité humanisante et sur le ressentiment titanesque. La Nécessité humanisante liée à la survie et l’affirmation de la nature identitaire du titan entreront désormais dans le moteur hybrique de l’humanité en même temps que le feu-lumière volé.

 

Spiritualisation du feu

Le feu est symbole de destruction et de transformation, il agit tout autant sur les formes transformées que sur les esprits éclairés. S’emparer du feu, c’est détenir le pouvoir de transformation et d’évolution éclairée.

Au moment du vol le fils du Titan ne voit que l’utilité vitale du feu associé à la matière, il n’en conçoit nullement la dimension éclairante de l’esprit, ni la lumière illuminatrice qu’il pouvait porter en lui. Il n’est pas encore initié.

En fait Prométhée vola pour lui-même (ressentiment) et le compte d’une l’humanité à naître (nécessité) les savoirs de la transformation de la matière qui sont le premier stade qui mène vers la connaissance, vers la transformation de soi et de la perception d’une totalité harmonieuse.

Le tout constituera les bases incontournables de l’initiation dite « traditionnelle » fondée sur l’ascension et la transformation.

 

 

B  / Ce fut l’acte fondateur de la conscience.

La conscience « éclairée » serait par Prométhée une pensée prévoyante. La conscience de l’homme définit le sens de l’acte et de la vie. Prométhée nous a donné la conscience de notre être, la pensée éclairée, l’autonomie de la volonté et l’action transformatrice de soi et du monde. Cette conscience s’inscrira dans un double mouvement initiatique centripète et centrifuge : le premier est l’atteinte du centre des centres,  là où sont les secrets de la vie et du monde, le second est la parole et la lumière rependue chez les hommes permettant l’émergence de la conscience. Le feu ainsi dérobé est le moyen d’éclairer l’esprit en le libérant du principe d’utilité[7].

 

Conscience démiurgique et conscience du manque.

La conscience éclairée se « matérialise » avec un certain succès donnant à l’homme l’illusion d’être le maître de son environnement. Cependant ce feu lumière est plus au service de la matière que de l’esprit. L’acte démiurgique de type Prométhéen reste un acte matériel proche de la destruction.

Le feu est démiurgique par nature, car des quatre éléments il est celui qui a le pouvoir notamment de créer, de transformer et de détruire ou d’anéantir. L’hybris de Prométhée et sa volonté d’intervenir dans le sort de l’homme comme un démiurge « titanesque », se transmettra à l’homme nouvellement doté de ces sciences et techniques volées. Ce vol se fera sous couvert d’équité envers les hommes, même si les mobiles de la vengeance ou du ressentiment restent présents.

Ce feu « domestiqué » opère la transformation de la matière par l’homme qui sera comme un demi-dieu insensé, pesant sur son environnement, cédant à l’hybris prométhéen qui détruit l’harmonie du monde appelé dikè. Son hybris s’étendra jusqu'à vouloir détruire ou exterminer son frère et son semblable faisant de l’homme l’espèce la plus dangereuse pour lui-même et pour la Grande Nature représentée par Gaia.

On comprendra qu’ici le feu d’Héphaïstos et les savoirs volés à Athéna devrait mener, à l’issue d’un long parcours, à la conscience éclairée, à la sagesse et à la connaissance. Mais ni l’homme, ni Prométhée n’ont compris la dimension spirituelle d’un feu lumière, ils n’y ont vu que le feu qui brûle et transforme, réchauffe et cuit. Il reste du chemin à parcourir, c’est le chemin de l’évolution, ce chemin est une souffrance infligée à Prométhée. Nous en tirons la conclusion que la conscience née de l’évolution est démiurgique par son origine prométhéenne, et humaine par les épreuves qu’elle traverse.

Depuis la nuit des temps, on raconte cette histoire de la naissance et de la création de l’homme pensant. Ce récit se fait traditionnellement et depuis des millénaires autour du foyer central.

 

De la matérialisation démiurgique à la conscience en l’homme

L’activité transformatrice de l’homme préexistait à la maîtrise du feu ; mais la maîtrise technique du feu c'est-à-dire la capacité à faire du feu par friction et de l’utiliser pour la cuisson des viandes et la transformation de la matière sera une évolution aussi importante que la bipédie.

Le Paléolithique voit la fabrication des bifaces à froid pour la chasse et la séparation de la viande crue, à -6000 ans débute le néolithique et le travail efficace de la pierre pour la chasse s’associe à l’esthétique de la forme. C’est la découverte de la symétrie. Parallèlement survient le travail de la glaise pour faire des récipients. Ce travail de manufacture utilitaire et esthétisant passe par transformation de la matière par le feu : nous sommes dans une période typiquement prométhéenne.

Le feu est un bienfait, il transforme la matière. Déjà l’homme cuisait sa viande pour une meilleure digestion, mais désormais avec les récipients il peut faire des bouillons plus assimilables par les plus faibles, donnant des chances de survie à une population plus faible, diminuant la mortalité infantile et prolongeant la vie et l’activité réflexive.

Suivra l’intervention de l’homme sur son milieu par l’abattage des arbres, le défrichage, l’élevage et la culture, procédant ainsi à l’activité démiurgique sur l’espace clos terrestre, mais aussi par la fusion des minerais avec l’apparition des métaux et des alliages. C’est ici qu’Héphaïstos le fils de Zeus réapparaît avec le forgeron présent dans les sociétés primitives sous couvert des rites « magiques » relevants des puissances souterraines chtoniennes, c’est l’alliage avec les puissances infernales souterraines, puis dans la franc- maçonnerie du bois relatera le forgeron comme le charbonnier considéré comme des parias, vivant à l’extérieur du village et se réfugieront dans la foret ou la grotte, puis dans la franc-maçonnerie de la pierre avec le fameux Tubalcaïn. Ce forgeron « boiteux » comme son père sera accepté dans certaines loges ouverte à son évolution et refusée par d’autres, fermées à ses pouvoirs infernaux, mais toutes les loges feront de l’abandon des métaux un canon rituelique.

C’est ici que l’on retrouve loge reproduisant l’interdit Salomonien : Aucun bruit métallique ne fut entendu lors de la construction du Temple de Salomon[8]. Ce Temple serait donc moins un temple de matière qu’un temple de l’esprit en l’homme.

Nous voyons ici le feu évoluer dans son périmètre symbolique en direction d’une lumière illuminatrice de l’esprit en l’homme : de matériel, il devient symbolique et magique pour ne pas dire chamanique. C’est une étape intermédiaire, mais la nouvelle ère d’après le veau d’or et la descente du Sinaï par Moise va sanctionner l’interdit de l’alliance avec les puissances infernales et idolâtres. Le métal est un alliage et donc une alliance entre une puissance matérielle humaine et une puissance maléfique souterraine ou bénéfique car céleste. Le temple de Salomon fait place à la puissance spirituelle de l’alliance, et exclut la puissance maléfique de l’alliage chtonien. C’est donc un fondeur, maître en diverses sciences et techniques qui va diriger en expert les travaux de construction. Il veille à la conservation de la parole éclairante du divin chez les ouvriers et dans la pierre. C’est à lui qu’il revient de séparer ce qui est alliage de ce qui est alliance, conservant ainsi l’esprit d’alliance en chaque pierre et en chaque compagnon participant à l’édification de la maison de Dieu.

De cette troisième étape on aboutira à la construction du Temple intérieur en l’homme.

 

Le feu tribal

C’est pourtant autour de chaque foyer central que les familles et tribus vont commencer à se réunir, faisant naître dans le foyer commun la conscience collective de l’homme et les premiers récits fondateurs du monde et des hommes. Cette présence réconfortante du foyer central fera naître aussi une hiérarchisation des cercles réunis :

- Le premier cercle sera celui des privilégiés des plus forts, des chefs, des sorciers et chamans (Maîtres)

- le second sera celui des prétendants (Compagnons)

- le troisième sera celui des juvéniles impatients de transgresser à leur tour l’ordre concentrique du premier cercle. (Apprentis et mauvais compagnons ?) Ces derniers prendront la « tangente » de l’ordre établi, volant un brandon dans le foyer central afin de tenter d’établir plus loin un autre foyer. (Mouvement centrifuge)

Le vol du feu sacré ou la convoitise du Verbe est la base de tout parricide, c’est ce que réitère à la suite du mythe de Prométhée le mythe d’Hiram[9]. C’est le moteur prométhéen de l’évolution humaine.

Le feu crée un héliotropisme sur lequel l’hybris de l’homme se fixe. Être au centre, au plus proche du point central, c’est accéder à la mémoire vivante, à la parole des dieux par recréation tribale du Centre-sommet. (Mouvement centripète)

Gravir la montagne pour voir la lumière divine après s’être extrait de la caverne[10] sera désormais la tendance naturelle de l’homme et constituera la trame de toute initiation traditionnelle. L’initiation se distingue par sa dynamique et sa démarche dite « élémentaire » d’une simple démarche mystique. Derrière l’élément feu se cachent les trois dimensions initiatiques. La voie initiatique artisanale veut monter au ciel et fabriquer l’échelle ou la tour, la voie mystique veut recevoir le ciel et polir le réceptacle, la voie chevaleresque veut conquérir et protéger le centre des centres.

 

C / Les trois feux et trois lieux

Zeus vainqueur en son Olympe est l’équilibre du monde. Il se métamorphose à volonté, il est magicien, il prend parfois forme humaine, il est divin, il est le sage, il possède par ses frères et sœurs et autres alliés toutes les facultés, tous les savoirs et la connaissance des secrets de l’harmonie du monde.

On a vu que le feu dérobé à Héphaïstos n’est qu’un feu transformateur de la matière, permettant à l’homme d’être « lié » au plan élémentaire en un corps transformé et animé, mais aussi d’être « relié » au plan divin par la caverne[11] dans l’Olympe. L’homme relève la tête regarde cette montagne sacrée comme un sommet de l’intelligence du monde, demeure de la présence divine « rayonnante » et unique.

Nous avons trois feux :

  • le feu matériel qui transforme (FORCE)
  • le feu sacré et spirituel qui permet la présence divine au milieu des hommes qui est littéralement le foyer (SAGESSE)
  • et le feu de Zeus, ordonnateur du chaos « révélateur » de l’harmonie. (BEAUTÉ)

L’homme connaît le feu matériel et conçoit dans un ailleurs les deux autres feux qu’il ne possède pas. Le feu matériel volé est un intellect qui a préféré la matière à l’esprit, au point de déchaîner les désirs terrestres et enchaîner l’homme tel Prométhée[12] à son rocher. Ce qu’il ne possède pas doit être imaginé. Cet ailleurs sera le monde divin, par nature surplombant, par essence ontologique, et dirimant dans la hiérarchisation chaotique. Il faut donc remonter auprès de dieu pour vivre la proximité du feu divin. Cette remontée se fera par les prières, les invocations, l’érection des Temples et l’interposition des médiateurs et messagers célestes. L’émergence de la conscience est associée aux deux feux que l’homme n’a pas volés et qu’il ne possède pas.

Il faut donc trouver un subterfuge pour combler ce manque spirituel dans le feu volé.

 

 On demandera à Hermès de faire le lien avec le divin par l’analogie symbolique. On utilisera aussi le langage de l’hiérophante qui permet la descente de l’esprit divin dans un médiateur humain. Ces deux langages nécessitent l’accouchement de l’esprit en l’homme. Le lieu de l’accouchement de l’esprit est un lieu privilégié et séparé du monde et du désordre profane. C’est un lieu ou l’on peut invoque et prier. C’est dans ce lieu séparé que se tiendra le feu sacré d’Hestia.

 

Il y aura deux lieux séparés  pour les hommes en regard de la nature chaotique de leur Hybris . Ces lieux appelés temple permettront de se relier au sommet ultime de l’harmonie, Olympienne en l’espèce :

  • le premier feu sacré sera celui de la tribu qui, dans l’enceinte où elle se réunit (la grotte ou la tente), recrée instinctivement le centre fondateur de l’humanité avec le feu central. Ce lieu sera sacré, séparé et protégé par des règles d’accès et d’entretien est sera sous la gouvernance du « maître » et l’action du « mage » .
  • Le second sera le lieu de la descente initiale et de la prière montante et "reliante", celui du Temple, lieu séparé du monde profane, lieu d’action du prêtre, recréant par la sacralisation, le feu d’Hestia. C’est la voie d’accès verticale qui sépare la caverne d’Héphaïstos le forgeron de la substance au feu ordonnateur et essentiel de Zeus. C’est sur cet axe que séjourne pensée "reliante" du Sage.

Ces deux feux ont pour vocation d’atteindre par leur centre symbolique le sommet olympien du feu « essentiel ». À défaut de l’atteindre réellement, on tente d’y être relié par l’acte magique et l’invocation ou par la prière. L’image de Zeus n’est là que pour mémoriser le schéma du sommet essentiel de la pensée et de l’acte.

 

Les trois feux sont les trois étapes de la conscience humaine :

  • celui d’Héphaïstos volé par Prométhée et mis en œuvre par Épiméthée, c’est la conscience éclairée de l’homme qui d’empirique évolue vers une pensée prévoyante et qui peut dégénérer en action démiurgique sur les choses,
  • le feu d’Hestia représente le foyer collectif et tribal sacré et le feu sacré du Temple, celui qui crée le sentiment d’appartenance à un centre et fait naître la conscience de l’autre, mais qui peut dégénérer en manipulation démiurgique de l’homme et des choses,
  •  celui de Zeus, l’éclair de la révélation et de l’essence qui peut aboutir en sagesse ou en destruction par foudroiement.

C’est tout un Nouveau Monde que fait apparaître cette pensée essentielle. Pour atteindre ce niveau de conscience, il faut continuer à cheminer vers l’essence, lâcher son rocher, rompre ses chaînes égotiques pour atteindre enfin le sommet olympien.

 

III / CATABASE

La catabase est une descente dans le subterrestre, ici cela prendra l'allure une chute dans la matière.

À l’évidence l’acte prométhéen fut louable, mais incomplet. Zeus n’était pas dupe de sa tromperie et sanctionna durement le représentant des hommes par un enchaînement au rocher symbolisant la matière brute. C’est sans doute pour cela que nous n’avons de cesse que de tailler cette fameuse pierre brute… De plus une fois libéré, Prométhée sera condamné à porter un anneau pris dans ses chaînes avec une pierre brute sertie, image de l'alliance entre l'homme démiurgique et la matière.

 

 A / La tare est transmise par absorption et incorporation. Hybris, anthropisme, claudication.

L’acte transgressif de Prométhée, son hybris démontrée à la fois par le partage rompant l’harmonie du monde, mais aussi sa volonté de faire comme les dieux en gravissant et en volant le feu, ne restera pas impuni dans l’ordre moral.

Le feu volé porte en lui une tare associée à son gardien et il faut être dieu pour ne pas la subir :

Héphaïstos est un cyclope boiteux, affecté d’une tare physique comme tous ceux qui sont gardiens d’un art artisanal « matériel » (dans la mythologie grecque). Comme tous les cyclopes, il a fait allégeance à Zeus maître de la foudre qui est l’arme céleste par nature celle qui réduisit les titans coupables du désordre dans l’Ancien Monde. L’homme qui hérite du feu d’un boiteux sera à son tour boiteux dans son comportement en regard de l’ordonnancement des dieux. L’homme par sa transgression démiurgique ne sera plus en accord harmonieux avec les dieux, ni même avec la nature. Il tentera tel le boiteux de marcher droit, symbolisant la marche de l’homme en déséquilibre permanent vers son initiation[13]. Il ne pourra compenser cette tare que par un travail sur lui-même. Ce travail sera initiatique ou mystique.

Un rapport de force permanent s’engage désormais. Cette situation de crise n’est pas nouvelle toutes les traditions en parlent. C’est la chute de l’homme premier la perte de la proximité divine, le paradis perdu. Comme l’Adam Premier de la cabale qui chuta dans la matière, ou l’Adam et l’Ève qui furent chassés du paradis, c’est la transgression de l’ordre divin qui leur donna la conscience d’eux-mêmes et de leur potentiel au point de couvrir leur nudité originelle. Ce rapport à la conscience de soi fait surgir la différence entre soi et l’autre, traduisant la concurrence des pouvoirs, le jeu des séductions et des influences. La lumière-conscience devient alors elle aussi démiurgique dans la manipulation de l’autre et dans l’autosuggestion. De fait l’homme boiteux devient à son tour son propre démiurge via sa psyché, ne faisant que soigner et compenser sa tare originale.

Mais un boiteux peut-il guérir un boiteux ?

 

 

Anthropisme et supplice

Cette tare doit être interprétée au sens de l’anthropisme[14] qui caractérise le comportement humain à courte vue[15] ;

L’acte est fait sans vision du tout. La courte vue a des conséquences écologiques. L’homme ira jusqu'à modifier les facteurs endogènes[16] de sa propre évolution génétique. La conjugaison de l’anthropisme interne et externe à l’homme sont dus la transmission de l’hybris démiurgique.

L’homme prométhéen est confronté à une lutte entre sa conscience issue de la lumière prométhéenne pour l’équité et son hybris issue de la chute du porteur de lumière.

La transmission prométhéenne sera complète et contradictoire, entraînant la souffrance de l’homme marquée par le supplice de Prométhée.

 

L’échec de Prométhée- La chute dans la matière- la chute de Lucifer -la chute de l’Adam- avènement du vrai porteur de lumière.

Quelle est la sanction divine : L’enchaînement du démiurge au rocher du Caucase symbole de la chute dans la matière et la dévoration journalière du foie[17] par l’aigle pendant 30 000 ans. Le foie, considéré comme l’organe des émotions et surtout de la vengeance chez les Grecs, souligne la contradiction émotionnelle interne de l’homme avec le céleste[18] représenté par l’aigle. Mais le foie est aussi un miroir sur soi-même, un révélateur de qui nous sommes et de notre destinée.

 Prométhée fut libéré à la demande d’Atlas, il fut condamné à porter un anneau dans lequel était enchâssée une fraction de la pierre du supplice. Les chaînes brisées seront le symbole de l’homme qui libère sa conscience de l’arbitraire ou plus précisément de l’emprise de son ego.

L’homme héritier d’un partage déséquilibrant l’harmonie universelle et d’un feu volé, reste donc enchaîné à la matière. Le fait que les francs-maçons travaillent sur la pierre n’est pas sans lien avec la destinée de Prométhée.

On assimile en partie la chute de Prométhée à la chute du porteur de lumière « Lucifer » l’ange rebelle à la mission confiée par Dieu : Livre d'Isaïe, 14, 12-15 « Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, Toi, le vainqueur des nations ! Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, J'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; Je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, A l'extrémité du septentrion ; Je monterai sur le sommet des nues, Je serai semblable au Très Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse »

Le livre d'Hénoch voit le porteur de lumière « Lucifer » comme un  archange déchu à l'origine des temps  pour avoir défié Dieu et ayant entraîné les autres anges rebelles dans sa chute. C’est donc à partir d’un ressentiment titanesque ou d’un désir démiurgique que Prométhée à chuté, il devint le faux porteur de lumière qui tombe en matérialité. Il ne sera jamais le porteur d’une lumière en accord avec la Diké.

La chute ne fait qu’exprimer la descente sur terre que le christianisme va reprendre au profit du Christ qui fut « Christus verus Lucifer », signifiant : « Christ véritable porteur de lumière » : par la Lumière il relève l'homme, sa conscience et sa reliance au divin.

Prométhée porte une lumière incomplète, celle d’Héphaïstos.

 

 

Au-delà du mythe, le dogme religieux récupéra la figure de Prométhée dans le Christ qui apporte la lumière de l’esprit. Mais ce point de vue ne s’associe au vol du feu que sous couvert de la chute et de la sortie du Paradis terrestre.

C’est le martyr sur le rocher du Caucase qui rapprochera son image de celle du Christ supplicié sur la croix. Tous les deux seront martyrs d’avoir porté la lumière chez les hommes, l’un transpercé par le bec de l’aigle et enchaîné à la terre et l’autre par la lance au sommet de la montagne. On voit nettement une gradation entre les deux figures. Prométhée sous cet aspect serait l’annonciateur du Christ ?

 

B / Du feu spirituel au feu banal

Diffusion et banalisation matérialiste.

 Humanisation, domestication, dispersion du feu (mouvement centrifuge)

Prométhée s’empara frauduleusement du feu d’un boiteux qu’il protégea dans le but de transmettre.

 

Protection et diffusion

Il  transporta le feu en le domestiquant dans une férule, sorte de fenouil pour le protéger et le conserver. Le feu caché et secret fut protégé et diffusé. Le vol eut lieu dans une forge dont le Tubalcaïn des francs-maçons sera issu, la forge est l’endroit de la conservation et de l’entretien du feu. Il se situe à l’écart du sommet olympien, plus bas dans une cavité creusée dans la montagne

Quoiqu’il en soi, Prométhée protège le feu transformateur comme un bien précieux dans une concavité végétale protectrice, substitut de la cavité de la forge. En effet ce légume, sec de l’intérieur l’isolait de l’humidité. Néanmoins, ce feu qui jadis était éternel au sommet de l’Olympe n’était désormais que superficiel et périssable aux mains des hommes.

La descente du feu de l’Olympe l’exposa à son extinction, il devient aussi fragile que la lueur d’une bougie dans la nuit. Il fallut le répandre auprès d’hommes, le transmettre pour qu’il ne s’éteigne pas : le parcours de la montée comme celui de la descente de l’Olympe sont initiatiques.

De l’unité originelle, nous passons à la dispersion et la dissipation. Cette dispersion serait de même nature que la dispersion des langues dans le mythe babélien, ce qui nous incite à penser que la lumière issue du feu divin est de même origine que le verbe profané par l’hybris babélien. Au bout de la chaîne de transmission et malgré le temps, les conditions du transport, les aléas de sa conservation, le feu conserve une trace de son origine olympienne.

Domestiquer le feu de l’’Olympe, tel est le pouvoir de l’homme, donnant au feu un aspect hybride divin par son origine et profane par son usage.

 

 

Les trois règnes[19]

Le feu s’associa à la matière (four-creuset-forge-minerai), au végétal (férule) et à l’animal (cuisson de la viande) et à l’homme prométhéen, pour ses fonctions utiles et universelles. Cependant, par analogie les hommes découvriront la dimension spirituelle du feu devenu lumière. Une lumière spirituelle est présente dans les trois règnes, une lumière de sagesse qui ici bas ne serait visible que pour le sage qui ne céderait pas au monde des apparences.

C’est cette part cachée de la lumière que les francs-maçons recherchent, contribuant ainsi à l’harmonie du monde.

 

Les quatre âges[20]

La confiscation du feu divin par Zeus en représailles de l’épisode du partage bœuf, installa chez l’Homme la notion de travail, car, à défaut de viande cuite ou bouillie pour survivre, il devait cultiver des céréales. Le travail pour survivre fit sortir l’homme de l’âge d’or, et de l’âge d’argent sortes de paradis où tout lui était donné. C’est ainsi, comme le souligne la Bible, que l’homme ne devrait sa survie qu’à la sueur de son front.

L’homme entra dans l’âge de fer, celui que l’on produit à partir d’un minerai extrait des entrailles de la Terre et que l’on fait fondre et transformer avec le feu volé d’Héphaïstos. En souvenir de cet épisode le franc-maçon abandonne ses métaux à l’entrée du la loge, sur les parvis, afin de rétablir une relation apaisée, un dialogue, une reliance entre le ciel et la terre et pouvoir faire briller la parcelle de lumière qui est en nous.

 

 

C/ Les chemins de l’Olympe

 Tradition et transmission initiatique : feu sacré et feu secret, chemin de mémoire.

Le mythe prométhéen inaugure secrètement une autre dimension signifiante et agissante. Au-delà de l’aspect moral et de la connaissance de la diké et de l’hybris, se dissimule un aspect plus initiatique.

 

Transgression et reliance

Il y a clairement une « reliance »[21] établie entre la chose ou l’être constitué gardien du feu et la lumière divine. C’est une reliance de nature transgressive. Le fait qu’il y ait eu vol ne change rien à l’origine du lien. Nous pensons d’ailleurs que la transgression est un élément de l’initiation et donc conforte la transmission initiatique sans la vicier[22]. La tradition est transgressive et la transgression régénère la loi divine, c’est ce que nous apprend la lutte des Anciens dieux grecs et des Nouveaux, mais aussi le mythe Prométhéen et celui de la parole perdue chez les francs-maçons. Le « Nouveau » celui qui monte au sommet est toujours un démiurge potentiel pour l’Ancien. L’homme grâce à Prométhée vient prendre sa place dans ce concert céleste, il veut remplacer Zeus.

On notera que le feu prométhéen permet de créer comme dieu « dans la matière », c’est la voie de l’artisan.

Les trois voies d’accès au sommet

Par sa descente du sommet de l’Olympe, le feu sacré conserve intacte, ses potentialités originelles pour qui sait les lire et les mettre en œuvre. La mise en œuvre est cette fois-ci tout intérieure et nous permet d’agir selon les principes de sagesse en l’absence d’hybris. Ce feu est, sous cette condition,  lumière spirituelle et vient créer les trois voies initiatiques que nous pratiquons depuis. Ces trois voies permettent à tout initié de retrouver le chemin du sommet de la montagne sacrée :

 

  • La voie artisanale d’un Épiméthée plus éclairé sur son acte et sa finalité en regard de l’esprit qui réside dans la matière. La Lumière est dans l’acte transformateur, c’est l’équerre sur le compas, ou la pierre cubique
  • La voie chevaleresque donnant au type de l’homme prométhéen une quête vers un idéal lumineux jusqu’au sacrifice. C’est l’Équerre entrelacée au Compas ou la truelle et l’épée.
  • La voie sacerdotale donnant au porteur de lumière une délégation divine pour accueillir la parole divine, parler aux hommes et recevoir leurs prières. C’est le Compas sur l’Équerre, ou le bâton d’Hermès.

Bien entendu cette dimension[23] n’est perceptible qu’à la condition d’interpréter le mythe dans la fonction qui lui est réservée : il s’agit d’un niveau de langage qui parle à l’être moral lié au logos et à sa logique démonstrative, mais aussi à l’être spirituel qui est en nous, relevant cette fois-ci du muthos[24] et des représentations mentales qu'il génère.

Les mythes par défaut ne sont interprétés qu’au premier stade celui de l’aspect moral, il faudrait tenter de pousser un peu plus loin nos approches et dépasser le point de vue académique pour entrer dans la vision initiatique.

(…)

E.°.R.°.    RL « Les Écossais de Saint Jean » A l’O.°. de Hyères

 

[1] L’Anabase (anábasis, « l'ascension, la montée [vers le Haut Pays] ») est une des plus célèbres œuvres de l'auteur grec Xenophon. Le parcours réussi du contingent grec dite armée des 10 000 à travers l'empire perse a frappé les contemporains de Xénophon. Après une marche de 1.400 kilomètres, ses troupes rencontrèrent celles d'Artaxerxès — environ 40.000 hommes, ou près d'un million selon Xénophon à Counaxa sur la rive gauche de l'Euphrate, à environ 70 km au nord de Babylone. La bataille était gagnée grâce aux mercenaires grecs jusqu'au moment où Cyrus fut tué d'un coup de lance à l'œil alors qu'il allait lui-même tuer Artaxerxès, ce qui donna de fait la victoire à ce dernier sur une armée désemparée par la perte de son chef.(WP 2018) L’anabase est l’histoire d’un victoire difficile sur un plan de gloire éloigné du plan originel.

[2] Les Anciens devoirs établissent une communauté de métier autour de règles comportementales et la connaissance de la géométrie opérative dont l’objectif reste la connaissance de l’art de bâtir le temple. Ainsi la part initiatique de ces manuscrits ressort à la « connaissance » de l’échelle des arts libéraux qu’il faut gravir progressivement comme une montée à l’échelle « qui s’en sert correctement peut gagner le ciel » Régius n°576.

[3] « Prométhée enchaîné » ed Charpentier, Paris, 1870.

[4] Le Temple que bâtissent les francs-maçons est un contenant destiné à recevoir la Shekinah, la présence divine. Il n’est pas inutile d’envisager l’acte de bâtir la maison de Dieu sur terre comme un acte prométhéen au sens ou l’homme maîtrise et s’approprie la dimension divine. Tout résulte de l’intention qui précède l’acte. Pour éviter cette dérive, l’homme affirmera sa grande dépendance a l’égard de son dieu par des offrandes et prières notamment. Cependant cette déviation fut rompue par l’épisode du partage équitable, permettant, et ceci de manière définitive la qualification de l’acte prométhéen de démiurgique car opérant sur le microcosme.

[5] Se pose alors la qualité de la transmission spirituelle du Titan. Lui-même soumis à l’hybris titanesque, il ne peut faire autrement que d’implanter par son acte transgressif l’hybris en l’homme.

[6] Voir à ce sujet la tradition maçonnique des colonnes antédiluviennes où sont gravées les connaissances de Pythagore et d’Hermès Trismégiste

[7] Point de vue développé par Gaston Bachelard dans la « psychanalyse du feu »

[8] 1 Roi 6-7 : « Lorsqu'on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées, et ni marteau, ni hache, ni aucun instrument de fer, ne furent entendus dans la maison pendant qu'on la construisait. »

[9] 1 Roi 6-7&nbs

En relisant ces textes on comprendra pourquoi l’homme en général et l’habile artisan en particulier, peuvent être considérés comme des démiurges.

