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31 août 2024 6 31 /08 /août /2024 18:51

 D :  Les 8 composantes du symbole initiatique en loge.

« Le symbole à interpréter est un fruit « formé et porté » au murissement par la branche d’un arbre planté dans un jardin « cultivé », ayant des racines qui puisent dans un terreau riche « d’archétypes ».

 Nous allons détailler cette image porteuse de la production symbolique en fonction d’un milieu donné. Il convient cependant de replacer ici la triangulation saussurienne dans la cadre étudié. L’association « référent - signifiant – signifié » s’exerce dans un cadre connoté, ici celui d’une loge maçonnique. Ils constituent les 3 premières composantes sémiotiques du symbole initiatique impliquant une représentation mentale.

Les 5 suivants font un rappel à ce qui génère et contextualise la pensée symbolique, maçonnique en particulier.

1/ Le référent est l’objet réel ou l’idée à laquelle le symbole renvoie. Il s’agit de l’entité concrète ou abstraite que le symbole désigne (ex. : la pierre brute).

2 / Le signifiant est sensoriel, c’est la forme matérielle du symbole, c’est-à-dire la manière dont le symbole est perçu par les sens (notion d’apparence, phonème, dessin, mot). Il peut s’agir d’une image, d’un son, d’un mot écrit ou parlé, etc. (ex. : le dessin de la pierre brute aux contours irréguliers sur le tableau de loge ou en loge)

3 / Le signifié est le ou les concepts mentaux associés au symbole (suivant la mentalité du récepteur). Il s’agit de la représentation mentale que le symbole évoque chez l’individu. Le signifié peut-être polysémique s’il n’est pas dans un milieu contraint et intentionnel. (ex : la pierre brute image de soi pour les francs-maçons, ou le mot pierre brute)

Pour prendre toute sa valeur en matière initiatique, un symbole doit être contextualisé. Le symbole en soi se retrouve bipolarisé entre sa valeur absolue emprunt de toutes les polysémies et sa valeur orientée fonction du contexte et du lieu.

Participent à cette bipolarité et au contexte en général : Nous avons une geste représentative (4) /Cadrée par le contexte (5) / Le lieu (6) d’expression et son milieu /L’intention rituélique (7) /La sous-jacence archétypale dominante (8).  Soit 8 critères en tout en comptabilisant le ternaire saussurien.

4 / LA GESTE REPRÉSENTATIVE c’est la représentation sensori-moteur qui accompagne la production symbolique. C’est « l’incorporation » du schème archétypal qui soutient la production du signifié. L’incorporation se traduit par un verbe de mouvement ou une geste imitative de celui-ci. Cette geste peut être mimée en loge ou représentée mentalement. Si elle est mimée en loge, elle est l’orthopraxie d’une orthodoxie, c’est-à-dire l’expression physique incorporant la doxa c’est-à-dire le rituel, portant l’archétype. De fait l’orthopraxie fait apparaitre un schème de mouvement ou d’action inséré et né dans l’archétype.

On peut comparer la geste représentative de l’archétype comme la branche de l’arbre portant le fruit symbolique.

5 / LE CONTEXTE culturel et LE COTEXTE non verbal : dans quel cadre est produit le signifiant, élaboré le signifié et l’image mentale. Le texte rituélique lui-même est associé au cadre.

On peut comparer le contexte à l’écorce de l’arbre.

6 / LE LIEU ET LE MILIEU : c’est l’endroit concret et sacré de production des signes, images et symboles et le rôle joué par sa centralité du lieu, ici la Loge et son centre. Le choix d’un lieu centré n’est jamais neutre.

On peut comparer le lieu ou « milieu » au cœur de l’arbre.

7 / L’INTENTIONNALITÉ issue des archétypes est individuelle et collective. Elle se caractérise par une promesse à soi, une espérance en matière initiatique. 

Elle trouve sa source dans les archétypes qui irradient tous les mécanismes de représentations symboliques. L’intentionnalité indique la direction que l’on veut atteindre. Elle permet de donner le sens généralement accepté par le groupe ou la tribu, aux signes, symboles ou images, et facilite l’interprétation d’un rituel. L’intentionnalité suit le sens sensori-moteur de progression qui se traduit en loge par l’orientation de la marche vers ou en regard de la Lumière.

L’intentionnalité se nourrit des archétypes, et va impacter le symbole et sa représentation mentale individuelle et collective. Comment se traduit l’intentionnalité dans le symbole ?

 Par la promesse qui est un engagement à réalisation future qui s’associe au schème directionnel.  L’objet de la promesse n’est visible qu’au moment de la réunion des deux parties de la tesselle, la partie visible du symbole et la partie invisible.

On peut comparer l’intention au tronc de l’arbre qui s’engage et croît vers la Lumière ou pour le promettant, la promesse d’une Lumière « illuminatrice ». La promesse est faite à lui-même ce qui est la caractéristique de la promesse initiatique : établir une base de progression temporelle personnelle et à l’issue du parcours chacun constate sa propre évolution. Il y a donc une partie de l’individu qui demeure dans l’état premier et une seconde partie qui voyage mentalement vers la réalisation, vers le passage du moi au soi.

Cependant la promesse à soi est faite dans le cadre redondant de la loge et sous le regard des FF et SS qui surabondent le mouvement et le légitime. Dans ce cadre légitimant, le soi est découvert à partir du moi, ce qui explique que dans les mythes collectifs on dédouble souvent le héros « symbolum » en masculin-féminin (Passif statique/ actif circulant) reliés par la même promesse-intention : ex. L’Homme passif et Prométhée actif (fil de la vie), Ariane « passive » et Thésée actif (fil d’Ariane), Pénélope « passive » et Ulysse actif (fil de trame) . Les deux bouts du fils sont les deux morceaux de tesselle du symbole qui réalise sa promesse dans le temps en se réunissant : ainsi le symbole est diachronique et cyclique, car dépassant la temporalité en se réalisant : Passé et futur se retrouvent dans le présent.

8 / Les ARCHÉTYPES sous-jacents : Les symboles signes et images sont alimentés par un contexte culturel apparent et relativisés en regard du lieu, mais reçoivent de l’inconscient collectif l’influence des archétypes. On dit que l’archétype est la source de l’intentionnalité. Les mythes sont à cet égard des réservoirs d’archétypes fabuleux qui conservent une puissante sous-jacence contemporaine.

On peut comparer les archétypes aux racines de l’arbre. Il faut se rappeler le vieil adage en droit romain lorsqu’il fallait déterminer à qui appartiennent les fruits d’un arbre planté à la limite non loin d’une clôture « les fruits pendent par leurs racines ». Suivant l’endroit où se développaient les racines, on déterminait qui pouvait cueillir les fruits.

Cette détermination du droit romain à relier le fruit à sa racine repose sur un bon sens imprégné d’une dimension archétypale faisant état d’une corrélation entre le bas et le haut. Le fruit-symbole se trouve en corrélation avec la racine archétypale et le germe initial.

On remarquera une relative symétrie entre les branches visibles et les racines invisibles confirmant s’il en était besoin la double dimension invisible et verticalisante du symbole initiatique.

La vocation d’un fruit mur tombé en terre et de reproduire la relation racine fruit par la germination. La germination deviendra le tronc intentionnel se développant hardiment vers la Lumière, reliant les racines aux branches et aux fruits. Le symbole nait de ce processus de maturation dans le temps qui fait que le fruit redevient la graine qu’il n’a jamais cessé d’être.

 

L’arbre aux symboles - Représentation contextuelle de la production du symbolisme maçonnique

Contexte maçonnique impactant l’interprétation symbolique – ou l’arbitraire du signifié :

Le contexte matériel – solennité – triple voie – Lumière – circulation de la parole

Le contexte culturel – apprentissage du langage, connaissance du monde symbolique- Imago Mundi du Tableau de Loge. Gestalt.

Le contexte du groupe - surabondant et confirmant l’intention archétypale.

Le contexte du lieu – séparé du profane, à l’abri des regards profanes. Rayonnement lumineux de l’Orient.

Le contexte temporel - hors du temps (midi minuit ou immobilité du centre des centres).

Le cotexte ritualisé - geste expressive – Premier travail de l’apprenti, serment, évocation, invocation

L’ensemble du contexte est dirigé par une intention (tronc) nourrie par l’archétype.

 

 

Le lien entre les archétypes de la pensée et le signifié symbolique.
L'arbre aux symboles - Eric Romand "Les combinatoires symboliques en loge"

 

Suivront le mois prochain la seconde partie  consacrée à la plasticité du symbole, ses capacités agrégatives et sa polysémie graduelle (II) pour aboutir dans une troisième partie aux combinatoires symboliques dans la loge maçonnique tirées des Tableaux de loge (III).

ER      R:.L:. "La Lumière Ecossaise" à l'O:. d'Ollioules   www.glsrep.fr - 4eme Lundi.

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30 juillet 2024 2 30 /07 /juillet /2024 16:34

COMBINATOIRES SYMBOLIQUES EN LOGE

Suivant l’expression consacrée, on dit à l’apprenti récemment initié qu’ici en loge, tout est symbole !

Le problème réside dans la définition du symbole, car ce dernier projette, à partir d’une ressource connue ou réelle, une représentation mentale relevant de l’imaginaire ou de l’inconnaissable ! Mais ici nous sommes "en loge" et donc nous avons un cadre d’action et de réflexion qui va nous aider à définir le symbole en général et le symbolisme initiatique en particulier.

Étudier le symbolisme en loge, dans un lieu séparé du monde profane, c’est entrer dans l’étude d’un langage spécifique qui du fait de son cadre, diffère du langage commun.

Évidemment, si « ici tout est symbole », alors il s’agirait d’un langage symbolique qui porte à la fois sur des images, des objets, des signes, sur des gestes et des paroles prononcées ou des écrits. « Ici tout est symbole » suppose l’existence préalable d’une pensée symbolique individuelle et collective. Précisons cependant que cette expression devrait être reformulée de la manière suivante « ici tout est symboles[i], allégories et emblèmes, légendes et mythes ».

Définition de la pensée symbolique. Apprentissage de la représentation mentale par « l’outil symbole ».

Pour Mircea Eliade « la pensée symbolique précède le langage et la raison discursive » ou plus précisément: la pensée symbolique est un des préalables consubstantiels du langage. La pensée symbolique est la capacité de créer et de manipuler des symboles dans un but précis, et notamment la communication.

Un symbole est une entité matérielle telle qu’un objet ou immatérielle telle qu’un mot, ou une idée qui représente par convention une autre entité. Pour être précis, le processus sémiotique de symbolisation repose sur un référent objectif, un signifiant représentant l'objet (dessin - tracé) et un signifié (ce que veut nous dire le signifiant en une représentation mentale ou conceptuelle). Le signifié résulte d’un arbitraire que nous étudierons plus loin.

 Il y a donc un lien arbitraire et utile et pratique entre le symbole et ce qu’il représente mentalement chez l’individu et son groupe d’échange mimo-linguistique. Donc l’interprétation est culturellement déterminée et cadrée. Par exemple, la colombe, ou le rameau d’olivier, ou les deux associés sont un ou des symboles de la paix dans de nombreuses cultures, mais pas toutes. 

La pensée symbolique est une capacité fondamentale de l’être humain à dépasser le simple cadre matériel et apparent de l’objet symbolique. La pensée symbolique repose une manière d’utiliser le symbole comme un outil ou vecteur qui nous permet d’investir les 4 domaines qui marquent notre présence au monde :

  • Communiquer avec les autres de manière complexe et abstraite.
  • Raisonner sur des concepts qui ne sont pas directement observables,
  • Imaginer et créer.
  • Comprendre le monde qui nous entoure.

La pensée symbolique est développée dès le plus jeune âge autour de l’interface du « symbole – outil ». Les enfants commencent à utiliser des symboles dès qu’ils apprennent à parler. Ils utilisent des mots pour désigner des objets, des personnes et des événements qui ne sont pas présents devant eux. Ils utilisent également des gestes et des images pour communiquer leurs pensées et leurs sentiments.

La pensée symbolique continue à se développer tout au long de la vie. Au fur et à mesure que nous apprenons et que nous expérimentons, nous accumulons un vaste répertoire de symboles que nous pouvons utiliser pour comprendre et interpréter le monde. C'est en interprétant ce monde que le symbolisant découvre d'autres mondes, plus intérieurs ou plus éthérés. En effet, le symbole a pour effet de convoquer toutes les ressources et ressorts de l'imaginaire y compris les plus archétypaux. C’est ce vaste répertoire de symboles que nous tenterons d’étudier dans la cadre stricte de la loge maçonnique : Le « ICI » tout est symboles ! assigne notre recherche autour de « l’outil symbole » support signifiant d'un symbolisme initiatique et producteur signifiant d'une interprétation par la représentation mentale signifiée qui en découle. Nous retiendrons que le signifiant est à la fois vecteur et producteur et nous nous interrogerons sur l'origine de la puissance d'évocation du signifiant.

Nous tenterons dans un premier temps une approche autour du langage symbolique en général et en la loge en particulier, en reprenant les caractéristiques du symbole, ses sources archétypales et le contexte de production du symbole,  tout en rappelant la triangulation sémiotique "référent-signifiant-signifié" (I) ; dans un second temps nous aborderons la plasticité du symbole, ses capacités agrégatives et sa polysémie graduelle (II) pour aboutir dans une troisième partie aux combinatoires symboliques dans les décors de la loge et le tableau de loge (III).

 

[i] Le symbole fait à partir d’une figure qui est en elle-même source de choses ou d’idées. L’allégorie est l’inverse du symbole c’est à partir d’une idée, on produit une représentation concrète comme l’idée de Justice. L’emblème est l’objet rattaché à une représentation allégorique, une épopée, un mythe, une légende ou un conte  (balance, ou glaive de l’allégorie de Justice).

I / Rapport entre la pensée symbolique et le symbole en Loge

Le symbole est l’élément de base de la pensée symbolique. La pensée symbolique associée à l’objet symbolique évoque bien plus que son apparence matérielle.

A/ Généralités : La pensée symbolique est un processus complexe qui implique plusieurs étapes. Tout d’abord, il faut identifier un symbole qui représente l’entité que l’on veut désigner. Ensuite, il faut établir une convention culturelle qui lie le symbole à l’entité. Enfin, il faut utiliser le symbole pour communiquer avec les autres. Tout cela parait simple s’il n’était question d’inconscient.

- Intervention de l’inconscient archétypal dans la pensée symbolique : L’inconscient est une partie de l’esprit qui n’est pas directement accessible à la conscience.

L'inconscient est souvent associé à des idées et des émotions négatives telles que la peur, la colère et la tristesse, mais il est principalement sous-tendu par des archétypes de la pensée humaine qui par leurs tensions "souterraines" dirigent le sens à donner aux symboles.

Les archétypes de la pensée sont des modèles en creux ou des structures performantes qui résident dans l’inconscient individuel et collectif. Pour reprendre une image simple, l’archétype de la pensée est un porte-manteau ou un moule qui va donner à notre représentation mentale du réel une structure « constante », sous-jacente, habillée et de couleurs diverses suivant le contexte. Ce qui est visible est donc l'habit chatoyant,  mais pas le porte-manteau austère. Pour détecter et lire un archétype, on se fie aux signes qu'il laisse émerger des profondeurs de l'inconscient.

- Les schèmes archétypaux

L’expression symbolique qui découle des archétypes sous-jacents, est dotée de schèmes axiaux qui dynamisent la forme et la structure. Les schèmes archétypaux sont l’énergie « orientée » des archétypes. Ils se traduisent dans les rites et mises en scène par des verbes d’action et de mouvement associés à l’homme. Le schème dynamique trahit la présence d'un archétype et sa structure.

Les schèmes sont faits de mouvements directionnels, circumanbulatoires, d’émergences, d'immergences, de traversées, d'envols et de développements privilégiés. Le schème archétypal dicte la transformation, la transmutation ou la transposition. Au plan initiatique cela se traduit par un mouvement dicté par la dynamique de l’archétype (appelé ici schème) qui peut être suivant les cas, verticalisant, descendant, oblique, circulaire dextrogyre ou sénestrogyre, hélicoïdale, sensori-lumineux, sensori-chtonien, etc. Le schème archétypal va structurer l’archétype tout en le dénotant. Ex. quel est l’archétype structurel de la cathédrale ? Une croix tridimensionnelle. De la loge ? Une croix tridimensionnelle. D'une pierre cubique à pointe? Une croix tridimensionnelle. Les trois formes diffèrent, mais partagent le même archétype,  car ils partagent les mêmes schèmes : 6 schèmes directionnels avec trois axes et 6 directions (Orient, Occident, Septentrion, Midi, Nadir, Zenith), auxquels se raccordent un centre et les circulations dextro et sénestrogyres, hélicoïdales, centrifuges et centripètes, montantes et descendantes. Etc.

Aujourd'hui la pensée individuelle prend le dessus sur la pensée collective. L'initiation est certes une renaissance pour soi mais dans un cadre collectif qui conserve et partage un récit collectif ontologique et archétypal. La pensée symbolique de l’homme est donc racinaire, car conditionnée par 5 points oubliés d'origine collective: 1/ l'histoire réelle ou mythifiée à laquelle son groupe et lui-même s'identifient (récit ontologique tribal et différenciation des autres, création de l'homme, création du monde, conscience collective diachronique. Conséquence en loge: séparation des initiés et des profanes), 2/ ses ancrages territoriaux réels et rêvés (territoire des vivants et des morts, frontières, lieux sacrés, orient éternel), 3/ l’expérience d’un réel avec les traumas collectifs et individuels (épopées, blessures et cicatrices, passages + épreuves), 4/ la culture d’appartenance et ses récits fondateurs (légende de grade + mots de passe + mots sacrés + signes tuilages), et enfin 5/ l’inné de la charge, c’est-à-dire la lignée généalogique fonctionnelle et sociale, les habitus liés à la survie du groupe - la vocation de chacun à une place et un rôle dans la structure sociale, (présence obligatoire en loge+ devoir + offices + progression graduelle).

En résumé, tout symbole est interprété  sous l'influence d'une structure archétypale racinaire à finalité collective. La pensée symbolique telle que développée par les symboles présentés en loge, illustre cet aspect racinaire via les schèmes dynamisants mis en œuvre par tous.

- La pensée symbolique en loge :  Muthos intuitif et temple à bâtir

Trop souvent, on oppose le Muthos qui raconte une histoire immémoriale et qui s'appuie sur une chaîne de transmission, au Logos qui est régime discursif fondé sur le raisonnement rationnel et logique. C’est le muthos bien plus que le logos qui domine les interactions symboliques. La symbolique s’attache moins à la logique rationnelle qu’a l’impression intuitive faite de corrélation et correspondances. Tout symbole « initiatique » est un récit sur l’être et sa part lumineuse voir divine et en ce sens emprunte plus au muthos qu’au logos. L’expression "rassembler ce qui est épars" vient sceller définitivement la supériorité "évocatoire" du muthos maçonnique tout en installant "la mesure de toutes choses". Cette mesure de la raison provient du Logos ordonnateur du géomètre et de l'architecte. Nous pourrions résumer ce double exercice muthos-logos par l'expression: Le récit de l'homme et des mondes en loge s'organise sous l'effet du compas et de l'équerre de l'architecte du Temple.

Les schèmes archétypaux, non directement visibles, expliquent en partie que le raisonnement discursif fondé sur la relation de cause à effet n’est plus de mise. En effet, c'est plutôt l’intuition qui guide les perceptions sur l’image symbolique en l’associant systématiquement à l’invisible. L'invisible par induction fait système avec le symbole. Cette image s’insère dans une non-rationalité née d’un temps circulaire diachronique plutôt qu’un temps linéaire synchronique. Le temps historique est donc remplacé par le temps anhistorique (ou cyclique) dans un non-lieu sacré et séparé du monde profane. À la relation causale et déductive du logos, on répond par la corrélation qui est une relation de ressemblance partageant des schèmes non apparents. Dès lors suivront aussi des analogies et des correspondances irrationnelles nées de l’imagination créatrice fondée sur l’acte de nommer, sur la geste et le rituel, sur le tracé fondateur de l'image. C’est la reliance de tous les objets symboliques et la complémentarité fusionnelle des opposés qui prendra le dessus sur le ratio cartésien distinction-séparation. Le temple à bâtir par le franc-maçon devient ainsi réceptacle d’un muthos intuitif et structurant.

B/ Notion de cadre symbolique – Passage du signifiant au signifié.

L’interprétation de l’image et du symbole dépend de l’individu qui perçoit ou regarde et du cadre général et particulier de cet exercice. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse interprétative sauf si elle est conditionnée par un contexte spécifique et dirimant. L’interprétation symbolique dépend donc du contexte qui fait apparaitre une intention, une promesse, mais aussi du fond culturel dans lequel il s’exprime (le fond symbolique des bâtisseurs du sacré pour les francs-maçons) ou du récit ou du mythe ou de la légende qui le porte (mythe de la caverne, mythe prométhéen, mythe de l’Adam premier, légende d’Hiram, etc.), ou enfin de l’influence politique et idéologique de l’obédience…

- Prégnance du non apparent non déterminé, mais déterminable : un signifié commun en devenir  !

L’interprétation symbolique « de l’initié » repose sur l’apparent et le non apparent « contextuel ». Le non apparent est la part exprimée de manière implicite par l’objet symbolique en fonction de l’intention. L’objet est une référence qui porte autre chose qu’elle-même.

Ce non apparent trouve sa référence dans l’intention rituélique, dans la culture du groupe ou de l’individu, mais aussi dans la part inconsciente de chacun.

Le non apparent du symbole renvoie à la notion de réalité profonde (« le réel profond ») telle que ressentie et vécue par l’observant. Ici on peut percevoir l’importance de l’archétype sous-jacent. Le non apparent est la seconde partie du symbole qui échappe à notre vue immédiate, mais qui doit apparaitre comme issu d’une promesse fondatrice du symbole ou d’une espérance de réalisation. Ex. dire que la pierre brute est l’image de l’apprenti emporte, pour la partie non visible du symbole, la promesse ou l’espoir d’une la taille aussi parfaite que possible transposable en perfectionnement de soi.

Tout signifiant initiatique emporte un signifié à réaliser issu d’une intention contextuelle. Donc nous pouvons affirmer qu’un symbole initiatique est double, avec sa part visible (signifiant), et sa part invisible en devenir (signifié en devenir). Pour nos amis sémiologues qui n’ont pas vécu de rituels initiatiques, nous dirons que le processus de symbolisation et l’émergence du signifié suivent la geste progressive et graduelle de l’initié lui-même dans son périple. La geste initiatique de mise à l’ordre est donnée dans le sens suivant : on fait le geste par imitation puis on donnera l’explication segmentée : -1 le geste est « incorporé » comme signe symbolique », 2-le geste « vécu » est l’imitation du schème (du mouvement) d’un objet symbolique indispensable aux bâtisseurs et dument nommé : on dit « par l’équerre, le niveau et le fil à plomb ! «  ( la main posée sous la gorge avec le pouce en équerre signifie l’équerre, le geste horizontal qui va jusqu’à épaule droite signifie le niveau, puis le geste de la main descendue au niveau de la hanche signifie le fil à plomb :) et -3  les trois signifiants gestuels donnent trois signifiés outils qui s’associent pour former un récit soit un signifié mythique transmis par le groupe initiatique dans le cadre d’un muthos commun : « je préfère avoir la gorge tranchée plutôt que révéler, etc. ». Le geste précède la parole. Ici le signifié en devenir c’est la gorge tranchée ou le respect du devoir notamment du secret…  Nous aurons le même procédé dans l’élaboration du mot sacré, ou lors du tuilage avec la formation du mot de passe. Toute parole est d’abord une geste d’échange dans un but de reconnaissance et d’appartenance au même récit "incorporé".

Conclusion: le cadre symbolique n’est jamais neutre dans la production du signifié symbolique et particulièrement en matière initiatique, où l’initié récipiendaire du signifié est aussi l’acteur central « signifiant » de son propre récit. L'initié incorpore le signe, son intentionnalité et sa partie invisible.

- Prégnance du dédoublement symbolique.

