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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 15:10

L'aspect matriciel de la loge est rarement abordé, alors qu'il demeure le point incontournable de l'initiation traditionnelle. Il nous a semblé utile d'en faire un compte rendu dans la lignée de nos recherches sur le positionnement colonnes et la porte du temple. Si l'initiation est un commencement entraînant une métamorphose du regard, il faut expliquer les mécanismes cachés de ce qui dans ce lieu "à couvert" nous permet de dire que nous renaissons "intérieurement" à la lumière.

La loge matricielle fut aussi un enjeu politique avec la maîtrise "orientée" de l'entre-soi.

Enfin nous lirons la planche qui synthétise les recherches d'un FF sur ce sujet.    

 

Une double matrice pour une double intériorité

Il existe une relation de cause à effet entre le cabinet de réflexion et la loge. Le cabinet énumère les éléments constitutifs de l’être dans l’oubli testamentaire du Vieil homme et la loge ordonne rituellement l’agencement sensible de ses éléments purifiés en vue du cheminement lumineux[1]. La première cavité est le ventre premier, lieu de la décomposition du désassemblage des éléments primaires[2]en vue de leur recomposition. Ainsi le cabinet de réflexion sera à la fois le lieu mystérieux de la mort, de la décomposition, de la recomposition et de la renaissance. La recomposition se fera dans l’assemblage des contraires que seule la matrice opère. À l’échelle de la génétique, cette matrice va assembler l’élément masculin de la semence à l’élément féminin de l’ovule. Chaque humain possède donc par son origine matricielle ce double aspect au sortir de cette première cavité[3], il sera « ni nu ni vêtu » au franchissement de la porte du temple. Il sera alors dans un état démuni d'ego orienté comme une forme d’immaturité[4]. C’est ici que se terminera sa gestation dans la phase dite lumineuse en loge. L'ego par l’éveil des sens va conquérir l’axe Est-Ouest au premier degré[5]. La lumière de la loge va « orienter » sa marche linéaire et la reconstruction de soi[6]. Cette marche vers la lumière est en fait un retour à la source première, fontaine de sagesse et de sérénité pour certains, arbre de vie pour d’autres.

La loge est par un mystère extraordinaire un lieu situé dans l’espace universel et hors du temps profane. Ce mystère peut s’expliquer par l’alchimie d’un rituel agissant dans le cœur de chaque maçon.

Cette mise hors de la contingence profane de la loge permet la gestation de l’homme nouveau. L’homme n’est nouveau que par son ressenti et la métamorphose de son regard. Cette révolution du moi en soi s’appuie sur la sacralité d’un lieu intemporel. Ce dernier sera remis rituellement à son état originel, celui de la lumière ontologique ou rien ni personne ne venait diminuer l’unité de l’être et de l’univers. Cette unité première ne peut être perçue que par les artifices de la pensée totale reconstituée dans les débris de l’immanence de la matière et de la transcendance de l’esprit.

Les mythes pseudo-historiques[7]de l’unité première et le jeu des symboles vont contribuer à l’élaboration d’un langage commun et à la gradualité de la progression personnelle dans un milieu collectif. Le franc-maçon trouve sa légitimité légendaire dans la construction du Temple de Salomon, ou de l’arche de Noé. Ce sont deux cavités « à couvert » ou se trame la visite de dieu, la renaissance de la parole divine et la régénération-purification de l’homme. L’homme trouve son unité dans la réalisation d’une arche de pierre ou de bois sur la base du plan fourni ou inspiré par le divin. Ce sera l’arche d’alliance au sens de « l’arché » et de l’archétype.

Ces deux notions, individu et loge, vont se lier (alliance de l’homme au divin) l’un à l’autre par le truchement de l’intériorité. L’intériorité de l’individu se définit par le passage de l’immanence à la transcendance, du microcosme au macrocosme et par tous les changements qui impliquent un regard plus haut et plus profond. L’intériorité de la loge s’apprécie par la couverture ou fermeture de celle-ci, au regard qui n’a pas franchi la porte intérieure. C’est ici l’expression du mystère ancestral de la matrice ou de la caverne aux yeux des profanes. C’est un lieu réservé où se déroulent les mystères de la transformation[8]. Le cabinet de réflexion est une caverne sub-terrestre ou la terre est inséminée par l’eau du ciel, la loge est une caverne cosmique où réside la lumière renaissante à l’Est soit la vision lumineuse du Divin. Le cabinet de réflexion est donc symboliquement un triangle descendant et la loge un triangle ascendant.

