L’Écossisme est à l’origine un mouvement qui se caractérise par une multiplication des grades, au-delà de celui de Maître Maçon.
Ramsay et son Discours donne à penser que la maçonnerie spéculative sort du pré carré de l’institution des bâtisseurs, pour s’ouvrir à d’autres horizons dont la valeur initiatique est incontestable. Il constate plus qu’il ne révèle, que les francs-maçons ont d’autres sources et d’autres développements à faire valoir.
C’est ainsi que s’est inscrite dans le patrimoine maçonnique l’idée d’un Ecossisme dont on voit à la fois les origines politiques liées notamment aux Stuarts et à leur errance politique, mais aussi un glissement progressif d’un esprit politique vers un esprit philosophique de la franc-maçonnerie.
L’Ecossisme est par sa dénomination et ses origines, liée à l'Écosse qui fit du suivisme lorsque la Grande Loge d’Écosse est fondée en 1736. Une génération de retard pour affirmer son existence dénote une forme d’attentisme suspect pour ceux qui sont censés défendre une idée. L’imitation du modèle anglais est alors à l’ordre du jour. Le mot « écossais » avait échappé à l’Écosse pour devenir, en quelque sorte, un qualificatif maçonnique, péjoratif, forgé en Angleterre pour désigner voir dénigrer, une maçonnerie « d’élite », associée au Maître Écossais.
Le terme Écossais échappe aux Écossais eux-mêmes pour revenir dans leur giron. Le prestige du terme est lié à l’histoire mythique et à la personnalité même de Ramsay qui à la suite d’Anderson lui-même pasteur Ecossais fait la promotion du terme à son insu et de manière purement générique, au point que l’idée franchie le Chanel pour se retrouver entre les mains des LL Jacobites et Stuartistes. Cependant l’histoire des rites écossais, dont le Rite Écossais Primitif est précurseur, est l’aboutissement du mouvement dit Écossais qui apparut en Angleterre entre 1733 et 1735. Quelques écrits attestent de l’existence de "Scotch Masons" (Maçons Écossais) dès cette période . Accepter cette antériorité revenait à reconnaître l’origine opérative et spirituelle de l'Écosse. Sur l’aspect opératif, il ne reste que deux éléments et non des moindres : la truelle et la reconstruction du temple. La chevalerie y rajoute l’épée qui pour le coup est une croix.
Les premiers Maîtres Écossais apparaissent à la Grande Loge en 1743 en France. En 1744, l’Abbé Pérau relève qu’ils « ont leurs cérémonies et leurs secrets à part » et « se présentent sous le titre de maître écossais », « et revendiquent droits et privilèges »
« L’Ecossisme est écossais par son père, le baronnet Ramsay, né à AYR en Écosse en 1686 » . Cette citation marque l’intérêt des fameux discours pour les contemporains qui en mal de justifications historiques, vont alimenter une controverse qui aboutira à la multiplication des hauts grades. Abordant la fondation légendaire de l’Ordre en Terre sainte, lors des Croisades et leurs croisés suivant la parole de Saint Bernard. On est ici très loin des bâtisseurs de cathédrales, des Rose-Croix et même des Templiers. Il ne peut être question directement des Templiers pour des raisons d’opportunité politique. Ramsay chantre de L'Écossisme sans le savoir, est surtout le premier à évoquer les glorieux ancêtres de la maçonnerie « tenant une truelle d'une main et de l'autre une épée. » Ramsay apparaît comme le créateur des hauts grades. « La truelle et l’épée » sont tirées de la Bible et qui devait former la trame essentielle du 6em grade de la Loge mère Écossaise de Marseille en 1751 : Chevalier de l’Epée , surnommé de l’Orient ou de l’Aigle, qui se réuni deux fois l’an aux équinoxes de Mars et Septembre. L’affaire biblique est reprise et dupliquée en autant de grades que de prétentions. La bible est et demeure le voile de fond de toute légendaire maçonnique, c’est L'Écossisme qui vient s’y abreuver.
L’Ecossisme vient souligner par son contact originel avec l’Orient la résurgence d’une tradition commune et ancestrale qui lie Orient et Occident . Il nous semble que les hauts grades qui sont la suite de la légende d’Hiram font le part belle à l’ésotérisme chrétien, ravivé par l’esprit chevaleresque. Le grade de maître, et de maître écossais passe sur ce pont qui relie l’ancien et le Nouveau Testament. Ainsi, la légende d’Hiram trouve différents développements. Le secret de la parole perdue, prononciation du nom du divin que l’on trouve sous la voûte secrète du temple de Salomon en est un exemple. De même, les 4 grades dit supérieurs de la Loge mère de Marseille de 1751, ainsi que les grades supérieurs du REAA, où la vengeance d’un crime utile, la reconstruction du Temple et enfin le pardon dans la réalisation supérieure, caractérisent un l’état graduel et ascensionnel d’accomplissement et de sagesse.
À ce titre L'Écossisme est autre chose que l’évocation d’un pays mythique où naissent dans les brumes de la lande, légendes et nobles aspirations. Dans la suite des légendes du Grall du moyen âge, et sous l’influence résiduelle d’une série de mouvements initiatiques parcellaires, comme les Fidèles d’amour ou les Rose-Croix. L'Écossisme est telle une colonne de marbre, marquant le centre occidental de la Pensée initiatique. Les grades ainsi élaborés sont à étudier avec le plus grand sérieux. L’aspect pittoresque et théâtral d’une lecture légère éloigne l’importun.
Le sens initiatique reste entier.
E.:R.: