Influence du dévoilement sur la perception du réel en loge
La loge est un lieu de convivialité horizontal et vertical. C’est un creuset, un lieu de « croisement » d’une fraternité horizontale qui se confronte au sacré vertical par la ritualisation du feu-lumière dans toutes ses dimensions. Nous avançons l’hypothèse que le rituel maçonnique en loge serait une évolution des rites initiatiques ancestraux liés au foyer central, source de vie et fondateur de la tribu. Ces rites liés au feu-lumière sont intimement liés à la nourriture cuite et partagée hiérarchiquement après la chasse et favorisaient l’élaboration d’un langage commun avec les premières légendes des longues veillées. Nombre de nos rites sociétaux sont orientés par la lumière « prométhéenne », la nourriture devient identitaire puis spirituelle. La lumière née du feu éclaire le récit commun fait d’événements mythiques qui expliquent la naissance du monde et de l’homme: le feu lumière va nourrir le corps, l’âme et l’esprit. Ces récits ontologiques, à la croisée de la verticalité transcendante d’un axis mundi lumineux et de l’horizontalité éthique, étaient tout autant verbaux que gestuels. Ils étaient pour le narrateur l’expression de la tradition reçue et pour l’auditeur la source première de l’éveil de l’individu. Ces récits "lumineux" permettait au membre du clan de prendre sa place protocolaire dans le cercle en regard du foyer central. Les rites initiatiques formaient l’homme tribal.Ils ouvraient une perspective à l’individuation à l’intérieur du creuset collectif.
Nos loges maçonniques à couvert des regards profanes, ont su préserver, sous une forme symbolique, les racines traditionnelles de la connaissance liées à l’arrivée de la lumière dans les trois niveaux qui sont : le monde, au milieu des hommes et en l’homme. Sur un plan strictement horizontal on notera que ce sont trois principes agissants et équilibrants qui de manière universelle sont « à l’œuvre » à savoir le « principe actif-mâle-centrifuge force », le « principe femelle-réceptif-centripète –beauté », et le « principe équilibrant-présence-sagesse ». Ce dernier donne la forme au-delà des cycles et du chaos apparent, une stabilité, une unité et une continuité. Symboliquement le feu-principe au centre de la loge établirait une organisation du réel hiérarchisée, stable et cyclique. Ceci recoupe le sens donné aux deux colonnes qui encadrent l’entrée du temple à savoir Jakin et Boaz dont la traduction synthétique peut se faire dans les deux sens : « dans la force il établira » ou « il établira dans la force » ce qui nous renvoie dans le principe d'ordonnancement. On rappelle que c’est entre ces deux colonnes que la lumière entre en loge, donc l’intention rituelle s’inscrit dans un "ordonnancement" lumineux de la loge.
La métamorphose appelée aussi évolution ou adaptation, est issue du jeu des forces en présence. Chaque principe est en relation analogique avec un niveau : ainsi le principe réceptif et matriciel est en relation avec la terre à féconder, le principe lumière fécondant est en relation avec le Ciel du « sol invictus », et le principe équilibrant est en relation avec le Sage, c'est-à-dire avec l’homme médiateur céleste sur terre. La Terre, le Ciel et le Sage médiateur sont le ternaire opérant dans les loges maçonniques. La loge maçonnique reprend le principe émetteur avec la colonne J, le principe réceptif avec la colonne B et le principe équilibrant et stabilisant la forme à l’Orient.
Notre approche du dévoilement reprendra les principes et mécanismes liés à la représentation traditionnelle du réel, via les symboles et lois de correspondances. L’analogie symbolique qui guide la vision du franc-maçon met en relation des plans superposés qui sont autant de niveaux de langage réservés à ceux qui ont la transmission des secrets. Si le voile cache un secret alors le dévoilement du tableau de loge mettrait en évidence un réel à plusieurs niveaux de lecture ou point de vue. Les symboles, et le lever de voile notamment, vont jouer un rôle de révélateur d’une dimension intérieure et cachée de l’être, mais aussi des clefs secrètes de la totalité universelle concoctées dans un athanor. Notons que certains rites déroulent un tapis de loge ou une toile, d’autre tracent à la craie le fameux tableau de loge, mais dans l’ensemble nous considérons que ces différents actes équivalent au dévoilement des ingrédients et éléments langage du grade.
Le niveau de langage représenté par le tableau de loge impliquerait outre la connaissance du langage spécifique du grade, une lecture de la réalité en fonction d’objets réels mis en reliefs par le jeu de la lumière (et de l’ombre). Ainsi, l’objet (outil, instrument, meuble) n’exprimerait sa réalité en l’homme qu’en fonction d’un environnement et relativement à des concepts, des modèles et principes qui lui donnent du sens. Donc, si nous retenons l’hypothèse du sens relatif, l’objet dévoilé porte une signification dictée par la nature de l’objet lui-même, son inscription dans le contexte des principes agissants, mais aussi en fonction du niveau d’élévation initiatique et verbale de l’observateur.
Le contexte et le co-texte de la loge, c'est-à-dire les décors, la mise en scène, le langage verbal et non verbal, sont réglés et rythmés par le rituel de la lumière. Ce rituel est un ordonnancement lumineux. Ce rituel de la lumière porterait en lui une tentative de modélisation de la lumière divine « créatrice » devenue lumière parmi les hommes dans l’espace séparé de la loge. Le rituel maçonnique déplace et répand la lumière en des endroits bien précis et cette lumière s’installe et se rétracte pour mieux « éclairer » notre vision symbolique.
Notons enfin que cette lumière peut s’interpréter diversement. La lumière serait l’expression : 1/d’un divin surplombant et dirimant (autorité surplombante), 2/ d’un divin incarné ou parcelle divine en l’homme dans la suite de la grande tradition chrétienne, ou 3/ d’une manière plus humaniste, la conscience éclairée de l’homme libre faisant ici référence aux avancées du Siècle des lumières dans la suite progressiste et humaniste d’une philosophie rose-croix de l'amélioration de l'homme et de la société. Cette possibilité d’interprétation graduelle illustre la traversée des plans sus-énoncés tout en conservant l’idée suivant laquelle ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.
L'homme va donc tenter de se rapprocher graduellement de la lumière des origines, en prenant appui sur un objet transcendant et clos, "contenant" le divin lumineux et qui se trouve tout à la fois sur terre, dans les cieux et en soi! Cet objet reprendra les symboles de la montagne sacrée et de l'arbre "axe du monde" en faisant apparaitre dans son enceinte la parole du divin, la course de la lumière et diverses hypostases qui ordonnent le monde et la conscience dans un isomorphisme axial.
Chacun restant libre des ses interprétations, nous allons tenter de dégager quelques traits fondamentaux du dévoilement lumineux qui augmenterait ou exciterait nos facultés cognitives et notre vision du réel. Cette vision sera sous l’influence d’un imago mundi associé à l’imago templi (1ere Partie). En regard du cadre sacré de la loge, nous aborderons le caractère hypostatique du dévoilement (2ème Partie). Enfin nous aborderons ce dévoilement sous l’angle des trois principes alchimiques dans l’athanor hermétique de la loge (3ème Partie).
1ère Partie /Approche cognitive du dévoilement, influence du modèle « temple de la lumière ».
La franc-maçonnerie traditionnelle fait du dévoilement de l’image du Temple un compendium de l’image « lumineuse » du monde et de l’homme.
1/ Le voile sépare deux réalités, intérieure et extérieure
Le temple de Salomon était doté de plusieurs voiles. Un premier voile séparait le Ouham du Hékal, deux voiles séparaient le Hékal du Debhir. Habituellement le voile sépare la partie la plus sacrée du temple en regard d’un observateur situé dans un plan inférieur. Généralement ce voile masque le sanctuaire. Il établi une frontière entre le visible et l’invisible, entre le périssable et l’éternel, entre la condition terrestre et l’inconditionnement céleste. On retrouve la trace de ce voile dans la plupart des rites religieux et initiatiques. Dans le rite de Memphis Misraïm, le voile d’Isis est situé derrière le VM. Mais ce positionnement dans l’axe de l’Orient diffère de la pratique du REP qui voile le pavé mosaïque au centre du Hékal et donc dans l’axe Nadir/Zénith.
Il y aurait donc deux types de dévoilement se rapportant à deux points de repère traditionnels signifiant le céleste : le dévoilement solaire ou héliaque pour la lumière visible et le dévoilement axial ou zénithal pour la lumière invisible. Le dévoilement dans l’axe de la marche vers l’ouest serait éthique et relatif à la tripartition du Temple à l’image de l’homme, alors que le dévoilement axial serait métaphysique. Ce dernier fait référence aux échelons d’une échelle à gravir ou aux différents tableaux de loges graduellement superposés; le Temple serait alors une image de l’univers. Pour conjoindre les deux axes, celui de l’élévation axiale et celui de la progression orientale, la franc-maçonnerie va reprendre la symbolique des marches séparant le Debhir du Hékal et reproduisant à l’échelle de la marche humaine, l’élévation ou l’exaltation graduelle.
2/ la lumière dévoilée dans le monde et en l’homme, le visible et l’invisible,
Le dévoilement du tableau de loge est un épisode important du rituel mettant en scène l’entrée en loge de la lumière (et donc en nous-même). Nous avons vu que notre perception du réel dépend du contexte de la loge et de l’intention du récit.
