Le propre du franc-maçon est de progresser vers la lumière.
Cette marche volontaire est ritualisée à tous les grades et elle est porteuse de sens.
La géométrie de cette marche correspond au niveau de l’avancement de l’éveil d’une conscience. Tour à tour seront tracés par le pas, une ligne rectiligne puis un plan et enfin un volume.
Ce qui nous intéresse ici c’est la signification à donner à la marche à reculons associée à la notion de retournement.
Voici le problème : pour marcher vers la lumière il faut d’abord s’enfoncer dans les ténèbres et y trouver la pierre cachée. La marche à reculons est une descente en soi, le retournement est l’abandon des valeurs profanes pour accéder à la lumière.
Traditionnellement, en signe de respect, il convient de s’incliner devant l’autorité spirituelle et de se retirer en marche à reculons pour sortir de la pièce où elle se tient.
Cette ancienne marque de respect n’est rien d’autre qu’une marque de transition entre le monde lumineux ou se tient l’autorité et le monde profane.
La marche à reculons peut être physique (marche à rebours) ou virtuelle (marche vers son intériorité par les yeux bandés) et s’accompagne d’un retournement du corps établissant le changement de point de vue (intérieur ou à rebours).
Certaines peuplades pratiquent le retournement du corps de leurs aïeux, afin de leur faciliter le passage dans des mondes successifs et concentriques vers un centre ultime. Leurs dépouilles sont déposées dans des grottes. Ici la marche à reculons est faite par les vivants qui à la fois descendent du défunt et descendent dans la caverne (marche vers l’intériorité). Si cette marche à reculons se fait par procuration successorale, le retournement de la dépouille est bien réel et pour une durée cyclique de 5 années.
Nous avons tous connu un premier retournement dans le ventre de la mère qui nous permet de naître la tête la première.
Le retournement est donc un préalable à la naissance.
On marque ainsi le passage entre deux mondes de natures et d’essences différentes. Un monde se situe à un niveau supérieur à l’autre tout simplement parce qu’il détient une dimension supplémentaire par rapport à l’autre, c’est ce que nous pratiquons en franc-maçonnerie.
La marche à reculons et le retournement du corps lorsqu’ils sont associés marquent une marche vers la mémoire des profondeurs et le passage d’une frontière.
Le retournement consiste à présenter son dos au monde d’avant et à faire face au Nouveau Monde. Un rapprochement peut être valablement établi avec le symbolisme de la porte dont une face regarde l’extérieur ou le passé et l’autre l’intérieur ou le futur. La franc-maçonnerie célèbre le symbolisme de la porte des hommes et celle des Dieux à la Saint Jean d’Eté et d’Hiver. Le Janus biface est un symbole universel archétypal à la fois cyclique réalisant l’unité sur deux mondes.
La marche à reculons suppose que nous passions à rebours sur un chemin déjà parcouru, et si nous reculons c’est pour mieux voir, pour avoir le bon point de vue sous un éclairage différent.
Lors de l’initiation à certains rites maçonniques cette tradition fut préservée. Au REP, au premier degré, après avoir prononcé son obligation la main dégantée posée sur la Bible, les yeux bandés, genou en équerre, l’impétrant est ramené en marche à reculons entre les colonnes d’Occident.
Nous sommes bien dans l’accès à quelque chose de supérieur dont nous avons eu à connaître par le cœur plus que par la vue, à savoir la Bible ouverte précisément au prologue de saint Jean dont nous connaissons la profondeur métaphysique et ésotérique du « Fiat lux ». Ici c’est une lumière de l’esprit qui est reçue, car notre vue est occultée.
Nous avons rencontré cette dimension supérieure à notre état, et telle une impression rétinienne persistante, la représentation symbolique doit être préservée. La marche à reculons souligne l’importance de la rencontre. C’est au cours de cet événement que nous avons fait la rencontre de la lumière intérieure au-delà de toute vision matérielle. L’impétrant est préparé pour rencontrer cette lumière, car on aura préalablement ouvert en lui les passages secrets vers son centre. À ce moment, les yeux bandés, il fait face à l’Orient plus précisément comme le souligne le rituel face au trône, d’où lui viendra la lumière éblouissante et présente son dos à la porte d’Occident d’où il est venu. Littéralement, il tourne le dos au monde profane et extérieur dés son serment sur la Bible. Il s’agit bien d’un retournement pour plonger dans l’intériorité et l’ésotérisme du livre de Saint-Jean.
« Le Frère Terrible et le Frère Maître de Cérémonies font reculer le nouveau Frère face au trône jusqu’à l’Occident.