Le symbole est à l’origine un symbolum c’est-à-dire une tesselle, un morceau de terre cuite que l’on brise en deux pour sceller un engagement de se revoir, ou un contrat entre deux parties. Pour se reconnaitre dans le temps ou à l’issue d’un périple, les deux porteurs de tesselles ou leurs successeurs, réunissent les fragments qui à nouveau se correspondent parfaitement. Le symbolum est donc un engagement à se réunir dans un futur à définir, chacun ayant exécuté sa part d’engagement ou d’obligation.

Les critères minimas du symbolum sont 1/ une unité originelle, 2/ deux obligations corrélatives, 3/ le temps qui passe, 4/ la réunion à nouveau des deux tesselles avec les obligations réalisées. Donc le symbole porte une unité originelle, un dédoublement du symbolum, une partie qui est en promesse de réalisation dans le temps, une unité finale « retrouvée ».  (Nous commenterons ce dédoublement symbolique dans une prochaine étude portant sur les mythes initiatiques.)

- Le conditionnement ancestral symbolique, les garde-fous

La pensée symbolique en loge fait intervenir dans le symbole l’immémorial, la reconnaissance et la destinée. Le mythe est un récit mémoriel qui illustre et "source" le conditionnement ancestral symbolique, notamment avec les mythes cosmogoniques. Le mythe est aussi une pensée organisée par des représentations symboliques qui font sortir l’homme de son animalité et de sa dépendance aux Dieux. Mais la pensée symbolique peut aussi s’inverser ou devenir destructrice. La pensée symbolique est manipulatrice et intentionnelle dès lors qu’elle est en partage. C’est ce conditionnement ancestral qui finalement définira, aux détours de circonstances, notre humanité et notre animalité. La loge rejoue le récit commun autour d’axes de sagesse de force et d’harmonie afin d’éviter les excès de la surinterprétation. Il est donc important de souligner le rôle des anciens qui tempèrent toute surinterprétation sectaire. Si l’initiation est individuelle par sa nature propre, le fait de transmettre dans un cadre collectif doit rester une garantie de sagesse.

 

C/ Caractéristiques générales du symbole (Rappel) et caractéristiques du symbole initiatique

1/ Approche inconsciente

Le symbole permet de dire plus que l’objet ou l’image servant de référence.

Le symbole se situe à la frontière du monde apparent et du monde imaginaire cela veut dire qu’il peut avec une grande économie de moyen intervenir comme un langage liant le visible à l’invisible. Il est de ce point de vue un pont permettant de relier le monde des apparences et les continents invisibles. En général, le symbole va servir de pont ou de tunnel pour explorer le non-conscient, le subconscient (Freud), l’inconscient collectif (Jung) avec le passage du Moi au Soi, la supra conscience (Guenon) avec la visualisation des grands schémas métaphysiques. De ce point de vue, le symbole est le véhicule d’exploration des espaces qui échappent naturellement à la conscience et au contrôle. Donc les symboles permettent des opérations intuitives de transferts par productions imageries mentales comme la création artistique, l’illumination du religieux, la révélation du prophète ou du poète, la découverte scientifique, la création d’une œuvre d’art. Ces transferts du Soi remontant vers le moi sont des « réalisations », qui construisent l’êtreté, mais on peut aussi inverser la processus et entrer dans une déconstruction de l’être, comme un retour au ventre matriciel. Enfin le rêve met en œuvre des symboles qui disposent non pas d’une logique (car on n’est pas dans le logos mais dans le muthos), mais d’un mouvement autonome d’interactions primitives distinctes de la raison ordinaire « civilisée ». Le rêve vient confirmer que le symbole est bien le véhicule qui permet d’explorer les facettes souterraines, inaccomplies, temporelles, intemporelles et archaïques de l’Être. L’ordonnancement du monde réel semble s’opposer à l’archaïsme et ses imageries et visions, à moins que ledit réel ne soit que l’une des formes évoluées et socialement stable de l’archè. Le réel causal et discursif ne serait que la pointe émergée d’un plus vaste ensemble dominé par la pensée symbolique.

2/ Approche synthétique ou combinatoires symboliques

Le symbolisme en général et le symbolisme en loge en particulier, élabore une pensée qui fait interagir les symboles entre eux. Les combinatoires symboliques s'appuient sur des lois "intuitives":  les lois d’analogies par contreparties, les lois de correspondances de plans, les lois des corrélations ou ressemblances, les lois d’associations - constructions, les lois intentionnelles contextuelles :

Les lois d’analogies par contrepartie consistent à créer un lien entre deux termes à potentiel évocatoires en qualité de symboles, soit un binaire dopposés ou complémentaires (chaud-froid, Haut-Bas, Roi-Reine, droite-gauche, Orient-Occident, Colonne J colonne B, etc.)  On note que les composantes séparées du binaire sont des référents porteurs ou pas d'un symbolisme intrinsèque, mais ils déploient par association une puissante signification symbolique. Si je prononce l'expression "Orient - Occident" une foule de représentations mentales apparaissent dans différents domaines.   Les binaires symboliques ainsi constitués peuvent à leur tour trouver une autre contrepartie par analogie complémentaire. Ex: les binaires de "qualités" opposées "chaud-froid" et "humide-sec", créent par contrepartie  un quaternaire qualités cohérent: "chaud-froid-humide-sec". Le quaternaire de "qualités" chaud-froid-humide-sec trouve une analogie d'effets physiques ressentis avec le quaternaire "élémentaire" : air – feu – terre – eau // chaud-froid-humide-sec. Les 4 qualités et les 4 éléments viennent à s'associer dans un concept commun aristotélicien d'analogies par contreparties et complémentarités.

Les lois de correspondances des plans par les signifiés : Le symbole est une image qui produit une idée créatrice chargée de sens libéré sur plusieurs plans. Le sens libéré entre en correspondance entre différentes strates ou plans, supérieurs ou inférieurs en relation d’imitation dégradée ou sublimée, mais ayant tous la même une cause supérieure. Les lois de correspondance sont mises en avant par René Guénon dans le Symbolisme de la croix Ed Véga. Ex : Le couple signifiant: La lune et le soleil sur un tableau de loge appellent en idée commune la circumambulation des astres du soleil et de la lune et aurait pour signifié dans un plan supérieur (métaphysique) un centre des centres originaire du tout, et pour signifié dans un plan inférieur : le cycle de la vie, (le cycle des floraisons, germinations, marées, etc). Donc le Centre des centres et le cycle de vie entrent en correspondance. Ce sont toujours les signifiés (idée concept) qui entrent en correspondance multiple à partir d'un signifiant de base (objet symbolique).

Les lois des corrélations et ressemblances par les signifiants : ce ne sont pas des "lois de cause à effet"" qui sont scientifiques. Les corrélations et ressemblances sont intuitives et ont en partage un schème structurant ou un verbe sensori-moteur qui autorisent un rapprochement "par sympathie" : les symboles partagent alors une forme "archétypale", une idée concept en commun comme l’idée de descente dans l'obscur qui donne les signifiants suivants : la grotte, le puits, voyage au centre de la terre, ou l’idée concept d’axe (qui est un signifié) ou d’ascension vers la lumière (qui est aussi un signifié) va donner les signifiants suivants: la montagne, l’arbre, la flèche d’une cathédrale, un escalier, une échelle. Donc ce sont toujours des signifiants (objets symboliques) entre eux qui entrent en corrélation par le partage d'un signifié commun unique (idée concept commune).

Lois d’association-construction intentionnelle : On assemble divers symboles pour leur concours commun à une intention dirigée. Il s’agit d’associer des opposés et/ou complémentaires pour créer un symbole autonome distinct des symboles pris séparément et supérieurs à ceux-ci dans l’entendue de leur signification. (Ex: La pierre brute + le couple maillet ciseau.) Mais la signification de cette nouvelle construction signifiante est dépendante du cadre, du contexte et de l’intention progressiste ou spirituelle en loge. (Notre exemple donne les signifiés 1/ le symbolisme constructif de soi, 2/ du temple intérieur ou 3/ du temple de l'humanité par exemple... qui sont 3 signifiés entrant en correspondance). 

L'assemblage peut se faire du coté des signifiants, comme des signifiés; exemple : murs du temple + la corde à 13 nœuds, +  porte du temple, pour renvoyer au signifié: idée concept de 1/"séparation du monde profane" ou 2/"espace sacré", 3/ espace ontologique ou matriciel. Autre exemple: les signifiants case noire et case blanche et grille vont donner une construction signifiante appelée "Pavé mosaïque" qui a pour signifié (notamment) 1/ l'idée concept d'union des opposés (coincidentia oppositorumou 2/ d'universalité dans la diversité ou 3/ de grille de lecture de l'universel emportant ombre et lumière, etc.

Nous voyons que la loi d'association-construction fonctionne tant du coté des signifiants que des signifiés. Cela implique qu'une série de symboles de nature différente coparticipent d'un signifié commun par la co-construction  d'un lien conceptuel pris dans une intention dirigée, inversement des signifiés connotant l'intention se recoupent dans un ou plusieurs signifiants qui coparticipent de l'intention commune.

Conclusion: L'association-construction est d'abord une intention recoupée à la fois par les lois d'analogies impliquant les signifiants et les lois de correspondances pour les signifiés. C'est la dynamique de l'intention commune qui crée l'association-construction.

En Loge l'intention commune est de construire un Temple pour la conscience éclairée, ou pour la Lumière suivant les rites, voir le perfectionnement de l'Homme, etc.  sur la base d'une introspection, élévation, universalisante. Ceci nous renvoie au langage de la communauté et ses ressorts.

3 / L’image symbolique et le langage de la communauté

La recherche universitaire sur le symbole a permis de dégager un mécanisme de représentation mentale remarquable. Ici l’image mentalement représentée est à l’honneur.

De ce qui précède, il semblerait que l’imaginaire s’associe à la lecture du réel d’une manière incontournable. Autrement dit, le réel apparent que nous percevons est sans cesse retraité à l’aune de notre relation à l’imaginaire symbolique.

Tout notre environnement est retraduit en une forme symbolique. Le signal perçu par nos 5 sens est reçu et amalgamé par notre intellect et par notre cerveau de manière conforme à notre intérêt, pour notre survie, pour exister socialement pour être conforme aux règles de vie et de survie en communauté.

Le langage commun est aussi symbolique, il y a donc une symbolique commune qui nous permet d’échanger dans l’altérité et de faire société. Faire société c’est partager un récit commun, établir des échanges autour d’une communauté conceptuelle et symbolique. La loge est l’exemple condensé d'une communauté conceptuelle et symbolique réunie autour d’un récit commun qui est à la fois la quête de la Lumière et la construction d’un temple de sagesse pour l’homme et l'humanité.

4/ Communauté linguistique : La relation saussurienne « triangulation référent /signifiant / signifié »

Bien qu'insuffisante pour caractériser le symbole initiatique, la triangulation sémiotique reste la base incontournable pour connaitre de la structure du symbole en général.

« On distingue le signifié d’un signe de son référent, l’objet (ou ensemble d’objets) désigné par le signe. Au sein du signifié, on peut distinguer dénotation et connotation, la dénotation étant plus ou moins le sens littéral (qu’un dictionnaire cherche à définir) et la connotation l’ensemble des sens figurés potentiels ou dans un contexte donné » (WP). En loge maçonnique c’est une connotation « orientée » qui prévaut.

https://www.philo5.com/Les%20philosophes/Saussure.htm

https://www.philo5.com/Les%20philosophes/Saussure.htm

On notera que la verbalisation du concept par le son, renvoie à l’objet référent et au signifiant, tout autant que le référent matériel réel s’associe au son et à sa représentation. Mais il convient de donner a cette relation triangulaire une approche plus conforme à l'intention initiatique qui nait du contexte de la loge.

 

Schéma de la relation triangulaire, référent / signifiant / signifié, revue et corrigée sur un plan global :

Ci-dessous, nous avons repris la triangulation saussurienne additionnée et complétée par d’autres chercheurs qui ont nommé autrement les trois phases de la perception symbolique. Nous y avons ajouté "la culture du jardin" c'est-à-dire le lieu où est planté l’arbre qui permet l’émergence du réel phénoménal et son contexte culturel, mais surtout nous avons installé les archétypes en substrat nourricier invisible, car racinaires. Nous détaillons l’image de l’arbre porteur de fruits symboliques sous le titre « L’arbre aux symboles » dans notre prochaine parution.

Observons qu’un symbole peut se nourrir d’un archétype et se former sous la contrainte du lieu, du milieu, du contexte culturel, etc. Soit de tous les éléments cités dans ce schéma. Nous pouvons dire qu’il peut aussi être le produit d’une hybridation archétypale…Cette dernière perspective enrichira la notion de combinatoire symbolique que nous développerons plus tard.

Imagerie mentale et contexte

Imagerie mentale et contexte

Nous développons dans une prochaine étude la fin de cette première partie consacrée aux combinatoires symboliques en loge avec  en D "LES 8 COMPOSANTES DU SYMBOLE INITIATIQUE EN LOGE " se terminant par la représentation graphique de l’arbre aux symboles qui par ses racines puise dans les archétypes de la pensée.

Suivront le mois prochain la seconde partie  consacrée à la plasticité du symbole, ses capacités agrégatives et sa polysémie graduelle (II) pour aboutir dans une troisième partie aux combinatoires symboliques dans la loge maçonnique tirées des Tableaux de loge (III).

ER      R:.L:. "La Lumière Ecossaise" à l'O:. d'Ollioules   www.glsrep.fr - 4eme lundi.

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28 avril 2024 7 28 /04 /avril /2024 21:07

Sur quels ressorts archétypaux et sur quelles clefs symboliques fondatrices reposent les tableaux de loge des francs-maçons?

Si le mot Genèse veut dire « commencement » au sens créationniste pour le Monde et générationnel pour l’Homme, le mot initiation veut dire aussi « commencement » au sens d’un cheminement entrepris par l’apprenti !  C’est à partir de ce triple aspect du Commencement que nous tenterons un rapprochement entre les 3 premiers chapitres de la Genèse et la lecture du tableau de loge. Ce dernier illustre l’aboutissement du parcours élémentaire de l’Apprenti donnant à son travail sur la Pierre Brute la perspective d’une spiritualité construite en Loge et en soi.

Les rituels d’initiations et de consécration des loges mettent en œuvre des situations archétypales que l’on retrouve dans les mythes, les doxa religieuses et la psychologie des profondeurs. Les anthropologues nous disent que les mythes de la création du monde et de l’homme sont universels. Ils appartiennent à la Grande Tradition et la franc-maçonnerie traditionnelle ne pouvait que s’en faire écho jusque dans ses tableaux de loge.

Nous commencerons par cerner le cadre archétypal commun à la Genèse et à la méthode initiatique maçonnique (I), puis nous retrouverons dans le Tableau de loge de l’Apprenti les traits structurants du monde de la Genèse (II) , et enfin pour boucler notre tour d’horizon nous trouverons dans le rituel de l’apprenti les traces la  chute d’un Adam dédoublé (Adam et Eve) dans la matière (III), et les moyens d’une remontée axiale (IV).

 

I - Les trois premiers chapitres de la Genèse recoupent trois archétypes structurants que l’on retrouve dans notre parcours vers le Tableau de Loge (TDL) :

LA "PAROLE" AUTOCREATRICE

1/ La Genèse nous décrit la Création d’un macrocosme mettant en place une relation ontologique et lumineuse entre Terre et Ciel, le haut et le bas. L'Unique s'exprime par une parole autocréatrice, par dédoublement et par modelage.  Réponse dans le parcours vers le TDL : On constate la présence des dispositifs par dédoublement: terrestre, solaro-terrestre et céleste (Pavé Mosaïque, Soleil, Lune, corde à nœuds). Ce dispositif est traversé d’un axe (le fil à plomb) associé au règne d’un Triangle doté d’un Œil[1] illuminant un plan terrestre . L'ensemble est doté d'une porte d’accès et de symboles axiaux (les 2 colonnes et la porte). L'ensemble forme la fameuse croix tridimensionnelle «axiale et orientée » des loges maçonniques et bâtis sacrés. Ce schème dynamique semble issu de cette Parole. (voir Schéma 1).                                                                                                                                                                

2/ La Genèse nous décrit la Création de l’homme et de la femme à partir d’un Adam Premier fait a l’image de son créateur. l'acte créateur est encore une Parole intérieure qui n'a pas a être entendue par quiconque. Il s'agit d'un dédoublement à partir de l'Unité, auquel s'ajoute une forme modelée: c'est l'apparition du langage des formes. L'Adam Premier nait de poussière et d’eau (glaise) recevant le souffle divin, vivant éternellement à l’Est de l’Eden, avec pour Centre l’Arbre de vie et l’Arbre de la connaissance.  Réponse du parcours vers le TDL : Apparition de l’impétrant entre les deux arbres-colonnes à grenades, subissant les 4 épreuves élémentaires recomposant le type Humain comme un nouvel Adam fixé par l’illumination spirituelle finale et l’imago Mundi. Ce prototype de « l’Homme régénéré » par les 4 éléments, sera « créé, constitué et reçu Franc Maçon à perpétuité » par le VM, la main droite sur les 3 Grandes Lumières. Il travaillera à produire des formes parfaites. A ce stade il n'y a pas encore de dialogue.    

 

 

DE LA PAROLE AUTOCREATRICE AU DIALOGUE NOSTALGIQUE

 3/ La Genèse décrit l’Adam androgyne subdivisé en Homme et Femme qui chute(nt) dans un Microcosme mental (CATABASE) : une matérialité faite d'un vêtement de peau, de labeur (celle du tailleur de pierre) et de finitude humaine et d'apparences. Dans leur chute ils conservent les traits édeniques de leur origine et se rêvent dans une Totalité fondatrice alors qu'il ne sont que microcosme. Ils sont mus par la nostalgie de l’Eden.  Réponse du TDL : à la chute pour non respect d' l'Ordre, répond le labeur de toute une fraternité, ou chaque franc-maçon revêtu d'une peau d'agneau en guise de tablier, travaille la Pierre brute jusqu'à la perfection. C'est à l’aide d’outils et de plans que cette fraternité va construire un Temple « UNIVERSEL ». 

Dans cette volonté de construction, la proportion de l'Homme se projette dans tous l'Univers. Cette action devient démiurgique : il s’agit de construire une demeure, un Temple pour la Lumière éternelle pour l’humanité et en soi. C'est une manière de retrouver le "Paradis perdu" par une remontée axiale de notre lumière intérieure (ANABASE) vers l'Unité première.

Ces trois archétypes trouvent leur finalité dans le désir de retour au Paradis perdu, le désir de retrouver la Parole perdue du Grand Architecte que les francs-maçons synthétisent par une marche vers la Lumière synonyme de Connaissance, de Vérité et de Sagesse. Malheureusement retrouver la Parole est une vraie difficulté depuis que l'homme s'adonne au dialogue avec le serpent. Désormais de la Parole en soi, on passe aux mots sont des signes difficiles à interpréter, le doute s'installe et le langage incomplet devient conflictuel. L'apparence prévaut sur l'essence. Le langage est temporel, la Parole intemporelle.

Pour servir ces 3 archétypes liés à la Parole auto créatrice, le TDL véritable « Imago Mundi », assemble une combinatoire de langages hermétiques et archétypaux. Y sont placés les moyens symboliques de la remontée à partir d’objets formant systèmes symboliques (17 objets au TDL du REAA vont former 4 systèmes servant la remontée axiale (voir le schéma 3 concernant les 4 miroirs anabatiques des TDL). On notera que LE SYMBOLISME AXIAL EST OMNIPRÉSENT DANS LE TDL par le fil à plomb qui le domine, l'aligne, le centre et l'essentialise.

Le Tableau comme la Loge, forment un miroir « hermétique » pour la connaissance de soi et du monde. En un mot le Tableau de loge indique une méthode mémorielle et intuitive pour atteindre « la vraie Lumière ».    Le Tableau de Loge est donc le rébus, une synthèse décrivant une relation privilégiée entre Terre et Ciel, permettant une remontée vers la Vraie LUMIÈRE, elle-même synonyme de Parole perdue ou de Paradis perdu. 

 

 

[1] Parfois l'Oeil est remplacé par le Nom divin ou par un Point ou un Iod point géométrique central  de la manifestation. Le Iod est né de l'Aleph et du Beth. C'est l'enfant Roi né du Créateur et de la Vierge (Maison).

II / Traits structurants communs à la Genèse et au Tableau de loge -

 Nous allons synthétiser chaque verset des deux premiers chapitres de la Genèse en langage symbolique maçonnique. Gen 1:1 à 2:3 commence avec la Création de l'Univers par Dieu en six jours, plus un Jour de repos c’est l’Heptaméron: Le divin crée par une Parole autoréalisatrice.

1er  jour : « le premier jour, Dieu a créé la matière et la lumière à partir du chaos ». La séparation de la Lumière et des ténèbres est accomplie. C’est le début de l’ordonnancement du chaos cher au REAA et au REP. La Lumière du premier jour n’est pas celle des « astres ». La lumière et les ténèbres sont indépendantes des corps célestes : le Soleil, la Lune et les étoiles n’existent pas encore. Dieu est donc associé à la Lumière ontologique ESPRIT AUTOCREATEUR qui se distingue du chaos. Ce point est a rapprocher du prologue de Saint-Jean et du fiat lux.

Cette lumière ontologique se représente par un Triangle isocèle ou équilatéral centré d'un œil, ou d'un double triangle superposé inversé de type hexagramme. C'est l'aleph hébraïque, l'alpha de l'origine qui représente la puissance créatrice, cette lettre première va féconder la suite des autres lettres hébraïques, elle habite littéralement toutes les autres lettres. On comprend  la raison de l'épellation des francs-maçons qui s'inscrit dans une suite remontante vers l'origine.

Schéma N°1

Le rituel maçonnique indique de la Lumière du Jour qui succède à la nuit, mais l’initiation introduit une lumière de nature spirituelle. Nous avons donc une Lumière ontologique éternelle marquée par les rayons du Triangle oriental de la Loge et une lumière matérielle cyclique et temporelle du 4-ème jour qui rythmera les heures de travail du maçon après la chute. La Lumière de l'initiation fait le lien dans un entre-deux lumineux par le truchement de miroirs symboliques.

2ème jour : Dieu sépare les eaux du bas de celles du haut. Le haut et le bas sont marqués en loge par le Zénith et le Nadir et le fil à plomb indiquant la verticalité.

Il sépare les composantes substantielles du vide. Ici se crée le volume macrocosmique à partir duquel nous travaillerons la notion de forme idéale dans notre univers microcosmique. L'expression symbolique de cette seconde séparation Terre - Ciel comprenant au milieu un vide matriciel se fait par la lettre hébraïque Beth et la lettre grecque Phi . Ces deux lettres instaurent un plancher et un plafond reliés et un espace matriciel central. 

 Beth est la première lettre de la Torah. Le signe a valeur numérique 2 est composé de deux pointes, l'une vers le haut désigne son créateur et le ciel, l'autre vers le bas désigne son Nom à valeur numérique 1 soit l'aleph qui est la lettre de l'Un, mis pour YHWH source unique du Principe.

 3ème   jour : « il a séparé la terre et les eaux ». Encore une fois tout est deux dans la manifestation de l'Unité. En bas, il repousse l'eau pour faire apparaître la terre sèche que les eaux d'en haut viendront féconder. Dans le monde d'en bas, on distingue le sec de l'humide. Le monde est alors conçu comme un plan à féconder. La séparation des éléments se fait en fonction de leur nature élémentaire, ce que l’on retrouve dans les épreuves initiatiques. La terre sèche sera alors notre plan d’exercice, plan « séparé » sur lequel on pourra tracer notre carré long, notre tableau de loge ou le Pavé Mosaïque. Le plan sera fécond de la lettre tracée au sol et de la graine plantée en terre.. la relation entre le Haut et le Bas est maintenue sur le plan issu du 3eme jour par une eau propice à la vie des jours suivants. La lettre hébraïque Gimel à valeur 3 représente un chameau porteur d'eau et la fertilité. La lettre Thêta représente cette séparation du plan et des eaux, Le Pavé mosaïque sera le plan d'exercice de l'ordonnancement vital.