Ces deux triangles-cavités imposent un double mouvement descendant et ascendant. C’est la signification première de l'hexagramme.

Paradoxalement l’esprit ne peut décoller de la matière qui l’emprisonne sans avoir trouvé son centre. Le centre de la pierre taillée devient identique au centre de la terre et du monde. Ce centre du monde devient à son tour centre des mondes, etc… C’est donc l’abandon d’une matérialité de surface qui donne accès à la plénitude du centre en soi.

Ainsi le sens véritable de V.I.T.R.I.O.L apparaît dans une dimension qui confond l’homme au Tout[9]. C’est cette différence de niveau qui n’est pas toujours comprise par les considérations positivistes limitées au progrès scientifique se substituant à la transcendance. L’homme archétype communie avec une totalité dont il semble issu et qui pourtant n’a d’existence « spéculée » que s’il est apte à la concevoir. Dans l’initiation maçonnique, nous avons trois cavernes matricielles, le cabinet de réflexion, la loge et le temple intérieur représenté par la cavité cardiaque. Chacune reprend le point de vue extérieur et intérieur comme un effet miroir.

C’est la double perception de l’extérieur vers l’intérieur et inversement qui définit le don de double vue de l’initié. Par cette double perception, le maçon pourra élaborer sa propre vision globale. C’est donc la découverte de notre intériorité dans un lieu lui-même intériorisé et collectif que va naître un nouveau regard et une nouvelle altérité. On peut donc affirmer que cette loge maçonnique est une enceinte, une matrice où s’élabore par le mystère de l’expérience lumineuse un nouvel homme pour une nouvelle société. Cette tradition ancestrale de l’initiation purificatrice par l’expérience intérieure est une reprise « inconsciente » par les spéculatifs de 1717 des anciennes traditions qui concevaient la place de l’homme et son rôle dans le grand ensemble manifesté. Les maçons opératifs avaient autrefois conçu la place du maçon entre le savoir-faire et le savoir-être en regard de la transcendance d’une cathédrale. La pratique du savoir-faire et du savoir-être devaient constituer le socle de la connaissance et la finalité initiatique des arts libéraux. Sur ce point le temple de Salomon (ou l’arche en particulier) devient la première des loges idéalement conçue comme la maison de Dieu avant les schismes. Ces modèles d’inspiration opératifs situés  en amont de l’histoire, fonctionnement à merveille au point d’inspirer ces messieurs de la royale society qui à la suite de l’invisible collège vont enrichir le réceptacle matriciel de franc-maçonnerie spéculative. C’est donc la tradition matricielle écossaise du « mot de maçon[10] » qui va inspirer la base du modèle spéculatif anglais. Ce dernier se veut oecuménique et pacificateur d’une Grande Ile en pleine mutation du pouvoir, sur fond de guerre de religion.

La maîtrise de la matrice

La prétention des Stuart catholiques et des Hanovre protestants pour un même trône vont accélérer le rôle singulier de l’entre-soi matriciel des loges. Cet entre-soi sera tour à tour partisan dans sa propagande hanovrienne ou stuartiste pour devenir véritablement eucumenique, voire universel. Cette approche encyclopédique fut la valeur la mieux partagée en ces temps troublés. On en trouve deux exemples francisés dans le camp écossais et le camp anglais en France. Le premier dans le discours du le chevalier catholique et Stuartiste Andrew Ramsay en 1738, le second dans le travail rédactionnel des Constitutions du huguenot le baron De la Tierce probablement auteur ou coauteur avec Anderson des dernières constitutions de 1738 publiées sur le continent en  1742.

Le message de la religion universelle oecuménique se traduira par l’universalisme rassembleur d’une gentry cultivée bien pensante dans « l’entre-soi » aristocrate, bourgeois et commerçant du XVIIIème siècle. Ce lieu de « l’entre-soi » bourgeois ne devient centre d’élaboration du moi en soi que sous l’influence des cultures de la grande tradition initiatique venue de la philosophie utopique[11]agissante et sociale, de la métaphysique, de l’alchimie des cabalistes et des Rose-Croix. Ces cultures initiatiques traditionnelles étaient véhiculées par les élites culturelles[12] de l’époque avant que l’homme ne devienne vers la fin du Siècle des lumières et au XIXe siècle le centre démiurgique de la nature. C’est ainsi que les loges maçonniques continentales devinrent le lieu, le réceptacle d’une culture de l’entre-soi cultivé, mêlées aux influences hermétiques qui enrichirent et définirent les contours du savoir-être. De l’être nous passions à l’Être.

Ce lieu de l’entre-soi devient un creuset pour la recherche, un athanor, un four d’élaboration et un Grall de la pensée totale.

On comprend l’enjeu que représentait la grande maîtrise de ces lieux d’élaboration de la pensée, et la lutte entre écossais et anglais, entre anciens et modernes, entre franc-maçonnerie anglaise et continentale, etc.

L’esprit encyclopédique dévia de son aspect universel au profit d’une hégémonie intellectuelle par la notion de reconnaissance et d’outil politique. Ainsi la notion de « matrice universelle » fut l’objet d’une lutte pour sa maîtrise. Elle fut instrumentalisée dans un but politique voir commercial[13].

L’homme « cherchant » sur cet océan agité fut tour à tour objet et sujet de l’initiation conçue non plus comme un commencement, mais comme un recommencement éclairé. Ce recommencement « orienté » se traduisait pour les Stuartistes par un désir de reconquête du « trône de droit divin ». Pour les Orangistes vainqueurs par l’hégémonie encyclopédique et intellectuelle ou pour les hermétistes par la recherche d’une pierre philosophale cachée centre de la connaissance universelle. On voit bien les trois niveaux d’éclairement du XVIIIème Siècle qui sont par certains cotés toujours d’actualité. S’il n’y a qu’un seul Orient, la lumière ne peut éclairer que l’objet limitatif de la quête que nous pouvons concevoir. Il nous appartient donc de nous affranchir pour nous-mêmes et non pour les systèmes.

C’est donc à la visite de cette matrice de l’esprit libre et éveillé, de ce creuset doublement intérieur à soi et à la loge que cette planche nous invite.    E.°.R.°.

 

LA LOGE, MATRICE INITIATIQUE ET SYMBOLIQUE

 

La franc-maçonnerie, dernière des traditions initiatiques occidentales, vise par un travail individuel dans un cadre collectif à la réalisation spirituelle de ses membres. Dans le cadre d’un rituel, elle utilise une méthode basée sur l’étude des symboles et outils empruntés aux bâtisseurs de cathédrales ainsi qu’une interprétation ésotérique des textes philosophiques et sacrés des anciennes traditions ou religions. Cette méthode de transmission venue des anciens assigne un but à chaque frère : par un processus de purification et de rectification spirituelle et mentale il tentera de  passer de l’ombre vers la lumière, du moi au soi.

Quoi qu’il en soit, ce travail ne peut se faire qu’au sein d’un espace sacré et hermétiquement clos vis-à-vis du monde profane : LA LOGE.

Conscient que le plus important reste à découvrir, je vais modestement vous faire part de la façon dont j’appréhende cet espace sacré où nous nous réunissons lors de chaque tenue. Je m’attacherai dans un premier temps à présenter de façon succincte la LOGE au Rite Ecossais Primitif. Je l’envisagerai ensuite comme ce qu’elle me paraît être avant tout : une matrice initiatique symbolique tant à la fois sur un plan cosmogonique qu’ontologique.

La LOGE, dans la tradition maçonnique, est une représentation du temple de Salomon, et pour le soustraire à la contingence on le situe hors du temps et hors de l’espace historique et le ramenant à la notion de cycle absolu soit la course du soleil et la période de midi à minuit.

Ce temple aurait été construit dans la partie est de l’actuelle vieille ville de Jérusalem aux alentours du Xème siècle avant J-C. Sa destruction du fait des Babyloniens daterait de -58 av J-C. Le temple de Salomon était considéré comme la demeure de Dieu et renfermait en son sein l’arche d’alliance ainsi que les tables de la loi. Il est à noter que, contrairement au temple maçonnique, aucune cérémonie n’y avait lieu et aucun homme n’y était admis hormis les prêtres. La seule porte d’entrée étant celle des dieux à l’orient. La configuration de notre LOGE maçonnique se trouve donc inversée par rapport au temple de Salomon, car les hommes initiés y sont cette fois-ci autorisés à y entrer,  mais par la porte d’occident. On ne confond pas l’homme et Dieu dans le temple maçonnique.

