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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 00:00

La première partie, propose une présentation générale de la truelle, avec une interprétation symbolique originale qui reprend le dispositif des lumières d’ordres au Rite Ecossais Primitif. Une seconde partie fera l’exposé du symbolisme de la truelle dans la réalisation descendante du franc-maçon, soit une manière nouvelle d’exposer la gloire au travail.

 

 La truelle opérative

Cet outil est une sorte de petite pelle à main. Il en existe aujourd’hui de différentes sortes (carrée, à bout arrondi, brettée, langue de chat, …),mais pour cette planche, je vais me limiter à l’étude de la truelle « standard » (la plus commune) qui est composée d’une lame triangulaire en métal (aujourd’hui en inox) et d’un manche de fer recourbé se terminant par une poignée en bois. Elle fut inventée au début du XVème siècle par un maçon du nom de Clément Arrieux.

La truelle est l’un des outils principaux que le maçon opératif utilise dans son travail quotidien. Nous pouvons dire que la truelle est l’outil emblématique associé au maçon. En effet, si nous voulons représenter sur un croquis un maçon, il suffit de dessiner un homme en salopette avec une truelle à la main. Le maçon contemporain, dans ses travaux, l’utilise pour divers usages. Je vais essayer de développer, de manière succincte, ses deux principales utilisations.

·         Maçonner les murs : poser et unir la pierre dans un ensemble.

Le maçon l’utilise comme une petite pelle pour prendre le mortier dans l’auge et l’étaler sur le parpaing (ou la brique, la pierre, …) qui doit être scellé (cimenté) avec un autre. Ensuite, il utilise le flanc tranchant de la truelle pour enlever le trop de mortier au niveau des joints et les lisses grâce à sa partie plane.

  

·         Enduire les murs : consolider et harmoniser l’ensemble.

Le maçon utilise la truelle à nouveau comme une petite pelle pour prendre le mortier, mais cette fois-ci afin de l’étaler sur la paroi à enduire, il projette le mortier grâce à la truelle en faisant énergiquement un geste rotatif du poigné. Ce geste très technique n’est pas à la portée d’un novice sans expérience, car la difficulté est de réussir à ce que tout le mortier reste collé sur la paroi verticale du mur de manière étalée et homogène. Pour cela, il faut que pendant la rotation du poignet qu'il y ait en même temps un mouvement du bras (de bas en haut) qui permette à ce que le mortier s’étale correctement sur le mur tout en restant accroché au mur à enduire. La projection de la forme à parfaire se fait en pensée et en acte.

Le maçon utilise également la truelle pour divers autres usages comme lisser le mortier, gâcher le mortier, racler, nettoyer, ouvrir les sacs de ciment, …. La truelle, comme le maillet, le ciseau, le fil à plomb, le niveau, l’équerre, le mètre (la règle) sont les outils indispensables pour tous les maçons opératifs.

Nous ne pouvons pas décrire la truelle sans évoquer de manière plus détaillée le mortier. L’un ne va pas sans l’autre comme je l’ai déjà indiqué un peu plus haut dans cette planche (maçonner et enduire les murs). Le mortier est une matière molle qui sert d’une part à cimenter, à unir plusieurs blocs (constituant le mur) et d’autre part à enduire, à harmoniser la paroi du mur que l’on souhaite embellir. Le mortier est généralement composé de trois doses de sable pour une dose de ciment et une dose d’eau.

   Le triangle opérant

La truelle, au R.E.P.,  n’est pas représentée sur le tableau de loge du premier degré. On la retrouve au deuxième degré au grade de compagnon. Sans dévoiler le tableau de loge du second degré, la truelle y est schématisée et positionnée comme la figure ci-dessous :  

truelle.jpg
Si nous observons attentivement cette figure, nous pouvons dire que ; d’une part, la truelle est composée d’un triangle (lame) et d’un éclair (poignée) ; et d’autre part, la truelle est dirigée vers le bas.

L’éclair

La poignée de la truelle représente un éclair. L’éclair symbolise l’étincelle de la vie qui vient du Divin, du Céleste. L’éclair est un signe de puissance et de force qui manifeste une énergie. D’un point de vue spirituel, il produit une lumière intérieure, une révélation en soi provenant d’en haut. On peut ainsi dire que l’éclair représente la volonté agissante de l’esprit.