Le rituel de la lumière est inspiré du concept de la « manifestation ». Cette manifestation du réel découle du surgissement ou du dévoilement d’une lumière originelle. Ainsi tout prend forme, tout est nommable et tout ce qui est éclairé existe. Tout rituel initiatique est porteur d’une intention qui doit être interprétée par chacun pour être « réellement » intégrée et comprise. En fonction de ce qui précède, le rituel va permettre la lecture de l’objet et donc la lecture du réel dans plusieurs plans. Le réel est alors « éclairé » par son sens et son essence au moyen de la lumière initiatique. Cette lumière en loge, sa diffusion et son incarnation sont synonymes de Principe et de Verbe. En sa qualité « principielle » la lumière illumine la manifestation « visible » (le monde qui nous apparaît) et la conscience (le monde dans lequel nous nous situons en acteur et observateur), mais aussi la manifestation invisible, c'est-à-dire la source ontologique de cette manifestation. Cette conscience du visible et de l’invisible émerge en l’homme en même temps que le langage. L’invisible a un effet sur le comportement de l’homme et doit donc être de ce point de vue considéré comme un type de réalité agissante. Le langage va donc tenter de recouvrir les dimensions visibles et invisibles du réel. Ceci nous conduit à redéfinir le symbole comme l’objet visible qui n’a de sens qu’en réunissant la partie manquante et invisible. Réunir le visible et l’invisible c’est reconstituer l’objet-origine (appelé symbolum). Le sens du symbole, c’est la réunion des deux parties, son essence serait son unité originelle. D’emblée le symbole fait appel à ce qui n’est pas visible et ouvre la porte au sacré, à l’immanence et à la transcendance. Le symbole dans ses deux parties, anime ou illumine le réel ressenti et donc vécu par l'observateur, est sera la base de toute spiritualité.
Le dévoilement est double, il porte aussi bien sur le secret de la loge que sur notre intériorité, c’est typiquement une caractéristique du système initiatique que de permettre un parcours intérieur, dans les arcanes de l’Être symétriquement aux arcanes de l’Universel. Le voile couvrant le visible comme l’invisible est donc dédoublé en soi.
3/ l’émergence du langage, anthropomorphisme et séparation ;
L’émergence du langage est corrélative à la perception du réel organisé chez l’homme rendant nécessaire la description, la communication et la ritualisation. Rien ne peut être vu ou construit sans lumière qui éclaire (voir le récit de la grotte socratique). C’est l’homme qui décrit ce qu’est la lumière, c’est l’homme qui lit et interprète les écritures sacrées par le prisme de sa pensée. La lumière permet de voir et comprendre le réel visible et invisible comme un Homme héritier de 40 000 ans d’évolution.
La perception du réel est donc relative à l’observateur évolué ou initié. Cela vaut aussi bien pour l’objet matériel que pour la notion de conscience (entendement) qui reste relative à l’homme. Pour surmonter cet obstacle du relativisme, l’homme élabore le Temple comme un espace absolu, refuge séparé du relatif profane, hors du temps et de la contingence. Donc la lumière qui serait le Verbe divin, induirait la conscience, la conceptualisation et la verbalisation chez l’homme, mais n’aurait de valeur absolue et ne pourrait être célébrée que dans un espace séparé et consacré à la relation avec le Principe. Le dévoilement va permettre de mettre en évidence cette corrélation entre le divin créateur « surplombant » (le Principe) et l’homme. Ainsi le groupe « Lumière-Manifestation-Verbe » surplombe le groupe humain « Conscience-objet-verbalisation » ou « Pensée-volonté-action ». Le groupe inférieur, séparé de son origine, emprunte des objets possédant une dimension ontologique (les « sacra ») pour la mise en scène rituelle. La rituellie emprunte ou élabore un langage spécifique proche de la langue originelle dont on suppose qu’elle fut transmise par le divin. Tout doit être mis en œuvre pour se rapprocher de l’origine (c’est aussi la recherche de la Parole perdue chez le Maître, ou la prononciation impossible du nom divin). L'initiation relate et met en scène la Lumière, hors d'atteinte par la frustration du prisme. Ce prisme relatif au domaine humain est dévoilé par superposition de l'origine et du réel actuel.
La relation entre les deux groupes superposés est traversée par le Principe axial ascendant et descendant qui constitue le modèle graduel de l’initiation générale (échelle de Jacob). Ce principe axial de reliance est porté par la Lumière qui n’existe que par contraste avec les ténèbres. La lumière serait le véhicule de l’idée divine et du principe de vie. Ainsi ce qui est en haut se projette sur le plan inférieur en prenant des traits matérialisés. C’est la leçon du mythe prométhéen. Chaque plan inférieur reçoit la lumière du plan supérieur comme un miroir reflète une image. Simplement la lumière reçue ou volée au plan supérieur est toujours de moindre qualité que l’originale ; il en va de même de la parole mal prononcée et transformée, ou de la vision du réel par le prisme déformant du regard de l’homme. Le Verbe divin originel ne cesse d’être réinventé et réinterprété par l’homme. Cette imperfection de nos sens fait que nous recherchons un procédé de rétablissement motivé par la proximité perdue et retrouvée avec le divin, soit un retour au paradis perdu.
