2°) La Lumière du Debhir
Ternarité de la Lumière, et l’œil de l’esprit
Si le paradoxe du binaire est affirmé dans le Hékal dans le but de faire surgir le ternaire, il en est de même à l’Orient. L’équerre du maître de loge ne comprend que deux branches.
L’hypoténuse est absente en apparence bien que présente virtuellement. Elle relie les extrémités de l’équerre, tel est son rôle. Elle n’existe qu’au prix d’un effort mental, et qu’en fonction de la présence réelle des deux autres branches. Elle unifie des trajectoires et des longueurs différentes sans pour autant en être une synthèse. Elle « est » et sa visibilité est intérieure. Tel est le sens du ternaire au Debhir.
Être au-delà de l’apparence c’est le dessillement du regard dans le Hékal. Être sans apparence c’est la vision totale au Débhir.
Pour cet exercice c’est la lumière qui favorise ce discernement.
Trois fenêtres éclairent les travaux.
Une se situe à l’Orient, une au Midi et enfin la troisième à l’Occident. Cette vision est celle que l’on peut avoir à partir du Hékal. Cette disposition judicieuse nous rappelle le caractère cyclique de la course du soleil qui rythme le temps du travail, de la prière et de la famille. Au-delà de l’aspect cyclique et laborieux de l’éclairage des colonnes, on remarquera que les travaux se déroulent de midi à minuit. Ces deux limites sont les deux temps frontière de la symbolique du renversement du sablier. Ils sont traditionnellement marqués par la Saint-Jean d’Été et d’Hiver. Le cycle implique le renversement sur les deux plans fondamentaux de la symbolique métaphysique, le plan microcosmique et le plan macrocosmique.
Le renversement autorise le changement de plan et donc de point de vue, tout en restant sur le même axe fondamental, celui qui relie le haut et le bas.
Il convient d’en tirer une signification plus profonde qui implique une vision à partir du Debhir.
Il y a la lumière horizontale qui naît à l’Orient et qui fait naître l’ombre et l’univers des formes. La lumière verticale, plus forte au midi, qui absorbe l’ombre et indistinct les formes, et enfin cette lumière disparue du couchant, qui quitte l’univers des vivants, ce que les francs-maçons appellent l’Orient éternel.
Voir la lumière est le but de l’initiation au premier degré. Il faut la percevoir sous ces trois aspects, celui des formes, celui sans formes et enfin au-delà du visible.
Il est convenu dans tous les rites que la lumière vient de l’Orient ce qui explique l’orientation et l’organisation cosmogonique du Temple.
On dit dans la plupart des rites qu’il y a trois lumières.
Dans les rituels francisés, installés par les loges Jacobites dès 1688, les trois lumières sont le Maître de loge, le Soleil et la Lune installée au Debhir marquant une hiérarchisation entre le Saint et le Saint des Saints. C’est une véritable voie initiatique ascensionnelle qui est ainsi soulignée partant du Hékal vers le Debhir. La Bible est seulement accessible au Maître de Loge intercesseur, dont la lecture illumine les colonnes. Les apprentis, compagnons et maîtres ont appris qu’il fallait lire la Bible autrement, lorsqu’ils ont prêté serment les yeux bandés. L’oblitération de la vue développe « l’œil de l’esprit », c'est-à-dire cette nouvelle représentation mentale des sons et des images. L’activation d’autres facultés cérébrales oubliées dans la vie profane est de première importance pour saisir l’impact de cette lumière.
Dans les rituels anglais d’esprit orangiste au milieu du XVIIIe siècle, les trois grandes lumières sont l’Équerre, le Compas et la Bible ou du VLS, ouvrant la tolérance interprétative face à la vérité révélée d’un catholicisme rigoureux ; la Bible n’est plus sur l’autel du Vénérable, mais sur l’autel des serments dans le Hékal même et donc accessible aux ouvriers.
Nous n’aurions aucun mal à faire correspondre la triade continentale d’essence catholique opérative (très proche des anciens devoirs) et la triade anglaise plus abstraite. Les deux triades sont indissociables. On peut faire correspondre le Maître de loge mis pour le Christ et élément primordial, au livre fondateur sacré représenté par la Bible, le soleil par son côté actif à l’aune de la raison est l’équivalent du compas et la lune connue pour sa passivité intuitive est associée à l’équerre. S’agissant du Maître de loge, au-delà du voile des symboles, est la représentation du Christ flanqué du Soleil et de la Lune.