Le triangle

La lame de la truelle représente un triangle, ce qui nous ramène au ternaire, à la tri-unité. Nous avons tous été initiés sur la base de la « ternarité ». En effet, dès le cabinet de réflexion pour l’impétrant (le soufre, le mercure et le sel) ; en passant par l’initiation avec les trois voyages  (air, eau et feu) ; ou avec les trois pas de l’apprenti ; etc. …                                     

 Dans la loge, au 1er degré, le ternaire est omniprésent aussi bien au Debhir (le Soleil, la lune et le Maître de Loge) qu’au Hékal avec les trois colonnettes (Sagesse, Beauté et Force). Attardons-nous un peu sur les trois flambeaux. Au R.E.P., nous trouvons la Sagesse, ensuite la Beauté et la Force. Leur emplacement autour du carré long (trois points) représente un triangle et son centre se trouve dans l’axe vertical de la voûte étoilée, l’Axis Mundi (fil à plomb). C'est dans le Hékal en fonction de ces trois vertues que doit opérer la truelle.

truelle-1.jpg 

Si à partir de cet axe vertical (axis mundi), nous faisons tourner le triangle d’un quart de tour dans le sens horaire, nous retrouvons la position du triangle représentant la truelle avec la pointe vers le bas (comme on la trouve sur le tableau de loge du Compagnon). Alors, nous avons en premier la Force, ensuite la Sagesse et la Beauté.

truelle-2.jpg 

Le triangle ainsi représenté (avec la pointe orientée vers le bas) symbolise, entre autres, l’eau, ce qui m’amène à réfléchir sur le mortier. Mais juste avant, nous pouvons remarquer que si conjuguons le triangle du Hékal (pointe vers le bas) avec celui du Debhir (pointe vers le haut symbolisant le feu) nous obtenons un hexagramme (l’étoile à 6 branches).  

 

Le mortier

Comme je l’ai évoqué dans la première partie de cette planche, le mortier est étroitement associé à la truelle. Ce mortier maçonnique serait donc le « liant » qui unit tous les francs-maçons. Mais de quoi est-il composé ? Le mortier du maçon opératif se compose de trois doses de sable, d’une dose de ciment et d’une dose d’eau. Si nous additionnons le nombre de doses, nous avons cinq doses pour obtenir ce mortier idéal. Étant donné que nous sommes au 1er degré, je ne développerais pas plus sur ce thème, mais seulement je note que, dans plusieurs rites et notamment au R.E.R.,  le Compagnon reçoit la truelle à l’issue du cinquième et dernier voyage.  Le sable serait donc la Force (le travail de l’homme) provenant de la terre, le ciment serait la Sagesse (l’esprit de fraternité) provenant du céleste et l’eau serait la Beauté (l’harmonie de l’âme). On retrouve ainsi dans l’ordre les 3 points que représentent les colonnettes pour former le triangle de la truelle dirigé vers le bas : Force, Sagesse et Beauté.   

 

Le symbolisme de la truelle

À ce stade de ma réflexion, je peux dire que la truelle est un outil symbole très important, un outil de fraternité, qui sert à unir, à lisser et à consolider, donc à parfaire l’œuvre. La truelle associée au mortier permet au Maçon Compagnon, qui sait correctement la manier, de faire le joint avec tous ses Frères afin de terminer son chantier de Compagnon. Elle permet d’unir chaque pierre cubique pour atteindre l’unité (fusion), et ce, malgré les particularités de chacun d’entre nous. En effet, aucune pierre cubique n’est identique ou parfaite, elles ont toutes quelques différences et la truelle permet également de lisser les joints et d’atténuer les aspérités, les imperfections de l’ouvrage, dans un souci d’harmonie et de cohérence. La truelle atténue la différence de chaque pierre (notion de tolérance), mais elle doit servir pour l’œuvre commune et dans l’intérêt général. Le mortier symbolise l’Amour Fraternel qui, à mon sens, est essentiel pour développer la tolérance, la bienveillance et l’altruisme. La truelle est une volonté agissante de l’esprit sur la matière qui laisse une main libre au Maçon (maillet et ciseau occupent les deux mains).   La truelle est l’outil par excellence qui permet d’achever l’œuvre, la truelle permet de réunir ce qui est épars et de parfaire l’ouvrage. La truelle symbolise également la réalisation descendante de l’esprit sur la matière. Avant de conclure, je souhaite aborder l’expression maçonnique « passer la truelle » qui signifie pardonner, c’est-à-dire passer une couche mortier sur les aspérités. 

