Comment à partir du compas et de l'équerre, retracer le chemin rayonnant de la Lumière?
Nous envisagerons dans une première partie le couple indissociable du compas et l'équerre (planche au 1er degré de notre F.°. J.°.P.°.C.°.). A partir de ce rappel nous aborderons l'effet rayonnant de cette superposition sur le "Volume de la loi sacrée", ou "Livre de sagesse" appelé la Bible.
COMPAS et ÉQUERRE
Pour le profane, le compas et l’équerre, sont des outils-instruments. Que ce soit pour prendre des mesures, dessiner des formes géométriques, ou faire du dessin industriel, nous les avons tous utilisés sur les bancs de l’école. Mais, si en effet, ces instruments servent à ces tâches, pour les Initiés, plus que des outils, ils représentent des symboles.
En quoi ces outils sont-ils symboliques et différents pour nous ?
Sans dissocier le compas de l’équerre, dans cette planche, je m’efforcerai de donner leur sens symbolique, en démontrant leur capacité à associer la pensée et l'agir. Ce mariage d'un grand dessin et d'un noble travail aboutit à "former" l'Oeuvre". "L'Oeuvre" relate toujours la présence de l'esprit dans la matière.
Le compas
Que nous dit le Larousse : nom masculin du latin « compassare » qui veut dire mesurer.
Instrument de tracé ou de mesure composé de deux branches articulées, reliées par un axe à une extrémité.
Je rajouterai outil de précision. On peut s’en servir pour tracer des cercles, des demi- cercles, des points de repère, des segments, pour prendre et rapporter des mesures.
Au cours des siècles, le compas s’est modernisé.
Il existe plusieurs modèles de compas ; ils sont classés en fonction de deux critères : leurs caractéristiques de conception (compas à charnière, à ressort) ou leurs utilisations (compas d’intérieur, d’épaisseur, etc.).
À travers les âges et historiquement, il fut un instrument de calcul, utilisé par un grand nombre de professionnels : architectes, savants, astrologues, ou mathématiciens.
De l’antiquité détenu par les Sumériens, puis transmis aux Égyptiens, il a traversé le Moyen Âge en passant par la Renaissance.
Pour se trouver de nos jours dans les ateliers pour bricoleurs ou professionnels et sur la table du Vénérable pour les Initiés.
Nous détenons donc un outil qui aurait plus de 3500 ans.
C’est un instrument de calcul et de mesure, précurseur de la règle à calcul et de toutes les méthodes de calcul fondées sur l’analogie géométrique.
On le trouve sur des sculptures, des tableaux, et même dans le tarot de Marseille il figure sur le sautoir que porte l’impératrice
Il peut- être représenté sur un drapeau, et également sur le blason d’une ville, comme celui de Rieumes, en Haute-Garonne.
Le compas a une forte symbolique dans la notion de Grand Architecte de l’Univers.
Le Grand Architecte de l’Univers est Dieu. On le considère comme une force créatrice ; et il est l’ordonnateur de l’Univers, du Chaos.
Nous trouvons aussi le compas dans l’arbre cabalistique qui illustre un peu la compréhension de l’ouverture du compas, de la transformation de l’homme esprit par l’intermédiaire des émanations invisibles de la structure matrice de l’homme divin.
Sur cet arbre, nous avons dix cercles représentant les émanations de Dieu.
Mais pour passer d’un monde à l’autre, le compas est indispensable pour l’ouverture de l’esprit à travers les émanations.
Nous avons aussi l’expression « avoir un compas dans l’œil » qui représente symboliquement l’esprit de calcul .
Le compas nous donne l’ouverture et l’écartement à adopter, que ce soit pour la direction intellectuelle, la droiture, la tempérance, et la façon de porter un jugement.
Son idée n’étant pas palpable, l’effort ne peut venir que du Franc- Maçon pour le ressenti de l’ouverture.
Souvenez-vous lors de votre initiation, nous l’avons utilisé, la pointe sur la mamelle gauche.
Le compas nous permet de prendre du volume entre les dimensions métaphysiques !
De la pointe d’une branche dans la matière à l’autre dans le psychisme, il permet comme le voyage astral d’être matière et émanation, de pouvoir marcher avec proportion, avec un pas droit et mesuré.
À partir de la matière, nous pouvons atteindre le spirituel.
Le compas est variable, modulable ; il ne reste pas figé ; nous pouvons améliorer à tout moment l’ouverture.
Une ouverture qui se fait à 45°, 60°, 90°, selon les grades. Il peut aussi être ouvert à 180° mais à ce niveau, il n’est plus fonctionnel.
Il peut aussi devenir équerre. À 45° sa liberté créatrice surplombe la matière qui est non évolutive et qui engendre la non-création de notre émanation spirituelle perçue par les mondes pour lesquels la perception ne peut pas se faire.
Le compas est donc indispensable pour l’équilibre évolutif dans la progression maçonnique.
