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30 octobre 2015 5 30 /10 /octobre /2015 19:11

Notion d’intention initiatique

(cet article est la suite de l'article "Histoire et vérité d’un rituel maçonnique."http://www.ecossaisdesaintjean.org/2015/09/histoire-et-verite-d-un-rituel-maconnique.html, et de "La parole perdue clefs de lectures et perspectives." http://www.ecossaisdesaintjean.org/2015/06/la-parole-perdue-clefs-de-lectures-et-perspectives."Le secret initiatique notion de reliance" http://www.ecossaisdesaintjean.org/2015/02/le-secret-initiatique-de-la-divulgation-a-la-revelation-notion de reliance-")

En tentant de faire un parallèle entre la vérité historique et la vérité initiatique, nous avons compris que la première ne pouvait prétendre complètement relater la seconde.

La vérité historique ne relate qu’une réalité restreinte et temporelle, la vérité initiatique donne à percevoir une réalité étendue reposant sur l’intention de reliance et de connaissance qui dépasse le fait. Pour ainsi dire l’intention transcende le fait sans le nier, lui donnant une épaisseur particulière qui servira de base au symbole.

L’initiatique reposant sur l’expérience « consciente » du vécu, il semblait logique que nous en recherchions les limites en prenant appui sur la réalité, en dépassant le système discursif et documenté d’un fait, pour atteindre la notion d’intention. La conscience du réel serait chez l'initié marquée par l'intention de reliance. On repousse les limites du domaine du réel en s’appuyant sur la notion d’intention et de reliance à plus haut. Cette intention s’exprime par un langage non verbal et utilise la technique symbolique et l’analogie. Finalement, le symbole est tiré de l’objet « réel » que l’on observe avec une intention interprétative qui repose sur la méthode analogique. Nous pouvons dire que la réalité augmentée de l'initié se fonde sur l’intention et a pour outils la méthode analogique.

Nous tenterons de poursuivre l’exploration du domaine du réel « élargi » par la notion d’intention.

Il n’y a pas d’action ni de transformation sans intention. C’est l’intention de reliance qui permet le passage de l’action à la réalisation « éclairée » pour l’initié. Pour l’œuvre de l’initié, le passage de la forme à la transformation et à la transmutation est encore rendu possible par l’intention.

Il y a donc à partir d’une attache indiscutable au réel, une volonté, une intention de se relier à un plus haut ou a un centre absolu et originel. Cette volonté se manifeste en loge part l’usage symbolique de l’épée droite qui symbolise le rayon qui nous relie au centre initial, et de l’épée flamboyante qui est celle des Kérubin qui nous ont tenus éloigné du paradis perdu depuis la chute. L’initié se tient donc entre le constat de la chute et de l’éloignement et son désir de retour et de réintégration au centre.

Cette tension est le moteur principal de l’initiation et de la réalisation. Nous appelons cette tension, « intention » en ce quelle marque la volonté d’un retour, d’une reliance à quelque chose de plus haut et de plus sublime. Ainsi la pensée, qui précède la volonté de se relier à plus haut (l’intention), induira l’action de l’initié. Géométriquement, l’action se fera sur un plan donné (la réalité), mais l’intention s’inscrira dans un axe. La pensée suivra alors le schéma symbolique de la loge maçonnique qui est représentée par cette incontournable croix tridimensionnelle. Philosophiquement, le réel d’un plan est donc interdépendant de son axe et de son centre que l’on doit rechercher. Ce fameux centre est encadré en loge par les qualificatifs suivant : force, sagesse et beauté entre lesquels se déploient les trois plans successifs de l’apprenti du compagnon et du maître.

Nous avons compris que l’initiation maçonnique œuvre à partir du réel et tente de lui donner un dimensionnement qui dépasse le simple aspect discursif et descriptif. Pour parvenir à donner à la réalité, à la fois cette transparence et cette épaisseur (ce qui constitue le don de double vue), le franc-maçon s’appuiera sur le transfert symbolique et sur la pensée analogique.

Nous pensons que le transfert symbolique de l’objet et l’analogie représentative qui en découle sont motivés par l’intention.

