Un Roi de la lignée Stuart était surnommé par l'aristocratie bienveillante et partisane de "Roi Salomon" ou "Salomon d'Ecosse". Cette appellation(1) de "Roi maçon" se faisait moins en regard de leur qualité de roi bâtisseur, organisateur du métier ou d'ordonnateur de la justice, qu'en revendication d'un titre de "droit divin" dans la lignée des rois David. C'est cette revendication vétérotestamentaire en plus de leur catholicisme qui mena certains à la décapitation.
Salomon en sa qualité de Roi doit s'adjoindre deux lieutenants capables de mener à bien sa mission "divine " sur terre. Nous sommes dans le schéma de tripartition classique défini par Georges Dumézil et René Guenon (2), inspirés par les fonctions traditionnelles de l'hindouisme des trois voies initiatiques: la voie du Brâhmane / sacerdotale des Oratores (Salomon-Sagesse), la voie Kshatria / Militaire des Bellatores (Hiram de Tyr- Force), et la voie artisanale Vaishya / laboratores (Hiram Abi - Beauté). Cette triangulation est "ascensionnelle" ou verticalisante au sens ou elle tire sa légitimité d'une dévolution divine. Cette dévolution est celle tirée de 1 Roi 5 (3) qui est la volonté d'un Dieu architecte dessinant les Plans du Temple. C'est donc par la Légende "architecturée" du grade du Maître que l'on restaure cette idée de mission venue d'en haut au sein d'une maçonnerie continentale en déliquescence. C'est la figure de Salomon et de ses deux sapiteurs Hiram de Tyr et Hiram Abi qui vont diffuser trois idées typiquement stuartistes sous couvert du Devoir: la mission du bâtisseur d'une maison pour le divin, l'idée de roi de droit divin, l'exil et la restauration de l'ordre divin (destruction du Temple/reconstruction) face à l'usurpateur hanovrien. C'est la triangulation stuartiste de la restauration du trône qui se superpose à la dévolution divine au sein même de la Légende et de ses développements ultérieurs.
Pour donner plus d'appui à cette triple prétention, à partir du XVIIIe siècle, la vie et la mort d'Hiram seront organisées comme une réédition des modèles connus touchant à la révélation, on pense à la révélation liée au sacrifice du Christ. Mais si Salomon est dans la lignée des Rois David, Hiram n'est pas le fils de l'Homme, il est l'un des fils d'une veuve de la tribu de Nephtali. Il est celui qui lit les Plans divins et les met en Oeuvre, il est celui qui détient de Salomon la Parole organisatrice du chantier et donne le sel qui permet au souffre des compagnons de s'associer au mercure des Maîtres. Il est l'alchimiste de la construction du Temple-athanor dont la finalité recroise la Pierre philosophale.
La révélation s'apprécie ici non pas dans sa dimension religieuse impliquant une croyance hors de toute rationalité, mais comme un phénomène touchant à la fois au désir d'éternité de l'homme relativement à sa fin. Ces deux bornes éternité et finitude se retrouvent dans toutes les notions de "transmission" initiatique dont le Roi se dit garant, car favorisant la stabilité de l'ordre établi tout en offrant une perspective dans l'au-delà. La démarche initiatique ayant pour fonction principale de transmettre des visions s'associant aux sagesses, il semblait normal que le franchissement de la finitude corporelle puisse déboucher dans une prolongation spirituelle de l'homme. Quoi de plus approprié que de faire intervenir l'acteur majeur chargé de construire une maison pour la Présence du divin parmi les Hommes. Le récit est bien plus qu'une légende, car il touche à la dimension divine. L'homme va se sacrifier pour le Devoir, pour la Règle du métier, pour la Loi qu'il sert et pour les Plans divins qu'il met en Oeuvre. Il est certain que le sacrifice d'Hiram fait partie intégrante de l'Oeuvre initiatique à accomplir. La construction du Temple n'est pas seulement extérieure, elle est intérieure. Nous devons voir la geste d'Hiram comme un phénomène , une scène qu'on nous donne à voir et qui doit révéler quelque chose en nous. Le phénomène se déploie en nous et devient une réalité intime. La chose révélée se soustrait à la relation causale en inversant le sens moral en sens utile. C'est ainsi que le crime sera plus utile qu’infâme. Infâme pour le compagnon et utile pour le maître et pour la révélation du Temple intérieur. Qui dit Temple dit "porte d'accès", sans doute s'agit-il de la porte d'accès à la chambre du Milieu, notion très intérieure s'il en est. Donc nous pouvons aborder cette légende hors du cadre rationnel et moralisateur, trop minimal en regard de l'enjeu pour un Maître. En effet il y a deux discours dans ce récit, le premier est relatif aux Petits mystères s'adresse au compagnon récipiendaire, il s'agit d'un fratricide vétérotestamentaire. Le second est relatif aux Grands mystères et s'adresse à celui qui a pratiqué le relèvement intérieur après le triple trauma du corps, de l'âme et de l'esprit, il s'agit dans cette approche plus intérieure d'un parricide néotestamentaire. Ces trois grands coups précédant la chute du "Maître" et son relèvement "intérieur", font écho aux trois grands coups de l'impétrant à la porte du Temple pour y recevoir la Lumière.