Extrait de la Théogonie d’Hésiode  (http://remacle.org/bloodwolf/poetes/falc/hesiode/theogonie)

« Japet épousa Clymène, cette jeune Océanide aux pieds charmants ; tous deux montèrent sur la même couche, et Clymène enfanta le magnanime Atlas, l'orgueilleux Ménétius, l'adroit et astucieux Prométhée et l'imprudent Epiméthée, qui dès le principe causa tant de mal aux industrieux habitants de la terre, car c'est lui qui le premier accepta pour épouse une vierge formée par l'ordre de Jupiter. Jupiter à la large vue, furieux contre l'insolent Ménétius, le plongea dans l'Érèbe, après l'avoir frappé de son brillant tonnerre, pour châtier sa méchanceté et son audace sans mesure. Vaincu par la dure nécessité, Atlas, aux bornes de la terre, debout devant les Hespérides à la voix sonore, soutient le vaste ciel de sa tête et de ses mains infatigables. Tel est l'emploi que lui imposa le prudent Jupiter. Quant au rusé Prométhée, il l'attacha par des noeuds indissolubles autour d'une colonne ; puis il envoya contre lui un aigle aux ailes étendues qui rongeait son foie immortel ; il en renaissait autant durant la nuit que l'oiseau aux larges ailes en avait dévoré pendant le jour. Mais le courageux rejeton d'Alcmène aux pieds charmants, Hercule tua cet aigle, repoussa un si cruel fléau loin du fils de Japet et le délivra de ses tourments : le puissant monarque du haut Olympe, Jupiter, y avait consenti, afin que la gloire de l'Hercule thébain se répandît plus que jamais sur la terre fertile. Dans cette idée, il honora son illustre enfant et abjura son ancienne colère contre Prométhée, qui avait lutté de ruse avec le puissant fils de Saturne. En effet, lorsque les dieux et les hommes se disputaient dans Mécone, Prométhée, pour tromper la sagesse de Jupiter, exposa à tous les yeux un boeuf énorme qu'il avait divisé à dessein. D'un côté, il renferma dans la peau les chairs, les intestins et les morceaux les plus gras, en les enveloppant du ventre de la victime ; de l'autre, il disposa avec une perfide adresse les os blancs qu'il recouvrit de graisse luisante. Le père des dieux et des hommes lui dit alors : "Fils de Japet, ô le plus illustre de tous les rois , ami ! avec quelle inégalité tu as divisé les parts !"
Quand Jupiter, doué d'une sagesse impérissable, lui eut adressé ce reproche, l'astucieux Prométhée répondit en souriant au fond de lui-même (car il n'avait pas oublié sa ruse ingénieuse) : "Glorieux Jupiter ! ô le plus grand des dieux immortels, choisis entre ces deux portions celle que ton coeur préfère."
A ce discours trompeur, Jupiter, doué d'une sagesse impérissable, ne méconnut point l'artifice ; il le devina  et dans son esprit forma contre les humains de sinistres projets qui devaient s'accomplir. Bientôt de ses deux mains il écarta la graisse éclatante de blancheur ; il devint furieux, et la colère s'empara de son âme tout entière quand, trompé par un art perfide, il aperçut les os blancs de l'animal. Depuis ce temps, la terre voit les tribus des hommes brûler en l'honneur des dieux les blancs ossements des victimes sur les autels parfumés. Jupiter qui rassemble les nuages, s'écria enflammé d'une violente colère ; "Fils de Japet, ô toi que nul n'égale en adresse, ami ! tu n'as pas oublié tes habiles artifices." Ainsi, dans son courroux, parla Jupiter, doué d'une sagesse impérissable. Dès ce moment, se rappelant sans cesse la ruse de Prométhée, il n'accorda plus le feu inextinguible aux hommes infortunés qui vivent sur la terre. Mais le noble fils de Japet, habile à le tromper, déroba un étincelant rayon de ce feu et le cacha dans la tige d'une férule. Jupiter qui tonne dans les cieux, blessé jusqu'au fond de l'âme, conçut une nouvelle colère lorsqu'il vit parmi les hommes la lueur prolongée de la flamme, et voilà pourquoi il leur suscita soudain une grande infortune. D'après la volonté du fils de Saturne, le boiteux Vulcain, ce dieu illustre, forma avec de la terre une image semblable à une chaste vierge
 … »

 

Platon, Protagoras, 320c-321d :

« C'était le temps où les dieux existaient déjà, mais où les races mortelles n'existaient pas encore. Quand vint le moment marqué par le destin pour la naissance de celles-ci, voici que les dieux les façonnent à l'intérieur de la terre avec un mélange de terre et de feu et de toutes les substances qui se peuvent combiner avec le feu et la terre. Au moment de les produire à la lumière, les dieux ordonnèrent à Prométhée et à Epiméthée de distribuer convenablement entre elles toutes les qualités dont elles avaient à être pourvues. Epiméthée demanda à Prométhée de lui laisser le soin de faire lui-même la distribution: " Quand elle sera faite, dit-il, tu inspecteras mon œuvre." La permission accordée, il se met au travail.

Dans cette distribution, ils donnent aux uns la force sans la vitesse ; aux plus faibles, il attribue le privilège de la rapidité; à certains il accorde des armes; pour ceux dont la nature est désarmée, il invente quelque autre qualité qui puisse assurer leur salut. A ceux qu'il revêt de petitesse, il attribue la fuite ailée ou l'habitation souterraine. Ceux qu'il grandit en taille, il les sauve par là même. Bref, entre toutes les qualités, il maintient un équilibre. En ces diverses inventions, il se préoccupait d'empêcher aucune race de disparaître.

Après qu'il les eut prémunis suffisamment contre les destructions réciproques, il s'occupa de les défendre contre les intempéries qui viennent de Zeus, les revêtant de poils touffus et de peaux épaisses, abris contre le froid, abris aussi contre la chaleur, et en outre, quand ils iraient dormir, couvertures naturelles et propres à chacun. Il chaussa les uns de sabots, les autres de cuirs massifs et vides de sang. Ensuite, il s'occupa de procurer à chacun une nourriture distincte, aux uns les herbes de la terre, aux autres les fruits des arbres, aux autres leurs racines; à quelques-uns il attribua pour aliment la chair des autres. A ceux-là, il donna une postérité peu nombreuse; leurs victimes eurent en partage la fécondité, salut de leur espèce.

Or Epiméthée, dont la sagesse était imparfaite, avait déjà dépensé, sans y prendre garde, toutes les facultés en faveur des animaux, et il lui restait encore à pourvoir l'espèce humaine, pour laquelle, faute d'équipement, il ne savait que faire. Dans cet embarras, survient Prométhée pour inspecter le travail. Celui-ci voit toutes les autres races harmonieusement équipées, et l'homme nu, sans chaussures, sans couvertures, sans armes. Et le jour marqué par le destin était venu, où il fallait que l'homme sortît de la terre pour paraître à la lumière.

 Prométhée, devant dette difficulté, ne sachant quel moyen de salut trouver pour l'homme, se décide à dérober l'habileté artiste d'Héphaïstos et d'Athéna, et en même temps le feu, - car, sans le feu il était impossible que cette habileté fût acquise par personne ou rendît aucun service, - puis, cela fait, il en fit présent à l'homme.

C'est ainsi que l'homme fut mis en possession des arts utiles à la vie, mais la politique lui échappa: celle-ci en effet était auprès de Zeus; or Prométhée n'avait plus le temps de pénétrer dans l'acropole qui est la demeure de Zeus: en outre il y avait aux portes de Zeus des sentinelles redoutables. Mais il put pénétrer sans être vu dans l'atelier où Héphaïstos et Athéna pratiquaient ensemble les arts qu'ils aiment, si bien qu'ayant volé à la fois les arts du feu qui appartiennent à Héphaïstos et les autres qui appartiennent à Athéna, il put les donner à l'homme. C'est ainsi que l'homme se trouve avoir en sa possession toutes les ressources nécessaires à la vie, et que Prométhée, par la suite, fut, dit-on, accusé de vol ».

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3 novembre 2018 6 03 /11 /novembre /2018 22:10
prométhée enchainé et l'aigle

prométhée enchainé et l'aigle

Le mythe Prométhéen d’un point de vue initiatique :

De la pratique démiurgique du porteur de lumière

à la conscience éclairée.

 

 Les références anciennes que nous synthétisons ici sont tirées des écrits d’Hésiode du VIIIème Siècle av. J.-C., qui furent un des premiers poètes à user du mythe de Prométhée afin d’animer l’imaginaire collectif de la Grèce antique. Vient le tour de Platon, philosophe et ancien élève de Socrate qui à travers un dialogue nommé « Protagoras »,  parcourt un épisode de la vie du célèbre Titan : la création de notre espèce[1]. Il faut préciser que la mythologie grecque est directement dans la suite inspirée de mythes plus anciens qui sont nés entre le Tibre et l’Euphrate dans les civilisations sumériennes. Rappelons que les Grecs peuple d’Europe furent directement influencés par les mythes théogoniques orientaux polythéistes qui préexistaient dans le croissant fertile d’origine sumérienne et recevront au surplus l’influence hébraïque. Nous donnerons en annexe deux extraits de ces auteurs.

 

Pour nous francs-maçons, le Mythe prométhéen en dehors de l’aspect moral et humaniste que nous ne détaillerons pas ici, retrace l’un des processus d’accès initial à la connaissance « divine » et sa transmission dégradée sur le plan humain. Nous allons essayer de rechercher dans ce mythe le schème fondamental de l’initiation gréco-latine.

Nous tenterons modestement d’en dessiner les contours laissant à chacun la possibilité d’adapter ce mythe fondateur de l’humanité.

Polysémique est ce mythe par ses nombreuses versions et interprétations. Il nous semble cependant qu’on peut en dégager les traits principaux au plan initiatique.

Le processus d’accès à la connaissance est toujours inscrit dans une verticalité descendante suivie d’une horizontalité absorbante puis diffusante.

La lumière, la vérité, l’esprit, viennent d’en haut pour ouvrir à la profondeur, à l’immanence et à la transcendance la conscience naissante de l’humanité en l’homme.

 Descendante, car au plus bas préhumain correspond un plus haut divin originel et directeur quasi inaccessible, et "absorbante", car sur le plan terrestre la transmission se fait de bouche à oreille, par intégration à soi ou par ingestion, assimilation en soi et à soi et régurgitation. Enfin après absorption nous avons la diffusion sur le plan par rayonnement. Cet ensemble descendant et diffusant sur le plan d’exercice[2], est lié à ce que nous appelons aussi la transmission par « tradition ».

Cette diffusion descendante suppose à l’inverse une ascension conquérante. Pour Gaston Bachelard, Prométhée représente : « toutes les tendances qui nous poussent à savoir autant que nos pères, plus que nos pères, autant que nos maîtres, plus que nos maîtres » et nous compléterons : «  autant que nos dieux jusqu'à être dieu nous-mêmes[3] ». Ce mythe va inaugurer une économie de la connaissance typiquement « initiatique » car accessible à l’homme qui s’affranchit de l’interdit inaugurant pour lui-même un authentique « commencement ». Cet affranchissement sera une confrontation que Bachelard rapproche d’un complexe Œdipien de la connaissance.

Typiquement ce « commencement » peut être considéré comme celui du type de l’homme et, dans cette mesure, classé au rang des mythes fondateurs qui verticalisent la confrontation entre le divin et l’humain.

Au-delà de la capacité de l’homme à penser le divin en lui et hors de lui, il s’agira en l’espèce d’une double confrontation verticale entre l’intermédiaire des Hommes Prométhée, un Titan de l’Ancien Monde et Zeus, Dieu olympien du Nouveau Monde. Il y sera question du mensonge, de la ruse, de l’apparence trompeuse, mais aussi de la transgression de l’ordre établi, de la nature véritable de la lumière feu, la double nature humaine et divine de Prométhée dernier témoin de l’Ancien Monde.

D’une manière plus prosaïque, cette quête sera celle du feu transformateur des arts et métiers de la transformation de la matière.

En parallèle une seconde confrontation s’établira entre Prométhée et Héphaïstos quant aux arts de la transformation de la matière liés au feu utile à la fois à la survie de l’homme et concourant a sa perte, Héphaïstos sera l’instrument de la vengeance divine en participant à  l’enchaînement de l’homme à ses passions matérielles et en produisant Pandore, la moitié féminine de l’homme pour l’enchaînement de l’homme à ses passions charnelles.

Nous voyons se dessiner une relation entre un sommet Divin et la Multitude des hommes abandonnés à leur condition sur le plan d’exercice terrestre.

La première question portera donc sur l’accès au sommet de l’Olympe et à toutes ses richesses dont on a compris que le feu n’était que le substitut de la connaissance.

Avant d’aborder les mécanismes secrets du mythe prométhéen, il convient d’établir ce que j’appelle une économie de la connaissance qui repose sur un paysage précis.

 

Une économie de la Connaissance autour d’un sommet

D’un centre ou sommet « Olympien » surplombant, la connaissance intègre, après sa descente sur le plan humain, le centre de chaque homme, afin qu’il la diffuse à son tour de proche en proche. Techniquement un centre ontologique situé dans un plus haut se rependra en autant de centres secondaires qu’il y a de structures sociétales pour l’accueillir. Ce centre secondaire fera l’objet d’une consécration par le groupe humain considéré et rayonnera à son tour vers chaque individu qui s’y réfère. La référence au centre secondaire fera de celui-ci le centre spirituel et sacerdotal, le centre du pouvoir royal et matériel. La modélisation du centre comme point de communication avec le ciel deviendra le centre de l’initiation ultime, celui de la communion avec le divin, mais aussi le centre qui légitime les pouvoirs en action sur le plan. L’axe montre le centre du plan et de manière concentrique les jeux d’influence et de hiérarchisation vont trouver a se mettre en place. Le passage d’un cercle éloigné du centre à un cercle plus proche se fera par un parcours d’épreuves dites initiantes, prônant un « recommencement » dans un système de valeurs régénérées en fonction de l’approche du centre. Chaque individu en âge de recevoir et d’ingérer ladite initiation sera relais de transmission futur et agent d’entretien du foyer spirituel commun. L’initiation est alors un processus de remontée et de reliance du centre de soi au centre originel représenté sur le plan terrestre par le centre secondaire.

Le premier centre secondaire connu, c’est le foyer de la tribu, le centre originel se cristallise dans une montagne sacrée nimbée du mythe fondateur. La dynamique de l’ensemble tient à l’inaccessible désir d’être le centre des centres soi-même pour tous les motifs liés à l’ego, la prétention, l’orgueil (l’hybris), mais aussi pour l’accomplissement de l’être « pensant » l’harmonie universelle (dikè) et l’unité qui est en nous. Cette double motivation alliant le négatif et le positif créera une dynamique de mouvement que nous retrouvons dans la Loi morale des hommes. Ce mouvement centripète « légal » sera nécessaire au maintien sociétal de la tribu ou de l’état et sans lequel règne le chaos. Le centre est l’objectif inconscient, celui qui agit de manière archétypale en l’homme et crée ce mouvement d’attraction.  Du haut de la montagne sacrée[4] redescendent les règles de la vie des hommes dictées par le divin, incontestables et éternelles par leur origine. Personne n’a vu la divinité au sommet de la montagne sacrée, elle est inatteignable par sa nature non contingente et donc invisible, mais omnipotente comme valeur centrale et directrice de l’homme. En lieu est place se trouve le médiateur céleste, l’ange, l’intercesseur. Il arrive souvent que l’ange ou l’intercesseur saisi d’une fraction du pouvoir divin devienne lui-même démiurge « et agisse « comme dieu » c’est l’Adam primordial, l’ange déchu, l’Adam et Ève de l’Éden. C’est alors que le démiurge porteur de la lumière confiée ou volée ou mal utilisée, lui donnant une conscience sans capacité à « voir » comme le divin, chute dans cet ego et cette prétention à être et devenir. Ainsi l’inaccessible divin n’est représenté qu’imparfaitement sur le plan terrestre, justifiant l’imperfection des hommes. Dieu n’est jamais fautif, mais seulement trahit par ses délégataires. Tout l’effort de l’initié consistera à saisir la vision céleste par lui-même et ce qui sera transmis le sera sous la forme de rites et de mythes donnant une méthode de mise en marche de l’homme spirituel vers ce plus haut.

L’initié outrepasse les interdits en acceptant la nécessaire transgression comme une épreuve initiatique à part entière on ne s’approche pas du foyer central sans y laisser la partie de soi appartenant à l’homme animal. L’initiation humanise l’homme débarrassé de ses vieilles écorces pour atteindre une vision unitaire et totale nécessaire à son humanisation.

 

Toute l’économie de la connaissance se fonde sur le besoin, l’offre et la demande.

Quand l’offre n’est pas satisfaite alors la transgression face à l’ordre établi n’est pas loin, cela s’appelle une révolution. Cette révolution qui voit la terre se saisir du ciel sera marquée par la première confrontation entre le représentant des hommes et Zeus. À l’épisode de Mekoné succédera la seconde confrontation capitale : le vol du feu de l’Olympe artisanal.

Dans ce mythe nous verrons que l’homme par l’intermédiation de Prométhée et par différents procédés ou subterfuges doit et veut se hisser vers le sommet où réside la connaissance et s’en emparer pour lui-même et ses semblables.

Le mythe prométhéen est la première transgression qui fera de l’homme un démiurge. C’est que le  vol-transmission du feu sacré ou feu lumière relie définitivement le sort de l’homme au sort du divin comme pour nous dire que l’homme possède en lui cette double nature.

Nous verrons s’installer par ce mythe la confrontation entre les hommes et les dieux, à tel point qu’aujourd’hui nous ne serions dire si l’homme procède de la volonté divine ou si Dieu est issu d’une nécessité humanisante…

 

Dans une première partie, nous analyserons cette confrontation entre l’homme et la nouvelle hiérarchie divine (I) au nom du partage, et comment accéder à la connaissance (II).

 

Dans une seconde partie, nous assisterons à l’ascension du mont Olympe par Prométhée (ANABASE)( I) qui fixe le vol salvateur du feu, suivi de sa dispersion sur le plan d'exercice au milieu des hommes (II) ,  pouvant être analysé comme une chute dans la matérialité, une CATABASE (III).

 

I / Confrontation, transgression, émancipation prométhéenne

Nous devons envisager l’état des lieux et le contexte théogonique du mythe

 

A / L’ordre cosmique en partage

 

a/ Cosmogonie grecque et l’ordonnancement du Chaos

Comment sont venus les premiers Dieux ?

Zeus, le Dieu des dieux n’est pas le dieu des origines de la création. Il est le dieu du troisième âge celui qui fera advenir l’homme à la surface de la Terre, l’âge de fer.

La création originelle du monde est née d’une triade primordiale[5] CHAOS, GAIA, ÉROS.

Naissance du monde : D’après l’HESIODE « en premier fut le Chaos ».

Le Chaos représente un abîme, une béance, une ouverture vague et vide, le Rien, le Néant et non pas une masse informe et confuse[6]. Du Chaos naîtra le décor du monde fait de trois éléments :

- la nuit noire,

- l’éther

- lumière du jour[7].

La nuit préexiste au jour comme dans la Bible (fiat lux)[8].

Gaia la terre féconde ou « terre mère » sera le principe féminin, bienveillant et destructeur à la fois. La matrice qui concentre dissous et recompose avec sa force centripète, origine du mercure principe des alchimistes.

Éros le dieu Amour sera le Principe d’Union créatrice de toutes choses qui deviendra l’éros de l’union amoureuse. Ce sera le sel des alchimistes. Il concourt à l’harmonie universelle, Gaia et Éros sont nés du Chaos. De cette rencontre la terre va se dédoubler en Ouranos[9], c’est une parthénogenèse qui donne naissance au Ciel étoilé, principe masculin qui va « recouvrir » la Terre principe féminin. C’est l’union perpétuelle du Ciel « émetteur » et de la Terre « réceptacle ».

Ouranos[10] Ciel fécondant, masculin émetteur et centrifuge, est le soufre des alchimistes. Il est rempli d’étoiles et donc de potentialités lumineuses, et sera le séjour des Dieux.

Chaque étoile sera un dieu et Gaia sera le séjour des mortels. Telle est l’organisation originelle et la place des trois principes.

Les vieux dieux Ouranos et Gaia, ont donné naissance à la race des Titans, Titanides, les Hecatonchires et des Cent bras et autres Cyclopes qui peuplaient la terre. Ouranos pris de vieillesse devenait dangereux pour ses enfants qu’il détestait et emprisonnait dans le Tartare. C’est alors que, l’un d’entre eux, Cronos qui avait échappé au sort réservé par son père, décida sous l’influence de sa mère Gaia de le neutraliser en tranchant à l’aide d’une faucille ses organes reproducteurs. Ouranos devient un dieu paisible, oisif et détaché, alors que de sa semence et de son sang répandu sur Gaia la terre naquit les Géants, les trois déesses vengeresses, ainsi que les Méliades. Les gouttes de sang d’Ouranos tombées en mer donnent naissance à Aphrodite.

Désormais Cronos[11], « le dieu aux pensées coudées » vient à s’interposer entre le Ciel et la Terre. Il est le roi des Titans. C’est une seconde ère intermédiaire entre ce qui fut et ce qui allait advenir. C’est à cette époque, qualifiée d’Âge d’or par l’Hésiode que les premiers hommes apparaissent. L’homme vivait alors sans aucun souci, sans avoir besoin de travailler[12].

De Cronos et Rhéa naquirent les olympiens qui sont Zeus, Hestia Déméter Héra, Hadès Poséidon qui après leurs unions feront que nous aurons 12 olympiens six dieux et déesses[13] ;

Cronos ayant peur de subir ce qu’il a infligé à Ouranos, dévore tous ses enfants. On dira qu’il subit la tendance cannibale et infanticide comme une dégénérescence inéluctable à laquelle il faut remédier. C’est la fin de l’âge d’or. Ici commence l’âge d’argent.

 

b/ Une renaissance dans la pierre : L’ordre Olympien

Ici entre en scène Zeus[14] le dieu patriarche, le deux fois né.

 Zeus est le dernier né de la lignée olympienne. Il naît en secret de son père pour échapper à la dévoration. Il doit sa survie à Rhéa sa mère.

Zeus va prendre le pouvoir sur son père par un subterfuge : Cronos ayant déjà dévoré ses FF et SS  et croyant dévorer le dernier-né Zeus, va en fait ingurgiter une pierre.

Cette pierre emmaillotée comme un enfant (apparence trompeuse) censée être Zeus, fut indigeste[15] : il vomit la totalité des enfants qu’il avait avalés en commençant par cette fameuse pierre. Symboliquement il donne à Zeus une deuxième naissance, c’est le premier né de la lignée patriarcale. Dans sa première naissance par Héra il était le dernier né dans un système matriarcal et par cette deuxième naissance il inaugure le système patriarcal en devenant le premier-né assujettissant ainsi les déesses mères à son pouvoir. Telle est la nouvelle hiérarchie patriarcale dite « olympienne », littéralement inscrite dans la matière par cette « pierre tombée » « rejetée » de la bouche de l’ancien dieu.

Zeus est donc un dieu deux fois naît comme le franc-maçon. De Dernier des Ouraniens, il devient le Premier né, soit le Premier des Olympiens. Zeus par la force prend le dessus sur son père Cronos[16].

La tâche principale de Zeus consiste à rétablir l’harmonie universelle, la fameuse Dikè qui caractérise le monde mythique grec (notion très proche de l’harmonie des sphères des francs- maçons). C’est dans cette ère paisible qu’évolue sur terre la race, celle des premiers hommes.

C’est ici qu’interviennent les titans[17] et parmi les plus connus, auxquels les hommes doivent beaucoup : Prométhée (celui qui pense avant), et son frère Épiméthée (celui qui pense après).

 

 

B/ Le modèle de l’autorité surplombante et naissance des hommes

Toute initiation offre une nouvelle ouverture de l’esprit. Cette ouverture au champ des possibles est due à une perception « consciente » plus étendue. Le développement de la conscience de l’homme l’éloigne de l’animalité des premiers temps de l’humanité. Néanmoins et de manière sous-jacente, demeure cette trame animale en l’homme.

 

a/ L’ordre olympien et la montagne sacrée

 Zeus (le Dieu des dieux) avait remis de l’ordre dans le monde des anciens dieux primordiaux qui étaient sur la voie de la dégénérescence, combattant et foudroyant les plus néfastes, reléguant dans les replis de la terre et dans le Tartare les titans frondeurs, ce Dieu harmonisateur du monde instaura une paix dite olympienne.

L’Olympe est, il faut le rappeler, l’archétype de la montagne, c’est la plus haute de la Grèce antique et va devenir la montagne sacrée par excellence. Par sa position dominante, elle sera la demeure des dieux et du premier d’entre eux, instaurant au plan concret comme au plan mythique une nécessaire autorité surplombante pour la société grecque[18].

Zeus confia à Prométhée et particulièrement à son frère Épiméthée habile artisan, le peuplement du monde terrestre par des créatures, ils furent les artisans de la faune terrestre et des premiers hommes. Ces derniers seront façonnés avec les 4 éléments que l’apprenti franc-maçon rencontre et réinitialise en lui dans ses quatre épreuves premières épreuves. Prométhée et Épiméthée furent les artisans potiers du type premier de l’homme.

Zeus confia à Prométhée la mission de faire la répartition des nourritures terrestres entre les immortels qui sont les dieux et les mortels qui sont les hommes dans leur version « élémentaire ». Pour cela, le fils de titan[19] dont le nom signifie « celui qui pense avant » sacrifia un grand bœuf symbole de l’abondance nourricière. Il fallut procéder au partage en deux, la part des hommes et la part des dieux. C’est le sacrifice de Mékoné, qui inaugure l’âge du fer.

 

b/ La répartition équitable et la différence entre ce qui est en haut et en bas.

Dans la société antique, le partage est une notion protocolaire qui a une importance capitale ; le partage dans les tribus primitives est porteur de sens,  d’intention hiérarchique et de statuts, et il y avait toujours une part réservée aux dieux sous forme d’offrandes ou d’encens ou fulminations.

La première part contenait des os recouverts d’une blanche graisse réveillant les papilles, tandis que la deuxième portion, fort déplaisante en apparence, cachait la bonne chère de l’animal. Celui qui pense avant d’agir avait délibérément choisi d’orienter le choix de Zeus sur l’apparence trompeuse.

On ne saurait dire s’il fit cet acte trompeur pour favoriser les hommes qui avaient besoin de se nourrir ou pour venger sa race vaincue née dans l’Ancien Monde ? Rappelons que Zeus avait vaincu Cronos chef des titans et vainquit nombre d’entre eux par la foudre ; les survivants plutôt que d’être relégués dans les confins terrestres préfèrent se rallier à Zeus. Ce ralliement fut contraint, ce qui sous-tend du ressentiment Prométhéen contre Zeus.

Zeus devait alors choisir… Mais quelle part prendrait-il?

 

c/ Le choix de Zeus : la confrontation-initiation

Toute initiation implique des épreuves : l’homme sera un être éprouvé.

Zeus malicieux doué de prescience[20] comprit très vite la ruse de Prométhée et se prit au jeu. Il prit donc la part la plus attrayante (la première) qui selon les calculs de Prométhée devait tromper[21] le jugement de Zeus.

Par cette répartition inégale et cependant équitable, Prométhée « celui qui pense avant d’agir » avait anticipé le besoin de l’homme qui était de se nourrir, alors que les dieux n’avaient point besoin de nourriture : s’ils mangeaient c’était non pas pour vivre puisqu’ils étaient immortel, mais par plaisir. Néanmoins la répartition équitable d’un point de vue humain était inégale et contraire aux principes de la hiérarchie divine olympienne et venait contredire l’ordonnancement naturel et l’équilibre divin qui régnait alors. Ceci préfigure l’ordre humain en concurrence de l’ordre divin, la justice des hommes (équité) en remplacement de la justice des dieux (ordre du Monde), mais cette innovation de remettra pas en question la nécessaire autorité surplombante à  l’équilibre.

Favoriser les hommes, c’était demander plus que la part qui leur revenait, mais ce faisant c’était les sortir du principe harmonieux de la dikè ou chacun avait sa place. C’est ainsi que l’on allait inaugurer une rivalité malheureuse entre l’homme et les dieux. Entre la nécessité et la surplombance, le cosmos allait entrer dans une ère du partage. Les prérogatives divines se retrouvaient mises en cause par la place grandissante de l’homme sur terre.

L’ordre humain défendu par Prométhée ne pouvait s’affirmer que contre Zeus et l’Ordre, c’est la TRANSGRESSION.

Zeus au nom de l’équité « prométhéenne » perdait sa préséance nécessaire à l’ordonnancement du Chaos. Cet affront pouvait annoncer un retour au déséquilibre du monde qui préexistait avant l’avènement de Zeus. Zeus gardien du nouvel ordre devait rétablir ce déséquilibre en imposant une contrepartie punitive[22] à cet ordre humain naissant et à son protecteur emblématique Prométhée. Prométhée par cet acte transgressif fait naître l’homme qui cherche et n’hésite plus à transgresser pour trouver.

 

 

 

II / Comment accéder à la connaissance?

La pseudo rencontre entre le type de l’homme évolutif représenté par Prométhée et Zeus, prendra l’apparence de la confrontation à distance et par médiateurs interposés : Héphaïstos, Pandore, Hermès, l’Aigle, l’Urne. Cette relation indirecte sera en réalité une transmission descendante sous le faux semblant moral d’une transgression de l’ordre divin par l’ordre humain montant. En effet nous pensons que Zeus à souhaité cette émancipation qu’il aurait pu éteindre à tout moment. Au contraire il a laissé faire à l’homme les efforts qui lui ont donné l’illusion de se libérer. Cette illusion humaine perdure encore aujourd’hui alors que Zeus n’est plus d’actualité. Cette double relation descendante et montante sera l’axe Olympien, initiatique par sa nature fondatrice d’un divin accessible à l’homme.

Zeus est deux fois né, ce qui lui donne la qualité d’initiateur. Il va initier le type de l’homme de l’Ancien Monde pour le faire entrer dans le Nouveau Monde. Par ce passage il en fera à son tour un initiateur à condition qu’il sache utiliser le feu pour éclairer le centre de lui-même. 

Le Prométhée en souffrance sur son rocher nous montre par son foie dévoré par l’aigle, l’image d’un miroir céleste incorporé en chaque homme. Prométhée ne sait pas lire les augures dans ce miroir, il n’a jamais su, il ne le saura jamais. Pour lire dans un miroir les augures il faut rétablir l’image d’origine, or Prométhée ne sait rien de la lumière originelle puisse qu’il n’a pas eu de Zeus[23]la transmission ad hoc : il s’est mépris sur la nature du feu qu’il vola !

En effet, il ne connaîtra que la lumière matérielle et transformatrice d’Héphaïstos le boiteux[24]. Ne sachant ni lire le miroir en rétablissant le sens commun en essence, ni comprendre la langue des oiseaux, il n’est pas renaît une deuxième fois comme Zeus. Son initiation est incomplète, elle se limitera au domaine des petits mystères propres aux traditions artisanales : son foie saignera, et non son cœur[25].

Ce Titan sera sacrifié au profit de l’humanité comme le Christ incarnant l’esprit divin en l’homme ou Hiram porteur ultime de la parole. Incarnation du feu, de la lumière ou de la parole et sa fin tragique.

 

 a / La médiation de l’Ancien Monde, la figure de Prométhée

La Tradition est constante et organise toujours la transition entre l’Ancien et le Nouveau Monde par un être, une créature qui  trouve sa place dans les deux cycles. Seul cet être est apte à la confrontation, c’est le cas des prophètes qui portent la parole et annoncent la transition et celui des patriarches qui la mettent en œuvre.

Ici l’acte de transmission sera par les natures séparées du divin et de l’homme, confiés à des intermédiaires médiateurs, car l’homme ne peut en aucun cas tutoyer le divin ni le voir directement, ni le nommer, ni le représenter. C’est donc un Titan représentant du monde primitif Ouranien ayant connu Cronos dans sa gloire et sa défaite qui  va faire l’ascension de la montagne sacrée. Il fait l’ascension pour le compte de l’homme primitif « en devenir » et ce sera le cyclope Héphaïstos gardien de la forge souterraine au creux de l’Olympe, ayant rang de sous-dieu qui sera impliqué dans le vol du feu sacré.

Ainsi Prométhée serait le type de l’homme futur, l’homme en devenir, éclairé et transgressif, Héphaïstos le boiteux serait une sous-production de l’œuvre divine rendant les secrets ultimes définitivement inaccessibles à l’homme[26]. Outre la distance restant à franchir entre Héphaïstos et Zeus l’inatteignable entre la caverne dans la montagne et le sommet de l’Olympe[27], une autre distance reste à franchir entre Prométhée et l’homme naissant. Cette distance est celle du démiurge et de sa créature. Le démiurge se prend pour dieu et fait comme dieu sans l’être tout à fait, transmettant cette volonté transformatrice imparfaite à l’homme.