L’intention est ce qui, d’un point de vue humain, relie le réel de la matière et de la pierre à une unité et une totalité. C’est en quelque sorte la reliance à l’étoile. Il est bon de rappeler que cette étoile peut être à cinq branches lorsqu’elle est du domaine de l’éthique ou à six branches lorsqu’elle est du domaine de la métaphysique. Ainsi l’humaniste comme le métaphysicien trouvent une reliance qui motive l’intention et déplace les frontières de l’apparente réalité en lui donnant une profondeur et un sens.

Sans le transport représenté symboliquement par l’étoile, il n’existerait qu’une réalité plate et animale, il n’existerait ni chef d’œuvre « éclairé » ni Temple « de l’esprit ».


1/ Mécanisme de l’intention

L'homme veut toujours se relier à l'intention première, la graine, la source, l'origine, le yod, la lumière des temps premiers, etc. Tous les rites maçonniques placent leur naissance légendaire dans un ailleurs fondateur et archétypal.


Le Rite Ecossais Primitif, génialement éclairé par Robert Ambelain en 1985 nous servira d’exemple. Examinons la force de l’intention dans un rituel maçonnique. Il nous faudra considérer le fait associé à la vérité historique et l’intention associée à une réalité « étendue », « augmentée » voir « exaltée ».


Prenons un exemple sur lequel nous pouvons faire apparaitre le mécanisme de l’intention, de reliance à un centre ou a un plus haut : depuis 10 ans les historiens parlent enfin d'une possibilité d'implantation d’une franc-maçonnerie continentale en France bien avant la constitution de la Grande Loge de Londres en 1717. La réalité historique est donc évolutive, elle commence à admettre ce qu’elle niait naguère. Il semble probable que des loges régimentaires s’implantèrent en 1688 à Saint Germain en Laye. Ces loges régimentaires étaient composées d'officiers "acceptés" et de bas-officiers "de métier", sur un modèle écossais et irlandais de type Anciens Devoirs trinitaire.
Le fait : l'exil des Stuarts en 1688 est accompagné d’une noblesse d’esprit rose-croix et membre des ordres de chevalerie dont celle de saint André et de saint Lazare. Cette situation d’exil va se retrouver dans les rituels Stuartistes comme l’illustre ce grade de Maître Parfait au REP avec une mise en parallèle vétérotestamentaire de l’exil babylonien;
L'intention: reconquérir le trône du souverain de droit divin qui est le centre du pouvoir (reliance) face à l’usurpateur hanovrien, ou d’un point de vue vétérotestamentaire : reconstruire le temple de la reliance divine détruit (thème du grade le Maître Parfait Écossais).

Légitimité ritualisée : faire l’assimilation de l’histoire contemporaine en s’appuyant sur l’histoire vétéro-testamentaire. La légende la plus ancienne doit être en reliance avec le plus haut « divin » et doit coller par analogie à la situation historique et réelle des Stuarts. Ainsi l’intention de reliance emprunte les mêmes chemins entre une situation ancienne et reconnue et une situation contemporaine. La légende du grade légitime par analogie une revendication politique. Cette légitimité repose toujours sur l’intention de se relier au centre temporel ou spirituel car ici le roi est de droit divin qui même éloigné du trône reste relié a celui-ci. Rappelons à cet effet que le trône est le lieu du couronnement et donc de la descente du divin sur le tête du Roi.

Pour les Stuarts, leur « histoire contemporaine » liée à l’exil et à la perte de la pierre du couronnement (la pierre de Scone) s’en trouve transposée sur un plan mythique et vétéro-testamentaire.

L’exil suppose le retour, et la perte de la couronne suppose sa reconquête. C’est ici que se dessine une double intention convergente qui doit s’appuyer sur une légitimité historique de nature équivalente. On va donc apparenter la destruction de l’ordre établi (le Temple) et l’exil à Babylone à l'usurpation du trône et à l’exil Stuart de Saint-Germain-en-Laye. De même on va apparenter la mort d’Hiram à la disparition du lien initial et légitime avec le divin qui est en franc-maçonnerie caractérisée par la perte de la parole suite au meurtre du son porteur légitime.

Les Stuarts vont bénéficier d’une mise en parallèle des deux plans historiques : le plan contemporain se reflète dans l’Ancien Testament mythifié dans une version Salomonienne et Hiramique. Ici le référentiel reste légendaire, la vérité historique importe peu, elle n'est qu'illustration d'une intention de reliance. Cette intention de reliance va s'appuyer sur le système du "reflet" de l'image devenue symbole.

