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15 décembre 2014 1 15 /12 /décembre /2014 08:32

Religare et tradere pour le franc-maçon spéculant.

Peut on parler d'une complémentarité entre ce qui constitue la Tradition et ce qui fonde les religions? Dans les deux termes nous retrouvons la notion d'origine, de thesaurus et de transmission et donc de genèse, de lien et de dévolution. Il nous semble devoir traiter religare et tradere sous l'angle étymologique appliqué au divin révélé et à la connaissance initiatique. (1ere partie extrait)

(...)Augustin, lorsqu'il écrit que religion vient de "relier" (religare), fait valoir que la religion devrait être « ce qui relie à Dieu et à lui seul ». Mais on retient généralement pour religare la notion de lien et de relecture. Ceci supposerait un lien "direct", mais ce lien semble en réalité capté par l’institution religieuse de type ecclésiale qui se charge de relier le pratiquant plus à l’institution qu'au divin. C'est l'institution qui fait elle-même la relecture interprétée des textes sacrés (dogme) tout en s’interposant entre l’homme et Dieu. Or l’héritage maçonnique ancien est à la fois fondé sur la tradition et la religion, avec toutefois une évolution remarquable. Les Anciens devoirs gothiques catholiques (Regius 1390 et Ms Cook 1410) célébraient cette relation ecclésiale par l’œuvre accomplie et passée de décoration et de représentation plastique figurant le divin au fronton des cathédrales, alors que le rite du Mot de maçon calviniste depuis 1637 veut revenir au lien direct entre l’homme et Dieu par la « sola scriptura » (la lecture directe de la Bible sans decorum) tout en préservant le devoir de mémoire imposé par les Statuts Schaw de 1598 . Les deux rites maçonniques entretiennent un devoir de mémoire ou art de mémoire, soit sous la forme d'un récit assorti d'images plastiques (Anciens devoirs) soit sous la forme d'un catéchisme mnémotechnique favorisant la représentation mentale (Mot de maçon). La particularité des rites maçonniques est d'emporter dans leur mise en œuvre un répertoire d'images mentales découlant de représentation imagée (tableau de loge) ou d'échange verbaux évocatoires. Ces images mentales ont vocation à être transmises (tradere) depuis des temps immémoriaux et assurent ainsi le cheminement d'un lien mental avec l'origine ou la cause première (religare).

C'est en ce sens que nous pouvons avancer que ces représentations mentales sont des clefs (symboliques et hermétiques) qui ouvre la relation à l'ontologie et aux mystères de la, vie et de la création.

En examinant de prés le processus religieux et son empreinte sociologique, on voit un lien incontestable avec la notion de tradition qui est ici récupérée. En effet, la tradition fait aussi le lien avec ce point originel et se charge de versifier dans l’oralité une transmission d’images et de récits qui vont constituer le fonds commun des archétypes, le dogme viendra puiser dans cette bibliothèque les représentations qu’il entendra imposer et figer et interpréter. Ainsi le symbole et sa représentation peuvent faire l'objet d'une explication dogmatique.

Généralement le religare et le tradere vont s’appuyer sur les livres de Sagesse tels que la Bible. L’herméneutique qui consiste en son interprétation sera libre ou orientée suivant qu’elle s’attache à la cohérence d’un dogme ou qu’elle réserve son choix à une vision autre et traditionnelle c'est-à-dire dans la continuité de la pensée, de la volonté ou de l’action ayant un lien démontré et cohérent avec la notion d’origine contenue dans le texte étudié.

La définition du terme du mot tradition vient du latin traditio, dérive du verbe tradere qui signifiait "continuer", " transmettre".

Religare et tradere postulent à relier l'homme à son origine, il semblerait que ces deux notions soient de toutes façons indispensables au devoir de mémoire du franc-maçon. Mais les deux notions ne sont pas obligatoirement "religieuses" au sens commun de la croyance.

Le propre du franc maçon est de se situer dans une des grandes transmissions initiatiques qui reposent moins sur le dogme( orthodoxie) que sur le vécu et l’expérience (orthopraxis). Cette expérience initiatique découle à la fois du voir discursif et symbolique, du ressenti intuitif, et souvent de la raison.

L’objet, l’image ou le concept sont représentés en images mentales qui réveillent et éveillent l’esprit et restent intégrées dans notre bibliothèque des signifiants-signifiés. Cette bibliothèque préexiste probablement en nous et c’est l’initiation qui met en action les analogies et correspondances cachées qui ont toutes une relation finale dans le symbolisme dit cosmique (macrocosme-microcosme). C’est ici que l’initiation dans son sommet peut aboutir à la notion de révélation « graduelle ».