La remontée abstraite de la triade anglaise autorise un élargissement métaphysique de l’interprétation. Les rituels continentaux hérités des jacobites catholiques, infèrent les trois lumières traditionnellement représentées sur les tympans des cathédrales ou des églises, alors que les Anglais sous la poussée protestante et presbytérienne font abstraction du corps du Christ pour laisser place aux outils de la création, l’équerre et le compas et à l’interprétation directe de la Bible.
Dans les rituels contemporains, cette différence interprétative entre grandes lumières et lumières simples s’est estompée. L’enjeu politico-religieux a disparu face à un œcuménisme pacifié.
Pourquoi cette répartition ternaire dans l’affectation de la lumière ?
Il existerait différentes déclinaisons de la lumière en rapport direct avec l’objet à laquelle elle se rapporte. La dualité apparente du premier grade, la synthèse axiale du deuxième grade et enfin la vision du tout unitaire du troisième grade.
La lumière source et différenciation binaire :
La première perception de la lumière se déroule dans le rituel d’initiation et se perpétue à la réouverture des travaux de la loge. L’apprenti voit cette lumière initiatique pour la première fois et à chaque tenue. Il y a donc un commencement appelé « source » et des recommencements appelés « cycles ». La manifestation de la lumière se fait contre les ténèbres dans une série de successions permanentes. Le jour succède à la nuit de manière perpétuelle, tout objet éclairé à son ombre, c’est l’enseignement de l’allumage des feux en loge.
La lumière suivant les rituels, vient souvent des parvis et entre en loge. Le monde extérieur dit profane est imprégné de cette lumière illuminatrice, qui se présente comme un bruit de fond, mais seuls les initiés en perçoivent la source. Il faut quérir cette lumière originelle et la ramener dans l’enceinte sacrée pour rejouer l’introduction du prologue de Jean.
La lumière « source » provient de la description qui en est faite au prologue de l’Évangile selon saint Jean. Elle semble être la déclinaison dans la sphère humaine de la Parole divine à l’origine du tout.
La Lumière qui en découle est la Vie et s’impose face aux ténèbres. Ici la Lumière est le témoignage de la Parole divine qui est aussi le Verbe [1]:
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Elle était au commencement avec Dieu.
Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle.
En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.
Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean.
Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.
Il n'était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière.
Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. »
C’est la lumière qui permet de voir la concrétude de notre environnement et plus encore. C’est la lumière du maître de loge qui éclaire nos travaux.
Celle-ci a trait au jour et à la nuit en rapport avec le couple Soleil et Lune à l’Orient, mais aussi les cases noires et blanches du pavé mosaïque. On a vu précédemment que la différenciation n’était pas une création, mais un ordonnancement d’une source primaire universelle. Certains appellent cette source primaire une « materia prima », sans forme qui se trouva organisée et hiérarchisés sur la base du principe « Ordo ab chaos ». Donc la forme et la matière différenciées ont une source commune.
Pour simplifier, on peut assimiler cette organisation à une dualité apparente comme le jour et la nuit, comme le bien et le mal, comme les quatre éléments, les mers, les continents, les montagnes, la terre, bref tout ce qui nous semble différencié, mais qui en vérité provient d’une source unique. La lumière des hommes éclaire la différenciation et donne une apparente dualité. Le jour et la nuit se succèdent, c’est le point de vue cyclique qui explique ce monde.
C’est l’inventaire des éléments recomposés qui le caractérise, en quelque sorte, cette lumière est celle que doit percevoir l’apprenti, faite de dualité et de cycle.
Le vénérable maître préside aux travaux de la loge, au même titre que le soleil préside au jour et la lune à la nuit. Cette triade est indissociable. Il est l’ordonnateur de la loge et joue le rôle de démiurge, porteur de lumière lorsqu’il recrée le monde dans sa loge. L’imago Mundi est réordonnée au bout de son épée flamboyante. C’est ce rayon de lumière qui irrigue les colonnes. Ce travail de différentiation est à l’égal des six jours de la Genèse, et repose sur le cycle solaire renouvelé du soir et du matin dans l’évangile, là ou l’ombre et la plus longue, et de midi à minuit dans les rituels là ou l’ombre est totale ou absente. Il y a donc deux points de vue, l’un horizontal, l’autre vertical et axial.