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4ème jour : Il crée le Soleil et la Lune, le Soleil pour le jour, la Lune et les étoiles pour la nuit. La Loi des cycles est ainsi installée. Nous voilà avec les 3 cycles temporels : Solaire, Lunaire et Stellaire. On retrouve ici le Soleil et la Lune de la loge et du TDL, mais encore la voute étoilée : « le quatrième, il a créé les luminaires célestes, » en les séparant de la terre. Cette séparation du plan terrestre du plan céleste sera marquée par une frontière sur le TDL ce sera la corde à Nœuds avec 3 et parfois 12 Lacs d’amour. Cette séparation renvoie au symbolisme de la Terre le carré et l'équerre et du ciel cyclique le compas. Les corps célestes entament leur course circulaire dans le ciel et commencent à marquer le passage du temps, l’Orient pour le lever, l’Occident pour le couchant, le Septentrion et le Midi là où le soleil est à son plus haut. Le cycle temporel préfigure les heures de travail du Maçon et la Règle à 24 pouces. Désormais les 6 directions et 3 axes sont installés : c’est encore la croix tridimensionnelle, "structure absolue de la Loge" qui nous donnera la géométrie du cube, du microcosme et du macrocosme. L’apprenti imite les cycles par des circumambulations, en marchant à la rencontre de la LUMIÈRE.

Néanmoins on se souvient que le troisième jour l'eau fécondante intervient sur le plan séparé de la terre. Ici le soleil dans sa course viendra libérer le cycle de la vie des jours 5 et 6  suivants. Le soleil par ses plus bas levant et couchant et son plus haut midi, forme un triangle isocèle lumineux surplombant le carré de la terre. Le 4 du carré et du 4-ème jour se marie au 3 du Triangle solaire et eaux fécondantes du troisième jour. Tout est présent pour accueillir la vie, le 4 et le 3 sont désormais inséparables. D'ailleurs la langue hébraïque instaure une interdépendance entre le 3eme et 4eme jour, le guimel valeur 3 et le dalet, signifiant la porte de valeur 4 formant le delta grec. Le 4 et le 3 formeront le 7 du 7eme jour. Ce dalet serait peut-être la porte donnant accès à ce paradis perdu? Serait-ce la porte du TDL au sommet des trois marches, porte surmontée d'un fronton en triangle isocèle au REAA et de bien d'autres rites?

    

 

 

 

 

 

L'ésotérisme chrétien lié à la porte nous renvoie aux thématiques christiques suivantes:

Jn 1,9 "Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages."

Jean 14:6
Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.

Éphésiens 2:18
car par lui nous avons les uns et les autres accès auprès du Père, dans un même Esprit.

Hébreux 10:19-22
Ainsi donc, frères, puisque nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire…           (trad Louis Second sur wp)

 

 

 

Schéma N°2 La croix tridimensionnelle, modèle et schème d’architecture sacrée, est établie à partir de la Parole Principielle des 4 premiers jours. Ceci est la clef "hermétique" du symbolisme maçonnique prônant un retour dans la Lumière. "Hermétique" car  Hermès par son bâton ailé reliera la Terre au Ciel.

Le X = le Plan d'exercice

le I = L’axis Mundi équivalent du fil a plomb au dessus du TDL

Le Centre de cette croix est insaisissable. C'est la source principielle de toutes manifestations où se produit la concentration première et d'où émane la Lumière. On le symbolise par le germe premier, un iod valeur 10 qui exprime la main du créateur et renvoie à l'aleph valeur 1. Cette main créatrice des origines sera conférée à "l'artisan créateur" désirant la forme parfaite, face à la pierre brute du TDL ou face à la glaise sur le tour du potier.

 

 

 

 

 

 

 

5ème jour : «  les poissons et les oiseaux »  ici s’installent la vie son souffle et son cycle, c’est la cinquième grande séparation et le quatrième cycle de la genèse. Ici on valide la séparation du haut et du bas du 2eme jour en les rendant viables: les poissons pour les eaux d'en bas et les oiseaux pour le ciel. 

Le cycle de la vie est représenté sur le TDL par la grenade au sommet de l’arbre colonne. La grenade appelle la multiplication du vivant et la transmission de la Connaissance en tant que graine du Fruit de l’axe reliant la Terre et le Ciel. La colonne unit le haut et le bas dans une reliance vitale (Voir la colonne du schéma N°3)

Le poisson symbolise le Christ dont la porte est installée le 4-ème jour. La porte symbolise l'entrée dans la structure qui va accueillir le souffle de la vie; La mandorle issue du 4 (les 4 vivants) et du 3 (montant et descendant), donnant un Christ en gloire.

 

 

 

 

 

 

   Le souffle qui donne la vie est le Hé hébraïque valeur 5, ici donné 2 fois comme les deux mains agissantes du créateur pour le haut et le bas. C'est donc une geste créatrice de l'artisan à deux mains comme le maillet venant du haut à main droite et le ciseaux œuvrant en bas à main gauche. La valeur 5 nous rappelle les 5 doigts de chaque main en liaison Ciel-Terre.

 

6ème jour : « le sixième les animaux terrestres et l’homme ». L'acte de création de l’Adam non divisé est le point culminant de l’Heptaméron. Dieu invisible façonne la créature à son image ! Adam serait miroir du divin !

Donc le franc-maçon face, à l’image du TDL est face au miroir de la création et donc de lui-même (syllogisme). Conclusion : Le TDL, diminutif imagé de l’acte ontologique "reflète" une image "partielle" du Divin en nous.

Le cycle de vie commencé au 5eme Jour, passera au 6eme par la différenciation de l’Adam Premier en Adam et Eve complémentaires et leur descendance. Donc à l’intérieur même du TDL doit être introduite la triangulation par complémentarité de parties ayant la même origine. Ce TDL devrait permettre de remonter à l’Origine, avant la chute, vers cette fameuse Unité première des francs-maçons de tradition ou centre de l’Union pour les sociétaux.

Cependant la division en Deux sous entend une reliance ontologique des deux parties par un symbole. Ce sera une lettre qui relira les deux souffles, les deux Hé. Cette lettre est la 6eme de l'alphabet hébraïque, le wav qui signifie le crochet au bout d'un axe. Le crochet réuni les deux parties de l'Adam premier comme ses deux poumons (hé), c'est donc une colonne vertébrale qui uni le corps, l'âme et l'esprit dans un axe de progression. Cet axe de progression unificateur est bien présent en loge, c'est le pavé mosaïque pour le corps, le livre et le souffle de l'écriture pour l'âme et le triangle rayonnant ou flamboyant pour l'esprit. (Voir schéma N° 4 en fin d'article)

Une fois opérée cette séparation Homme-Femme couronnant les 5 jours de séparations préparatoires on passera à l'union féconde. Le fruit sera soit celui de l'Unité retrouvée en esprit, expression d'un "microthéos", soit celui de la multiplication dans la matière expression d'un "microcosmos". On pose une alternative: soit le chemin de la parole soit le chemin du multiple.

La symbolique maçonnique tente la représentation ces deux chemins réunis dans un même axe par un hexagramme pentalphique, représentant un microcosme au centre d'un macrocosme (Jules Boucher "La symbolique maçonnique"). Une autre représentation est possible par un hexagramme centré d'un G (Rite Ecossais Primitif -1er et 2em grade - Robert Ambelain ). A cet instant on peut dire que le divin aurait séparé  pour unir et multiplier les qualités et non les quantités.

 

7ème  jour : Dieu s’est reposé et a contemplé son œuvre ». Ayant accompli sa tâche, Dieu se repose dans toute sa gloire et contemple son œuvre. Elle est qualifiée de "très bonne". Il devrait alors se retirer laissant l'homme façonné à son image "œuvrer". Le tableau de l’univers est devenu "complet" dans l’espace et dans le temps; mais il semblerait qu'il jette un dernier coup d'œil sur son TDL.

Cette contemplation divine du 7eme jour est figurée par un œil* dans un triangle lumineux. De son centre flamboie la Lumière ontologique.

*Que regarde cet œil au juste ? Le TDL bien sûr qui est une image symbolique de sa création (macrocosmique), mais aussi le franc-maçon qui incorpore l’image symbolique du TDL en lui. N'oublions pas que le franc-maçon est dans la descendance "mythique" de l'Adam premier, et donc façonné à l'origine à l'image du divin…Mais il est aussi issu de cette chute du Chapitre 3 de la Genèse.

Cet œil insistant traduirait il un doute sur notre capacité à remonter dans l'axe?

Ci dessous les 4 systèmes symboliques permettant la remontée dans l'axe dans le TDL.

Schéma N°3 : Les trois clefs de lecture de la Genèse (matière/âme/esprit) pour les trois plans de lecture superposés du Tableau de loge, corps-âme-esprit, ou matière transformée, verbalisation de la reliance, vision, sont dotées du même ternaire axial, auquel s’associe l’élan vital et cycle de la vie.

À chaque fois la clef de lecture des 4 "symboles miroirs" du TDL est la croix tridimensionnelle mise en œuvre dans la Genèse ! Notons que j’ai retrouvé cette clef de lecture dans la Table d’émeraude et dans la plupart des textes sacrés portant les 3 archétypes décrits en partie I. Les 3 archétypes du commencement et de la chute sont ici réparés par 4 propositions anabatiques.

LES 4 MIROIRS ANABATIQUES DU TABLEAU DE LOGE

 

II / L’Adam Premier - Comment Un devient Deux.

Dans la seconde partie de cet acte créateur (Gen 2:4 à 2:25) la Genèse se focalise davantage sur l'homme sa différenciation et son acte transgressif qui provoqua sa chute dans la matière . Voyons l’état édénique : Dieu forme l’Adam Primordial à partir de poussière (Genèse 2 v 7). Dieu le place dans le Jardin d'Éden afin qu'il « le cultive et le garde » (Gen 2. 15). Il a toutes les potentialités (hypostases ou séphiroths) de Dieu, car il est à son Image (encore un miroir!).

Regardons nos rituels : comment le futur apprenti entre en loge ? Comment l’acte initiatique réforme l’impétrant ? il est en état de nature originelle « ni nu ni vêtu » ayant par ailleurs abandonné ses métaux. C’est un état de pureté ! N’y a-t-il pas ici un désir des rédacteurs des rituels de revenir à un état de nature primordiale ? La peau d’agneau de nos tabliers est aussi un signe de sacrifice et d’innocence.

Estimant qu'il n'est pas bon qu'Adam soit seul (Gen 2. 18) il le subdivise : Dans Gen 2. 20 Nommer fait exister ! Adam donne un nom à chaque animal, mais ne trouve pas d'aide semblable à lui. Dieu le plonge alors dans un profond sommeil, et lui prend une côte (ou son côté) qu'Il façonne en femme. C’est un dédoublement mâle et femelle à partir d’une Unité originale androgyne.

 

 

Le TDL intègre cette différenciation par dédoublement des Colonnes, du Soleil par la Lune de la case noire par une case blanche[1]. Dans tous les cas de dédoublement, il sera recherché par le franc-maçon la coïncidence des oppositions. C’est une triangulation de sagesse qui permettra de retrouver à partir de deux opposées le gout de l’Unité fondatrice par la complémentarité. L’initiation et le TDL prônent le retour à l’unité lumineuse .

 


[1] Les « oppositions complémentaires » apparaissent dans la Genèse par la Parole autocréatrice qui sépare du chaos: le haut et le bas, la terre et l’eau, la Lune et Soleil. Les francs-maçons complètent ces séparations nées de la "manifestation" par des oppositions fonctionnelles: les deux colonnes, le noir et le blanc du pavé, l’équerre et le compas, le niveau et la perpendiculaire, la corde partie lisse et partie nœuds, le maillet qui frappe et le ciseau qui taille, etc. L’idée est de résoudre les coïncidentia oppositorum en un principe originel ou une unité première "adamique" et donc de revenir au Paradis perdu. On réassemble les oppositions apparentes dans une orthopraxie verticalisante et élévatrice en souvenir du 6eme jour.

 

III : De la chute et du Devoir

L’Adam subdivisé peut manger tous les fruits de l’EDEN, à l'exception du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, sous peine de mort, c’est l’interdit en forme de Règle comportementale ou de Devoir (ou de Landmark). En matière initiatique tout interdit appelle une transgression[1] dont les rituels sont témoins dans d’autres grades…Ici est instauré la Règle, le Devoir, l’autorité surplombante, la hiérarchie.

C’est le Serpent véritable un tiers en regard de la relation triangulaire primordiale qui associé au fruit de la Connaissance du Bien et du Mal provoque l’éloignement de la Parole et de l'ordonnancement du Père. Cette tierce parole entraine le dédoublement humain de la parole, sa désacralisation et la chute dans la matérialité. Revenir dans l'axe de la Parole originelle après ce "pas de coté" sera difficile.

Le dialogue de l’Homme et de la Femme est orphelin de la Parole du Père. Les francs-maçons vont tenter de la rétablir la triangulation primordiale par l’épellation, ou par l’invocation comme une pseudo prière. 

Adam et Eve ND de Paris (photo Eric Romand)

Dans l’épellation B.O.A.Z au REAA (ou J.A.K.I.N au REP) nous avons à chaque fois un Silence interlettré entre deux lettres (qui est de même nature que le « Point » que nous avons entre chaque lettre de V.I.T.R.I.O.L). Ce silence représente le divin et sa « Présence » qui brille par son absence. Ce n’est donc plus un "dialogue" d’épellation, c’est un trilogue avec l’Axis Mundi sans le serpent, car la 1ere lettre épelée est adossée à la colonne du silence de l'apprenti, à la colonne axiale, à la colonne arbre, à la colonne connaissance. (Retour dans l’axis Mundi)

Enfin le TDL nous montre une autre triangulation axiale de la Parole : les deux colonnes inscrites de leurs lettres B et J vont à leur tour entrer dans un trilogue avec le « Livre des Écritures » surmonté de l’Équerre contenant l’action transformatrice dans la matière et du Compas représentant l’étendue de la Connaissance par l’esprit à partir du Point originel, de la Parole autocréatrice, du fiat lux...

C'est ici que les deux colonnes représentant la porte du retour vers l'Eden (4). Les deux colonnes vont s'associer au triangle (3) montant vers l'Ecriture "traçant" par les pas, un retour vers la Parole. 

 

[1] Ici c’est la Prévarication (la concussion) par le Serpent de l’Adam du dia-logue. Un logos dévalorisé s'installe durablement. Un autre état d’être soumis au temps, à la finitude et à la contingence rompt avec l'état primordial. La main créatrice de l'homme conçue comme un don démiurgique, s'égare dans une matérialité sans "essence"..

IV / De la chute à la remontée AXIALE : les 4 miroirs pour un chemin de Lumière.

Recette psychodynamique du retour se fait par une geste initiatique[1] associée à une lecture axiale des 4 sous-ensembles du TDL (Schéma 3). Cette lecture ne peut se faire sans le message de fraternité et d’amour d’une chaine d’Union. Il s’agit de suivre le chemin de l’incarnation de la Lumière.

1/ Le 1er travail est l’incorporation à soi du symbole en général et de l’Imago Mundi en particulier : la loge séparée du monde profane par l’enceinte, la porte et la frontière céleste de la corde à nœuds, est bien dotée d’une reliance axiale architecturée (les 2 colonnes, les 3 marches). Le dispositif architecturé du Temple « séparé » devient image de Soi ou Temple intérieur séparé du chaos ou du tumulte profane. (Image N°1 ci dessous)

2/ Le 2nd travail de transformation sur la pierre brute, qui est l’image en miroir de mon état. La forme parfaite du cube est dictée par la reconnaissance de la pierre cachée en soi via la perpendiculaire ou fil à plomb. (triangulation Pierre brute – maillet – ciseau -fil à plomb - niveau).(Image N°2). La Pierre se taille autant de l'extérieure que de l'intérieur...

3/ Le 3ème travail d’épellation à deux et l’apprentissage d'un langage sacré en essence (c'est-à-dire au-delà du sens, non-sens, contresens). Il s’agit de passer de la lecture sacrée épelante (B et J) aux Écritures sacrées et noms divins. (Image N° 3). Il s'agit donc d'une triangulation de l’Écriture sacrée (la Parole perdue) par l’épellation.

4/ Le 4ème travail de marche lumineuse vers la Lumière originelle. Cette marche emporte la LUMIÈRE ontologique née de la Parole qui donne naissance aux astes, aux cycles et à la vie (cycle solaire, lunaire, stellaire, vital). Cette marche nous permet d’intégrer un grand tout résumé dans le triangle rayonnant centre de l’œil du GADLU ! Par 3 pas dans l’axe de la Lumière orientale valant l'état corporel pour le premier pas (pavé mosaïque du plan d’exercice), l’État d’Âme pour le second (lecture cardiaque, réceptacle des écritures), l’État d’Esprit pour le troisième (Lecture illuminée du Réel). (Image N°4)

5/ Le 5ème travail de germination par les cycles - élan vital (Image 5) Vie, mort et renaissances, tout le symbolisme de la grenade !

Pour conclure, attardons nous sur le 2nd travail :

La Pierre brute est un miroir de soi, un miroir microcosmique. La taille de la pierre met en jeu un système symbolique agissant par une double triangulation qui seule permet d’atteindre la connaissance en soi par la réalisation du passage Jungien du Moi au Soi. La première triangulation passe par 1/ la pensée illuminée du souvenir de l’Eden, 2/ la volonté de retour par le maillet et 3/  l’action réparatrice par le ciseau. Le miroir est une triangulation, une réalisation dans la matière par la taille d’une forme parfaite : c’est la réalisation de Soi dans un cadre fraternel dans un but de perfection permettant une reliance à plus haut. Cette pierre n’est pas seule, elle doit s’intégrer dans une architecture sacrée qui célèbre une Lumière incarnée. Chacun devient alors une pierre vivante assemblée pour un Temple à la Lumière.

Page suivante: l'inventaire des triangulations axiale du Tableau de loge de base REAA étudié. Il en existe d'autres suivant le rite étudié.

E:.R:.     R:.L:. "La Lumière Ecossaise" Ollioules

Remerciements à J:.L:.M:. et aux FF:. et SS:. de la R:.L:. Lumière et Bienveillance de la GLEFU pour leur accueil. 

Nous accueillons nos FF et SS visiteurs à Hyères (83) les 2ème mercredi du mois et à Ollioules (83) les 4ème Lundi . GLSREP.  Vous pouvez nous écrire en réponse à l'article.

Article en construction, nous acceptons vos suggestions.

 

 

[1] Après un testament introspectif face aux trois règnes, face à lui, à ses semblables et face au Divin, l’impétrant procède franchissement de la Porte pour aller vers la LUMIÈRE dans l’état Adamique "ni nu ni vêtu", débarrassé de tous métaux. Il passe entre deux colonnes qui sont porteuses de grenades symbole du multiple, de l’élan vital cyclique et de la connaissance. Ces deux colonnes sont des arbres: l’arbre de Vie et l’arbre de la Connaissance au fruit défendu. La recomposition élémentaire par les épreuves des voyages dans la terre, la mer, le ciel et le feu, la première présentation d’un miroir à connotation comportementale et morale, sont des prémices d'une reconstitution adamique. Enfin, la levée du bandeau débouche sur une autre dimension du réel : illumination intérieure pour certains, ou conscience éclairée pour d'autres.

 

TABLEAU DE LOGE EST LES TRIANGULATIONS AXIALES  par ER

TABLEAU DE LOGE EST LES TRIANGULATIONS AXIALES par ER

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2 décembre 2020 3 02 /12 /décembre /2020 21:09

LE PROLOGUE DE SAINT JEAN

De l'ouvrage de Paul Le Cour, nos auteurs donnent quelques notes complémentaires qui précisent la dimension ésotérique et hellénique de l'Evangile de Saint-Jean. Ces notes "éclairantes" viennent enrichir nos publications précédentes sur le Prologue.

« L’Evangile Esotérique de Saint Jean » éditions Dervy Juillet 2017

Aperçu sur l’auteur de « L’Evangile Esotérique de Saint Jean »

- Paul LE COUR (1871-1954) est le fondateur de la première société d’études atlantéennes (Sorbonne, 24 juin 1926).

- Il crée en 1927 la revue Atlantis, dont les études d’archéologie scientifique et traditionnelle, de symbolisme, d’ésotérisme et d’histoire comparée des civilisations et des religions font autorité.

- Rénovateur des traditions occidentales, il a publié de nombreux ouvrages dont beaucoup sont réédités. Outre le présent livre, les plus célèbres sont :

« A la recherche d’un monde perdu : l’Atlantide et ses traditions »

« L’Ere du Verseau : le secret du zodiaque et le proche avenir de l’Humanité »,  un best-seller.

- « Paul Le Cour... a été un des acteurs majeurs de l’ésotérisme chrétien français et de l’hellénisme ésotérique dans la première moitié du XXème siècle. »

 

Les commentaires de Jacques d’Arès (J.A.) « disciple » de P. Le Cour

- J.A. est président d’honneur du Centre européen des mythes et légendes, président de l’Académie Gérard Mourgue. Il a été le successeur de Paul Le Cour à la tête de la revue Atlantis. Il peut être considéré comme le « disciple » de P. Le Cour.

- J.A. rappelle que : « ... dans les ... années qui ont suivi la parution (en 1950) de - L’Evangile Esotérique de Saint Jean - , deux faits se sont produits :

- La publication des différents - manuscrits de la mer Morte [1] – qui peuvent remettre en cause bon nombre d’idées habituellement reçues sur les origines du christianisme...

- La publication de nouvelles traductions du Nouveau Testament,... notamment à partir des textes

originaux – le grec pour l’Evangile de Jean – et non plus à partir du texte latin de la Vulgate. Ceci pouvait avoir des conséquences importantes pour une exégèse. »

- Peu avant sa mort en 1954, P. Le Cour avait annoté le texte original de son livre. Tenant compte de ces annotations, des nouvelles découvertes de Qumran ainsi que des traductions..., J.A., a rédigé des commentaires ajoutés au texte original, texte qu’il n’a bien sûr pas modifié.

Nos notes portent notamment sur:

Le Prologue de Jean

 

L'indication - .*. ... remarque ... .*. - signale une remarque propre aux rédacteurs de ces notes.

Ces notes sont au plus près du texte de P. Le Cour ou de J.A., ce qui explique les parties en italique (texte original).

 

   Le nombre des évangiles aurait été fixé à quatre, soit ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean qui sont dits « canoniques », terme qui vient du grec κανονικός (canonikos), fait suivant les règles, régulier [κανών (canon) règle]. Les évangiles « synoptiques » sont ceux de Matthieu, Marc et Luc, dont les textes peuvent être présentés en parallèle et ainsi embrassés d’un seul coup d’œil. (Grand Dict. de la Bible). « Synoptique » vient du gr. Συνοπτικός (sunoptikos), qui embrasse d’un coup d’œil, perspicace, pénétrant. (Bailly)

   L’évangile de Matthieu était écrit en Araméen. Ceux de Marc, Luc et Jean étaient écrits en grec.

 

   L’évangile de Jean est celui des initiés, « L’Evangile Esotérique... » [2]. Il se rattache au gnosticisme d’Alexandrie « qui faisait du Logos la première émanation du Dieu suprême... le Logos servant d’intermédiaire entre l’homme et le Dieu suprême. »

 

La théogonie johannite vue par P. Le Cour part du Logos, le Christ qui est notre Dieu solaire :

- « ... le Christ est le Dieu de notre système solaire et planétaire... un Dieu, parmi ceux qui dirigent les innombrables systèmes... révélé[s] par l’astronomie... On est ébloui,... devant cette immense armée de Dieux secondaires [solaires], soumis à... la volonté du Dieu suprême. »

Le Christ est donc notre créateur, « notre démiurge ». Le Christ est le Fils soumis à la volonté du Père, le Dieu universel.

- En grec, langue des mystères, le Θ (thêta majuscule), « lettre essentielle » de Θεός (Théos) Dieu, est « un cercle avec un point central,... signe astronomique du soleil », déjà représenté ainsi chez les égyptiens. « Selon les Ecritures, notre démiurge... nous dit qu’il est la lumière et la vie, venues l’une et l’autre du soleil... qui est le cœur vivant et vibrant du démiurge... ».

 

.*. Ce préalable nous a paru nécessaire pour aborder ce qui suit .*.