  • La filiation

On comprend alors que le tradere et le religare font le lien entre l’homme et son origine.

Se situer dans la ligne de transmission permet tout à la fois de bénéficier à titre personnel de l’accès aux « mystères de la franc-maçonnerie » mais aussi d’apporter à la collectivité la sensibilité et la vision inhérente à ce grand mouvement ancestral.

L’initiatique individuel du franc-maçon se pratique en groupe de bouche à oreille. C'est une oralité, une mise en situation assortie d'une gestuelle parfois dramatique qui donne à la transmission la profondeur du vécu et de l’expérience. La transmission suppose une parole prononcée par celui qui a la connaissance, dans oreille de celui qui sait entendre. Il s’agit de mettre en partage et en phase l’ensemble des vues et visions archétypales qui fondent l’homme bâtisseur. Ainsi on refait le baptême (la renaissance "élémentaire" d'un homme devenu franc-maçon par la vision de la lumière), et on revit la cène par l’agape en nourriture de l’esprit (partage du pain et du vin et amour fraternel). Il s’agissait de situer l'initiatique dans la lignée des bâtisseurs qui donnait forme à la matière grâce à l’ombre et la lumière et qui édifiaient des temples au divin (religare) en consolidant l’éthique de l’homme (tradere). Mais il fallait aussi suivre les rituels de la tradition qui fondent l’amour et le partage dans le réel et valorisent des préceptes sociétaux communs et ancestraux reconnus par tous (bonne morale dont la pratique est héritée des anciens et de la tradition: orthopraxis).

La démarche ne reposait donc pas sur l’invention ex abrupto d’une fausse filiation, mais sur la recherche de la transmission de l’authentique et du vrai. Ainsi nous pouvons dire que le franc-maçon spéculatif veut se situer dans la chaîne de transmission de la voie initiatique artisanale, dont l'objet surplombant est le Temple de Salomon et dont le but reste l’édification en soi dudit Temple de Salomon et qui derrière l'antique savoir-faire (tour de main) induit l'antique savoir-être (La Sagesse)!. Les deux savoirs sont les prérequis de la connaissance.

Ce souhait, ce désir d’intégration dans la chaîne d’union à la fois horizontale avec les FF présents dans toutes les loges et avec les FF du passé qui ont franchi la porte de l’Orient Éternel, démontre que l’initiatique se rattache par nécessité et par goût à un point originel situé dans les profondeurs de la mémoire présente et historique.

On voit l’avantage que l’on peut tirer de cette situation : il s’agit pour l’initié d’envisager l’origine de la transmission de la parole, de sa déformation dans le temps et de sa déclinaison dans des ordres et des mondes successifs. Cette relation ontologique va créer dans nos rituels suivants les grades et les degrés, une succession logique explicative de la dévolution de la parole, de l’image, du geste, et de l’acte. L’objectif restera de recouvrer la parole la plus proche du Logos, celle qui est la pensée précédant la volonté et l’action. Il s’agit de remonter le fleuve de la manifestation génésique pour atteindre le seuil qui précède la création.

Pour conclure sur le chapitre de la filiation, nous dirons que la voie initiatique de la franc maçonnerie spéculative est autonome est ne dépend d'aucune reconnaissance autre que celle quelle tient de sa propre lecture du livre sacrée qui est la Bible depuis 1637 et de sa connaissance de la symbolique des outils et du Temple de Salomon. Dans cette lecture directe du texte sans intermédiaire, la franc-maçonnerie a su intégrer une herméneutique "symbolique" et donc philosophique, plutôt que "littérale" de la scolastique cléricale. C'est le résultat des l'influences luthériennes et calvinistes écossaises mais aussi du mouvement Rose-croix dont l'idée est de déchiffrer les symboles secrets dans le grand livre de la nature. C'est sur cette base novatrice que la "spéculation" s'est associée au métier et à la voie initiatique dite artisanale et donnera aux cherchants, respectant a minima une orthopraxis morale, un authentique plan de réalisation et d'expression devant aboutir à une vision. C'est cette vision qui outrepasse les apparences (don de "seconde vue" relaté par Adamson en dans "The Muses threenodie" en 1638) et remonte jusqu’à l'origine qui constitue l'authentique pratique du religare et c'est cette technique de mise en œuvre qui est rituellement traditionnellement transmise (tradere) par induction dans l'imitation des maitres. Cette capacité à voir repose sur l'image évoquée par le catéchisme et la rituelie, projetée sur un plan mental. La représentation intérieure qui en découle est due à la capacité ancestrale qu'a l'homme à conscientiser le divin, développant ainsi un "point de vue" véritablement gnostique.