La LOGE maçonnique, au niveau de ses dimensions est délimitée au sein d’un volume sacré décrit dans le rituel : de l’orient à l’occident, du septentrion au midi et du nadir au zénith où passe l’axis mundi autour duquel s’articule la vie en loge. Cet espace où se déroulent nos travaux est à l’abri de tout profane !

Après s’être débarrassé de ses métaux, le néophyte entre par la porte de l’occident après y avoir été autorisé par le frère terrible. Cette porte marque le passage entre les deux colonnes J et B à côté desquelles se trouvent les frères second et premier surveillants. La LOGE est ornée de la houppe dentelée. Trois fenêtres surplombent la colonne du midi où siègent les compagnons et en face se trouve la colonne du septentrion où siègent les apprentis. A l’Orient se tient le Vénérable ; sur son autel se trouve la Bible (ouverte sur le prologue de St Jean) sur laquelle sont posés l’équerre et le compas. À côté de la Bible sont posés son épée flamboyante ainsi que le chandelier des trois lumières d’ordre. Ensuite derrière lui on peut voir l’hexagramme et de chaque côté la Lune et le frère secrétaire ainsi que le Soleil et le frère orateur. En bas de l’autel sont présents face à face, le frère maître de cérémonie et le frère hospitalier. Enfin, toujours au pied de l’autel, se positionne une pierre brute sur laquelle sont posés un ciseau et un maillet. Au centre de la loge se trouve le tableau de loge posé sur le pavé mosaïque, entouré des trois colonnettes Sagesse, Beauté et Force, le tout surplombé par la voûte étoilée d’où à partir de l’étoile Polaire est suspendu un fil à plomb.

Cette description très brève est un rappel pour les apprentis et peut être à la portée de n’importe quel profane bien documenté.

Quel est le sens de ce que nous vivons en loge à chaque tenue ?

Comme tous les édifices sacrés, la loge est une représentation de l’univers dans sa globalité, tant dans l’infiniment grand que dans l’infiniment petit.

Par le service d’un rituel bien compris et le truchement des symboles, nous revivons la création permanente de l’univers. Au fur et à mesure du déroulement de la tenue, de l’ouverture jusqu’à la fermeture des travaux, soit dans le temps symbolique de Midi à Minuit, nous revivons la Genèse.

C’est en cela que la Bible ouverte sur le prologue de St Jean au premier degré a une importance capitale dans notre rituel : à chaque ouverture des travaux, le Vénérable Maître, passeur de lumière, par sa charge sacrée et son épée flamboyante transmet la lumière primordiale qui vient éclairer le chaos. Le Vénérable n’est évidemment pas Dieu ni un démiurge, il n’est le vecteur de la parole, de la manifestation du principe créateur, que les religions appellent Dieu et nous francs-maçons au REP GADLU.  Bien évidemment je cite la Bible, car c’est légitimement le livre sacré adopté par le REP vu le contexte historique du début du XVIII ème Siècle. J’aurais pu également citer une vision égyptienne de la création de l’univers et parler du NOUN, cette énergie primordiale contenant en elle tous les possibles et à partir de laquelle le dieu ATOUM créa le monde. Oui, au départ il n’y avait pas rien, le néant, mais simplement le TOUT, l’UNITÉ.

Comme nous l’avons vu, la loge est la représentation de l’univers en perpétuelle expansion ; c’est en cela que la loge est une matrice. Tel l’utérus où se développe l’embryon, elle renferme en son sein le TOUT, l’ordre et l’harmonie, tant l’esprit que la matière, la manifestation du verbe et l’ordonnancement du chaos.

Tous les hommes font partie du Grand Œuvre, au même titre que le règne animal, végétal ou bien encore  la matière. Mais par leur égo, leurs vices et leur animalité, ils ne sont pas capables de recevoir la lumière et sont perdus dans les ténèbres, condamnés à errer sans orientation sur un plan inférieur et métallique. Tel est alors le dessein de l’initiation :partant d’une volonté personnelle de trouver un sens à la vie ( à la suite d’une rencontre avec un initié le plus souvent), dans un cadre initiatique et au sein d’un espace sacré de la loge. Le profane «cherchant » devenu impétrant «demandant  », puis néophyte « frappant » la porte sera initié par trois coups sur le cœur et trois coups sur la pierre. Ainsi on lie la lumière au cœur et à la matière ce qui veut dire que la lumière de l’esprit se trouve au cœur de la matière et au centre de soi.

