Yggdrasil, l’arbre-monde. (suivi par l'élan vital de l'arbre du monde)
Il n’existe pas de définition propre à Yggdrasil mais elle pourrait être celle-ci :
Nous imaginons tous Yggdrasil comme un frêne ou un if d’une taille défiant l’imagination. Il est le premier arbre au monde si l’on en croit les textes de la mythologie scandinave datant de 2500 ans avant J-C. Il est immortel, symbole de sagesse et de vie. Yggdrasil est présent dans différentes cultures et religions égyptiennes, chinoises, orthodoxe, etc....
Yggdrasil signifie « destrier du Terrible »
Le Terrible étant Odin.
(Odin, dieu principal de la mythologie nordique, est le dieu des morts, de la victoire et du savoir).
Selon sa signification faut-il voir cet arbre légendaire à la manière d’un destrier?
Faut-il voir cet arbre comme un cheval, symbole de motricité, de liberté et de mouvement ? Yggdrasil permet l’accès à plusieurs mondes. Odin aurait réussi à dompter la nature ? Selon moi, Le Terrible est le premier et le seul, grâce à son pouvoir supérieur à avoir maîtrisé Yggdrasil (la nature) jamais dominé jusqu’ alors.
D’où nous vient Yggdrasil et cette nature?
Yggdrasil, l’arbre-monde vient de la mort d’ Ymir, le géant primordial né du chaos. Tué par ses fils, il se métamorphosa. Le sang du géant se changea en mer, son crâne se transforma en arc en ciel (le Bifrost), ses poumons en nuages, ses os en montagnes et ses cheveux en arbre-pilier du monde et de toutes natures. Les bouleversements d’Ymir ont créé un Nouveau Monde c’est sa renaissance dans la mort. Il vit dans le monde dont il est la seul source.
Ces légendes et mythes nous viennent pour la plupart de la Scandinavie. Comme dans leurs traditions l’arbre leur a servi dans la fabrication d’armes, d’outils, de médicaments, etc…
Je voudrais ce soir tout en restant concis faire le lien entre Yggdrasil et vous mes frères et sœurs dans notre Loge.
Même si nous ne voyons pas l’arbre, il est omniprésent, autour de nous dans l’univers. Il est comme le cosmos. Il se régénère seul et tout le temps. Il défie donc les lois du temps et de l’espace.
Yggdrasil est le support des neuf mondes (ou royaumes selon les croyances):
Asgard monde des dieux symbole de mort guerrière
Vanaheim autre monde des dieux symbole de création
Alfaheim monde des elfes de lumière symbole de lumière
Midgard monde des humains symbole de vie
Jötunheim monde des géants de glace symbole de destruction
Svartalfheim monde des elfes noirs symbole d’obscurité
Muspellheim monde des géants de feu symbole du feu
Helheim monde des morts symbole de mort profane
Nilflheim monde de la brume symbole de glace
Dans aucun des neuf, il n’y a de notion de bien ou de mal. Toutes les étapes d’un parcours de vie sont présentes, de la naissance à la mort choisie, guerrière pour les initiés ou alors profane.
Le chaos vient à la base des neuf. Ils sont organisés de manière à créer un équilibre élémentaire des forces. Nous pourrions, là, très bien faire le rapprochement entre le soleil et la lune, le pavé mosaïque et d’autres symboles de complémentarité.
C’est certainement pour nous rappeler que même les choses les plus complexes façonnées ou créées par le chaos sont ordonnées et ont un équilibre naturel.
Yggdrasil lui peut être comparé à un ou des axes du monde (axis mundi). Sans lui, rien n’est possible, il est symbole d’ascension et de verticalité. Il relie ce qui est en haut à ce qui est en bas dans un parfait équilibre des trois niveaux cosmiques : le ciel (le céleste), la terre et le monde inférieur.
Il insuffle un vecteur positif du bas vers le haut, en partant des racines jusqu’aux branches. Certainement comme nous franc-maçon qui sans cesse cherchons à nous élever (le haut) dans nos propres parcours de vie maçonnique, mais en n’oubliant pas de revenir aux fondamentaux (le bas).
Cet arbre est peut être comparable à nous, être humain : la peau pour écorce, la sève pour le sang, … . Nous sommes peut être sans le savoir l’axe ou le vecteur de satellite (famille, amis, franc- maçons, etc…) à la manière de cet arbre qui représente notre intérieur spirituel. Et nous rayonnons de notre sagesse sur ces mondes.
Dans l'étude je n’aborde pas Les Gardiens de l’arbre ce sera l’occasion d’une suite.
En restant au premier degré, on constate également que la symbolique du nombre « 3 »revient très souvent dans les éléments implantés à cet arbre légendaire
Il est composé en trois étages des racines, d’un tronc et de feuillages.
L’arbre possède trois racines comme nos trois colonnes (sagesse, beauté et force) et trois niveaux comme nos degrés (apprenti, compagnon et maître) ou bien encore trois niveaux cosmiques évoqués précédemment.