Le Vénérable — Que demandez-vous enfin?
Le Récipiendaire - La lumière.
Le Vénérable - Que la lumière lui soit accordée au troisième coup de Maillet.
Le Vénérable frappe alors lentement trois coups : O. O. O.
( allumage de la lumière)
Tous les Frères se mettent à l’Ordre d’Apprenti et dirigent la lame de leur épée vers le Récipiendaire, que l’on dévoile. »
Tout ceci nous semble logique et symbolique à la fois.
Toute marche à reculons entraîne systématiquement un retournement dont nous présumons l’extrême importance au plan rituelique.
Le retournement pour faire face à la lumière est le seul possible. Il faut avoir le courage de transgresser son état actuel de pénombre pour progresser vers la lumière, c’est ici que le retournement a lieu. Il marque le point de départ du changement d’état et d’univers. Le retournement ne consiste pas à tourner le dos à la lumière venue de l’Orient, mais de tourner le dos à son ancienne condition.
Ainsi le maçon ne retourne pas à son état antérieur il ne fait que plonger en lui-même pour trouver la pierre cachée. Il ne faut pas se tromper de chemin. La descente en soi se fait dans l’intention de remonter.
Les mythes qui font partie de ma méthode maçonnique de transmission des connaissances nous apprennent ce qu’il en coûte de se tromper de retournement et de quitter la marche vers la lumière.
Orphée est parti à la recherche d’Eurydice. Celle-ci morte est aux enfers. Il parvint, grâce à sa musique, à faire fléchir le cerbère et Hadès pour pénétrer aux enfers, et celui-ci le laissa repartir avec sa bien-aimée à la condition qu'elle le suivrait et qu'il ne se retournerait ni ne lui parlerait tant qu'ils ne seraient pas revenus tous deux dans le monde des vivants. Mais au moment où ils s'apprêtaient à sortir des Enfers, Orphée, inquiet du silence d’Eurydice, ne put s'empêcher de se retourner et celle-ci lui fut retirée définitivement.
Ovide dans Métamorphoses nous donne plus de précisions : « Orphée la récupère sous cette condition, qu'il ne tournera pas ses regards en arrière jusqu'à ce qu'il soit sorti des vallées de l'Averne ; sinon, cette faveur sera rendue vaine. [...] Ils n'étaient plus éloignés, la limite franchie, de fouler la surface de la Terre ; Orphée, tremblant qu'Eurydice ne disparût et avide de la contempler, tourna, entraîné par l'amour, les yeux vers elle ; aussitôt elle recula, et la malheureuse, tendant les bras, s'efforçant d'être retenue par lui, de le retenir, ne saisit que l'air inconsistant. »
Orphée se montra par la suite inconsolable de son erreur. De nombreuses traditions circulent sur sa mort. La version la plus courante est que les Bacchantes éprouvèrent un vif dépit de le voir rester fidèle à Eurydice et le déchiquetèrent. La franc-maçonnerie reprend ce châtiment qui doit être interprété comme une dislocation du soi et une déliquescence de l’homme perdant la direction de la lumière en restant fidèle à son état antérieur. On ne peut progresser dans un Nouveau Monde avec les repères cartésiens[1] de l’Ancien Monde.
Voilà ce qu’il en coûte de quitter le chemin vers la lumière : le démembrement du corps et son cœur arraché, ses restes dispersés et jetés à la mer afin qu’il ne fût plus mention de lui. C’est du reste le châtiment prévu contre le traître maçon qui fait parjure à ses engagements et qui littéralement perd le bon sens, celui de la lumière.
Le mythe orphique sous-tend la rituellie maçonnique. L’idéal orphique, qui rejoint le nôtre, et qui consiste à passer de l’épreuve des ténèbres à la lumière, demande, exige même, que l’on ne se retourne pas dans cette marche. C’est en descendant dans les tréfonds que l’on découvre la vraie signification de la lumière, c’est alors qu’il faut faire demi-tour pour remonter à la lumière sans rompre cet élan. C’est le sens de l’épreuve du cabinet de réflexion.
Orphée a douté dans sa marche, il s’est retourné au mauvais moment et dans le mauvais sens. Ainsi le franc-maçon abandonne son habit de vieil homme aux enfers, c’est l’objet même de son testament. Il ne s’agit plus pour lui de le revêtir à nouveau en retournant vers l’obscur. Il fait mourir sa part d’être qui est celle du passé, et s’attelle à construire avec des outils symboliques un chef-d’œuvre éclairé dans son discernement et son intuition par une vraie lumière.