La reconstitution de l’image originale, du Symbolum premier, se fait par extrapolation, par le jeu du symbole et les lois de correspondances[1]. Vouloir remonter à la source serait dans la kabbale une conséquence de la chute de l’homme dans la matière, de son éloignement du centre ontologique.
La Lumière, en matière initiatique est plus qu’un concept, elle prend l’allure du Principe créateur, ou puissance créatrice, qui est le sommet initiant tous les concepts secondaires, et notamment le concept anthropomorphisé du divin ou du GADLU. Chaque concept secondaire se décline à son tour en concepts sous-jacents. La lumière principielle devient bougie sommitale, le centre ontologique de la manifestation devient centre de l’espace sacré, la lumière unitaire devient trine, le Verbe devient parole et la parole se perd et se déforme dans les générations successives, etc.
Le divin "anthropomorphisé" n’est que l’expression, à la mesure de l’homme, d’une tentative d’approche fractionnée et parcellaire du divin, de reconstitution du corps d’Osiris par Isis, de même le Temple n’est qu’un résumé à l’échelle humaine de l’inaccessible divin qui nous renvoi à notre propre génie inventif pour reconstituer un miroir brisé. Finalement le dévoilement ferait apparaître le miroir de notre quête d’absolu.
4/ Sens, perception, cognition.
Cette lecture de la lumière mise en scène, contextualisée, cotextulaisée, jouée en loge, passe par plusieurs phases mises au jour par les psychologues de la perception. Trois étapes au moins se succèdent : sensorielle, perceptive et cognitive.
L’étape sensorielle, qui passe par des récepteurs spécialisés qui actionnent les 5 sens et permettent de repérer les caractéristiques du réel telles que mis en en scène en loge. Cette étape sensorielle est d’abord rétinienne, mais aussi auditive et posturale, etc. : il s’agit d’une « lumière sensitive» qui se répand dans la loge et en chaque franc-maçon, accompagnée de phrases rythmées.
Suit un traitement perceptif des signaux sensoriels. Ce traitement perceptif permet de dépasser les strictes données sensorielles pour les mettre en forme. La mise en forme est une étape majeure de la perception : il est opéré un regroupement par « proximité » physique ou par identité de « forme » géométrique, topographique, temporelle, c’est le début de la mise en place d’une combinatoire du sens. Par exemple on constatera que le chemin de la lumière descendue de l’Orient se concentre autour du tableau central de loge recouvert d’un voile, puis se répand à nouveau aux plateaux des deux surveillants. La loge et les maçons s’éclairent ainsi progressivement à partir d’une seule bougie principielle.
À la suite de ce traitement perceptif par regroupement et par identité de forme, se trouve la phase purement cognitive qui relate l’environnement dans une perspective et un point de vue plutôt horizontal. Il reste un travail d’élévation de la pensée par l’interprétation axiale du rituel.
5/ Du relatif à l’absolu
Nous savons que l’initiation maçonnique est une initiation individuelle dans une cadre collectif. Cela implique en fonction de ce qui précède que ma vision de l’absolu ne sera jamais que relative au prisme déformant de ma rétine et de mes terminaisons nerveuses, et que néanmoins, la conjonction de nos absolus(vision-cognition collective) fait qu'ils se regroupent sur des schèmes communs. Nous aurions donc un patrimoine de schémas directeurs collectifs qui caractérisent l’espèce humaine.
Nous avons vu que la vision de l’homme est fonction de son expérience et de son vécu. Pour « ontologiser » sa vision de la lumière, il faut à l'homme une initiation au rite de la lumière, une transmission-dévoilement du schème telle que pratiquée en franc-maçonnerie. Sa vision se détache du relatif pour approcher peu ou prou l’absolu de la voie initiatique suivant une modélisation collective (ici celle des bâtisseurs du temple: le temple est une oeuvre individuelle et collective!). La ritualisation des symboles dans un contexte séparé et sacré est nécessaire. Alors le franc-maçon peut aborder une vision qui dépasse le relatif profane pour accéder aux concepts des bâtisseurs du Temple, qui de manière ultime sont des bâtisseurs célébrant l’absolu et la reliance terre-ciel.
Le concept permet, à partir d'un objet de pensée concret et abstrait, comme l’arrivée de la « lumière Principielle », de rattacher à ce même objet les diverses perceptions en différents plans, et d'en organiser la connaissance et la transmission. Le concept surplombant « Lumière Principe » est ici organisé et réceptionné en un plan inférieur par trois lumières d’ordre (appelées aussi petites lumières ou piliers, etc;) qui illuminent le dévoilement d’une image « centrale ».