Je pense qu’il faut y voir la notion de création de la vie. 1 étant le singulier, le 2 étant le pluriel et le 3 la somme des deux. Cet arbre est peut-être le départ de toutes choses. Et cette réflexion me dirige vers la suite de Fibonacci que je ne développerais pas.
Je conclurais par la prédiction de la prophétesse (Völuspa) datant du 10ème siècle du codex reguis traduit par Régis Boyer :
Je sais que se dresse un frêne,
S’appelle Yggdrasill,
L’arbre élève, aspergé
De blancs remous ;
De là vient la rosée
Qui dans le vallon tombe,
Éternellement vert il se dresse
Au-dessus du puits d’Urdr
Trois racines
Partent dans trois aires
Du frêne Yggdrasill ;
Hel demeure sous l’une, Niflheim
Sous l’autre, les thurs géants du givre,
Sous la troisième, l’espèce humaine.
J.°.P.°.C.°.
commentaires (E.R.)
L'élan vital de l'arbre du Monde
Le REP fait une place de choix au symbolisme axial, par la matérialisation d’un centre céleste en relation avec un centre terrestre. C’est conformément au symbolisme des instruments du maçon, le fil à plomb qui remplit cet office. Celui-ci est « suspendu » à la polaire et descend au milieu du pave mosaïque traversant le tableau de loge. Le pavé mosaïque est notre plan terrestre et le tableau de loge au premier degré l’image du monde accessible aux yeux d’un apprenti.
Autrement dit le pavé mosaïque dans son apparente opposition, réalise l’unité d’un monde fait de complémentarité et alimente la grandeur et l’attractivité de l’axe.
Qui dit axe dit centre, or en loge nous avons un centre dans le Hekal et un centre au Debhir.
Le premier est un centre ordonnateur du chaos (ordo ab chaos), il est typiquement matériel et touche à la substance même de la manifestation, mais son impulsion est sa source sont d’origine lumineuse, exprimée dans une volonté "logotique" , cette volonté serait ni plus ni moins le rayon d’action du centre originel.
Cette source, ce centre d’éclosion du Verbe est au Debhir, au-dessus du VM.
Ainsi l’ouverture des travaux mime symboliquement la recréation du monde en modélisant le processus par le VM qui transmet la lumière du Debhir au Hékal où le Maître de cérémonie exécute le Verbe de lumière. Nous retrouvons dans l’Ygrassil cette dichotomie d’un centre haut spirituel et d’un centre médian de réalisation matérielle.
Ce que nous apporte en plus cette légende c’est la confirmation que création légendaire du monde et la présence de l’homme sur terre résulte d’un événement grave et brutal : un crime, une chute, un non-respect de l’ordre divin, etc, et que l’homme vit contraint par son passé et cherche, en se rapprochant d’un centre mythique, à gravir une échelle symbolique qui le mettra en connexion avec cette lumière des origines.
Au REP nous avons notre arbre qui est l’arbre de vie. Par la sève qui le parcourt et par son héliotropisme il représente l’élan vital. C’est lui qui recèle les secrets de la vie et nous rapproche de notre nature primordiale en pensée. C’est à la fois celui de la connaissance et celui d’un bien et du mal. L’arbre de la connaissance semble inatteignable et ce n’est pas faute d’efforts que nous tentons de l’approcher. Le connaître, c’est comprendre la vie et peut être accéder à l’immortalité qui semblait l’état naturel des origines dans le jardin d’Éden .
Par contre celui du bien et du mal nous est bien connu, c’est celui qui à provoqué, suivant la Genèse, la chute dans la préoccupation matérielle, et l'abandon de l'élan essentiel. Adam et Ève. Ils n’ont connu le bien et le mal que par l’arbre de la science et par la chute qui en découle. C’est alors qu’Adam s’est retrouvé éloigné du Centre et que sa descendance tente symboliquement de retrouver l’état primordial pour enfin goûter aux fruits de l’arbre de vie qui symbolise l’unité des origines.
C’est ici que pour l’homme le symbole de l’arbre prend tout son sens "essentiel". Ce serait une échelle, qui viserait la réintégration dans l’origine , soit en fait le rejointement de deux pièces séparées depuis les temps immémoriaux, autrement dit la définition du Symbolum!!! Mais aussi de l'Andros-gyne!!!
Par définition un arbre est l’union du haut et du bas, du subterrestre, du terrestre au céleste à l’image de l’hexagramme que vous avez au-dessus du VM a l’Orient au REP dès le premier grade. Cet arbre hexagrammique se retrouve dans le schéma général de la loge suivant l'axe de la lumière Ouest-Est. C'est l'axe de progression de l'Homme sur l'horizon d'un terrestre "accidentel". Celui-ci préfigure, aux deux premiers degrés, l'axis mundi du troisième degré, que l'hypostase propre à toute représentation mentale de l'arbre du Monde, dissimule son image inversée. Il en est de même avec l’échelle à deux lices ou à deux pans.