 

 

Conclusion

La pierre brute que l’Apprenti taille grâce à son maillet et son ciseau est la représentation de son travail sur lui même. Quand ce premier chantier de l’apprenti est abouti, que sa pierre par son travail est devenue cubique, le Maçon devenu Compagnon peut passer à l’étape suivante, avec toujours la volonté agissante, qui consiste à se rapprocher des autres par l’assemblage de sa propre pierre avec celles de ses Frères Maçons afin de construire le temple. La truelle est le symbole de l’Amour Fraternel qui doit unir tous les maçons et le mortier est alors la fraternité universelle, le liant, qui unit tous les maçons entre eux.                              

 Alors pourquoi cet outil qui nous permet de faire le lien fraternel est si difficile à utiliser ?                                                                                                                                               À mon avis, afin que le liant soit efficace, il est nécessaire que le maçon soit déjà bien conscient du travail qui lui reste à faire, car son chantier ne sera jamais terminé puisque la sagesse n’est pas une fin en soi, mais elle est le début d’un long parcours qui doit permettre aux Francs- Maçons de suivre leur propre voie intellectuelle philosophique et spirituelle tout en acceptant celles de ses Frères.

Pour terminer ma planche, je me permets de donner une petite note légère concernant les agapes en vous disant (à l’ avance) à nos cuillères !

 

Pa :. Av :.

 

 

 

La truelle outil de la réalisation matérielle descendante dans l’état de perfection.

La réalisation matérielle descendante est appelée dans son aspect opératif « gloire au travail ». la gloire sur le fronton des cathédrales est un espace en intersection entre deux cercles, celui du centre ontologique, et celui du centre manifesté. le Christ en gloire appartient aux deux mondes le terrestre et le céleste. Donc la gloire au travail doit s'interpréter comme le travail dans la gloire. Nous travaillons à notre réalisation d'être total en regard du monde matériel et du monde spirituel .

Sans abandonner les généralités admises sur la signification du symbole associé à certains rites au 5ème voyage du compagnon, nous devons signaler que cet instrument est eu REP l’instrument du maître dans l’ennéade des outils, mais figure en bonne place au tableau de compagnon ; Il doit donc être étudié sous deux aspects, opératif et moral (1), puis conceptuel et métaphysique (2). Ces deux aspects emportent la notion de perfection.

 « La truelle symbolise la perfection, a pour vice l’erreur et pour vertu la réintégration c'est-à-dire la prise de conscience supérieure d’une complète totalité. » (Livre de l’apprenti au Rite Ecossais Primitif)

 

1)    Morale opérative de la truelle.

L’outil possède une vocation fraternelle et plaide pour l’universalité dans la différence. C’est l’union fraternelle dans la différence.

De l’individu à l’unité construite

Le franc-maçon taille sa propre pierre et tâche de l’insérer dans un grand ensemble fait de beauté et de sagesse. La beauté suppose l’harmonie de la construction, la Sagesse est l’épouse du Grand Architecte de l’Univers et prédispose à la communion avec le sacré.

Le tailleur envisage l’œuvre à accomplir comme une succession d’étapes : la pierre taillée s’insère dans le mur qui s’insère dans l’édifice entre terre et ciel. Les trois domaines correspondent à la maçonnerie graduelle du trait du plan et du volume que les pas des trois premiers degrés symbolisent.

Ces trois étapes graduelles, pierre, mur, édifice, sont un assemblage homogène d’unités hétérogènes. Il faut donc l’introduction d’un liant.

Au fur et à mesure que l’édifice est érigé, il prend corps et âme en fonction des plans, image de l’esprit, qui ont permis sa conception. En ce sens le maçon et l’architecte deviennent serviteurs d’un dessein supérieur ou chaque instrument et outil joue un rôle matériel et symbolique.

 

Deux approches et deux perfections.

 

La perfection porte sur l’acte matériel du "savoir-faire"  et sur l’attitude qui l’accompagne appelée  « savoir-être ». Le savoir-être emporte la notion union fraternelle et d’universalisme. Ce savoir-faire et ce savoir-être sont les fruits du travail méthodique et ritualisé du maçon, que l’on nomme sous l’expression « gloire au travail ».