 

   Le Prologue constitue les dix-huit premiers versets du 4ème évangile, ce qui l'associe au nombre neuf. Ces versets renfermeraient « les principaux éléments de la gnose johannite chrétienne. »

 

Voici la traduction du Prologue par le chanoine Emile Osty

 

1/ Au commencement était le Verbe (ὁ Λόγος, le Logos, la Parole), et le Verbe était auprès de Dieu (ὁ Θεός, o Theos) et le Verbe était Dieu (Θεός) ;

2/ Il était au commencement auprès de Dieu ;

3/ Par lui tout a paru, et sans lui rien n’a paru de ce qui est paru ;

4/ En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;

5/ Et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ;

6/ Parut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean ;

7/ Il vint en témoignage, pour témoigner au sujet de la lumière, afin que tous crussent par lui :

8/ Celui-là n’était pas la lumière, mais il devait témoigner au sujet de la lumière ;

9/ La lumière, la véritable, qui illumine tout homme, venait dans le monde ;

10/ Il était dans le monde, et par lui le monde a paru, et le monde ne l’a pas connu ;

11/ Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli ;

12/ Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu, à ceux qui croient en son nom ;

13/ Qui ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu ;

14/ Et le Verbe est devenu chair, et il a séjourné parmi nous. Et nous avons contemplé sa gloire, gloire comme celle que tient de son Père un Fils unique, plein de grâce et de vérité ;

15/ Jean témoigne à son sujet et il crie : « C’était celui dont j’ai dit : Celui qui vient après moi est passé devant moi, parce que avant moi il était. » ;

16/ Car de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce sur grâce ;

17/ Car la Loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ;

18/ Dieu personne ne l’a jamais vu : un Dieu, Fils unique qui est dans le sein du Père, celui-là l’a fait connaître.

 

   Premier enseignement : « Le Logos, le Christ créateur de notre système solaire, n'est pas le Dieu universel, le Dieu tout-puissant,..., mais le Dieu des religions solaires, le démiurge intermédiaire entre l'Homme et Dieu. » C'est la distinction faite dans le Prologue, « entre le Dieu suprême désigné par - ὁ Θεός - (le Dieu) et le Logos, qui est seulement - Θεός - (un Dieu). »

 

   En 325, le concile de Nicée proclame « la divinité du Christ... L’Eglise ayant ainsi déifié le Christ, en fit la seconde personne de la Trinité - le Fils unique de Dieu - de même nature et partageant sa toute puissance, alors que les déclarations du Christ établissent, entre lui et Dieu, une différence essentielle... Les imperfections de la création et l’existence du mal montrent bien que [le Christ] ne participe pas à l’omnipotence divine. »

 

   Le Christ serait « Fils de Dieu » et « Fils unique » (versets 14 et 18). Toutefois, on s’étonne qu’il soit considéré comme « le Fils de Dieu », car d’autres créatures ont « l’étincelle divine de l’esprit » en elles ... car « tous les démiurges, créateurs de systèmes solaires et planétaires sont des - Fils de Dieu - »  C’est pourquoi Etienne Dolet voulait remplacer l’expression « Fils unique de Dieu » par « Fils du Dieu unique », proposition hérétique selon l’Eglise (et rejetée par les théologiens).

   Les juifs reprochent au Christ de « se faire Dieu » (Chap. 10, 34)... suit la réponse du Christ :  « N’est-il pas écrit dans votre loi : vous êtes tous des dieux ? ».

   Le prologue énonce au verset 12 : « il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu, à ceux qui croient en son nom ;... » En conséquence, « ... l’expression - Fils de Dieu - n’a pas de caractère exclusif. »

   L’Evangile désigne également le Christ comme « Fils de l’homme ». C’est « le problème de sa double nature. » Le Christ « n’aurait été qu’une créature privilégiée ».

 

Le Logos et la « Grâce »

 

ΛΟΓΟΣ est l'écriture grecque en majuscules de « Logos ». Les consonnes radicales Λ et Γ présentent respectivement l'aspect du compas et de l'équerre. « Ce sont là, selon les francs-maçons qui recherchent la parole perdue, les deux instruments du Grand Architecte de l'Univers... »

 

 

Λ o Γ oς

(LoGos)

 

Λ et Γ présentent respectivement l'aspect du compas et de l'équerre

 

Le Logos, le Verbe créateur, se retrouve exprimé avec force dans l'Evangile de Ioan :

- « le Logos est la lumière et la vie ». Ici « germerait » l'idée de la création de la vie, née dans la mer, de la semence d'Ouranos (Aour, la Lumière).

- Le Logos est aussi la lumière de la vérité, opposée aux ténèbres : « la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. » (Ioan I, 17)

- « Comme la lumière du soleil, la vérité se sent et n'a pas à être démontrée. »

 

   Au verset 17 du Prologue, le mot Χάρις (Charis) ou ΧΑΡΙΣ en majuscules, a été traduit par « grâce ». Charis ferait partie des mots qu'il ne faut pas traduire afin de ne pas altérer la signification, car ce mot serait en relation avec les mystères chrétiens.

.*. Notons ici que les consonnes Χ (khi, soit Ch en français) et Ρ (Rhô, soit R en français) sont constitutives de ΧΑΡΙΣ et se retrouvent dans le Chrisme. (voir page suivante)  .*.

 

Le(s) Chrisme(s) [4]

 

Les formes les plus connues du chrisme sont le monogramme du Christ et le chrisme constantinien.

Monogramme du Christ en haut et  Chrisme Constantinien en bas
Monogramme du Christ en haut et  Chrisme Constantinien en bas

Monogramme du Christ en haut et Chrisme Constantinien en bas

- Le monogramme du Christ comporte un Ι (Iota) et un Χ (Khi ou Chi), initiales de Jésus Christ en grec. Parmi les nombreuses significations, on le considère aussi comme « le schéma symbolique de l’observation rituelle du soleil... Ce chrisme dissimule en réalité le plan des plus anciens temples solaires ».

.*.  Par ce monogramme, le Christ est associé au culte solaire, culte du « Sol Invictus » (Soleil Invaincu) dont l’Empereur Constantin aurait été le Grand Prêtre avant sa « conversion »  .*.

 

- Le chrisme constantinien est composé des lettres grecques Χ (Khi) et Ρ (rhô), les deux premières lettres de ΧΡιστός (ChRistos). Une telle croix serait apparue dans les airs aux troupes de Constantin lors de la bataille contre Maxence sous les murs de Rome ; la victoire de l’empereur décida définitivement du christianisme comme religion officielle.

.*. Serait-ce sous le signe de la « grâce » de Dieu inscrite dans le chrisme, que cette victoire aurait eu lieu ? .*.

 

La conception du Verbe créateur viendrait de sources lointaines

 

- Parlant du Verbe, le Prologue ferait allusion à la hiérologie, ancienne science sacrée qui serait devenue la kabbale chez les juifs. La science du Verbe serait « un des moyens d’Accès à la connaissance des manifestations du démiurge. »

- « Que la lumière soit ». Selon Moïse, cette parole de Dieu aurait créé la lumière. « La doctrine du Verbe créateur existait chez les égyptiens... c'est là sans doute, que Moïse l'a trouvée... ».

.*. Cette hypothèse est vraisemblable puisque selon les Actes des Apôtres 7, 22, « Moïse fut instruit dans toute la sagesse des égyptiens » .*.

« De nos jours, la puissance de la parole s'est multipliée par l'imprimerie, la radio et la télévision, et jamais comme maintenant n'ont pu se propager les erreurs et la vérité... ».

.*. Rappelons ici que ces lignes furent écrites vers 1950... .*.

 

Qu'est-ce que le Verbe ?

 

   P. Le Cour évoque le langage et l’usage de substantifs (substance des choses), de verbes et d’adjectifs pour former les phrases. De ce point de vue, la phrase serait une manifestation trinitaire du Verbe, action créatrice utilisant le Père (substance principe) et l’Esprit (les qualités). Ce concept trinitaire se retrouverait dans l’accès à la connaissance hermétique (Astrologie, Hiérologie ou science du Verbe, Alchimie ou science de la substance principe), et, plus généralement, dans la pensée métaphysique.

   Selon J.A., au verset 1, comme les autres traducteurs, le chanoine Osty écrit « Au commencement... »  au lieu de « Dans le Principe... » seule traduction correcte du grec Eν Aρχή (En Archê), « pour tenter de définir Dieu indéfinissable avant le Fiat Lux ou le big bang, caractérisé par une vibration initiale, manifestée par le Verbe... Ce serait l'origine de « nombreuses fausses traductions. »

 

   Mais quid du verbe « être », très présent dans le Prologue ?

Couramment, « Je marche équivaut à dire : je suis marchant... il travaille : il est travaillant »… Ainsi « être » serait contenu dans « tous les autres verbes », caractérisant l’existence. Mais on attribue à Dieu l’expression « Je suis Celui qui suis » (Exode III , 14). Parlant de Dieu, on dit seulement, « il est ». « Etre... est un verbe-principe. »

 

.*.  Alors ?... « Au commencement était le Verbe » ? ... ou, « En principe était le Verbe » ?

Cette dernière traduction nous paraît contenir la notion de substance principe .*.

 

Le baptême

 

.*. Considérant les versets 12-13, … .*.

12/ Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu, à ceux qui croient en son nom ;

13/ Qui ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu ; .*. ... nous croyons pouvoir relier ces versets au baptême .*. 

Voici ce que P. Le Cour dit du baptême.

 

   « Baptême » vient du gr. βάπτω (bapto) plonger, immerger. Dans l’antiquité, le baptême était une immersion totale dans l’eau, par trois fois chez les Esséniens. Après une préparation, le baptême était donné à des adultes et « représentait la purification nécessaire pour être admis dans la communauté. » Dans l’église chrétienne d’origine, au baptême serait associé le rite de l’imposition des mains ; on peut se reporter à Jean-Baptiste dans Ioan I,33 et St Paul dans Actes XIX, 1 , 6. Le baptême ne serait « qu’une affiliation extérieure,... l’imposition des mains confère les dons supérieurs. » Dans Actes II, 4, les langues de feu qui se posent sur chacun des douze apôtres, seraient « une sorte d’imposition des mains divines. » Les apôtres procéderont par la suite eux-mêmes à des impositions des mains. Rappelons que les cathares, attachés au christianisme primitif, pratiquaient l’imposition par les parfaits [« Cathare » est directement issu de l’adjectif grec καθαρός (catharos) pur...)]

 

   Le baptême de Jésus « est symbolisé par la descente sur lui d’une colombe. » La colombe, Ionah en hébreu, serait à rapprocher du grec Ion (ἴον), violet, couleur de la spiritualité ; elle symboliserait l’Esprit (Une colombe était déjà descendue sur Marie, lors de la naissance de Jésus). « On a dit :

C’est l’Esprit Saint », l’Esprit du Christ qui se serait substitué à celui de Jésus. « Alors commença la mission du Christ, laquelle dura trois années....

   Jusqu’au baptême, c’est Jésus fils du charpentier, choisi pour sa valeur spirituelle pour être le tabernacle du Christ ; à partir du baptême, c’est le démiurge solaire, venant instruire les hommes... » A partir du baptême, le terme « Jésus » doit être remplacé par « Christ » ou « Jésus-Christ ».

.*. Jésus, par le baptême du Jourdain, devient le « Fils... de Dieu ». Jésus, déjà né du sang, naît de Dieu par le baptême. Selon P. Le Cour, à l’issue du double baptême (dans l’eau puis l’imposition des mains... ou baptême du feu pour les Apôtres) l’homme naîtrait de Dieu...  .*.

 

Ioan, le porteur de lumière

 

   Selon P. Le Cour, « la véritable personnalité de Lucifer [5] avant sa chute [serait] en réalité Ioan le détenteur du Graal formé d’une émeraude. » Il y aurait une confusion quasi-permanente entre Lucifer, porte-lumière avant la chute et Satan, résultat de cette chute. Lucifer qui porte la lumière est en fait l’initiateur des hommes.

   Ce point de vue serait issu d’une légende qui « repose surtout sur un texte bien imprécis d’Isaïe. »

 

.*.  Le concept de « Ioan-Lucifer » parait sous-jacent dans les versets 6, 7, et 8 du Prologue  .*.

6/ Parut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean ;

7/ Il vint en témoignage, pour témoigner au sujet de la lumière, afin que tous crussent par lui :

8/ Celui-là n’était pas la lumière, mais il devait témoigner au sujet de la lumière ;...

.*. Si Jean Le Baptiste annonce la Lumière, Jean l’Evangéliste, « envoyé de Dieu », témoigne de la Lumière qu’il a reçue en devenant apôtre.  En l’occurrence, témoigner, c’est « Faire paraître par ses paroles ou ses actions » (P. Larousse)... la lumière .* .

 

.*. MMSSFF, soyons tous des porteurs de lumière, mais évitons la chute ! .*.

 

Notes complémentaires de Tha.°. Coq.°. et Elt.°. Bia.°. - R.*.L.*. R.°.L.°. « Les Ecossais de l’Hermione ».

L'article sera repris dans la Revue Du Maçon N° 17 à paraître.

 

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

 

 

 

Renvois [1] à [5]

 

[1] Manuscrits de la mer Morte : Entre 1951 et 1956, le site de Qumran fait « l'objet de fouilles massives, orchestrées par le Jordan Department of Antiquities, l'Ecole archéologique française et le Palestine Archeological Museum (sous la direction de G.L. Harding et du père R. de Vaux) ». Les érudits responsables de ces recherches ne sont pas indépendants ... « De fait, après leur découverte, plus de la moitié des huit cent manuscrits exhumés ne [sera] pas publiée pendant plus de quarante ans. La communauté intellectuelle [sera] outragée par cette occultation sans précédent d'une connaissance qui aurait du être publique. »

A la lumière de ces textes enfin disponibles, il semble qu'il existe « un grand nombre de variantes [de l'A.T.] et que le texte [de la] Septante n'est que l'une d'elles » (La Septante est la première traduction en grec de la Bible).

(Cf. « La Clé d’Hiram - C. Knight et R. Lomas – p 295-298, J’Ai Lu)

 

[2] « L’Evangile Esotérique... »

- Evangile vient du gr. Εὐαγγέλιον (euaggelion), récompense, actions de grâces ou sacrifice offert pour une bonne nouvelle, ... Par la suite, au sens chrétien, « la bonne nouvelle », c. à d. la parole de J. C., NT. Matth. 4, 23, etc. ; Marc. 1, 1, etc. ... d’où évangile, εὐάγγελος (eu-aggelos).

[« εὐάγγελος » est composé de εὐ « bien » et de άγγελος « qui apporte une nouvelle, messager, messagère » (→ ange)].

L’évangile serait donc une « bonne nouvelle ».

- Esotérique, vient du gr. ἐσωτερικός (ésotérikos), « de l’intérieur », c. à d. de l’intimité, réservé aux seuls adeptes, dérivé de l’adverbe ἔσω (eso), variante de εἴσω (eiso), « à l’intérieur ». Le terme substantivé a désigné les partisans de la doctrine de Pythagore.

« L’Evangile Esotérique » serait « une bonne nouvelle réservée aux initiés... »

   L’adjectif – ésotérique - est introduit en français au XVIIIème s. comme terme de philosophie pour qualifier l’enseignement professé au sein de certaines écoles de la Grèce antique, réservé aux seuls initiés... Par extension, il se dit de connaissances qui se transmettent par tradition orale à des adeptes initiés...

- Par opposition à « ésotérique », le terme « exotérique » est utilisé à partir du XVIIIème s. pour des doctrines, notamment philosophiques, enseignées en public, vulgarisées.

(Cf. Bailly et Dict. Histor. De la Langue Fr. - Rey)

 

[3] Le démiurge

- Du gr. Δημιουργός (démiourgos), litt. l’Artisan, poète de l’Anthologie,... Le mot serait composé de δήμιος (démios) public [ou δῆμος (démos) peuple] et ἔργον (ergon) action, travail. (Bailly)

- Chez les philosophes grecs, en particulier chez Platon (Timée) : le dieu ou le principe organisateur de l’univers...

(Dict. de la Langue Philo. de Foulquié et St Jean)

 

[4] Bibliographie :

- Introduction au monde des symboles, par les bénédictins G. de Champeaux et S. Sterckx, Edition Zodiaque, 1966.

- Le Secret des Cathares par G. de Sède, collection L’aventure Mystèrieuse n° A316, Edition J’Ai Lu, 1974.

- Le Monde Secret des Croix – C. Nimosus.

[5] Lucifer: « signifie - le porte-lumière - (en latin), phosphoros (φωσ·φόρος) en grec. » Selon « … la tradition judéo-chrétienne,... Lucifer... avait pour couronne une émeraude... [il] était le plus brillant des anges, en révolte contre Dieu... il fut précipité... au fond des enfers... » (P. Le Cour).

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25 novembre 2020 3 25 /11 /novembre /2020 21:37

PYTHAGORE: vers la modélisation harmonique du réel

Le franc-maçon se conduit dans la vie suivant les trois lumières qui ordonnent et font vivre son tableau de Loge. L’image parfois idéale qu’il peut avoir du monde vient de ce qu’il le contemple et y agit porté par la Force de l’élan vital, par la Sagesse de son jugement et par la Beauté harmonisante du geste créateur et transformateur. Ces vertus comportementales sont en interactions permanentes, évitant par leur triangulation de laisser place à l’opposition, pour constamment œuvrer dans la complémentarité et la verticalisation du regard.

Une triangulation de l’invisible par le visible

Disposées en triangle rectangle, les trois lumières d’ordonnancement du réel sont reliées par le principe harmonique né du triangle rectangle de Pythagore. Si le carré est toujours visible, la racine du carré est invisible. Ici le carré de chaque côté, c’est-à-dire la matérialité visible de chaque côté, pris dans leur somme donne le réel visible, alors que la racine carrée « invisible », est l’origine du lien qui unit les deux cotés visibles. Cette « racine carrée » invisible est l’hypoténuse, étymologiquement « ce qui sous-tend » ! Comme pour l’équerre du Vénérable qui a deux côtés inégaux visibles, la mesure du côté invisible va naitre de la complémentarité des deux côtés visibles. Ces côtés visibles matérialisés « au carré » produisent une somme dont on cherche la valeur cachée, souterraine, à savoir sa racine. On voit bien que le théorème, traduit en langage symbolique, donne au réel sa profondeur, profondeur invisible au profane qui ne distingue dans le nombre qu’un simple outil de computation.

Equerre du Vénérable Maître

Equerre du Vénérable Maître

L’hypoténuse est « ce qui sous-tend ».

Nous y voici : le principe harmonique né de l’ordonnancement du cosmos allie le réel apparent et donc sensible et sa partie racinaire invisible, mais intelligible pour le « mathématicien » au sens pythagoricien ou platonicien. C’est donc la partie voilée de ce théorème qui nous intéresse. Cette part invisible est initiatique, car elle révèle l’hypoténuse et la manière de la « nombrer » dans un rapport harmonique avec les deux côtés visibles. L’hypoténuse est ce qui « sous-tend » un rapport entre deux termes complémentaires dans leurs directions et proportions. Donc l’harmonie et le beau s’appuient sur un rapport de proportion du visible qui suggère une profondeur esthétique unifiante. Il en est ainsi des colonnes (dorique, ionique corinthien) qui ne peuvent avoir d’autres proportions « académiques » qu’en regard du style décoratif défini. La proportion (hauteur et circonférence) s’associe à un décor de « style » uni par un troisième terme (hypoténuse) qui harmonise. Ce rapport triangulaire entre deux côtés visibles d’un triangle se rencontre à l’intersection de leur direction (raison commune) et sont conjoints dans leur extrême raison par l’harmonie (hypoténuse). L’hypoténuse unit les différences.

Triangle Isiaque

Triangle Isiaque

(Ci-dessus: le triangle isiaque illustre symboliquement le pouvoir harmonique de l'hypoténuse:  le côté 3 (esprit) et le côté 4 (matière) sont unis par le nombre de l’Homme (5). Horus (5) est l’enfant « ailé » appartenant au monde terrestre et céleste né d’Isis (4 la Terre) et Osiris (3 le Ciel).)

Tout carré long ou carré double, porte obligatoirement un rectangle pythagoricien de dimensions 3X4X5. Dans un carré long 1X2 [de 1 (La lumière) sur 2 (Soleil et Lune)], on va reproduire un rapport harmonique afin de rétablir un carré long soumis à ce rapport caché (Sagesse, Force et Beauté). L’image éclairée par cette équation « éthico-philosophique » sera un Tableau de loge « éclairant ». Le rapport harmonique sera appelé nombre d’or par double projection sur l’hypoténuse. Cette hypoténuse sera la diagonale qui "révèle" l’image ou la proportion comme un miroir.

Triangle rectangle - carré double et nombre d'or - diagonale miroir

Triangle rectangle - carré double et nombre d'or - diagonale miroir

La vibration de l’image par « ce qui sous-tend ».

L’image produite et ressentie, vibre d’une harmonie cachée dont il faut chercher l’hypoténuse (le nombre, la proportion qui sous-tend).

C’est le Nombre qui ordonne tout selon Pythagore. Le Nombre est aussi figure géométrique, et vibration : couleur, rythme et répétition (musique). S’engage derrière le Nombre et le jeu des proportions une série de correspondances. Notre recherche portera sur la mise en scène du Nombre relativement à son expression plastique donnant au motif géométrique représenté, une vibration, un effet qui excite notre capacité à voir au-delà de l’apparence. Cette mise en scène prendra en compte l’identification du nombre à la figure géométrique dans sa proportion son rythme. Si nous connaissons le point d’intersection des deux termes (raison commune), il nous reste à définir ce qui unit les extrêmes raisons (ce qui conjoint leur(s) différences). Nous avons toutes les raisons de croire que c’est la vibration qui unit les termes différents dans une harmonie. En effet le rapport de proportion est un rapport harmonique qui fait naitre le nombre d’or, l’harmonie dans la musique et l’harmonie des sphères. Cet aspect vibratoire né de la forme plastique ou géométrique, de la matière comme de la couleur, du rythme et de la répétition, sont unies par la vibration qui résonne en nous. C’est donc en l’Homme (5), par sa perception du sensible et de l’intelligible que l’esprit (3) et la matière (4) se conjuguent en formes esthétisantes, en  correspondance et analogies.

Tout ce qui précède donne une idée de l’intervention de « ce qui sous-tend » l’apparent et le rend harmonieux. Le rapport de proportion entraînant une consonance pour ne pas dire une résonnance vitruvienne entre la partie et le Tout, fait que l’image, l’icône ou la sculpture vibre à nos yeux. L’image devient expérience phénoménale sensible et intelligible.  Le géographe Pausanias rapporte au II-ème Siècle que la statue du chasseur Actéon fut enchainée tant sa plastique sculptée par Charon donnait l’impression d’être « vivante », au point que ses chiens pensant voir leur maitre venaient se coucher à ses pieds. Voilà ce que peut être l’image phénoménale née des mains de l’artiste. Cette résonnance entre la partie et le tout né des ressorts secrets de sa beauté, se déploiera non seulement sur l’objet représenté, mais aussi à son interprétation psychique, éthique voir métaphysique.

Ainsi la Géométrie issue du Nombre porte l’ouverture à l’intelligible au phénoménal qui dépasse le sensible apparent par le truchement des proportions, vibrations, analogies et correspondances.