La différenciatio
n est très bien décrite dans la Genèse de l’Évangile.
Les six jours de la différentiation sont :
« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
Dieu dit : que la lumière soit! Et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres.
Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour.
Dieu dit : qu'il y ait une étendue entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux.
Et Dieu fit l'étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l'étendue d'avec les eaux qui sont au-dessus de l'étendue. Et cela fut ainsi.
Dieu appela l'étendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le second jour.
Dieu dit : que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi.
Dieu appela le sec terre, et il appela l'amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon.
Puis Dieu dit : que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi.
La terre produisit de la verdure, de l'herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le troisième jour.
Dieu dit : Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit ; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années ;
et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi.
Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour et le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles.
Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon.
Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le quatrième jour.
Dieu dit : que les eaux produisent en abondance des animaux vivants, et que des oiseaux volent sur la terre vers l'étendue du ciel.
Dieu créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent et que les eaux produisirent en abondance selon leur espèce ; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon.
Dieu les bénit, en disant : Soyez féconds, multipliez et remplissez les eaux des mers ; et que les oiseaux multiplient sur la terre.
Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le cinquième jour.
Dieu dit : que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi.
Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.
Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.
Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
Et Dieu dit : Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture.
Et à tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et cela fut ainsi.
Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour. »
La lumière axiale :
De la différentiation par l’action de la lumière (Logos) et la mise en place des cycles dans la matière, nous pouvons enfin concevoir la bipolarité des apparences. La bipolarité nous ramène par synthèse au corps principal. Ainsi le Soleil et la Lune sont une seule et même entité, appelée système solaire, qui lui-même n’est, qu’un élément d’un plus vaste ensemble où il doit trouver son pendant polaire et ainsi de suite. L’homme microcosme est en rapport direct et ascendant avec l’homme macrocosme. Ce qui nous met sur la voie de cet axe sublime, c’est la disposition du Maître de Loge à l’Orient comme transmetteur de cette lumière axiale par son Épée flamboyante. L’épée est un axe, une reliance à plus haut. Il se tient entre le Soleil et la Lune indiquant par la même que l’axe microcosmique d’un système solaire ne peut suffire, il est une sous-représentation d’un tout bien plus ample.
Le couple Soleil-Lune n’est pas sans rapport avec le couple équerre-compas, c’est là que nous trouvons un rapport direct entre le système ancien, microcosmique des trois lumières de la loge et le système moderne macrocosmique aussi global qu’abstrait. Leur superposition nous fait remarquer un axe qui passe de l’angle de l’Équerre et qui monte jusqu'à l’œil du compas. Or le franc maçon se tient entre l’équerre et le compas à l’aplomb de cet axe.
Que signifie cet axe ? Que la lumière illuminatrice traverse tous les plans qui ne sont que des avatars d’une seule et même entité ; que l’apparence trouve sa limite de perception repoussée à l’infini dans un au-delà autrement plus conséquent et que la perception de cette totalité universelle est le but final du parcours initiatique. En effet une telle vision transforme l’individu, en métamorphosant sa perception du réel.
La Loge, en organisant le temple comme une réplique symbolique de l’univers, fait passer un fil à plomb à la verticale du centre du Hekal et du pavé mosaïque, démontrant que le système apparent est relié par un même axe à un système plus ample qui l’intègre et le dépasse et ainsi de suite. La lumière vient de l’Orient dans notre système de perception, mais symboliquement elle se transmet par l’épée flamboyante du vénérable qui est en relation avec cet axe universel que l’on voit représenté par la lettre G au centre du pentagramme et de l’hexagramme. Ceci indique que le microcosme et le macrocosme se superposent traversés par le même axe illuminateur. Se mettre à l’intersection du plan représentatif de notre monde et à l’aplomb de cet axe permet d’être au centre de soi et du monde.
Par son avancement, cette vision est réservée au compagnon qui tente de finir son parcours dans la matière. La verticalité symbolique est sa destinée, car il se tient entre la perpendiculaire et le niveau.
La lumière loi universelle, l’unité constitutionnelle
Le principe ternaire en loge semble donc lié à une lumière « illuminatrice ». La superposition de l’équerre et du compas se fait sur la Bible pour les anciens ou sur tout livre considéré comme sacré. C’est donc le sens de l’écriture sacrée qui irradie le symbolisme de la superposition de la matière et de l’esprit, de la terre et du ciel. Cette irradiation vient d’un ailleurs fondateur de différenciateur de toutes choses. Cette origine, cette ontologie sont expliquées par le sens ésotérique de l’écrit sacré. Cet écrit par sa nature explicative est la « règle universelle » sans laquelle rien ne peut être bâti.