Il faudra rechercher plus loin à quoi participent ces trois lumières d’ordre si ce n’est à l’illumination du centre secret de la loge, son « arcane ». Il est probable qu’elles participent à l’élaboration d’un schéma directeur qu’il faudra apprendre à lire. Ce schéma sera emprunté à notre bibliothèque culturelle ou issue de notre intuition collective, plus ou moins innée. Cette bibliothèque de modèles résulte d’archétypes visuels et cognitifs reconnus comme fondateurs et qui peuvent être mis en scène suivant un processus rituel rigoureux de type initiatique en vue de leur transmission. Le but de toute initiation étant de faire pour chacun retour vers l’unité ontologique et percevoir la totalité universelle, alors le concept de Lumière-Principe et le précieux « objet » qu’elle éclaire seraient le sommet de tous les schémas archétypaux. Le passage du relatif à l’absolu passe par la Verticalisation du regard, c’est alors que la lumière venue d’en haut prend tout son sens.
6/Du réel phénoménal à l’intelligible essentiel : l’intention rituelle et le Voile.
Le « Voile » va donner une dimension réelle au sacré, car nos facultés cognitives vont intégrer le secret dévoilé au processus d’élaboration du réel. En ce sens le dévoilement vaut pour tous les symboles que l’Homme incorpore en lui pour les faire vivre. Le dévoilement « vécu » en loge grâce au rituel d’allumage des feux en loge impliquerait-il l’assimilation intellectuelle du sens de ce qui est dévoilé, puis l’incorporation de l’essence axiale du motif révélé ? Ne dit-on pas que le franc-maçon doit vivre et être le symbole.
C’est à partir du concret et du réel que l’homme élabore une pensée à plusieurs niveaux : fonctionnelle, abstraite, conceptuelle ou essentielle.
Comment une simple bougie et un lever de voile, un déroulement de tapis ou un tracé à la craie au sol peuvent illuminer notre vision essentielle ?
Il y a une distance entre le réel ressenti par nos sens et l’intuition de l’être et du sacré. La cognition suit les niveaux d’approche du réel en tentant de leur donner une signification, un sens voir une essence. L’intention du jeu rituel initiatique est de permettre le traitement profond de l'information via le symbole qui exalte, et l’idée qui se réalise. L’initié doit être capable d'acquérir, conserver, utiliser et transmettre des connaissances qui découlent toutes de l'étude concrète et de la modélisation des phénomènes considérés comme vécus par l’initié, débouchant sur un nouveau regard. Notons que le franc-maçon constate des faits et des actes, lit les objets présents et va les relier et les interpréter dans un sens qui dépasse le sens concret. Il part de l’objet projeté en soi, un réel matériel ou une situation considérée comme expérience vécue et les interprète dans les limites de l’intelligible. On passe de l’objet en soi à l’être en soi. Ainsi l’initié transpose par le symbole sa vision du réel, il opère une métamorphose du regard. Cette métamorphose du regard via le dévoilement va s’appliquer aux 8 approches du phénomène concret tel que nous le reconstituons dans sa dimention invisible :
- La perception : expérience pratique ou sensorielle d'objets ou de propriétés présents dans l’environnement de la loge. Dévoilement du niveau de langage. Cette expérience en loge doit aboutir à dépasser les 5 sens pour atteindre l’essence.
- L'intelligence : compréhension de l’environnement de la loge suivant le niveau de perception et qui peut aller du domaine phénoménal jusqu’au domaine non visible.
- Le langage : épellation, répétition triple voix, rythmes, suivant le niveau de perception, c’est l'aptitude à lier des éléments entre eux (combinatoire), à faire preuve de logique, de raisonnement déductif et inductif. Ainsi le langage est lié à la pensée symbolique et abstraite. Le langage peut aussi exprimer l’informel et le non visible.
- La mémoire : catéchisme, symbolisation de l’outil, idéalisation, conservation des symboles, c’est la capacité d'enregistrer, conserver et rappeler les expériences passées et surtout en matière initiatique les schèmes et clefs symboliques dans le but de les transmettre.
- L'attention : mise à l’ordre suivant le grade, concentration sur un objet ou une pensée parmi d’autres, il s’agit de pratiquer une concentration en restant silencieux immobile et aligné, l’objectif de la concentration étant littéralement une reliance avec le centre.
- Le raisonnement : empirique et analytique, il restitue la pensée au réel. La méthode maçonnique reliant l’objet réel, le symbole, le maçon, la loge et le monde par l’analogie permettra de se départir de l’objet en soi pour aboutir à la pensée sans phénomène.
- Les émotions au sens initiatique : langage du cœur, intuition, comportement expressif d’un état d’âme et du psychisme. C’est l’humanisation du réel.
- La conscience : situation de l’individu en relation avec l’unité et l’universalité impliquant le sens de l'éveil, la connaissance de soi et l’évaluation sensuelle, intellectuelle et essentielle de son environnement. La conscience semble être l’aboutissement de la perception du réel visible et non visible par un sujet qui se reconnaît comme objet au milieu d’un tout. Elle aboutira logiquement à une conscience collective, en fonction d'un schème collectif (ici le Temple).