 On retrouvera ce système de transmission descendante dans la parole prophétique avec Moise et les Tables de Loi transmises au sommet du Sinaï qui furent détruites à sa descente. Le prototype de l’homme ne pouvait les comprendre qu’en matière[28], il fallut une deuxième tentative pour qu’elles soient lisibles en esprit après que l’on ait fait disparaître les idoles et le veau d’or[29].

Le deuxième type après le Prométhée médiateur ou voleur, c’est le Prométhée réceptacle, consiste en une transmission, une descente dans l’homme de cette connaissance divine ou surplombante, c’est la révélation. Cette démarche implique une préparation de l’homme lui-même en tant que réceptacle, vase ou Graal d’une descente céleste.

Enfin, le troisième type,  celui du Prométhée lecteur- transmetteur, consiste en l’ingurgitation d’une succession de savoirs qui s’agglomèrent au centre de soi, régurgité et transmit à l’absorbant. Cette régurgitation impliquant un passage en l’homme, se transmet à son tour entre hommes. C’est ainsi que se recompose et s’humanise une connaissance « nouvellement formée ». Ceci préfigure la transmission de la parole entre Hiram et les compagnons secourables (interprétation des sons et des signes).

L’homme pratiquera ces trois méthodes dans son approche de la connaissance-lumière-vérité. La première c’est l’initiation ascensionnelle, la seconde c’est l’initiation par la réception mystique, la troisième c’est l’initiation par la lecture chamano-magique[30].

 

b/ Les ressorts de l’Ordre éternel : L’hybris et la Dikè

Toute confrontation appelle deux points de vue et une synthèse en vue d’un équilibre.

Le Mythe prométhéen met en exergue l’influence perturbatrice de l’orgueil l’homme dans l’ordre imposé par les dieux. Cet orgueil démesuré est une seconde nature pour l’homme, on l’appelle hybris.

Cet orgueil incite l’homme à se mesurer aux dieux de l’Olympe qui sont les garants de la paix conquise contre le Chaos de l’Ancien Monde. Dans cet ordonnancement divin, chacun est à sa place et vit en juste harmonie avec son environnement. Cet ordre cosmique est appelé dikè.

L’homme « prométhéen » par son hybris transgressive va bouleverser l’ordre cosmique et son harmonie.

Ce sont deux concepts, l’hybris (la prétention à devenir) et la dikè (la juste place des êtres et des choses dans le microcosme comme dans le macrocosme) qui s’affrontent via les hommes et les dieux.

Sur le fronton du temple de Delphes, nous avons l’expression « connais-toi toi-même »  qui, loin d’être une incitation à l’introspection psychanalytique, est bien au contraire une incitation à connaître la place que chacun doit occuper dans l’univers. Une seconde inscription figure dans le temple c’est « rien de plus » qui indique que chacun doit intervenir avec mesure sur son milieu et donc sur la nature pour maintenir l’harmonie du monde. La mythologie grecque met en avant ce grand équilibre, « l’ordo ab chaos [31]» de Zeus auquel répondra le comportement "hybrique" de l’homme et de son Démiurge Prométhée.

Donc il fut un temps où les maux n’existaient pas, Dieux et ses créatures vivaient en harmonie depuis l’instauration de la paix olympienne par Zeus qui avait combattu victorieusement la race des Titans.

 

c/ Les ressorts de l’homme

L’homme apparu par la volonté du Zeus et face à l’ordre établi, l’homme devait trouver sa place. Être un homme, c’est au final être comme les Dieux. Ce qui différencie les dieux des hommes, c’est que les premiers tiennent le ciel et l’éternité et que les hommes ne tiennent que la terre en subissant le ciel et la finitude. Toute l’histoire de l’humanité assujettie à l’hybris consistera à conquérir le ciel et le temps, c'est-à-dire de prendre la place de Zeus et de Chronos.

Pour le candidat à la Lumière tel le franc-maçon, il lui appartient de refaire le trajet vers le sommet qui ordonne le monde pour :

- 1/se saisir à son tour de cette lumière dans une dimension spirituelle[32],

- 2/pour éclairer et ordonner son centre intérieur et celui des hommes (chaos intérieur),

-  3/voir la véritable image du Tout à partir du sommet.

-  4/renaître dans la lecture profane puis sacrée[33] du monde

- 5/être comme Zeus, un deux fois né, le dernier né devenu le premier né,

- 6/réunissant en lui les deux principes originaux, a/matriarcal gaïaien terrestre véritable mercure toujours présent et  b/patriarcal olympien céleste, véritable souffre qui participe à l’harmonie du monde issu de l’Eros. L’intervention de Prométhée et de sa férule sera le sel-semence qui unifie en l’homme l’Ancien et le Nouveau Monde, la terre et le ciel.

 

Conclusion de la première partie

Ce qu’on connaît d’abord du feu, c’est qu’on ne doit pas le toucher. C’est un principe éducatif de base, un interdit. Cet acte transgressif d’un fils de Titan avocat de la cause humaine, , annonçait une évolution vers l’élaboration d’un Nouvel Homme, sujet autonome et transgressif détaché du bon vouloir d’une autorité surplombante et tentant d’acquérir ainsi une autonomie propre  dans sa pensée, sa volonté et son action.

L’acte devait être puni pour rétablir l’ordre olympien ; mais pour l’avenir l’ordre divin devait tenir compte de l’ordre humain naissant et grandissant.

(à suivre)

 

 

 

E.°.R.°.

 

[1] L’homme est né dans une période d’Âge d’or sous Cronos avec le paradoxe du chaos céleste. Suivirent l’Âge d’argent, puis l’Âge d’airain. C’est après l’intervention de Prométhée et le sacrifice de Mékoné que l’homme entrera dans l’Âge de fer.

[2] Le plan d’exercice chez les francs-maçons est le fameux pavé mosaïque qui porte tous les tracés et le tableau de loge qui est littéralement les éléments de langage du grade concerné. Le plan en deux dimensions est l’apanage des compagnons par le pas de côté, mais aussi le plan de l’architecte pour l’élévation du Temple. Le plan en deux dimensions trouve sa complétude avec l’axis Mundi qui le traverse. La tradition dans sa dévolution initiatique suit le même trajet, sourcé dans le surplomb sommital et dans l’autorité surplombante de nature divine.

[3] Gaston Bachelard (1949), LA PSYCHANALYSE DU FEU. Paris: Les Éditions Gallimard, 1992, 192 pp. Collection: Folio/essais

[4]Exode 24-12L'Éternel dit à Moïse: Monte vers moi sur la montagne, et reste là; je te donnerai des tables de pierre, la loi et les ordonnances que j'ai écrites pour leur instruction.

[5] D’après l’Hésiode. L’Iliade d’Homère donne pour couple premier Océan et Thétis couple primordial duquel naîtra Ouranos/Gaia puis Cronos/Rhéa et enfin Zeus/ Héra

[6] Genèse 1.1 Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. 1.2 La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme…

[7] Genèse 1.4 « et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. »

[8] Genèse 1.5 «  Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour ».

[9] Genèse 1.1 « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre ».

[10] Uranus dans la mythologie romaine

[11] Saturne dans la mythologie romaine, il ne représente le temps que dans les traditions orphiques.

[12] Les hommes ne se reproduisaient pas ils étaient semés comme des plantes, bien que mortels, ils devenaient à leur mort des génies protecteurs des mortels :« Ils vivaient comme des dieux, dit Hésiode, exempts d'inquiétudes et de fatigues ; la cruelle vieillesse ne les affligeait point ; ils se réjouissaient au milieu des festins. « ils mouraient comme enchaînés par un doux sommeil ». « Tous les biens étaient à eux : la terre féconde produisait d'elle-même d'abondants trésors. »

[13]Aux Olympiens de première génération, Zeus, Poséidon, Hadès, Déméter, Hestia et Héra, s'ajoutèrent six autres dieux de la génération suivante qui descendent de Zeus, surtout par des unions extraconjugales. Quoique la tradition compte les Olympiens au nombre de douze, quatorze dieux ont, d'une version à l'autre, fait partie de ce groupe, sous le contrôle de Zeus.

[14] Jupiter pour la mythologie romaine.

[15] Zeus persuade Métis « la rusée » de faire absorber à son père une boisson émétique qui le force à régurgiter les enfants qu'il avait avalés.

[16] Cronos fut un titan cruel qui provoquait des avortements à coups de pied, engloutissant à son repas ses nouveau-nés ; (wp)

[17] Les Titans sont les divinités primordiales géantes, fils d'Ouranos et de Gaïa. Ils précédent les olympiens et leur chef est le dernier né : Cronos à la faucille douloureuse pour l’émasculation qu’elle portera.

[18] Haut de 2917 mètres, son sommet perdu dans les nuages reste invisible ou resplendi à cause des neiges éternelles, l'Olympe est le jardin secret, la villégiature des dieux qui y passaient leur temps à festoyer (leurs mets et boissons favoris étant l'ambroisie qui les rendait immortels, arrosée du fameux nectar), à contempler le monde et à intriguer à travers les destins des hommes. Wp.

[19] Deuxième génération de titans, il est fils de Japet le titan et de Clyméné une océanine.

[20] Don de double vue et de prescience lui est donné depuis l’absorption de Metis « la rusée », celle « qui sait plus de choses que tout dieu ou homme mortel ». Elle est la première épouse de Zeus.

[21] Notons que Zeus lui-même doit sa survie et son statut à l’apparence trompeuse d’une pierre emmaillotée. Doit-on en conclure qu’il est le dieu des apparences trompeuses ?

[22] On retrouvera ici le principe de la rétribution typique de la relation post-mortem entre l’homme et le divin.

[23] Exode 24-17 L'aspect de la gloire de l'Éternel était comme un feu dévorant sur le sommet de la montagne, aux yeux des enfants d'Israël.

[24]  L’homme n’a que la vision matérielle nécessaire à faire des veaux d’or, il ne peut lire les tables de la loi sacrée : Exode 32-19 Et, comme il approchait du camp, il vit le veau et les danses. La colère de Moïse s'enflamma; il jeta de ses mains les tables, et les brisa au pied de la montagne.

[25] Mille ans durant il ne percevra pas le message de l’aigle transperçant commis par Zeus, il soufra dans son corps et non dans son cœur le défaut de lumière spirituelle dans le feu volé à Héphaïstos. Cette ultime épreuve fut celle qui permettait de passer des Petits mystères aux Grands mystères.

[26] C’est un forgeron boiteux qui se fera voler son feu artisanal par un titan rendu au rang d’artisan potier dont la mission consistait à fabriquer avec son frère des enveloppes corporelles. Voulant réchauffer et nourrir ses créatures il négligea la dimension divine. Les hommes ainsi rassasiés et réchauffés n’urent de cessent que d’escalader les montagnes sacrées ou d’édifier des tours de Babel.

[27] On retrouve cette distance entre une plus bas et un plus haut dans le domaine intermédiaire avec l’image du Golgotha qui héberge toute à la fois la caverne où se trouve le crâne d’Adam et le sommet où est crucifié le « fils de l’homme » ou le « fils du Père ». Il y a alignement et superposition du divin à l’humain qui a chuté comme la caverne sous le sommet Ce sommet de la montagne sacrée est littéralement un point de contact Terre-Ciel. La franc-maçonnerie va reprendre ce schéma archétypal en faisant une échelle de progression initiatique « ascensionnelle » avec un plus bas souterrain et intérieur à soi, aligné sur un plus haut céleste et spirituel.

[28] 32-19 Et, comme il approchait du camp, il vit le veau et les danses. La colère de Moïse s'enflamma; il jeta de ses mains les tables, et les brisa au pied de la montagne.

[29] Au prix du massacre de 3000 représentants de l’ancienne adoration par la tribu des Lévites. Le Veau d’or est matière transformée par un feu matériel, les tables de la Loi sont écrites sous le feu créateur.

[30] « Magique » se comprend par la lecture de signes suggérant des représentations mentales.

[31] Expression de sagesse bien connue des francs-maçons, issue de la mythologie grecque qui porte en elle les bases de la philosoph

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21 octobre 2018 7 21 /10 /octobre /2018 20:13

Au commencement était le rire. Et après ?

 

Masque résumant un visage à deux trous et un sourire.
Masque sourire Néolithique (-7000 ans)

Il est courant d’introduire le thème en faisant référence à Rabelais … « Le rire est le propre de l’Homme »… Eh bien non… Il s’avère que nous partageons ce « petit orage nerveux » avec nos cousins, je serais tentée de dire nos très chers frères, les grands singes… Mais si chez le grand singe le rire est une mimique de jeu et d’apaisement ; chez l’Homme le rire est ambivalent et fait apparaitre toute une palette de nuances, jaune compris.

Pour aller plus loin encore dans cette spécificité, qui n’est décidément pas la nôtre, on notera que des chercheurs Nord-Américain, il y a déjà une bonne vingtaine d’années, ont mis en lumière une forme de rire chez les rats. Oui le rat ri aussi, mais jusqu’à preuve du contraire, uniquement quand on le chatouille !

Alors si le rire n’est pas le propre de l’Homme, peut-être fait-il l’Homme ? C’est ce que je vais tenter de monter. Pour cela nous en viendrons à un moment ou l’autre, à nous poser la question suivante : le rire de l’Homme éclairé est-il le même que le rire du niais ?

 

 

Qu’est-ce que le rire ?

Il est un rire de base que Bergson définit comme : « du mécanique plaqué sur le vivant »[1], sorte de réflexe que nous avons en commun avec d’autres animaux. Un rire qui vient en réaction à un chatouillement du corps mais aussi de l’esprit. A l’opposé se trouve un rire socialisé et codé, qui n’appartiendrait qu’à l’Homme, et dont le sens différera selon l’époque, la culture et le groupe social.

Le rire socialisé peut être considéré comme est un langage. Je vous épargnerai la description du chemin qui m’a conduit à cette affirmation, mais nous retiendrons que le rire peut exprimer presque tous les sentiments humains ; l’homme peut donc tout traiter par le biais du rire !

Ce rire revêt de nombreuses fonctions, essentiellement sociales[2], que nous avons tous utilisées dans notre vie profane mais aussi en Franc-maçonnerie. Je vous en livre quelques-unes :

  • Une fonction défensive vis-à-vis de situations anxiogènes comme peut l’être une cérémonie d’initiation pour celui qui la vit.
  • Une fonction d’exclusion quand nous rions en groupe en gardant secret le code d’accès.
  • L’acquisition de prestige qui se manifeste pour marquer une légère supériorité, face à des propos perchés ou pour masquer notre désarroi…
  • Une sanction symbolique en réaction à un propos jugé excessif ou trop dérangeant,
  • Ou bien encore l’expression de la joie individuelle et de la connivence, portés par un sentiment de sécurité au sein d’un groupe soudé.

Langage complexe qui met en lumière la position de chacun, le type de rapport qui lie les membres du groupe mais aussi le genre d’émotion qui les anime, le rire qu’il soit volontaire ou pas, nous échappe la plupart du temps et l’on est bien souvent incapable d’identifier clairement la raison de notre rire. Ainsi le rire est un élément central de la connaissance de soi mais aussi de l’autre : « Dis-moi ce qui te fait rire ; je saurai qui tu es ». Le rire est une composante de notre pierre brute mais aussi, si nous en prenons conscience, un outil qui peut nous aider à la dégrossir. Le rire est une sorte de couteau suisse, et en ce sens il est susceptible de nous intéresser, FF et SS qui aimons tant les outils.

Dans ce travail je ne développerai pas l’humour mais je lui consacrerai quelques instants, puisqu’on peut relever un comique maçon propre à la situation en loge. Je cite rapidement : les liaisons dangereuses entretenues par les uns et les autres (je parle de phonétique), les lapsus, les subjonctifs savonneux ainsi que les césures pas toujours à l’hémistiche… qui peuvent transformer de manière comique le sens d’un énoncé.

Il y a aussi la surprise provoquée par une situation incongrue, dans un instant qui se veut solennel : comme l’épée menaçante, mais escamotable, qui se rétracte au moment inopportun ; tel initié qui se pourlèche en buvant avec un plaisir visible son breuvage supposé d’amertume[3] ; l’apprenti aux allures de colosse affublé d’un tout petit tablier, assis à côté d’un maigrelet au tablier trop large ; ou encore un slip Play-Boy et son armée de lapins surgissant d’un pantalon, à l’occasion du traçage recueilli du tableau de loge que Mozart transcendait… Citons encore le rire de ceux qui sont à contretemps dans la batterie ; l’officier habité par le rituel qui lit tout, y compris ce qui ne se lit pas ; les choix audacieux de Jubal, comme une « Pink Panther » qui accompagne la dernière entrée d’un Vénérable « sortant » ; le rire puissant et singulier de certains qui contamine toute une colonne, puis tous nos cafouillages d’apprentis qui font rire gentiment comme des maladresses d’enfants. Enfin, il est un comique qui ne fait vraiment rire que nous : rirait-on dans la rue d’un individu portant une veste à carreaux noir et blanc ? Pourtant la chose devient irrésistible du moment où quelqu’un remarque que le brave FF visiteur, s’est habillé façon « pavé mosaïque ». Il est donc bien un humour sculpté à l’image du groupe socioculturel auquel nous appartenons,  

Ces petites situations génèrent un rire aux multiples bienfaits, dans la mesure où il permet à chacun de se détendre. Entre rire et rite il n’est parfois qu’une toute petite lettre.

Je clorai là ma parenthèse humoristique pour aborder le rire en loge en trois parties : Tout d’abord le rire comme premier pas pour répondre à la question « D’où venons-nous[4] ? ». J’évoquerai ensuite le rire comme élément de connaissance de soi, et donc comme véritable outil maçonnique, dont nous examinerons les fonctions. Puis je vous ferai part de quelques réflexions concernant notre futur : « Où allons-nous ? » en analysant la place laissée au rire, pour enfin envisager la manière selon laquelle le rire pourrait nous élever.

D’où venons-nous ?

Je suis partie du postulat selon lequel le rire serait au commencement. Au commencement de l’aventure humaine.

Si l’on s’inspire de l’interprétation de J.J. Annaud dans « La Guerre du Feu », celle-ci en vaut une autre, le rire serait un maillon se posant entre le sauvage et l’homme. Dans cette vision en technicolor, notre propension à produire des séries d’expiration selon un certain rythme, nous aurait fait basculer dans l’humanité. En effet, pour qu’il y ait rire en dehors du chatouillement, il faut que l’esprit soit suffisamment évolué pour faire un lien ou déceler l’incongru.

D’un point de vue purement éthologique[5], on découvre que le rire apparait très rapidement chez le petit enfant humain : les cris commencent à la naissance, le sourire apparaît vers cinq semaines, puis le rire enfin qui se manifeste aux alentours du quatrième mois, avant le babil.

En référence à la Bible, Adam Biro[6], dans le dernier numéro de la « Revue des deux Mondes », faisant référence à l’humour juif, rapporte que « L’éternel » ordonna au premier couple juif d’appeler leur fils qui va naître Vitzhac ou Isac, autrement dit « celui qui rira »… L’auteur de l’article se pose quelques questions fort légitimes : que voulait donc signifier Dieu par ce rire, par ce nom ? Qui rira, Dieu lui-même ? Ou Isak le fils qui rira de son destin, de son devenir ? Dans cet exemple, même si les questions restent sans réponse, le rire serait au commencement d’une grande nation.

Nous qui cherchons à nous élever, pourrions donc bâtir sur le rire. Je reviendrai sur ce point.

Le rire fait partie des apprentissages et de socialisation de l’enfant et il est un moment où le rire réflexe, automatique, va tendre vers un rire socialisé, souvent volontaire qui sera celui du groupe et de la communauté où l’on va grandir. Ce phénomène est particulièrement observable chez les adolescents. C’est ainsi que le rire pur et lumineux du petit enfant, au fur et à mesure de son développement, va se doter d’une palette de nuances. Le rire expression simple du plaisir, va laisser place à d’autres sentiments. Progressivement le rire va recouvrir une part d’ombre pour prendre les teintes du pavé mosaïque. Le rire qui nous échappe devient alors outil.

Considérant le rire comme un élément de connaissance de soi, donc agissant comme un véritable outil maçonnique, Je vais examiner quelques outils du premier degré et leurs fonctions au sein d’une loge.

On rit en général avec les siens et ce qui réunit les uns sépare forcément des autres. C’était par une soirée à la chaleur radieuse, donnée par un négociant en spiritueux. J’étais encore profane. Je me souviens avoir surgi, à l’impromptu et déjà fort réjouie par mon parcours de dégustation, au beau milieu d’une discussion de groupe. A mon apparition notre hôte s’est soudain agité, fort préoccupé que la pluie ne vienne à gâcher cette belle soirée… J’ai rassuré le pauvre inquiet à coup d’arguments météorologiques, avec toutefois un sentiment mitigé, un léger malaise.

Dans cette anecdote toute l’ambivalence du rire se manifeste. On est dans l’équilibre parfait entre le rire AVEC et le rire DE : le rire d’un groupe complice et soudé dont l’objet est un élément qui est hors du cercle. Rire qui se nourrit précisément de la situation de l’individu extérieur, qui s’empêtre dans sa propre réalité et s’entête à démontrer le non fondement d’un propos… dont le contenu informatif est ailleurs. Il pleut !?

Pour poursuivre sur mon propre cheminement, un jour je n’ai plus été profane mais initiée… et je me souviens que le rire m’a suivi tout au long de mon initiation. Rire reflexe résultant de la prise de conscience de l’incongruité, voire du ridicule de ma situation ; prise de distance avec l’objet risible : moi-même avec ma corde au cou et ma chaussette en tire-bouchon, effectuant de pataudes déambulations. Rire mécanique de soulagement et de décharge de mon système nerveux, rire du petit enfant à qui on essaie de faire un peu peur et qui sait bien que c’est « pour de faux »…

Un peu plus tard, au second retrait du bandeau, j’ai été confrontée à des sourires, figures de bienvenue, rangées de dents qui se dévoilent en signe de non agressivité et d’accueil. Une marque d’apaisement, la première que voit l’initié lorsqu’on lui retire son bandeau après le tumulte qui a précédé. Sourire des parents qui rassurent leur petit dernier. A ce sourire on peut répondre par un rire non vocalisé, rire de pure expression de la joie et du plaisir d’être accepté dans une nouvelle famille.

Voyons maintenant en quoi le rire peut être assimilé aux outils du maçon.

Le rire assimilé au ciseau et au maillet pour travailler la pierre brute

En loge ce que l’on m’enseigne doit me servir à me construire moi-même. Le rire dans toutes ses nuances, peut alors être assimilé au ciseau et au maillet qui vont m’aider à tailler ma pierre brute. Ma TCS A.S.B., dans son travail sur le vent, disait qu’il nous aide à nous débarrasser du superflu en enlevant les poussières liées à la taille de notre pierre. Le rire est exactement cela, un vent tout à la fois léger et puissant qui emporte tout et fait place nette.

Le rire qui nait dans le miroir

Tout cela commence à l’instant où l’on se retourne et que l’on se voit dans le miroir. Quelle chose est plus risible en somme que l’Homme lui-même ? L’Homme qui se découvre comme objet imparfait et dérisoire ne peut être que risible (à ne pas confondre avec comique ou ridicule). Rire de soi, c’est être capable de se détacher. L’Homme découvre dans le miroir tendu, que sa propre image n’est peut-être pas son alliée. La découverte de moi me porte à rire de moi, non comme objet moqué, mais en tant qu’objet qui trouve sa place.

Le rire, c’est la règle

Le rire est aussi la règle, celle qui nous tape sur les doigts. Il est un rire qui sanctionne, réprime les excentricités et remet sur le droit chemin, celui de la règle, qui peut punir mais aussi indiquer la direction. J’en réfère à Bergson écrivant à propos du comique qu’ : « il exprime donc une imperfection individuelle ou collective qui appelle  la correction immédiate. Le rire est cette correction même. Le rire est un certain geste social, qui souligne et réprime une certaine distraction spéciale des hommes et des événements.[7]»

Certains chercheurs considèrent l’humour comme une rupture, une transgression, la sortie du droit chemin ou le pas de côté, que l’on pourrait rapprocher à l’état du compagnon. Toutefois le compagnon qui veut faire le malin, prend le risque de se prendre un coup de règle. Le rire remet sur le bon chemin, momentanément en tous cas… Castigat ridendo mores : corrigeons les mœurs en riant…

Le rire comme un tablier

Parmi les fonctions du rire il est une fonction défensive, non des moindre. Un rire que je m’adresse à moi-même avant les autres, un rire qui me rassure comme le ronron d’un chat malade, un rire qui me permet de préserver la face lorsque l’on m’a agressé et que je suis devenu, contre ma volonté, objet risible : le rire des autres peut parfois être aussi corrosif que du vitriol ! Ce rire c’est mon tablier. Il me protège des éclats qui se détachent lors du façonnage de ma pierre brute. Il peut me préserver tout autant des autres que de moi-même.

Rire et vitriol

Concernant le vitriol du maçon, la descente dans la connaissance de soi exige de faire tomber le masque, de se voir tel que l’on est, dépouillé de ses métaux et dépossédé de son apparence.

Le rire nécessite complicité et la complicité que nous entretenons avec nous-même ne peut être effective qu’une fois que nous avons « rectifié ». Il me semble que le noyau insécable que nous cherchons au plus profond de nous-même, pourrait être accessible via le rire. J’ai passé quelque temps en enfer et à ma grande surprise, le voyage a été fructueux. De pouvoir rire de moi réduite à l’état de singe nu, d’un bon rire de femme vivante et qui entendait le rester, d’avoir touché l’essentiel, m’a permis de me redresser et de rebâtir. La nudité absolue, sans artefact derrière lesquels se dissimuler, le recul de l’orgueil, le repositionnement de la dignité et la prise de conscience de l’absurdité de tout ce qui ne relève pas de l’élan vital, sont décidément choses risibles[8].

En loge il est aussi des moments propices au rire

Si la formation de la chaine d’union ne porte pas au rire, elle invite au sourire. Le sourire spontané qui fleurit sur un visage qu’il semble éclairer de l’intérieur n’est pas un-sous rire, comme on a pu l’écrire, mais une expression dépourvue d’agressivité, un geste d’apaisement que certains ont attribué au Divin, et que les grands singes possèdent aussi... Sourire béat de celui qui est bercé par une chaine puissante et rassurante et qui chantonne à son insu, sourire amusé d’une autre qui surprend sa sœur manifestant les symptômes du mal de mer, car prise à la rencontre de deux courants elle n’est point bercée mais écartelée et lutte vaillamment. Sourires de complicité de ceux dont les regards se croisent, sourires sans malice, sourires du plaisir de participer de la cohésion du groupe.

Il est enfin un rire qui réunit, un rire de plaisir pur, celui d’être ensemble, de se retrouver et accessoirement de passer à table : Le rire de l’agape, qui après quelques santés n’est peut-être plus tout à fait celui de l’Homme éclairé…Qu’importe ! L’agape est le moment de la communion et quoi de mieux après avoir partagé le pain et le vin, que de partager le rire et les chants. Ce rire qui est l’essence même de l’égrégore, n’est-il pas le plus beau, ne fait-il pas du bien à tout le corps, ne met-il pas l’esprit en communion ?

Ou allons-nous ?

L’Homme a été doté par la nature d’un don puissant, qu’il se doit de savoir utiliser pour vaincre les aléas de la vie, et pourvoir survivre plus sereinement. Ce don, disait Pagnol que « Dieu a donné aux hommes pour les consoler d’être intelligents », serait surtout un cadeau destiné à nous aider à dépasser les angoisses liées à notre condition, et peut être à rendre plus belle notre nature humaine…

Pourtant depuis quelques décennies il est observé qu’on ne rit de moins en moins et quand on rit, on ricane. On se moque de son prochain qu’on filme en catimini, on juge, on évalue, on « casse » en affichant le plus laid des masques du Carnaval. Ce n’est pas vraiment nouveau, Hugo l’avait déjà fort bien décrit… Certains ont assimilé le rire aux pleurs, les deux relevant d’un même phénomène, mais nous ne sommes pas plus capables de rire que de pleurer car pour exprimer l’un ou l’autre, il faut identification, empathie et considération, valeurs qui ne sautent pas aux yeux dans les médias communautaires. 

Il nous faut donc réapprendre le rire, celui que Pagnol[9], faisant écho à Bergson, qualifie de sain et de reposant et qui a lieu lorsque le rieur se sent supérieur à l’objet risible. Rire qui vient en opposition au rire qualifié de négatif, de mépris, qui se réalise lorsque le rieur prend conscience de l’infériorité de l’autre. Ce rire qui rabaisse pour faire boire l’autre à la coupe d’amertume, devrait idéalement tendre à disparaitre avec les éclats de notre pierre brute. Le rire AVEC l’autre doit prendre le pas sur le rire DE l’autre. Notre rire doit nous élever sans rabaisser quiconque. Et là, oui nous pourrons affirmer que le rire de l’Homme éclairé n’est pas celui de l’imbécile.

Et après ?

Je conclurai par la voix du moine Jorge, créé par Umberto Eco, qui clôt l’intrigue du roman Le Nom de la Rose[10] : « Le rire libère le vilain de la peur du diable. Se libérer de la peur du diable est sapience. Quand il rit tandis que le vin gargouille dans sa gorge le vilain se sent le maitre car il a inversé les rapports de domination. Le rire serait le but de l’homme. Le rire distrait quelques instants le vilain de la peur. Mais la loi s’impose à travers la peur, dont le vrai nom est crainte de Dieu. Au moment où il rit peu importe au vilain de mourir. […] De ce livre pourrait naitre la nouvelle et destructive aspiration à détruire la mort à travers l’affranchissement de la peur ».

Résumons-nous : d’où venons-nous ? D’une plaisanterie du Divin, d’un bug quelconque, d’un éclat de rire ? Le rire serait l’un de nos premiers modes de langage, précédant la parole. Un mode de communication purement animal à l’origine, qui se socialise au contact de l’Homme. Le rire sain, positif, nous permettrait de toucher le noyau insécable sur lequel bâtir solidement, il serait outil mais encore connaissance pure. Où allons-nous ? Vers la mort. L’Homme qui rit de lui-même et de la fatuité du monde qui l’entoure, l’Homme qui ne craint plus la mort, celui-là est un philosophe, celui-là est réellement un homme libre.

Alors FF et SS : Rions en attendant la mort.

J’ai dit[11].

L.C.

 

[2] SMADJA Eric, 1998 : Entretien in Sciences et Avenir, N°spécial : Le Rire, p17

[3] Le Fernet Branca n’était peut-être pas une bonne idée…

[4] « D’où venons-nous ; où allons nous ? » était la thématique de l’année proposée par notre VM

[5] MORRIS Desmond, 1992, La Clé des Gestes, Paris, Grasset ed. (1ère édition 1977) p257,259

[6] BIRO Adam, 2018, Quelques aspects de l’humour juif, in Revue des Deux Mondes, Paris, pp 61-67

[7] BERGSON Henri, 1995, Le Rire, Paris, PUF (1ère édition1899), p67

[8] L’exemple est extrême mais on ne peut plus parlant.