La geste d'Hiram enrichie par sa légende devient un mythe initiatique qui porte le rituel maçonnique. Pour la plupart des versions, Hiram fut assassiné à la fin des travaux du Temple (vers 1570 avant notre ère) par trois compagnons pour avoir refusé de leur donner la parole secrète des maîtres. La franc-maçonnerie reconnaît en Hiram un Maître architecte, sous représentation du divin architecte. La légende d’Hiram présente des variations d’un Rite à l’autre, mais on constate une structure commune aux différents rites, accentuée par une déclinaison de triangulations axiales et lumineuses.
Légende D’HIRAM au REP
Nous étudierons la légende d’Hiram sous trois aspects « phénoménaux » comprenant trois ternaires agissants et lumineux en soi et un binaire destructeur favorisant la métamorphose (la chaire quitte les os) et le recul en soi. Ce double mouvement ayant la Lumière pour horizon sera qualifié d’anamorphose. Le phénomène d’anamorphose est à rapprocher de la notion de catabase et d’anabase du Compagnon devenu Maître que nous avons décrit dans nos précédentes études. Nous proposons le développement phénoménologique suivant:
1/ L’œuvre : le but, les moyens et l’organisation ternaire de son essence, Triangle montant.
2/ Transmission symbolique et initiatique.
3 / Anamorphose en deux temps:
3a/ le point de vue des 3 compagnons transgresseurs dans cette structure graduelle, aspect binaire "insensé". (Ternaire ascendant inversé - chute - catabase du compagnon)
3b/ le point de vue des Maîtres dans la régénérescence de la Parole et la conservation de l’œuvre. (Ternaire ascendant restauré, essence du grade revélée, changement de plan).
Il est entendu que le changement de point de vue et de plan dans la même cérémonie, produira sur le récipiendaire une métamorphose de ce qui est vu et ressenti, c'est l'anamorphose du Maître.
1 : L’œuvre, le But et les moyens pour exécuter les Plans divins
Le Ternaire agissant dans l’Alliance, Unité et alliance des trois voies initiatiques dans la mise en œuvre des plans divins donnés à David :
Après la mort de David, son fils Salomon étant monté sur le trône d’Israël et voulant travailler à l’élévation du Temple de Jérusalem, écrivit à Hiram roi de Tyr, qui adorait comme lui le Dieu d’Israël, et lui envoya des ambassadeurs afin de faire alliance avec lui.
Les Moyens tirés des 3 règnes, animal, végétal minéral:
Il lui demanda des bois propres à la construction du Temple. Hiram de Tyr donna son accord à Salomon et lui promit tous les bois, pierres et matériaux nécessaires. Les bois furent coupés dans les forêts du Liban, et les pierres furent taillées dans les carrières de Tyr. A cet ouvrage Salomon employait trente mille ouvriers, et les faisait relever tous les quatre mois par trente mille autres. La nourriture de ces ouvriers était payée par Salomon ainsi que leur entretien.
Le Maître architecte spécialiste de l’alliage et de l’architecture :
Hiram de Tyr, désireux de concourir par tous les moyens possibles à l’élévation de cet édifice immortel, envoya vers Salomon un ouvrier, fameux dans le travail de toutes sortes de métaux et très instruit en Architecture. Il se nommait Hiram Abif, il était le fils d’un Tyrien nommé Ur et de sa veuve issu de la tribu de Nephtali.