 Ce processus de retournement est déjà décrit dans le mythe de la caverne socratique : celui qui tournait le dos à la lumière,  se retourne et se met à sa recherche se positionnant dans son axe, soit de l’Occident vers l’Orient. Par ce mouvement  il fait entrer la lumière dans sa propre cavité cardiaque.

Ainsi, commence le périple de l’initié vers la connaissance. Le premier pas vers la lumière se fait alors au sein du cabinet de réflexion, première matrice qui accueille le profane et à l’intérieur de laquelle ce dernier entame son chemin vers la vérité. Il va vivre sa première épreuve initiatique,  celle de la terre. Après un travail d’introspection (V.I.T.R.I.O.L), il va partir à la recherche de son centre. Il va donc mourir symboliquement à sa condition de profane afin de renaître ensuite sous la forme d’un être prêt à être initié. Il suit le processus de la  graine de l’épi de blé qui du tréfonds de la terre va émerger et pousser en direction de la lumière en puisant sa substance dans la materia prima des quatre éléments. Alors prêt à recevoir cette lumière, il va ensuite être dirigé en loge où il va subir les trois autres épreuves de l’ordonnancement initiatique. La loge est ainsi, à l’image de l’athanor des alchimistes, le lieu où le profane par le biais de rectifications successives et par l’éveil des sens, passe d’un état matériel à spirituel, de l’horizontalité vers la verticalité éclairée.

Oui, l’initié est d’abord celui qui a la volonté de partir à la découverte de son être. Dans le prologue de St Jean, il est dit : « la lumière était la véritable lumière, qui en venant dans le monde, éclaire tout homme. Elle était dans le monde ,  et le monde a été fait par elle , et le monde ne l’a point connue. Elle est venue chez les siens et les siens ne l’ont point reçue. »

L’initié commençant son parcours initiatique s’extrait de cette materia prima ignorant la lumière. L’initié se construit et le profane est déjà mort. Il comprend, ou du moins il en a l’intuition au départ, qu’il fait partie du TOUT et qu’il est à l’image de la chute, un fragment épars qui doit se reconstituer avec les autres éléments. Il doit, en bâtissant son temple intérieur cette fois-ci, retrouver son centre, son être, cette parcelle divine qui le différencie du monde de la matière,  des apparences et des vices. Il fait un travail sur lui-même (V.I.T.R.I.O.L) qui lui permettra par la suite de trouver sa place dans l’univers et de comprendre le sens de son existence.

Ce n’est pas pour rien que le Vénérable Maître nous demande à certains moments de reprendre nos places ; il ne s’agit pas là d’une simple injonction nous intimant l’ordre de nous poser passivement sur les colonnes. En reprenant littéralement nos places, nous nous inscrivons activement dans le grand œuvre, nous nous insérons comme la pierre taillée au sein de l’édifice.

En cherchant à bâtir notre temple intérieur, je pense que nous sommes autant au sein de la loge que la loge elle-même est en nous ! Par l’utilisation des symboles et le travail intérieur, la transformation s’opère et notre centre traversé par l’axis mundi  qui se retrouve lié à tous les autres centres, ceux des autres frères et celui du Tout. Ainsi autour de cet axe qui traverse l’être de chacun et la part d’esprit qui se retrouve autant dans l’univers que dans le moindre atome. Un mouvement se met en marche et nous pouvons telle une spirale marcher de façon dextrocentrique autour du centre de la loge, soit autour du pavé mosaïque et du tableau de loge. L’infiniment grand se synchronise avec l’infiniment petit, tout ce qui est en haut devient alors comme tout ce qui est en bas.

La vie, la lumière sont mouvement !  À travers l’initiation et l’assiduité aux tenues, le profane devenu impétrant et enfin initié se transforme, se rectifie progressivement sur ce merveilleux chantier de mondes imbriqués. Tel l’ouvrier opératif, il façonne les outils qu’il utilise ensuite et qui lui permettront aussi de se façonner lui-même, de tailler sa propre pierre brute.