On fait une inversion volontaire du signifiant et du signifié en regard de l’objet historique, de sorte qu’on ne saurait dire quelle est l’image originelle et quel est le reflet.. C’est ici le jeu bien connu du miroir cher aux hermétistes. C’est l’art du mythe et du symbole d’induire la polysémie, et c’est cette polysémie qui nous conduit vers l’apprentissage d’un métalangage. C’est au final ce qui est recherché dans le rite en regard de sa prétendue historicité : établir des plans successifs de situations analogiques ouvrant le champ du réel à la notion de reliance à plus haut.

Si un rite n’a plus de fondement mythique et symbolique qui induit un langage subtil avec une perception élargie de la réalité, alors le rite dégringole, il ne devient que coutume ou folklore. Oublier le mythe ou l’histoire élargie à la légende, c’est rendre inactive l’image projetée en soi. L’image est visible, mais sans reflet en soi, et donc sans effet, si ce n’est folklorique.

Donc, le mythe et les images projetées qui l’accompagnent fondent le message de l’initiation qui est une intention de reliance. Cette intention initiatique est un recommencement se traduit par une remise à niveau de la perception du réel et l'acquisition d'une vision profonde de soi mais aussi l'intégration à soi d'une vision totale du monde (unité et totalité).

Illustrons cette intention polysémique dans la légendaire Écosse que lie le destin des Stuarts au trône et à son éloignement:

Le trône écossais repose sur la légendaire pierre de Scone. C'est littéralement une pierre cubique de fondement de la royauté écossaise ; la descente du ciel sur terre avec mise en gloire du souverain couronné et de droit divin , sacré « debout » sur cette pierre, est l’expression typique de l’intention dans l’acte sacral. La pierre représente le réel, augmenté de la station axiale du futur roi d’Écosse. C’est l’intention axiale, la reliance volontaire de l’homme qui donne la valeur symbolique et mythique à la pierre de Scone. Nous retrouvons l’intention dans le célèbre redressement de la pierre « Bethel » par Jacob. Donc la pierre de Scone devient trône pour le roi (pierre d'assise, de trône, et de "fondement"), comme Bethel peut être la pierre d’angle du Temple.

Dans sa représentation, le trône qui est la « pierre d’assise » du roi est toujours situé dans la mandorle du fronton des cathédrales, précisément dans l'axe et dans l'espace médiateur entre la Terre et le Ciel. Reconquérir le trône, c'est retrouver la parole perdue et donc le lien avec le ciel à partir d'un centre spirituel et temporel.

Le trône est donc la pierre de fondement et c'est aussi par l’intention de reliance qui nous anime, la clef de lecture de la voûte étoilée...(clef de voûte). Dans ce cas la pierre du sacre comme la pierre d’autel ou la pierre de fondation sont des "tables de lecture" du ciel qui permettent la reliance, la survenance de l'image et de la représentation mentale axiale, à partir de plan terrestre.


2/ L’interchangeabilité et l’appropriation- notion de transposition.


C’est l’art de la transposition qui permet l’appropriation du mythe ou de la légende. La transposition participe d’une réalité élargie.

Ainsi l’initié est capable de transformer la forme initiale, puis de passer de la transformation à la transmutation, mais encore de procéder à la transposition dans le temps et dans l’espace.

La transposition est permise par la nature même du mythe et de la légende. En effet le mythe est hors du temps et son espace est dans un ailleurs surplombant. Tous ces transferts que nous notons sont fondés par l’intention, consistant en la volonté de relier une situation réelle à un centre ontologique et s’appuient sur la méthode maçonnique de l’analogie symbolique.

Donc rétroactivement le mythe et la tradition verbale, vont devenir une réalité plausible « ritualisable », et surtout réutilisable dans des circonstances typiques. Bien que permettant l’analogie, les circonstances contemporaines seront de moindres importances que le modèle mythique archétypale qui fonde le rite . La fonction légitimante du mythe par analogie à une situation contemporaine contribue à démontrer que la réalité étend ses frontières au-delà du simple fait démontré. La circonstance est intriquée dans un schéma archétypal et axial qui domine notre pensée et notre action initiatique. C’est donc le mécanisme de l’intention qui augmente le champ du réel en lui donnant un sens.