Tous ces « phénomènes » concrets du monde sensible et les « Idées » de la réalité intelligible, sont accessibles à la connaissance rationnelle et sont réinterprétés et rejoués en loge par le jeu des rituels et symboles. Le jeu rituel fait que la participation de chaque maçon au rituel de la lumière « incorpore » celle-ci en chacun. Ainsi l’objet concret devient objet intellectuel puis objet symbolique en soi. Le feu-lumière illustre parfaitement cette ascension du sens vers l’essence. Le support de la loge, mais aussi les lumières d’ordres associées au voile révélateur du tableau de loge, vont servir une spiritualité « construite ». Cette spiritualité tendra vers une vision en essence du Temple. C’est ainsi que la dimension sacrée s’invite dans le réel et que le dévoilement incorpore le secret à la réalité « vécue et ressentie ». C’est une des conséquences de l’expérience initiatique. En ce sens le dévoilement est dit "révélateur" dans le sens montant et " réalisateur " dans le sens descendant.
L’activité en loge permet de retraiter le réel simple en réel profond. Les 8 approches cognitives en loge seront développées sous différents angles : analytique, symbolique, alchimique, intuitive, banale ou sacrale, anagogique... Le réel est peut-être une reconstruction permanente par le jeu de la perception-cognition de l’individu et du groupe. Maintenant nous devons rechercher comment le réel senti (étape 1) et perçu (étape 2) est reconstruit par la cognition (étape 3). Existe-t-il un système référentiel qui apparaît au moment du lever du voile ? L’initiation consiste-t-elle en la redécouverte de ces systèmes référentiels ?
7/ La trace de systèmes référents : l’Imago Templi
La franc-maçonnerie offre un système référentiel, une modélisation de la vision.
Le dévoilement initiatique en loge a pour effet d’impacter la signification générale ordinaire de la lumière, de la bousculer pour lui faire franchir le chemin entre le sens banal et le sens sacré. C’est le passage de l’horizontalité de la perspective à la verticalisation de sens qui deviendra essence. Or par expérience nous savons que le sens sacré s’appuie sur un symbolisme qui dépasse le sens commun et reste contenu dans un espace clôt, hermétique et caché. C’est un symbolisme « réservé » qui tend vers l’essence et qui s’appuie sur une situation conceptuelle ou sur un modèle, un schème, plus que sur un objet. L’objet n’est que support exotérique qui permet de rattacher le réel à une perception conceptuelle, ésotérique et sacrée. L’objet réel devient alors image en soi, chez l’observant, et va déclencher les trois étapes précédentes avec l’ajout de niveaux supplémentaires de perception et un développement du sens en essence. La représentation mentale, si indispensable au langage, est alors transportée dans un registre supérieur qui tout en restant attaché à l’objet réel lui donne une dimension sacrale, ou ontologique, conforme au modèle référent.
Ce qui est dévoilé, c’est un signal, une information que vont traiter nos facultés cognitives. Le tableau de loge est une image guide, une combinatoire de signes et symboles, une icône qui combine par proximité géographique et par formes associatives des objets reliés à la construction « axiale », à l’espace et au temps, à la terre et au ciel. Cette combinaison en une même image dévoilée, de la matière, du plan, de l’espace et du temps céleste, s’effectue dans le lieu sacré de la loge. Or la loge est « formée » en vue de construire le « temple », c’est ici l’intention du rituel. C’est aussi la référence du bâtisseur. Cette icône du temple à bâtir, « forme idéale », est un modèle imaginaire au sens que ce n’est pas le tableau de loge qui a du sens, mais « le modèle de la construction du temple » qu’on y trouve. Le modèle, ou « forme idéale » est un schéma directeur et ce sera ici le plan de l’architecte. Ce "plan", ce schéma directeur, mais qui commence par une pierre brute à tailler sous la lumière. Point de forme sans lumière matérielle et essentielle. Voici donc le modèle référent auquel le tableau fait allusion. Le tableau de loge n’est qu’un assemblage d’images-symboles reliées au céleste lumineux. Le véritable tableau de loge référent est hébergé en notre encéphale, il est l’héritage endormi de notre vision structurale du monde que le rituel du dévoilement lumineux va réveiller. L'encéphale dans sa boite crânienne ("boite d'os") serait une loge (cavité) en relation prismique avec la Loge, elle-même en relation prismique avec le Tout.
Notre manière de percevoir l’image se fait suivant une modélisation cognitive analytique, symbolique et intuitive qui reste liée et conditionnée par le modèle du temple et le modèle de notre cerveau. Or si le Temple est la maison de la Lumière céleste, il est aussi le modèle de l’homme. Le modèle qui est ici découvert par le voile permet la lecture de la construction lumineuse du réel avec une triple perspective : microcosmique, macrocosmique et humaniste ou psychique. Le Temple dans sa tripartition est bien le modèle de toute spiritualité construite analogiquement par l’homme en regard d’un schéma archétypal "essentiel", substantiel, ou structurel.