Il existe deux approches en taille de pierre, celle qui précise que la taille de chacune est si parfaite qu'aucun joint n’est nécessaire, ce qui suppose une uniformité calibrée de chaque pierre. L’autre approche considère que chaque pierre taillée est unique est qu’un joint est nécessaire à l’unité de l’œuvre.

Le franc maçon spéculatif apprend à travailler la pierre de manière qu’aucune pierre ne puisse être laissée de côté au moment de son insertion dans le mur. La réalité de la taille est toute autre. Chaque pierre est différente, car elle est l’image indirecte de la personnalité de chaque tailleur de pierre. Cette variété des personnalités et des apprentissages enrichit la franc-maçonnerie. En s’éloignant de l’uniformité régimentaire d’une taille uniforme et strictement calibrée, il faut trouver un outil qui permette d’unir la diversité.

La diversité unie par la truelle donnera un sentiment de perfection à l’ensemble bâti. Cette perfection provient de la cohérence des joints entre les pierres. Ce joint est un mortier ou un ciment que la truelle étale sur le support. Enfin l’unité de l’œuvre s’impose au regard. Le joint absorbe la désunion des pierres et les différences de tailles.

 

Unir dans la matière, ou les prémices de la réalisation

Si l’unité architecturale est recherchée tant par son agencement que par sa parfaite adéquation avec son objet divin. Le Temple dessiné comme la maison de Dieu est une « réalisation » matérielle et spirituelle de l’homme. Le maçon comme l’architecte se réalisent en participant à l’œuvre divine. Celle-ci doit être finalisée par l’usage de l’outil qui unit et harmonise la construction.

Donc l’acte au départ opératif se teinte de spiritualité

Alors cette unité visuelle « esthétique » autorise la réintégration du centre spirituel des religions du livre.

 La truelle est représentée au second degré du REP sur le côté Nord du tableau et en parallèle on trouve sur le côté Midi une épée. Dans ce parallèle il est troublant de constater que si l’épée est montante vers l’Orient, la truelle est dessinée la pointe descendante vers l’Occident et au Nord. À l’évidence la truelle est un instrument qui se tient d’une main, donc nous conclurons que la deuxième main est disponible pour se saisir de l’épée. Nous avons pour le compagnon le dessin de sa future condition, un homme d’accord et d’union par la truelle tenue à main droite et un homme relié à l’Orient et à l’esprit par l’épée. Plus tard cette épée servira à défendre l’œuvre. Le lien à l’axe semble impliquer sa défense.

Symboliquement l’épée au Sud sert à se défendre d’ennemi venu d’une partie de l’univers extérieur éloigné du centre spirituel placé au Nord comme l'étoile qui centre symboliquement le Hékal.

La truelle se dit descendante afin d’appliquer à la matière l’influence axiale de l’esprit.

La réalisation descendante par la truelle est une affaire de mise en acte sur un plan matériel de la relation terre ciel. Cette relation se construit extérieurement et intérieurement dans chaque maçon. Il s’agit de produire dans la matière et par la forme parfaite, une image de l’esprit.

2)    Métaphysique de la truelle.

L’interprétation morale ne peut suffire au cherchant, nous pressentons que cet outil dessine une fonction particulière dans ce que j’appellerais la mise en âme de l’ouvrage. (pendant cardiaque de la mise en oeuvre materielle!)

La truelle est l’instrument opératif de la voie du milieu

Pavé mosaïque noir et blanc est la manifestation au cœur des ténèbres de l’étincelle  et sa descendance multiple. Ce pavé à des joints si parfaits qu’ils semblent  invisibles. La raison en est simple : suivant la Genèse, la lumière procède des ténèbres. La case blanche procède de la case noire, il n’y a pas de pièces rapportées. Tout provient d’une materia prima qui s’ordonne avec la forme née de la lumière. Le joint suggère la dévolution parentale.

Dans le noir informe de la materia prima apparaît la forme « éclairée ». Au terme de la taille et de l’assemblage la truelle va agir, elle participe d’un tout parfait. Cette perfection de la forme suivant les canons de sagesse d’harmonie et de force ne peut s’apprécier qu’à la lumière. L’ombre portée de la forme témoigne de la relation génétique de la lumière aux ténèbres (Ténèbres est ici utilisé pour son sens ontologique et métaphysique qui n’a aucune valeur négative, ne pas confondre avec "l’enfer" religieux des ténèbres.).