  • La spéculation

L’ontologisation philosophique de la franc-maçonnerie va de pair avec sa dimension universaliste. C’est ce qui apparaît nettement dans les Constitutions de Anderson, Désaguilier et Georges Paine en 1723.

On sort désormais du métier pour ouvrir à la spéculation et à l’élargissement des domaines d’investigation ; cette ouverture favorisera par la suite l’intégration des influences initiatiques et ésotériques diverses qui se retrouvent bientôt protégées, transmises et travaillées à l’intérieur d’une cadre initiatique alliant le religare et le tradere.

La franc-maçonnerie allait être à la suite des mouvements universalistes et , sous l'influence d'élites et de mouvements ésotériques et encyclopédiques , un grand conservatoire pour la pensée symbolique et permet de revoir l’homme dans son attachement aux différents états de l’Être et la définition de l’Esprit , sous-tendant la notion d’éternité (ne devrait-on pas dire plutôt la notion d’intemporalité ?).

Ainsi la tradition conçue comme un conservatoire du sens et de la parole en regard du Logos nous relie à l’instant premier dans la qualité et l’état actuel de « frère ». Le temps fait écran a la notion de reliance.

Être relié à l’instant premier qui est pour certains l’origine de la vie sur terre, pour d’autres l’origine de la création, et pour d’autres encore ce qui précédait la naissance de la lumière, implique de saisir le sens du mot religare.

On définit souvent religare par son vocable exotérique « religion » . Cette relation impliquant la foi était bien celle de l’Église des premiers siècles qui, en dehors du dogme rendu nécessaire pour occuper par le pouvoir l’espace et le temps, se nourrissait d'un message plus « essentiel » que la pratique des églises contemporaines. La religion expansive et conquérante des territoires et des âmes, avec un Pape voulant être Roi, a simplifié son discours pour le mettre au service d’un dogme facile d’accès. Elle le rendit le plus universel possible dans sa compréhension et syncrétique dans le recyclage des usages anciens et traditionnels en vue d’asseoir son autorité temporelle. L’aspect temporel dogmé domina l’aspect spirituel, les connexions et luttes avec le pouvoir royal accentueront le mouvement d’abandon du message ésotérique au profit de l’exotérisme plus immédiat et efficace au plan politique.

Dans ce message ésotérique se situait l’explication symbolique du lien ascendant et descendant reliant l’homme au divin, mais aussi les secrets (la tradition) du pouvoir royal et sacerdotal qui sont liés aux facultés de représentation transcendante de l’homme. Cette explication donnait un sens particulier à la notion d’origine des temps et de dévolution de l’esprit dans la matière. Il s’agissait donc de transmettre à nouveau le lien premier qui fait de l’homme une image matérialisée d’une volonté divine, ou une image accidentellement chutée d'un homme premier. Le religare nous reliait donc à l’instant premier, en donnant une explication qui pouvait être vécue en expérience initiatique avec les rituels fondamentaux de l’Église des premiers temps. Simplement cet aspect plus difficile d’accès se heurta à la nécessité du temps, à la raison et à la controverse des interprétations. Ainsi sont nés les mouvements dissidents, les schismes, les « hérésies » et réformes, etc, finalement plus occupées à leur survie qu’à défendre le religare et le tradere…

On mit donc sous le boisseau la dimension ésotérique de la religion pour ne conserver que l’aspect efficace et concret qui maintient la foule dans un cadrage comportemental et dogmé. Le Roi, étant de pouvoir divin (et donc « relié » à l’origine), on reporta toute la dimension du religare vers le Pouvoir matériel sur les consciences et sur les sociétés. La nécessité et la contingence ont vaincu la dimension ésotérique et essentielle du religare.

Le religare ne pouvait se passer du tradere dans une classe dite sacerdotale, car le rite illustrant la parole, interprétée au plan exotérique comme ésotérique est une transmission, une tradition en soi. La mise en œuvre du rite est traditionnelle par nature, sauf à être déformé par une mise en en œuvre erronée.

  • Que fait le maçon en loge ?