2 : La transmission et l’organisation symbolique et initiatique :
Ternaire initiatique
La transmission des plans divins et de l’influx spirituel
Salomon le constitua son maître architecte et lui communiqua ses projets et ses plans, le nommant de plus inspecteur général de tous les ouvriers du Temple.
L’organisation graduelle de la mise en « Œuvre » par les verbalisations les signes et les lieux initiatiques (colonnes)
Hiram les divisa alors en trois classes, celle des Apprentis, celle des Compagnons et celle des Maîtres. Il donna à chaque classe un Signe, un Attouchement et un Mot pour pouvoir reconnaître les ouvriers et les payer ensuite selon leur mérite. Il nomma et désigna ensuite les lieux où il devait les passer en revue et leur remettre leur paiement à la fin de la sixième journée.
Topographie verticalisante de la symbolique des nombres totémiques par réduction
Les Apprentis qui étaient au nombre de soixante-dix mille étaient payés à la colonne J. (Nombre 7 extérieur au Temple)
Les Compagnons étaient au nombre de quatre-vingt mille, et ils étaient payés à la colonne B. Ces deux colonnes, ainsi que vous le savez, avaient été élevées sur le parvis du futur Temple. (Nombre 8 extérieur au Temple) 7+8 =15=3 (nombre symbolique de l’apprenti) X 5 (nombre symbolique du compagnon)
Les Maîtres, au nombre de trois mille six cent soixante, recevaient leur salaire dans (3+6+6=15 ; Nombre 15 ici intérieur au Temple nombre secret des Maîtres somme des dimensions de la croix tridimensionnelle)
Ternaire délégué sur le chantier garant des classes et de l’ordre
Tels étaient les engagements que cet homme illustre avait pris pour payer les ouvriers, mais comme il n’aurait pu subvenir à tout, Salomon lui donna deux adjoints qui portaient le nom de Surveillant, le premier était proposé pour payer les Compagnons et le second pour payer les Apprentis. Ils avaient également l’inspection sur les ouvriers chargés de la police du chantier, comme d’accommoder les différents qui pouvaient naître entre eux.
3/ Anamorphose
3a : : Le point de vue des Compagnons, adombrement crépusculaire de l’œuvre
Triangulation du sel-
Transgression de l’ordonnancement des grades par un ternaire inversé (cupide)
Mobile du Parricide et du fratricide : le langage sacré, la geste du sel-salaire
Il se trouva que trois Compagnons, mécontents des salaires qu’ils recevaient, imaginèrent de demander à Hiram le Signe, l’Attouchement et le Mot des Maîtres, et se proposèrent de l’obtenir de gré ou de force.
Le sixième jour la veille au soir du septième jour réservé au repos du Divin
Hiram avait coutume à la fin de chaque semaine de faire une revue générale de tous les ouvrages en cours.
Triangulation des portes d’accès au secret qui est dans l’Oeuvre
L’embuscade aux 3 sorties de l’œuvre à bâtir, adombrement de l’Œuvre, les compagnons n’entrent pas dans l’Oeuvre :
Les trois scélérats attendirent donc que les ouvriers fussent sortis. Ils allèrent se poster, l’un à la porte de l’Orient, l’autre à celle du Midi, et le troisième à la porte de l’Occident.
Les trois coups portés au « Chef de l’œuvre », les trois portes, les trois instruments et outils dévoyés de l’Œuvre (contresens et non-sens dans l’usage sacré des outils)
Hiram ayant fait sa ronde habituelle et allant se retirer, se présenta à la porte de l’Occident, et le Compagnon qui s’y trouvait lui demanda le Signe, l’Attouchement et le Mot des Maîtres. Hiram s’y refusa et lui promit de les lui accorder lorsqu’il aurait mérité de passer Maître. Le Compagnon persistant toujours à les lui demander et voyant qu’il ne pouvait les obtenir, lui frappa la tête avec une règle, ce qui l’étourdit. (La règle est ici la Loi dévoyée)
Le Très Respectable frappe le front du Postulant d’un coup de Maillet : O
Le Très Respectable - Revenu à lui, Hiram tenta de s’échapper par la porte du Midi, mais il y trouva le second de ces scélérats, qui lui fit les mêmes demandes, qu’il refusa également. Ce que voyant, ce Compagnon employa alors les menaces, ne produisant sur Hiram aucun effet. Transporté de colère devant ce refus, il frappa Hiram d’un coup de Marteau sur la tête, ce qui le blessa dangereusement. (Le marteau est celui du forgeron, c'est l'outil "métallique" par excellence.)