E.°.R.°.    T.°.  "Les Ecossais de Janas"

 

1 /La modélisation harmonique et l’art optique contemporain


Le sensible associé au Nombre et à la proportion surinterprète le réel. L’art optique transforme les deux dimensions d’un plan en trois dimensions et plus, grâce à la notion de déplacement, de cinétique et d’instabilité de l’image…On va tenter de jouer sur trois critères qui sont la reproduction du motif (pavage), l’instabilité de l’image par effet d’optique qui donne non seulement un rythme, un mouvement, mais aussi une vie à l’œuvre.
La Tetractys continue à travailler l’imaginaire contemporain 2500 ans     après son apparition avec Pythagore, le nombre et la musicalité apparaissent en peinture avec Vasarely. 
Des correspondances sont recherchées entre l’art plastique et la musique à savoir : 
- le phénomène vibratoire (couleurs et sons sont des longueurs d’onde fonctionnant sur le principe harmonique cher à Pythagore).
- l’occupation de l’espace et du temps via la perspective et la profondeur du champ relativement au motif représenté, appelé modèle ou module d’architecture ou encore tracé régulateur
- la parenté entre la programmation de l’œuvre plastique fondée sur le nombre et la forme ou la couleur répétée et la partition musicale,
– rythmes : répétition, variation, développement, recherche d’équilibre 
Tout se joue sur le mode de fonctionnement de notre perception (ambiguïtés et illusions perceptives, illusion de la proportion parfaite par le nombre d’or). L’art pictural devient programmable sous l’influence de Vasarely.
Selon Denise Demaret-Pranville professeur de mathématique et plasticienne : « Il y a deux façons différentes de rencontrer les mathématiques dans le domaine de l’art, soit comme un outil aidant à la création d’une œuvre, comme, par exemple avec l’utilisation de la perspective, soit, au contraire, lorsque l’artiste choisit de prendre des objets mathématiques comme sujet, ce qui est très présent dans l’art géométrique ou dans l’art fractal. On peut dire que, dans le premier cas, les mathématiques constituent un outil au service des artistes, et que, dans le second cas, les mathématiques deviennent un sujet de l’art. » 
F.°.R.°.

 


2/ Du pavage au Module


Nous abordons l’art du pavage qui est par nature un art artisanal et non pas libéral.
Notre pavé mosaïque est un carré multiple et contrasté avec un effet dynamisant qui valorise une image centrale appelée Tableau ou Tapis de Loge. Vasarely va développer la technique du contraste pour en faire un art optique et géométrique. Le franc-maçon retiendra que l’effet optique donne à l’objet représenté une apparence de relief ou de mouvement. On peut donc trouver dans une image plane en 2 dimensions une « impression » optique d’une autre nature. Il y a donc plusieurs couches dans la représentation du monde : le réel simple (plan), le réel ressenti (effet relief) et le réel profond (effet mouvement). Le réel est donc un phénomène, c'est-à-dire un réel ressenti ou intuitif de ce qui est donné à voir…L’objet secret de l’œuvre d’art ultime est de dépasser les trois dimensions (Ligne, Plan, Volume) pour atteindre la fameuse profondeur du réel que recherchait Saint Bernard, c'est-à-dire la dimension qui dépasse la représentation même pour atteindre la fulgurance du Verbe originel. Cette tendance recoupe la notion de Chef d’œuvre qui donne à la forme une dimension qui dépasse ses simples contours, car ceux-ci sont dépassés ici par l’effet optique. 
Qui dit optique dit miroir : les anciens disaient qu’on ne voit la totalité du Ciel que dans le reflet porté par un miroir. L’œuvre d’art optique est donc par sa nature même une représentation d’une réalité ayant plusieurs « point de vue » suivant notre capacité à voir le réel profond. On peut en dire autant de la lecture d’un texte sacré ou hermétique qui par sa nature même offre plusieurs niveaux de lecture.
Vasarely est un Grand Maitre dans l’art de donner à voir.
VASARELY fait largement usage de la géométrie par l’alternance du fond et de la forme en un jeu de combinatoire répétitive du pavage, et, par une perspective contradictoire liée à l’axonométrie, en travaillant sur l’axe vertical, horizontal ou diagonal (telle une croix « tridimensionnelle ») il crée un effet en 3D appelé « art optique ». Part la perspective dynamique d’une trajectoire, l’artiste crée l’effet, l’illusion de la 4ème dimension « l’art Cinétique ».                      

 

Effet cinétique: carré et trapèze

Effet cinétique: carré et trapèze

(Modélisation de l’auteur, le carré plan devient trapèze par effet relief inhérent au mouvement, au changement de « point de vue ».)
       


La notion de répétition est cousine de la notion mathématique de symétrie. « Le rythme est au temps ce que la symétrie est à l'espace », écrit Francis Warrain. Dans un tableau de Vasarely, la symétrie peut aussi prendre le visage des symétries propres à certaines figures géométriques, tels l'hexagone ou l'octogone.
 

Superposition du cube sur une cube - effet optique

Superposition du cube sur une cube - effet optique

(Modélisation en trompe-l’œil part l’auteure, il s’agit superposition du cube sur et dans l’hexagone, à partir des motifs Vasareliens. Ici on voit parfaitement que l’effet optique assimile le cube en perspective à l’hexagone et inversement. On ne serait dire si le petit cube est en relief ou en creux sur l’hexagone. La forme par effet d’optique est instable comme le vivant.)


On appelle « pavage du plan » l’ajustage de polygones de formes différentes couvrant une surface plane, sans interstice ni chevauchement. Ces arrangements sont périodiques ou non-périodiques, comme celui-ci, composés de deux polygones seulement : c’est un pavage de type Penrose, qui a ouvert la voie à la compréhension des substances appelées quasi-cristaux. 
 

Effet optique avec pavage de deux types de trapèzes

Effet optique avec pavage de deux types de trapèzes

(Analyse structurelle d’un motif de pavage Vasarelien fondé sur le pavage de la surface avec deux types de trapèzes. On perçoit les variations de points de vue créant une vibration dans l’art optique)


À travers les siècles, des artistes du monde entier ont eu recours à la science du pavage pour réaliser de superbes assemblages décoratifs en forme de mosaïques, sur des parquets, des tableaux ou des panneaux muraux.
Aussi dans le monde naturel, le pavage apparaît sur toutes sortes de surfaces : la carapace d’une tortue, les écailles d’un poisson, les cellules de notre peau :  « Le Grand Architecte de l’univers à tout réglé avec mesures, nombres et poids… »
Alors si les molécules d’un solide sont ordonnées ou cristallines (la glace, les diamants, le sel de table…) nous parlons de symétrie de la nature (symétrie du grec sumetria : avec mesure)  

 

3/ Modélisation harmonique et la répétition à l’infini


Nous abordons la mathématique de la répétition qui est un art libéral au sens propre. Nous passons de l’aspect sensible du nombre et de la forme à la reproduction du motif modulaire, moins par la main de l’artisan (pavage reproduction exogène) que par le motif lui-même (reproduction endogène). 
Notre vision se laisse entrainer par notre cerveau qui parfois suit une logique de l’apparence qui nous trompe. Nous avons du mal à définir ce qui sous-tend la représentation et nous laissons enfermer dans l’apparence. Ici la répétition est endogène et ne sort pas du cadre prescrit.

 

Triangle de Penrose

Triangle de Penrose

Ici le motif géométrique se reproduit sur lui-même en effet trompe-l’œil. Il s’agit du triangle de du mathématicien Penrose.
Autre effet trompe-l’œil bien connu est ce cube tel qu’exposé par Merleau-Ponty dans « Phénoménologie de la perception » édition Gallimard Paris 1976. Sur cette représentation d’un cube, on peut se demander qu’elle est le premier plan : le carré ABCD ou EFGH ?

 

Cube de Merleau-Ponty - déterminer le 1er plan

Cube de Merleau-Ponty - déterminer le 1er plan

Nous avons aussi une répétition séquencée dans l’art fractal, mathématique par sa nature. Le motif se reproduit par lui-même, il est donc endogène, mais se développe hors du cadre premier mais prenant "racine" sur son module de base.
Nous le retrouvons dans l’arbre de Pythagore qui est l’illustration du théorème de Pythagore sous forme géométrique. Il est composé uniquement de carrés (le nombre 4) et de triangles isocèles rectangles (le nombre 3), et sa construction se fait avec la règle graduée, l’équerre et le compas. 

 

Les deux arbres de la fractale pythagoricienne

Les deux arbres de la fractale pythagoricienne

(Arbre développé à partir d'un triangle isocèle issu de la pierre cubique à pointe et arbre suivant triangle rectangle du VM en 3-4-5. On notera que tout part du triangle dit de Kepler : qui selon Sudarskis  associe le théorème de Pythagore et le nombre d’or par la figure construite à partir du rectangle d’or (parfois appelé le visage de Dieu), où les dimensions respectives des côtés du triangle sont : Φ, 1 et racine de Φ.)

 

À travers cette stéréotomie (ou art du trait) on découvre que l’équerre du VM se reproduit à l’infini. Cette reproduction peut se faire aussi à partir de la pierre cubique à pointe projetée en deux dimensions, la différence portant sur les petits côtés du triangle qui seront égaux ou pas.

 Le tracé du motif devient module ou tracé directeur « réplicable » par sa « théorie » c'est-à-dire par ce qu’il a de puissance divine (Theos) en lui. Pour le triangle rectangle, Theos se serait invité dans la deuxième clef de Pythagore :  « Dans un triangle rectangle, le carré de la longueur de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés ». Le jour de cette découverte, la légende dit que Pythagore aurait offert un holocauste de 20 Bœufs à Zeus… Cette découverte est en réalité une reprise habilement formulée de connaissances égyptienne plus clairement formulées. Pour autant la main divine dans "ce qui sous-tend" le réel s'impose  en transformant la différence apparente en complémentarité sous-jacente.

Ce "Theos" est dans l’hypoténuse comme dans le module réplicable en toute construction ! Serait-ce les prémices d'une analogie universelle fondée sur la proportion et  sur "ce qui sous-tend"? Analogie fondée sur le non apparent, mais sur l'intelligible "mathématique" ou "géométrique"?

Ce mystère lié à la reproduction-réplication du motif, crée une relation harmonique en relation avec une dimension sacrée. La géométrisation de l’espace implique une relation harmonique entre la forme née de la matière et la Lumière venue du ciel: "point de forme nommée sans Lumière". Or le Nombre est Nom à part entière qui peut être démultiplié et demeure analogique par l’enveloppement de l’Un.

Cette relation harmonique entre la forme et la Lumière est issue du savoir-faire d'Épiméthée. Ce savoir-faire est un « tour de main », autrement dit c’est « une clef » de lecture et « une clef » de réalisation. La réalisation consiste à faire entrer le concevable dans le construit. Le réel n’existe à nos yeux que par la Lumière. Le profane ne connait ni la clef de lecture (clef d’Or) ni la clef de réalisation (clef d’Argent). Cette clef est l’apanage de l’initié qui d’une part maitrise « ce qui sous-tend » (l’hypoténuse) et d’autre part ont le « tour de main »,. Ce tour de main est un secret de fabrication né de l’imitation, de la captation du secret du Theos. C’est une approche clairement démiurgique.

Donc la géométrie et l’arithmétique qui font naitre formes et proportions « analogiques » sont de nature sacrée. Le 5em Art libéral est alors une science du sacré, car la géométrie est née du rapport entre les nombres eux-même nés de la Monade pythagoricienne et de la Terre productrice des formes. Cette divine naissance donne à l’image l'harmonie et la beauté qui fascine comme elle le fait pour le temple ou la cathédrale. La géométrie sacrée est fondée sur l’arithmétique modulaire qui induit une réplication à différentes échelles et plans, d’un tracé directeur ou proportion cachée. Le module « cage dorée du Theos » devient « théorie » c'est-à-dire « contemplation du divin  et agencement du monde » repris par le Tableau de Loge éclairé par la lumière d’ordre « Beauté ». La Beauté est appelée aussi « Harmonie » lorsqu’elle sert la réplication des formes et leurs interactions, la répétition des sons, des mots, des gestes et des couleurs, ce qui est le cas en Loge ...

F.°.R.°. et E.°.R.°.    -  R.°.L.°. « Les Écossais de Saint-Jean » 

Arbre  et fractale Pythagoricienne

Arbre et fractale Pythagoricienne

(L’arbre de Pythagore, ou fractale du Theos fondée sur un module née d’un théorème)

Les illustrations numériques sur les arborescences pythagoriciennes sont tirées de l’article d’Étienne Ghys, Jos Leys — «Un arbre pythagoricien» — Images des Mathématiques, CNRS, 2013

 

4/ Modélisation harmonique et la Tetractys en loge : de l’Un au Tout en passant par l’Être.

La Tetractys est une grille de lecture du réel qui trouve sa première clef de lecture dans la puissance quasi métaphysique du point.

Nous disions précédemment que la Tetractys fondée sur le Nombre dont on tire la proportion et qui s'associe à une Tetrade (1+2+3+4) serait une "analogie universelle". On pourrait donc en retrouver la trace symbolique dans la structure même du réel. Voyons si la Loge maçonnique, lieu symbolique par nature , mais bien réel par son agencement, se prête à l’application plastique de la Tetractys en l'associant à l'hypoténuse issue du théorème de Pythagore. Notre objectif est d'établir un lien symbolique et analogique entre une tétrade élémentaire chère aux franc-maçons, les 3 styles des colonnettes ou piliers disposées en triangle rectangle est le dispositif ternaire de la lumière orientale. 

Quoi de plus remarquable  en loge que le carré long sous tendu par le pavé mosaïque qui répète à l’infini le déterminisme d'une dyade (case noire et case blanche). La représentation géométrique de notre Temple serait née du Théorème de Pythagore, car la dimension de la diagonale de ce triangle rectangle résulte toujours de la racine carrée issue de l’addition des carrés de ses côtés. Ce triangle rectangle est marqué aux 3 angles par les colonnes « Sagesse de style corinthien, Force de style dorique et Beauté de style ionique » (nombre 3 ou ternaire dans le Hekal au REP).

Donc la figure dite du « carré long » en damier, « triangule par trois vertus »  donc à l'aune d'une éthique, la "révélation" d’une image du monde, représentée symboliquement par le Tableau de Loge du grade concerné. Cette « imago mundi » est le point central de notre circumambulation dans les trois plans relevant de la connaissance de soi et du monde à savoir :  le plan physique, psychique et intelligible. C’est la superposition des trois plans parfaitement alignés qui produira cette fameuse résonnance spirituelle qui est véritablement l’aspiration de l’Homme.

Si on en croit les méthodes ancestrales de création et de fondation des bâtiments sacrés, le carré long serait une image synthétique du plan solaro-terrestre, une table de projection du Ciel sur Terre. C’est aussi un Mundus mémoriel, qui selon la Genèse et les anciennes sagesses, serait né de la combinaison des quatre éléments. Eau, Terre, Air et Feu (nombre 4) sont associées aux trois vertus architecturantes ou « formatrices » : Force, Sagesse et Beauté, associées aux styles des colonnes de l’art antique.

Nous allons voir que ces vertus sont pour l’homme des hypostases du Divin. Ces vertus nous relient au Divin.

En effet, si nous mettons en scène le 4 (éléments) et le 3 (lumières d’ordonnancement Sagesse, Force et Beauté) sur le plan de circumambulation de la loge, nous devons rechercher leur source "éclairante" sur un autre plan moins accessible. Nous cherchons alors la monade ou l’unité principielle. Pour cela nous devons nous poser la question d’où vient la Lumière qui illumine en Sagesse, en Force et en Beauté notre vision du monde (résumée dans le Tableau de loge) ? D’où vient cette lumière qui inspire notre maillet qui agit sur le ciseau et donne forme harmonieuse aux 4 éléments combinés ?

Elle vient de l’Orient pour descendre jusque dans la matière, puis pour faire le chemin du retour ascensionnel dans sa source. Cet aller-retour nous le retrouvons dans le rituel "vibratoire" à trois voix des trois porteurs de maillet. Cette réversibilité (descente et remontée) est une des constantes du système analogique introduisant une descente en soi ou dans la matière puis une remontée, suivant en cela les lois de correspondance.

L’aboutissement dans la remontée est un sommet qui comme tous les sommets faisant axe, se prête à l’interprétation anagogique. Ici, le centre de soi, le centre du Hékal, le centre du monde s'alignent dans un même axe "vibratoire". Nous verrons plus loin que le chemin de l'axe est généré par la progression axiale qui résulte d'une triangulation  née de la transformation d’opposés en complémentaires dans chaque niveau. La Tetractys qui repose sur l’harmonie des proportions et des rythmes est un modèle parfait de triangulation axiale, car son sommet est l'Un d’une décade de base quatre. Par sa représentation la Tetractys est une combinatoire nombrée et proportionnée, fondée sur la triangulation axiale bien présente en loge.

Le Principe produit l’Un, la philosophie de l’Un sera développée avec succès par les néo-platoniciens : les nombres et les choses sont issus de l’Un qui se démultiplie. Les nombres sont issus de la monade qui se duplique en une dyade polarisante qui détermine la succession. Le réel harmonieux est dérivé d'un Principe unique. Tout part de l'Un jusqu'à la multiplicité du réel, puis par le jeu de l’analogie réversible, la totalité remonte à sa source première.

La Monade est donc à l’Orient, lieu sacré de naissance de la Lumière appelée aussi "porte des Dieux".

Cette Lumière est représentée, selon les rites maçonniques, par un Triangle plus flamboyant que rayonnant, équilatéral représentatif d'une trinité, parfois centrée du Nom divin (RER), ou d’un Œil au centre d’un triangle (REAA), d’une Étoile à 6 branches dite Hexagramme (REP)... L'hexagramme reprend clairement une double Tetractys superposée et inversée. C'est un signifié géométrique portant le principe de réversibilité anagogique versus littéral : ce qui est en haut (sens anagogique) et comme ce qui est en bas (sens littéral), etc. Peut-on dire dans ce cas que la loge organise par son cheminement symbolique réversible, les structures cachées de l’hermétisme ?

Précisons que cette Étoile orientale, représentée dans « l'essence » de son flamboiement (et non pas dans « le sens » du son rayonnement); cette source primordiale, est relayée par l’épée flamboyante du VM médiateur céleste. Le VM s'exprime par son maillet et sa parole. C’est donc que l’Étoile, la Lumière, le Fiat Lux, le Verbe, la vibration au sens premier, seraient « la » ou « les » sources de la manifestation et de la vie. Voilà donc l’attribut, le prédicat du Nombre pythagoricien en loge : c’est le symbole en correspondance "vibratoire" dans les 4 plans analogiques de la Tétractys. 

Pas plus que l’Un, aucune Étoile n’est accessible directement aux Hommes si ce n'est par la vibration qu'elle diffuse (longueur d'onde lumineuse). Chaque étoile à sa longueur d'onde qui symboliquement dépend du nombre...de ses branches et donc son niveau d'intervention vibratoire dans le spectre visible du réel . Le symbole de l'Etoile en correspondance des 4 plans est un médiateur reprenant la puissance harmonique propre au Nombre. Ce médiateur harmonique porté ontologiquement par la monade (alias l'Etoile), s’établit pour la première fois dans le passage de la monade à la dyade, l’ensemble créant évidemment un triangle équilatéral "axial".

Les deux termes constituant la dyade (Lune et Soleil, ou Équerre et Compas), créent une dynamique, un contraste par une opposition devenue complémentaire, mais toujours harmonique, susceptible de générer à son tour dans un plan inférieur. Cette harmonie « apparente » sera qualifiée « d’harmonie des sphères » fondatrice d’un Cosmos au milieu du Chaos. Par déclinaisons successives et compte tenu de son caractère générateur et universel, le principe harmonique est susceptible de donner la vie et les formes géométriques parfaites, le beau et le bien.

Sur ce fameux plan solaro-terrestre, nous constatons les jeux cycliques du Soleil en son rythme solsticial et de la Lune en son rythme sélénaire. C’est pourquoi nous travaillons de Midi à Minuit sur deux fréquences qui dicte l'émergence de la vie. Cette émergence correspond au caractère déterminant de la diade. La dyade céleste constituée par le Soleil et la Lune, trouve son pendant, sa correspondance dynamisante avec la case Blanche et la case Noire du plan solaro-terreste, ou la lettre J et B des colonnes humaines. Cette géométrie binaire « dynamisante » sera un véritable crible nécessaire à l’élaboration des tracés directeurs fondés sur l’harmonie géométrique du théorème de Pythagore.

Tétractys en loge

Tétractys en loge

(Dans ce schéma tiré des archives de la R.°.L.°. La Lumière Ecossaise, on remarque une possible permutation dans deux niveaux, celui des éléments entre eux et des vertus, la variabilité des permutations est fonction des complémentaires dirimantes choisies dans la dyade et donc implique des correspondances dans les niveaux inférieurs. On remarquera que si la Monade est indéterminée par sa nature enveloppante du Tout, la Dyade est une traduction d’un point de vue, d’un parti pris fondateur. La dyade est toujours « déterminante ».)

Ainsi et pour conclure, l’adaptation du schéma de la « sainte Tetractys » par le franc-maçon est une combinatoire analogique des 4 éléments sous couvert de trois vertus (3) dynamisées par l’opposition devenue complémentaire de la Lune et du Soleil (2). Cette combinatoire nous montre le chemin de la source « flamboyante » principielle et harmonique des formes et de la vie (1). Cette source enveloppante porte en elle une analogie universelle réplicable en bien des domaines. C’est cette source originelle et universelle qui donne à l’agencement harmonique de l’ennéade issue de la monade sa dimension sacrée. Ainsi le franc-maçon en interposant l’homme armé de ses vertus, en médiation entre les 4 éléments et le Principe, réussit à allier la puissance de l’Un et la puissance de l’Être en une seule grille de lecture.

Dans une belle combinatoire, le franc-maçon résout la disputatio philosophique de la prééminence du Principe ou de l’Être dans le Réel. Il opère un réalignement des trois plans (ou Tableaux de loge) correspondant aux trois initiations qui mènent des Petits Mystères aux Grands Mystères.

Ce schéma d'une triangulation axiale de la Tetractys reformulée, réadapté par la franc-maçonnerie à des fins symboliques, mariant l’Un et l’Etre, est insuffisant à rendre compte des liens connexes existant entre les éléments et les vertus situées aux bords de la figure.

Cette carence peut être compensée par une autre présentation. Il s’agira donc d’une décade à trois cercles nés d’un Centre ontologique.  Elle s’applique au centre du Hekal et exprime la superposition des 3 grades « bleus » de la franc-maçonnerie. Elle emporte les trois termes de projection de la monade dans 3 cercles : L’Un (1) génère la dyade (2) du premier cercle, qui diffuse dans le triangle (3) du second cercle pour finir dans le carré (4) du troisième cercle. Ainsi chaque constituant d’une table supérieure entre en contact avec la totalité des constituants de la table inférieure et par le cercle.

Le schéma provisoire ainsi posé nous renvoie à une autre question toute aussi passionnante, portant sur la quadrature du cercle; mais ceci est une autre aventure...

 

(Ci-dessous variante de la représentation de la Tetractys en décade concentrique, permutations possibles de B et F et des éléments suivants le rituel. On notera que le carré peut être "orienté" de manière cardinale avec par exemple la Terre en noir à l'Occident, le feu en jaune à l'Orient, l'Eau en vert au Septentrion et l'Air en bleu au Midi. On trouve cette autre "orientation" : l'Air en jaune à l'Est, le Feu en rouge  au Sud, l'Eau en bleu à l'Ouest et la Terre en noir au Nord.)

Tétractys en Décade concentrique en loge, plusieurs versions possibles

Tétractys en Décade concentrique en loge, plusieurs versions possibles

E.°.R.°.   R.°.L.°. "Ecossais de Saint Jean"

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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 18:03

En loge, la Bible est placée sur le plateau du Vénérable, ouverte à la page du Prologue de Jean. L’équerre et le compas la recouvrent. Elle est le symbole d’une tradition immémoriale qui dicta nos règles de vie et notre morale collective.

La présence de la Bible est confirmée par les rituels les plus anciens. L’évangile de Jean est un livre capital de la spiritualité chrétienne. Le caractère ésotérique de ses écrits le distingue des évangiles dits synoptiques. Très tôt au sein de la première diaspora,  les adeptes de Jean se voulaient les gardiens de la part cachée de la tradition par opposition aux tenants de l’Eglise de Pierre exotérique et dogmatique.

Si un certain nombre de loges maçonniques s’intitulent « Loges de St Jean », la raison est peut-être due à cette particularité. La F.M. se plaça sous le patronage des deux St Jean. Le baptiste est considéré comme le précurseur et l’initiateur, Jean l’évangéliste, lui, nous appelle à nous ouvrir aux mystères de la vie de l’Esprit.

Pour ma part, je remercie la franc-maçonnerie qui me l’a fait redécouvrir, car depuis de nombreuses années, Jean l'évangéliste est devenu mon « Maître ». Je prends donc le parti d'exprimer mon ressenti de franc-maçon-chrétien. Comme un viatique, ce prologue qui lui est attribué traduit l'essentiel de ma démarche maçonnique. 