Par la voie dite initiatique, il redécouvre comme une expérience personnelle et collective, la transmission des anciennes traditions. Il est vrai qu’aux XVIIème et XVIIIème Siècles, les loges devinrent les réceptacles des différentes traditions initiatiques, et se retrouvèrent face à l’autorité spirituelle des Églises. Cette transmission des traditions et recherches vont accentuer automatiquement le désir de connaître le point de départ du logos, du verbe, de la lumière.

Tout dans les différents rituels tend vers cette recherche lumineuse (c'est-à-dire connaissance de l’Être, de la lumière-vérité et de l’esprit. Dans son parcours il pourra dire qu’il a été « relié » par le désir de connaître l’origine, en jonction avec l’ontologie. Pour être relié il en faut le désir persistant en s'appuyant sur une méthode, ou plus simplement bénéficier d'une forme de Grâce tombée du ciel ou trouvée en soi.

Tradere et religare sont donc les deux lices d’une échelle qui relie l’homme à la lumière « illuminatrice ». Les barreaux de l’échelle seront les plans successifs ou grades et degré de la franc-maçonnerie qui lui permettront d’accéder à l’ origine.

Pour les Anciens devoirs il s’agissait de gravir l’échelle des arts libéraux comme une échelle initiatique qui permettait de connaître soi et le monde, la vie dans le réel, puis arrivé au sommet de ses arts voir le visage de Dieu (la connaissance) puis redescendre pour transmettre a ses FF. En complément à cette échelle "libérale" une autre s'imposait: celle des vertus cardinales et théologales qui en toutes hypothèses offre un retour sur soi et les autres. La caverne socratique nous dépeint le même tableau partant du sub-terrestre pour voir la vraie lumière plutôt que son ombre, puis revenir et transmettre. Ceci est une démarche typiquement prométhéenne qui caractérise parfaitement la démarche initiatique.

Donc se dire relier à l’origine par le désir de transcendance et de connaissance implique le transfert à l’autre de la parole de l’image et du geste. Nous pouvons dire que la connaissance qui nous relie à l'origine n'a d’intérêt que si elle est transmise. Religare seul n’a de sens que par Tradere et inversement (du moins en matière initiatique, le cas de la démarche mystique de "l'état d'être" ou de la "grâce" diffère dans sa méthode et peut être sans schéma directeur ou méthodologique, et n'impose pas le tradere). L'association du tradere au religare est aussi vrai pour le voie initiatique que religieuse tant que cette dernière conserve son versant ésotérique et sa voie sacerdotale.

C’est donc les rituels qui ouvrent et ferment les espaces symboliques superposés (qui sont des mondes en soi ou des points de vue toujours plus élevés) qui formeront les barreaux de l’échelle.

  • Il existe cependant une différence notable entre le tradere et le religare.

La différence est dans le mouvement scientifique hermétique et constructif pour tradere, car il faut expliquer ce que l’on a vu, ou relaté par le rituel ce que l’on a ressenti au-delà des mots, ici l’initiation est liée à la vie. Pour religare la démarche est autre car, sans être passif, il faut se mettre en état de recevoir comme un miroir ce qui est en haut et l’intégrer de manière intuitive en soi suivant un conditionnement dogmé ou pas.

Il y a donc d’un coté une démarche volontaire, active et vitale d’un initié qui va apprendre à franchir la porte et les obstacles pour voir enfin la lumière, et l’autre démarche moins active que réceptive qui va accueillir l’empreinte de l’esprit originel en soi. L’herméneutique et l’anagogique vont donc se compléter successivement pour dépasser les difficultés du sens et de l'essence dans un cas, et pour recevoir et ressentir intuitivement une proximité ou une présence du divin dans l’autre cas.

La démarche initiatique du tradere vient compléter la démarche mystique du religare.

Nous évoquions une échelle dotée de deux lices, nous pouvons désormais dire que cette échelle est dotée d’une lice volontairement montante par l’initiation de l’homme recherchant l’origine de la transmission et d’une lice descendante qui fait descendre la lumière en tout homme relié. Jacob a vu les deux sens s'animer dans un songe.

  • Le rituel est indispensable

Sans doute que Tradere et Religare ne peuvent être mis en œuvre efficacement que par des rituels. La religion dite naturelle (morale pratique du bon comportement individuel et sociétal) qui préexiste au dogme d’une quelconque Église, ne s’en réfère pas moins aux usages surplombants et ritualisés de la bonne moralité et de l’art de vivre ensemble. La religion naturelle consistant en une orthopraxis immémoriale serait donc une tradition universelle qui précèderait l'orthodoxie religieuse plus récente?.