[9] PAGNOL Marcel, 1947 : Notes sur le Rire, Paris, Nagel ed. p 42,43

[10] ECO Umberto, 1983, Le Nom de la Rose, Paris, Grasset, p593, 596

 

[11] Pour rédiger ce travail, je me suis inspirée des ouvrages suivants :

COUTE Corinne 1998  « 14 manières de rire » in Sciences et Avenir, N°spécial : Le Rire, juillet/août 1998

DEFAYS Jean Marc, 1996, Le Comique, Paris, Seuil, 94p

DUVIGNAUD Jean, 1985, Le Propre de l’homme, Histoires du Rire et de la Dérision, Paris, Hachette, 246p

ESCARPIT Robert, 1960, L’Humour, Paris, PUF, 127p

JEANSON Francis, 1950, Signification Humaine du Rire, Paris, Seuil, 213p

PROVINE Robert, WEEMS Helen, 1998, « Le Rire des Singes » in Sciences et Avenir, N°spécial : Le Rire, juillet/août 1998

SMADJA Eric, 1993, Le Rire, Pari, PUF, 126p

En espérant n’avoir oublié personne…

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31 août 2018 5 31 /08 /août /2018 22:32
L'acacia, symbole persistance de la vie. Tiré du tableau de loge du Maître au Rite Ecossais Primitif - GLSREP photo ER

L'acacia, symbole persistance de la vie. Tiré du tableau de loge du Maître au Rite Ecossais Primitif - GLSREP photo ER

Lecture en essence du tableau de loge des Maîtres

(Traces, absences, substitutions et essences.

Plaidoyer pour l’essence symbolique.)

 

L’hypothèse anagogique au grade de Maître.

Le grade de Maître est fondé sur une double perte : celle de l’archétype de l’initié (Hiram) et celle de la Parole (parole perdue). Subitement le monde du symbolisme constructif se trouve bouleversé,  privé de son architecte détenteur des secrets. Du fait de la mort d'Hiram, le secret du grade réside sans doute dans cette négation du signifiant et de sa verbalisation. Il faut donc chercher l'ouverture secrète hors du cadre symbolique ordinaire.

 

La représentation mentale du franc maçon est essentiellement basée sur l’image-mémoire, dirimante et inductive. Le tableau de loge est une image-mémoire contenant une combinatoire de symboles que chacun intériorise suivant la méthode maçonnique. Nous pensons que ce tableau est une heuristique traversée par l’essence symbolique au même titre que la geste, le catéchisme et la légende du grade. L’image–mémoire deviendra image-miroir avec ses effets induits. Mais il existe des miroirs déformants, comme la mémoire !  Comment éviter cet écueil du sens déformé ?

La polysémie intrinsèque du symbole crée une difficulté d’interprétation constante. On s’accorde à dire que la moyenne générale des sens multiples concorde vers un sens commun. Or parler de sens commun comme une moyenne générale du sens c’est laisser le symbole dans la masse commune des sens et contresens, nous pouvons faire mieux en échappant aux variations discursives.

 

La question qui se pose et celle du niveau d’interprétation symbolique du rébus du Tableau de Maître : doit-on en rester à la détermination d’un sens discursif fondé sur un enchaînement logique de causes comme au premier et second degré, avec toutes les variations interprétatives des différentes rituélies, ou peut-on envisager un autre niveau de lecture moins substantiel et plus essentiel ou cardiaque ? 

Il nous semble que ce grade se prête à une interprétation plus élevée en s’appuyant sur l’artifice de la substitution symbolique.

Il faut tenter un travail de synthèse avec  moins d’herméneutique (explication de texte, apparence utile et causale du signifiant) et tendre vers l’anagogie (élévation plus spirituelle et plus intuitive fondée ici sur l’absence du signifiant).

Ce grade introduit une nouvelle expérience qui outrepasse le sens symbolique de l’objet représenté. Ce nouvel élément « vécu » est « l’essence » ou « l’envol du sens » dans un registre supérieur. Nous utiliserons le drame Hiramique pour tenter de démontrer la notion d’essence du symbole, nous pourrions tout autant exploiter les diverses traductions du mot de maîtres (MB etc…) dans les différents rites.

 

Si nous admettons que le symbole est une représentation mentale fondée sur une extrapolation de l’objet signifiant faisant sens, alors que serait l’essence symbolique ?

De notre point de vue, l’essence symbolique est la valeur signifiée au plus haut d’un symbole, ayant la particularité de traverser tous les sens en y laissant une trace « ressentie », que l’objet signifiant soit présent, absent ou substitué.

Comment démontrer que l’essence symbolique s’associe à la notion de trace « ressentie » dans l’objet substitué ?

Il n’est pas gênant que le Héros, signifiant premier (Hiram), ait disparu, car le signifiant substitué ou secondaire (L’os et son cortège symbolique) est par son identité essentielle « imprégné » de la « trace » du signifiant premier. Cette trace qui est supposée persister dans l’objet relique (ici l’os mais ce pourrait être le mot de Maître « substitué ») est un marqueur de l’essence, invisible et pourtant si intuitif.  Ce constat de la trace se fait dans toutes les sociétés primitives et le culte des reliques du moyen-âge s'inscrit dans le réel « ressenti ».  La notion de trace reliquaire est si présente qu'elle s'est traduite par les pèlerinages qui ont financées la construction des cathédrales. Donc l’essence du symbole premier disparu laisse une trace « ressentie » dans le symbole secondaire qui prend sa suite.

Soulignons qu’à son tour le signifiant premier (Hiram) peut être mis pour un signifiant plus original ou précurseur dont il reprendrait l’imprégnation essentielle qu’il nous faut découvrir. Ainsi certains on pu  prétendre que le héros martyr Hiram est une sous-représentation archétypale du Héros précurseur Jésus, lui-même martyr devenu Christ.

Ce mécanisme peut se poursuivre à l’infini et s’appuie donc  sur un archétype tant sa récurrence est évidente et transculturelle.

Dans ces conditions, nous constatons que le symbole, dans sa part essentielle est toujours associé à l’archétype.

Nous pouvons par l’essence du symbole remonter une chaîne d’absence ou de successibles vers la figure archétypale la plus originale. Donc l’essence symbolique relie tous les signifiants secondaires ou successifs au signifiant original. L'essence est reliante, moins par relation de cause à effet, mais plutôt du fait de sa constance dans une famille symbolique.

On comprendra que, pour mettre en évidence l’essence, on caractérise la disparition du signifiant par un acte fort, transgressif faisant apparaître l’absence et justifiant le substitut. Cette absence appellera une substitution pour les besoins de l’édification de chacun. La méthode maçonnique à besoin d'objet-mémoire. Le substitut portera en lui l’essence du disparu dans un domaine inférieur.

Il y a donc une filiation traumatique causale (l’os provient de la putréfaction des chairs issue du « crime utile ») et une filiation archétypale sans causalité: l’indéfectible essence.

Voici notre exemple de filiation par l'essence: Le nouveau Maître capte l’essence de l’os reliquaire,  l’os porte l’essence d’Hiram qui lui-même porte l’essence du Christ (par exemple) qui représente l'archétype de l'incarnation de l'esprit.

Conséquence : "l’axe essentiel" du symbole permettrait d’atteindre la structure archétypale à laquelle appartiennent les signifiants seconds ou substitués.

Donc le Maître, consciemment ou non, par induction et par contact symbolique avec la relique, serait à son tour traversé par cette essence symbolique révélatrice de l’Archè.

 

Quel est le rôle de l'essence symbolique dans nos transmissions?

Le rituel introduit l'essence symbolique dans l’expérience initiatique donnant à cette notion un goût de réalité.

Le rituel bien joué, malgré ses éventuels contre-sens serait potentiellement agissant en essence. Il suffit de laisser l’intuition résoudre les apparents paradoxes de l’absence. Exit la rationalité des causes : l’absence définitive d’Hiram se traduit par une « présence » transmissible moins par raisonnement (comment serait-ce possible ???) que par intuition, comme une évidence !

Conclusion, il est possible que l’intuition fonctionne sur le registre de l’essence symbolique… le sens restant affecté à l’herméneutique.

Il y aurait donc plusieurs avantages à vouloir une distinction entre sens et essence.

 

Outre la possibilité d’étudier la voie intuitive, dans l'exemple de la filiation Hiramique on associe l’essence à une succession d'archetypes identiques, eux mêmes adossés au schème de l'incarnation de l'esprit.

Donc l’essence d’un symbole renvoie à sa représentation la plus haute et la plus conforme à ce qui serait un schème fondamental dans la représentation symbolique.

Pour nous, un schème fondamental est un schéma qui s’illustre par des figures archétypales dans des niveaux de perception et des temps successifs. Les schèmes servent en secret les tables de correspondances et le principe d’analogie.

Ici, dans le drame Hiramique est sous-tendu par le schème structurant mettant en jeu : le vivant, la mort, la relique et la maison du divin. Ce schème reposera sur le concept qui relie des plans inférieurs (catabase de la fosse) et supérieurs (anabase, sortie de la fosse et envol dans l’axe) relativement à un plan de base. Ce plan de base est le plan d’exercice ou plan d’appuis du réel ou plan de vie.

 

Nous commençons à saisir l’intérêt de l’essence symbolique en ce qu’elle permettrait de remonter le courant archétypal qui s’adosse à un schème. L’essence symbolique serait donc potentiellement révélatrice de l’archétype et du schème : c’est sans doute le fameux secret d’Hiram, incommunicable aux 3 « insensés » qui dévoient le bon usage des outils, devenus  outils sacrificiels. Ce contre-sens dans l'usage loin de nier l'essence finit par la révéler par le biais de la substitution.

 

Il est entendu que le réel est une perception, une représentation mentale de l’homme qui brille par sa variété. Si nous escamotons le sens toujours polémique au profit de l’essence c’est que nous recherchons ce qui est constant. Le sens finit par créer un obstacle épistémologique que l’on dépassera par l’essence.

L’appartenance à une société de tradition implique si possible de conserver la variable du sens, mais surtout de déterminer l’invariable essence symbolique. Ainsi il est indifférent que le sens, simple artefact contextualisé, puisse entraîner un non-sens ou un contresens.

 

Peu importe les variations dans les rituels maçonniques[i], nous retrouverons toujours l’essence du symbole graphique, verbal, ou gestuel, car les objets et mots symboliques comme les individus qui les font vivre en eux sont toujours animés d’une appétence pour la reliance à quelque chose de plus haut, plus global,  plus « essentiel ». Donc les rituels dits « initiatiques » sans essence qui relie à l’Archè et au schème, sont peu appétissants et disparaissent ou ne se jouent pas.

Notons enfin qu’un rituel mémoriel dont la geste est fondée sur un symbolisme constructif porte en lui l’essence, l’Archè et le schème du bâtisseur en esprit.

Dans le prochain article, nous tenterons d’illustrer cette notion d’essence symbolique en détaillant les tableaux de loges du grade de Maître, leurs combinatoires et les artifices qui font apparaître l’essence symbolique.

E.°.R.°.

 

[i] Le devoir de mémoire des francs-maçons n’est pas uniquement situé dans l’entretien des contresens, suite à des oublis ou des déformations, ni de la variété des pratiques, il me semble qu’en conservant chacun nos spécificités nous pouvons introduire l’essence du symbole en tirant parti de la disparition des signifiants ou de leur substitution.

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16 juillet 2018 1 16 /07 /juillet /2018 22:10

Tableau de Loge

Illustration des structures de l’imaginaire initiatique des "bâtisseurs".

 Nous de décrirons pas en détail les objets symboles figurant sur le Tableau de loge, mais plutôt les structures de l’imaginaire maçonnique associées à sa lecture. Nous ne rechercherons pas l’origine historique du Tableau sachant qu’on en publie dès les premières divulgations et que sa présence servait de support à « un regard ésotérique » dès le XVIIème Siècle[1]. Nous tenterons de démontrer que ce Tableau n’est pas seulement un résumé symbolique du grade considéré, il serait aussi la figure centrale de la loge, le point d’ancrage de la mémoire collective des maçons.

Le Tableau de loge est une image narrative composée de nombreux objets symboliques liés à l’art de bâtir ou à l’architecture. Cette collection d’objets se combine pour donner un sens opératif, symbolique et métaphorique au Tableau. Cette lecture symbolique se dédouble en construction de soi et peut-être en construction d’un monde idéal.

Le Tableau de loge et la loge illustrent un langage initiatique qui ouvre sur une spiritualité. D’ailleurs le symbole n’est-il pas l’évocation en soi de l’invisible et de l’abstrait ?

Cette spiritualité est celle des maçons bâtisseurs, au concret comme en esprit, d’édifices sacrés, reliant depuis l’antiquité l’homme au subterrestre, au terrestre et au céleste avec l’idée d’accueillir ou d’évoquer la puissance divine venue d’en haut…

C’est à ce titre que nous rechercherons en quoi le Tableau de loge[2] serait une table de correspondance entre ce qui est en haut et ce qui est en bas, sans oublier que cette correspondance structurelle et virtuelle se fait aussi en nous. Ces lois sont parfaitement résumées par Pierre A. Riffard: "La doctrine des analogies et correspondances, présente dans tous les ésotérismes soutient que le Tout est Un, que ses divers niveaux (règnes, mondes…) sont des ensembles équivalents dont les éléments se répondent terme à terme, de sorte qu'un élément d'un ensemble représente symboliquement et influence sympathiquement l'élément d'un autre ensemble, par exemple, le Soleil dans le règne minéral et le lion dans le règne animal" (Dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, 1983, p. 34)

Nous examinerons la participation du Tableau de loge aux mécanismes de l’imaginaire dans la transmission maçonnique (1), et comment ce Tableau permet l’accès aux lois de correspondances (2).

 

I/ Les mécanismes de l’imaginaire dans la transmission maçonnique :

 Comment s’organise la transmission autour du tableau de loge ?

 

a/ L’apprentissage d’une mémoire traditionnelle.(Devoir de mémoire communautaire)

Nous sommes dans une société traditionnelle qui repose sur la transmission. Il ne peut y avoir de transmission initiatique sans séparation, sans mémoire[3] et sans participation[4].

 Pour mémoriser et transmettre un vécu initiatique, le franc-maçon utilise différentes techniques significatives d’un langage réservé et symbolique qui repose sur les lois d'analogies et de correspondances définies plus haut  :

  • les techniques graphiques[5] de l’image symbolique, du tracé à la craie et au charbon, que l’on efface fin de tenue,  technique du dévoilement-voilement.
  • les décors signifiants et une topographie tripartite séparant par une porte l’intérieur et l’extérieur.
  • le récit, le  langage verbal et non verbal, incompréhensibles au profane
  • le  mime et la geste du grade fait à couvert.

L’ensemble combiné donne une « incorporation » du symbole : c’est donc une abstraction ou une absence qui prend « corps » par le vécu initiatique[6].

En effet, on « incorpore » cette langue et cette vision symbolique par la geste du grade, par ses pas, ses signes, postures et circulations. De plus le catéchisme récité et le tracé du Tableau ou son dévoilement,  fondent une communauté d’expérience fondée sur le contraste[7]. Les éléments graphiques du Tableau font allusion à 4 bipolarisations[8] qui font naître ou apparaître un troisième terme « ordonné » et mediateur qui ne peut être que l’HOMME:

 ► la relation entre le plan terrestre et le ciel enfante la vie sous l’égide de la Lumière, les cycles cosmogoniques, lune-soleil, colonnes solsticiales dont la loge est témoin,

 ►  la relation entre la matière transformée et  l’esprit qui enfante une pierre cubique symbole de perfectionnement en opposition à l’informe au 1er degré, puis l’association des unités en entité commune au 2em degré et enfin la fin de la forme et la transmission de l’esprit au 3eme degré.

 ► la relation entre outils et instruments et l’œuvre à accomplir qui enfante l’autoréalisation (réalisation de soi autour d’un centre universel et particulier) en opposition à l’hybris décentrée et chaotique,

 ►  la séparation de l’espace sacré et ordonné (murailles du temple, porte) du monde profane désordonné qui enfante : 1/ sur le plan horizontal l’union des FF[9] (corde à nœuds, houppe dentelée, grenades) en opposition au monde profane sans filiation et  2/ dans l'axe vertical la relation au divin, transcendance, spiritualité (temple maison du divin), en opposition au monde conflictuel[10], sans foi ni loi.

Ainsi le Tableau de loge est une puissante image mémorielle, un condensé des éléments de langage[11] témoignant d’une identité[12] et d’une intention commune se résumant en un paradigme[13] : construire le Temple.

Quelle est l’influence de ce tableau sur notre vision ?

 

Robert Fudd: lois de correspondances et analogies par nos 5 sens, planche tirée du "De utriusque cosmi maioris et minoris historia" (1620).

Robert Fudd: lois de correspondances et analogies par nos 5 sens, planche tirée du "De utriusque cosmi maioris et minoris historia" (1620).

b/ La représentation du réel en loge – transposition de l’image

Avec le symbole l’irréel prend corps ! Robert Ambelain disait : « il n’y a pas de plus grande initiation que la réalité ». Le tableau de loge par sa mémorisation joue un rôle dans notre vision. Suivant les rites on dévoile le Tableau de loge en même temps que Sagesse Force et Beauté sont allumées. L’image est ainsi « éclairée » « révélée [14]» aux FF de l’atelier par une Lumière venue de l’Orient. Le dévoilement est équivalent au tracé fait à la main, ce serait une recréation du monde, un ordonnancement de l’informe !

Tout ce que nous sentons, voyons, pensons, articulons, est issu de la perception de nos 5 sens et se traduit en une représentation mentale du réel. Le réel au grade d’apprenti est recomposé dans l’idée de la connaissance de soi par l’image d’une pierre que l’on dégrossit.

Pour l’homme il n’y a pas de réalité sans représentation de celle-ci en son for intérieur. Là , notre réalité est la transposition d’un réel objectivé en réel humain doté de sens et d’essence. Ici le for extérieur (décors et images) opère sur le for intérieur (représentation mentale)[15].

L’initiation est donc l’apprentissage d’un réel profond, ou d’un réel augmenté par l’analogie et l’imagination créatrice de l’homme. C’est précisément ce que nous offre le Tableau de loge : une imagination créatrice « orientée » et « ordonnée » par la conscience éclairée et « concrétisée » par l’acte de bâtir un temple, fut-il intérieur.

En loge s’opère la « magie[16] » de la représentation graphique de l’objet[17] et de sa transposition symbolique. Le réel dit « matériel » n’est alors plus que l’enveloppe extérieure d’une réalité tout intérieure !

 

c/ Vivre le symbole : technique d’autotransformation

L’aspect physique dans le développement du rituel est capital, c’est ce qu’on appelle la geste orthopraxique du maçon. Le Tableau de loge illustrant le grade y joue un rôle important:

1/ Par ses pas, comme dans toute société traditionnelle, le maçon marque le temps et une déférence au groupe (trois pas = trois ans, introduction spatiotemporelle). C’est l’intégration comportementale du maçon dans un espace spécifique de la loge. Le Tableau illustre cet espace ternaire et sacro-temporel.

2/ Par ses bras le maçon va faire naître la forme ou l’état (tailler la pierre intégration du maçon dans le monde des formes et donc ici dans l’univers formel des bâtisseurs du sacré : loge/temple)[18] . Le Tableau illustre la transformation.

3/ Par le crâne sera insufflé le privilège de la lumière et de la conscience individuelle et collective (conscience éclairée= étoile ou triangle). Le Tableau illustre la lumière.

4/ Par ses mots le maçon raconte la légende commune et récite le catéchisme ce qui permet de lire symboliquement. (►passage de la langue liturgique à la langue sacrée via la représentation symbolique). Le Tableau est un langage symbolique.

Le Tableau de loge est une image représentant une combinatoire d’objets matériels et symboliques qui participent aux 4 points de l’incorporation physique,  transcendée par le rituel et la verbalisation légendaire du grade[19].

Ainsi l’image devient « narrative »[20]et participe d’une pensée collective[21] et d’une geste commune. D’extérieure à soi, la métaphore de la construction produit des effets en nous.

Devenir et être le symbole, c’est accepter de faire évoluer le regard que l’on porte sur la réalité et prendre conscience de son être. La lecture du rébus symbolique du Tableau de loge est une lecture de soi ainsi que le point d’entrée dans une société d’initiés[22] (incorporation tribale).

Nous conclurons par un constat : le secret maçonnique est personnel et relatif à nos capacités cognitives qu’il s’agit de développer. Notre fonction analogique augmente nos capacités.

Le Tableau de loge nous donne des clefs de lecture des symboles nous permettant d’accéder aux schèmes de la représentation mentale et nous ouvre à la spiritualité des bâtisseurs du sacré.

Ainsi trois plans sont désormais en reliance grâce au Tableau de Loge : le plan physique, le plan mental et le plan spirituel.

II/ Tableau de loge matrice des lois de correspondances.

La force du tableau est de proposer une construction reliante et structurante plutôt que rien. Ce Tableau calme l’angoisse de l’homme en proposant une méthode et une action collective et individuelle en comblement d’un manque éthique ou métaphysique. Le tableau est sous l’effet des lois de correspondances. Ces lois restent à la base de toutes approches symboliques, car elles mettent en relation différents plans[23] matériels, mentaux et spirituels. Or l’art de tailler sa pierre ou de bâtir un édifice « sacré » permet des analogies, des associations entre ce qui est matériel et ce qui est spirituel et humain. C’est une méthode d’ordonnancement des plans superposés ayant un centre traversé par un même axe paradigmatique. Par la correspondance analogique on relie que ce qui est en haut à ce qui est en bas, mais aussi le ciel et la terre , l’esprit et le corps, l’intérieur et  l’extérieur, l’inconscient et le conscient , le caché et le visible , la cause et la conséquence, la pensée et la matérialisation, l’inconnu et le connu. Voici donc notre franc-maçon en capacité de lire ce réel augmenté sans autre effort que la mise en relation des plans par son imagination créatrice et sa bibliothèque de schèmes.

 Comment le tableau de loge peut se prêter aux analogies ?

 

a/ L’art de bâtir entre le subterrestre, le plan terrestre et le céleste.

Par sa situation « géocentrée » dans la partie centrale de la loge, le Tableau est un point d’intersection parfait entre le subterrestre, le plan terrestre et le céleste. Ce réceptacle d’images, véritable lieu de la reliance, est posé au centre de la loge à la croisée[24] de l’axe de la lumière orientale, de l’axe qui relie les colonnes du Septentrion et du Midi et de l’axe reliant le Zénith au Nadir (axis mundi).

Le Tableau ou tapis de loge serait un creuset où se combinent tous les signifiés (représentations mentales) et tous les signifiants[25] (ici les objets référents). Sa lecture se fait comme un alphabet universel qui rayonne dans les six directions[26].

Les signifiants et signifiés étant relatifs aux grades nous devons en conclure ce qui suit :

La superposition des tableaux de loge et la superposition des grades, valident les effets de reliance et donc confortent les lois et tables de correspondances. De plus le Tableau de Loge par le jeu de l’incorporation symbolique et l’intention commune, établit définitivement une homologie[27] entre le Temple et l’homme.

Relativement au paradigme de la construction d’un bâtiment sacré, on remarquera que le tableau « concentre » en un seul point tout les matières, plans, outils et instruments nécessaires à la « réalisation » par la reliance.

 

b/ Un tableau réceptacle de 3 influences :

1/issu du subterrestre : via la pierre brute extraite de la carrière, ou du minerai servant à fondre les colonnes. Ces éléments subterrestres sont les puissances souterraines que l’homme se doit de maîtriser (trouver la pierre cachée). À l’évidence un parallèle doit être fait avec la sortie du cabinet de réflexion[28].

2/ issu du céleste : représentation du Soleil et de la Lune et parfois de l’Étoile.  Ils marquent la durée, le temps, les rythmes et les saisons, mais aussi toutes les analogies liées à l’ombre et la lumière que ressent le bâtisseur, ou liés au principe émetteur et au principe récepteur qui s’unissent dans un troisième terme[29], etc. Le soleil naissant fut pendant longtemps une représentation du divin[30].

3/ issu du plan terrestre, pour porter le dessin/dessein du plan et l’élévation des bâtiments sacrés. L’intention des bâtisseurs[31]est de conjoindre matière et l’esprit sur le plan solaro-terrestre[32] en faisant apparaître une dimension spirituelle dans la matière comme dans l’homme.

C’est donc en ce point « hyperdense », à la fois géocentré (Tableau physique) et égocentré (Tableau mental)  que se réalisera le travail de l’apprenti puis le chef d’œuvre du bâtisseur 

 

c/ Apport pratique du Tableau de loge :

Ce tableau ne serait-il pas un miroir de soi et un miroir du monde ? Une affaire de point de vue !

 

Le récit de la construction de soi

Se réaliser soi-même grâce à la lumière : Le Tableau de loge est un diagramme symbolique éclairé et graduel (un plan à plusieurs niveaux de lecture !), car il est posé sur le pavé mosaïque qui suscite une tension créatrice, une vibration.

Transposé en soi (la conscience de l’être), le Plan-Tableau (ou grille de lecture) devient une pensée qui se transforme en volonté graphique « éclairée » c'est-à-dire douée d’une intention qui « élève » l’être vers une spiritualité, et il ne reste plus qu’a « réaliser » le modèle dessiné sur le Tableau de notre projection mentale. Cette dernière phase sera l’action sur nous même et dans le monde. Pensée, Volonté, Action ici « imagées » sont les trois phases de la réalisation de soi induites par le Tableau : ainsi la taille de la pierre devient connaissance de soi[33] par la connaissance de nos limites (limites d’exercice du tableau) et l’introspection (centre hyperdense du tableau)!

L’autre aspect de cette intériorisation de la grille de lecture est de réveiller en soi les vieux schèmes et archétypes[34] qui fondent l’inconscient collectif[35]. Par ce biais c’est toute l’évolution de la conscience humaine qui est mise à contribution. Ainsi tenter de tailler sa pierre ou de construire le Temple revient à tenter de se construire et perfectionner avec une conscience éclairée.

 

 Faire descendre le ciel sur terre et en l’homme.

La descente du ciel sur terre est un vieux schéma universel qui s’associe avec la conscience du Tout et l’idée du Divin. L’idée est séduisante pour l’homme qui se voudrait universel ! ici nous tentons l’Unité ontologique. Il s’agit d’une esthétique liée à la fonction verticalisante du bâti sacré.

La plupart des temples et édifices sacrés sont construits à la croisée des chemins telluriques (failles, réseaux d’eau souterraine et cryptes), solaires (decumanus,  processus du cardo et l’ombre portée[36], avec l’aspect solsticial)  et célestes (processus du Templum), etc. Ici se rencontre la synthèse d’une totalité symbolique[37] . Le Tableau de loge nous donne le mode d’emploi, les moyens et le plan sur lequel nous devons bâtir progressivement une reliance au Tout : c’est ainsi que le Tableau de loge incite à la métamorphose du regard et donne accès aux états supérieurs de l’Être[38] ! 

Nous retiendrons que la pierre taillée de l’apprenti annonce l’image archétypale de l’Imago Templi qui porte la construction physique mentale et spirituelle des francs-maçons, authentiques pierres vivantes de cet édifice sacré. Cette image dépasse l’apparence et s’inscrit dans une dimension polaire donnant au « perspecteur » une « transfiguration » de la forme.

 

Par le Tableau de loge, et par la taille de sa pierre, le franc-maçon affirme son intention de s’unir à la totalité en reproduisant pour lui-même (dimension éthique) et pour le monde visible et invisible (dimension métaphysique) une analogie symbolique.

Ce Tableau architecturé, centré, « éclairé » et ordonné est un réceptacle qui permet d’appréhender une méthodologie, un paradigme et les fameuses lois de correspondances si chères aux maçons-symbolistes, aux hermétistes et aux métaphysiciens. Il suggère une « spiritualité construite[39] »agissante, car la fonction de la loge est d’éveiller sur les trois plans, physique mental et spirituel, des maçons qui tailleront leur pierre et bâtiront un Temple pour la Lumière[40] !                                                       

Er.°. Rom.°. 01/07/6018

[1] Pierre Mollier avant propos de l’ouvrage de Dominique Jardin « Voyage dans les Tableaux de Loge ed Jean Cyrille Godefroy 2011 P11/12

[2] Le Tableau de Loge n’est pas la seule table de correspondance, dans la loge il en existe trois autres : la majeure est celle de l’autel du Vénérable qui reçoit en direct la lumière venue de l’orient alors que dans le Hékal elle n’est qu’indirecte (hypostase). Les deux autres sont les abaques situés au sommet des colonnes J et B et qui supportent les grenades résumant les phases des générations successives des Maçons, et enfin au plan individuel nous notons que chaque tablier est une table de correspondance avec ses éléments de langages à un grade donné.

[3] Voir dans ce sens Frances Yates : L'Art de la mémoire (1966), Paris, Gallimard, 1987, L’auteure démontre qu’à partir de Giordano  Bruno l’image mémorielle pouvait porter une valeur mystique ou hermétique. Voir aussi les Statuts de Schaw 1599 qui ont conforté le devoir de mémoire dans les loges écossaises. On remarquera que pour les Anciens Devoirs l’art de mémoire, la géométrie et les arts libéraux étaient la base de la transmission.

[4] Nous reprenons les propos d’Alain Touraine sur l’observation participante en anthropologie, il s'agit de « la compréhension de l’autre dans le partage d'une condition commune »,( Street corner society, la structure sociale d’un quartier italo-américain, Paris, La Découverte, coll. « Textes à l’appui », 1995). L’expression nous semble adaptée au contexte initiatique où l’apprenti observe en silence tout en étant présent et acteur influent sur le milieu.

[5] L’épure tracée sur une aire en plâtre de la chambre des traits par pincement de cordeaux tendus, préfigure le soubassement du tableau de loge : le Pavé mosaïque. Le placement d’une échelle est un préalable à l’apparition de l’image.

[6] Le vécu initiatique est une orthopraxie de la reliance de l’individu au groupe, du groupe à l’intemporel, de l’Homme au tout. Sur la reliance appliquée à la franc-maçonnerie voir notre article : http://www.ecossaisdesaintjean.org/2015/02/le-secret-initiatique-de-la-divulgation-a-la-revelation-notion-de-reliance.html

[7] Le contraste est ici un contraste d’état générant une tension. Cela n’a rien d’étonnant dès lors que le Tableau de loge est posé sur un pavé mosaïque ! Cette tension va tendre vers un but qui est dessiné sur le tableau : c’est ici la définition de l’intention commune, au premier degré il s’agit de tailler sa pierre.

[8] Notons que ces 4 bipolarisations se dédoublent en lecture éthique (petits mystères) et métaphysique (grands mystères). http://www.ecossaisdesaintjean.org/2014/10/petits-et-grands-mysteres-apercu.html

[9] La concentration des regards vers le centre de la loge revêt une fonction agrégative que l’on retrouve dans la chaîne d’union qui scelle une proxémie appelée « fraternité ». Le tableau de loge devient le support de « l’être-ensemble ». Sur cette notion : Michel Maffesoli « Le temps des tribus » la table ronde octobre 2000, p 75

[10] Rappelons que la maçonnerie spéculative s’est formée dans un contexte de conflit religieux menant à l’exil des Stuarts en 1688 à Saint-Germain-en-Laye.