Le vieil homme est mort dans le cabinet de réflexion, ses dernières pensées de profane sont consignées dans le testament symbolique ont été brûlées, il doit aller de l’avant, et son regard tourné vers la Lumière.
Dans sa quête de l’autre, Orphée s’est découvert à lui-même. C’est bien plus qu’une
introspection c’est un retournement de soi, le passage du moi égotique, au soi de la totalité.
La devise V.I.T.R.I.O.L du cabinet de réflexion trouve ici a s’appliquer :
“ visite l’intérieur de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre
cachée “.
Eurydice est la pierre cachée. Orphée la retrouve en visitant l’intérieur de la terre et par analogie l’intérieur de lui-même.
Cette quête du soi pour tourner le dos au moi est aussi un retournement. Jusque ici sa quête est une réussite, mais il n’a pas su aller jusqu’au bout.
Le retournement inadéquat est généré par le doute. Il se traduit par la rencontre des éléments masculin et féminin dans une même relation d’amour et de fusion impossibles à cause du doute.
Le retournement se situe toujours à la frontière de la vie et de la mort.
Ce dualisme de notre existence ici bas pouvait être fusionné si Orphée avait réussi sa remontée. La mort d’Orphée permet le retour à l’état antérieur soit une dualité des forces du bien et du mal. Ceci est donc l’histoire d’un retournement qui a échoué, car fondé sur l’incertitude.
On ne peut douter dans sa marche vers la lumière, on ne peut être amoureux de la pierre cachée
et se complaire dans cette relation éloignée. Il faut aller la chercher et la ramener à la surface. La seule façon de réaliser la fusion et l’union est de continuer le chemin vers cette nouvelle
étoile. L’exploration des états inférieurs de l’être est une finalité initiatique intermédiaire utile à l’édification du soi, sans plus, il ne constitue nullement une fin en soi au sens
littéral. .
Orphée par son sacrifice, régénère une quête que l’on retrouve dans les trois branches initiatiques. Son corps est mis en pièces et dispersé sur le sol.
C’est un rite de passage d’un état à un autre et le sacrifice[2] célèbre une union cette fois-ci réussie celle du retour à la terre, par la décomposition du corps et sa recomposition en nous. Nous sommes porteurs de la mémoire archétypale de cet échec dans cette tentative de fusion. Le dualisme à gagné.
Le propre de l’initiation est de franchir ces frontières pour nous libérer de cette contingence. Orphée à failli réussir l’union totale, il personnifie le divin et comme tel doit ensemencer la terre par dispersion de ses restes pour la régénérer. C’est donc un sacrifice utile qui est célébré lors des grands passages. Il appartient au milieu collectif de la loge d’aider l’Orphée franc-maçon que nous sommes à ne point douter au risque de se tromper de sens.
À quelle hauteur se situe notre retournement vers la lumière ?
Le fait de prendre ses engagements sur la bible ouverte à Saint-Jean au chapitre de la Genèse, renvoie le retournement au chapitre de l’apocalypse et à la destinée de l’humanité. Ce retournement de l’apocalypse ne doit pas être confondu avec une inversion. L'Apocalypse signifie "le retournement". Destruction-régénération d’un monde au profit d’un nouveau. Cette ambivalence se retrouve dans un processus dynamique de création et de destruction de l'œuvre que l’on retrouve dans l’épisode de la création-destruction-reconstruction du temple de Salomon[3].
Au plan macrocosmique, le retournement établit une succession de cycles, impliquant la superposition du point final et du point de départ et naturellement une marche à reculons pour perdre de vue un ancien centre lumineux pour un autre supposé plus élevé (entrée du compagnon en chambre du milieu). La marche à reculons ne peut en aucun cas être une inversion, c’est la préparation à une progression polaire.
Le succès de la marche à reculons et du retournement impliquent une conformité à l’Ordre et à la progression graduelle.
C’est donc au passage des petits aux grands mystères qu’a lieu le deuxième retournement.
Le retournement induit une marche à reculons, un retour en arrière dans la marque laissée par nos pas du passé. On remonte le temps et on réactualise notre vision sous une nouvelle lumière ; c’est un transport rétroactif dans notre mémoire, sans revenir à notre état profane antérieur.
Le temps passé et l’espace déjà parcouru nourri notre pensée à rebours comme Isis reconstituant le corps démembré d’Osiris donnera naissance à un nouvel être d’esprit : Horus[4].
On reconstruit Osiris comme on reconstruirait Orphée.
Il est donc possible de remonter le temps et l’espace, c’est la quête initiatique de la découverte du soi. Cette remémoration est donc une reconstruction sans être un errement[5] ni une inversion.