C’est par une autorité surplombante que l’homme réussit à faire naître et justifier la bonne morale. La bonne morale peut être noachite suivant les Constitution de 1738 (en regard des percepts de Noé), ou fondée sur les tables de la Loi et commandements, ou sur les vertus cardinales (puis théologales). Elle est donnée par un prophète ou par un messager divin dans le cadre d'une théophanie et s'accompagne d'un cadre rituelique.

Il s’agit donc de confier au nuage surplombant la foudre liée au non-respect des rituels de vie communautaire (préceptes de vie). Ces rituels vont « sacraliser » la vie humaine dans l’institution comme le rituel maçonnique va sacraliser la loge ou le temple qui est aussi une image de l’homme des origines. Celui qui intègre ces préceptes en art de vie serait alors sur la voie de la sanctification.

Dans ces conditions, les rituels fondés sur des préceptes surplombants sont facilement « reliables » à la pensée originelle, à la volonté originelle et à l’acte originel. Ces rituels favorisent soit la prise de conscience « lumineuse » résultant d’un travail (Labora) pour tisser et entretenir et transmettre le lien « tradere », soit la mise en l’état de réceptivité Graalique pour recevoir le lien « religare » par la prière notamment (Ora). Ce sont les deux exercices auquels nous invite le rite maçonnique fut-il œcuménique et fondé sur la religion naturelle comme le rite de la Grande loge d’Angleterre et ses constitutions de 1723, ou délibérément théosophique comme le RER depuis 1778. Notons que la Grande Loge d’Angleterre depuis sa réunification des Anciens et des Modernes en 1813 et ses principes de base de 1929, substitue à la religion naturelle Desaguilienne et à la foi maçonnique, la notion de croyance au GADLU et une vérité révélée. On contingenta par ce Landmark l’espace initiatique à la longueur du rayon de l’Architecte, avec pour perspective, peut être, la notion de mise en œuvre et d’ordonnancement, mais probablement pas celui de la création.

On s’adresse dans les deux systèmes, religare et tradere, à la même échelle, mais on suit plus ou moins l’une ou l’autre lice suivant que l'on dit religion ou initiation.

Pouvons-nous dire que dans une démarche initiatique (prométhéenne par nature et reposant sur la connaissance acquise par l’expérience) c’est l’homme qui part à l’assaut des trois enceintes pour atteindre le sommet ou le Centre, alors que dans une démarche chrétienne d’un religare dogmé (croyance et grâce) ce serait le divin qui descendrait au coeur-centre de l'homme pour sa rédemption ?

Les éléments initiatiques et mystiques sont quasiment identiques, mais leurs dynamiques sont celles de l’exhaussement par l’effort d’une recherche "essentielle" dans un cas et d'une discipline de l’intériorisation et de l’induction "cardiaque" dans l’autre cas. Ainsi les fonctions discursives seront mises de côté au profit des fonctions intuitives reposant sur la vision analogique ou la perception anagogique. (On retrouvera ces deux dynamiques associées aux notions de transcendance et d’immanence.)

On comprend pourquoi la voie artisanale du fait de sa nature volontaire et constructive, est plus adaptée à l’accueil d'une représentation de l'origine qui repose moins sur le dogme du croire, que sur l’expérience initiatique ritualisée du voir et du vécu associé à l’évocation (récit mythique ancestral sur l’origine et la fin) et à l’invocation (sollicitation de l’autorité surplombante). Cette voie modelante par la vision du Temple de Salomon et des deux colonnes est accessible en terme de représentation et puissante des symboles qui relie le maçon au divin. Il n'y a pas de révélations imposées en dehors de la bonne lecture du rituel est d'une interprétation personnelle, qui pourront aboutir au minimum à une foi maçonnique relative à l’éthique conforme à la morale, et peut-être à une vision métaphysique pouvant aboutir au "croire" ou à ses illustrations. (...)

E.°.R.°.

Cet article vient en complément de l'article: http://www.ecossaisdesaintjean.org/article-spiritualite-maconnique-99413011.html

Pour élargir le sujet au plan historique:

on conseille la lecture de Patrick Negrier "Art Royal et Regularité" éd Ivoire-Clair, David Stevenson, "Les origines de la franc-maçonnerie" le siècle écossais 1510-1710 éd Telèthes et "Les premiers francs-maçons" éd Ivoire-Clair-

Au plan symbolique: René Guenon : "introduction générale à l'étude des doctrines hindoue"Tradition et Religions" mais aussi "Aperçus sur l'Initiation" et "Initiation et Réalisation Spirituelle" éd Traditionnelles-

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