L’équerre
Son nom vient du latin « exquadrare » qui signifie « rendre carré » et tout particulièrement « équarrir ». Elle est l’union d’une ligne horizontale et d’une ligne verticale.
Une équerre est un objet, plus précisément un outil qui nous permet de définir un angle droit (90°). Les architectes, les mathématiciens, s’en servent pour tracer des figures géométriques ; elle est également utilisée par les travailleurs du bois et de la pierre.
L’équerre, dans son principe, en tant qu’objet, est présente en tout et pour tout ; elle est indispensable à l’homme pour tout type de fabrication ; rien ne se fait sans elle.
Sauf exception pour certaines constructions, comme les murs cyclopéens de la civilisation mycénienne non soumis à l’équerre, ou comme au Moyen Âge pour l’édification des murs de pierre non cubiques, mais grossièrement façonnés au biseau par les bâtisseurs.
Par ailleurs, il suffit de regarder notre paysage urbain pour constater que les murs de soutènement de nos tranchées ferroviaires sont assez souvent faits de moellons non équarris.
Plus près de nous, on l’utilise pour faire les murets de pierres sèches de nos jardins, les murs de soutènement de nos cultures en terrasses.
Elle a permis l’élaboration du théorème de Pythagore.
En Égypte, sur la tombe de l’architecte Sennedjem, il est indiqué que le Dieu de la lumière Rê-Horakhty-Atoum et le Dieu des artisans Ptah sont tous deux des maîtres au sujet de l’équerre. Elle est également l’emblème de la déesse égyptienne Maôt.
Dans l’histoire, elle est présente à l’époque des Sumériens, grands mathématiciens et astronomes, premiers bâtisseurs en dur de notre civilisation.
Ils ont hérité d’une connaissance que certains considèrent divine, extraterrestre, ou humaine.
Dans le temple maçonnique, l’équerre est le symbole le plus présent.
Elle se trouve principalement à l’est du temple (à l’Orient).
Elle est représentée sur le tableau de la Loge et apparaît sur le Pavé mosaïque.
Les trois Grands Piliers forment aussi une équerre.
L’équerre désigne la fonction du Vénérable Maître.
Elle est suspendue à son sautoir.
Elle nous fait penser à la droiture.
Elle est placée sur le compas à ouverture lors des travaux au grade d’apprenti, car la matière domine l’esprit en travaillant la matière.
L’équerre est l’union d’une ligne horizontale et d’une ligne verticale représentant le ciel et la terre.
Le croisement de ces plans horizontal et vertical, par l’angle que fait la terre avec le ciel, est un passage.
Cet angle droit est obligatoire et symbolise une ouverture dans un champ magnétique nous faisant transiter entre la pesanteur et la gravitation. Ce qui nous place entre deux dimensions : physique et spirituelle.
J’avais le genou droit sur une équerre lors de mon initiation, car j’étais en rapport avec la matière.
L’équerre est présente dans toutes les postures du Frère aux différents grades. Son pied, son coude, son pouce, ses doigts, son corps tout entier, sont mis à contribution pour incarner l’équerre passage obligatoire pour le cheminement de la transformation de l’homme.
conclusion
L’équerre et le compas sont le langage sacré. On ne peut rien faire sans la compréhension et l’application de son symbolisme.
L’équerre et le compas sont aussi des moyens de communication avec le Divin.
En ayant les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, nous pouvons ressentir les émanations de ces deux objets.
Nous devons modifier notre sang provenant du monde profane et le transformer en sang maçonnique par l’intermédiaire de ces émanations.
JEA.°. PAS.°. CAS.°. R.°.L.°." La lumière Ecossaise"
L’équerre le compas et la Bible. Vers le principe rayonnant
L’équerre et le compas sont posés sur la Bible au REP aussi bien à l’autel du Vénérable que sur le tableau de loge. Dans une association permanente, ils ne sont pas dissociés au grade d’apprenti. Ce couple symbolique est synonyme de la communion de l’esprit pour le compas et de la matière pour l’équerre. Cette communion ne rayonne que par le Livre. Autrement dit, l’étendue des connaissances du Livre doit être limitée, mesurée et bornée par l’ouverture du compas. La rationalité de l’équerre s’associe à l’intuition mesurée du compas. C’est une indication sur la manière dont le maçon doit pratiquer la lecture de ce livre de Sagesse. Il posera sa réflexion entre l’équerre de la raison et le compas mesuré de l’esprit. Il contiendra sa pensée entre les deux branches du compas, lui évitant tous les excès propres aux dogmatismes.