[11] Les éléments de langages présents sur le tableau de loge se combinent de multiples façons les uns aux autres. On peut ainsi mémoriser le chemin narratif du grade en lisant dans un certain ordre les images posées sur le plan. Il faut noter que ce vocabulaire symbolique issu des images est le langage commun des maçons de la loge. L’appartenance traditionnelle à un clan, une tribu, une loge d’artisans se détermine par les éléments de langage, leurs prononciations et la manière de les agencer.

[12] L’identité commune s’exprimera par l’âge symbolique, les mots de passe et mots sacrés ou les signes qui tous ensemble contribuent à une hiérarchisation du métier par l’accès progressif à la connaissance (savoir-faire/savoir-être.)

[13] Le paradigme se définirait comme l'ensemble d'expériences, de croyances et de valeurs qui influencent la façon dont un individu perçoit la réalité et réagit à cette perception. Ce système de représentation du bâti sacré lui permet de définir une méthode graduelle avec ses sources, son histoire et son actualité. Ce système part des fondations jusqu'à la clef de voûte et reste doté un langage spécifique et de moyen d’actions universels (outils et instruments).

[14] Le terme « révélation » s’entend : rendre l’invisible visible, faire apparaître l'image, ce qui est le propre du symbole mis en scène. Cette révélation venue de l’Orient n’est rien d’autre qu’une hypostase de la puissance divine « invisible » dont on sait qu’elle passe par la porte orientale. Le Tableau représente alors l’autorité surplombante qui se manifeste à nos yeux. Ici on exprime par le visible l’invisible. L’image du Tableau de loge est donc une dégradation lisible de la puissance manifestée avec l’avantage de ne pas anthropomorphiser l’image du divin. Seule l’intention de tailler sa pierre ou de bâtir le temple dans le monde et en soi transparaît dans Tableau de loge.

[15] Précisément la spiritualité du franc-maçon est construite au sens propre comme au sens figuré. La méthode d’approche du réel est donc influencée par les images mémorielles qui influencent la vision du maçon. En sa qualité d’image mémorielle « commune » ou « tribale » le tableau de loge est identitaire.

[16] Le terme « magie » doit être compris dans son sens initiatique : faire naître et apparaître l’image en soi.

[17] Cette représentation porte bien plus loin que sa fonction profane. En effet, le signifié symbolique de l’objet raisonne avec le sens du récit légendaire « agissant » : sortir de la caverne, se connaître soi-même, tailler sa pierre, bâtir un temple à la vertu...

[18] Voir Leroi-Gourhan, « Les gestes et la parole 2 La mémoire et les rythmes », Albin Michel, février 1965 P 136.

[19] L’image issue de la scolastique, fut privilégiée par les rituels issus des Anciens Devoirs catholiques qui reconnaissant les Saints et leurs attributs et qui donnait à comprendre l’eschatologie par l’image (voir les tympans des cathédrales). Le texte et donc la lecture directe (sola scriptura) furent privilégiés par les rituels calvinistes ou presbytériens du « mot de maçon –Masson Word ».

[20] Autre image narrative bien connue : le blason en chevalerie et les armes parlantes.

[21] Cette pensée collective est plus que l’addition des pensées individuelles… Une grande part de notre cerveau est dédié à une participation collective. Il y aurait un cerveau tribal qui serait la mise en phase des cerveaux individuels.

[22] Cette incorporation au groupe et la troisième phase décrite par Arnold Van Gennep (Les Rites de Passage, 1909). La lecture du tableau de loge par l’apprenti correspond à la phase rituelle « agrégative » au groupe et à sa renaissance symbolique sous couvert d’une langue spécifique et d’une intention commune. Cette phase postliminaire dite de renaissance fait suite à la 1ere dite préliminaire qui a pour objet « la mort symbolique » suivie de la 2ème qui à trait à la « désagrégation ».

 

[23] Le Tableau de loge est un plan qui se superpose à d’autres. Il est le lieu de « la transe » et donc de la concentration des possibles soit une photographie de l’un des états de la manifestation. Les termes trans/formation, trans/position, trans/fert, trans/mutation, trans/figuration, etc. ; naissent en ce point de rencontre entre la forme, le sens et l’essence.

[24] « La croisée » est le terme qui reprend l’image symbolique de la structure universelle de la croix tridimensionnelle, utilisée comme chrisme ou comme structure absolue (voir Abellio Raymond : «La Structure absolue. Essai de phénoménologie génétique. Collection Bibliothèque des idées, Gallimard Parution : 20-10-1965 ) (voir « Le symbolisme de la croix » René Guénon)

[25] Voir Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1972, p. 97 et suivantes

[26] Notons l’ajout d’une dimension supplémentaire sur le tableau de loge c’est la dimension temporelle qui donne le carré long.

[27] Sur l’homologie « structurale » dite de la construction on retiendra la tripartion du temple Ouham, Hékal, Debhir et la tripartition de l’homme corps, âme, esprit. Sur l’analogie « fonctionnelle » dite de l’incarnation on retiendra l’interdépendance vitale du ternaire avec la descente de l’esprit en soi que l’on retrouve dans l’intention de bâtir le temple avec la descente du divin sur terre et au milieu des hommes.

[28] Le testament philosophique, l’abandon des métaux et l’entrée ni nu ni vêtu, illustrent la maîtrise des  apparences trompeuses.

[29] La franc-maçonnerie organise une triangulation mettant en scène deux fractions opposées devenues complémentaires en présence de l’observateur participant. La substitution de l’observateur participant par l’objet se fait à l’aide de la lumière, du soleil,  de l’étoile ou de la conscience « éclairée ». Notons qu’au plan géométrique « l’observateur » génère « le point de vue » et donc la perspective et la stéréométrie (voir dans ce sens Jean Michel Mathonière, sur la notion d’ombre « observée/projetée » P52, et sur la notion de « perspecteur » p 55 « Les interférences entre spéculatifs et opératifs Français aux XVIIIème et XIXème Siècles » ed SFERE n° XIV 26 nov 2016.

[30] Les systèmes polythéistes personnifient le dieu lumière : «  (ou ) est un dieu solaire dans la mythologie égyptienne, créateur de l'univers. Il peut apparaître sous plusieurs autres formes (3 comme les trois fenêtres de la loge !), celle de Khépri, le scarabée : symbolisant la naissance ou la renaissance ou encore Atoum, l'être achevé (le clergé égyptien expliquait que l'astre solaire pouvait revêtir des formes différentes lors de sa course dans le ciel : Khépri était le soleil levant tandis que Rê était le soleil à son zénith et Atoum, le soleil couchant) »(wp ). Les Grecs vont aussi tenter de personnifier le soleil avec Hélios conducteur du Soleil, etc.

La renaissance journalière du soleil est un miracle de recomposition des cycles de vie mettant l’angoisse de la mort et l’angoisse de la disparition du monde au centre des préoccupations psychiques de nos grands ancêtres.

Les systèmes monothéistes tentent d’échapper à la personnification en rendant la puissance divine innommable, et ceci jusqu’au christianisme qui « incarne » le divin en l’homme.

[31] L’intention des bâtisseurs est résumée dans le feuilleton schizomorphe (séparatiste) suivant :

1/ l’épisode de Bethel la pierre relevée par Jacob suite au « songe » et l’ascension et la descente des anges sur l’échelle, suivi de son combat avec l’ange du ciel et de son boitillement,

2/l’épisode de la tour de Babel et de la volonté transgressive de la flèche du Roi Nemrod en regard de la puissance du ciel,

3/par le livre des Rois qui narre l’histoire de la construction du Temple de Salomon mettant en œuvre les trois puissances initiatiques d’origine terrestre, et l’incapacité des hommes à suivre la Loi descendue du ciel. Etc.  Nous empruntons le terme schizomorphe à Gilbert Durand « Les structures anthropologiques de l’imaginaire »12ème édition 2016  Dunod , p185.

 

[32] Nous définissons le plan solaro-terrestre dans la lignée de Gilbert Durand Les Structures anthropologiques de l'imaginaire, Paris, Dunod 12em ed 2016. Pour nous il s’agit du plan ou table ou plateau d’exercice du grade considéré. A chaque grade supérieur un plan d’exercice plus élevé ce qui suggère une anabase (souvent précédée d’une catabase).

[33] La quête de la Connaissance dépasse la connaissance de soi qui est le premier stade puis l’approche de la mort avec la conscience de sa propre fin (fin des petits mystères) et pour finir l’idée d’atteindre une totalité principielle (grands mystères), avec pour toile de fond l’amour du prochain et de la vie.

[34] Sur la notion d’archétype et de schème, C. G. Jung, L'Homme et ses symboles,  Robert Laffont, 1964, p. 67 : « on croit souvent que le terme « archétype » désigne des images ou des motifs mythologiques définis ; mais ceux-ci ne sont rien autre que des représentations conscientes : il serait absurde de supposer que des représentations aussi variables puissent être transmises en héritage. L'archétype réside dans la tendance à nous représenter de tels motifs, représentation qui peut varier considérablement dans les détails, sans perdre son schème fondamental ».

[35] C. G. Jung, L'Énergétique psychique, Genève, Georg, 1973, p. 99 :  « les instincts et les archétypes constituent l'ensemble de l’inconscient collectif. Je l’appelle "collectif" parce que, au contraire de l’inconscient personnel, il n’est pas fait de contenus individuels plus ou moins uniques ne se reproduisant pas, mais de contenus qui sont universels et qui apparaissent régulièrement »

[36] Cette ombre « portée » sur le plan terrestre était l’expression de la volonté du ciel, en d’autres termes le bâtisseur du sacré tenait compte de la lumière du ciel pour tracer le plan du temple sur la base de la transformation du carré du ciel en carré terrestre ou carré long qui associe le temps (étirement de l’ombre portée) aux trois dimensions de l’univers. Voir rituel de la Saint Jean d’Hiver REP.

[37] L’homme a toujours cherché à s’unir à la terre en se l’appropriant (Remus et Romulus, Urbi et orbi, le Mundus), au ciel en escaladant l’Olympe pour s’emparer du « feu-lumière »(Prométhée) du mont Sinaï pour y chercher les Tables de la Loi (Moïse)  et aux entrailles de la Terre y puisant ses richesses régénérantes ou réinitiantes… (Déméter, Héphaïstos).

[38] Sur les états supérieurs de l’Être voir René Guenon Les États multiples de l'être, Paris, Édition Guy Tredaniel, édition Véga, coll. « L'anneau d'or »,

[39] …Et donc fondée sur un PLAN !. Cette « conception du Plan par la lumière de l’esprit» devient « chef d’œuvre » et se concrétise par un Temple pour le divin. Ceci corresponds à une nécessité pour l’homme de matérialiser, toucher voir et concevoir la dimension lumineuse ou divine « in concreto »dans un lieu « séparé ». L’image visible devint nécessaire à la croyance, car l’homme ne peut se contenter d’abstraction. Le temple est donc un biais « architecturé » qui, associé à une Verticalisation du langage, permet l’accueil de l’Invisible se substituant au culte des idoles (veau d’or). L’image du GADLU est un biais « architecturé » compensant par l’Ars de bâtir l’abstraction d’une pensée créatrice pure (fiat lux). Ce biais « formel » abouti à la devise « ordo ab chaos ».

[40] Nous conseillons vivement la relecture d’Henri Corbin « Temple et contemplation » ed Médicis- Entrelacs 2006 , où l’auteur fait le rapprochement entre la tradition chevaleresque occidentale et orientale du Temple « . On comprendra mieux pourquoi la Lumière vient de l’Orient et pourquoi la contemplation de l’image iconique du tableau de Loge est toujours éclairée par Sagesse Force et Beauté, donc une hypostase du fiat lux ! « C’est le pouvoir contemplatif qui construit le Temple en soi. Il s’agit donc d’une vision intégrative du sacré propre au chevalier comme au maçon. Elle peut être mystique et ésotérique. Alors le Temple dressé dans l’Imaginaire par la représentation mentale devient ainsi Porte du Ciel. C’est ainsi que la transcendance se manifeste en nous. C’est notre temple intérieur qui « prends corps » » E.°.R.°. http://www.ecossaisdesaintjean.org/article-loge-maconnique-ou-temple-maconique-3em-partie-121712268.html

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2 avril 2017 7 02 /04 /avril /2017 16:14

Nous abordons la deuxième partie de l'étude "Dévoilement, hypostase et Principe".

Le voile est un symbole qui opère une rupture, une séparation du monde des apparences permettant une projection imaginaire et un franchissement.

Il n’y a pas de voile qui ne couvre l’image d’une réalité augmentée assortie d’un plan ou d’une dimension supplémentaire. Définitivement la loge et le Temple maçonniques établissent par le dévoilement, le concept de la surplombance et de la reliance !

1/ Aspect Kabbalistique, la remontée de l’Arbre-Axe.

L’autre aspect du dévoilement c’est qu’il attire notre attention sur le caractère trompeur du monde des apparences (monde d’Assiah), non pas que le réel n’est pas, mais que notre vision profane n’englobe pas toute la profondeur du réel. L’initiation maçonnique, c’est l’apprentissage de la profondeur et de la verticalité du réel en-soi, permettant le dévoilement des autres niveaux de perception. En 1638, le poète George Anderson dans son poème The muses threnodie fait référence explicite au Mot de Maçon (Mason Word -le secret du métier) et au don de double vue (second sight) qui sera qualifié de rabbinique aux aspects kabbalistiques.

Ainsi dans la Kabbale, le monde de l’Action, ( Assiah ), est le monde physique et concret de l’agir matériel. C’est le monde de la matière constituée des éléments les plus grossiers qui voit devant lui 3 voiles successifs se dresser pour trois autres mondes plus élaborés et plus éclairés.

Ces 4 Mondes au total (d’Assiah,d’ Yetzirah, de Bria puis d’Atziluth), sont dans la géométrie sacrée de la loge, les plans superposés d’une remontée vers la Lumière. Les plans sont ici les dimensions subtiles de la Réalité née de la lumière ineffable, des étapes dans le processus selon lequel l’Esprit se libère petit à petit de sa Matière puis de sa Forme dans sa remontée ou dans sa réintégration vers Aïn Soph. Ainsi à partir du réel apparent du monde des actions, nous pouvons appréhender ou imaginer l’essence divine par le Triple lever de voile jusqu’a l’Ineffable complet. L’Inconnaissable dans la Kabbale (appelés Aïn, Aïn Soph, Aïn Soph Aur) se manifeste, d’un point de vue humain, par le trajet de la de la Sephirah Malkouth, jusqu’à la Sephirah Kether, du plan le plus inférieur et humain au plan le plus supérieur et divin. Nous avons 10 Sephirah conçues comme des vases receptacles, qui sont les dix manifestations de la Volonté de l’ineffable Lumière.

De ce point de vue le lever de voile en loge est une étape de la remontée vers la Lumière.

2/ le Verbe est la Volonté « lumineuse » dans le Monde matériel et humain de la Loge

Le schéma de la kabbale nous aide à percevoir la notion d’hypostase dans une loge, chacun restant libre d’interpréter ce qu’est la lumière chez l’homme et dans l’image archétypale du Temple.

Pour comprendre ce que signifie le voile qui recouvre les éléments de langage du tableau de loge, il faut commencer par définir les lumières d’ordre comme des hypostases du Verbe divin. Ainsi, le voile, la vison, l’image, la lumière et le verbe sont liés dans une même relation élévatrice.

En effet, le Lumière et le Verbe divin étant inatteignables, l’homme n’en perçoit que la fraction rendue intelligible. Nous considérons que le dévoilement est par sa nature propre, synonyme de découverte du lien entre le visible et l’invisible, mais aussi entre l’apparent et non-apparent. Ce que cache le voile, c’est ce lien.

Nous avons vu en première partie que le stimulus sensoriel, la perception centrée, formée et figurée, la cognition suivant les différents modes, adaptent la lumière Principe aux termes d’un réel perceptible : ici Sagesse, Beauté, Force et tableau de loge sont des dérivées qualitatives et quantitatives de la lumière principielle. Les 3 lumières d’ordre, le voile et le tableau s’assimilent à des hypostases qui matérialisent l’invisible ou l’inaccessible. L’ensemble constitue la mise en image d’un dérivé principiel dans la matérialité.

La Lumière divine deviendrait indirectement « visible » pour certains, suggérée pour d’autres. C’est une volonté qui s’affiche dans le monde du symbole et du sacré qu’est le Loge. L’image dérivée appelée hypostase devient alors « vision », une réalité reliée à un plus haut

Nous savons que Sagesse Force et Beauté est un ternaire qualitatif accessible à la compréhension humaine. Il permet au binaire quantitatif et qualitatif typiquement matériel de remonter vers l’unité primordiale. Les trois qualités de la Lumière (SBF) sont projetées sur le plan de la loge, composé d’un pavé mosaïque d’apparence binaire. À ces fractions lumineuses correspond le trois issu de l’unité. Grâce au modèle du « Temple de la Lumière » auquel se réfère notre représentation mentale, le réel perceptible, peut être reliée au Principe lumineux unitaire.

À l’hypostase objective, avec mise en scène « in situe » correspond une hypostase mentale « in abstracto » (représentation en soi du motif), grâce au contexte du dévoilement notamment. Ainsi le dévoilement est double comme la Lumière : extérieur à soi et en-soi ! C’est un mécanisme fondamental qui permet de mieux comprendre que la vision de l’unité passe par un alignement harmonieux de plans intérieurs et extérieurs.

À partir de ce constat à la fois symbolique, psychique et cognitif, nous devons toujours tenir compte de l’objet observé et de la représentation mentale de l’observateur : les deux images produites, in situe et à l’intérieur de soi, sont hypostatiques d’une image « originelle », « principielle », « unitaire » ou « divine » et dans tous les cas analogique, car « symbolique ». Ainsi, si l’hypostase à lieu dans notre réel visible, elle rejoint le grand schéma de la correspondance hermétique entre le haut inatteignable et le bas visible, le troisième terme « oublié » étant l’homme qui observe et ressent le réel visible et invisible à sa propre mesure.

L’initié doit reconnaître les clefs qui permettent le passage du Principe au Réel dans le sens descendant, et du Réel à l’Essence dans le sens montant. Les clefs adaptatives d’un plan à l’autre sont aussi des clefs de lectures universelles. Ce sont aux modèles schématiques fondamentaux auxquels que se réfère la représentation mentale analogique : si le tableau de loge triplement éclairé est une clef de lecture de la relation Terre-Ciel, alors l’allumage de Sagesse, Force et Beauté sera sous-jacent de la lumière principielle. Ainsi, ce qui sera dévoilé et illuminé par les lumières d’ordre sera d’un ordre inférieur tout comme la Shekinah, la présence au cœur du tabernacle est une sous-production d’un Divin inatteignable.

Il reste toujours une trace de la « présence initiale » dans une production hypostatique.

Le dévoilement fait donc apparaître une reliance entre les différents niveaux (au moins 3 plus l’observateur dans son état). Le niveau dans lequel nous sommes agissants, appelé niveau « réel », serait le reflet d’un niveau supérieur ontologique conforme à la tradition. Ce « réel » fait apparaître au surplus ce fameux niveau intérieur à l’homme, où se déroule la représentation mentale du modèle suggéré. Le Réel serait le produit d’une relation triangulaire hypostatique entre le haut et le bas d’une part, entre le réel visible et la représentation mentale élargie d’autre part et enfin entre la représentation mentale et la source de lumière surplombante et inatteignable. Au centre de cette triangulation « haut et bas - représentation mentale d’un visible élargi - source inatteignable » est la « vision ».

Le privilège de l’initié est d’être par son apprentissage des signes et par son intuition (langage du cœur), capable de reconnaître schéma directeur suggéré par l’hypostase. C’est l’image suggérée qui inspire et nourrit notre système cognitif et notre « êtreté ». Le dévoilement de l’image schématique qui relie à plus haut, n’aurait pas de sens ni d’essence sans acteurs ni observateurs désirant la reliance. L’observateur qui désire une transcendance n’a d’autre choix que d’être acteur d’un rite qui permet l’intériorisation. C’est la voie cardiaque.

Ce désir de reliance marqué par la lumière, fera des FF et SS, les acteurs et les lecteurs de l’invisible, ou plus simplement des médiateurs entre la terre et le ciel. C’est ainsi que s’établit une relation triangulaire entre le motif central réel (tableau de loge et Loge), le motif représenté au centre de soi (temple intérieur) et l’origine axiale céleste et sa finalité symbolique (temple céleste). Ramenée a d’une dimension psychique la loge permet de mettre en évidence par le symbolisme constructif, la conscience humaine relative à soi et aux autres et son étendue totalisante. Cette relation triangulaire nous la retrouverons dans les différents sens attribués aux signes tels que et lettres d’un alphabet sacré. L’interprétation à plusieurs niveaux correspond à notre désir d’ascension ou de remontée vers un paradis perdu, propension naturelle chez l’homo erectus puis de l’homo sapiens d’imaginer une transmission originelle, une voie élévatrice, une connaissance donnant accès à la clef de tous les mystères.

 

3/ Mise en place et mise en forme de la source lumineuse dans le réel, dans la loge et en-soi.

Le Soleil pas plus que l’Étoile ne sont atteignables. Nous n’en recevons que les rayons qui éclairent notre pensée. Point d’hypostase sans source lumineuse.

L’hypostase est une représentation phénoménale rayonnante du divin surplombant ou du Principe non directement accessible. L’hypostase est une image ou un objet dans un niveau inférieur à celui d’où elle est censée provenir. C’est la notion de sous-jacence liée à la Verticalisation symbolique chez l’homme que nous décrirons. Sachant que la Verticalisation symbolique reste associée au désir de reliance. (Voir le redressement de la pierre « Bethel » par Jacob à l’issue d’un songe exprimant ce désir de reliance)

Symboliquement, le verbe créateur et animateur arrive au sein de l’enceinte consacrée de la loge pour illuminer notre conscience et notre relation à nous-mêmes, à l’autre et au monde, mais aussi à l’origine commune des ces trois cercles. La lumière enfin installée au centre de la loge, chacun peut s’y abreuver, en percevant le sens, et surtout l’essence de la Sagesse, de l’Harmonie et de la Force. C’est donc ces trois hypostases de la lumière divine qui vont éclairer et donner un sens corrélé au symbolisme des bâtisseurs. Leurs outils et instruments présents sur le tableau de loge seront agissants dans la lumière. Retenons que les outils et instruments du tableau de loge sont plus qu’opératifs, ils sont opérants. Ils opèrent en nous dès lors que les lisons en regard du modèle de temple à bâtir qui sera le « temple de la lumière ».(voir supra).

L’opération serait la construction en soi du temple « réceptacle » de la lumière.

Au plan humain « l’effet lumière » se traduit par la réalisation de soi en sagesse, harmonie et force ; sur un plan divin l’effet produit sur le plan humain devient cause : la lumière serait d’un point de vue humain, une pensée divine (sagesse), volonté divine (harmonie) et action divine (force) qui « opère » (effet) la construction d’un temple ici bas (le réel) afin de refléter la lumière d’en haut et en soi (double reflet).

Ainsi la cause, l’effet dans un plus bas et le reflet sont liés par l’homme et en lui. Donc le point de vue humain reste une association entre ce qui est réellement vu et la sous-jascence d’un modèle archétypal porté par le désir.

Toute « opération » hypostatique aboutirait chez l’homme à une double réalisation extérieure et intérieure : ici la construction d’un temple dédié à la lumière serait l’effet « monumental » sur terre et en chacun des bâtisseurs cela se traduirait par la construction d’un temple intérieur, authentique réalisation de soi. Bien entendu les principes de construction et les proportions restent les mêmes en soi, sur terre et dans le modèle originel, car l’homme serait à l’image de Dieu…

Les trois lumières d’ordre verticalisent le tableau de loge. Le phénomène perçu dans l’ordre humain (l’objet tableau éclairé en soi) peut être relié à son essence invisible, à savoir l’origine ontologique de la lumière. Sagesse Force et Beauté ordonneraient le niveau cognitif humain en fonction d’un modèle relevant d’un état supérieur que nous imaginons sans le voir vraiment. Ce passage du phénomène constaté sur un plan horizontal, à l’intelligible d’un modèle vertical, est de même nature en matière éthique que le passage du savoir-faire de l’artisan au savoir-être du franc-maçon. C’est par exemple le passage de la taille de la pierre brute à la pierre taillée et placée dans une œuvre de lumière. Grâce au dévoilement hypostatique, le savoir devient connaissance par Verticalisation de l’intellect. La Verticalisation de l’intellect implique l’abandon du registre logique pour déboucher dans le registre analogique, l’abandon du sens pour atteindre l’essence.

Notons enfin, pour clarifier l’intérêt du voile, que le tableau de loge est une table de projection, table à tracer, table d’élévation du plan qui par dévoilement reçoit un reflet lumineux issu d'un circuit triangulaire descendant et pénétrant. Nous retrouvons notre schéma triangulaire, mais cette fois en terme de réceptacle-dépôt :

a/ du ciel vers la loge-réceptacle centrée sur son tableau de loge,

b/ de la loge vers l’homme-réceptacle,

c/ de l’homme vers le franc-maçon « connaissant » (l’initié) qui à reçu la transmission (le dépôt traditionnel) des éléments de langage, les clefs pour lire le tableau et connaît l’importance de la lumière céleste.

Inutile de préciser que le fameux réceptacle n’est autre que la coupe ou le Graal figuré sur la table à trois pieds du Bateleur…Premier arcane du Tarot.

Le jeu de la sous-jacence hypostatique met en évidence la superposition des images et des temples Ceci n’est rien d’autre qu’un emboîtement des images ou schèmes selon un isomorphisme axial dont l’illustration la plus pertinente figure dans la représentation que l’on fait en soi de la Jérusalem terrestre et de la Jérusalem céleste. L’image du temple dans ses trois états (céleste, terrestre, et intérieur) illustre cet emboîtement. Ainsi par cet emboîtement structurant, à une imagination métaphysique de la lumière réponds une imagination microcosmique de la conscience. Le temple céleste de l’infini diurne et le cabinet de réflexion de l’enfermement nocturne se répondent et bornent la réalité profonde de l’initié comme du mystique.

Nous pouvons conclure que le procédé de l’hypostase en loge est un médium lumineux associé à la vision et à la connaissance.

En compléments du réceptacle médiumnique représenté par le tableau de loge et les 3 temples recevant la lumière-conscience, nous devons étudier ce qui s’apparente au denier cyclique et au bâton axial du Bateleur.

4/ le cortège lumineux de la Tradition et dimension polysémique.

L’hypostase naît d’une mise en œuvre ternaire, sur trois plans plus celui de l’observateur. L’observateur par sa présence influence le réel. C’est un phénomène à prendre en compte lorsque l’on parle de l’effet relatif de la perception ou de réalité perçue. Pour l’homme il n’y a pas d’autre réalité que la réalité perçue. L’initiation consiste en l’apprentissage des différents niveaux de perception. Dans l’ordre traditionnel, il faut trois officiants pour dessiner la perception totale. Dans les tarots on utilise divers symboles pour les caractériser : outre la coupe réceptacle de la représentation mentale, nous avons le denier cyclique de la lumière dans la matière et le bâton axial de la reliance au ciel et enfin l’épée représentant le verbe

L’hypostase liée au dévoilement serait donc l’aboutissement d’une mise en scène de l’entrée de la lumière en loge. Celle-ci entre en cortège par la porte d’Occident pour prendre siège à l’Orient, puis de l’Orient elle redescendra au centre du plan dans le Hékal sur un lieu de projection appelé tableau de loge et carré long. Venue des parvis, la lumière est portée par le frère terrible, suivi du Vénérable Maître et du Maître des Cérémonies.

Ce cortège à 3 nous rappelle les Rois Mages de la tradition chrétienne, où chaque couronné est porteur d’une offrande hypostatique de la lumière incarnée (l’or du roi est celui de l’étoile, l’encens du prêtre est le symbole de l’invocation divine, le parfum de la myrrhe celui de l’embaumement et de la vie après la mort, il est aussi le parfum de la prophétie et de la renaissance) et chacune des offrandes va rectifier la matière du nouveau-né et confirme l’état cristallin de Jésus (la pierre philosophale alchimiquement pure) et donc la reliance du nouveau-né à l’étoile « très lumineuse » (quintessence) qui leur servi de guide. Ainsi les trois mages honorent par des offrandes le réceptacle humain de la lumière d’une l’étoile lumineuse. Le but du Grand Œuvre est le mariage du soufre (pôle masculin) et du mercure (pôle féminin) par l'action du sel ; principe neutre, le troisième qui scelle les deux autres. Nous y reviendrons plus loin. Notons toutefois que ces trois offrandes qui célèbrent et triangulent l’incarnation du principe en l’homme, sont synthétisées en loge par trois lumières d’ordre qui triangulent à leur tour le principe qui descend au milieu du Plan humain, au milieu du tableau de loge, au milieu du temple à bâtir.

Au plan psychique ce schéma nous donne une source lumineuse qui est l’étoile-principe, ou l’exemplarité ou la Bonne Étoile, en relation avec un réceptacle ou table de projection pour la lumière que serait la crèche, écrin du nouveau-né. La figuration de l’illumination de la crèche par les offrandes est à nouveau une triangulation dédoublée : les rois mages sont en triangle autour du nouveau-né, incarnation de la lumière dans un triangle montant, Ce triangle qui encense la relation terre ciel dans ce nouveau-né, est inscrit dans un carré typiquement terrestre composé de la Vierge assimilée à la crèche et Joseph assimilé à l’archétype de l’homme, l’âne porteur de reliques sur terre reconnaît son Maître alors que le bœuf cornu par la reliance au ciel reconnaît son étable. Les deux souffles vitaux de l’âne et du bœuf sont chargés de réchauffer le nouveau-né dans ce monde, pendant que le charpentier couvreur et la vierge réceptacle protègent et font un écrin, une loge à la lumière incarnée.

Cette crèche « loggia » serait le lieu de naissance de la nouvelle conscience de l’Homme « éclairé » (conscience de soi des autres et du monde), ou le Grall-chaudron du chevalier, ou l’athanor des alchimistes ou la table du bateleur, ou encore le tableau de loge triplement éclairé. Les trois officiants sont porteurs des insignes structurants de la conscience éclairée : « état corporel » sous la lumière, « état d’âme » en relation à plus haut c’est-à-dire en « élévation » vers la nature divine de l’homme et enfin « état d’esprit » donnant une vision « inspirée »par la relation axiale. Cette conscience éclairée semble une fois de plus marquée par le désir d’alignement des trois états constitutifs de l’être.

Les trois Rois, porteurs d’une couronne symbolisant le céleste, sont une triangulation. Ils se déplacent sur le plan terrestre et viennent se mettre à l’aplomb de l’alignement axial qui part de l’étoile-lumière et descend dans le réceptacle-crèche. La crèche est le plan de projection de l’étoile.

En conclusion nous retrouvons le plan de projection avec ses quatre angles (la vierge, le charpentier couvreur, le bœuf et l’âne), une triangulation hypostatique « royale » et un chemin axial d’élévation vers la source marquant la reliance à l’étoile fixe et immuable. On retiendra que les trois couronnes et leurs attribus réunies en un point réceptacle situé sous l'étoile sont hypostatiques, elles révèlent ce qui sera considéré comme une "épiphanie".