En reconstruisant notre regard par l’équerre et le compas, on découvre son propre centre, on se le réapproprie par la mémoire et on s’en débarrasse comme d’une vielle peau.
Les rituels ont toujours fait une place importante à cette marche récapitulative d’un passé à l’aune d’une nouvelle lumière. Le REP au moment de l’introduction historique du grade de maître précise que le compagnon entre en loge tournant le dos au tableau de loge figurant la fosse ou se situe le corps d’Hiram sous un linceul noir. Sa progression se fera de manière sinistrocentrique, constamment dos au centre des centres (chambre du milieu) D’une marche à rebours on passe à une marche de travers et pour finir par une marche qui en survole le tableau de loge. Déjà en 1774 le rituel de la mère loge écossaise d’Avignon précise que le candidat sera introduit en marche arrière et effectuera 17 voyages de l’Occident à l’Orient en passant par le Midi puis de l’Orient à l’Occident en passant par le Nord, « de reculons », c'est-à-dire que le récipiendaire doit toujours avoir le dos tourné au milieu de la loge. Il n’est pas précisé que la marche introductive se fait dans l’obscurité, c’est un syncrétisme récent et logique, mais non obligatoire, une pénombre suffit à la solennité du moment.
L’entrée en loge en reculant du futur maître marque l’abandon. Cet univers du passé, microcosmique marqué par l’étoile flamboyante cette Vénus du système solaire sera abandonnée au profit de la polaire du système stellaire. Les lumières du passé éclairent notre avenir comme le précise le rituel du REAA. La marche arrière qui en fait est une entrée dans un Nouveau Monde inconnu signifie que la mémoire récapitulative est agissante.
Le changement d’étoile justifie le passage entre deux mondes[6]superposés et entre les deux, il est douteux que l’on se perde dans les ténèbres. « Les étoiles ne doivent pas être estimées par leur apparence, mais par leur situation et leur distance. Celles qui sont le plus haut étant sûr de paraître plus petites, alors qu’il est vraisemblable qu’elles sont plus grosses. La distance étant la raison donnée ordinairement pour l’apparence et le magnitude. Une autre propriété des étoiles est le secret pouvoir qu’elles ont sur les choses inférieures.(…) Être ce que l’on parait rend compte de cette imperceptible gloire que les étoiles rayonnent dans leurs émanations et leurs significations, qui n’apparaît pas aux yeux qui ne voient que la radiation de leur lumière et de leur beauté. » Sir Robert Moray.
Au terme de ses voyages à reculons ou latéraux (dans l’obscurité ou la pénombre[7]) ou plus précisément dos au centre terrestre et céleste, il y a enfin le retournement. On cherche à découvrir en soi cette nouvelle lumière plus intériorisée.
Le tapis de loge figure la mort qui est une limite indépassable pour les petits mystères. Ce n’est pas avec les outils et la connaissance acquise et horizontale que je franchirai cet abîme. Il me faut faire appel à cette verticalité qui portera mon envol. Cet envol au-dessus de ce centre ontologique est une rencontre magnifique avec la puissance du tout.
Ici le retournement face à la fosse marque l’abandon d’un système pour un autre plus élevé. C’est une deuxième mort et renaissance à un monde d’esprit qui contient et dépasse le précédent. Chaque rite maçonnique va préparer et approfondir la signification de ce retournement en fonction des subtilités de la mise en scène et des phrases et des mots prononcés, mais la manière dont est dessiné le tableau de loge et les symboles y figurants est d’une importance capitale[8]. Le relèvement physique n’était pas de mise à l’introduction historique du grade, pas plus que la chute du compagnon dans le cercueil. Ces apports physiques et théâtraux risquent de déformer l’essence même du message en faisant apparaître le nouveau maître comme l’incarnation d’Hiram, et pourquoi pas du Christ !
Le retournement symbolique et physique est lié au troisième degré, au relèvement symbolique du maître intérieur, qui ne doit pas être confondu avec une quelconque métempsychose. C’est à ce moment que la scénographie prend tout son sens, changer ses points de repère et son étoile éclairante est un retournement sur soi qui nécessite un recul préalable.
Sans ce retournement le relèvement du maître n’aurait aucun sens. Le maître intérieur ne pourrait s’exprimer, c’est du moins le sens à donner à la phrase de Goethe « Meurs et devient »
Les rituels maçonniques sont d’une perfection et d’une progressivité exemplaires. Malgré les syncrétismes que certains ont pu subir, le cheminement physique du maçon est une progression et une quête de soi. Chemin faisant, deux frontières seront passées : celle du monde profane aux petits mystères, où l’on apprend à se connaître, puis celle des petits mystères aux grands mystères ou l’on passe du microcosme au macrocosme.
