Petits et Grands mystères : Perception métaphysique de l’être et pratique maçonnique (aperçu préparatoire).
"On dit de l’impétrant qui frappe à la porte du temple qu’il veut être "participant de nos mystères". Cette notion maçonnique recoupe les trois perceptions initiatiques du non apparent.
La première est rattachée au silence et au caché, il s’agit du « sacré » qui est non visible au profane, on rejoint la notion ésotérique.
La deuxième se rattache à l’idée de vérité évidente et indiscutable qui entraîne une adhésion sans faille et qui est du domaine de la révélation et assure le transfert à l’homme de ce qui est de nature divine (voir dogmatique).
La troisième perception reconnaît l’inexprimable dans le mystère ce qui pose le problème du rituel et de l’initiation qui alors ne dit rien, mais offre les conditions propres à percevoir l’inexprimable en soi.
Les Mystères de la franc-maçonnerie recoupent ces trois perceptions en mettant en œuvre de manière traditionnelle les rites adaptées aux trois perceptions.
L'auteur va mettre en perspective la notion de mystère d'un point de vue éthique et métaphysique. Les petits et grands mystères sont une réponse à l'angoisse existentielle et émerveillée du mystère de la vie et au mystère de la création. Ces deux mystères ont trouvé des réponses moins scientifiques que symboliques et sont présents depuis la nuit des temps dans tous les mythes fondateurs dits universels". (ER)
La Voie initiatique peut se diviser en deux grandes étapes qui peuvent être considérées comme deux types d’initiation différentes.
L’Initiation royale et l’Initiation sacerdotale appelées ainsi en référence aux doctrines anciennes, les Petits Mystères et les Grands Mystères.
Ces deux voies sont complémentaires, la première étant subordonnée à la seconde.
Les Petits Mystères auxquels appartiennent les sciences traditionnelles (l’alchimie, l’astrologie) ont pour but de rétablir l’individu dans l’état primordial, état qui était celui de l’humanité aux origines.
Celui qui a atteint ce stade, atteint ainsi la plénitude de l’état humain qui est en même temps le « centre » de cet état.
Ce n’est qu’une fois parvenu à ce centre, qu’il peut communiquer directement avec les états supérieurs de l’être et accéder ainsi aux états supra-individuels qui, seuls, ont pour domaine la connaissance métaphysique pure et peuvent être véritablement qualifiés de « spirituels ».
A la fin de son cheminement, l’initié, libéré de toutes les contingences, réalise ce que l’ésotérisme islamique nomme « l’Identité Suprême » et qu’il devient ainsi « l’Homme Universel ».
En fait, les Petits Mystères aboutissent à la perfection des états humains, c'est-à-dire à la restauration de l’état primordial appelé Etat Edénique dans la Tradition judéo-chrétienne tandis que les Grands Mystères concernent la réalisation des états supra-humains c'est-à-dire la réalisation de l’homme universel, mais qui n’existe que virtuellement et en quelque sorte négativement, à la façon d’un archétype idéal tant que la réalisation effective de l’être total ne lui a pas donné l’existence actuelle et positive.
Sont Petits Mystères, les mystères de l’Homme et les mythes relatifs aux cycles de la Mort-Renaissance.
Pour la Franc-Maçonnerie, il s’agit du thésaurus (lexique de philologie, d’archéologie ou répertoire de thermes normalisés) des trois premiers grades et d’une grande partie des hauts grades écossais, en fait tout ce qui touche à la légende d’Hiram.
Ces mystères concernent tout ce qui correspond au monde visible, identifiable et mythifiable.
Le solstice d’été est en relation avec les Petits Mystères parce que la chaleur, la Lumière et la Vie sont identifiables.
Je ne sais plus qui a dit : « Le monde est ce qu’il est et je cherche à le comprendre ».
Les Petits Mystères sont le passé et le futur.
Sont Grands Mystères, ceux relatifs à la Connaissance du Sacré. C'est-à-dire ce qui se passe entre la Mort et la Renaissance.
Pour la Franc-Maçonnerie on peut retrouver ces préoccupations dans ce qui relève des Ordres de Sagesse.