Le Très Respectable frappe le front du Postulant d’un second coup de Maillet :O
Le Très Respectable - Hiram s’enfuit vers la porte de l’Orient où il eut beaucoup de peine à parvenir. Il y rencontra le troisième des assassins, qui le menaça de le tuer s’il lui refusait les Signe, Mot et Attouchement des Maîtres. Hiram lui fit la même réponse qu’aux deux autres, lui déclarant qu’il ne pouvait les lui accorder de cette manière, que seule son application au travail pourrait un jour lui mériter ce grade, et qu’alors lui Hiram les lui donnerait volontiers. Mécontent de cette réponse, le misérable insista par la force pour lui arracher les secrets des Maîtres, mais Hiram continua de les lui refuser avec la plus grande fermeté. Alors le misérable le terrassa d’un coup de levier sur le crâne. (Le levier est la puissance démultipliée, ici la puissance d'adombrer.)
Le Très Respectable frappe le front du Postulant d’un troisième coup de Maillet O
et fait silence quelques instants.
Triangulation des portes pour passer "au-delà".
Morale et enseignement du sacrifice d’Hiram et de la chute des compagnons
Le Très Respectable - C’est ainsi que le plus respectable de tous les Maçons aima mieux perdre la vie que de communiquer le secret des Maîtres à des Compagnons indignes de le recevoir. (Hiérarchisation des plans).
Enterrement profane sur une montagne sacrée, passage de la triangulation lumineuse au binaire adombré. (La pointe axiale et lumineuse du triangle disparue, il ne reste que le binaire de base, c'est l'adombrement de la chute -catabase, ou triangle pointe en bas.).
Comme il était encore jour, les trois assassins n’osaient le sortir du Temple; ils le dissimulèrent sous quelques lourdes pierres, et lorsque la nuit fut venue ils le transportèrent sur le mont Hébron, où ils l’enterrèrent à proximité d’un acacia. (Fin de l'épisode compagnonnique, je précise que le Mont Hebron et l'endroit ou sont enterrés Abraham et certains patriarches, nous sommes ici dans le point final de l'Ancien Testament. Va suivre avec l'épisode des Maîtres une nouvelle ère, celle de l'incarnation de la Lumière...).
3b : Le point de vue phénoménal des Maitres : recherche de l’influx spirituel et de l’incarnation de la Lumière par le sacrifice
Le But - Retrouver Hiram « mort ou vif » pour finir la construction du Temple :
- c’est retrouver la Lumière pour lire les Plans et achever le Temple pour les Maitres,
- c’est aussi retrouver le salaire c'est-à-dire le sel pour stabiliser le soufre expansif centrifuge du compagnon et le mercure dissolvant centripète du maître!
Sept jours s’étant écoulés et Salomon ne voyant plus paraître Hiram, fit cesser les travaux du Temple et ordonna des recherches afin de savoir ce qui était advenu au Maître d’oeuvre. Mais ne recevant toujours pas de nouvelles, il rendit un édit par lequel il déclarait qu’aucun ouvrier ne serait payé avant que l’on eut retrouvé Hiram mort ou vif.
Les Moyens : une quête en 3X3 pour les trois sorties et les trois mauvais compagnons
Il ordonna alors à neuf Maîtres de s’informer auprès de tous les Maîtres, Compagnons et Apprentis s’ils n’auraient quelque indice de la disparition d ‘ Hiram.
Ces neuf Maîtres exécutèrent ce que Salomon avait prescrit en questionnant ici et là quelques Compagnons, car ils soupçonnaient ceux de ce grade d’avoir assassiné Hiram pour en obtenir le Mot de Maître. Mais ce qui les confirma davantage en leurs soupçons, ce fut qu’ayant visité toutes les Loges où demeuraient les Maçons par nombre séparé, ils constatèrent que trois Compagnons avaient disparu.