Le franc-maçon est loin de l'épiphanie, mais il conserve la pratique hypostatique traditionnelle de la célébration de la lumière quelque soit le rite.

5/ Le cortège lumineux en loge

En loge l’illumination est aussi un cheminement intérieur, un sentier lumineux.

Reprenons le cheminement en loge : la lumière entre en loge et suit le chemin héliaque et dextrorsum du lever au coucher du soleil. Il s’agit d’aller à la rencontre de la lumière naissante de l’Orient, puis de répandre celle-ci sur le plan de la loge en trois fractions qui établissent par ses effets perceptibles à l’homme, une Verticalisation.

Nous retrouvons ce cortège lumineux dans la loge, chacun à un rôle bien défini dans le plan : au REP, le Maître de Cérémonie veille à ce qu’il n’y ait aucun obstacle devant le porteur de la lumière : le porteur ne doit pas chuter dans son parcours vers l’Orient[1]. Le processus d’illumination de la loge est le suivant : 1/ Le porteur de lumière qui est le Frère Terrible porte aussi une épée synonyme de verbe humain, à main droite, et le chandelier à trois branches à main gauche, 2/ le Vénérable Maître entre au signe de fidélité la main droite posée en creux sur le cœur réceptacle, une fois à l’Orient il sera porteur du maillet sur le cœur signe du pouvoir temporel et de l’épée flamboyante symbole de l’autorité spirituelle déléguée, soit le verbe divin ou sel alchimique, 3/ et enfin le Maître des Cérémonies porteur de la canne qui est un axe de jonction entre la terre et le ciel, sera chargé d’animer le monde manifesté (carré long-pavé mosaïque) par les trois lumières d’ordre. Ces trois lumières d’ordres sont réputées purifiées, car venues de l’Orient et donc dégagées de leurs « terrestreités ». Le Maître des Cérémonies va mettre dans l’athanor central les trois principes : sel, soufre mercure et de « luter » le tout puis de dévoiler le premier résultat qui est ce fameux tableau de loge. Ce tableau n’est qu’un stade intermédiaire du Grand Œuvre qui consiste à conjoindre l’esprit et la matière dans ses proportions originelles. Il y aura trois tableaux de loge correspondant aux trois œuvres et aux trois grades.

La loge-athanor répond à l’injonction Paracelsienne : « De l'unité, tirez le nombre ternaire et ramenez le ternaire à l'unité ». (Nous reviendrons sur l’aspect alchimique en partie III)

Nous pouvons conclure que le cortège lumineux est un voyage cycliquement renouvelé et célébré dans les sociétés traditionnelles (fêtes des deux Saint-Jeans). Dans l’arcane du Bateleur, la loi du cycle perçue sur terre est représentée par le denier-sicle. Face au réceptacle et au cycle est présent l’axe. L’axe permet de faire descendre la lumière parmi les tribus et au centre dans le foyer. L’axe comme l’échelle autorisent une reliance et un voyage mental de réintégration dans la lumière des origines.

6/ L’animation ternaire du centre tribal pourquoi faire ?

La lumière fait naître le monde des formes et la pensée. D’un point de vue anthropologique ce sont trois acteurs qui interviennent pour célébrer une ontogenèse.

Le rituel d’animation ternaire est conforme à la tradition qui veut que depuis la nuit des temps le feu-lumière source de vie et de reliance à plus haut soit protégée et rituellement installé au centre de l’enceinte tribale ou du lieu d’invocation. C’est le feu central qui réunit l’assemblée. Les rituels de consécration les temples et des loges suivent ce schéma général d’animation du centre relié à plus haut. Trois personnages interviennent : le vieux sage qui invoque le Très-Haut, le mage celui qui fait apparaître les images ici-bas, le gardien qui veille sur la flamme et vérifie le rang et la place de chacun dans les cercles concentriques.

Nous retrouverons ces trois personnages qui vont présider à l’allumage des lumières d’ordre qui sont synonymes des lumières d’ordonnancement du chaos dans le Hékal ; ce qui est mimé en loge, c’est tout le processus de création et de manifestation de l’univers, mais aussi, et surtout, le processus éclairement de la conscience qui fait du Temple à la fois une image de l’homme et du divin.

Le niveau de conscience n’est pas uniquement individuel il répond à des représentations ancestrales liées à l’évolution humaine. Cette organisation lumineuse porte l’organisation collective du divin au centre de la tribu par trois officiants. Par mimétisme ces trois officiants incarneront au niveau sociétal les trois voies initiatiques traditionnelles (sacerdotale, chevaleresque et artisanale) qui co-participent au dévoilement hypostatique d’un même sommet.

 

7/ Instrumentalisation de la lumière en loge : de la lumière élémentaire à la lumière principe.

La concentration des actes et des pensées est nécessaire pour mettre en œuvre la lumière dans un espace clôt en un point donné. Des quatre éléments nous allons passer aux trois principes incarnés par trois lumières d’ordre et trois officiants (au REP). Les trois officiants ont déjà subi avec succès les épreuves élémentaires il ne leur reste plus qu’a introduire les trois lumières principes au milieu des éléments. Le but est donc de passer d’un stade de recomposition élémentaire (initiation) au stade principiel représenté ici bas par triple hypostase.

Du système tribal nous avons hérité d’une instrumentation symbolique de l’acte lumineux.

On retrouve la classification instrumentale de la lumière dans les tarots et dans la lame du Bateleur qui correspond symbole pour symbole a l’entrée du cortège lumineux en loge. Au risque de nous répéter (voir paragraphe 5), nous avons la lame du Bateleur qui synthétise l’ensemble du mécanisme hypostatique sur une table de projection.

Le Bateleur représente la cause première, la présence d’esprit, la source et sa manifestation « imagée » par un véritable mage :

1/ dans le réceptacle de la loge représentée par le vase-coupe (élément eau),

2/ nous avons le denier-sicle , expression terrestre (élément terre), représenté par le pavé mosaïque qui supporte le tableau de loge permettant la construction du temple,

3/ le bâton (élément feu) symbolise la relation terre-ciel et l’ordonnancement de la lumière,

4/ l’épée (élément air) remise au Fère Terrible symbolise le verbe dans le bas alors que l’épée flamboyante exprime le Verbe dans le haut, la lumière installée au Debhir.

L’épée droite (verbe d’en bas) entre les mains du gardien du seuil va refermer la porte du temple afin que l’espace devienne « hermétiquement » clôt aux influences profanes. La canne du MDC va assurer la liaison entre la terre et le ciel, et enfin le maillet exprimera la force la volonté agissante nécessaire pour répandre la lumière dans l’espace réceptacle de la loge. Mais la véritable source de cet ordonnancement éclairé du monde et de la conscience humaine vient du ciel : l’épée flamboyante (l’autorité spirituelle) se relie à la lumière principielle et diffuse l’influx spirituel venu de l’Orient. Elle transmet par le Vénérable la pensée originelle, celle de la création du monde, la lumière incréée et la puissance infinie qui préside au « fiat lux ». Cette mécanique de diffusion de la lumière descend de l’Orient vers le centre du carré long. Le carré long, véritable « table de projection », « fond du ballon » de l’athanor, symbolise le cœur de manifestation du monde et l’émergence de la conscience, du langage et de la représentation mentale chez l’homme.

On voit le schéma suivant se dessiner : l’unité d’origine devient le Un du VM qui donne instruction au Maître Des Cérémonies qui tient le bâton lumineux et au Frère Terrible qui tient l’épée verbe (le deux) l’ordre d’ordonner en ternaire hypostatique (le 3 et les trois principes alchimiques) l’illumination du tableau de loge (le 4 des quatre angles et quatre éléments). Le Tableau de loge est un quaternaire matériel ou élémentaire, illuminé par un ternaire principiel, lui-même hypostase de l’Unité. Ici se situe le schéma bien connu de la Tétraktys pythagoricienne 1+2+3+4=10.

Mais ce n’est pas tout, nous conclurons que ce qui est un modèle, une image et une hypostase doit rayonner à son tour.

8/le dédoublement dans l’état inférieur, passage du Temple de lumière au Temple de l’homme

Le Hekal est dans un plan inférieur à celui du Debhir, donc le Vénérable fait diffuser la lumière dans un plan inférieur par les lumières d’ordonnancement.

C’est à cette source ordonnatrice secondaire que le 1er et 2nd Surveillant vont à leur tour prendre la lumière nécessaire à l’éclairement de leurs colonnes. Le foyer central va se rependre en chacun de nous. En effet chaque franc-maçon participe « activement » à l’illumination et à la « formation » de la loge. Il est évident que l’éclairement des colonnes relie chaque maçon présent au Vénérable via son Surveillant et au carré long et à l’image éclairée qui s’y trouve. À ce stade les deux surveillants sont les représentants, des médiateurs de l’ordonnancement lumineux à l’échelle humaine. Ils se servent de l’image éclairée du tableau de loge pour la démultiplier et la répandre. Ils sont chargés par leur transmission d’établir le langage symbolique et constructif de l’humanité. Ce langage sera celui des bâtisseurs de lumière. Donc nous pouvons dire que l’ensemble du Hékal doit son organisation et son ordonnancement à l’allumage des lumières d’ordre qui illuminent son centre « dévoilé ». On notera que cet ordonnancement n’est descriptible que par la lecture du tableau. Le tableau donne un sens à la lumière en fonction d’un modèle et d’un plan dévoilé. Ce sera celui du Temple-lumière. (voir supra)

Il y a bien ici une relation entre ce qui est en haut et ce qui est en bas, entre un niveau supérieur inintelligible à l’homme avec un dieu invisible, innommable et non situé, et un niveau inférieur plus accessible à l’homme, avec des « signes » et des symboles lisibles, éclairés par les 3 lumières hypostatiques. Nous avons vu que les lumières hypostatiques du divin deviennent assez facilement des lumières « principe » sur un plan alchimique, ou des qualités universelles sur un plan éthique et psychique : Sagesse, Beauté, Force.

Le Un invisible se dédouble dans la matérialité manifestée binaire et devient trois à l’échelle de la perception spirituelle de l’homme : le pavé mosaïque « éclairé » dans son ensemble (le noir et le blanc ainsi éclairé par trois lumières) nous dévoile une image icône qui se veut « essentielle ». Le ternaire étant une déclinaison triangulaire du Un originel, ce ternaire permet l’élaboration imagée en l’homme d’éléments symboliques qui permettent de créer la relation au principe. Ainsi, tailler sa pierre puis construire le Temple permet de construire notre relation au divin en nous rectifiant. Une mise en scène graduelle est nécessaire pour signifier en essence le principe originel qui descend dans la matière. Le voile est levé pour que le temple devienne réceptacle et le bandeau est levé pour que l’homme discerne et ressente en lui. La mise en scène hypostatique passe par un double lever du voile symbolique pour mieux signifier le mécanisme de la représentation mentale.

Il faut avoir vu pour la première fois, la lumière à l’Orient pour comprendre ce que signifie la découverte hypostatique au centre du Hékal, car le voile pour l’entrée du temple est l’équivalent du bandeau pour l’apprenti en regard du Principe -Lumière. Dévoiler revient à ôter ce qui couvre la vue discernante. C’est un dessillement des yeux.

Le dévoilement est précédé d’une mise en condition ritualisée des participants aux travaux de loge. Outre l’abandon des métaux et des émotions profanes, cette mise en condition en appelle aux vertus « opérantes » de la lumière-esprit en chaque acteur de la loge : le Vénérable dit successivement : « - Que la Sagesse préside à nos travaux ». –« Que la Beauté les orne ». – « Que la Force les achève ». L’ouverture s’adresse aux travaux dans le laboratoire de la loge, mais aussi au travail en soi.

Avant la fermeture des travaux, on procède au revoilement du tableau après l’extinction des lumières d’ordre. C’est dans une triple invocation que chacun intègre les vertus liées au principe lumineux : « - Que Ta Sagesse, Dieu Tout-puissant, soit toujours en nos esprits. », « - Que la Beauté les inspire en toutes nos actions. », « - Que la Force appuie nos efforts vers le Bien ». La fermeture s’adresse aux travaux dans le monde par l’homme éclairé par la lumière en soi. C’est une approche éthique de l’incarnation lumineuse. Du laboratoire de la loge, nous passons au labeur en soi.

Si le tableau de loge dévoilé est un reflet d’une lumière spirituelle « opérante », ou d’un principe ordonnateur, alors la lumière incarnée du franc-maçon est le moteur de l’être spirituel qui agit dans le formel.

Le tableau de loge dévoilé révèle une réalité à plusieurs niveaux interactifs.

 

9/ le Langage et sa clef et sa structure « essentielle ».

Le langage de la lumière en loge est une orthopraxie lumineuse, c'est-à-dire une mise en pratique d’une verticalité descendante dans le plan. L’initiation est une expérience lumineuse du réel. L’orthodoxie est aussi présente dans le rite maçonnique par la recherche de la verbalisation originelle du nom divin. Cette doxa est inachevée, car portée par le symbole de la parole perdue. Cette distance entre le verbe humain et divin est représentée par l’épée droite du Hékal et l’épée flamboyante du Debhir. Néanmoins nous voyons à quel point le verbe et la lumière sont liés dans la recherche des origines.

Il convient de distinguer le sens de l'essence par un troisième élément qui est porté par l'hypostase: là est le secret géométrique de l'hypostase. A partir de deux éléments connus je détermine le troisième perdu. Ainsi en étudiant la représentation hypostatique dans un plan inférieur nous pouvons reformer l'essence de la parole perdue dans un plan supérieur. La parole substituée n'est qu'hypostase de la parole perdue que nous ne retrouverons pas par le sens, définitivement perdu mais par l'essence toujours accessible. L'essence s'est réfugiée à la fois dans le mot substitué dans l'ordre inférieur mais aussi par le rite inchangé qui mime encore les deux notions initiales "sens et essence".

Donc ce qui est perdu est perdu en "sens" mais pas en essence!!! C'est ce que l'on découvre en travaillant sur les substitutifs hypostatiques, c'est logique et mathématique.

Le tableau de loge éclairé établit une corrélation « objective » entre les éléments de langage de notre environnement maçonnique. En effet, les objets-symboles s’animent et se corrèlent entre eux pour former une combinatoire de langage dans le registre des bâtisseurs du temple. Cette combinatoire ne fait pas que donner du « sens », elle fait apparaître une dimension « essentielle » par la voie symbolique. Les symboles se substituent aux objets représentés. Cette dimension en « essence » est une reliance de chaque outil, instrument et objet d’architecture, au céleste. Cette reliance est inhérente au modèle du temple « maison du divin » sur terre. C’est donc une spiritualité « construite » qui se dégage naturellement de cette découverte.

L’acte de tailler sa propre pierre aura pour but d’éclairer le maçon sur lui-même et sur sa place dans le temple.

Enfin, avec l’orthopraxie et l’hypostase nous pouvons maintenant aborder la recherche d’une clef de lecture qui respecte l’intention rituelique et le modèle du temple de la lumière. Cette intention rituelique est révélée par une prière qui fait partie du rituel du XVIIIème Siècle du REP : « A la Gloire du Dieu Tout Puissant, Grand Architecte de l’Univers, au nom et sous les auspices de la Grande Loge Symbolique travaillant au Rite Écossais Primitif, en vertu des Anciens Devoirs et des Pouvoirs qui me furent conférés en fonction de ma charge, je déclare ouverts les Travaux en Loge d’Apprentis ». L'ora annonce le labora en suivant la même structure essentielle.

L'ora descendant peut être lu en remontant : « les travaux en loge sont un Devoir et une charge qui nous relient à la Gloire et à la Puissance ». On remarquera, au Rite Écossais Primitif, que chaque lumière d’ordre se relie au tableau de loge par une représentation stylistique et normative, par exemple : ionique pour sagesse, dorique pour force et corinthienne pour beauté, avec un instrument de mesure au pied de chacune : équerre, fil à plomb, perpendiculaire. C’est ici que se situe la clef.

tableau au REP 1er °Cette association des colonnettes axiales, aux trois styles et aux trois instruments d’architecture est l’objet même du dévoilement. Le dévoilement précise la nature particulière des lumières d’ordre, leur style et leur inscription dans le réel « matériel » d’une manière « ordonnée » et géométrisée suivant l’équerre, la verticale et l’horizontale.

Il y a littéralement correspondance ou emboîtement du sens à donner à la lumière des origines venue d’en haut, jusqu'à son organisation figurée au tableau de loge. En dévoilant le tableau, on dévoile la clef de lecture du sacré donnant une possibilité de remontée vers la source.

Ainsi d’une lumière des origines nous débouchons dans la réalité concrète toujours reliée à la cause première qui ordonne le chaos suivant les trois axes et les six directions et un centre générateur. Cette découverte (ou ce dévoilement) met en exergue le lien de cause à effet entre la Lumière des origines et la lumière des hommes, celle de la réalité « perçue » de manière tridimensionnelle. Ce qui est dévoilé en une fois pour le tableau de loge, doit être entrepris pour chacun des objets symboles : par illumination de leur sens, ils deviennent symboles puis essence. Mais avant d’atteindre ces trois dimensions, chacun doit travailler dans le plan qui est le sien et dans son propre athanor.

Finalement ce qui est dévoilé ce sont les éléments de langage de la reliance à plus haut, à cette autorité surplombante ordonnatrice des sociétés humaines appelée GADLU en franc-maçonnerie. Nous restons ainsi dans l’objectivation de cette cause première, que l’on qualifie de puissance créatrice, ce « Dieu qui géométrise » que les hommes ont découvert en eux-mêmes il y bien longtemps, comme générateur d’une pensée créatrice universelle, d’une volonté qui se manifeste par une réalisation universelle et particulière.

L’essence du réel ne s’oppose pas à la substance, car nous avons le langage et donc la représentation mentale pour faire le lien. La Lumière devient trine et le Verbe devient Sagesse Force et Beauté. Le dévoilement permet de redécouvrir et surtout de réactiver le lien de l’esprit qui existe entre substance et essence, entre la terre et le ciel : c’est ainsi que l’on dévoile le double mécanisme secret de l’immanence et de la transcendance.

On trace à la craie la médiation de l’homme entre terre et ciel en prenant appui sur un modèle, un schéma directeur, une clef de lecture en trois dimensions. Ce schéma directeur nous apparaît par la corrélation de chaque lumière d’ordre avec les instruments associés du tableau de loge comme une croix tridimensionnelle : équerre, fil à plomb, niveaux, trois axes six directions, le point central les lignes et les plans.

Cette croix tridimensionnelle est l’expression du Principe manifesté, c’est aussi la structure de toutes les représentations symboliques majeures qui induisent une reliance entre le principe axial et le plan manifesté sur lequel nous travaillons.

Enfin nous pouvons vérifier que chaque signe tracé sur le tableau de loge, qu’il soit outil ou instrument, meuble ou astre, participe du symbolisme axial. La trace est un signe qui fait sens, mais qui une fois dévoilée et éclairée porte une dimension en essence appelée "présence" dans l'arbre des séphirot. La trace et le tracé dévoilés sont porteurs des résidus du principe.

10/ Vérité, Formes et transformation. De l’Ars à la Trans.

En découvrant un tableau de loge « illuminé », nous dévoilons symboliquement la vérité, la cause première de la vie et de la création. Le voile protège des regards profanes (littéralement l’état de celui qui n’a pas vu la lumière) le secret du langage maçonnique qui est cette combinatoire d’un langage reliant traditionnellement la terre au ciel. En effet tous les symboles maçonniques ont une relation avec le céleste.

Le dévoilement signifie que le réel est bien plus que l’apparence et qu’il faut en sagesse rechercher l’harmonie en soi, envers l’autre et au monde pour, avec détermination et force, progresser sur le chemin de la lumière, véritable dévoilement intérieur. Cette progression se verbalise et se modélise dans l’athanor de la loge. Le verbe associé à l’image, produisent une représentation mentale et un schème structurant s’installe au centre de nous-mêmes comme dans la loge.

La voie initiatique est une ascension prométhéenne qui commence par la découverte de ce qui se cache sous le voile des symboles. Le voile n’a de sens qu’en regard de son environnement symbolique et dans le plan dans lequel il se situe. Le voile est mis pour signifier que la combinatoire du langage symbolique et la représentation mentale, supposent pour être efficace, que le maçon « opère » ce lever de voile à l’intérieur de lui-même. Ce qui est alors visible et je dirais « modélisé », c’est une réalité plus profonde, celle qui débouche sur la conscience éclairée et donc sur la sensation de l’hypostase en soi. Cette hypostase lumineuse fait de la loge un athanor qui non seulement étend le domaine du réel, mais produit en plus une conscience globale éclairée par l’esprit. C’est notre pierre philosophale, notre chrysopée.

L’hypostase est le moyen, le support « humain » de la remontée en soi qui permet le passage de la perception des phénomènes à la vision, mais aussi le passage de la vision à la réalisation de l’opération alchimique. L’immanence, sommet de l’intériorité totalisante, fait alors écho à la transcendance, béance de l’infini. Le dévoilement est double, extérieur et intérieur, vertical et horizontal telle est sa mécanique « essentielle » et rayonnante du dévoilement au REP. C’est ainsi que la franc-maçonnerie conserve d’Art de l’image agissante sur le mental.

L’image reste ici une représentation du sacré, un miroir qui permet le changement de niveau de lecture d’un réel toujours plus profond qu’il n’y paraît. Ce changement de niveau de lecture est magique au sens de la production d’une image dévoilée dans un niveau de représentation axial ou latéral, c’est l’art :

  • du transfert,
  • de la transformation,
  • de la transposition,
  • de la transmutation, etc.

La réalité ne serait alors qu’une alchimie de l’esprit. Donc il n’y aurait d’initiation que de renaître dans un réel profond.

ER

 

[1] La notion de chute est synonyme de chute dans la matérialité. C’est une gnose bien présente dans l’hermétisme chrétien. Le franc-maçon tout en constatant le réel tente de s’élever vers des sphères supérieures. Sur la chute, voir la chute de l’ange porteur de lumière, appelé Satan ou Lucifer qui devient un ange déchu, dans les traditions chrétiennes ou juives. C’est un ange exilé ou banni du Paradis en punition de sa désobéissance ou rébellion contre Dieu

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5 mars 2017 7 05 /03 /mars /2017 14:58

Influence du dévoilement sur la perception du réel en loge

La loge est un lieu de convivialité horizontal et vertical. C’est un creuset, un lieu de « croisement » d’une fraternité horizontale qui se confronte au sacré vertical par la ritualisation du feu-lumière dans toutes ses dimensions. Nous avançons l’hypothèse que le rituel maçonnique en loge serait une évolution des rites initiatiques ancestraux liés au foyer central, source de vie et fondateur de la tribu. Ces rites liés au feu-lumière sont intimement liés à la nourriture cuite et partagée hiérarchiquement après la chasse et favorisaient l’élaboration d’un langage commun avec les premières légendes des longues veillées. Nombre de nos rites sociétaux sont orientés par la lumière « prométhéenne », la nourriture devient identitaire puis spirituelle. La lumière née du feu éclaire le récit commun fait d’événements mythiques qui expliquent la naissance du monde et de l’homme: le feu lumière va nourrir le corps, l’âme et l’esprit. Ces récits ontologiques, à la croisée de la verticalité transcendante d’un axis mundi lumineux et de l’horizontalité éthique, étaient tout autant verbaux que gestuels. Ils étaient pour le narrateur l’expression de la tradition reçue et pour l’auditeur la source première de l’éveil de l’individu. Ces récits "lumineux" permettait au membre du clan de prendre sa place protocolaire dans le cercle en regard du foyer central. Les rites initiatiques formaient l’homme tribal.Ils ouvraient une perspective à l’individuation à l’intérieur du creuset collectif.

Nos loges maçonniques à couvert des regards profanes, ont su préserver, sous une forme symbolique, les racines traditionnelles de la connaissance liées à l’arrivée de la lumière dans les trois niveaux qui sont : le monde, au milieu des hommes et en l’homme. Sur un plan strictement horizontal on notera que ce sont trois principes agissants et équilibrants qui de manière universelle sont « à l’œuvre » à savoir le « principe actif-mâle-centrifuge force », le « principe femelle-réceptif-centripète –beauté », et le « principe équilibrant-présence-sagesse ». Ce dernier donne la forme au-delà des cycles et du chaos apparent, une stabilité, une unité et une continuité. Symboliquement le feu-principe au centre de la loge établirait une organisation du réel hiérarchisée, stable et cyclique. Ceci recoupe le sens donné aux deux colonnes qui encadrent l’entrée du temple à savoir Jakin et Boaz dont la traduction synthétique peut se faire dans les deux sens : « dans la force il établira » ou « il établira dans la force » ce qui nous renvoie dans le principe d'ordonnancement. On rappelle que c’est entre ces deux colonnes que la lumière entre en loge, donc l’intention rituelle s’inscrit dans un "ordonnancement" lumineux de la loge.

La métamorphose appelée aussi évolution ou adaptation, est issue du jeu des forces en présence. Chaque principe est en relation analogique avec un niveau : ainsi le principe réceptif et matriciel est en relation avec la terre à féconder, le principe lumière fécondant est en relation avec le Ciel du « sol invictus », et le principe équilibrant est en relation avec le Sage, c'est-à-dire avec l’homme médiateur céleste sur terre. La Terre, le Ciel et le Sage médiateur sont le ternaire opérant dans les loges maçonniques. La loge maçonnique reprend le principe émetteur avec la colonne J, le principe réceptif avec la colonne B et le principe équilibrant et stabilisant la forme à l’Orient.

Notre approche du dévoilement reprendra les principes et mécanismes liés à la représentation traditionnelle du réel, via les symboles et lois de correspondances. L’analogie symbolique qui guide la vision du franc-maçon met en relation des plans superposés qui sont autant de niveaux de langage réservés à ceux qui ont la transmission des secrets. Si le voile cache un secret alors le dévoilement du tableau de loge mettrait en évidence un réel à plusieurs niveaux de lecture ou point de vue. Les symboles, et le lever de voile notamment, vont jouer un rôle de révélateur d’une dimension intérieure et cachée de l’être, mais aussi des clefs secrètes de la totalité universelle concoctées dans un athanor. Notons que certains rites déroulent un tapis de loge ou une toile, d’autre tracent à la craie le fameux tableau de loge, mais dans l’ensemble nous considérons que ces différents actes équivalent au dévoilement des ingrédients et éléments langage du grade.

Le niveau de langage représenté par le tableau de loge impliquerait outre la connaissance du langage spécifique du grade, une lecture de la réalité en fonction d’objets réels mis en reliefs par le jeu de la lumière (et de l’ombre). Ainsi, l’objet (outil, instrument, meuble) n’exprimerait sa réalité en l’homme qu’en fonction d’un environnement et relativement à des concepts, des modèles et principes qui lui donnent du sens. Donc, si nous retenons l’hypothèse du sens relatif, l’objet dévoilé porte une signification dictée par la nature de l’objet lui-même, son inscription dans le contexte des principes agissants, mais aussi en fonction du niveau d’élévation initiatique et verbale de l’observateur.

Le contexte et le co-texte de la loge, c'est-à-dire les décors, la mise en scène, le langage verbal et non verbal, sont réglés et rythmés par le rituel de la lumière. Ce rituel est un ordonnancement lumineux. Ce rituel de la lumière porterait en lui une tentative de modélisation de la lumière divine « créatrice » devenue lumière parmi les hommes dans l’espace séparé de la loge. Le rituel maçonnique déplace et répand la lumière en des endroits bien précis et cette lumière s’installe et se rétracte pour mieux « éclairer » notre vision symbolique.

Notons enfin que cette lumière peut s’interpréter diversement. La lumière serait l’expression : 1/d’un divin surplombant et dirimant (autorité surplombante), 2/ d’un divin incarné ou parcelle divine en l’homme dans la suite de la grande tradition chrétienne, ou 3/ d’une manière plus humaniste, la conscience éclairée de l’homme libre faisant ici référence aux avancées du Siècle des lumières dans la suite progressiste et humaniste d’une philosophie rose-croix de l'amélioration de l'homme et de la société. Cette possibilité d’interprétation graduelle illustre la traversée des plans sus-énoncés tout en conservant l’idée suivant laquelle ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.

L'homme va donc tenter de se rapprocher graduellement de la lumière des origines, en prenant appui sur un objet transcendant et clos, "contenant" le divin lumineux et qui se trouve tout à la fois sur terre, dans les cieux et en soi! Cet objet reprendra les symboles de la montagne sacrée et de l'arbre "axe du monde" en faisant apparaitre dans son enceinte la parole du divin, la course de la lumière et diverses hypostases qui ordonnent le monde et la conscience dans un isomorphisme axial.

Chacun restant libre des ses interprétations, nous allons tenter de dégager quelques traits fondamentaux du dévoilement lumineux qui augmenterait ou exciterait nos facultés cognitives et notre vision du réel. Cette vision sera sous l’influence d’un imago mundi associé à l’imago templi (1ere Partie). En regard du cadre sacré de la loge, nous aborderons le caractère hypostatique du dévoilement (2ème Partie). Enfin nous aborderons ce dévoilement sous l’angle des trois principes alchimiques dans l’athanor hermétique de la loge (3ème Partie).

 

1ère Partie /Approche cognitive du dévoilement, influence du modèle « temple de la lumière ».

La franc-maçonnerie traditionnelle fait du dévoilement de l’image du Temple un compendium de l’image « lumineuse » du monde et de l’homme.

 

1/ Le voile sépare deux réalités, intérieure et extérieure

Le temple de Salomon était doté de plusieurs voiles. Un premier voile séparait le Ouham du Hékal, deux voiles séparaient le Hékal du Debhir. Habituellement le voile sépare la partie la plus sacrée du temple en regard d’un observateur situé dans un plan inférieur. Généralement ce voile masque le sanctuaire. Il établi une frontière entre le visible et l’invisible, entre le périssable et l’éternel, entre la condition terrestre et l’inconditionnement céleste. On retrouve la trace de ce voile dans la plupart des rites religieux et initiatiques. Dans le rite de Memphis Misraïm, le voile d’Isis est situé derrière le VM. Mais ce positionnement dans l’axe de l’Orient diffère de la pratique du REP qui voile le pavé mosaïque au centre du Hékal et donc dans l’axe Nadir/Zénith.

Il y aurait donc deux types de dévoilement se rapportant à deux points de repère traditionnels signifiant le céleste : le dévoilement solaire ou héliaque pour la lumière visible et le dévoilement axial ou zénithal pour la lumière invisible. Le dévoilement dans l’axe de la marche vers l’ouest serait éthique et relatif à la tripartition du Temple à l’image de l’homme, alors que le dévoilement axial serait métaphysique. Ce dernier fait référence aux échelons d’une échelle à gravir ou aux différents tableaux de loges graduellement superposés; le Temple serait alors une image de l’univers. Pour conjoindre les deux axes, celui de l’élévation axiale et celui de la progression orientale, la franc-maçonnerie va reprendre la symbolique des marches séparant le Debhir du Hékal et reproduisant à l’échelle de la marche humaine, l’élévation ou l’exaltation graduelle.