L’initié va donc considérer que la réalité est porteuse de sens ne se limitant pas à un fait, et que le sens se détermine en fonction de l’intention.

Le rituel restitue la mémoire de l'origine dans sa double réalité : celle du fait (qui intéresse l’historien) et celle de l’intention (qui intéresse l’initié). La conjugaison de ses deux notions va générer la "vision". Le rituel donne ainsi la clef de la reliance à plus haut sur la base d’un artefact historique, mais il permet aussi l’établissement d’un modèle ou schéma typique de situations interchangeables dans le temps. En effet, l’intention de reliance permet de se projeter dans tous les temps et tous les plans. L’intention de reliance devient l’instrument de la transposition donnant la vision.

Ce schéma sera éprouvé par l’initié dans ses sens et dans un processus de cheminement vers une « lumière » qui lui appartient. L’appropriation de l’intention par l’initié rend effectif et interchangeable le message légendaire ou mythique. L’intention du rite devient l’intention de l’initié qui trouvera à appliquer ce modèle dans les « circonstances » de sa vie.

Donc le rite maçonnique ou initiatique doté de légende porte en arrière-plan, une négation du temps historique en faisant émerger le "non-temps", mais aussi le "non-lieu" qui est le centre absolu.

Exemples d’interchangeabilités possibles avec une reliance commune: Les Stuarts en exils sont « mimés » dans le grade de Maître Parfait Ecossais qui nous raconte le retour d’exil babylonien. Cet exil babylonien est archétypal et suggère deux destinations ontologiques : le retour au paradis perdu ou le retour en terre promise. Ces deux destinations ontologiques sont mises pour la reconquête du centre temporel par le roi déchu et la récupération de sa couronne. L’intention veut nous faire passer du désordre de l’exil et de la confusion à la restauration de l’ordre initial.

Autre exemple : l’assassinat d’Hiram dans le temple de la reliance serait qu’une remise en forme mythifiée de la décapitation du roi Charles 1er Stuart, roi d'Angleterre, devant son palais de Whitehall, près de Westminster, le 30 janvier 1649. Ce dernier s’opposa à son peuple et à son parlement, il ne voulut pas renoncer à l’ordre établi d’un pouvoir absolu, face à ceux qui n’avaient pas les qualités pour se substituer à sa reliance de droit divin. Au moment fatidique il prononça ce mot « remember » qui constitue pour certains, outre le devoir de mémoire cher au franc-maçon stuartiste, l’acte de résistance ultime dans la défense de la filiation de droit divin et que l’on retrouverait dans la légende d’Hiram où la mémoire du centre dépasse et survit à la circonstance de l’assassinat. Charles 1er comme Hiram, en héros tragiques et légendaires cultivent une mémoire et une filiation du verbe divin via la parole perdue. Ils vont défendre la légitimité traditionnelle d'une transmission et ne pas céder à l’usurpation "profane". L’intention dans la reliance est similaire et porte sur l’origine divine de la parole, des plans du temple et de la dévolution du pouvoir.

D’un autre côté, l’assassinat marque le renouvellement par une seconde transposition qui est littéralement une appropriation prométhéenne, caractéristique de la voie initiatique. Souvent la transposition dans le temps fait aussi place à une transposition dans l'espace en s’associant à la transgression. La transgression prométhéenne est une transposition qui marque un changement de cycle. Elle permet l’évolution tout en conservant la mémoire du centre, donc l’intention associée à la reliance reste intacte, mais se transpose dans un Nouveau Monde, ici celui de l'homme qui voulant s'émanciper du mythe par le sang du sacrifice, ne fait que l'intégrer plus fortement dans les soubassement de sa psyché. L’assassinat du porteur de la parole qui relie les élus au divin, est l’archétype de l’appropriation de la conscience d’une reliance à plus haut par la nouvelle génération (mot substitué = appropriation de la parole). Cette appropriation prométhéenne de la parole au profit des hommes se répercute tout au long de la chaîne de transmission, conservant l'intention de reliance comme fondement de l'initiation.

En transmettant, on s’approprie la reliance de son prédécesseur pour l’offrir à son propre successeur en gardant en ligne de mire ce qui symbolise l'intention, à savoir l’étoile.