L’acte de plénitude est un accomplissement de soi en accord avec la source spirituelle ou lumineuse. Celle-ci se situant dans le plan supérieur, il est classique de la comparer à un éclair, un rayon lumineux ou un axe.

Donc la truelle est trinitaire en joignant dans une heureuse synthèse deux pierres différentes, justement posées et "de niveau" sur des fondations, entre terre et ciel. (Dessin formant les deux axes de la croix en partie superieure des fondations).

Ceci implique que l’initié passe par le stade du binaire d’une comparaison des contraires à l’unité d’une réalisation matérielle appelée ici réalisation descendante.

La descente est dénuée de toute connotation discriminante, car elle précède comme dans toute initiation une remontée. Au surplus faut-il rappeler que suivant les principes de correspondance, à la réalisation matérielle correspond un équivalent d’ordre spirituel. La franc-maçonnerie nous donne des exemples de réalisation descendante par les stades du cabinet de réflexion et des épreuves, par l’acronyme VITRIOL, par le travail persistant de la pierre pour bâtir graduellement le temple.

La truelle ne discrimine pas, elle se tient par le joint à égale distance de chaque pierre, et par l’enduit protège l’âme de chacune. Ainsi la truelle unit les différents centres de chaque pierre dans un centre commun à l’œuvre entière. La truelle fait l'apologie du centre.

La truelle finie la forme dans l’axe relationnel au divin

La truelle, la hache et la transpiration.

Les centres se superposent à l’infini. En dépassant le stade de chaque pierre pour en arriver à considérer l’unité de l’œuvre nous mettons en parallèle l’action de la truelle et l’action de la hache sur la pierre cubique à pointe. (Rappelons que la hache est tenue comme la truelle d'une main et reuni aussi deux outils dans une verticalité tranchante qui sont le maillet de la volnté agissante et le ciseau séparant le subtil de l'épais.)

 Cette dernière figure nous fait découvrir, par extériorisation, le centre caché de la pierre. La hache qui la surmonte veut la fendre signifier la descente de l’esprit ou de l’éclair au centre de la matière. Ainsi l’esprit prisonnier de la matière peut s’en échapper. Il y a bien corrélation entre l’assemblage des unités par la truelle et la présence en chacune d’elle d’un élément non matériel. Cette « spiritualisation » et cette « animation » de la matière contribuent à donner à la voie initiatique artisanale une dimension qui par l’expérience nous fait passer dans la dimension autre. La transpiration du tailleur de pierre est faite de sang, d’eau et de sel. (Corps, Âme, Esprit) c’est ainsi que les alchimistes considèrent que le sel inversé dans sa représentation descendante (triangle descendant surmonté d’une croix) est l’image de la respiration de la matière.

La hache de l’éclair fend la pierre au cœur. La truelle du rassemblement de ce qui semble épars dans une même œuvre. Les deux outils démiurgiques de l’âme et de l’esprit, nous démontrent l’interpénétration des trois entités qui sont : -  le corps matériel de la pierre participant à une totalité structurée,

-  une âme commune au façonnage démiurgique de la forme, somme de toutes les âmes des tailleurs de pierre,

- et enfin la relation axiale et spirituelle de l’ensemble bâtit fait de l’assemblage des parcelles lumineuses présentes en chaque pierre.

La truelle s’associe à l’âme, la hache à l’esprit, l’enduit à l’homme fait de terre et d’eau.

3)    L’espace démiurgique du maçon

Nous voyons que c’est dans le jointement que vivra l’œuvre. Cette attitude et ce travail diffèrent de la traditionnelle taille de la matière brute. Elle dépasse le surfaçage et le polissage d’un élément pour s’adresser à une universalité, soit un temple fait de pierre dont la fonction est de célébrer la lumière.

De la taille au façonnage démiurgique.

Si nous construisons Temple en nous même c’est que nous pouvons nous relier au principe. À ce compte ne sommes-nous pas détenteurs du pouvoir de créer la vie à l’égal du divin ?

C’est la lumière qui descend dans les profondeurs matérielles. Elle semble à la portée de ceux qui savent manier la truelle.