Régénération de « la Parole » à partir du corps reliquaire (le sel retrouvé permet de fixer l’œuvre en stabilisant l’action du soufre et du mercure dans le Temple athanor)
La méthode de régénération un ternaire au cube et le 9eme jour sur le mont des patriarches lieu ou est enterré Abraham
De concert avec les neuf Maîtres, Salomon décida que si on découvrait le corps d’Hiram, le premier mot (Parole première renouvelée !) qu’ils prononceraient serait celui dont on se servirait par la suite pour distinguer les Maîtres des Compagnons, et que le Signe et l’Attouchement seraient également changés. Les neuf Maîtres après avoir fouillé très minutieusement tous les recoins du Temple se divisèrent en trois groupes de trois. (3 au cube)
Trois sortirent par la porte d’Occident, et trois par celle du Midi, et trois par celle d’Orient, avec la décision de ne pas revenir, qu’ils n’eussent quelque nouvelle d’Hiram. Ils eurent attention en faisant cette perquisition de ne s’éloigner les uns des autres que de la portée de la voix. Après avoir cherché pendant huit jours inlassablement, ils parvinrent le neuvième sur le mont Hébron. (Le 9 annonce un changement de cycle et de plan!)
La sépulture sous l’acacia
L’un d’eux, harassé de fatigue, se reposa sur le sol, mais sentant que la terre s’affaissait sous lui, il constata qu’elle avait été récemment remué, ce qui le surprit d’autant plus que cet endroit était, comme ses environs, inculte, graveleux et stérile. Il appela les autres Maîtres et s’étant assurés que quelqu’un y pouvait être enterré, sans plus avant ils résolurent d’en instruire le roi Salomon, mais pour mieux retrouver l’emplacement à leur retour, ils coupèrent une branche de l’acacia qui se trouvait à peu de distance, et ils la plantèrent sur le lieu où ils se proposaient de faire une fouille au retour. Ayant rendu compte à Salomon de leur découverte, ce prince les engagea à y retourner, et à creuser l’endroit ainsi repéré.
La découverte phénoménale d’Hiram du corps à la relique : anamorphose et révélation d’une transmission post mortem
- Les neuf Maîtres retournèrent sur le mont Hébron et commencèrent à fouiller la terre. Ils reconnurent alors que c’était bien le cadavre d’Hiram qui y était dissimulé.
(Le catéchisme nous donne les dimensions de la sépulture, synthèse de la croix tridimensionnelle : « Trois pieds cube ».)
Tous portèrent alors sur la poitrine la main droite, et tenant la gauche tendue en signe de douleur et d’horreur, comme si on voulait éloigner une vision odieuse. Ensuite l’un d’eux prît le petit doigt du cadavre et prononça le Mot JAKIN; le second prit le pouce du cadavre et prononça le Mot BOZ, et le doigt lui resta dans la main. Le troisième Maître le prit par le poignet, et sentant qu’il se séparait du bras il dit simplement : « MAK BENAH » La chair quitte les os...
Réintégration du corps dans le Temple : nouveau mot, nouveau paradigme passage du binaire profane au ternaire sacré, restauration de la Lumière intérieure.
Étant ainsi convenus que ce dernier mot prononcé serait dorénavant celui des Maîtres, ils achevèrent d’exhumer le corps d’Hiram pour lui rendre les derniers devoirs. Ils le transportèrent dans le temple décidé par Salomon, où il le fit inhumer dans un tombeau où s’élèverait plus tard le Saint des Saints. (Le catéchisme nous donne sa dimension de Trois pieds de largeur, Cinq de profondeur et Sept de longueur- le maître intérieur jusqu'alors replié sur lui-même (3X3X3 position fœtale) se déplie en soi).
Renaissance de la triangulation lumineuse - Lumière intérieure éternelle et incorruptible comme l’Or.