 

2/ la lumière dévoilée dans le monde et en l’homme, le visible et l’invisible,

Le dévoilement du tableau de loge est un épisode important du rituel mettant en scène l’entrée en loge de la lumière (et donc en nous-même). Nous avons vu que notre perception du réel dépend du contexte de la loge et de l’intention du récit.

Le rituel de la lumière est inspiré du concept de la « manifestation ». Cette manifestation du réel découle du surgissement ou du dévoilement d’une lumière originelle. Ainsi tout prend forme, tout est nommable et tout ce qui est éclairé existe. Tout rituel initiatique est porteur d’une intention qui doit être interprétée par chacun pour être « réellement » intégrée et comprise. En fonction de ce qui précède, le rituel va permettre la lecture de l’objet et donc la lecture du réel dans plusieurs plans. Le réel est alors « éclairé » par son sens et son essence au moyen de la lumière initiatique. Cette lumière en loge, sa diffusion et son incarnation sont synonymes de Principe et de Verbe. En sa qualité « principielle » la lumière illumine la manifestation « visible » (le monde qui nous apparaît) et la conscience (le monde dans lequel nous nous situons en acteur et observateur), mais aussi la manifestation invisible, c'est-à-dire la source ontologique de cette manifestation. Cette conscience du visible et de l’invisible émerge en l’homme en même temps que le langage. L’invisible a un effet sur le comportement de l’homme et doit donc être de ce point de vue considéré comme un type de réalité agissante. Le langage va donc tenter de recouvrir les dimensions visibles et invisibles du réel. Ceci nous conduit à redéfinir le symbole comme l’objet visible qui n’a de sens qu’en réunissant la partie manquante et invisible. Réunir le visible et l’invisible c’est reconstituer l’objet-origine (appelé symbolum). Le sens du symbole, c’est la réunion des deux parties, son essence serait son unité originelle. D’emblée le symbole fait appel à ce qui n’est pas visible et ouvre la porte au sacré, à l’immanence et à la transcendance. Le symbole dans ses deux parties, anime ou illumine le réel ressenti et donc vécu par l'observateur, est sera la base de toute spiritualité.

Le dévoilement est double, il porte aussi bien sur le secret de la loge que sur notre intériorité, c’est typiquement une caractéristique du système initiatique que de permettre un parcours intérieur, dans les arcanes de l’Être symétriquement aux arcanes de l’Universel. Le voile couvrant le visible comme l’invisible est donc dédoublé en soi.

 

3/ l’émergence du langage, anthropomorphisme et séparation ;

L’émergence du langage est corrélative à la perception du réel organisé chez l’homme rendant nécessaire la description, la communication et la ritualisation. Rien ne peut être vu ou construit sans lumière qui éclaire (voir le récit de la grotte socratique). C’est l’homme qui décrit ce qu’est la lumière, c’est l’homme qui lit et interprète les écritures sacrées par le prisme de sa pensée. La lumière permet de voir et comprendre le réel visible et invisible comme un Homme héritier de 40 000 ans d’évolution.

La perception du réel est donc relative à l’observateur évolué ou initié. Cela vaut aussi bien pour l’objet matériel que pour la notion de conscience (entendement) qui reste relative à l’homme. Pour surmonter cet obstacle du relativisme, l’homme élabore le Temple comme un espace absolu, refuge séparé du relatif profane, hors du temps et de la contingence. Donc la lumière qui serait le Verbe divin, induirait la conscience, la conceptualisation et la verbalisation chez l’homme, mais n’aurait de valeur absolue et ne pourrait être célébrée que dans un espace séparé et consacré à la relation avec le Principe. Le dévoilement va permettre de mettre en évidence cette corrélation entre le divin créateur « surplombant » (le Principe) et l’homme. Ainsi le groupe « Lumière-Manifestation-Verbe » surplombe le groupe humain « Conscience-objet-verbalisation » ou « Pensée-volonté-action ». Le groupe inférieur, séparé de son origine, emprunte des objets possédant une dimension ontologique (les « sacra ») pour la mise en scène rituelle. La rituellie emprunte ou élabore un langage spécifique proche de la langue originelle dont on suppose qu’elle fut transmise par le divin. Tout doit être mis en œuvre pour se rapprocher de l’origine (c’est aussi la recherche de la Parole perdue chez le Maître, ou la prononciation impossible du nom divin). L'initiation relate et met en scène la Lumière, hors d'atteinte par la frustration du prisme. Ce prisme relatif au domaine humain est dévoilé par superposition de l'origine et du réel actuel.

La relation entre les deux groupes superposés est traversée par le Principe axial ascendant et descendant qui constitue le modèle graduel de l’initiation générale (échelle de Jacob). Ce principe axial de reliance est porté par la Lumière qui n’existe que par contraste avec les ténèbres. La lumière serait le véhicule de l’idée divine et du principe de vie. Ainsi ce qui est en haut se projette sur le plan inférieur en prenant des traits matérialisés. C’est la leçon du mythe prométhéen. Chaque plan inférieur reçoit la lumière du plan supérieur comme un miroir reflète une image. Simplement la lumière reçue ou volée au plan supérieur est toujours de moindre qualité que l’originale ; il en va de même de la parole mal prononcée et transformée, ou de la vision du réel par le prisme déformant du regard de l’homme. Le Verbe divin originel ne cesse d’être réinventé et réinterprété par l’homme. Cette imperfection de nos sens fait que nous recherchons un procédé de rétablissement motivé par la proximité perdue et retrouvée avec le divin, soit un retour au paradis perdu.

La reconstitution de l’image originale, du Symbolum premier, se fait par extrapolation, par le jeu du symbole et les lois de correspondances[1]. Vouloir remonter à la source serait dans la kabbale une conséquence de la chute de l’homme dans la matière, de son éloignement du centre ontologique.

La Lumière, en matière initiatique est plus qu’un concept, elle prend l’allure du Principe créateur, ou puissance créatrice, qui est le sommet initiant tous les concepts secondaires, et notamment le concept anthropomorphisé du divin ou du GADLU. Chaque concept secondaire se décline à son tour en concepts sous-jacents. La lumière principielle devient bougie sommitale, le centre ontologique de la manifestation devient centre de l’espace sacré, la lumière unitaire devient trine, le Verbe devient parole et la parole se perd et se déforme dans les générations successives, etc.

Le divin "anthropomorphisé" n’est que l’expression, à la mesure de l’homme, d’une tentative d’approche fractionnée et parcellaire du divin, de reconstitution du corps d’Osiris par Isis, de même le Temple n’est qu’un résumé à l’échelle humaine de l’inaccessible divin qui nous renvoi à notre propre génie inventif pour reconstituer un miroir brisé. Finalement le dévoilement ferait apparaître le miroir de notre quête d’absolu.

 

4/ Sens, perception, cognition.

Cette lecture de la lumière mise en scène, contextualisée, cotextulaisée, jouée en loge, passe par plusieurs phases mises au jour par les psychologues de la perception. Trois étapes au moins se succèdent : sensorielle, perceptive et cognitive.

L’étape sensorielle, qui passe par des récepteurs spécialisés qui actionnent les 5 sens et permettent de repérer les caractéristiques du réel telles que mis en en scène en loge. Cette étape sensorielle est d’abord rétinienne, mais aussi auditive et posturale, etc. : il s’agit d’une « lumière sensitive» qui se répand dans la loge et en chaque franc-maçon, accompagnée de phrases rythmées.

Suit un traitement perceptif des signaux sensoriels. Ce traitement perceptif permet de dépasser les strictes données sensorielles pour les mettre en forme. La mise en forme est une étape majeure de la perception : il est opéré un regroupement par « proximité » physique ou par identité de « forme » géométrique, topographique, temporelle, c’est le début de la mise en place d’une combinatoire du sens. Par exemple on constatera que le chemin de la lumière descendue de l’Orient se concentre autour du tableau central de loge recouvert d’un voile, puis se répand à nouveau aux plateaux des deux surveillants. La loge et les maçons s’éclairent ainsi progressivement à partir d’une seule bougie principielle.
À la suite de ce traitement perceptif par regroupement et par identité de forme, se trouve la phase purement cognitive qui relate l’environnement dans une perspective et un point de vue plutôt horizontal. Il reste un travail d’élévation de la pensée par l’interprétation axiale du rituel.

 

5/ Du relatif à l’absolu

Nous savons que l’initiation maçonnique est une initiation individuelle dans une cadre collectif. Cela implique en fonction de ce qui précède que ma vision de l’absolu ne sera jamais que relative au prisme déformant de ma rétine et de mes terminaisons nerveuses, et que néanmoins, la conjonction de nos absolus(vision-cognition collective) fait qu'ils se regroupent sur des schèmes communs. Nous aurions donc un patrimoine de schémas directeurs collectifs qui caractérisent l’espèce humaine.

Nous avons vu que la vision de l’homme est fonction de son expérience et de son vécu. Pour « ontologiser » sa vision de la lumière, il faut à l'homme une initiation au rite de la lumière, une transmission-dévoilement du schème telle que pratiquée en franc-maçonnerie. Sa vision se détache du relatif pour approcher peu ou prou l’absolu de la voie initiatique suivant une modélisation collective (ici celle des bâtisseurs du temple: le temple est une oeuvre individuelle et collective!). La ritualisation des symboles dans un contexte séparé et sacré est nécessaire. Alors le franc-maçon peut aborder une vision qui dépasse le relatif profane pour accéder aux concepts des bâtisseurs du Temple, qui de manière ultime sont des bâtisseurs célébrant l’absolu et la reliance terre-ciel.

Le concept permet, à partir d'un objet de pensée concret et abstrait, comme l’arrivée de la « lumière Principielle », de rattacher à ce même objet les diverses perceptions en différents plans, et d'en organiser la connaissance et la transmission. Le concept surplombant « Lumière Principe » est ici organisé et réceptionné en un plan inférieur par trois lumières d’ordre (appelées aussi petites lumières ou piliers, etc;) qui illuminent le dévoilement d’une image « centrale ».

Il faudra rechercher plus loin à quoi participent ces trois lumières d’ordre si ce n’est à l’illumination du centre secret de la loge, son « arcane ». Il est probable qu’elles participent à l’élaboration d’un schéma directeur qu’il faudra apprendre à lire. Ce schéma sera emprunté à notre bibliothèque culturelle ou issue de notre intuition collective, plus ou moins innée. Cette bibliothèque de modèles résulte d’archétypes visuels et cognitifs reconnus comme fondateurs et qui peuvent être mis en scène suivant un processus rituel rigoureux de type initiatique en vue de leur transmission. Le but de toute initiation étant de faire pour chacun retour vers l’unité ontologique et percevoir la totalité universelle, alors le concept de Lumière-Principe et le précieux « objet » qu’elle éclaire seraient le sommet de tous les schémas archétypaux. Le passage du relatif à l’absolu passe par la Verticalisation du regard, c’est alors que la lumière venue d’en haut prend tout son sens.

 

6/Du réel phénoménal à l’intelligible essentiel : l’intention rituelle et le Voile.

Le « Voile » va donner une dimension réelle au sacré, car nos facultés cognitives vont intégrer le secret dévoilé au processus d’élaboration du réel. En ce sens le dévoilement vaut pour tous les symboles que l’Homme incorpore en lui pour les faire vivre. Le dévoilement « vécu » en loge grâce au rituel d’allumage des feux en loge impliquerait-il l’assimilation intellectuelle du sens de ce qui est dévoilé, puis l’incorporation de l’essence axiale du motif révélé ? Ne dit-on pas que le franc-maçon doit vivre et être le symbole.

C’est à partir du concret et du réel que l’homme élabore une pensée à plusieurs niveaux : fonctionnelle, abstraite, conceptuelle ou essentielle.

Comment une simple bougie et un lever de voile, un déroulement de tapis ou un tracé à la craie au sol peuvent illuminer notre vision essentielle ?

Il y a une distance entre le réel ressenti par nos sens et l’intuition de l’être et du sacré. La cognition suit les niveaux d’approche du réel en tentant de leur donner une signification, un sens voir une essence. L’intention du jeu rituel initiatique est de permettre le traitement profond de l'information via le symbole qui exalte, et l’idée qui se réalise. L’initié doit être capable d'acquérir, conserver, utiliser et transmettre des connaissances qui découlent toutes de l'étude concrète et de la modélisation des phénomènes considérés comme vécus par l’initié, débouchant sur un nouveau regard. Notons que le franc-maçon constate des faits et des actes, lit les objets présents et va les relier et les interpréter dans un sens qui dépasse le sens concret. Il part de l’objet projeté en soi, un réel matériel ou une situation considérée comme expérience vécue et les interprète dans les limites de l’intelligible. On passe de l’objet en soi à l’être en soi. Ainsi l’initié transpose par le symbole sa vision du réel, il opère une métamorphose du regard. Cette métamorphose du regard via le dévoilement va s’appliquer aux 8 approches du phénomène concret tel que nous le reconstituons dans sa dimention invisible :

  • La perception : expérience pratique ou sensorielle d'objets ou de propriétés présents dans l’environnement de la loge. Dévoilement du niveau de langage. Cette expérience en loge doit aboutir à dépasser les 5 sens pour atteindre l’essence.
  • L'intelligence : compréhension de l’environnement de la loge suivant le niveau de perception et qui peut aller du domaine phénoménal jusqu’au domaine non visible.
  • Le langage : épellation, répétition triple voix, rythmes, suivant le niveau de perception, c’est l'aptitude à lier des éléments entre eux (combinatoire), à faire preuve de logique, de raisonnement déductif et inductif. Ainsi le langage est lié à la pensée symbolique et abstraite. Le langage peut aussi exprimer l’informel et le non visible.
  • La mémoire : catéchisme, symbolisation de l’outil, idéalisation, conservation des symboles, c’est la capacité d'enregistrer, conserver et rappeler les expériences passées et surtout en matière initiatique les schèmes et clefs symboliques dans le but de les transmettre.
  • L'attention : mise à l’ordre suivant le grade, concentration sur un objet ou une pensée parmi d’autres, il s’agit de pratiquer une concentration en restant silencieux immobile et aligné, l’objectif de la concentration étant littéralement une reliance avec le centre.
  • Le raisonnement : empirique et analytique, il restitue la pensée au réel. La méthode maçonnique reliant l’objet réel, le symbole, le maçon, la loge et le monde par l’analogie permettra de se départir de l’objet en soi pour aboutir à la pensée sans phénomène.
  • Les émotions au sens initiatique : langage du cœur, intuition, comportement expressif d’un état d’âme et du psychisme. C’est l’humanisation du réel.
  • La conscience : situation de l’individu en relation avec l’unité et l’universalité impliquant le sens de l'éveil, la connaissance de soi et l’évaluation sensuelle, intellectuelle et essentielle de son environnement. La conscience semble être l’aboutissement de la perception du réel visible et non visible par un sujet qui se reconnaît comme objet au milieu d’un tout. Elle aboutira logiquement à une conscience collective, en fonction d'un schème collectif (ici le Temple).

Tous ces « phénomènes » concrets du monde sensible et les « Idées » de la réalité intelligible, sont accessibles à la connaissance rationnelle et sont réinterprétés et rejoués en loge par le jeu des rituels et symboles. Le jeu rituel fait que la participation de chaque maçon au rituel de la lumière « incorpore » celle-ci en chacun. Ainsi l’objet concret devient objet intellectuel puis objet symbolique en soi. Le feu-lumière illustre parfaitement cette ascension du sens vers l’essence. Le support de la loge, mais aussi les lumières d’ordres associées au voile révélateur du tableau de loge, vont servir une spiritualité « construite ». Cette spiritualité tendra vers une vision en essence du Temple. C’est ainsi que la dimension sacrée s’invite dans le réel et que le dévoilement incorpore le secret à la réalité « vécue et ressentie ». C’est une des conséquences de l’expérience initiatique. En ce sens le dévoilement est dit  "révélateur" dans le sens montant et " réalisateur " dans le sens descendant.

L’activité en loge permet de retraiter le réel simple en réel profond. Les 8 approches cognitives en loge seront développées sous différents angles : analytique, symbolique, alchimique, intuitive, banale ou sacrale, anagogique... Le réel est peut-être une reconstruction permanente par le jeu de la perception-cognition de l’individu et du groupe. Maintenant nous devons rechercher comment le réel senti (étape 1) et perçu (étape 2) est reconstruit par la cognition (étape 3). Existe-t-il un système référentiel qui apparaît au moment du lever du voile ? L’initiation consiste-t-elle en la redécouverte de ces systèmes référentiels ?

 

7/ La trace de systèmes référents : l’Imago Templi

La franc-maçonnerie offre un système référentiel, une modélisation de la vision.

Voile sur le tableau de logeLe dévoilement initiatique en loge a pour effet d’impacter la signification générale ordinaire de la lumière, de la bousculer pour lui faire franchir le chemin entre le sens banal et le sens sacré. C’est le passage de l’horizontalité de la perspective à la verticalisation de sens qui deviendra essence. Or par expérience nous savons que le sens sacré s’appuie sur un symbolisme qui dépasse le sens commun et reste contenu dans un espace clôt, hermétique et caché. C’est un symbolisme « réservé » qui tend vers l’essence et qui s’appuie sur une situation conceptuelle ou sur un modèle, un schème, plus que sur un objet. L’objet n’est que support exotérique qui permet de rattacher le réel à une perception conceptuelle, ésotérique et sacrée. L’objet réel devient alors image en soi, chez l’observant, et va déclencher les trois étapes précédentes avec l’ajout de niveaux supplémentaires de perception et un développement du sens en essence. La représentation mentale, si indispensable au langage, est alors transportée dans un registre supérieur qui tout en restant attaché à l’objet réel lui donne une dimension sacrale, ou ontologique, conforme au modèle référent.

Ce qui est dévoilé, c’est un signal, une information que vont traiter nos facultés cognitives. Le tableau de loge est une image guide, une combinatoire de signes et symboles, une icône qui combine par proximité géographique et par formes associatives des objets reliés à la construction « axiale », à l’espace et au temps, à la terre et au ciel. Cette combinaison en une même image dévoilée, de la matière, du plan, de l’espace et du temps céleste, s’effectue dans le lieu sacré de la loge. Or la loge est « formée » en vue de construire le « temple », c’est ici l’intention du rituel. C’est aussi la référence du bâtisseur. Cette icône du temple à bâtir, « forme idéale », est un modèle imaginaire au sens que ce n’est pas le tableau de loge qui a du sens, mais « le modèle de la construction du temple » qu’on y trouve. Le modèle, ou « forme idéale » est un schéma directeur et ce sera ici le plan de l’architecte. Ce "plan", ce schéma directeur, mais qui commence par une pierre brute à tailler sous la lumière. Point de forme sans lumière matérielle et essentielle. Voici donc le modèle référent auquel le tableau fait allusion. Le tableau de loge n’est qu’un assemblage d’images-symboles reliées au céleste lumineux. Le véritable tableau de loge référent est hébergé en notre encéphale, il est l’héritage endormi de notre vision structurale du monde que le rituel du dévoilement lumineux va réveiller. L'encéphale dans sa boite crânienne ("boite d'os") serait une loge (cavité) en relation prismique avec la Loge, elle-même en relation prismique avec le Tout.

Notre manière de percevoir l’image se fait suivant une modélisation cognitive analytique, symbolique et intuitive qui reste liée et conditionnée par le modèle du temple et le modèle de notre cerveau. Or si le Temple est la maison de la Lumière céleste, il est aussi le modèle de l’homme. Le modèle qui est ici découvert par le voile permet la lecture de la construction lumineuse du réel avec une triple perspective : microcosmique, macrocosmique et humaniste ou psychique. Le Temple dans sa tripartition est bien le modèle de toute spiritualité construite analogiquement par l’homme en regard d’un schéma archétypal "essentiel", substantiel, ou structurel.

 

8/ Une spiritualité née du réel « élargi » et de l’expérience initiatique

Ce modèle du Temple sera applicable au réel et permettra d’affirmer une « vision » initiatique de l’homme en regard des angoisses existentielles, éthiques et métaphysiques. L’homme ne fait que reconstruire sans cesse la réalité sur la base de modèles structurants qui donnent une perspective "lumineuse". Ces modèles sont enfouis dans son for intérieur qu’il veut dévoiler et « éclairer ».

Donc l’image dévoilée s’associe à un modèle « temple de la lumière ». Toutes les interactions relationnelles entre les objets présents dans le tableau de loge forment une combinatoire de langage dictée par le modèle du temple. L’icône « tableau de loge » n’est pas séparable de son modèle perçu « temple de la lumière », renforcé par trois points qui sont des dévoilements successifs:

a/ l’affirmation que la loge est séparée du monde profane (voile séparant le Oulam du Hékal dans le Temple de Salomon),

b/ une mise en scène rituelique « orientée » au sens lumineux du terme (descente de la lumière du Debhir, franchissement du double rideau séparant dans le centre du Hékal dans le Temple de Salomon),

c/l’expérience vécue d’une intention lumineuse en soi et au monde (dévoilement des éléments de langage dans le centre de la Loge et en soi).

 

9/ les Consciences et le chemin de la Connaissance dévoilés.

Le franc-maçon utilise la technique du dévoilement par l’expérience in situ. L’expérience progressive crée un maillage de la conscience du réel suivant une méthode qui devrait conduire sur le chemin de la connaissance.

L’initiation est une expérience, un apprentissage de la conscience dans ses différents secteurs et étages. Toute expérience est un vécu qui impacte la conscience du réel. La conscience reconstitue le réel extérieur en réel vécu tout autant à l’intérieur de soi (dimension signifiée) que dans l’environnement extérieur (dimension signifiante). Le passage de l’extérieur à l’intérieur se fait par une projection mentale dans le champ de la conscience en se référant à des archétypes.

Peut être pouvons nous faire un rapprochement "intuitif" entre la structure de notre cerveau et la structure de la loge, au prétexte que la conscience est associée au cheminement de la lumière (voir les jeux d'ombres dans la caverne socratique) et aux déformations dans la représentation ou du rendu .

La méthode maçonnique activerait la "conscience de base" située dans le cortex occipital/visuel et dans le cerveau droit, correspondant aux représentations perceptives (formes, couleurs, musique) ou symboliques (phonèmes, images, visages, tabliers). On y trouve la perception simple de l’ensemble des tableaux de loge signifiants, la topographie de la loge, meubles, décors, etc.

La méthode active "la conscience verbale" ou sémantique par l’apprentissage progressif d’un nouveau langage (épellation, syllabisation, onomatopées, recherche du sens du mot, parole perdue, essence du mot, souffle) et l’élaboration d’une conscience sémantique verbale et non verbale, posturale, permettant l’introspection et dont le support organique serait principalement l’hémisphère gauche.

En parallèle s’élabore une "conscience historique" (auto noétique chez Tulving) associant ici, le temps et le non-temps, fondée sur la sensation d’expérience vécue qui met en relation le vécu initiatique en loge et le souvenir ancien qu’il fût réel, individuel ou collectif ou encore mythique, elle se situerait dans l'hippocampe. Le mythe, récit mémoriel, intègre l’expérience du réel par le mime. Les différentes relations conscientes au réel "dur" ou "mythique", sont asservies par une "conscience surplombante" dite "exécutive" qui permet la focalisation ou la concentration et donc le passage d'un modèle symbolique à l'action. C'est la conscience opératoire ou réfléchie située dans le cortex frontal. C’est la fameuse conscience des philosophes permettant de dissocier le corps exécutant, et son contrôle par l’âme ou l’esprit tributaire d’un grand plan (plan du Temple). Cette concentration permettra d'associer le temple à soi.

C’est ici que se situe l’image du triangle centré d’un œil ou du GADLU, de l’hexagramme hermétique ou des Tables de la Loi, intervenant dans la tripartition du Temple sa voie droite, gauche et centrale, c'est dans ce schéma qu'a lieu la latéralisation de la droite vers la gauche par le corps calleux. C’est la "surplombance" qui organise les lois non plus de la logique, mais de l’analogie. La conscience du franc-maçon, née de son cerveau, aussi multiple soit-elle, se caractérise par une mise en relation de niveaux et de points de vue symboliques qui se superposent dans un isomorphisme axial. L'homme dans sa structure intime reste le modèle réduit du temple. L'homme est la mesure de la perception du Tout.

 

10/ La Papesse dévoilée

La Papesse de WirthC’est la deuxième lame du Tarot de Wirth qui nous permettra d’illustrer le phénomène du dévoilement en trois phases. Le premier voile est son manteau, le second est celui qui voile son visage et surtout son regard et enfin le troisième voile est celui qui est tendu entre les deux colonnes du Temple objet de "con-templation".

Nous sommes donc en présence du Temple comme image à pénétrer puisse que les deux colonnes en marquent l’entrée. Cependant avant de comprendre l’arcane du Temple il faut dévoiler le mystère en 3 temps : 1/dévoiler ce qui n’est pas apparent (manteau de la papesse), 2/dessiller son regard, opérer une métamorphose du regard, c’est le dévoilement du visage et du regard de la Papesse, et enfin 3/lever le voile sur l’entrée dans la maison du divin, c'est-à-dire à l’intérieur de l’enceinte qui cache l’arcane et qui répond aux énigmes posées par le sphinx sur la vie et la mort et le mystère de la création du monde.

Ce développement du mystère fait passer l’impétrant par les trois phases du dévoilement, celui des apparences signifiantes, par le manteau extérieur, celui du regard sur le Monde, et enfin celui du regard dans le Temple Intérieur. Nous retrouvons les trois niveaux de perception : Éthique, Psychique, Métaphysique. Les deux colonnes dont le franchissement est un but, symbolisent le passage du phénoménal symbolique d’une papesse assise sur un trône-sphinx (qui symbolise le mystère et la phase cachée derrière l’apparence), au phénoménal axial ou monumental, via les colonnes du Temple (qui permettent l’entrée dans la relation sacrée et secrète entre la Terre et le Ciel). L’axial-monumental permet le changement de plan et donc le passage du logique à l’analogique, du sens à l'essence, de l’apparent extérieur à la vérité intérieure. Ce schéma est tout entier résumé dans la tiare portée par la papesse. Elle est à trois niveaux :

1/ Le premier fait allusion au premier niveau de perception qui si on y prête attention est sertie de pierres précieuses, car reliée au sommet, au ciel. La pierre précieuse « concentre » à la fois le regard de l’observateur et les scintillements du rayon d’une lumière « précieuse » et mystèrieuse. 2/Le deuxième niveau est celui de l’analogie avec une gnose, d’une parole élévatrice de la conscience humaine qui s’allie au symbolisme axial. 3/ Le troisième niveau est constitué par cette Lune réceptacle-axial, point de concentration ultime qui symbolise le recueillement du reflet de la lumière des origines (clef d’Or) par le miroir lunaire (clef d’Argent). Ainsi la Papesse est une Isis qui révèle et fait naître l’Horus ailé en soi, la conscience supérieure de l’homme qui englobe le visible et l’invisible, le temporel et l’intemporel par le triple dévoilement. Le travail sur le reflet et le miroir est la première clef celle d’argent qui permet le passage de l’extérieur apparent au mystère de son éclairement « intérieur », la relation avec la lumière d’or et la seconde clef qui permet de remonter vers la lumière ontologique ou originelle. (ER)

Résumons : chaque voile suscite et permet une projection mentale de ce qui est caché et révélé. La valeur de ce qui est découvert après un dévoilement est décuplée à plusieurs niveaux.

L’’image dévoilée du tableau de loge implique un modèle de lecture du réel « éclairé », véritable combinatoire du langage qui fait sens, suivant un schéma directeur, un modèle, un concept abstrait ou « essentiel ». Si la Lumière principielle est l’essence insaisissable du réel, alors le temple de la lumière (le modèle) serait sa représentation mentale, douée d’une schématisation ésotérique et cachée. En contrepartie, la lumière en loge serait la réalisation exotérique du réel (l’apparence) et le tableau de loge posé sur le pave mosaïque constituerait la grille de lecture permettant l’ascension des différents plans de la vision. La grille de lecture permettrait la remontée de l’objet au sens et du sens à l’essence. La traversée d’un plan à l’autre se fait par nature symbolique de l’icône qui s’adresse successivement au réel, à l’image représentée en soi, au sens et à l’essence. L’icône, pour traverser les différents plans, doit être conforme au modèle archétypal : le tableau de loge « éclairé » est conforme au « temple de la Lumière », elle le suggère par l'association symbolique des formes, des sens et des essences. L’imago templi restera le modèle des trois premiers grades jusqu’aux grades ultimes. Nous pouvons dire que l’image du Temple relie la Terre au Ciel et autorise une certaine vision du monde. En loge, l’imago templi "voilé" serait le schème structurant de l’imago mundi et se dérive en isomorphisme axial et graduel.

ER

Dans une seconde partie, nous reviendrons sur le dévoilement hypostatique en loge.

[1] Les lois d’analogie et la polarisation s’associent pour donner au symbole son relief initiatique. Le symbole étant fait de deux parties, l’une visible l’autre manquante, c’est donc dans un plan supérieur ou inférieur que nous iront rechercher la partie manquante. Analogie, polarisation et symbole nous font admettre le schéma général des plans ou mondes superposés traversés par un même axe. Cette configuration verticale, essentielle en franc-maçonnerie, est la base de l’échelle graduelle initiatique et prendra pour exemple la croix tridimensionnelle. Voir dans ce sens René Guénon « Le symbolisme de la croix » éditions Vega 1931.

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31 décembre 2016 6 31 /12 /décembre /2016 17:35

L’acclamation écossaise : Sémiotique élargie de la geste acclamative commune :

Dans la suite de notre première partie, il convient d’entrevoir dans l’acclamation écossaise autre chose qu’un mot à traduire. Nous tenterons d'élargir notre champ exploratoire. Sans doute l’acclamation possède bien plus qu’un sens, ce serait une essence qui se dérobe à la relation du signifiant et du signifié, trop subjective et falsifiable et sujette à contresens. Dans cette seconde partie, nous éclairerons moins l’onomatopée que l’intention ontologique du groupe acclamant. Nous reprendrons certains des thèmes déjà abordés en première partie pour une approche complémentaire en vue d'alimenter le débat.

1/ L’acclamation est un cri de joie, d'approbation, d'enthousiasme collectif …

…pour saluer ou approuver publiquement une personne, une œuvre, une nouvelle, associée à une posture corporelle. Ici on acclame en regardant le centre de la loge ou le Vénérable Maître qui incarnent tous les deux l’œuvre à accomplir en relation avec l’origine, la lumière, etc. L’acclamation n’est pas en franc-maçonnerie qu’un pseudo-mot répété trois fois, c’est une communication langagière verbale et non verbale touchant à l’essence. C’est aussi une posture et des gestes qui expriment une tension collective et un expire collectif du souffle.

L’acclamation est donc un cri, un souffle touchant à l’essence. C’est célébration mise en scène par une posture, une gestuelle en regard d’un centre ontologique unificateur du clan.