Nous avons dans l’acte initiatique un dédoublement intérieur. Seuls le courage, l’intelligence du cœur et le goût du  travail permettront d’arriver peut-être à son but ultime. La loge, ce magnifique chantier représenté par la loge couverte extérieurement va servir de cadre à ce travail intérieur à soi.

Il faut se rendre à l’évidence, la loge et le temple intérieur sont les qualificatifs dédoublés de la matrice initiatique.

Une fois la tenue terminée, le frère repart dans le monde profane parmi les siens. Il se doit à lui-même et à ses semblables de rayonner à son tour sur ce monde d’apparence binaire et d’arriver naturellement par la transmission de sa sagesse à faire progresser l’humanité ! Car si le destin du maçon consiste à trouver un sens à sa vie, peut-être sa mission est également d’aider son prochain à y arriver ! Ainsi, sans tomber dans le prosélytisme, doit-il aider le profane qui se cherche à trouver son chemin. Un nouveau cycle initiatique commencera sous couvert de la transmission matricielle.

 

D.°.D.°.  "R.°.L.°. La lumière écossaise"



[1] Ce cheminement implique l’abandon de l’ego profane en vue de la découverte de notre trésor intérieur, élaborant ainsi une nouvelle dynamique reconstructive d’un soi purifié, comme le voyage de Jonas dans le ventre de la baleine

[2] Soit la solutio alchimique qui signifie un retour à la matière différenciée.

[3] C’est l’image de l’androgyne initial.

[4]L’appellation de néophyte ou de jeune graine en germination trouve ici son explication.

[5] Il conquiert l’axe Nord Sud au second degré puis l’axe Nadir-Zénith au troisième pour finir résorbé au centre de la croix tridimensionnelle ainsi formée.

[6] A noter que reconstruction est encore matérielle par le pas composé de quatre stations et de trois pas vers la lumière. On intègre le ternaire spirituel dans l’état matériel quaternaire.

[7] Les mythes fondateurs du vivant ont tous un rapport à l’intériorité première d’une gestation qui s’émancipe par la lumière ou le feu.

[8] La caverne socratique en est l’illustration.

[9] C’est l’autre approche de la connaissance de soi l’intériorité est un jeu de poupées russes ou s’imbriquent une succession de mondes et de niveaux. Nous apprendrons qu’ils ont un centre unique et commun par le jeu des correspondances.

[10] Le procédé mnémotechnique du catéchisme par question-réponse fait écho au système ternaire de la triple voie répondant non seulement à l’exigence du devoir de mémoire mais aussi à la montée en puissance spirituelle de la loge par la ritualisation ternaire.

[11] A bien des égards une partie de l’inspiration utopique agissante et secrète provient d’ouvrages ce sont les ouvrages « Utopia » de l’humaniste Thomas More en 1518 et «  La nouvelle Atlantide » de Francis Bacon en 1622. Ce dernier roman est très rependu pour l’époque et souvent republié. Il s’agit d’une étude décrivant une île dont les habitants sont gouvernés par une société secrète hégémonique créant des filiales à l'étranger dans des nations rivales aux fins de renseignement. Certains y voit une origine possible de la franc-maçonnerie spéculative faisant son apparition en Angleterre moins de 20 ans après la publication de cet ouvrage, et manifestant certains des caractères indiqués dans le livre de Bacon, comme d'affecter un but d'étude mais de s'occuper de politique.(wp)

[12]Ecossaises anglaise et française, le niveau culturel classique et ésotérique et scientifique est relativement élevé et se traduit par le mouvement encyclopédique qui motiva l’esprit Royal Society et l’universalité des loges. A cette époque le savant se piquait autant de science positive que d’alchimie ou d’hermétisme. Newton, Ramsay ou De la Tierce en sont de brillants exemples.

[13] Une partie non négligeable des loges dites « écossaises » furent portuaires, rassemblant au départ nombre d’exilés Stuartistes puis de simples négociants locaux et aristocrates. Elles poursuivaient un but de l'entre-soi avec une connotation certes spirituelle mais aussi commerciale. L'exemple le plus remarquable fut celui de la loge mère de Marseille (1751) qui développa son essaimage portuaire méditerranéen et outre-mer au point de faire de l’ombre au Grand Orient de l’époque.

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