Par contre c'est une tâche délicate que d'aborder ces sujets devant des Sœurs et Frères de sensibilités hétérogènes.

         Le Prologue - 1/18 - « Pro-logos » (avant le discours) ; c’est avant tout un hymne au LOGOS qui condense la pensée de Jean. Il emploie un langage poétique car il n’y a pas de mot qui sache exprimer de façon adéquate sa pensée. C’est un langage allusif qui indique quelques directions, quelques indices orientés pour qui a le désir de s’y aventurer. « La poésie n’est pas un jeu mais un moyen de haute connaissance » disait Henri Bosco.

Le cadre historique

En quelques versets (1/18), Jean nous plonge dans un espace-temps qui se contracte pour nous projeter dans la fulgurance d’une rencontre qui va changer le monde : nous sommes dans ces temps instables et anxiogènes où la culture vétérotestamentaire était battue en brèche par les occupations grecques puis romaines et les nombreuses invasions qui l’ont précédée.

De ce fait, au sein de ce peuple qui souffre et s’interroge, la résurgence de l’idée d’un sauveur que l’on pourrait dire « miraculeux », un Messie roi, « fils de David » qui viendrait libérer Israël du joug de l’occupant se fait de plus en plus prégnante.   Mais le profil de cet envoyé de Dieu reste flou; en effet de qui parle-t-on ? D’un messie prêtre ? D’un messie chef des armées ?

L'évangile de Jean vient interrompre ce temps d'incertitude : il fallut l’apparition de Jésus/Yeshoua sur les bords du Jourdain pour que le rideau se lève dévoilant un paysage inattendu. En effet, comme le décrit Jean, il est au-delà des schémas habituels : ce n’est pas un messie davidique au sens où on l’entend, il fuit ceux qui veulent le faire roi et proclame devant Pilate que sa royauté est d’en haut... C'est évidemment incompréhensible pour qui l'entend.

Tel que je le perçois, Jean prend le prétexte de la rencontre de Jean Baptiste et de Jésus-Yeshoua qu’il décrit comme capitale, comme un basculement : nous sommes à la croisée des chemins, au point de jonction de la Première Alliance abrahamique, l’ancien monde et l'Avènement d'une Nouvelle Alliance qui porte en elle le concept d’Amour et de Vie éternelle et cette Nouvelle alliance, Jean va clairement  l'identifier à une personne : Yeshoua,  l'Unique de Dieu.  Le Logos divin préexistant qui se manifeste au sein du monde.

Pour Jean, le message de Yechoua/Jésus, commence véritablement ce jour-là, au bord du Jourdain. Cette histoire s'inscrit dans l'histoire universelle... comme l'image d'un grouillement improbable et une Présence, une présence « discrète et irradiante ». Jean nous convie à nous approcher de ces textes avec audace, à les scruter, à nous ouvrir à l’appréhension des mystères, il nous fait entrer, en présence d’une « Altérité que ni l’intellect ni le cœur ne peut contenir ». Ces écrits sont, pour moi, comme une épiphanie...

Ceci traduit ma quête essentielle, et tout ce vers quoi je tends. Jean  me donne à entrevoir tout un contenu qui n’est pas explicitement signifié. Il m’apprend à voir « au-delà » et avec une plus juste mesure...  C’est, pour moi, la mise en état de regard avec cette Présence qui rencontre mon désir de sens et m’invite à une aventure... comme Yeshoua le dit simplement à Jean et son ami André qui lui demandaient : « Où demeures-tu », ils voulaient dire « Dis-nous ta vraie nature ». Il répond simplement : « Venez et voyez... ». 

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Avant d'étudier ce message transmis par Jean:

Qui était-il ce Jean, ce « disciple bien-aimé » auteur du quatrième évangile ?

Un personnage historique : Johannes - homme savant du clan Cohen ?  ou Jean, fils de Zébédée, l’Apôtre, frère de Jacques ? Ou une figure symbolique, l’archétype du disciple idéal ?

A-t-il été écrit en grec ou en araméen ? Les conjectures abondent et qu’importe de ne pas savoir exactement  qui  il était,  cela nous montre d’ailleurs  le degré d’humilité et de retrait qui l’habitait.

Innombrables sont les figures de Jean. L’Église chrétienne a remplacé le culte romain de Janus par celui des deux saints Jean en plaçant leurs fêtes aux dates des solstices. Jean le Baptiste ouvre la porte estivale et annonce le cycle d’obscuration. Jean l’Évangéliste ouvre la porte hivernale et annonce le cycle d’illumination.  L’évangéliste rapporte lui-même dans son évangile les paroles du Baptiste « Il faut que lui grandisse et que je décroisse ». Elles croisent ces belles paroles de François Cheng : "Vraie Lumière, celle qui jaillit de la Nuit" ... "Vraie Nuit, celle d'où jaillit la Lumière".

Ces fêtes sont restées présentes dans l'univers de la franc-maçonnerie, comme lente et sage respiration que rythment nos banquets d’ordre, notre fête solsticiale et les rites de notre année maçonnique. J’aime la figure sur les tableaux des loges des deux tangentes de part et d'autre du cercle avec son point de centre : le dernier des prophètes de l'ancienne alliance et le premier des témoins de la nouvelle alliance qui touchent au plus près la "figure" du Logos.   

Pour de nombreux francs-maçons (je cite Hubert Greven Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France), je cite « Jean fut un prodigieux médium, son évangile est essentiellement ésotérique... L’ésotérisme des écrits de Jean fait comprendre au mieux, en le faisant murir, le fond commun et traditionnel de toutes les religions... C’est un bâtisseur du Temple dont il présente les dimensions à l’échelle universelle, participant au Cosmos. L’Homme est comme un dieu en devenir.  Son message a pour but de dégager l’homme de son état strictement humain, de rendre effective la capacité qu’il possède d’accéder aux états supérieurs. » Jean est le patron des francs-maçons et des Templiers. 

Il poursuit : « Peut-on considérer que  l’évangile de Jean n’est que réflexions analogiques, intuition et actions symboliques, attribuées à des personnes... on peut considérer que ces personnes ont existé, nier leur réalité historique ou les regarder comme des archétypes comportementaux, selon son intime conviction personnelle, et selon l’adage : « tout est symbole ? L’important est de s’attacher au cheminement initiatique évoqué par les textes »

Quant à René Guénon il suggère : « L’idée principale... est que l’Être a de multiples états dont l’espèce humaine ne fait qu’en occuper un, mais que de l’un à l’autre de ces états on peut s’élever par des actes volontaires de son esprit, par son activité psychique et intellectuelle jusqu’à parvenir sur ce plan à l’identité suprême... Pour cela  il faut une initiation et des rites initiatiques.  Dans les états mystiques au contraire, il est enseigné depuis Abraham, que l’on ne peut obtenir une certaine élévation que par la grâce de Dieu qui répond à un désir... ce qu’il appelle le mysticisme passif... ».

Mais pour un grand nombre d’exégètes, Jean était avant tout un théologien sublime à la fois gnostique et mystique. Toute son intelligence et son amour disent la manifestation de l’Être ; il s’est élevé très haut dans la contemplation de cette manifestation... son emblème est l’aigle qui, seul, s’élève, porté par le vent de l’esprit jusqu’au zénith.

La lecture que nous pouvons faire de ce prologue sera donc polysémique, elle peut être vue sous un angle ésotérique, théologique ou mystique. « Notre cerveau est un « organe de tâtonnements, ce serait lui faire injure que de lui imposer des certitudes ».

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Et « Jean le Baptiste » : Qui était Iohanân ?

Il a été dit que Jean Baptiste avait été un adepte des communautés esséniennes. C’est une hypothèse plausible. Cette secte juive de stricte observance prêchait l’ascétisme et la repentance,  l'immersion quotidienne et même le célibat.

Leur théologie était une gnose-dualiste et eschatologique,  elle attendait et se préparait pour la fin des temps lors d'événements apocalyptiques décrits comme un gigantesque combat opposant les Fils de Lumière aux Fils de Ténèbres. 

Deux Figures eschatologiques étaient donc attendues intensément par cette communauté : un Prophète qui devait annoncer la venue d’un Messie, et ce Messie à la fois sacerdotal et royal. « Mashia’h » en araméen, c’est celui qui a reçu l’onction (Samuel a consacré David). Mais en élargissant cette fonction à l’image du « Parakletos grec », c’est celui qui intercède, vient en aide ou console.

Jean le Baptiste semble s'inscrire dans cette mouvance. Il va se retirer dans le désert. Il prophétise et baptise. Il prêche le renoncement et la conversion, la redécouverte des fondamentaux de la religion... et devient Jean le Précurseur, une « figure » dans la vie religieuse et politique de ce pays, et les gens viennent à lui en grand nombre.  Il est la voie qui crie : "Dans le désert déblayez, frayez les chemins du Seigneur ».

Appelé par Yeshoua « le plus grand parmi les fils de la femme », Fils de ce terreau qu’est notre humanité, il clôt le cycle des prophètes de la première Alliance. Il prêche la Téchouva... le retournement. Il est, pour nous francs-maçons,  un initiateur. Cette figure est essentielle, elle nous incite au grand déblaiement de notre "moi", avant tout choix de vie pour cheminer vers la Lumière, car il s'agit bien là de traversée du désert, de dépouillement, d'abandon, de dé-sécurisation.

A ce vide nécessaire, comme la « table d’attente » en héraldique,  répond, le « lâché prise », la vacuité totale d'esprit, d'âme et de corps qui nous est nécessaire pour  accueillir l'Infini/ la conscience du « Soi »,  l'Axe de notre condition humaine.

En une longue suite de mutations Mort/résurrection/ Mort/résurrection,  nous devons petit à petit nous détacher, mourir à nos attachements, accepter parfois de ne plus rien comprendre, comme notre père Abraham, mort à lui-même, devant son fils Isaac qu’il croyait devoir immoler.  Longue et périlleuse est la route qui nous conduit à notre verticalisation.

Jean le baptiste est le Précurseur, témoin de la Lumière. Notre mission d’initiés est d’être nous-même des témoins de la Lumière. 

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Alors entrons dans le texte : nous avons parlé de Jean l'évangéliste, et nous avons évoqué sa rencontre avec Jésus / Yeschoua.

 Verset 1 : Ce premier verset, on peut l’énoncer de différentes façons, issues de traducteurs, tous théologiens : « Au commencement était le verbe » , « Au commencement, le Logos, Le Logos est vers Dieu/Le Logos est Dieu », «Entête lui le Logos/ et le logos, lui pour Elohîms / et le logos, lui, Elohîms »,  « D'abord il y avait le Langage... », « Dans le principe, le verbe... »   Enfin, "Au commencement était la Parole, la Parole était en compagnie de la Lumière, la Parole était la Lumière », cette dernière traduction de Hubert Greven pour qui « ces écrits sont essentiellement un message ésotérique qu’il faut décrypter ».

Nous pouvons en effet l’interpréter selon ce point de vue car « tout est symbole » et Jean, le poète, l’ami fidèle de Yeshoua, nous y invite, son évangile et particulièrement le prologue est, pour moi, un rougeoiement qui attend notre désir mêlé au souffle divin pour nous illuminer. Sa lecture nous demande de rester ouverts ... « le vent, on ne sait d’où il vient, ni où il va... » comme une parole lancée, on ne sait pas où elle va aboutir.

Ce n’est donc pas à proprement parler de la « lecture comparée », mais plutôt une approche collégiale. C’est mon choix, mon interprétation en est une parmi d’autres.  Il n’y a pas d’interprétation unique. Nous verrons que plus on approche et plus le sens se révèle infini en tant qu’il est inépuisable.

Ainsi Verset 1) : La première question qu’on ne peut éviter : « Au commencement... »  Jean Yves Leloup (philosophe et théologien) nous invite à poser cette question fondamentale : « Au commencement de quoi ? et quel commencement ?  Le commencement du monde, de cet espace-temps.  Mais avant ce commencement ?...  De rien, rien ne peut sortir ».

 On se souvient du premier mot de la Genèse : Bereshit.  André Chouraqui en bon exégète bibliste nous fait signe : avant le « beth » il y a « l'aleph », ce mystère qui est et qui nous dit qu'il y a quelque chose plutôt que rien.

Jean-Yves Leloup précise : « Il faut garder cette question ouverte car elle est fondamentale dans notre démarche de maçon : Connaître son origine, c'est connaître sa fin... ce pourquoi nous sommes faits.  Elle me force à m'identifier : quel est le lieu d'où je viens ?... Car le commencement n'est pas à chercher hier, autrefois, mais ici et maintenant ».  Qu'y a-t-il à l'origine de mes actes, à la source de mes pensées, de mes émotions, de mes sentiments ? A la source d'une pulsion, d'un cri, d'une angoisse ? ».

On rejoint la question de Jean et André : « Maître, d’où est-tu ?». On rejoint aussi, nous le verrons plus loin, l’analyse d’Annick de Souzenelle.

Si nous revenons au texte, en tout premier lieu, Jean nous invite à une réflexion : pour le premier verset, nous avons plusieurs traductions possibles.                                      

Mais avant tout, première digression :

On parle là de Dieu, ou plutôt des noms des dieux, tous improbables ...car comme le dit Sylvie Germain : « On a tous une certaine conception de Dieu, et selon le nom qu’on lui octroie, cela peut déterminer le sens d’une croyance ou d’un comportement ».

Il faut rappeler que, pour les croyants « Dieu n'existe pas, il n'est rien de ce qui existe, Il est Incréé... il n'appartient pas au règne des Etants... il n'est pas du monde. Il est "l'Incréé" d'où vient toute créature ».

Et les francs-maçons précisent que « Dieu n’a rien à voir avec les religieux, dieu est un nom qui s’applique à aucune chose en particulier, bien qu’il les concerne toutes singulièrement. Du fond de leur réalité finie, exprime leur commune appartenance à une totalité infinie. »

C’est ainsi que dans beaucoup d’ateliers il est nommé « Grand Architecte De L’Univers », (pour moi, c’est un vocable « technique ») c’est la « Sagesse divine ».  

Au REP nous disons « Dieu » et parfois le « GADLU », les Juifs ne le prononcent pas, il est יהוה, ils l’appellent « Chaddaï » ou « Adonaï » ou « Eloïms ».

D’autres le nomment « l’Être », «la Lumière », « le Soi », « la Conscience ».

Les chrétiens disent « Yahvé » (c’est à mon avis une traduction hasardeuse), ou « Abbah /Père » comme l’appelle le Fils.  D’autres enfin ne veulent pas nommer ce qu’ils rejettent comme irrecevable.

Quelques précisions : Quand Jean parle du « Père », c’est l’origine, le fondement...

Pour Hubert Greven, c’est le père spirituel, l’initiateur, le Maître.

Le Fils : "Être fils", c’est entretenir une relation d'intimité avec ce qui sans cesse nous fonde et nous "origine". Pour Hubert Greven : « fils » c’est le disciple privilégié, l’Initié, le fils spirituel.

Et « l’Esprit » est la relation (pneuma / souffle) spirituelle.  Relation de Présence-à-présence, présence du souffle humain au Souffle qui anime « tout ce qui vit et respire ».

Nous le voyons, autant de lectures et de sensibilités intéressantes. C’est la pluralité des lectures et leurs interprétations qui nous ouvrent à la connaissance de ce texte. Quant au LOGOS, j’ai retenu en premier lieu ce vocable pour la richesse d'interprétations qu'il offre :

 « Logos », selon un helléniste italien, le professeur Morani, est un mot clé qui pourrait résumer à lui tout seul l’expérience culturelle des grecs anciens : « LOGOS signifie parole, pensée, rationalité, capacité de l’être humain de relier et développer ses propres pensées ». Il note que la signification originelle de Logos est le fait de parler, d’être en capacité de communiquer quelque chose de rationnel. Logos n’est pas simplement la parole, mais un mot qui exprime l’intelligibilité (intelligence, parole, verbe, information créatrice...).

Ainsi nous parlons du Logos qui est « Parole créatrice ». Pour les sémites, parole et évènement sont liés ; c'est la Parole (Dabar en hébreu) de Dieu qui crée. C'est le concept d’information : pour qu'une chose existe, elle a besoin d'être informée.

« Au commencement, à l'origine, » il y a donc cette Intelligence, cette « Parole créatrice » qui informe toutes choses, elle est « agir et réalisation ».  Plus généralement  la parole est « créatrice » au sens où elle donne du sens et crée de la relation.

Osons aller au-delà, « la Parole » engendre « l’écoute, le lien », elle donne vie à « la relation ».  Dire (en 1) : « Au commencement : le Logos / Le logos est vers Dieu », c'est admettre et dire que ce qui est premier est de l'ordre de la « Relation » et qu’il y a « mouvement et orientation ».  Et Jean ajoute que ce « Logos est Dieu », en nous disant cela, il nous informe que ce Logos contient tout Dieu. Et comme nous le dit Jean Grosjean : « Il contient la totalité de sa source.  Il ne fait qu'un avec la lumière qu'il donne à contempler ». Il évoque là, en particulier « le mystère divin personnifié ». Je le cite : « Le Logos et le Théos sont distincts. Ils ne sont pas séparés. Ils ne sont pas confondus ou mélangés : ils sont Un... Entre l'aleph, l'inconnaissable et la création, il y a ce Logos ce "dialogue", qui pose la dualité et dans le même mouvement appelle et rend possible l'Unité... non l'unité indifférenciée ou fusionnelle, mais l'unité de relation. L'Unité n'est pas détruite par l'Altérité, l'Altérité n'est pas anéantie par l'Unité ».

Avec Jean, le regard plonge donc dans l'intime de l’Être. Nous  entrons  dans le mystère trinitaire.

Hubert Greven, lui parle de fusion : « La Parole était en compagnie de la Lumière, la Parole était la Lumière" Ceci revient à dire que la parole existe depuis l’origine du monde créé et accompagnait la Lumière. Tout a donc été fait par la Parole et par la Lumière... "la fusion de ces deux concepts implique un seul principe créateur qui est à la fois Parole et Lumière. »  Ailleurs, il dit : La parole est dans la Lumière, et la Lumière se manifeste par la Parole, celle de la sagesse suprême, envoyée sur la terre pour y révéler les secrets de la volonté divine et c’est ce postulat, cette espérance qui fonde la quête du F.M. »

Annick de Souzenelle a une vision toute différente et passionnante que je tente de résumer : elle rejette le terme « au commencement » pour « Dans le Principe, le Verbe ». Cette traduction nous projette dans ce qu’Annick de Souzenelle appelle « le temps ontologique », qui n’est plus « le temps historique » composé du passé, présent et futur, c’est au contraire « l’instant » Hic et Nunc, qui nous relie au divin, c’est le « non temps » de l’éternité.

Dans le Principe est le Verbe qui nous habite, ici et maintenant : c’est le temps et le lieu de l’accompli et du non-accompli. Cet inaccompli qui verra son accomplissement au fur et à mesure des dimensions de conscience successives qui nous habitent et nous habiteront. C’est une réflexion fondamentale qui nous met, non pas au pied du mur, mais aux pieds de l’échelle de Jacob et des nombreux paliers qui nous attendent. 

Puis Jean précise, il répète, et c’est un indice (en 2) : « Il est au commencement avec Dieu ».  C'est la révélation que Jean nous livre : le dévoilement de l'Uni /Trinité de l’Être. Quand j’ai pris conscience de cela, ce fut, pour moi, libérateur, car cette unité n’a rien de statique. Tout est Mouvement / Relation et Vie...        

Si l’on adopte cette révélation, il n’est plus question d’un Être solitaire et Omnipotent, mais d’une relation d’Amour. Pour Jean, l’Amour est avant tout le cœur et l’ADN de chaque chose. Il le dit plus loin (en 4) : « de tout être il est la vie... ». Lorsque rien n’existait à part l'Uni /Trinité de l’Être, il y avait donc l’Amour. Tout est contenu dans ce mot : mouvement/relation /vie

Fidèle de Jean, j’ai donc cette intuition toute personnelle, que ma vie, ici et maintenant, est pétrie de cet Eternel qui me fait.... Il me constitue, il me structure. Il est "L'AMOUR qui tient toutes choses ensemble. Inouï et Irreprésentable ». Le Logos n’est plus un "objet de connaissance", "quelque chose à comprendre", mais le dévoilement d'une Présence qui s'offre à mon intuition, à ma liberté et m'introduit dans son mouvement "vers l’Infini / l'Altérité absolue et l'Inconnu d'où nous venons ».

(En verset 3) – « Tout existe par Lui - Sans Lui : rien ». Traduction au plus près : « Le tout, en Lui, sa genèse et rien n'a de genèse en dehors de lui ». Pour Jean-Yves Leloup : « Il importe de s'éprouver sans cesse en genèse, en voie de création. Nous ne sommes pas faits une fois pour toute. Le Logos est sans cesse à l'œuvre pour nous tenir hors du Néant ».

Et pour Jean Grosjean, je cite : « L'univers est tramé, tout le temps, par le mouvement même de la parole. Et comme on ne sait jamais où va aboutir une phrase, on ne sait pas non plus où va l'histoire du monde... » question !!

(En verset 4) - « De tout être, Il est la vie. La vie est la lumière des hommes. »

(En verset 5) - « La lumière luit dans les ténèbres, les ténèbres ne peuvent l'atteindre ».

Jean proclame que Logos est la vie de nos vies. Il contient l'univers et tous les univers possibles... tout être vivant est « demeure de l’infini/Réel ». 

La lumière est par elle-même invisible, invisible au cœur même de tout ce qu'elle donne à voir ; cette Lumière incréée qui habite dans les profondeurs de l'être n'est pas accessible à l'esprit « sec », elle est d'une autre nature.  

Cette gnose, ce Souffle, nous donne à voir le Logos dans tous les êtres. C'est faire l'expérience de la Transfiguration, c’est le symbole du mont Thabor. Nous devons donc tenter de percevoir le Logos qui anime toutes choses : si nous l’oublions, le monde devient profane à nos yeux, « profané », vidé de la présence qui l'habite, vidé de sa Lumière.

Pour Hubert Greven : « De même que le soleil illumine la route, de même la lumière (c’est-à-dire illumination) est ce qui éclaire le chemin divin : c’est le principe même de l’initiation. La lumière est symbole de vie aux ténèbres de la captivité (le profane prisonnier de ses passions) s’opposant à la lumière de la libération et du savoir. »

« La vie de l’Esprit fait sortir l’homme des ténèbres.  La lumière de l’Esprit va lui permettre de s’ouvrir pour avoir la vision d’une autre réalité. C’est la source et le fondement de la Connaissance qui est symbole de ce qui éclaire la vie intérieure, de ce qui oriente. La véritable Lumière, c’est la Parole, l’ultime réalité qui est en « tout homme venant dans ce monde ». C’est un message qui demeure éternellement en accomplissement. »

(En verset 6) – « Paraît un homme, envoyé de Dieu - Iohanan est son nom ».

(En verset 7) « Il vient comme Témoin pour rendre témoignage à la Lumière afin que tous y adhèrent »

(En verset 8) – « Il n'est pas la Lumière mais témoin de la lumière ».

Jean le Baptiseur est l'archétype de l'envoyé, l’apôtre, « l’Ad Verbum ».  Il porte la Lumière et sa présence est pure capacité de l'Autre.

Jean le baptiste est nommé, il est l’envoyé de Dieu : être appelé par notre nom, est fondamental, au sens strict du terme. Quand Socrate nous dit : « Connais-toi toi-même », il nous invite à une introspection, soit, mais se « connaître soi-même », c'est se connaître comme individu, quand le soi est pris comme objet de connaissance ou d’investigation, on s’aperçoit qu'en vérité, on ne sait rien de soi, l'essentiel nous échappe. Mais si cette connaissance est vécue en une lente maturation, en toute humilité, par une attention toute intérieure à chacune de nos pensées, de nos silences, comme notre initiation doit être vécue et continue de l’être, on devient de plus en plus conscient de son souffle, de son axe et de ce qui nous entoure, conscient du Soi qui nous crée et constitue à chaque instant.

Car notre nom usuel n'est que nom substitué ; cette exigence d’identité demeure notre démarche fondamentale : rejoindre le tréfonds de nous-même pour nous placer dans l'axe du Très-Haut.