Tout ce qui détermine d’une quête de la nature profonde du Sacré, ce qui permet d’approcher la nuance contenue dans le Principe de l’Evangile de Saint Jean.
La Saint Jean d’hiver correspond aux Grands Mystères.
Le Solstice d’hiver est en relation avec eux pour ce que la Nature cache en son sein de mystères.
Les Grands Mystères définissent la nature improbable du Présent.
La question fondamentale posée par les Grands Mystères est la suivante :
La Lumière brillait dans les Ténèbres et les Ténèbres ne l’ont elle point reçue ou point gardée ?
Les Petits Mystères comprennent tout ce qui se rapporte au développement des possibilités de l’état humain envisagé dans son intégralité.
Et les Grands Mystères concernent, comme nous l’avons déjà vu, la réalisation des états supra-humains.
En appliquant à ces deux phases le symbolisme de la croix, on parlera de la réalisation horizontale et de la réalisation verticale, la première servant de base à la seconde.
Et si la seconde précède la première, c’est que le point central de l’état humain, est le seul où soit possible, la communication directe avec les états supérieurs suivant l’axe vertical qui rencontre en ce point le domaine humain. « C’est ce que nous enseigne le croisement du fil à plomb avec le plan, courant de la loge, soit symboliquement le Pavé Mosaïque. Le centre est ici le point d’intersection ».
C’est ainsi, comme dit Dante que le Paradis terrestre est une étape sur la voie qui mène au Paradis céleste. « Ceci constitue l’image d’un miroir où ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, avec une superposition de mondes ».
C’est aussi la différence entre l’homme primordial et l’homme universel.
Celle de l’homme véritable et de l’homme transcendant, «qui en Franc-Maçonnerie remonte graduellement un axe. »
Dante met le Paradis terrestre en rapport avec ce qui doit être au point de vue traditionnel, le rôle du pouvoir temporel « que l’on représente symboliquement par un maillet ou une épée droite » et le Paradis céleste avec celui de l’autorité spirituelle « que l’on représente par une épée flamboyante ou une clef d’or ».
Ce sont les fonctions royales et sacerdotales d’où il résulte que les Grands Mystères sont reliés à l’Initiation sacerdotale et les Petits Mystères à l’Initiation royale.
Puisque les Grands Mystères ont pour domaine la connaissance métaphysique pure, qui est essentiellement une et immuable, en raison même de son caractère principiel, c’est seulement dans le domaine des Petits Mystères que les déviations peuvent se produire.
Cela se passe quand le lien normal avec les Grands Mystères a été rompu et que les Petits Mystères en sont arrivés à être pris pour une fin en eux mêmes.
C’est aussi dans ce domaine des Petits Mystères que la contre-indication est susceptible de s’opposer à l’Initiation véritable et d’entrer en lutte avec elle.
Par contre le domaine des Grands Mystères, qui se rapportent aux états supra- humains et à l’ordre purement spirituel, est par sa nature même au-delà d’une telle opposition et entièrement fermé à tout ce qui n’est pas la vraie initiation, selon l’orthodoxie traditionnelle.
De tout cela, il résulte que la possibilité d’égarement subsiste tant que l’être n’est pas encore réintégré dans l’état primordial mais qu’elle cesse d’exister dès qu’il a atteint le centre de l’individualité humaine.
On peut donc dire que celui qui est parvenu à ce point, c'est-à-dire à l’achèvement des Petits Mystères « par la découverte de ce fameux centre en lui » est déjà virtuellement délivré, bien qu’il ne puisse l’être définitivement, que lorsqu’il aura parcouru la voie des Grands Mystères et réalisé finalement l’Identité Suprême. « Pour l’atteindre il devra persister dans un parcours de concentration et d’ascension, sans s’égarer en s’arrêtant dans les voie latérales, qui ne sont que des moyens d’action sur le vivant, mais qui ne contribuent pas à l’exaltation de l’être et au dépassement de la contingence » (...)
M.°.L.°. « Les Écossais de Saint Jean »
Sources : René Guénon , Oswald Wirth et E :. R :. pour les phrases entre « » qui apportent une adaptation plus précise de ce Travail à l’esprit même du rite de l'écossais primitif.