8/ Une spiritualité née du réel « élargi » et de l’expérience initiatique
Ce modèle du Temple sera applicable au réel et permettra d’affirmer une « vision » initiatique de l’homme en regard des angoisses existentielles, éthiques et métaphysiques. L’homme ne fait que reconstruire sans cesse la réalité sur la base de modèles structurants qui donnent une perspective "lumineuse". Ces modèles sont enfouis dans son for intérieur qu’il veut dévoiler et « éclairer ».
Donc l’image dévoilée s’associe à un modèle « temple de la lumière ». Toutes les interactions relationnelles entre les objets présents dans le tableau de loge forment une combinatoire de langage dictée par le modèle du temple. L’icône « tableau de loge » n’est pas séparable de son modèle perçu « temple de la lumière », renforcé par trois points qui sont des dévoilements successifs:
a/ l’affirmation que la loge est séparée du monde profane (voile séparant le Oulam du Hékal dans le Temple de Salomon),
b/ une mise en scène rituelique « orientée » au sens lumineux du terme (descente de la lumière du Debhir, franchissement du double rideau séparant dans le centre du Hékal dans le Temple de Salomon),
c/l’expérience vécue d’une intention lumineuse en soi et au monde (dévoilement des éléments de langage dans le centre de la Loge et en soi).
9/ les Consciences et le chemin de la Connaissance dévoilés.
Le franc-maçon utilise la technique du dévoilement par l’expérience in situ. L’expérience progressive crée un maillage de la conscience du réel suivant une méthode qui devrait conduire sur le chemin de la connaissance.
L’initiation est une expérience, un apprentissage de la conscience dans ses différents secteurs et étages. Toute expérience est un vécu qui impacte la conscience du réel. La conscience reconstitue le réel extérieur en réel vécu tout autant à l’intérieur de soi (dimension signifiée) que dans l’environnement extérieur (dimension signifiante). Le passage de l’extérieur à l’intérieur se fait par une projection mentale dans le champ de la conscience en se référant à des archétypes.
Peut être pouvons nous faire un rapprochement "intuitif" entre la structure de notre cerveau et la structure de la loge, au prétexte que la conscience est associée au cheminement de la lumière (voir les jeux d'ombres dans la caverne socratique) et aux déformations dans la représentation ou du rendu .
La méthode maçonnique activerait la "conscience de base" située dans le cortex occipital/visuel et dans le cerveau droit, correspondant aux représentations perceptives (formes, couleurs, musique) ou symboliques (phonèmes, images, visages, tabliers). On y trouve la perception simple de l’ensemble des tableaux de loge signifiants, la topographie de la loge, meubles, décors, etc.
La méthode active "la conscience verbale" ou sémantique par l’apprentissage progressif d’un nouveau langage (épellation, syllabisation, onomatopées, recherche du sens du mot, parole perdue, essence du mot, souffle) et l’élaboration d’une conscience sémantique verbale et non verbale, posturale, permettant l’introspection et dont le support organique serait principalement l’hémisphère gauche.
En parallèle s’élabore une "conscience historique" (auto noétique chez Tulving) associant ici, le temps et le non-temps, fondée sur la sensation d’expérience vécue qui met en relation le vécu initiatique en loge et le souvenir ancien qu’il fût réel, individuel ou collectif ou encore mythique, elle se situerait dans l'hippocampe. Le mythe, récit mémoriel, intègre l’expérience du réel par le mime. Les différentes relations conscientes au réel "dur" ou "mythique", sont asservies par une "conscience surplombante" dite "exécutive" qui permet la focalisation ou la concentration et donc le passage d'un modèle symbolique à l'action. C'est la conscience opératoire ou réfléchie située dans le cortex frontal. C’est la fameuse conscience des philosophes permettant de dissocier le corps exécutant, et son contrôle par l’âme ou l’esprit tributaire d’un grand plan (plan du Temple). Cette concentration permettra d'associer le temple à soi.
C’est ici que se situe l’image du triangle centré d’un œil ou du GADLU, de l’hexagramme hermétique ou des Tables de la Loi, intervenant dans la tripartition du Temple sa voie droite, gauche et centrale, c'est dans ce schéma qu'a lieu la latéralisation de la droite vers la gauche par le corps calleux. C’est la "surplombance" qui organise les lois non plus de la logique, mais de l’analogie. La conscience du franc-maçon, née de son cerveau, aussi multiple soit-elle, se caractérise par une mise en relation de niveaux et de points de vue symboliques qui se superposent dans un isomorphisme axial. L'homme dans sa structure intime reste le modèle réduit du temple. L'homme est la mesure de la perception du Tout.
10/ La Papesse dévoilée
C’est la deuxième lame du Tarot de Wirth qui nous permettra d’illustrer le phénomène du dévoilement en trois phases. Le premier voile est son manteau, le second est celui qui voile son visage et surtout son regard et enfin le troisième voile est celui qui est tendu entre les deux colonnes du Temple objet de "con-templation".