Ces deux frontières passent par la mort du vieil homme puis par la libération de l’esprit. Cette libération de l’esprit face à la matière est conforme à la méthode maçonnique, elle se traduira sous des formes diverses suivant les rites. Délivrance pour certains, conçue comme une universalisation totale de l’individu, soit un état absolument inconditionné et donc métaphysique (une non-dualité) reposant sur la connaissance ; ou comme au RER, suivant l’impulsion wilhermozienne de 1778, un état de salut individuel ou l’immortalité chrétienne qui relève plus d’une réalisation mystique.
Chaque rite trouve encore sa richesse interprétative en fonction de ses évolutions. L’interprétation au niveau du franc-maçon se fera suivant la ligne de partage entre l’immanence et la transcendance,[9]entre le croyant et le cherchant…
E.°.R.°.
R.°.L.°. Les Écossais de Saint Jean
[1] À ce sujet nos amis cartésiens noteront que les étoiles servent de repères et d’appui à l’abscisse et l’ordonnée.
[2] Le sacrifice n’est comme dans la légende d’Hiram pas à prendre au sens moral, mais au sens divin de l’alliance entre l’homme et Dieu. Orphée perd tout, Eurydice lui est enlevée et lui-même subira le démembrement. Ce double sacrifice consacre l’Ancien Monde des dieux dans le statu quo du bien et du mal.
[3] Sur ce point, on constate que les grades supérieurs organisent une philosophie de la reconstruction matérielle impossible dans l’Ancien Monde au profit d’un temple intérieur spirituel dans le Nouveau Monde.
[4] L’enfant d’Isis et d’Osiris est symbolisé par un œil triangulé fruit de la recomposition des éléments et de la génération décorporisée et donc spirituelle (absence du 14em morceau chez Osiris) ce qui ne peut laisser indifférent le franc maçon attentif à ces deux symboles.
[5] L’errement est une situation d’attente et de perdition qui diffère de la quête. Cette situation se retrouve dans les récits de chevalerie, le chevalier errant n’a pas la noblesse du cœur de celui qui est en quête. Dans l’exotérisme chrétien on retrouve cette situation dans la règle de Saint Benoît qui dit exclure de sa règle les moines errants appelés sarabaïtes astreints à aucune règle et sans maître et le gyrovagues errants de province en province suivant leurs passions. Seuls les cénobites soumis à la règle et les anachorètes expérimentés ont grâce à ses yeux. On notera que les francs-maçons sont eux aussi soumis à la règle du livre ou de l’instrument suivant les rites depuis les anciens devoirs.
[6] Devrions-nous dire entre deux mondes et plus ! Le nouveau Maître ayant appris la transition d’un monde à l’autre pourra s’il le souhaite en explorer d’autres. À ce niveau nous touchons aux différentes traditions hermétiques qui mettent en exergue les mondes dits intermédiaires et qui s’appuie sur des maîtres dûment formés à la tradition pour former leurs colonnes. Ces mondes relèvent plus de moyens d’action que de Nouveaux Mondes.
[7] Le Rite Ecossais Primitif fidèle à ses sources et notamment des deux premiers degrés consignés dans les rituels de la Mère loge écossaise de Marseille de 1751, n’organise aucune obscurité dans la marche introductive à reculons du compagnon, pas plus que celui de la Mère loge écossaise d’Avignon de 1774. Le REAA et d’autres rites aménagent postérieurement aux documents originaux cette marche comme un retour vers l’obscurité des enfers ou comme un éloignement de la Vénus flamboyante qui finit par s’éteindre. L’idée reste identique quitter une étoile pour une autre, mais l’interprétation peut prendre des chemins étonnants voir contre-initiatiques. À toute fin utile, nous rappellerons qu’en aucun cas le monde que l’on quitte n’est en opposition avec le Nouveau Monde découvert, c’est une progression graduelle vers une lumière plus totale et enveloppante. Le centre reste identique, mais on obtient un nouveau point de vue axial plus élevé.
[8] La présence d’une croix dessinée sur le linceul ou le voile noir recouvrant le cercueil d’Hiram dans certains rites n’est pas sans conséquence sur la signification du relèvement. Ce qui est relevé est le maître intérieur en même temps que cette croix dans ce Nouveau Monde du maître, mettant en correspondance axiale deux mondes superposés au même titre qu’à la Vénus du système solaire on substitue la polaire du système stellaire.
[9] Pour l’aider dans cette recherche, le franc-maçon utilisera l’équerre et le compas symbolisant la matière et l’esprit.