Ce lien va donc unir trois notions en un seul élan ascensionnel : le bien, le mal, et la connaissance.
Donc tout axe d’élévation résoudra en son centre toutes les oppositions (bien et mal) préalablement à l’accès à la connaissance (de la vie, soit l’immortalité). C'est donc dans cet ordre que toute "opération" post-initiatique ordonne la réintégration.
Ce mécanisme Unitaire alliant analyse de rejointement et synthèse de superposition est un des secrets de la méthode maçonnique.
L’image archétypale la plus appropriée pour fixer ce principe initiatique est le caducée d’Hermès. Ici l’expression qui prévaut et qui est utilisée au REP est « Tout bois n’est pas bon à faire un mercure » ce qui veut dire que tout axe ne résous pas pour autant les oppositions ni ne s’élance dans l’exaucement de l’âme et de l’esprit:" L’arbre se juge à ses fruits", mais "les fruits pendent par la racine". Donc l’arbre est un tout liant le passé, le présent et le futur, le subterrestre, le terrestre et le céleste.
Il faut souligner la causalité suivante : l’arbre se nourrit des nutriments du mundus et le mundus est généré irrigué par le centre comme les quatre fleuves du jardin d’Éden qui courent dans les quatre directions du plan céleste.
L’arbre est donc au milieu, c'est un centre réunificateur des oppositions (et de la différenciation) et générateur de la manifestation, il a un effet naturellement centripète pour qui observe son élancement vers le ciel et l’appropriation de l’espace par la Couronne et centrifuge pour qui s’en nourrit.
Il y a un arbre du milieu et deux lianes latérales qui s’enroulent autour de l’axe comme deux serpents. C’est ce que nous avons en loge avec l’axe de la lumière Est-Ouest qui vient équilibre la colonne du Septentrion "adombrée" et celle du Midi "illuminée". En effet ces deux colonnes sont dans deux directions opposées dans l’axe Nord-Sud. Tout axe a deux directions opposées, potentiellement antagonistes.
C’est le centre de l’axe qui crée l’union des contraires or le centre ne peut se définir en fonction d’un seul axe. Il en faut deux!
C’est donc sur le pavé mosaïque et au milieu du tableau de loge que les deux axes vont se rencontrer et définir ainsi le croisement. C’est entre les colonnes et regardant le centre du Hékal et le centre à l’orient que le maçon se tient pour faire l’équilibrage de la Lune et du Soleil, du Nord et du Sud. Il synthétise harmonise et équilibre les forces opposées en son monde pour rejoindre l’axe de lumière et trouver le centre de son plan terrestre et en soi. Au RER le maçon appelé au travail entre les colonnes, harmonise la colonne de la rigueur suscitée par la justice et la colonne de la miséricorde clémence découlant de la clémence.
De ce croisement de deux axes, naît un centre sur le plan et de ce centre grandi l’arbre de la remontée "reintégratrice" ou "régénératrice" vers cet ailleurs originel : c’est l’axis mundi.
Cet axe va traverser différents Mundus qui sont autant de grades d’une échelle initiatique et autant de tableaux de loges. Il y a autant de monde que de tableaux les représentant, ici en fonction des outils et instruments pour les manifester les peser les mesurer et les bâtir, puis à d’autres grades, l’initié sur le chemin utilisera d’autres moyens pour se rapprocher et vivre la lumière (chevaleresques et sacerdotaux).
Il n’est donc pas anormal que dans un mundus donné, l’homme cherche à rejoindre le mundus plus élevé après avoir connu le mundus le plus inférieur. Sur ce point les mythes illustrent largement cette tendance au retour.
Le franc-maçon s’aide de différents outils et instruments pour y arriver, gravissant les montagnes sacrées, les arbres sacrés, les ziggourats et autres Pyramides et Tour de Babel. Nous sommes alors dans une spiritualité construite, mais viendra un jour à force de rapprochement et d’idéalisation d’un centre en nous, nous passerons dans une spiritualité révélée où tous les points de vue seront sans forces ni incidences, nous aurons alors dépassé la contingence et baignerons dans « l’évidence… », C’est-à-dire que nous aurons « évidé » notre centre de tous les poids mesures et quantités, nous y retirerons tous nos métaux et angles opposés pour y faire place à un vide bientôt rempli d’une lumière révélatrice, plus flamboyante que rayonnante.
Ce schéma universel de progression et de superposition se retrouve dans les arbres séphirotiques qui vont dans leurs enchaînements, correspondances et superpositions, établir des liens et signifier des mondes toujours plus subtils. Ces arbres ne sont dessinés et opérants qu'en notre supra-conscience (pendant transcendant du sur-conscient immanent).
L’arbre de vie reste donc l’axe du milieu, celui de la synthèse dynamique qui ouvre de nouvelles voies intérieures au cherchant.
ER