Nous sommes donc en présence du Temple comme image à pénétrer puisse que les deux colonnes en marquent l’entrée. Cependant avant de comprendre l’arcane du Temple il faut dévoiler le mystère en 3 temps : 1/dévoiler ce qui n’est pas apparent (manteau de la papesse), 2/dessiller son regard, opérer une métamorphose du regard, c’est le dévoilement du visage et du regard de la Papesse, et enfin 3/lever le voile sur l’entrée dans la maison du divin, c'est-à-dire à l’intérieur de l’enceinte qui cache l’arcane et qui répond aux énigmes posées par le sphinx sur la vie et la mort et le mystère de la création du monde.
Ce développement du mystère fait passer l’impétrant par les trois phases du dévoilement, celui des apparences signifiantes, par le manteau extérieur, celui du regard sur le Monde, et enfin celui du regard dans le Temple Intérieur. Nous retrouvons les trois niveaux de perception : Éthique, Psychique, Métaphysique. Les deux colonnes dont le franchissement est un but, symbolisent le passage du phénoménal symbolique d’une papesse assise sur un trône-sphinx (qui symbolise le mystère et la phase cachée derrière l’apparence), au phénoménal axial ou monumental, via les colonnes du Temple (qui permettent l’entrée dans la relation sacrée et secrète entre la Terre et le Ciel). L’axial-monumental permet le changement de plan et donc le passage du logique à l’analogique, du sens à l'essence, de l’apparent extérieur à la vérité intérieure. Ce schéma est tout entier résumé dans la tiare portée par la papesse. Elle est à trois niveaux :
1/ Le premier fait allusion au premier niveau de perception qui si on y prête attention est sertie de pierres précieuses, car reliée au sommet, au ciel. La pierre précieuse « concentre » à la fois le regard de l’observateur et les scintillements du rayon d’une lumière « précieuse » et mystèrieuse. 2/Le deuxième niveau est celui de l’analogie avec une gnose, d’une parole élévatrice de la conscience humaine qui s’allie au symbolisme axial. 3/ Le troisième niveau est constitué par cette Lune réceptacle-axial, point de concentration ultime qui symbolise le recueillement du reflet de la lumière des origines (clef d’Or) par le miroir lunaire (clef d’Argent). Ainsi la Papesse est une Isis qui révèle et fait naître l’Horus ailé en soi, la conscience supérieure de l’homme qui englobe le visible et l’invisible, le temporel et l’intemporel par le triple dévoilement. Le travail sur le reflet et le miroir est la première clef celle d’argent qui permet le passage de l’extérieur apparent au mystère de son éclairement « intérieur », la relation avec la lumière d’or et la seconde clef qui permet de remonter vers la lumière ontologique ou originelle. (ER)
Résumons : chaque voile suscite et permet une projection mentale de ce qui est caché et révélé. La valeur de ce qui est découvert après un dévoilement est décuplée à plusieurs niveaux.
L’’image dévoilée du tableau de loge implique un modèle de lecture du réel « éclairé », véritable combinatoire du langage qui fait sens, suivant un schéma directeur, un modèle, un concept abstrait ou « essentiel ». Si la Lumière principielle est l’essence insaisissable du réel, alors le temple de la lumière (le modèle) serait sa représentation mentale, douée d’une schématisation ésotérique et cachée. En contrepartie, la lumière en loge serait la réalisation exotérique du réel (l’apparence) et le tableau de loge posé sur le pave mosaïque constituerait la grille de lecture permettant l’ascension des différents plans de la vision. La grille de lecture permettrait la remontée de l’objet au sens et du sens à l’essence. La traversée d’un plan à l’autre se fait par nature symbolique de l’icône qui s’adresse successivement au réel, à l’image représentée en soi, au sens et à l’essence. L’icône, pour traverser les différents plans, doit être conforme au modèle archétypal : le tableau de loge « éclairé » est conforme au « temple de la Lumière », elle le suggère par l'association symbolique des formes, des sens et des essences. L’imago templi restera le modèle des trois premiers grades jusqu’aux grades ultimes. Nous pouvons dire que l’image du Temple relie la Terre au Ciel et autorise une certaine vision du monde. En loge, l’imago templi "voilé" serait le schème structurant de l’imago mundi et se dérive en isomorphisme axial et graduel.
ER
Dans une seconde partie, nous reviendrons sur le dévoilement hypostatique en loge.
[1] Les lois d’analogie et la polarisation s’associent pour donner au symbole son relief initiatique. Le symbole étant fait de deux parties, l’une visible l’autre manquante, c’est donc dans un plan supérieur ou inférieur que nous iront rechercher la partie manquante. Analogie, polarisation et symbole nous font admettre le schéma général des plans ou mondes superposés traversés par un même axe. Cette configuration verticale, essentielle en franc-maçonnerie, est la base de l’échelle graduelle initiatique et prendra pour exemple la croix tridimensionnelle. Voir dans ce sens René Guénon « Le symbolisme de la croix » éditions Vega 1931.