L’équerre est le symbole de l’art du franc maçon. Il ne peut y avoir de progrès dans le passage de la pierre brute à la pierre taillée sans le contrôle de l’équerre. Ce contrôle est l’expression d’une rationalité portée jusqu’à la perfection C’est le sens du bijou porté par le Maître de Loge. Ce dernier a pour mission de former des maçons épris de perfection. La transformation de soi oblige à une discipline parfois laborieuse. La mesure des progrès accomplis ne vaut que pour soi-même. L’intersection des deux branches de l’équerre est un point de rassemblement de deux directions différentes, vestige d’une abscisse et d’une ordonnée originelle[1]. Quatre équerres forment un carré symbole de la terre, si nous inversons les équerres nous obtenons une croix. Chaque angle est la projection du centre du carré. Donc chaque carré est le développement d’une croix formant abscisse est ordonnée d’une source originelle. Le centre fondateur du carré se retrouve décliné dans l’angle de chaque équerre.
Le compas relie un centre fondateur et ontologique à une périphérie manifestée appelée cercle. Le compas relie notre actualité à l’unité des origines. Comme pour l’équerre nous retrouvons un centre et son expression directe ; mais aussi un point d’intersection entre les deux branches du compas qui rend constante l’expression du centre par le rayon. Le rayonnement du centre est le Logos et le Verbe de la Genèse. On notera qu’au premier degré où le carré domine le cercle, l’angle du carré n’est pas l’expression rayonnée du centre du cercle.
On comprend que les trois symboles appelés les « trois grandes lumières » à certains rites vont servir de base méthodologique pour lire et interpréter le tableau, diagramme synthétique de la création-manifestation. Tout remonte à la parole où au verbe transcrit en langage sacré à l’origine et que nous devons épeler avant de lire.
Au 1er degré l’équerre domine le compas, c'est-à-dire que la matière domine l’esprit. L’apprenti ne peut percevoir l’étendue de ses possibilités. Il doit s’en remettre au second surveillant qui guide ses pas dans l’univers des symboles. Son comportement doit être droit et sincère.
Au 2eme degré l’équerre et le compas sont entrelacés. Les deux principes s’équilibrent. Le compagnon commence à percevoir un sens à ce qu’il fait, les zones d’ombre sont moins nombreuses, son autonomie est plus affirmée. Il comprend le sens du travail et son discernement s’affirme. Les zones d’intersection du cercle et du carré tendent vers une quadrature impossible du cercle.
Au 3eme degré l’équerre est dominée par le compas, ce qui veut dire que l’esprit survole ou s'échappe de la matière. Plus qu’une domination de la matière par l’esprit, c’est de transcendance dans l’action qui s’impose. Il s’agit toujours d’un travail sur la matière, mais dont le sens échappe à la pesanteur obscure de celle-ci. On remarque que le rayon du cercle correspond à la projection du centre du cercle avec l’angle de l’équerre.
Contrairement à d’autres rites qui ont délaissé la Bible jugée trop religieuse, nous l’avons conservé comme un livre sacré ou livre de sagesse universelle. À ce titre, l’aspect religieux peut être dépassé dans un sens œcuménique faisant ainsi une place au libre arbitre. Cependant ce livre sacré présuppose l’existence d’une force, d’une entité considérée sacrée, à l’origine du Tout sans la nommer religieusement. L’élégance de nos aînés au XVIIIe siècle est d’avoir synthétisé ce concept sous l’intitulé Grand Architecte de l’Univers. Les trois éléments ainsi disposés constituent dans la plupart des rites les trois grandes lumières de la loge. Au REP il s’agit indiscutablement de lumières qui "éclairent" notre pensée symbolique, les grandes lumières restant celles de nos glorieux anciens à savoir le Soleil, la Lune et le maître de loge.
On remarquera la correspondance frappante entre la figure bible, équerre compas et l’hexagramme et le nom ineffable. La bible est Écriture sainte de même que le nom ineffable.
La première figure est relative aux instruments qui permettent de concevoir la totalité unitaire de la seconde. On perçoit une démarche axiale d’élévation qui est la suivante : l’intersection des deux branches de l’équerre réunit les deux directions manifestées en un point unique, de même l’œil ou la rotule du compas unit par ces deux branches le point ontologique unique et immatériel du centre à la manifestation représentée par le cercle. Ces deux points de rencontre se rejoignent dans un même axe reliant le haut et le bas. L’hexagramme est la figure par excellence qui annonce l’analogie entre le haut et le bas. L’intersection est ici le centre des deux triangles montant et descendant représentés par un centre ontologique. Ce centre est ici nommé en langage sacré. Sa lecture réservée est donc l’apanage du verbe créateur.
L’alignement ainsi formé dans la correspondance des deux figures représente l’axe de la lumière que suivra l’apprenti.
Nous conclurons en précisant que l’équerre et le compas sur la Bible organisent un cheminement progressif vers le centre qui régénère, symboliquement situé entre l’équerre et le compas.
[1] Les deux branches de l’équerre peuvent être égales comme figurées au tableau de loge ou inégales comme le bijou porté par le Vénérable Maître. Les branches sont dans les rapports 3 et 4 qui permettent de découvrir une mesure cachée qui sera étudiée au grade suivant.