On notera enfin que l’appropriation initiatique du mythe est d’abord l’appropriation d’un récit par "ingestion" (incorporation de la geste) et sa restitution en langage non verbal (table de projection du maître, parole subtile, métalangage).

Il ne peut donc y avoir d’initiation sans récit, légende ou mythe « appropriable » et transposable en vertu de l’intention.

3/ L’intention réhabilite l'espace sacré en l'homme

Le temps sacré est par définition un temps mythique. Le temps mythique est un « non-temps » profane, car le récit qu’il porte n’a pas de dimension humaine. Les hommes qui sont les héros de ces mythes sont des demi-dieux ou des hommes exemplaires placés dans l’axe de la reliance à plus haut.

Les Grecs, pour asseoir les mythes fondateurs de leur "histoire," et les faire redescendre dans leur réel, créèrent a posteriori et de toutes pièces, des faux tombeaux et faux mausolées dédiés à leurs héros qui n’y seront jamais enterrés. C'est une légitimation rétroactive et pseudo historique du mythe. On tente ainsi de concrétiser le mythe par des tumulus postérieurs dont l'effet est rétroactif.

Dans ce cas, la réalité historique importe peu, ce qui compte, c'est la valeur du symbole qui donne à la réalité une autre épaisseur et une élévation de la vision. De cette épaisseur de la réalité, née l’idée que le passé est "présent", et que ce passé est éternellement présent dans l'intention. On en revient au mythe de l’éternel retour. Le mythe est lui-même l'indice d'un éternel retour à l'origine et au centre. L'intention est donc une dynamique du retour à la source et au centre.

Dans la concrétude la plus complète, l’homme introduit une éternité centrée sur lui-même.
C'est ainsi que l'on fonde la mémoire collective, moins sur une « réalité historique » que sur une « réalité mythique et dynamique» qui s’appuie sur des rites servants un temps élastique et pseudo historique. Le devoir de mémoire du franc-maçon, depuis les statuts de Schaw et plus antérieurement les Anciens devoirs, témoigne dans la formulation légendaire de ce passé, un éternel présent marqué par la reliance. La véracité d’une date dans un espace mythique ou légendaire est secondaire face à l’autre vérité qui est celle de la reliance à la source. Cette volonté de reliance à une source est une bonne définition de l’intention.

On voit bien que pour l'initié, le réel est toujours relié, ce réel est sans doute plus étendu et plus ample que sa preuve scientifique ou historique! Les constitutions d'Anderson sont typiquement animées de ce désir de reliance. Ainsi entre 1723 et 1737, on constatera un effort de rationalisation historique surement due à l'influence "scientifique" du baron de la Tierce.


En fonction de ce qui précède, le franc-maçon cherche à développer sa vision comme « une extension du domaine du réel » par la mise en relation de l’acte avec le sens supérieur qu’on voudrait lui donner. À chaque fois que l’initié veut donner un sens à son acte, il se dirigera vers son étoile éthique et humaniste ou métaphysique. L’initié ne peut s'enfermer dans une rétractation du réel au seul objet formé, nommé, normé et documenté. L’intention permet le passage d’un réel formel à un réel profond qui se prolonge au-delà de la forme lorsque celle-ci vient à disparaître (mort d'Hiram) et que sa formulation audible n'est plus (perte de la parole). C’est alors que vient à s'exercer le véritable langage de l'initié (parole subtile ou substituée, mais toujours reliée par l’intention, langage non verbal). C'est ce que mettra en pratique le compagnon lorsqu’il accédera à la chambre du Milieu. C'est aussi une partie du sens de l'age du maître: sept ans et plus. Tout est dans le "et plus"
Le mythe et la légende répondent à notre vision du réel, dans un cadre bien plus élargi et relié. Le mythe nous parle d’un autre réel fondé sur l’intention de reliance. Le réel ne peut se borner à la seule apparence visible par un observateur. C’est donc à l’observateur confronté à la contingence, de donner un sens élevé à ses actes en devenant acteur intentionnel. Le franc-maçon est un acteur intentionnel qui situe l'acte en reliance avec l'idée d'un sacré intemporel attaché à l'homme, ce qui fait dire à certains que l'homme possède en lui une parcelle de lumière divine.

E.°.R.°.

(à suivre)

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