Nous évoquons ici une partie de la vie d’un Franc-Maçon que nous estimons beaucoup et dont nous tenons une grande partie de notre légitimité et régularité maçonnique. Nous reviendrons dans un autre article sur la transmission de l’influence spirituelle, dont nous croyons comme René Guénon qu’elle se transmet d’initié à initié, et aussi par le truchement de l'essaimage et non pas par une simple organisation administrative.
Robert Ambelain est né le 2 septembre 1907, à Paris. Homme de lettres et historien il fut très vite reconnu par la société littéraire et historique comme un chercheur de qualité non dénué de caractère. Membre sociétaire des Gens de lettres et de l’Association des écrivains de langue française « mer et outre-mer », de l’Académie nationale d’histoire, de l’Académie des sciences de Rome (section littéraire).
Sa production est importante dans différents domaines qui par leurs connexités ramènent cet auteur vers les sphères initiatiques et occultistes de la grande tradition. Il signe sous son nom et divers pseudonymes 42 ouvrages et d’autant d’articles, publiés de 1936 à 1986. Sa carrière littéraire va de pair avec une carrière maçonnique remarquable. Au plan opératif, il fut reçu à la sortie de la guerre Compagnon ymagier du Tour de France (Union Compagnonnique des Devoirs Unis) sous le nom de «Parisien-la Liberté », (1945).
Au plan spéculatif il fut reçu Apprenti le 26 mars 1939 à la loge « La Jérusalem des Vallées Égyptiennes », Rite de Memphis-Misraim. Avec le parrainage de C. Chevillon, Grand Maître.
La période est risquée, nombre de francs maçons sont dénoncés et déportés dans les camps d’extermination. La question de la survie des loges et des rites est de première importance et seuls quelques hommes courageux œuvrent à la continuité de la transmission initiatique de sorte que la dévolution successorale ne soit jamais rompue.
Il est reçu Compagnon et Maître le 24 juin 1941. Chargé par C. Savoire, R. Wibaux, R. Crampon et G. Lagrèze, hauts dignitaires du Rite de Memphis-Misraim, du Rite Écossais Ancien Accepté, du Rite Écossais Rectifié, de maintenir le Rite de Memphis-Misraim dans la clandestinité, constitue avec des membres de diverses obédiences ralliés à la Résistance maçonnique, la Loge Alexandrie d’Égypte, puis son chapitre.
Le Temple est tenu à son domicile, 12, square du Limousin, Paris (13e), avec insignes et accessoires rituels. Dans ces circonstances exceptionnelles, il reçoit pour cela, au cours des années d’Occupation, les pouvoirs et patentes nécessaires. La lignée est assurée successivement par le G\M\Jean Bricaud ayant pour successeur Constant Chevillon puis Charles Henri Dupont. De ces derniers, il reçu le pouvoir de constituer loges et chapitres pour le Rites Cerneau, Rite Ecossais Primitif, Rite de Memphis Misraïm.
Il reçu tous les degrés du Rite Écossais Ancien Accepté, jusqu’au 33e inclus; du Rite Écossais Rectifié, y compris ceux de l’Ordre Intérieur (Chevalier de la Cité sainte, Profès), tous les degrés du Rite Ancien et Primitif de Memphis- Misraim, jusqu’au 95e inclus; tous les degrés du Rite suédois, jusqu’au chevalier du Temple. À ce titre on affirmait qu’il fut le plus titré de ses contemporains au plan maçonnique. Son goût et son aptitude à prendre des responsabilités se traduisent dans les Grandes Maîtrises qu’il assuma avec une aisance naturelle. Ainsi il devint successivement :
- Grand Maître ad vitam pour la France et substitut grand maître mondial du Rite de Memphis-Misraim (1943- 1944).
- Grand maître mondial dudit Rite en 1962.
- Passé Grand Maître Mondial d’Honneur du Rite de Memphis-Misraim (1985) ;
- Grand Maître d’Honneur du Grand Orient Mixte du Brésil;
- Grand Maître d’Honneur de l’ancien Grand Orient du Chili;
- Président du Suprême Conseil des Rites Confédérés pour la France; où il fit dépôt d’un certain nombre de rites, tout en « extirpant » le Rite Ecossais Primitif à son départ.
- Grand Maître pour la France du Rite Écossais Primitif (Early Grand Scottish Rite), Rite rare reveillé en 1985 qui continue d’être pratiqué sous l’égide de Désiré Arnéodo qu’il nomma Grand Maître Adjoint. Ce dernier tenant l’ensemble de ses grades, titres et patentes dans le cadre traditionnel de la dévolution successorale initiatique. C’est des États-Unis que nous revient le Rite Ecossais Primitif, patente étant donné le 30 septembre1919 de ré instaurer le REP en France à Jean Bricaud. Cette patente est citée par Albert Lantoine dans son ouvrage « La Franc-Maçonnerie chez elle » p. 298 ed Slatkine, Genève, 1981, 2eme édition et par Albert Cools dans « Histoire du rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm en France » publié en 1971, qui lui-même en transmettra patente à Constant Chevillon en 1934 qui les transmettra à son tour à Charles Henri Dupont en 1944 avant d’être arrêté par la milice. Durant cet épisode les archives et les patentes furent confisquées par la milice. Enfin c’est Robert Ambelain qui succéda en patente à Charles Henri Dupont et réveille effectivement ledit rite dès 1985 dans la Loge de réveil « Saint André d’Écosse » le 20 mars 1985 à Paris. En fin il crée la Grande Loge du rite.
Le 20 décembre 1991 Désiré Arnéodo devient Vénérable de la « Lumière Ecossaise » (titre "ad vitam") conformément aux principes du REP et en vertu d’une patente d'exercice signée de Robert Ambelain.
En 1993 nomination de Désiré Arnéodo au poste de Grand Maître régional pour le sud et l’Outre Mer. Remise en mains propres des patentes d'exercice, rituels et historiques le 20 décembre 1993.
Après une période en Loge libre, nomination à la Grande maîtrise de la GLSREP en 2011.
Cette loge a désormais essaimée en plusieurs LL\ filles dont les « Écossais de Saint Jean » à l’O\ de Hyères, formant ainsi la base de la Grande Loge Symbolique travaillant au Rite Ecossais Primitif.