Exigence constante, comme l’est l’exigence de la transmission qui rejaillit à chaque étape de notre existence de Maître Maçon. A l’instar de Jean le Baptiste, notre mission d’initiés n’est-elle pas d’être nous-même des témoins de la Lumière pour que nos Frères humains soient eux-mêmes illuminés.

 (En verset 9) – « Le Logos est Lumière véritable qui éclaire tout homme. »

 (En verset 10)« Il est dans le monde, le monde existe par lui, le monde ne le connaît pas. »

 (En verset 11) – « Il vient chez les siens, les siens ne le reçoivent pas. »

Traduction de Hubert Greven : « La Parole était lumière, la vraie, celle à laquelle il appartient d’éclairer tout homme ; elle fit à ce moment son entrée dans le monde. »

Toute parole de vérité, quelle que soit son origine, est inspirée de l'Esprit.

Jean le baptiseur disait : « Il y a au milieu de vous quelqu'un que vous ne connaissez pas ».

Le monde est l'histoire des hommes, c'est ce que l'homme fait de l'Univers pour le meilleur et pour le pire, en harmonie avec le Logos qui l'anime ou au contraire contre Lui. Et Jean comprend qu’il n'y a pas de place pour l’Éternel dans notre temps, pas de place pour l'infini dans notre finitude.

Annick de Souzenelle nous le dit : « Le monde est comme dans un état "d'ignorance" (de non vision) qui n'est pas manque de savoir, mais oubli de l'Être, l’ignorance du Soi, à côté de ce qu'on est et de ce pour quoi on est fait vraiment, histoire purement horizontale, oublieuse de notre verticalité, de notre ouverture à la transcendance ». « Le monde extérieur est fait de compensations.  Nous sommes dans  l’archaïsme.  Nous pratiquons un humanisme à l’horizontal avec les valeurs de l’exil. Adam se croit devenir Dieu, il se croit accompli. Il a perdu conscience de son être intérieur. Nous n’avons que notre identité biologique. » Il s’agit alors de retrouver notre dimension ontologique : « Être dans le monde, sans être du monde ».

Le LOGOS s'incarne toujours aussi difficilement. L'homme n'est jamais "forcé" de croire ou d’accepter l’amour qui le constitue et qui lui offre une absolue liberté... C’est certainement un concept des plus difficiles à accepter, difficile à y adhérer.

 (En verset 12) – « A tous ceux qui le reçoivent, à ceux qui croient en son Nom, Il donne d'être Enfants de Dieu ».

(En verset 13) – « Engendrés ni du sang, ni de la chair, ni d'un vouloir d'homme mais de Dieu ».

De verset en verset, Jean nous conduits à nous ouvrir à cet exhaussement, ceux qui se font « capacité », le Logos les investit « Shema Israël... ». L'Ecoute conduit à la « fiance ». Croire en son Nom, c'est adhérer au dynamisme de vie, d'intelligence et d'Amour qu'il signifie, c'est devenir « enfant de Dieu » et ceux-là entrent dans une nouvelle dimension. Ils sont « d'ailleurs », ils sont « nés d'en haut, ainsi nait l'homme nouveau ! ».

Et comme le suggère Hubert Greven : « Lorsqu’il reçoit la lumière, l’Apprenti, mort aux séductions du monde phénoménal et des « demeures » profanes, entre dans la demeure initiatique, dans la voie de la Connaissance. De profane (hors de Temple), il devient initié (celui qui commence). Pénétrant dans le sanctuaire, il voit se dévoiler les mystères sacrés, s’ouvrir les seuils jadis interdits, éblouissants de lumière ». Nous sommes à la recherche de la Parole perdue, c’est une aventure (intérieure) spirituelle initiatique. La quête de perfectionnement ».

 (En verset 14) – « Le Logos a pris chair. Il a fait sa demeure parmi nous ». Le logos a fait sa genèse dans la chair (humanité corps et âme). « Et nous avons contemplé sa gloire, la gloire de l'Unique du Père, plein de grâce et de vérité. »

Le Logos nous a rejoints dans notre « histoire » en venant nous dire Dieu dans une « vie humaine ». L'Eternel est entré dans le temps. La matière est ici sanctifiée comme demeure du Logos/ Dieu.

Ce corps humain fragile abrite la Présence Divine et l'information qu'elle contient. Comme le dit Jean Grosjean, le poète : « Il a dressé sa tente de nomade parmi nous. Il campe, il est de passage, le temps de dire et de manifester aux hommes l'Amour dont ils sont aimés dès l'Origine. Depuis Abraham l'installation n'est pas notre nature, nous sommes des passants, nous sommes tissés de temps, notre vie est un mouvement imprévisible, le mouvement même du langage qui est venu en personne partager nos déplacements incertains ».

(En verset 15) – « Iohanan lui rend témoignage. Il crie : Voici celui dont j'ai dit : lui qui vient derrière moi est passé devant moi, parce qu'avant moi, Il était ».

Nous connaissons bien cet appel en Franc-Maçonnerie : « Il faut que je décroisse pour que lui grandisse ».  Qui a des oreilles, entende !

(En verset 16) - « De sa Plénitude, nous avons tout reçu, et grâce sur grâce ».

(En verset 17) « La Thora nous a été donnée par Moshé. La Grâce et la Vérité nous sont venues par Ieschoua, le Messie. »

On peut avancer cette explication : la grâce de la création en genèse, puis la grâce de la Thora par Moïse, enfin la grâce de la filiation. 

Jésus incarne la Thora, l'éclaire du dedans en la vivant comme une expression de l'Amour.  Il nous révèle que nos actes n'ont de valeur que par la liberté et l'amour qu'on y introduit. C'est ce qui leur donne leur « poids » de gloire.

Leloup : (En verset 18) – « Nul n'a jamais vu Dieu. Le Fils unique qui demeure au sein du Père, Lui, nous le fait connaître ». On ne connaît Dieu que par son Logos.  Personne n'a jamais vu Dieu. Le propre de Dieu est d’être inconnaissable. Le Logos est son Unique, ce Fils est le seul à connaître sa source. Cet Unique est entièrement dans le secret du Père puisqu'il en est l'expression parfaite.

Ieshoua ne dit pas : « J'ai la vérité », mais « Je suis la vérité ». Par-là, Jean affirme que Jésus est Vérité de Dieu et Vérité de l’homme, sans confusion, sans séparation. Il nous invite à changer de regard, à voir toutes choses enveloppées d'Invisible. Il nous montre que la moindre virgule d'humanité contient en secret le Nom Divin, fait à la fois d'intériorité et d’extériorité. Il nous oriente avec Lui sur le chemin de l'existence vers « le Père ».

Voilà, avec Jean, je vous ai dit mon angle de lecture.  Je suis sur le chemin... un chemin initiatique que je découvre à chaque instant.  Tout l'évangile de Jean dira que l’œuvre  du Logos dans le monde sera de rendre à l'homme Son Esprit (pneuma), son BON sens, tourné vers le Père/Origine et le restituer dans sa dimension de Fils. Ce sera en soi une invitation au retour dans cette intimité, qui est participation à la vie Trinitaire, à la vie intérieure de Dieu.

« Présence de l'infini dans les corps et le souffle fragile que nous sommes ».

« Que demandez-vous, mon frère ? La Lumière ! »

M.°.L.°.  -  R.°.L.°. « Le Chardon Ecossais » à l’O.°. de Besançon.

Auteurs cités :

Hubert GREVEN - Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France.

ORDO AB CHAO : Réflexions dur l’enseignement de St Jean.

Allocations faites en qualité de Ministre d’Etat, Grand Orateur du Suprême Conseil de France à l’occasion de la St Jean d’hiver de décembre 1989.

Jean-Yves LELOUP : Ecrivain, psychologue et philosophe, théologien orthodoxe. Fondateur de l’Institut pour la rencontre et l’étude des civilisations et du Collège international des thérapeutes. Il a donné des traductions et des interprétations innovantes de l’évangile, des Épitres et de l’apocalypse de Jean, ainsi que des évangiles considérés comme apocryphes (Philippe, Marie, Thomas).

André CHOURAQUI : (1917 en Algérie /+ 2007 à Jérusalem) Ecrivain, penseur, homme politique, traducteur et commentateur de la Bible, (hébraïque et évangiles).

Jean GROJEAN (1912 / +2006) Ecrivain, poète,  philosophe et exégète . Traducteur et commentateur de la Bible,  de l’évangile et de l’Apocalypse de Jean et du Coran.

Ami de Malraux,  Jean Grosjean participa à l'aventure NRF (éditions et revue) en tant que lecteur et éditeur, aux côtés de Claude Gallimard, Raymond Queneau et J.M.G. Le Clézio notamment.

Annick de SOUZENELLE :  née le 4 Novembre 1922. Infirmière anesthésiste pendant 15 ans, elle a suivi une formation Jungienne de psychothérapeute puis fait des études de théologie chrétienne orthodoxe et d'Hébreu biblique. Depuis 40 ans elle est écrivain et conférencière.  Elle est l'auteur de nombreux ouvrages de spiritualité. Sa recherche s'inspire de la spiritualité cabaliste. Citons « Le symbolisme du corps humain ».

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30 septembre 2020 3 30 /09 /septembre /2020 11:17

par  Christophe Knight et Robert Lomas (1997) - Editions J’AI LU -   Traduit de l’anglais par Arnaud d’Apremont

4ème et dernière partie des notes de lecture.

de Tha.°. Coq.°. et Elth.°. Bia.°.  «  Ecossais de l'Hermione  » GLSREP

 

Table des matières des notes de lecture (4 parties)

(La pagination est celle de l’édition « J’AI LU »  ; elle sert d’indexation  pour les paragraphes et les chapitres de ces notes, nous recommandons l'achat de l'ouvrage pour bien suivre le déroulement des notes.)

Appendice 1 : Le développement de la franc-maçonnerie moderne et son impact sur le monde

La Réforme anglaise et les conditions de l’émergence - La Réforme - 521

Le roi qui bâtit le système des loges - Jacques Ier (et William Shaw) -  524

L’architecte du second degré - Francis Bacon - ……………………… 530

La nouvelle hérésie - Copernic, Galilée -     …………………………..  532

Les Anciens Devoirs     ………………………………………………..  537

L’ascension des républicains - Oliver Cromwell -  …………………..   546

La Royal Society émerge -    ………………………………………….   554

La franc-maçonnerie s’adapte - Jacobites et Hanovre -  …………….   557

L’expansion de la franc-maçonnerie -………………………………..   561

Le développement de la maçonnerie en Amérique -

                                       l’empreinte maçonnique - ……………………    565

 

Appendice 2 : Loges maçonniques en Ecosse antérieures à 1710 (non reproduit)…………………    572

Appendice 3 : Premiers Grands Maîtres de la maçonnerie anglaise (non reproduit)………………     573

Appendice 4 : Premiers Grands Maîtres de la maçonnerie écossaise (non reproduit)………………   574

Appendice 5 : Chronologie  (non reproduite, nous renvoyons à la lecture de l'ouvrage)………………………….  576

Cartes :

1/ l’Egypte et les deux piliers, 2/ Le pays de Sumer, 3/ Plan de Jérusalem (non reproduites)…….  584-586

 

 

Appendice 1

Le développement de la franc-maçonnerie moderne et son impact sur le monde.

 

La Réforme anglaise et les conditions de l’émergence - La Réforme -

 

(p 521-522) Avec l’avènement de la Réforme, la puissance du Vatican diminue. La F.M. reste secrète jusqu’en 1717, année de la formation de la grande Loge d’Angleterre. Le mouvement de la Réforme « entendait purger l’Eglise de ses abus médiévaux… c’est ce qui amena la rupture entre l’Eglise catholique romaine et les réformateurs, dont les croyances et les pratiques furent appelées protestantisme »

- « la Réforme [commence] en Allemagne, le 31 oct. 1517, quand Martin Luther, un professeur d’université (théologie) augustinien de Wittenberg, [rend] publiques  quatre-vingt quinze thèses invitant à discuter de la légitimité du commerce des indulgences [73]. Luther « gagne... un large soutien populaire ; il [croit] que le salut [est] un don gratuit offert à tous par le pardon des péchés que l’on [doit] à la seule grâce de Dieu… inutile d’avoir un pape … une telle pensée [rappelle] celle du Jésus des origines...  Luther [est] excommunié en 1521 … ».

(p 522-523) L’Angleterre a son propre mouvement religieux réformateur fondé sur les idées de Luther. La réforme anglaise interviendrait en raison de la volonté de Henri VIII qui veut divorcer de Catherine d’Aragon. La rupture avec le pouvoir pontifical est supervisée par Cromwell, premier ministre du roi, qui fait voter par le parlement en 1534, la « loi de suprématie » qui définit totalement le contrôle royal sur l’Eglise.

- L’Eglise catholique romaine est remplacée par l’Eglise d’Angleterre. Il n’y aura qu’une brève interruption entre 1553 et 1558, pendant le règne de Marie Ier Tudor, fille de Henri VIII et de Catherine d’Aragon(répudiée car elle n’avait pas su donner d’héritier mâle). Marie Ier rétablit le catholicisme et l’autorité du pape… elle hérite du surnom de Marie la Sanglante (Bloody Mary) pour les nombreuses exécutions de protestants qu’elle suscite ; elle épouse finalement le roi Philippe d’Espagne ; de 1558 à 1603, sous le règne de son successeur, sa demi-sœur, la reine Elisabeth Ier (fille d’Henri VIII et d’Ann Boleyn)[74], l’Angleterre devient une nation puissante et protestante.

Loges et Maçonnerie de métier 1598 Statuts de Shaw : William Shaw portrait à la plume

Loges et Maçonnerie de métier 1598 Statuts de Shaw : William Shaw portrait à la plume

Le roi qui bâtit le système des loges - Jacques Ier (et William Shaw) -

 

(p 524 « … après la construction de Rosslyn (1440-1490), le concept de loges - opératives - (composées de tailleurs de pierre et d’artisans maçons qualifiés) [continue] à se développer en intime association avec les loges supérieures - spéculatives - (composées d’aristocrates qui y ont été admis après une résurrection - vivante - ) ». « Les cérémonies se [perpétuent]…, lentement... inexorablement, on finit par ne plus comprendre leurs origines ».

 

(p 525-527) « James VI », né le 19 juin 1566, est l’unique enfant de la reine d’Ecosse Marie Stuart et de son deuxième époux Henri Stuart. Henri est assassiné en 1567, et les nobles écossais obligent Marie Stuart à abdiquer. James n’a que quinze mois quand il succède à sa mère catholique sur le trône d’Ecosse. Le jeune James VI est intelligent ; il est élevé dans la religion protestante et reçoit une excellent éducation de la part de son tuteur principal, George Buchanan [75], un érudit formé dans les universités de Saint Andrews (Ecosse) et de Paris ; en 1583, James Stuart devient James VI (d’Ecosse) ; il commence à diriger personnellement l’Ecosse. ; sa mère Marie Stuart est exécutée pour trahison en 1587.

- James VI « affermit sa position à la tête de l’Eglise et de l’Etat écossais, en parvenant à surpasser les nobles qui conspirent contre lui ». Quand Elisabeth Ier meurt en 1603, elle n’a pas d’héritier ; James VI a trente sept ans et devient roi d’Angleterre sous le nom de Jacques Ier ; il est le premier roi à régner simultanément sur l’Ecosse et l’Angleterre [76].

- James VI est « également le premier roi connu pour avoir été f.m. (initié dans la loge de Scoon et Perth… à l’âge de trente-cinq ans - Cf.Year Book of the Grand Lodge of Ancient Free and Accepted Masons of Scotland 1995) ». « James [est] un maçon spéculatif et [écrit] des ouvrages… Significativement, il [commande]… une nouvelle version officielle de la Bible, à laquelle il [laissera] son nom : la Bible du roi James, également appelée - Bible de 1611 - » ; c’est la Bible souvent mentionnée par Chris et Rob et qui omet les deux livres des Maccabées anti-nazôréens. Voici un extrait de l’introduction à la Bible du roi James :

« … si bien que, d’un côté, nous serons calomniés par les papistes ici ou à l’étranger, qui donc nous diffameront parce que nous sommes de pauvres instruments pour vouloir faire en sorte que la Sainte vérité de Dieu soit connue de plus en plus de personnes ; personnes qu’ils désirent garder dans l’ignorance et les ténèbres... ».

- Ce passage traduit « une nouvelle conception où la - connaissance -  et l’ - individu - sont vus comme des notions qui devraient aller de pair » ; ce n’est pas la conception de « l’Eglise catholique de l’époque ».

 

(p 527-530) « Le roi James… [comprend]... que le mouvement maçonnique croissant [a] besoin d’être formalisé. ». « … deux ans avant de devenir maçon et cinq ans avant de monter sur le trône d’Angleterre, il ordonne que la structure existante se dote d’une direction et d’une organisation »William Shaw, un maçon majeur, devient son « Surveillant général des maçons »(Général Warden of the Craft) chargé d’améliorer  la structure de la maçonnerie ; le 28 déc. 1598, Shaw rend publics « Les statuts et ordonnances devant être observés par tous les maîtres maçons de ce royaume ».

- « Shaw n’[accorde] pas de pensée... à la famille Saint Clair qui avait dirigé… la cour des métiers (Court of Crafts)… deux cents ans plus tôt sous le règne de Robert Bruce… En dépit du déclin de la famille Saint Clair, les maçons écossais [restent] fidèles à la tradition et [rejettent] l’offre de Shaw d’un mandat royal pour l’Ordre, si le roi James [est] accepté comme Grand Maître… ».

- William Shaw formalise les rituels de la maçonnerie opérative et spéculative, en donnant les trois degrés de la maçonnerie de métier tels que nous les connaissons aujourd’hui ; pour ce faire, il supprime  la séparation et fait des maçons opératifs des assistants de rang inférieur des maçons spéculatifs. Il instaure des structures d’ « incorporation » des maçons opératifs, toutes rattachées à une loge de maçons spéculatifs. Tout candidat à une loge spéculative doit être un homme libre, autrement dit « franc », en anglais, free, du district dans lequel la loge se situe ; ainsi le maçon spéculatif aura le titre de  franc-maçon. Les loges spéculatives ne sont pas tenues d’être rattachées à une Loge.

- La F.M. a maintenant une structure de loges qui se répand bientôt dans l’Angleterre, puis dans le monde entier.

Francis Bacon 1610 - tirage philatélique

Francis Bacon 1610 - tirage philatélique

L’architecte du second degré - Francis Bacon -

 

(p 530-532) Shaw insère « un niveau supplémentaire de maçonnerie spéculative, entre les degrés d’Apprenti et de Maître… On créa le grade de Compagnon (Fellowcraft), [qui dériverait]… du fait que ces maçons  n’étaient pas des ouvriers travaillant la matière, mais qu’ils œuvraient dans le - métier associé - (- fellow craft -) de la maçonnerie spéculative ». Chris et Rob ont la certitude « que ce degré fut un développement du degré de maçonnerie de Marque et non l’inverse comme la plupart des maçons le croient ».

- « Quand James VI d’Ecosse [devient] James Ier d’Angleterre en 1603,… [il confère] la chevalerie à Francis Bacon… ».« ... Francis Bacon [est] un des philosophes les plus admirables de l’Histoire. Il [cherche] à libérer l’esprit humain de ce qu’il [appelle] les - idoles - ou  - les tendances à l’erreur - . Il [prépare] le plan d’une grande œuvre, l’Instauratio Magna (- La grande Restauration … sous-entendu des - sciences -), devant exposer ses idées pour restaurer la maîtrise de la nature par l’homme... »(Cf. pages 531-532 pour plus de détails). « De nombreux.. scientifiques du XVIIème s. comme -  Isaac Newton, Thomas Hobbes,... - [tiennent] ses travaux en haute estime. Un siècle plus tard,… Voltaire et Diderot [décrivent] ce penseur anglais comme… - le père de la science moderne - ».

- Le Frère Bacon aurait largement influencé William Shaw pour donner « le style du nouveau second degré ».

Nicolas Copernic 1473-1543

Nicolas Copernic 1473-1543

La nouvelle hérésie - Copernic, Galilée -

 

(p 532-534) « … la pensée libérale conduit à l’invention par le Vatican d’une nouvelle forme d’hérésie… L’Eglise catholique romaine [persécute] ceux qui [étudient] la science et [aboutissent] à des conclusions entrant en conflit avec la vision dogmatique que les cardinaux [ont] des Saintes Ecritures.

- Galilée… [utilise] les nouvelles techniques pour confirmer que c’[est] le Soleil et non la Terre qui est au centre l’univers… concept déjà... décrit par l’égyptien Erathostène [77] au IIIème s. avJC... ». Galilée est qualifié de « - copernicanisme - , du nom de son partisan le plusrécent, le polonais Nicolas Copernic 1473-1543… le Saint-Office de Rome [78][promulgue] un édit contre ce système… [en] 1616... Francis Bacon [déciderait] immédiatement d’incorporer cette nouvelle vérité de la nature dans son second degré récemment créé ».

 

(p 534-537 « Il est important de rappeler que le degré de Compagnon n’[est] pas une invention : il [est] constitué à partir d’éléments empruntés à la maçonnerie de Marque et peut-être aux deux degrés originels (le degré d’entrant et le rang de Maître), auxquels s’[ajoutent] quelques nouveaux éléments partout où cela [semble] idoine ».

- Les auteurs relatent une contradiction dans le rituel de passage et une confusion qui serait faite entre Josué, successeur de Moïse à la tête du peuple d’Israël, et … Josué/Josuah ou Yehoshua, ou encore Jésus…  En même temps, ils donnent une « explication du signe de Compagnon ou de second degré... »(cf. pages 535-537).

 

Les Anciens Devoirs

 

(p 537-541) « … les Anciens Devoirs (Old Charges) provenant de la tradition orale furent… mis noir sur blanc pour éviter les déviations. William Shaw est connu pour avoir cherché à protéger les - anciens landmarks [79] de l’Ordre - »(Les anciens devoirs sont évoqués aussi en pages 39-41). On aurait retrouvé des document qui permettent aujourd’hui « de savoir ce qu’était la maçonnerie avant les modifications… exécutées notamment par Shaw et Bacon… . », en particulier :

- « Le Manuscrit d’Inigo (ou Nigo), évoqué au chapitre X et attribué à ce célèbre architecte et f.m… le véritable auteur… pourrait être un membre de la Loge Inigo Jones [80].

- Le Manuscrrit de Wood écrit en 1610,… de trente-deux pages. Il commence en identifiant les sciences auxquelles la maçonnerie a toujours été associée… : Grammaire, Rhétorique, Logique, Arithmétique, Géométrie, Musique et Astronomie… disciplines du monde classique, perdues dans le monde chrétien au cours de l’âge des ténèbres » (1008-1120 ? selon la chronologie) ; l’intérêt pour ces disciplines revient à partir du Xème s. « grâce aux contacts avec les érudits arabes… et… aux penseurs grecs à Constantinople ... »

Le manuscrit « fait commencer l’histoire de l’Ordre aux deux piliers découverts après le Déluge de Noé ». Sur l’un de ces piliers on inscrivit « les secrets des sciences à partir desquelles les sumériens développèrent un code moral qui passa aux égyptiens, par l’intermédiaire du sumérien Abraham et de son épouse Sarah ». Le texte décrit « Euclide [81] enseignant la géométrie aux égyptiens,…[géométrie] que les israélites apprirent… et emportèrent… à Jérusalem, où elle servit pour construire le Temple de Salomon ».

- « Certains manuscrits du XVIIème s. ne font pas allusion à Hiram Abif »…Cependant, [ce nom] n’était qu’une désignation parmi d’autres pour ce personnage central : on l’évoque encore sous le nom d’Aymon, Aymen, Amnon, A Man (en anglais - un homme - ) ou Amen et parfois Bennaim ». En pages 539-540, différentes hypothèses sont développées sur chacun de ces noms…

- Chris et Rob rappellent un passage de la cérémonie de second degré où on demande au candidat : « quels sont les objets particuliers de votre recherche dans ce degré ? - La réponse requise est : Les mystères  de la nature et de la science.. - A la fin de l’initiation, on dit au nouveau Compagnon : Vous devez maintenant faire des sciences et des arts libéraux [82] l’objet de votre étude… une invitation que les grands f.m. du XVIIème s. ne pouvaient décliner ».