Mais auparavant il faut étudier le schéma régulateur de la communication du maçon en loge. Le rituel maçonnique organise un écrin contextuel et co-textuel pour porter l’essence de l’acclamation.

a/ Le schéma régulateur co-texte et contexte

La ritualisation gestuelle va réguler le niveau de langage en faisant sortir les excès langagiers et les postures inadéquates. L’objectif serait d’obtenir un haut niveau d’expression et une régulation des comportements. L’acclamation dite écossaise va favoriser une mise en état particulière de l’émetteur et du récepteur qui est le franc-maçon en loge. Nous noterons que cette mise en état particulière se retrouve chez le franc-maçon dans sa vie profane comme un acquit. Cette « mise en l’état » débouche dans une attitude de « grande écoute ». Il s’agit d’une posture langagière d’écoute et de synthèse qui sera propice à l’art du compromis et à la structuration symbolique de la pensée. C’est une méthode de communication langagière qui permet d’extraire l’essence du langage par la médiation de la représentation symbolique associant le verbe, la posture et le geste. Pour arriver à créer une unité de représentation mentale dans le groupe, il faut évacuer une partie de l’affect qui pourrait faire échec à l’accès au centre-origine. Il faut purifier nos facultés cognitives.

La communication langagière verbale, pseudo verbale et non verbale[1] du franc maçon est la suivante :

  • l’affect va se retrouver régulé par le contexte symbolique de la loge (1) considérée comme non-lieu et non-temps profane et modèle d’harmonie et d’ordre.
  • Les représentations mentales individuelles et communes qui y sont associées (2) sont significatives d’une reliance à un « plus haut ». La sémiotisation spécifique « in situe »(3) va engendrer deux modes expressifs :
    • a/ l’élaboration d’un discours verbal de type symbolique (4) établissant un pont entre le sens et l’essence
    • b/ doublé et renforcé d’une posture et d’une gestuelle régulatrice de l’affect (5) telle que : la mise à l’ordre, le salut, les salutations, le protocole de prise de parole, utilisation de formules rituelles, invocations, prières... Ce sous ensemble constituant un co-texte solidaire de la gestuelle, etc..

La posture et la gestuelle du langage non verbal vont agir sur la modulation verbale et la cognition : par la mise à l’ordre[2] préalable à l’acclamation, la gorge sera tenue et cadrée. Ce langage parallèle induit une régulation affective et impacte la représentation mentale. On serait tenté de dire que la geste maçonnique et le rituel, conditionnent l’affect et le registre de l’imagerie mentale.

L’énoncé du discours, l’intervention verbale du franc-maçon ainsi contextualisées et régulées vont influencer le domaine dans lequel s’exerceront ses capacités cognitives en faisant remonter le discours dans le registre du symbole et de l’essence. La régulation du discours, son énonciation, est induite par le contexte de la loge et le co-texte du rituel, de la gestuelle et de la demande de prise de parole. Le redoublement co-textuel et contextuel du sens permettra de cheminer vers l’essence.

Enfin le locuteur aura pour allocutaire non pas les Frères et Sœurs sur les colonnes, mais le Vénérable Maître littéralement « installé » dans la chaire de Salomon, au Debhir en surélévation du Hékal. Le contexte de l’énoncé est alors « orienté » vers la lumière qui se veut éclairante, et suivra un cheminement ascensionnel, comme indiqué par le geste du salut[3] vers l’axe associé à l’acclamation écossaise.

Le schéma régulateur trouve dans le cri triple associé à la posture de l’acclamation son fondement et son alignement axial[4] dans les trois niveaux : l’individuel, le groupe humain et la loge image du temple. La loge image du temple, reste donc le cadre structurant du schéma, lui-même soumis à la naissance de la lumière et donc du langage.

b/ Le cri de l’origine – retour au Centre.

La loge en ses qualités de « maison accueillant la lumière » ou lieu d’émergence de la « conscience éclairée » ou « temple des origines » va réguler les capacités cognitives en les développant au-delà du sens commun et induire une représentation mentale associée à l’essence. Pour détruire cet aspect induit du cadre directeur il faudrait détruire la symbolique de la loge antichambre du temple, en la réduisant dans un aspect secondaire quasi profane, lieu de rencontre où sévirait un simple entre soi.

Le cri qui mobilise les profondeurs du corps exprimerait tout simplement notre reliance consciente au centre du dispositif de la loge et au lieu « mythique et symbolique » d’où vient la lumière. L’acclamation est collective, rythmée et orientée.

L’objet de l’acclamation serait donc la lumière qui entre et s’installe dans la loge et dans nos corps, l’acclamation est donc situationnelle. Elle situe le maçon sur la périphérie du centre ou l’identifie aux postes et charges occupées, en regard d’un centre. Le son du cri fait le chemin en sens inverse de la Lumière rayonnante. Il remonte de la périphérie ou des colonnes vers la source du Verbe qui est aussi la source de la Lumière. À cet endroit il se « concentre » pour nous revenir plus fort et plus puissant tel un écho.

Cet aller-retour centrifuge et centripète, cet expire et cet inspire, établiraient une respiration symbolique entre le centre et la périphérie. L’unité du tout qui en résulte, ne fait qu’exprimer l’origine de la manifestation, le principe créateur de toutes choses s’il en existe et dans une mesure plus restreinte l’origine de la parole. Il y aurait donc un cheminement symbolique et métaphysique identique entre la lumière qui s’impose au milieu des ténèbres pour éclairer la conscience et le verbe créateur.

La Lumière source à pour périphérie la conscience éclairée de l’homme, le Verbe source aurait à sa périphérie la parole humaine reliée par le souffle. L’acclamation exprime et met en scène cette reliance originaire.

Cette Acclamation par trois fois est un ternaire collectif qui se retrouve dans les trois grades et les apprentis, voués au silence, y participent pour signifier leur appartenance au groupe. L’appartenance serait aussi corroborée une sémiotique non verbale : par la posture la manière de se vêtir considérée comme des marqueurs d’appartenance[5] et comme des marqueurs de relation[6], la gestuelle, etc, le tout renforcé et tous les codes de la communication langagière spécifique à la franc-maçonnerie.

L’acclamation est donc une communication quasi langagière : de mon point de vue, c’est moins un mot signifiant qui est porté collectivement, mais plutôt un paralangage. Ce paralangage s’associerait à une posture physique et une gestuelle précise interactive dans le ternaire suivant: le franc-maçon, le groupe et la loge qui est le lieu de l’exercice. Ce ternaire, cette interaction triangulaire, encadrerait la tenue et traverserait les individus en situation qui se retrouvent ainsi reliés. Ce ternaire traversant et rayonnant se retrouve dans l’ouverture comme dans la fermeture, et se répète à l’envi dans un rituel qui se fonde à chaque instant sur la symbolique du nombre trois. Ce serait symboliquement la lumière ou l’élan vital qui pénètre les trois niveaux de l’être par leurs centres : le corps en son nombril, l’âme par la cavité cardiaque et l’esprit par la cavité crânienne. C’est aussi l’effet recherché du mantra ou du dihkr que d’atteindre une forme d’illumination intérieure par un état de vide suivit d’un remplissage lumineux.

 

Nous savons en franc-maçonnerie qu’avant de prononcer un mot il faut apprendre à l’épeler. C’est le stade de l’apprentissage des mots sacrés. Que se passe-t-il avant l’étape de l’épellation ?

N’y a-t-il pas quelque chose qui précède la parole humaine et qui soit fondateur de l’humanité ?

Le cri de naissance est d’abord un souffle.

c/ Le souffle originaire devient cri :

Avant l’étape de la lettre formée, nommée, prononcée et tracée, il y a le souffle qui sort de l’intérieur de soi pour former un son, un phonème. Je proposerai de partir de ce souffle venu de l’intérieur de soi qui est mis en partage au sein de la tribu rassemblée autour du foyer central. Il ne faut pas seulement partir du sens du mot qui a pu être déformé au cours des âges. Notons que sans ce souffle venu de l’intérieur il n’y aurait ni lettre prononcée[7], ni syllabe, ni mot.

Nous pouvons dire que c’est par ce souffle intérieur que nous animons le langage et ce serait par ce souffle premier, animateur, que nous serions en capacité de nommer les choses et les êtres.

Est-ce un hasard si ce souffle venu de l’intérieur nous permet symboliquement d’évoquer le divin. C’est un juste retour aux origines : le Nom du Divin, comme la Parole des origines, sont symboliquement liées au souffle premier sur la face des eaux (« Le souffle d'Elohîms planait sur les faces des eaux. »(Genèse 1.2 ~ Traduction André Chouraqui). On pense aussi au souffle insufflé dans l’homme premier fait de terre et d’eau[8]. En loge le souffle s’inscrit dans un aller-retour triangulaire entre soi, les autres et le centre originel protégé par le temple.

Fut-il humain ou divin, pris dans son sens fluidique ou dans son essence « ontologique » le souffle[9] est symboliquement l’âme qui donne vie.

Tentons, dans la mesure du possible, de remonter à la source du souffle qui donne la vie et le sens.

2 / Du sens à l’essence :

Vouloir révéler une essence à pseudo-mot « houzza » résulterait moins de l’étymologie que de tenter de constater la mise en commun d’un souffle dans un but ontologique. Cet objectif reste difficile à démontrer. Il nous suffit de constater la manière d’exécuter le rituel de l’acclamation et de le vivre de l’intérieur pour être sensibilisé son essence. L’essence se définirait par ce qui constitue l’acclamation le cri-souffle originaire. L’essence d’un mot ou d’une onomatopée s’oppose au tropisme des sens multiples voir opposés. L’essence n’est pas soumise à la contingence, elle s’affirme comme une évidence.

Dans « De l’interprétation », Aristote construit sur le couple onoma, rhéma, « nom, verbe » le constitutif du logos. Les traductions et les commentaires médiévaux, en latin, introduisent la dictio « le mot » comme terme générique regroupant nomen et verbum. Lavoisier accordait aux mots savants une capacité heuristique. Rien qu’à les entendre ou le lire, nous sommes invités à tirer d’eux leurs propriétés, d’où la célèbre formule « celui qui connaît le mot connaît la chose, car ils sont tous nés des origines du logos »[10] et donc du verbe. Nous y répondons ainsi : « Qui connaît l’acclamation pour l’avoir vécue connaît aussi son essence ».

a/ La force du Houzza

Les mots auraient une âme constituant le sens caché et une essence. La découverte du sens caché et de l’essence du mot est l’un des objets de la recherche maçonnique.

Pour comprendre la remontée « essentielle » du symbolisme initiatique, nous prendrons un exemple facile basé sur la kabbale hébraïque : Abram devient Abraham à la suite d’une rencontre avec le divin provocant la naissance d’une vocation. Le divin lui confie une mission. Le H devient la marque de cette rencontre et de son changement d’état. D’homme il devient Prophète il accède à un niveau supérieur de perception du réel, il connaît l’essence des choses et de la vie. Le « Hé » hébraïque est la lettre du souffle de vie[11]. « C’est le mode de communication entre les différents niveaux de l’âme, regroupant les cinq principes (Hé a une valeur de 5) : Nefesh, Roua’h, Neshamah, H’ayah, Yeh’idah.. »

Pour mieux comprendre le passage du sens à l’essence il faut revenir à l’épisode relaté dans la Génèse 14/18 : « Melchisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin: il était sacrificateur du Dieu Très-Haut. 19Il bénit Abram, et dit: Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre!…et Abram lui donna la dîme de tout ». Il y a ici une gestuelle de transmission entre le Prêtre Roi ou Roi Sage[12] de Salem (qui est la ville de paix autrement dit le centre immobile et éternel)) et Abram, Melchisédech qui n’a ni père ni mère ( autrement dit, il est dans l'axe originel), qui est de tous les temps, est porteur d’une conscience spirituelle universelle la plus avancée. Cette geste se rapporte à l’essence et se traduit dans la transformation du nom du bénéficiaire.

Ce qu’illustre le pain et le vin dans cet épisode biblique, c’est la « transformation » du sens en essence. En apportant le pain et le vin à Abram, Melchisédech lui fait connaître non pas la nourriture substantielle, mais la nourriture essentielle. Le vin est à considérer ici comme l’essence de la vie, la part intérieure de l’être, l’esprit en soi. Cette approche « essentielle » sera reprise dans la Cène que reproduisent intentionnellement certains grades chevaleresques.

L’aboutissement de cette approche essentielle sera illustré par le rajout du Hé au nom d’Abram et Saraï : avant l’acceptation totale de leur vocation d’être le père et la mère d’une nouvelle nation et fondateurs du monothéisme, ils avaient un nom. Le premier s’appelait Abram et la seconde Saraï. Élohim leur donne un autre nom, à Abram il ajoute un après le Rech et à Saraï il supprime le Yod pour lui substituer un autre .[13]

Les deux personnages clés de la Bible, une fois leur « conversion » opérée, se voient pourvus d’un Hé qui marque la présence du souffle divin du Tétragramme dans leur nom.

S’agissant de la lumière-esprit en l’homme nous pourrions tenter le même raisonnement avec la lettre latine X pour ChristChrist »), celui-ci issu de la lettre grecque Χ, l’initiale du grec ancien Χριστός, Christós (« Christ »). La lettre signe devient le mot qui lui-même devient symbole et touche directement à son essence. On retrouvera ce X dans la croix de Saint-André. Avec ce X il est question de recevoir l’esprit en soi, d’en avoir la vocation ou la perception. Jésus devient Christ.

L’essence du souffle, de la lumière ou de l’esprit, est liée chez l'homme à la vocation qui se démontre par des actes positifs qui vont jusqu’au sacrifice. Pour définir l’essence d’un mot ou d’une expression à caractère spirituel, il faut donc tenir compte du texte, de la geste et du rituel qui ont pour fonction d’établir une reliance par des niveaux de langages supérieurs[14].

L’acclamation reprendrait une geste de transmission désignant le centre à partir de la périphérie et réactivant par la voix et le geste l’écho du centre créateur, c'est du moins une hypothèse à évaluer.

b / La remontée maçonnique, du sens à l’essence du souffle

Ainsi nous remontons l’arbre maçonnique qui va d’un pseudo mot au sens puis à l’essence. Nous avons vu que la loge est le lieu hors du temps et de l’espace profane, où se recrée à chaque tenue le monde. Plus précisément c’est le lieu où l’on célèbre l’arrivée de la lumière ordonnatrice au milieu des ténèbres. Ce serait donc le lieu de la conscience première de l’humanité, soit une vision en essence qui précède les sens multiples qui en découleront. L’essence précède le sens comme la lumière éclaire le monde. Pour l’homme, l’essence procède d’une vision illuminative[15] , qualifiée d’éblouissante ou de splendeur[16], « que le regard ne peut soutenir ». Celle-ci est sans description possible, le sens quant à lui découle d’une représentation mentale qui transpose en soi « le visible ». Le visible qui fait sens est décrypté en l’homme, qu'en est-il de l'essence? Le passage du sens à l’essence dépendrait du niveau de perception.

Le souffle tel que défini précédemment (le H du Hé dans houzza) se retrouverait avec plusieurs approches. Les plus communes font du souffle un élément naturel comme l’air circulant qui favorise les combinaisons des autres éléments: l’eau, la terre et le feu. Les quatre éléments et leurs associations multiples sont la base constitutive d’une combinatoire de langage symbolique « élémentaire » impliquant les 5 sens.

Le souffle possèderait une définition plus avancée dans la combinatoire « élémentaire », dans l’idée d’une puissance animatrice de la vie. Le souffle nous l’avons dit, serait suivant la tradition,  à l’origine du monde et de la vie. D’un point de vue traditionnel, il s’associe au Principe. Le sens commun du souffle serait la vie qui est l’animation des combinaisons élémentaires formelles, donc l’essence du souffle serait la dimension ontologique de la création et de la vie.

Le souffle joue un grand rôle dans les rituels chamaniques et dans tous les systèmes initiatiques. On reprend le sens et l’essence du souffle dans l’épreuve élémentaire de l’air. Les "éléments" dans le rituel d'initiation sont réappropriés et réordonnancés au niveau de leur sens originel qui est le cadre essentiel. On reprend aussi l'élément air dans une version plus évoluée celle de la transmission du souffle de celui qui donne à celui qui reçoit (dernier souffle de l’architecte, connaissance transmise au Maître par l’essence du souffle, parole perdue et retrouvée ou réinventée non à partir du sens ordinaire du mot, mais de son essence fondatrice, etc…).

Nous définirions l’essence comme quelque chose de caché qu’il s’agit de découvrir au-delà du sens banal. Cette essence serait le produit d'une distillation, d’une rectification, d’une purification des substances étrangères. La franc-maçonnerie dans sa communication langagière, non verbale, au-delà de la phase symbolique, installerait une sémiotique de l’essence. Rappelons qu’au plan symbolique et métaphysique, c'est l’essence qui fait lien entre le sens et le Principe Universel.

3 / Essence du souffle et la célébration du centre ontologique en partage.

Avant qu’elle ne se transforme en expression latine d’un « vivat » ou en frontispice républicain, l’acclamation fut à l’origine l’équivalent d’un cri de ralliement d’un clan, la marque identitaire de ceux qui ont un point de convergence en commun et qui s’expriment dans un accent commun et puissant, dans des couleurs et des tracés communs (tartan, tatouages, totems, couleurs, tableau de loge et décorum armoirié, étendard …). C'est une hypothèse qui mérite d'être étudiée.

Le clan s’entend naturellement dans l’esprit écossais et nous renvoie aux structures primitives des groupes d’hommes revendiquant une identité collective « formés » en cercles réunis autour d’un foyer commun. En loge chaque membre prête serment le bras droit tendu vers la Bible ouverte à l’évangile selon saint Jean. C’est l’Évangile de la lumière et du verbe premier, soit le souffle premier, la source. C’est à nouveau ce bras droit qui sera tendu lors de l’acclamation vers le centre de la loge indiquant la source première sur un plan donné, celui du Hékal. L’Évangile de la lumière selon saint Jean et le centre du Hékal se superposent en un centre commun.

a / L’identité collective est une appartenance qui s’exprime en sens et en essences.

Les Stuarts en exil devaient affirmer leur identité et leur revendication. Le sentiment d’appartenance ne se raffermit que pour ceux qui entretiennent la mémoire du centre et du retour. (Au plan symbolique et dans une certaine proportion, l’exil des Stuarts est à rapprocher de l’exil des Hébreux à Babylone. On retrouve ici un emprunt,un mimétisme historique assez courant dans la royauté soucieuse de légitimité pseudo-historique). L’acclamation serait une mémoire vivante, voire nostalgique du centre originel[17], une raison d’être qui pourrait devenir nostalgique.

Par mimétisme pseudo historique, l’acclamation écossaise est la mise en application du psaume 137 qui allie le geste (le bras droit) la parole (la langue) et surtout la mémoire (face à l’oubli) d’un centre spirituel : Jérusalem.

Ce désir de réintégrer le centre s’exprime en langages essentiels, mais aussi en images et intentions telle la reconquête du trône « royal » des 4 royaumes (Écosse, Angleterre, Irlande, et France[18]) par Jacques II Stuart et ses successeurs.

L’identité clanique « verbale » est le propre des Scots ou des Pictes et de toute tribu, car le sens donné au mot leur est commun et inconnu des étrangers qui en ignorent la prononciation et l’accent spécifique[19] . Le tuilage est alors de mise pour démontrer son appartenance, ledit tuilage se fait dans la prononciation spécifique au clan et par la main droite dans la bonne compréhension du psaume 137. Le bon geste et la bonne prononciation sont des codes d’appartenance.

b / Le langage en essence serait l’approche ultime du langage initiatique

L’expression des mots sacrés de grades, des mots de passe ont leur sens et leur essence.

La preuve que les mots sacrés de la franc-maçonnerie seraient « essence » et non pas uniquement sens, c’est qu’ils ont tous un rapport direct ou indirect avec les différents noms du divin ou le divin en général via la Bible. Aucun récit ou légende de grade traditionnelle n’y fait exception. La franc-maçonnerie exprimerait un cheminement par étape vers la lumière. C'est un chemin de spiritualité: chaque étape est une progression dans la verbalisation de la lumière en essence.

Dans l’échelle prométhéenne et hermétique, il s’agira d’une ascension vers la lumière. Notons que le mot se double d’un signe, d’un geste, d’une attitude qui « porte » vers l’essence.

Le domaine initiatique porte et transmet l’idée du souffle. Le mot aurait une essence qui est trop souvent oubliée. Le mot n’est-il pas en premier un souffle ?

Alors la chose représentée dans l’acclamation est tout simplement le clan auquel on appartient, et l’essence du mot se rapporte à l’histoire même de la reliance du clan à un centre mythique. Au REP cette reliance se fait par le mont Hérédom.

c / Le vécu « essentiel »

Le souffle devient mot signifiant avec un signifié classique intervenant par le langage non verbal (gestuelle, posture) et qui intègre physiquement le mot-souffle « en-soi » le rendant opérant.

Le maçon fait l’expérience de l’essence, il est alors le mot, il l’incarne et par ce simple fait va perdre son sens extérieur multiple.  Le mot « acclamé » deviendrait l’essence de l’homme, c’est-à-dire son sens intérieur et secret. Houzza(i) collectif est aussi l’essence de l’homme en relation avec le centre exprimant l’origine unique et commune.

Le couple « signifié-concept et signifiant-image acoustique » implique une intériorisation qui va construire la formation d’un égrégore sur un plan horizontal. L’acclamation a donc un effet par le sens sur le plan, c'est-à-dire dans l’expérience commune et le sentiment d’appartenance, mais le sens s’arrête à ce sentiment. Dans cette hypothèse, le relais est pris par l’essence une fois conçue en chaque maçon la notion d’axe et de centre. Le centre n’a pas un sens comme simple point géométrique, il est symboliquement essence de toute chose et tout être. C’est donc sur ce point central que le sens s’efface au profit de l’essence.

Dans l’acclamation, il y aurait littéralement une transposition du souffle, du geste et de la posture vers le centre qui est l’« essence » du cercle. C’est le trajet de la prononciation « extérieure » la plus haute à la représentation « intérieure » la plus puissante qui nous permet d’appréhender l’essence. C’est littéralement une incorporation de l’essence collective qui passe par l’audition du mot clanique. Or il se trouve que le centre est par nature invisible et sans dimension, il faut donc lui donner une apparence extérieure qui soit un point de ralliement ! C’est ici l’utilité de la geste acclamative collective. Pas de centre sans loge ni maçons.

Conclusion :

Toute la démarche initiatique tendrait vers le principe d’unité qui est à la fois la source et la fin de toutes choses.

L’acclamation tendrait vers ce même centre « essentiel ». Le franc-maçon se référera à l’étoile qu’il suivra comme le signe « apparent » de cette origine et fin. L’étoile restera inatteignable, mais autorise par son rayonnement le monde des formes géométriques : cercle, triangle, carré, utilisées pour la construction du temple en carré long. Ce carré long constitue l’archétype de la réalisation de l’homme dans son rapport au divin. La construction du temple concrétise une spiritualité descendante autour d’un centre lumineux.

De cette origine « vitale » célébrée par l’acclamation, ce serait toute la chaîne de la tradition primordiale et sa transmission qui trouverait sa raison d’être. Le rituel initiatique ne fait qu’illustrer par diverses étapes, cette concentration des sens verbaux et non verbaux en essence. Ainsi les sens dérivés de l’acclamation s’originent, selon cette hypothèse, dans l’innommable et l’indéfinissable en passant par l’étape de l’élan vital. Ce qui se dégage, c’est ce désir de reliance ontologique. L’acclamation ne serait alors que la remémoration d’un ordonnancement originel, l’aboutissement de « ordo ab chaos », un paradis perdu... la question reste posée.

Le pseudo mot ainsi prononcé dans le souffle du groupe en communion (égrégore) est « magie-image » en partage, car agissant sur la perception commune. (Image commune intériorisée et partagée passe parfois par une magie invocatoire ou évocatoire en groupe. Tout ceci n'est qu'affaire de représentation mentale "collective").

Cette approche mentalement « imagée » et physiquement « mimée » vaudrait plus particulièrement dans deux cas, celui de l’acclamation écossaise et celui de la parole perdue du « maître ». Il y a un parallèle à faire entre l’essence immortelle du mot qui est transmis dans le dernier souffle d’Hiram et la renaissance en esprit ou l’idée de résurrection en esprit. Ce chemin de l’esprit serait aussi celui de l’essence. L’essence du souffle vital, fût-il clanique, outrepasserait l’allégorie ou le symbole lié au mot.

Dans ces deux cas nous aurions l’élaboration d’une « tradition » du « souffle vécu », avec une transmission par une chaîne verticale de celui qui meurt (dernier souffle) à celui qui recompose le mot, le revivifie, voir le réinvente (nouveau souffle) tout en conservant malgré tout son essence non verbale (parole perdue et retrouvée suivant les rituels). À cette transmission par la griffe post mortem (chaînage vertical descendant dans le foyer central du clan) suit la transmission entre vifs dans une chaîne d’union circulaire et concentrique, de bouche à oreille (chaînage horizontal d’appartenance clanique) : c’est le plan ou sévit le sens. Le vivant clanique se retrouve dans le chaînage de l’immémorial. La verticalité « essentielle » de l’axe terre-ciel et l’horizontalité intelligible du plan s’unissent en un point central : c’est ici que se dessinerait la structure « essentielle » de la loge, la structure absolue.

D'un certain point de vue, l’acclamation dite « écossaise » révèle cette structure absolue en même temps qu’elle illustre le passage du sens à l’essence.

Er.°.Rom.°.

(Nous remercions pour leur fidélité, les 182 310 lecteurs du blog ecossaisdesaintjean.org de l'année 2016)

 

 

 

[1] Nous adaptons à la franc-maçonnerie et à la communication en loge, les travaux de J. Cosnier et A.Brossard : « communication non verbale, co-texte ou contexte ? » in « La communication non verbale » chez Delachaux et Niestlé-Paris 1984. Page 26.

[2] La mise à l’ordre implique que le franc-maçon soit silencieux, immobile et aligné en regard de l’axe terre ciel qu’il incarne en sa qualité de médiateur.

[3] Ce geste se fait après les trois répétitions d’un claquement de main équivalant à un triple bravo en rythme, suivi du bras droit tendu en direction du centre de la loge puis enfin le Houzza(é) répété haut et fort a l’unisson par trois fois.

[4] Il ne s’agirait pas d’une synchronicité au sens linguistique, mais bien d’une diachornicité qui plutôt que de rechercher la pseudo-étymologie du « houzza » préfère définir le sens à partir de l’essence dans le contexte et le co-texte de la loge. On procède à l’ envers, par une ascension qui décolle du centre de l’homme et de l’éthique pour s’installer dans la métaphysique. Cette ascension dans l’axe nous permet de contextualiser la descente de l’essence dans le sens et donc de comprendre la structuration de la loge, mais aussi le passage du Verbe créateur à la Parole. La structure de la loge est bâtie autour d’un centre commun qui se superpose au groupe et au centre de chaque maçon. La superposition des centres est alors diachronique, permettant la remontée d’une communication langagière et non verbale vers l’essence même du langage. L’essence s’incarne dans le maçon qui prononce et mime le triple « Houzza(é) » scandé dans les trois niveaux de la descente ou de la remontée en imitation de l’arrivée de la parole au milieu des hommes.

[5] Les marqueurs d’appartenances sont ici la tenue portée par les francs-maçons et leurs positionnements sur les colonnes.

[6] Les marqueurs de situation seaient ici les grades signifiés par les couleurs des tabliers et par les fonctions représentées par les postes occupés et les insignes portés

[7] C’est la raison pour laquelle le maçon ne sait ni lire ni écrire, il ne sait qu’épeler.

[8] " Rouah Elohim " ... le souffle de Dieu. La Bible de Jérusalem utilise le terme de " vent " pour traduire " rouah ".Mais il est plus courant de lire " l'Esprit de Dieu " (traductions Segond, Sefarim, T.O.B. ou version du Semeur). Le terme grec " pneuma " utilisé dans la traduction des Septante désigne à la fois le souffle et l'esprit. N'est-ce pas ce souffle de Dieu qui va susciter la vie ? ... ce " souffle de vie " que Dieu décide ensuite d'anéantir en Genèse 6.17 : « Je vais faire venir le déluge d’eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle (rouah) de vie sous le ciel. » (Traduction Segond)Puis Dieu se ravise : « Ils entrèrent dans l’arche auprès de Noé, deux à deux, de toute chair ayant souffle (rouah) de vie. » (Genèse 7.15) Sur le souffle dans l’homme : Genèse 2-7 « L'Eternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant. » dans le sens démiurgique, le poète Hésiode dans sa théogonie nous révèle que la mission confiée à Prométhée était de donner un souffle de vie à chaque créature, celle de son frère de les armer (griffes, défenses, crocs…)

 

[9] Nous retrouvons la notion de souffle dans les grades capitulaires du REP

[10] http://www.accordphilo.com/article-les-sens-du-mot-l-essence-du-mot-100434996.html

[11] Les premiers pictogrammes représentant le , figuraient un homme en prière, les bras levés vers le ciel en signe d'adoration ou de joie. On peut donc supposer que le rôle profond du , soit d'exprimer un cri de joie rituel, poussé vers tout ce qui dépasse et terrifie les créatures. Ceci expliquerait que le en tant que cri spontané, n'ait pas d'étymologie précise (voir : http://www.alephbeth.net).

[12] Melki veut dire Roi, sedek Sage.

[13] Dans ce sens lire http://www.alephbeth.net qui est notre référence pour ce passage.

[14] Voir notre étude sur « l’extension du domaine du réel »

[15] La vision illuminative pourrait se rapporter à la conscience éclairée originelle, le sens est alors une dérivée contingente de l’essence. L’acclamation célèbrerait cette essence, prémices au langage et à la nomination des choses et des êtres.

[16] Voir dans ce sens les rituels suivant les rites, du Maître Parfait Écossais (Éditions du Maçon) et du Maître Secret, etc.

[17] Le célèbre psaume 137 n’évoque-t-il pas la nostalgie des exilés (qui sont des « excentrés ») pour leur patrie perdue et ainsi leur appartenance à un centre spirituel ? « Comment chanterions-nous l’hymne de l’Éternel en terre étrangère ? Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite me refuse son service, que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au-dessus de toutes mes joies ! », répondent les captifs à leurs geôliers babyloniens qui leur demandent de jouer sur leurs harpes des chants d’Israël. La paralysie de la langue et du bras droit signifiant la perte de la raison d’être, de la parole et de l’agir, soit une perte de « l’Orient ».

[18] « Jacques le Second par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, d'Écosse, de France et d'Irlande, défenseur de la Foi ». Tels sont ses titres, sachant que depuis Charles III les souverains Anglais revendiquent le trône de France. Celle-ci resta symbolique. Du reste on notera que cette revendication est plus mythique comme la légende des 4 royaumes irlandais dont le cinquième n’existait que par période. Ce cinquième royaume tiré de la légende était au centre des centres, le milieu rayonnant des quatre autres. Les souverains Écossais devaient se faire couronner sur la pierre de Scone dont la légende dit qu’elle venait d’Irlande.

[19] Voir sur la prononciation le mot schibboleth dans le Livre des Juges 12:4-6. Les Giléadites utilisent ce terme pour distinguer leurs ennemis Éphraïmites parmi les fuyards. Les Éphraïmites se trompant sur la façon de prononcer la lettre sin’, ils trahissaient leur non-appartenance au clan.

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