Dans l’Art Royal il ne peut y avoir de construction sans plan élaboré sur la planche à tracer des maîtres. La planche à tracer a pour fonction de faire passer le plan de la deuxième dimension à la troisième, donnant l’aspect réel à la conception abstraite.
Il ne peut y avoir monde, quelle que soit sa dimension, sans loi de construction. Cette loi est commune à tous les mondes, elle est règle universelle et constitutionnelle.
Comment la loi de construction devient lumière ?
La loi-lumière se révèle à nos yeux et à notre entendement simplement parce que nous sommes en mesure de la concevoir. Si tel n’était pas le cas, nous serions probablement ramenés au niveau du règne animal, avec le degré de conscience correspondant. Cette aptitude à la transcendance est prise en compte au plan symbolique dans les loges maçonniques, mais elle n’est pas toujours expliquée.
Ces notions métaphysiques n’impliquent nullement une croyance, encore que cet état ne soit pas un handicap, bien au contraire.
À l’inverse peut-on être un franc maçon et ne pas envisager de loi universelle ?
Cela nous semble difficile. L’équerre et le compas même superposés et entrelacés perdent leurs sens symboliques s’ils ne sont pas les instruments d’un architecte appliquant une règle. Tant et si bien que dans l’élan le plus désacralisateur que la franc-maçonnerie laïque ait pu connaître, la suppression de la Bible ou du VLS, s’est traduite par la mise en place de la règle support de l’équerre et du compas. On a ainsi confirmé l’existence d’une règle ordonnatrice universelle à toute construction et donc à chaque monde.
Cette transcendance axiale, aboutissement ternaire par excellence, nous permet de traverser des couches successives représentatives de mondes dont la différenciation s’opère sur des modalités différentes pour, au final, atteindre un centre ultime, le centre de tous les centres. En loge, cette explication ultime est perçue par le centre ontologique de la loge représenté par le G de l’étoile. Il est inatteignable au premier degré, il se perçoit au second degré et il est enfin croisé au troisième degré. Géographiquement, on peut le situer dans le Hékal de la loge à l’intersection entre l’axis Mundi du fil à plomb qui descend de l'étoile Polaire de la voie lactée et qui croise le plan manifesté de la loge, représenté par le pavé mosaïque.
Personne ne peut marcher sur ce pavé et donc croiser ce fameux axe fondateur. Il faut passer des petits mystères aux grands mystères pour en avoir la révélation. C’est en effet en survolant le pavé mosaïque que le jeune maître croise l’axe. Il quitte un état pour atteindre un autre état. Cet « envol » exprime la dissociation de l’esprit et du corps et l’accès à une forme d’impermanence en rapport direct avec cette source initiale.
La représentation de ce centre est donnée par la croix tridimensionnelle dont le centre rayonnant est à l’origine du tout. C’est le point où tout prend naissance et où tout converge. Le centre devient le Principe.
Voir la lumière veut dire concevoir ce centre ontologique. C’est ici l’aboutissement du principe ternaire en loge.
Conclusion :
En fonction du grade et de notre progression sur le chemin de l’initiation, la lumière se révèle progressivement.
Il faut toujours se poser la question : d’où vient la lumière ?
Il faut toujours faire le rapprochement entre la lumière extérieure, la lumière intérieure et la lumière illuminatrice.
Le ternaire de la loge vient abonder l’explication ésotérique de la lumière. Cette dernière ne peut être saisie au premier coup d’œil. Cette imprégnation de l’esprit fait naître la conscience du tout unitaire dont la lumière n’est qu’une expression. Le ternaire a cet avantage de nous ramener à l’unité principielle. Le ternaire révèle à nos yeux l’unité fondatrice en nous sortant d’une dualité manichéenne que nous considérons comme l’impasse existentielle par nature.
Le franc-maçon s’exerce à unir les contraires et à observer les complémentaires. Seule cette synthèse salvatrice du ternaire permet notre progression initiatique.
E\R\
[1] Nous donnons ici la traduction avec le mot Parole plutôt que Verbe pour faire référence au système maçonnique de la Parole perdue.