 

(p 541-546) James VI, le roi f.m., meurt en 1625 ; son second fils, Charles lui succède (Henri, son fils aîné est mort en 1612). « Comme son père, Charles Ier [croit] fermement dans le droit divin des rois, ce dont il [témoigne] avec une grande arrogance… Charles n’[a] pas le flair de son père pour la gestion politique et, conséquence de sa confrontation permanente avec le Parlement, il finit par régner onze ans sans le moindre Parlement… le royaume [commence] à devenir instable sous le règne autocratique de Charles ».

- Selon Chris et Rob, « il y aurait des parallèles pertinents entre cette période du XVIIème s. et le contexte… en Israël à l’époque de Jésus et du mouvement nazôréen ».

- « Le premier de ces parallèles concerne un conflit dans le principe de relation à Dieu ». Pour Chris et Rob, « Jésus n’était rien d’autre qu’un républicain, essayant d’établir le règne des personnes - droites - , tandis que lui-même aurait été le chef légitime faisant respecter les lois de Dieu… il n’est pas déraisonnable de le décrire comme un puritain de son temps : un homme qui recherchait avant tout la simplicité, la rigueur religieuse et la liberté… , et n’avait pas peur de se battre pour cela ». « Aux XVIème et XVIIème s., L’Eglise catholique [est] animée par de riches conservateurs qui [ont] perdu de vue la piété sous leurs ego boursouflés et leur insistance à dire que seul le pape [a] le droit d’entrer en rapport avec Dieu [éloigne] d’eux tous ceux qui [ont] l’esprit et l’opportunité de penser par eux-mêmes ». « Certaine paroles attribuées à Jésus dans le passage QS 34 (de l’Evangile reconstitué - Q - )… [sont] encore tout à fait d’actualité au XVIIème s. » (cf. extrait page 544).

- La seconde « connexion entre les deux périodes concerne la fin du pouvoir papal en Angleterre et la confusion des autorités sacerdotale et séculière dans la seule personne du roi. Pour la première fois, depuis la fondation de l’Eglise, l’ambition de Jésus de réunir en un seul les piliers sacerdotal et royal [est] réalisée ». « … une gravure du XVIIème s. [montre] en détail les piliers royal et sacerdotal… représentés exactement... [comme dans] les anciens textes juifs… La seule véritable différence… [est] le personnage qui [fait] office de clé de voûte… le roi Charles Ier… [qui assume] le rôle des deux piliers en s’identifiant à la clé de voûte qui les [réunit]… En utilisant ce symbolisme, le roi Charles Ier [emboîte] … les pas de Jésus, mais le roi n’[a] pas la grande intelligence du leader juif et sa clarté républicaine ».

 

Néanmoins, l’Angleterre trouvera un nouvel ordre social, « une solution unique [aux] différences », solution qui viendra de l’Art Royal, pendant que les nations voisines passeront leurs souverains au fil de l’épée.

 

L’ascension des républicains - Oliver Cromwell -

 

(p 546-548) Oliver Cromwell naît le 25 avril 1599, d’une famille riche grâce aux faveurs de Thomas Cromwell, qui était ministre d’Henri VIII et oncle de l’aïeul  d’Oliver… Oliver est « éduqué... par Thomas Beard, un puritain de premier plan… Oliver [fréquente] ultérieurement le Sydney Sussex College et l’université de Cambridge, essentiellement puritains, tout en étudiant le droit à Londres… En août 1620, Il [épouse] Elizabeth Bourchier... ».

- En 1628, Cromwell devient membre du parlement (pendant 10 ans) … il [manifeste] une attitude clairement puritaine ». En 1640, il revient au Parlement quand le conflit entre Charles Ier et les puritains devient inévitable ; le 22 août 1642, la guerre civile éclate entre le Parlement dominé par les puritains et les partisans du roi.

- « A la fin de la première année de guerre, les royalistes… [surnommés aussi les - cavaliers -tiennent] la majeure partie de l’Angleterre, à l’exception de Londres et du côté oriental du pays ». En 1644, Cromwelldevient lieutenant-général ; il mène « à la victoire les forces parlementaristes(connues sous le nom de « têtes rondes »  à cause de la forme de leurs casques)au cours de la bataille cruciale de Marston Moor (2 juillet 1644) »… lui et son régiment héritent du surnom de « Côtes de Fer » (Ironsides). « Bataille après bataille, les têtes rondes [poursuivent] leur progression jusqu’à la chute de la capitale royale, Oxford, le 24 juin 1646. Charles se [rend] aux écossais... »

 

- (p 549-551) « L‘une des meilleures sources d’information sur la F.M. pendant cette époque est le journal d’Elias Ashmole… » quiéclaire  « ... la période et les événements qui conduisirent à la formation de la Société Royale ».

- « Elias Ashmole est le contrôleur du matériel militaire du roi au moment de la reddition. Il est aussi l’une des figures les plus importantes de l’histoire officielle de la F.M.. Quatre mois après [avoir] vu son camp perdre la guerre, Ashmole se [rend] à Warrington pour être initié dans l’Art Royal(le 16 oct. 1646)… » ; ce voyage est probablement « long et ardu, mais dès le lendemain de son initiation Ashmole [repart]… pour le bastion parlementariste de Londres ». Ashmole est « encore récemment un officier du roi en vue ,… il ne peut espérer se promener incognito » … sans avoir de bonnes raisons ni disposer de garanties de protection. « … une note... du 14 mai 1650 confirme la nature inhabituelle de la visite et montre également qu’il ne s’[agit] pas d’un arrangement temporaire : - Il [Ashmole] doit résider à Londres en dépit de l’Acte du Parlement contraire - … Il ne fait... aucun doute qu’il [doit] ce statut privilégié au fait qu’il [est] f.m., et, par conséquent membre de la seule organisation non religieuse et non politique qui [offre] une structure fraternelle dans laquelle un - royaliste - [peut] rencontrer [un] - cromwellien - et où un catholique [peut] côtoyer sans peur... un puritain... Ashmole, f.m. royaliste [est] en mesure de vivre ouvertement à Londres pendant de nombreuses années et [de fréquenter] les parlementaristes de haut rang ». On note dans son journal qu’il rencontre un f.m. notoire, « le docteur Wilkinsdirecteur du Wadham College d’Oxford(et chargé de cours...)avant de devenir… un des fondateurs de la Royal Society ». Parlementariste et puritain, bénéficiant d’une autorité considérable, Wilkins est le beau-frère de Cromwell et l’ancien chapelain du Protecteur lui-même…

 

(p 551-553) Pendant ce temps, soit six années, Charles Ier avait relancé la guerre avec l’aide des écossais… Défait, il sera condamné à mort et décapité publiquement le 30 janvier 1649. Cromwell soumet ensuite l’Irlande et l’Ecosse, détruisant les châteaux royalistes et les églises catholiques. 

- Ces violences étant passées, Cromwel maintient « une paix et une stabilité relatives… » avec « une certaine dose de tolérance religieuse... » sauf pour les catholiques. En 1655, il autorise le retour des juifs exclus d’Angleterre depuis 1290 ; cette action serait motivée par sa connaissance du rituel maçonnique. A l’étranger,  l’Angleterre bénéficie d’un prestige dont elle n’a pas joui depuis plus d’un demi-siècle.

- Après l’exécution de Charles Ier, le trône d’Angleterre est vacant et le pays devient la première république parlementaire au monde. Ce régime est appelé Commonwealth (littéralement « bien public »). Charles II, le fils du roi défunt débarque en Ecosse où il est couronné roi en 1651. Il poursuit la guerre contre l’Angleterre, mais il est facilement battu à Worcester ; il s’enfuit en France.

 

(p 553) Tout au long de cette période tumultueuse, Ashmole, le contrôleur de l’ancien roi, vit sans être inquiété dans le Londres de Cromwell ; il fréquente « certains des hommes les plus intelligents et les plus influents de chaque camp ». « Ashmole [a] manifestement reçu des sphères les plus élevées la permission de poursuivre une mission qui [transcende] la pure politique… ». Il devient « l’ami et la relation » de tous ceux qui font « progresser leur connaissance des mystères cachés de la nature et de la science, comme le second degré de la maçonnerie redéfini par Francis Bacon leur [demande] de le faire ».

- L’idée [commence à se répandre qu’il existe un « invisible collège, une société de savants qui ne [peut] être identifiée en tant que groupe, mais dont la présence est évidente ».

 

(p 553-554) Cromwell décède de mort naturelle le 13 sept. 1658 ; il est inhumé à l’abbaye de Westminster. Son fils Richard, qu’il avait désigné comme son successeur, ne parvient pas à conserver le pouvoir. En mai 1660, le général Monk, commandant de l’armée en Ecosse, marche sur Londres avec ses troupes et sauve le pays de la chute dans l’anarchie. Il rappelle le Parlement et lui fait restaurer la monarchie en plaçant Charles II sur le trône.

Pour se venger, Charles II profanera la tombe et la dépouille de Cromwell.

 

La Royal Society émerge

 

(p 554-555) En 1662, Charles II accorde un mandat royal à l’« invisible collège » en créant la Royal Society, « … première assemblée de savants et d’ingénieurs au monde se [consacrant] à comprendre les merveilles créées par le - Grand Architecte de l’Univers - Les libertés élaborées dans le cadre de la F.M. avaient engendré un embryon de république qui échoua, mais ces libertés donnèrent naissance à l’organisation qui pousserait les limites de la connaissance humaine pour donner un âge de Lumières... ».

- Après cette brève expérience républicaine, « les monarques [oublient] la notion primitive de règne de droit divin et [occupent] leur fonction de par l’affection du peuple et sous l’autorité de la Chambre des communes, qui s’[exprime] au nom de la volonté démocratique... ». A ce point de leur recherche, Chris et Rob n’ont « aucun doute que la F.M. porte en elle la semence de l’esprit des nazôréens et plus particulièrement de Jésus ». La Royal Society aurait germé de la pensée que Bacon avait libérée en mettant en forme la définition du second degré de la F.M.. L’histoire officielle de la Royal Society, commandée par la hiérarchie maçonnique des premiers temps, ne fait « aucune mention des règles maçonniques » (imprudemment révélées par le mathématicien Wallis).

 

(p 556-557) « Les grands homme de l’époque [cherchent] tous à rejoindre la Royal Society. Et le plus grand de tous [est] peut-être sir Isaac Newton », élu membre associé (Fellow) de la Royal Society en 1672 ; il publie notamment Philosophiae Naturalis Principia Mathematica(Principes mathématiques de philosophie naturelle) appelé aussi tout simplement les Principia…« de l’avis général, le plus grand livre scientifique jamais écrit ».

- « … au fil du temps la F.M. apparaît s’être retrouvée de plus en plus en retrait au sein de sa dernière émanation : ce rassemblement de l’intelligentsia n’ a plus besoin du secret et de la protection de l’Art Royal pour surmonter les obstacles religieux et politiques… La plupart des intellectuels les plus en vue de la F.M. consacrant leur temps et leur énergie à la nouvelle société, il semble que l’Art Royal à Londres ait alors souffert d’un certain désintérêt ».

 

La franc-maçonnerie s’adapte - Jacobites et Hanovre -

 

(p 557-561) En 1717, le « Métier » souffre d’une crise ; il n’existe plus que quatre loges qui se réunissent régulièrement dans la région de Londres [83]…« Cependant, dans le reste du pays, les loges maçonniques... [deviennent] de plus en plus populaires. Une Grande Loge - formée à une date inconnue antérieure à 1705 - se [réunit] régulièrement à York et cette première Grande Loge,… continuellement soutenue par des membres de la noblesse, [revendique] le titre de - Grande Loge de toute l’Angleterre - ».

- Les quatre loges de Londres réagissent. Elles se réunissent, et finalement organisent une réunion plénière le 24 juin 1717 où un Grand Maître est élu ; il est chargé de gouverner tout l’Ordre. La nouvelle Grande Loge anglaise établit un certain nombre de règlements (cf. extrait pages 558-559). « En formant une grande Loge sous l’autorité d’un Grand Maître élu, les quatre loges [mettent] efficacement en place un système de contrôle de la maçonnerie… elles pouvaient déclarer une loge régulière ou l’exclure de la liste des loges régulières ». D’autres maçons contestent le droit de faire  cela, notamment les maçons de York…

- « Au terme d’une longue période de luttes internes, la nouvelle structure finit par rassembler tout le monde et les plus hauts échelons de l’Ordre [sont] lentement récupérés par la famille royale, qui [cherche] à maintenir son influence au sein de l’organisation la plus républicaine du monde ». Selon Chris et Robert, ce serait la raison principale de la survie de la monarchie britannique. Cependant, « … la F.M. écossaise [restera] aussi intimement associée avec les lords du royaume qu’avec les plus humbles des maçons roturiers ; tradition… toujours entretenue fièrement jusqu’à aujourd’hui ».

 

Jacques II: influence de l'exil Jacobite sur la franc-maçonnerie

Jacques II: influence de l'exil Jacobite sur la franc-maçonnerie

- « … l’Ordre se répand dans le monde entier. C’[est] l’influence fondamentale de la F.M. sur les révolutions américaines et françaises, et la tendance des f.m. écossais à soutenir la cause jacobite [84], qui [incite] finalement les souverains anglais hanovriens à  adopter l’Art Royal… les souverains Hanovre [utilisent] le système maçonnique comme un moyen démocratique pour s’assurer la loyauté de leurs sujets maçonniques. La maçonnerie anglaise [est] sur... les rails pour devenir le club select qu’elle est devenue aujourd’hui. Elle [commence] déjà à oublier son héritage originel et ses vrais secrets sont en train de se perdre ».

 

L’expansion de la franc-maçonnerie

 

(p 561-564) « … le second Grand Maître de la Grande Loge de Londres, George Payne, [rassemble] de nombreux manuscrits sur... la maçonnerie, dont des exemplaires des Anciens Devoirs. En 1720 il [est] décidé de publier le Livre des Constitutions ». A partir de 1722 on prend « l’habitude de voir des nobles du royaume se succéder dans cette charge... Plus jamais on ne [verra] des roturiers occuper… l’office de Grand Maître… ni même celle de Député Grand Maître (Adjoint au Grand Maître anglais) ».

- L’organisation administrative se développe. « En 1727, l’office de Grand Maître provincial [est] instauré pour aider au fonctionnement de l’Ordre, qui [connaît] une croissance considérable tant numériquement que géographiquement » en Grande Bretagne comme à l’étranger. En 1730, «… François, duc de Lorraine, grand duc de Toscane - devant plus tard devenir empereur d’Allemagne - » est le premier prince de sang royal initié… L’Ordre devient « un club select pour la noblesse ».

- « En 1733, cinquante trois loges [sont] représentées à la Communication annuelle (Convent) de la Grande Loge ; l’étendue du pouvoir et l’influence de cette dernière ne [cessent]… de s’étendre… En 1738, James Anderson (alors Grand Secrétaire) [publie] une édition révisée du Livre des Constitutions… cet ouvrage sur l’histoire de l’Ordre… [amènera] certains auteurs à lui attribuer la création de la maçonnerie de métier ».

- Cependant, des patentes accordées par la grande Loge de Londres empiètent sur le territoire de la Grande Loge d’York ; les relations amicales cessent  entre les deux Grandes Loges ; la rupture sera totale en 1738. « Le 15 août 1738 la Grande Loge Ecossaise... initie Frédéric le Grand de Prusse dans une loge réunie à Brunswick... Frédéric [installe] une grande Loge à Berlin sous l’autorité de la Constitution écossaise ». C’est « une victoire majeure dans cette quête de la suprématie à laquelle se [livrent] les différentes Grandes Loges... ».

 

Le développement de la maçonnerie en Amérique - l’empreinte maçonnique -

 

(p 565-568) Chris et Rob examinent brièvement le développement des Etats Unis d’Amérique.

« … la maçonnerie fut une force motrice majeure derrière la révolution américaine et la fondation de la République des USA ». En 1773, « la partie de thé de Boston » [85] (Boston Tea Party), manifestation spectaculaire, est organisée par les membres de la Loge Saint-Andrew.

- « Les hommes qui créèrent les USA étaient soit f.m. eux-mêmes, soit ils avaient des contacts étroits avec des f.m.. Ils utilisèrent les idées qui s’étaient développées en Grande-Bretagne au cours du siècle précédent comme des briques pour leur propre constitution ». En se rattachant aux principes maçonniques, sans le savoir, il essayaient  de bâtir une nation dirigée par un Ma’at redécouvert, nation qui serait l’héritière de la grandeur de l’ancienne Egypte. La réussite ne sera que partielle… il aura notamment fallu « une terrible guerre civile pour mettre une fin  à l’esclavage de la population noire du Sud... Comme la F.M. elle-même, les USA représentent un idéal imparfait... ».

- « Parmi les hommes qui signèrent la déclaration d’indépendance, le 4 juil. 1778, les suivants étaient f.m. : William Hooper , Benjamin Franklin, Matthew Thornton, William Whipple, John Hancock, Philip Livingston et Thomas Nelson » … qui représentaient à eux seuls une majorité. La plupart des chefs militaires étaient aussi maçons, notamment le marquis de Lafayette et George Washington...

 

(p 568-571) « Quand Washington prêta serment en entrant dans sa fonction en tant que premier président de la République, le 30 avril 1789, ce fut le Grand Maître de New York (Robert Livingston) qui reçut sa prestation et la Bible sur laquelle Washington jura était le Volume de la Loi Sacrées de la Loge Saint-John n°1 sur le tableau de la Grande Loge de New York »… George Washigton avait été initié trente-sept ans plus tôt dans la loge maçonnique de Fredericksburg (Aujourd’hui n°4 de Virginie).

- « Washington posa la première pierre de fondation de la Maison-Blanche - le 13 octobre 1792, l’anniversaire de la crucifixion de Jacques de Molay ! Cette année là, le dollar fut adopté comme unité monétaire des USA . Son symbole est un S majuscule barré d’une double barre verticale - bien qu’en imprimerie il apparaisse plus couramment avec une barre verticale unique. Le S fut emprunté à une vieille pièce de monnaie espagnole, mais les deux barres verticales étaient les deux piliers nazôréens de mishpat et tsedeq… Boaz et Jakin, les piliers du porche du temple du roi Salomon. Aujourd’hui les billets américains portent l’image d’une pyramide avec un œil à l’intérieur. Ce motif représente Dieu (sous la forme d’Amon-Rê) : son œil est toujours présent et observe Son peuple pour juger chaque action accomplie… Telle était la base de Ma’at : la mesure par Dieu de la bonté dont on avait témoigné dans la vie ».

- «  Le 18 sept. 1793, George Washington posa la pierre angulaire du Capitole à Washington. Lui et ses compagnons étaient tous revêtus de leurs insignes maçonniques ».

 

Selon Chris et Rob, « l’expérience maçonnique qui a trouvé refuge... [aux USA] connaîtra une conclusion beaucoup plus grandiose, parce que c’est une étape de plus dans un voyage qui a commencé dans le sud de l’Irak actuel, il y a au moins six mille ans ».

Renvois aux notes complémentaires (histoire, étymologies,…) numérotés  de [73] à [84]

 

[73] (p 521-522) [« … la légitimité du commerce des indulgences. » « …indulgences » : Rémission vénale par l’Eglise catholique des peines que les péchés méritent, que ce soit sur terre ou au-delà.]

 

[74] (p 522-523) [… la reine Elisabeth Ier, fille d’Henri VIII et d’Ann Boleyn, deuxième épouse du roi « dont certains voudraient parfois faire une - sorcière - , autrement dit une initiée de la religion Wicca, qui se présente aussi sous le nom de la « Vieille religion », la religion païenne ancienne à tendance féminine. »]

 

[75] (p 525-527) [George Buchanan« avait vécu en Europe continentale pendant trente ans, où il avait acquis la réputation d’être l’un des principaux humanistes de l’époque. »]

 

[76] (p 525-527) [… en 1603  James VI a trente sept ans et devient roi d’Angleterre sous le nom de Jacques Ier ; il est le premier roi à régner simultanément sur l’Ecosse et l’Angleterre.

En 1606 Jacques Ier aurait créé un drapeau commun entre l’Ecosse et l’Angleterre ; il superpose notamment la croix d’Ecosse, croix de St André, et la croix d’Angleterre, croix à quatre branches orthogonales, les branches verticales étant un peu plus courtes… c’est une croix grecque avec la branche verticale plus courte, peut-être pour l’adapter au format du drapeau… Suivant ce principe de superposition, l’Union Jack sera officialisé en 1801 après l’union en 1800 des royaumes de Grande Bretagne et d’Irlande (Note du rédacteur).]

 

[77] (p 532-534)[Erathostène(276-196 avJC), Philosophe et astronome, … un des plus remarquables représentant de l’école d’Alexandrie.]

 

[78] (p 532-534) [le Saint-Office de Rome, plus connu sous le nom d’Inquisition, et qui s’appelle depuis Paul VI la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.]

 

[79] (p 537-541)  [« William Shaw est connu pour avoir cherché à protéger les - anciens landmarks  de l’Ordre - » - landmark - littéralement - borne - , mais la maçonnerie francophone a conservé tel quel le terme landmark sans le franciser. » 

- « Au sens maçonnique du terme, un landmark est une règle constitutionnelle à laquelle il est interdit de toucher sous peine d’irrégularité » (d’après le Dictionnaire de la F.M., op. cit….)]

 

[80] (p 537-541)(p 537-541) [Inigo Jones (1573-1562) est considéré comme le premier des grands architectes classiques anglais. Ce maître de cérémonies auprès des rois Stuart a importé du continent la discipline de l'architecture de la renaissance italienne - Extrait de Wikipédia]

 

[81] (p 537-541) [« Euclide  enseignant la géométrie aux égyptiens,… » :

- Euclide - En grec Eukleidês (de eukleês « illustre, de bonne renommée » : Mathématicien grec du IIIème s. avJC. Fondateur de l’école d’Alexandrie, il enseigna au Musée, institution réunissant des savants de toutes disciplines. Son œuvre, très étendue, ne nous est que partiellement parvenue… - Extrait du Petit Robert des Noms propres]

- Le Temple est déjà construit au VIème s. avJC… Comment Euclide a-t-il pu aider les juifs ?

 

[82] (p 537-541) [arts libéraux :

- Les sept arts libéraux sont identifiés au début du manuscrit de Wood vu précédemment page 538 : Grammaire, Rhétorique, Logique, Arithmétique, Géométrie, Musique et Astronomie.

- « Est libéral un art pratiqué par un homme libre de son jugement, cet art ne concerne que les disciplines libres de toutes contingences. Notre définition fait rejoindre le point de vue antique qui s’affranchit de la matière et le point de vue moderne du libre arbitre détaché du cadre corporel, fut-il religieux. Ainsi les arts libéraux sont les servants de la description et de la compréhension de l’essence des choses » - Livre du Compagnon, Rite Ecossais Primitif, page  285, par Eric Romand]

 

[83] (p 557-561) [En 1717 il n’existe plus que quatre loges qui se réunissent régulièrement dans la région de Londres… :

- L’Oie et le Gril (The Goose and Gridiron), dans la cour de la cathédrale St Paul,

- La Couronne (The Crown), dans Parker Lane, près de Drury Lane,

- La Taverne du Pommier (The Appletree Tavern) dans Charles Street, à Covent Garden,

- La Taverne de la Coupe et des raisins (The Rummer and Grapes Tavern), dans Channel Tow, à Westminster.]

 

[84] (p 557-561) [« ... la tendance des f.m. écossais à soutenir la cause jacobite... » - Les jacobites sont « Les partisans des Stuarts, voulant rétablir cette famille sur le trône à la place des Hanovre »]

 

[85](p 565-568) […« la partie de thé de Boston... » :

- Les anglais avaient imposé aux colons d’acheter exclusivement - et en quantité excessive - le thé de la Compagnie des Indes orientales. Dans la nuit du 16 déc. 1773, des colons déguisés en Indiens mohawks montèrent à bord du Dartmouth, un navire de la compagnie qui était bloqué depuis quinze jours sans pouvoir débarquer sa cargaison. La totalité du thé (une valeur de 10.000 livres) fut jetée à l’eau. L’opération s’effectua sans violence...]

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