Comme outil la truelle est munie d’un manche axial, véritable rayon de connaissance qui fait la prolongation de l’esprit humain. Ce manche va par la force appliquée à la lame triangulaire joindre ou surfacer les pierres à l’aide d’un enduit. Nous passons alors de la maçonnerie de la taille à la maçonnerie de l’enduit et du mélange des éléments, nous nous rapprochons de l’acte démiurgique du potier.

 Nous passons de la taille au façonnage. Évidemment la force indispensable à l’acte matérialise l’esprit, entre sagesse et beauté. La taille, la façon des argiles et enduits et le tissage sont les trois sommets de la voie artisanale dont la vocation est de transformer et sublimer la matière en une forme dotée d’une peau spirituelle. Notre Être apparaît progressivement sur l’action d’une truelle qui confond l’individuel au collectif dans une même synthèse. De cette synthèse née la conscience d’une âme collective.

Un cœur sacré

Ce qui anime cette forme jointée et lissée, c’est une âme qui siège dans le cœur. Le cœur a traditionnellement la forme d’un triangle descendant. Nous avons vu que la truelle est munie d’une lame triangulaire.

La réalisation descendante s’exprime au plan individuel et en franc-maçonnerie, dans la matière et par la forme. C’est ce travail qui fera rencontrer à l’initié le fameux axe considéré en franc-maçonnerie comme une échelle graduelle vers la lumière.

Ainsi le schéma est simple : un triangle descendant tenu dans sa verticalité par un axe traversant la frontière entre le haut et le bas. Cette frontière est symboliquement un horizon dessiné comme une barre horizontale. L’esprit dans sa descente sera un axe descendant traversant l’horizon. Nous avons ainsi un triangle surmonté d’une croix. Ce triangle à la forme d’un cœur. C’est le Sacré-Cœur.

. Sacre-Coeur2-1-.jpg      soufre-symbole[1] - Copie      truelle 

 

C’est dans cette cavité Graalique  qu’a eu lieu la réalisation matérielle descendante : la lumière inonde le cœur et notre intériorité.

Ainsi classiquement la réalisation matérielle descendante ne peut suffire, elle précède une réalisation montante. Cette échelle sera dressée à partir de cette cavité (nous aurons alors un triangle montant surmontant une croix, symbole bien connu du souffre...).soufre-symbole-1-.png           soufre-symbole-1----Copie.png  hexa elements

 Nous avons ainsi le sens précis des deux triangles formant l'hexagramme. L'hexagramme est une clef qui ouvre tous les symboles des trois premiers degrés du REP.

La remontée

Nous avons compris que s’agissant de la voie initiatique artisanale, la réalisation matérielle se situait dans les niveaux terrestres est subterrestres. Le niveau terrestre-céleste est réservé à la chevalerie et le niveau céleste-surcéleste au sacerdoce.

 Atteindre le point extrême de la réalisation matérielle descendante pour le tailleur, c’est réaliser l’œuvre de perfection qui ouvre à la remontée vers la lumière le long de l’axe. Il s’agira alors de franchir les niveaux célestes et surcéleste. La perfection dans le savoir- faire et dans le savoir- être, va libérer l’homme de son conditionnement ; c’est toute la philosophie de la pierre cubique à pointe. La perfection du centre immobile égale et génère la perfection rayonnante de la pointe. Entre ces deux points soit entre le bas et le haut se dessine l’axe de la remontée qui annonce la libération de l’être. Cet axe est clairement l’épée du midi pointée à l’Orient du pavé mosaïque pour le compagnon du REP et l’exaltation de l’esprit vers le zénith pour le maître.

La truelle annonce donc le début de dépassement de la dualité, qui ne sera atteint effectivement au sommet de la remontée.

Arrivé à ce sommet l’initié pourra soit redescendre pour transmettre ce qui est la vocation du franc-maçon soit persister dans l’oubli de la dualité en passant le cap de la lumière pour atteindre la ténèbre originelle du pré-instant qui précède la manifestation.

Cet état ultime non manifesté est en vérité une libération totale et une absence d’état. Il est l’aboutissement de la voie initiatique traditionnelle. L’unité et le principe résident dans ce berceau sans contraintes ni contraires. Cette dernière étape est véritablement non matérielle et descendante.

E.°.R.°.

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