Il y fit incruster un médaillon en or portant un triangle où était gravé le Mot nouveau des Maîtres: Mak Benâh. C’est en souvenir de cela que les Maîtres Maçons portent les gants blancs malgré leur chagrin, afin de proclamer qu’ils sont innocents de la mort du Maître Hiram. (Instruction du grade : M . A. K . B. N . H. Que signifie ce mot? Fils de la Putréfaction ou Fils du M.. mort (exactement: Il vit dans le Fils).
Que voulez-vous dire par cette définition? Que c’est du compost hermétique Universel que l’Architecte dégage l’ultime ferment Spirituel.)
Frère Compagnon, vous venez de constater par ce récit qu’un Maçon doit préférer la mort (qui conduit au déploiement du maître intérieur) plutôt que trahir son serment de fidélité et de silence (plutôt que de rester en position fœtale).
Point de vue de Compagnon
Quelle est la position du récipiendaire du grade.
En sa qualité de compagnon, il vit le récit du grade comme un compagnon. Tout compagnon intègre la transgression par son pas de côté. Il est donc au premier chef concerné par la transgression de ses frères. En sa qualité de récipiendaire il est tout au long du récit situé dans la loge en contrepoint des trois mauvais compagnons. Ainsi il entre par son observation participative en coparticipant de la transgression.
Il est donc intégré en sa qualité de récipiendaire compagnon, au schéma tridimensionnel de la geste du grade. Il se situe précisément au Nord, là où il n’y a pas de porte de sortie. Les trois mauvais compagnons occupent les autres portes. Ainsi le plan d’exercice compagnonnique est complètement occupé dans ses axes cardinaux, laissant au centre une intersection qui sera occupée par le corps d’Hiram ou son catafalque qu’il faudra franchir. Ce centre est le noyau phénoménal, la source de la légende et sa finalité. C'est par ce centre appelé "Milieu" que tout commence et tout se transmet, c'est le but même de l’initiation du grade, une mise en scène phénoménale, sans causalité rationnelle et donnant une révélation intuitive.
Point de vue du Maître
Le Maître n’est pas dans le même conditionnement que le compagnon, il a franchi la fosse.
Il va au secours d’Hiram dans le but de retrouver le secret du sacré, appelé Parole perdue, qui permettra le fameux changement de Plan de lire le plan Divin et finir la construction du Temple en soi.
Pour le Maître, la mort ouvre sur autre chose sur un ailleurs « divin » qu’on préfère à la vie. C’est le Devoir de l’architecte que de montrer la direction de la vraie porte d’accès à la chambre du Milieu. Cette porte n’est pas sur le même plan que celles barrées par les trois mauvais compagnons, c’est une porte intérieure qui accède au Centre des centres, en soi...
La légende et le mythe associée à une geste sémiotique sont de bons moyens pour créer un événement complexe, un phénomène qui saisi le récipiendaire participant en le faisant changer de paradigme, ou d'horizon . Désormais d'une revendication salariale nous passons à l'éternité par le sacrifice. Le concept n'est donc plus efficient pour faire un lien de causalité raisonnable dans une situation aussi paradoxale.
Si le concept seul ne suffit plus c'est l'intuition qui prend le relais pour accepter que la parole substituée est une transmission post-mortem ou reliquaire. La légende d'Hiram ne peut se déployer que dans le for intérieur du récipiendaire, ce vécu sera surdéterminé par le groupe des maîtres. Ceci justifie le relèvement vécu physiquement et intuitivement par le récipiendaire et la chambre du Milieu spécialement réunie.
E.°.R.°.
Article en construction dernière retouche le 01/03/2020...
1: L’appellation " Salomon", "Salomon d'Ecosse" ou "Roi maçon" voir Marsha Keith Schuchard restoring the Temple of Vision Chap IV et David Taillades HiRaM p 53 Éd Dervy. On notera que que la fonction royale emporte l'art du Trait , de la géométrie sacrée et que nombre de roi Charlemagne notamment se situent dans la lignée de David.
2: Sur la Tri fonctionnalité Georges Dumézil: Les Dieux indo-européens, Presses universitaires de France, 1952. Relire René Guénon
3: 1 Roi 5 , Salomon intervient à la place de son père David et dans (1 Chroniques 28:19) "Tout cela à été écrit de la main de l’Éternel qui m'en à donné l'intelligence" déclare David lorsqu'il donne à son fils Salomon les Plans avec mission de les mettre en oeuvre.